Lutte contre les dégâts d’oiseaux : résultats des travaux 2016-2019
Depuis 2016, Terres Inovia s’est investi massivement sur le dossier des dégâts d’oiseaux au semis et à la levée du tournesol, en conduisant des travaux en partenariat dans le cadre de projets nationaux et régionaux. Le sujet est peu travaillé par la recherche amont. Tour d'horizon des pistes étudiées et des principaux résultats obtenus, qu’ils soient favorables ou non.
Une dynamique de partenariats importante
Terres Inovia a ainsi mobilisé des laboratoires pour l’étude des déplacements et des choix alimentaires des pigeons ramiers, corneilles noires et corbeaux freux. Sur le plan de la gestion territoriale, l’institut technique a collecté des informations sur les dégâts et travaillé avec des structures départementales (fédérations de chasse, DDT et chambres d’agriculture) impliquées dans le classement comme « espèce susceptible d’occasionner des dégâts » de certains oiseaux. L’objectif est ici d’accorder une certaine autonomie aux agriculteurs ayant le permis de chasse. Enfin, pour rechercher et évaluer des moyens de lutte à la parcelle, tous les acteurs de terrain se sont largement engagés au côté de Terres Inovia pour mutualiser les idées et les résultats : organismes de conseil et de développement, coopératives, firmes phytosanitaires, semenciers, entreprises spécialisées et agriculteurs.
Gestion des oiseaux à la parcelle : 4 pistes à la loupe
Synthèse des résultats des 4 pistes testées pour gérer les oiseaux à la parcelle
| Travaux réalisés | Efficacité | A l'étude | |
| Effarouchement |
Evaluation de 3 modèles innovants : Modèle Avritrac, Drone terrestre, Pendule réfléchissant Prestation d’un fauconnier |
oui oui |
Système de détection automatique se déclenchant uniquement en présence d’oiseaux et permettant de limiter leur accoutumance (Terres Inovia et INRAE). |
| Stratégie de confusion | Semis sous couvert de féverole ou sous couvert d’orge | oui | Hersage (herse étrille) : en plus de son action reconnue sur les adventices, un hersage léger pourrait permettre de masquer les lignes de semis et ainsi perturber la recherche des graines par les corvidés. |
| Répulsif | Evaluation de trois préparations applicables en pulvérisation à la levée (AMO 03-09, AVIFAR et GIBSTOP) et une en enrobage de semence (PNF 19) | non | Sur proposition de firmes, Terres Inovia teste des produits en amont d’une éventuelle homologation, mais à ce jour aucun résultat positif n’a été obtenu. |
| Réduction de la période sensible | Evaluation de l’usage d’un engrais starter | non | Vigueur à la levée de la variété, une piste de travail pour les sélectionneurs |
Effarouchement avec des modèles innovants
La méthode d’effarouchement la plus efficace reste la présence humaine aidée, au besoin, d’équipement type pistolet, mais elle est bien entendu difficile à mettre en œuvre sur des surfaces étendues. Les principaux résultats obtenus sur les 3 modèles innovants évalués sont regroupés dans le tableau ci-dessous.
| 3 modèles innovants testés | Retours des tests d’utilisation |
| Modèle AviTrac : équipement programmable émettant des cris de détresses et de prédateurs (AgriProTech) |
Le retour d’expérience de nos stations d’expérimentation est satisfaisant, cependant il existe un risque de vol. |
| Drone terrestre : ce drone autonome de la société Agri-Structures est couplé à un effaroucheur AgriProTech |
Equipement testé près de Poitiers en 2017 puis sur la Digiferme de Boigneville (91) en 2019. La protection contre les oiseaux est effective mais partielle car cet appareil doit être rechargé au cours de la journée. Les principaux freins sont les contraintes de transport et le risque d’enlisement de l’appareil. |
| Pendules réfléchissants : cet effaroucheur tire parti de la sensibilité des oiseaux à la polarisation de la lumière | Un test réalisé en 2017 à Grignon (78) avec un équipement expérimental d’une firme privée a montré un effet de protection partielle sous forte pression de pigeons ramiers |
De manière plus prospective, un système de détection automatique des oiseaux au champ est à l’étude avec traitement d’images en temps réel (projet associant Terres Inovia et l’INRAE dans le cadre de l’institut Carnot Plant2Pro®). Ce concept technologique est une première étape pour la conception d’effaroucheurs réactifs se déclenchant uniquement en présence d’oiseaux et permettant ainsi de limiter leur accoutumance.
Protection de parcelles par un fauconnier : les fauconniers offrent des prestations efficaces mais couteuses pour une seule exploitation. Tel est le retour d’expérience de la station d’expérimentation Terres Inovia d’En Crambade (31) qui a utilisé cette solution pour protéger sa plateforme d’essais. Ainsi, lorsque l’environnement d’un ensemble de parcelles à protéger s’y prête, plusieurs agriculteurs peuvent s’associer pour faire intervenir un fauconnier. Des drones biomimétiques peuvent aujourd’hui remplacer les rapaces, mais la démarche reste la même (voir par exemple Robirds®).
Stratégie de confusion avec un semis sous couverts : efficace, sous réserve de bien gérer la destruction du couvert
Rendre plus difficile la détection des plantules par les oiseaux, tel est l’objectif d’un semis de tournesol dans un couvert développé. Terres Inovia et ses partenaires ont testés plusieurs espèces de couverts, de densité, de date de semis, de mode et de période de destruction. Les résultats obtenus à ce jour montrent un effet du couvert semé sortie hiver sur la réduction des attaques d’oiseaux,
La difficulté porte sur la destruction du couvert : celui-ci doit être détruit assez rapidement pour limiter le risque de concurrence avec la culture, tout en maintenant son rôle pendant la période de sensibilité du tournesol, c’est-à-dire jusqu’à sa première paire de feuilles. A ce jour, le meilleur compromis entre efficacité contre les dégâts d’oiseaux et maintien du potentiel de la culture, est de détruire le couvert avant ou au semis du tournesol au glyphosate. La mort lente du couvert permet alors de maintenir la confusion jusqu’à la fin du stade sensible.
- Couvert de féverole : des résultats positifs ont été obtenus dans le Gers en semant la féverole à 50 gr/m² (possibilité de réduire la densité jusqu’à 25 g/m²), environ un mois et demi avant le tournesol puis en la détruisant au glyphosate au semis de la culture (photo essai Terres Inovia - R. Ségura).
- Couvert d’orge : l’orge (semée à 150 gr/m²) a aussi démontré un effet de protection dans la plupart des situations, même à un stade peu avancé (avant tallage), mais elle peut rapidement rentrer en compétition hydrique avec le tournesol.
A ce jour le binage et les alternatives mécaniques à la destruction chimique du couvert qui ont été testées ne donnent pas de résultats équivalents. Ces techniques sont encore mises à l’épreuve pour confirmer leur intérêt et faisabilité dans des conditions variées. La valorisation d’interculture longue est également envisagée.
Répulsifs : pas de miracle à ce jour
Si aucun produit répulsif des oiseaux n’est homologué pour un usage tournesol, diverses préparations à allégation répulsives sont toutefois commercialisées et ont été évaluées par Terres Inovia.
Résultats d’efficacité de quatre préparations à allégation répulsives évaluées (évaluation Terres Inovia 2016 - 2018)
| Produits applicables en pulvérisation en plein à la levée | |
|
AMO 03-09 (mélange d’épices) AVIFAR (homologué comme engrais liquide à base d’anhydride sulfurique) Coût d’environ 50 €/ha |
Seul AVIFAR présente en tendance un faible effet protecteur des plantules mais avec une très grande variabilité. Le positionnement de ce type de produit applicable à un stade précoce est délicat car il faut intervenir dès l’émergence alors que les levées de tournesol sont souvent échelonnées. De plus ces produits sont sensibles au lessivage. (Réseau d’une trentaine de parcelles d’essais –2016) |
| GIBSTOP | Aucun effet probant vis-à-vis d’une pression de pigeon ramier (évaluation 2018) |
| Produit en enrobage de semence | |
| PNF 19 (épices) | Efficacité variable voire très décevante en forte pression corvidés (évaluation 2019) |
Jouer sur la vigueur au départ du tournesol avec un engrais Starter : décevant !
Réduire la durée de la phase sensible, levée - 1ère paire de feuille, permettrait de réduire les risques de dégâts, c’est pourquoi l’usage d’un engrais dit « starter » réputé pour donner de la vigueur au démarrage a été testé. Les essais ont porté sur 3 produits et utilisés selon les recommandations des fabricants : ECOBIOS (lipotonine de zinc en enrobage de semence), Trika® Expert (NP + lambda cyalothrine + acides fulviques et humiques) et Microplus (NP + Zn).
Aucun de ces trois produits n’a montré de différence sur la durée de phase sensible aux oiseaux par rapport au témoin non traité.
Gestion territoriale, une stratégie nécessaire à mettre en œuvre
La lutte localisée à la parcelle est limitée, car si les parcelles alentours ne font l’objet d’aucune mesure de protection, les attaques y seront déportées. Si au contraire toutes les parcelles alentours font l’objet de la même mesure de protection, les oiseaux pourront s’habituer et ajuster leur consommation à leurs besoins.
Deux stratégies sont à l’étude : la coordination des semis d’une part, la gestion des habitats (cultivés et non cultivés) et des populations pour diminuer la pression des oiseaux.
Coordination des semis
Cette stratégie permettrait de maximiser la surface en tournesol consommable au même moment de manière à diluer les dégâts et diminuer leur ampleur sur l’ensemble du bassin de production.
La synchronisation des semis n’a pas fait l’objet d’une évaluation réelle, mais les observations et les retours d’expérience montrent qu’un regroupement des semis sur un secteur est efficace.
Les nouvelles technologies de cartographie dynamique et participatives sont à même de faciliter l’échange d’information sur un territoire. Terres Inovia a développé un démonstrateur type « Waze » pour visualiser et partager les dates d’intention de semis, est envisageable en appui à des projets territoriaux ou de filière. Les acteurs intéressés par ces stratégies et technologies peuvent contacter leurs interlocuteurs locaux Terres Inovia ou Christophe Sausse, chargé du dossier à Terres Inovia (c.sausse@terresinovia.fr).
Pour en savoir plusTirs et piégeages d’oiseaux et petits gibiers: agir dans le respect de la réglementation Déclarer ses dégâts d’oiseaux et visualiser les zones à risque |
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Lutter préventivement contre les maladies du pois de printemps
Il existe un certain nombre de règles à respecter pour anticiper les risques maladies :
A l’échelle de la succession culturale
Respecter les fréquences de retour conseillées
Une fréquence de retour de 6 ans minimum est conseillée pour réduire les risques de maladies, en particulier les maladies racinaires.
Bien choisir ses couverts
Ne pas cultiver de pois ou d’espèces/variétés de légumineuses sensibles à l’aphanomyces dans les couverts ou en tenir compte dans la fréquence de retour du pois en culture de rente.
Eviter les repousses
Les repousses de pois peuvent multiplier certains pathogènes responsables de maladies racinaires, en particulier l’aphanomyces.
A l’échelle de l’itinéraire technique
Choix de la parcelle : vérifier le risque aphanomyces
L’outil Eva permet de classer la parcelle dans un niveau de risque, faible ou élevé. Le test biologique de Potentiel Infectieux (PI) aphanomyces est complémentaire de l’outil Eva. Il permet de connaitre précisément le potentiel infectieux de la parcelle et d’affiner les choix, en particulier si la parcelle est classée en risque élevé.
Privilégier les variétés récentes
Pour limiter le développement de certaines maladies aériennes (ascochytose, botrytis, mildiou), il est important de privilégier les variétés récentes, plus haute et présentant une bonne tenue de tige. Ces variétés permettent en effet d’avoir un couvert plus aéré, créant ainsi un microclimat moins favorable aux maladies.
Par ailleurs, dans le cas de l’aphanomyces, 3 variétés présentent une note de préservation du rendement.
Respecter les densités de semis préconisées
Il est essentiel de ne pas semer trop dense. Un couvert dense maintient l’humidité et favorise ainsi le développement des maladies.
Semer dans de bonnes conditions
Semer dans un sol réchauffé et ressuyé permet de limiter les risques, en particulier pour les maladies racinaires
Lutter préventivement contre le botrytis
La nuisibilité du botrytis est évaluée à 15q/ha lorsque la sévérité de la maladie (% de surface nécrosée) atteint 40% en post-floraison. Cette sévérité est systématiquement observée lorsqu’en sortie hiver elle atteint 15%.
Afin de gérer au mieux le risque botrytis voici quelques points clé à respecter.
Le semis doit être réalisé pendant la période préconisée. Un semis précoce entraine un risque de plus de 50% d’observer une sévérité supérieure à 15% en sortie hiver. La dose de semis ne doit pas dépasser le maximum préconisé, une forte densité du couvert étant favorable au développement du botrytis. De plus, il est important d’intégrer les féveroles de culture secondaire (couvert par exemple) dans la conception de rotation et d’éloigner si possible les différentes parcelles de féverole les unes des autres afin de limiter les sources d’inoculum.
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Pois chiche : consultez les BSV de votre région
Chaque semaine pendant la période culturale, Terres Inovia participe à l'analyse des risques phytosanitaires (insectes et maladies) dans la plupart des régions de productions de pois chiche.
Les observations sont menées dans le cadre de la Surveillance Biologique du Territoire (SBT) par de nombreux partenaires : organismes stockeurs, organismes de développement, lycées, FREDON, agriculteurs...
Les données sont saisies dans l'outil Vigicultures® puis validées par les animateurs régionaux. Les synthèses et analyses de risques sont régionalisées et publiées gratuitement dans les Bulletins de Santé du Végétal (BSV).
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Protéagineux : consultez les BSV de votre région
Chaque semaine pendant la période culturale, Terres Inovia participe à l'analyse des risques phytosanitaires (insectes et maladies) dans la plupart des régions de productions de pois et féverole.
Les observations sont menées dans le cadre de la Surveillance Biologique du Territoire (SBT) par de nombreux partenaires : organismes stockeurs, organismes de développement, lycées, FREDON, agriculteurs...
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Tournesol : consultez les BSV de votre région
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Les observations sont menées dans le cadre de la Surveillance Biologique du Territoire (SBT) par de nombreux partenaires : organismes stockeurs, organismes de développement, lycées, FREDON, agriculteurs...
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Colza : consultez les BSV de votre région
Chaque semaine pendant la période culturale, Terres Inovia participe à l'analyse des risques phytosanitaires (insectes et maladies) dans la plupart des régions de productions de colza.
Les observations sont menées dans le cadre de la Surveillance Biologique du Territoire (SBT) par de nombreux partenaires : organismes stockeurs, organismes de développement, lycées, FREDON, agriculteurs...
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Colza : comment favoriser l’action des micro-guêpes parasitoïdes ?
Favoriser la régulation naturelle est un levier prometteur pour réduire les niveaux de population de ravageurs. Cette démarche prend tout son sens lorsqu’elle vient en complément de mesures agronomiques destinées à améliorer la robustesse des cultures et à limiter la nuisibilité des attaques de ravageurs : associations d’espèces, de variétés, décalage des dates de semis… C’est un élément de la démarche de protection intégrée.
Réduire le travail du sol après le colza ou laisser des îlots de parcelles non travaillés
Ces micro-guêpes passent une partie de leur cycle sous forme de nymphe, c’est-à-dire immobile dans les premiers centimètres du sol. Les nymphes tombent au sol au printemps dans le colza et les adultes sortent au printemps suivant, dans la culture suivante. Ainsi, le travail du sol après colza, même superficiel est fortement préjudiciable à l’émergence des adultes. Les surfaces en colza où le travail du sol est limité sont favorables au développement de ces insectes et à la croissance de leurs populations.
Limiter les applications d’insecticides
Les principaux ravageurs du colza sont les hôtes d’au moins 80 espèces de parasitoïdes dont 12 sont supposées avoir une action clé dans la régulation. Ces espèces aux cycles de développement variés se succèdent dans les champs en recherche de leurs hôtes pendant une bonne partie de l’année, principalement au printemps, secondairement en automne (des variations régionales peuvent exister). Or, ces insectes sont de manière générale très sensibles aux applications d’insecticides. De petite taille, et avec une cuticule fine, Ils n’ont pas, à l’instar de certains ravageurs, développé au fil du temps de mécanismes de détoxification des matières actives insecticides. De plus, leurs capacités de recolonisation des parcelles après un traitement sont inférieures à celles des ravageurs.
Aménager les espaces non cultivés sur mon exploitation
Hyménoptères parasitoïdes sur inflorescence de navet
Tout comme les syrphes et les abeilles, les hyménoptères parasitoïdes ont besoin d’espaces non cultivés pour s’alimenter en nectar et/ou en pollen, pour se protéger des conditions météo défavorables et des perturbations anthropiques et également effectuer une partie de leur cycle de développement.
Les haies composites, les bandes fleuries non travaillées installées depuis plusieurs années contenant des espèces florales diversifiées, notamment des astéracées et apiacées, sont particulièrement favorables. Connectés entre eux, ces espaces semi-naturels créent des zones réservoirs d’insectes auxiliaires aptes à recoloniser les parcelles agricoles et favorisent le parasitisme de certaines espèces comme les méligèthes, plus efficace en paysages complexes.
Certes, les aménagements fleuris semés peuvent présenter un intérêt si les mélanges d’espèces sont pertinents, l’idéal étant de pouvoir gérer les abords de parcelles et de chemins de manière à retrouver une composition florale optimale en favorisant les espèces végétales présentes naturellement.
Voici quelques exemples de plantes à fleurs intéressantes à avoir à proximité des parcelles agricoles pour favoriser nombres d’auxiliaires : fenouil, carotte sauvage, achillée millefeuille, bleuet, vesce, sarrasin, tanaisie, millepertuis. Pour les espèces arbustives et arborescentes : noisetier, saule.
Colza et insectes : les ravageurs ont le champ libre sans régulation naturelle
Dans l’Yonne et les départements limitrophes, on assiste à de véritables pullulations d’insectes ravageurs du colza et notamment de l’altise d’hiver. Quand la chimie montre ses limites pour endiguer le phénomène, on aimerait pouvoir compter sur les régulations naturelles. Elles sont pratiquement inexistantes dans la zone, c’est ce que démontre une étude conduite par Terres Inovia sur les plateaux de Bourgogne, levant le voile sur une situation préoccupante.
La régulation naturelle des ravageurs, un service gratuit et efficace
Tout comme les méligèthes et les charançons, les altises sont principalement régulées par certaines espèces de micro-hyménoptères parasitoïdes. Quand ils sont présents en quantité suffisantes dans l’environnement agricole et que les pratiques leurs sont favorables, ces minuscules insectes, de la taille de moucherons sont très efficaces dans la régulation des coléoptères ravageurs du colza.
Véritables missiles à tête chercheuse ils détectent les larves de ravageurs, même lorsqu’elles sont dans les tiges et pondent leurs œufs en surface ou à l’intérieur de leur hôte, entrainant à terme sa mort.
De petites tailles et relativement discrets, ces insectes sont souvent méconnus et leur rôle sous-estimé. En effet, tout comme les syrphes ou encore les carabes, ils offrent gratuitement un service aux agriculteurs, celui de réguler sur le long terme les populations de ravageurs ; une action sans laquelle les pratiques de lutte chimique seraient insuffisantes.
Cette larve d’altise est condamnée, elle présente une tâche noire, signe de parasitisme par une micro-guêpe parasitoïde
La situation sur les plateaux de bourgogne
En 2018, une étude conduite sur les plateaux de Bourgogne dans le cadre du projet R2D2* révèle une situation préoccupante : sur 13 parcelles de colza parmi les 14 étudiées par Terres Inovia et ses partenaires**, les larves d’altises prélevées ne présentaient aucun signe de parasitisme par leurs principaux ennemis naturels alors que dans des situations favorables, ce parasitisme peut concerner plus de 60% des larves analysées. Pour les méligèthes, les résultats obtenus à partir des données recueillies sur 5 parcelles de colza dans l’Yonne étaient assez semblables avec des valeurs de taux de parasitisme oscillant entre 0.4 et 4.8%. En situation favorable, les taux de parasitisme de méligèthes peuvent atteindre plus de 90%.
Il est nécessaire de réagir rapidement
Prenons un peu de hauteur et voyons ce que révèlent les analyses de taux de parasitisme réalisées à partir de 12 échantillons de larves d’altises prélevés dans d’autres départements Français : le Lot et Garonne, la Haute-Garonne, les Charentes et Charentes Maritimes, L’Eure, l’Aube, le Gers, la Côte d’Or et la Somme. A noter que deux lots seulement ont révélé des niveaux de parasitismes significatifs avec des valeurs de 25% (Charentes) et de 48% (Gers). Cette photo ne peut prétendre représenter l’ensemble des situations françaises et ne prend pas en compte la dynamique temporelle des processus de régulation. Elle suggère cependant la nécessité de réagir rapidement : les hyménoptères parasitoïdes sont les principaux agents régulateurs des coléoptères ravageurs du colza, il parait illusoire de parvenir à rétablir des niveaux de pression de ravageurs acceptables sans mobiliser les régulations naturelles.
Résultat du parasitisme mesuré à partir d’élevage de larves en laboratoire. En abscisse, chaque barre correspond à un échantillon d’une centaine de larves.