Le mildiou nécessite une gestion sur le long terme basée sur les leviers agronomiques et la pérennité des résistantes variétales et des matières actives disponibles et à venir. Petit tour de piste des connaissances essentielles sur cette maladie.
L’aphanomyces est la maladie tellurique la plus dommageable sur pois. L’outil EvA ne remplace pas le test biologique de Potentiel Infectieux mais permet de classer rapidement votre parcelle dans un niveau de risque et ainsi vous guider dans vos choix afin de préserver le rendement en pois et l’état sanitaire de la parcelle.
Peu d’informations à renseigner
Les informations à renseigner sont : le département, le type de sol, l’historique en pois et l’irrigation. Elles sont peu nombreuses mais doivent être renseignées très précisément.
Un outil utilisable dans une majorité de régions
L’outil EvA a été élaboré à partir d’une base de données regroupant des informations relatives à 780 parcelles réparties dans la moitié nord de la France, puis validée dans 120 parcelles principalement en régions Normandie et Centre-Val de Loire. Cet outil peut être utilisé en régions Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Centre-Val de Loire, Grand Est, Hauts-de-France, Île-de-France, Normandie, Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire.
Points d’attention
Actuellement, seul l’effet d’une culture de pois d’hiver ou de pois de printemps sur l’évolution du Potentiel Infectieux d’un sol est connu. L’effet des autres légumineuses sensibles n’a pour le moment pas été pris en compte dans cet outil faute de données. Par conséquent, pour les parcelles ayant reçu une ou plusieurs légumineuses sensibles autre que le pois en culture principale, intermédiaire, associée ou plante compagne, le risque peut être sous-estimé. Seul le test biologique peut permettre d’estimer le risque dans ces parcelles.* *Légumineuses sensibles : lentille, luzerne, gesse, certaines espèces/variétés de vesce (Accéder au test) »
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La rentabilité s’évalue le plus couramment de façon annuelle, à l’échelle d’une culture ou de l’assolement. Elargir le calcul de rentabilité à la rotation, à l’échelle pluriannuelle (€/ha/an), permet un regard plus représentatif de l’état économique de son système. A travers cet article, Terres Inovia vous incite quantifier les intérêts du tournesol, cet allié de choix pour vos rotations et assolements. Prenez votre calculette !
Rentabilité économique d’une culture : de quoi parle-t-on ? comment l’évaluer ?
L’indicateur historiquement le plus utilisé, car le plus simple, est le produit brut (€/ha) issus du calcul [Rendement x Prix de vente]. Pourtant ces éléments cruciaux ne suffisent pas à connaître la réelle rentabilité de sa culture. Il est indispensable de prendre en compte a minima les charges opérationnelles (payées par la trésorerie de l’entreprise) en calculant la marge brute.
Il est possible de compléter les calculs en allant jusqu’à la marge nette qui permet de rémunérer la main d’œuvre familiale et les capitaux propres (cf. figure ci-dessous). La marge est le plus souvent exprimée par la moyenne.
Enfin, la compétitivité sur les marchés peut être évaluée en calculant son prix d’intérêt (€/t), dépendant de son coût de production, comme aide à la décision pour vendre sa production, comparé au prix proposé sur les marchés.
Comment se positionne le tournesol en termes de rentabilité et de robustesse ?
A l’échelle nationale, les marges brutes moyennes annuelles hors aide du tournesol (données du CER France analysées par Terres Inovia) sont, relativement à d’autres espèces, peu variables, comprises entre 341 €/ha et 484 €/ha sur la période 2014- 2020* (*données provisoires pour 2019 et 2020) pour une moyenne à 384 €/ha et un écart-type à 48 €/ha.
Depuis 2010, on note des pics de marge qui s’expliquent, entre 2010 et 2012 par des prix élevés et en 2017 par la performance agronomique de la culture. En effet le record historique de rendement en tournesol date de trois ans seulement (ce n’est pas très ancien), preuve que le potentiel de cette culture est toujours bien là, notamment quand le climat est favorable (Voir graphique 1).
Par ailleurs, les charges opérationnelles du tournesol sont relativement réduites et stables comparées à d’autres espèces (en moyenne entre 250 et 350 €/ha - CER France), notamment grâce à ses faibles besoins en engrais azotés par rapport au blé ou au cola par exemple. En effet le graphique1 montre qu’entre 2012 et 2014, les charges opérationnelles ont été peu impactées par La flambée des prix du gaz naturel qui a accru le coût des engrais azotés ; le prix des engrais azotés sont en effet très dépendants du prix de cette énergie.
Le tournesol dépend finalement plus des effets « marchés » et possède une stabilité exceptionnelle au niveau des rendements et des charges opérationnelles contrairement à d’autres cultures. 2020 : données provisoires, campagne de commercialisation en cours
Une mobilisation de trésorerie limitée. Avec son cycle court, le tournesol permet une mobilisation limitée de la trésorerie dans le temps, ce qui est un élément positif dans la gestion d’une exploitation agricole. Le délai de retour sur investissement représente la durée de mobilisation de la trésorerie, c’est un facteur particulièrement important dans un contexte économique tendu.
L’intérêt d’une culture ne se réduit pas à sa seule rentabilité !
Il ne faut pas omettre les intérêts économiques induits par les cultures, comme les effets « précédent » et à l’échelle de la rotation. Par ses faibles résidus et la structure du sol favorable qu’il laisse, le tournesol est un très bon précédent à la céréale suivante. De même l’introduction d’une culture d’été comme le tournesol, dans des rotations d’hiver, facilite la gestion du désherbage, réduisant ce poste de dépense à l’échelle du système de culture.
D’autres bénéfices non négligeables sont à noter, comme la complémentarité des espèces d’hiver et d’été dans le calendrier de travail, ou le nombre limité d’interventions sur une culture comme le tournesol. Même si la conduite culturale reste technique, c’est une culture peu exigeante avec une demande en investissement spécifique limitée.
Enfin, en tant que oléagineux mondial majeur, le tournesol bénéficie d’investissements conséquents de recherche et d’innovation qui se traduisent notamment par un renouvellement variétal dynamique permettant à l’espèce de s’adapter à son contexte de culture. Matière première à multiples usages, les graines de tournesol sont aisées à commercialiser par l’agriculteur que ce soit via les marchés physiques ou différents contrats de production.
A RETENIR
En respectant quelques étapes techniques incontournables, le tournesol est un bon candidat pour la performance de nombreuses rotations. L’évaluation économique démontre l’intérêt pour les agriculteurs d’aller jusqu’au calcul la marge, et de ne pas limiter le raisonnement économique aux chiffres de rendement ou de produit brut, mais d’intégrer a minima les charges opérationnelles. Cette pratique demande à être renforcée, en intégrant l’échelle rotationnelle, qui permet d’évaluer les bénéfices d’une culture et d’un assolement à l’année mais également avec une vision long terme (cinq ans).
La hernie des crucifères est une maladie racinaire, causée par un parasite obligatoire Plasmodiophora brassicae.
Cet agent pathogène peut infecter la majorité des 3700 espèces de la famille des Brassicacées dont des espèces cultivées telles que le colza, la navette, le chou…mais aussi des adventices crucifères dont la ravenelle, la capselle bourse à pasteur, la sanve, le sisymbre officinal…qui sont des sources de multiplication de P. brassicae.
Symptômes
Appareil végétatif : flétrissement des plantes
Les symptômes observés sur les parties aériennes sont multiples :
Un flétrissement temporaire du feuillage, surtout au cours de chaudes journées
Un feuillage sénescent
Un défaut de croissance
Un rougissement des plantes infectées, en sol hydromorphe et après gel hivernal
La disparition de pieds de colza en cas d’infection précoce et sévère. Avant l’apparition des symptômes sur feuilles, la maladie peut déjà avoir progressé considérablement dans les racines
Galles de hernie sur colza
Hypertrophie importante du système racinaire de colza
Hypertrophie des racines sur deux pieds de colza
Hypertrophie importante du système racinaire de colza
Hypertrophies (ou galles) racinaires
L’arrachage de pieds permet d’observer une déformation et un renflement des racines. Ces hypertrophies de forme et de grosseur variables peuvent apparaître très tôt à l’automne. Ces galles sont d’abord fermes (intérieur plein) et blanches, puis brunissent et se craquellent, puis pourrissent. La dégradation du système racinaire entraîne la mort de la plante dans la majorité des cas.
Coupe de galle de hernie : l’intérieur est plein, blanchâtre avec des marbrures brun-noir.
La hernie des crucifères est une maladie racinaire majeure du colza. En France moins d’1/5 des sols seraient exposés, avec des disparités régionales. Les sols calcaires sont en effet très peu réceptifs. Toutefois, la hernie semble progresser régulièrement dans les parcelles à pH acide, surtout quand elles sont conduites en rotations courtes.
La détection des premiers foyers de hernie sur colza en France date des années 80. La maladie s’est ensuite étendue vers des régions fortement productrices de colza (Berry, Bourgogne, Lorraine, Poitou-Charentes) et de crucifères légumières (Bretagne). La hernie continue son extension dans de nouvelles zones, notamment dans le Centre (Eure et Loir), en Ile de France (Yvelines) et en Normandie. Une fois installée, la maladie est très persistante dans le sol.
Une enquête en ligne participative permet de suivre l’extension de la hernie. Répondre à l'enquête.
Carte des parcelles recensées
Consulter les parcelles de colza, chou, moutarde et d'autres, touchées par la hernie des crucifères.
L’ensemble du cycle s’effectue au niveau du sol et des racines du colza. L’eau libre dans le sol est un facteur indispensable pour la contamination et la dissémination. Le cycle comporte deux phases :
Une phase passive de conservation des spores de repos de hernie et leur dissémination. Ces spores sont libérées après formation des galles de hernie, et peuvent subsister dans le sol pendant plus de 15 ans sans hôte. Leur dissémination est multiple : matériels agricoles, animaux, eaux de ruissellements…
Une phase active d’infection en une succession d’étapes :
Germination des spores de repos sous forme de zoospores biflagellées très mobiles dans l’eau libre du sol.
Infection primaire des poils absorbants : les zoospores se fixent aux poils absorbants de l’hôte, y pénètrent et s’y multiplient.
Infection secondaire : une nouvelle colonisation des cellules racinaires de l’hôte peut avoir lieu.
Formation des galles, renflements caractéristiques emplis du parasite (sous forme de plasmode) puis de spores de repos qui seront libérées dans le sol.
Cycle de développement de la hernie des crucifères sur le colza
Nuisibilité
L’incidence de la hernie sur le rendement dépend de la date et du degré de contamination. Sa nuisibilité peut être forte localement, allant de la perte de quelques quintaux jusqu’au retournement de la parcelle, dans le cas d’une attaque précoce et intense. Elle dépend également de la variété utilisée. La hernie entraîne également une perte d'huile (perte allant jusqu'à 3 points entre une parcelle infectée et une parcelle saine pour la même variété).
Facteurs favorables
Sol et climat
La hernie se développe préférentiellement dans les sols limoneux à pH acide, hydromorphe et battant.
Les conditions optimales d’infection et de développement sont des températures comprises entre 20-25°C et une humidité relative du sol supérieure à 80%. Les forts orages et l’irrigation sont des facteurs aggravants en cas de présence de hernie.
Pratiques culturales
Le retour fréquent du colza dans la rotation mais aussi l'implantation de crucifères comme CIPAN (culture intermédiaire piège à nitrate) favorisent l’augmentation de l’inoculum. Un mauvais désherbage, notamment des crucifères, et le maintien des repousses de colza après la récolte favorisent la multiplication de l’agent pathogène
D’autres facteurs favorisent également le développement de la maladie : mauvais drainage de la parcelle ou l’absence de chaulage pour les sols acides.
L’absence de nettoyage des outils d’une parcelle contaminée à une parcelle saine favorisent la dissémination.
Contaminants potentiels
Attention à la dissémination de la hernie ! Les outils de travail du sol souillés dans une parcelle infestée sont des vecteurs potentiels de la hernie, tout comme des végétaux contaminés, de l’eau d’irrigation ou des fumiers contaminés.
Diversité de l’agent pathogène
Au sein de Plasmodiophora brassicae il existe plusieurs pathotypes, qui sont des groupes d’individus ayant une virulence différente. Ils sont caractérisés en utilisant une gamme d’hôtes différentiels de colza. Leur nombre va dépendre du nombre d’hôtes composant ce set. Selon le set de 3 hôtes différentiels de Somé et al. (1996) utilisé dans un projet collaboratif*, 6 pathotypes (P1 à P6) sont détectés à la suite d’un échantillonnage de sol/galles mené en France entre 2011 et 2012. Il ressort que :
La proportion de ces 6 pathotypes (P1 à P6) est variable sur le territoire français
P1 (le plus agressif), P2 puis P3 représentent plus de 90% des échantillons
Les pathotypes P1, P2 et P3 sont susceptibles d’attaquer, de façon non systématique, la variété de colza résistante Mendel, et d’autres variétés ayant des sources de résistance similaire.
L’ajout de la variété Mendel au set d’hôtes différentiels initial conduit à distinguer les pathotypes, selon leur capacité à contourner (P1*, P2*…) ou non (P1, P2…) la résistance de cette variété
Il existe une hétérogénéité intra- et inter-parcellaire. L’hétérogénéité est davantage présente entre parcelles qu’entre secteurs géographiques, conduisant à des préconisations variétales à l’échelle de la parcelle.
Proportion des pathotypes de hernie en France 2011-2012 (d’après Orgeur et al. 2016)
* Projet collaboratif mené de 2011 à 2013 entre le GEVES (coordinateur), Terres Inovia, l’INRA-IGEPP, NPZ, Syngenta, Serasem, Limagrain Europe, Ucata.
Leviers de lutte
Le contrôle de la hernie des crucifères chez le colza en France s’articule autour de 3 leviers : la prévention, le levier génétique et de bonnes pratiques agronomiques.
Les leviers de lutte chimique ou de biocontrôle ne sont pas aujourd’hui autorisés en France et/ou inefficaces pour assurer une protection du colza contre la hernie des crucifères.
Une combinaison de leviers pour lutter contre la hernie des crucifères.
Le levier génétique est la voie la plus efficace pour lutter contre cet agent pathogène. Plusieurs variétés résistantes à certains pathotypes existent sur le marché français – toutes les informations disponibles sont sur myvar.fr.
Le détail des leviers opérationnels de lutte contre cette maladie est disponible en cours de campagne
Le projet Optiplasm (GEVES, Terres Inovia, INRAE) visant à optimiser l'évaluation officielle des variétés de colza vis-à-vis de la hernie des crucifères s’est terminé en 2022. Les résultats n’ont pas encore abouti à un changement de méthodologie car cela nécessite de poursuivre les travaux dans la compréhension de la diversité génétique des différents pathotypes de P. brassicae. Des pistes à court terme sont aussi en œuvre pour moduler les conditions expérimentales pour se rapprocher des conditions terrain. En savoir plus sur les résultats du projet.
Si je ne cultive pas de tournesol pendant plusieurs années sur la même parcelle, le risque mildiou est nul Voir la réponse
FAUX
Le mildiou est présent dans le sol de toutes les parcelles où le tournesol a été cultivé à un moment ou à un autre. L’absence de sa plante-hôte préférée sur une parcelle réduit effectivement le risque car le mildiou a absolument besoin du tournesol pour faire son cycle et ne peut donc pas se multiplier en son absence. Le réservoir d’inoculum dans le sol s’épuise peu à peu. Néanmoins, sa forme de conservation (oospores) très résistante lui permet de survivre 10 ans dans une parcelle même en l’absence de tournesol.
De plus, le mildiou peut s’installer sur d’autres plantes qui appartiennent à la même famille que le tournesol :
Des adventices : l’ambroisie à feuilles d’armoise, le bidens, le xanthium, les bleuet
Le niger et le tournesol de graines de ferme utilisés en interculture
Les repousses de tournesol sont aussi un bon relais pour le mildiou car celles-ci ne bénéficient plus de la résistance de la variété d’origine. La présence de ces plantes sur une parcelle après un tournesol même ancien contribue au maintien de l’inoculum, donc au maintien du risque...
Repousse de tournesol dans une parcelle de céréales observée en septembre 2015 en Haute-Garonne. Les sporulations présentes sous les feuilles indiquent que le mildiou a pu faire son cycle ; le réservoir d’inoculum de la parcelle est renforcé (photo Terres Inovia).
Enfin, même si le mildiou est une maladie plutôt inféodée à la parcelle car il attaque le tournesol par le système racinaire (on parle d’un agent pathogène tellurique), il peut néanmoins investir les parcelles avoisinantes : ses oospores, peuvent « voyager » du haut vers le bas d’un côteau à la faveur du ruissellement de l’eau ; on ne peut pas non plus exclure le transport des oospores d’une parcelle à l’autre par les engins agricoles.
Le risque zéro n’existe hélas pas, mais on dispose néanmoins d’un arsenal de bonnes pratiques et de solutions génétiques et chimiques pour réduire les risques !
La variété est le seul moyen de lutter contre le mildiou Voir la réponse
FAUX
La lutte génétique est effectivement l’un des piliers de la lutte contre le mildiou. Au fil de l’apparition de nouvelles races sur le territoire, les sélectionneurs ont pu proposer des variétés résistantes aux producteurs grâce à la découverte et l’exploitation de nouveaux gènes de résistance très efficaces. Rappelons cependant que si le mildiou n’a jamais occasionné de diminution significative du rendement moyen national, c’est grâce à l’association de la lutte génétique avec de bonnes pratiques agronomiques, elles aussi très efficaces, et une protection fongicide (traitement de semences) raisonnée. Faire reposer la lutte contre le mildiou seulement sur la génétique est une erreur : le mildiou est en effet capable de contourner une résistance génétique en 5 ans, ce qui génère l’apparition de nouvelles races.
Le mildiou est particulièrement innovant ! Dans une parcelle, il peut être comparé à une population d’individus, qui ne sont pas tous exactement pareils : parmi eux, certains, en proportion très très faible, ont une petite différence dans leur ADN, qui fait qu’une variété jusqu’alors résistante, ne les reconnaît plus et est attaquée. Autre phénomène : on ne le soupçonne pas, mais le mildiou a aussi une vie sexuelle ! En se croisant, deux individus de races différentes jusqu’ici contrôlées par la résistance des variétés peuvent ainsi produire une descendance dotée d’une nouvelle virulence. La race 714 est ainsi probablement issue de « l’union » entre des individus de la race 304 et de la race 710. Tous ces nouveaux individus deviennent peu à peu majoritaires dans la population de mildiou de la parcelle, et causer des attaques significatives sur des variétés attendues comme résistantes…
Les attaques les plus fréquentes du mildiou (qui sont hélas les plus nuisibles !) sont issues de l’infection de la radicule des plantules de tournesol au moment de la levée. Le mildiou colonise ensuite peu à peu tous les tissus des plantules, engendrant des pieds nanifiés et stériles. Or, le mildiou aime l’eau ! Ses petites spores infectieuses sont justement munies de 2 petits flagelles, pour mieux se déplacer vers les radicules de tournesol. Elles ne peuvent toutefois réussir cette « migration » vers leur cible que si de l’eau circule dans le sol : on parle d’eau libre.
Or, le mildiou aime l’eau ! Ses petites spores infectieuses sont justement munies de 2 petits flagelles, pour mieux se déplacer vers les radicules de tournesol. Elles ne peuvent toutefois réussir cette « migration » vers leur cible que si de l’eau circule dans le sol : on parle d’eau libre.
Sous microscope, voici une spore de mildiou à 2 flagelles arrivée sur une radicule de tournesol grâce à l’eau libre présente dans le sol ; la petite barre blanche en bas de la photo donne l’échelle : 5 microns, c’est à peu près le diamètre d’un brin de soie d’araignée ! (Photo Inrae-CNRS Toulouse) 7ème page de la publication Gascuel et al, 2014
Un cumul de 50 mm de pluie sur les 10 jours qui encadrent le semis suffit en général pour générer de l’eau libre dans le sol. Les printemps pluvieux sont ainsi ceux où le risque mildiou est le plus élevé.
Décaler la date de semis pour éviter un épisode pluvieux est un levier très efficace pour empêcher les attaques, même sur une variété qui ne résiste pas à toutes les races de mildiou présentes localement. Mais cela n’est pas toujours facile, surtout lors de printemps pluvieux... Néanmoins, mieux vaut semer plus tard, même au risque d’entamer un peu le potentiel de rendement de la parcelle, qu’avoir une attaque de mildiou carabinée qui, au-delà de pénaliser la production, va compliquer la gestion de la maladie pour plusieurs années : le réservoir d’inoculum reconstitué au taquet est viable très longtemps…
Le mildiou est-il vraiment capable de résister au traitement de semences ? Voir la réponse
VRAI
L’Apron XL, traitement de semences largement utilisé depuis 30 ans pour protéger le tournesol, a pour substance active le métalaxyl-M. Très efficace, il a permis de sauver la culture du tournesol au début des années 1990, juste après l’apparition des races 703 et 710 alors que les variétés ne disposaient pas encore de résistance génétique face à ces nouvelles races. Le mode d’action de cette molécule est dit unisite : elle agit à un seul endroit de la cellule de l’agent pathogène. Cinq ans après son utilisation rendue obligatoire sur toutes les variétés en 1990, apparaissaient les premiers isolats de mildiou résistants. Toujours largement utilisé alors qu’il n’était plus obligatoire sur aucune variété depuis 2005 (85% à 90% de la sole tournesol sont traités Apron XL chaque année), le métalaxyl-M est beaucoup moins protecteur puisque de nombreux isolats avec des niveaux élevés de résistance (>50%) sont détectés chaque année, notamment sur les races 704 et 714 les plus présentes sur le territoire et tout récemment sur les isolats de mildiou contournant les variétés dites RM9.
Mais des solutions existent !
Cette utilisation répétée sur une même parcelle d’une même substance active à mode d’action unisite (qui conduit à une résistance au traitement de semences) s’apparente à l’utilisation répétée de variétés avec le même gène de résistance spécifique (qui conduit à l’apparition de nouvelles races contournant la résistance variétale). De nouveaux traitements de semences, à mode d’action différent de celui du métalaxyl-M, arrivent sur le marché. Protéger leur efficacité passe par leur utilisation raisonnée (ne pas répéter l’utilisation tous azimuts du métalaxyl-M !) : ne pas utiliser un traitement de semences avec une seule substance active et varier les associations avec différents modes d’action.
Variété résistante à tout et traitement de semences, c’est « l’assurance tous risques » non ? Voir la réponse
FAUX
On dispose effectivement de plusieurs moyens de lutte contre le mildiou, mais il s’agit de bien les utiliser pour les faire durer !
N’oublions jamais deux choses :
le traitement de semences peut être lessivé en cas de grosses pluies
et le mildiou a une capacité d’adaptation extraordinaire face aux molécules fongicides et aux gènes de résistance des variétés !
Dans cette situation, où l’on cherche la protection maximale, le risque est d’utiliser trop régulièrement sur la parcelle les mêmes solutions génétiques et chimiques ; or ce choix peut vite s’avérer vite contre-productif compte-tenu du potentiel d’adaptation du mildiou. Ce serait comme un automobiliste qui mettrait bien sa ceinture de sécurité dans sa voiture classée 5 étoiles au crash-test : en roulant à 150 km/h sur une route mouillée, il a peu de chances d’échapper à l’accident !
La solution pour une protection durable du tournesol contre le mildiou ? Elle repose sur 3 conseils-clés :
ne pas oublier la grande efficacité des bonnes pratiques agronomiques,
varier les profils RM des variétés,
utiliser raisonnablement les traitement de semences.
J’ai eu une forte attaque de mildiou sur une variété RM9 : pourquoi ?
Une variété dite RM9 résiste aux 9 races de mildiou suivantes : 100, 304, 307, 314, 334, 703, 704, 710 et 714. Pour résister au mildiou, une variété comporte un ou plusieurs gènes de résistance spécifique (gènes Pl).
Si les variétés cultivées sur une parcelle au fil des campagnes comportent le même gène de résistance, ce gène exerce une pression de sélection sur le mildiou présent dans la parcelle : sous cette pression, le mildiou n’a d’autre choix que de s’adapter pour survivre, et il le fait ! Vous connaissez le phénomène de résistance des graminées quand on utilise trop souvent des herbicides avec le même mode d’action ? Les graminées devenues insensibles à l’herbicide se multiplient, deviennent majoritaires et rendent le traitement complètement inefficace. Ici, c’est la même chose : La résistance de la variété devient inefficace, on dit qu’elle est contournée par la nouvelle race de mildiou qui a émergé.
Avec trois printemps pluvieux favorables aux attaques, ce contournement de résistance, détecté depuis 2018 sur plusieurs variétés RM9, s’est exprimé à nouveau en 2019 puis confirmé en 2020. Au-delà du choix variétal, le délai de retour du tournesol dans la rotation joue un rôle majeur dans ce contournement : les attaques sur les variétés RM9 qui nous ont été signalées concernent principalement des parcelles en rotation courte où le tournesol revient tous les 2 ans… or, ce délai de retour est beaucoup trop court pour permettre l’épuisement du stock d’inoculum dans la parcelle. Une grande quantité de mildiou est donc exposée tous les deux ans à la même résistance, ce qui favorise l’émergence d’une population capable d’infecter des variétés jusqu’ici résistantes.
Parmi les variétés RM9, certaines ne comportent qu’un gène qui confère à lui tout seul la résistance aux 9 races, d’autres cumulent plusieurs gènes. La connaissance de ces gènes est propre à chaque semencier et n’est pas accessible à Terres Inovia. Elle est cependant cruciale pour raisonner le choix variétal. Les parcelles concernées par de fortes attaques sur des variétés RM9 ont probablement été cultivées plusieurs campagnes de suite avec des variétés peut-être de semenciers différents mais portant le ou les mêmes gènes de résistance, hélas sans le savoir…
Je n’ai pas vu de mildiou sur mes derniers tournesols et pourtant, ma parcelle a subi une grosse attaque cette année : pourquoi ?
Cette attaque indique qu’il y avait forcément de l’inoculum de mildiou dans la parcelle. Cet inoculum est probablement issu d’une attaque plus ancienne (le mildiou est présent partout où le tournesol est cultivé) mais aussi de petites attaques qui sont passées inaperçues ces dernières années : quelques plantes nanifiées par-ci par-là suffisent à reconstituer le réservoir d’inoculum pour les campagnes suivantes. De même, les petits foyers dans les tournières paraissent inoffensifs : pourtant ces petites attaques, même si elles n’entament pas le potentiel de rendement de la parcelle, contribuent, elles aussi, à enrichir le sol en oospores, qui restent viables 10 ans et sont à l’origine des infections.
Une attaque de mildiou peut facilement passer inaperçue dans une parcelle de tournesol (photo Terres Inovia).
Cet inoculum peut aussi avoir été maintenu par :
des repousses de tournesol, qui n’ont plus de résistance génétique efficace,
des adventices capables d’héberger le mildiou apparues au fil de la rotation : l’ambroisie à feuille d’armoise, le bidens, les centaurées, le xanthium,
le cas échéant le niger cultivé en interculture, lui aussi sensible au mildiou,
Et aussi le tournesol utilisé dans les couverts souvent issus de graines de ferme.
Cette attaque indique également que les conditions de réussite de l’infection ont été réunies : en plus de l’inoculum dans le sol en quantité suffisante, la levée du tournesol a dû se produire au cours d’un épisode pluvieux suffisamment important pour que l’eau circule dans le sol (on parle d’eau libre) et amène les spores infectieuses du mildiou auprès de la radicule des tournesols. En effet, un cumul de 50 mm de pluie sur les 10 jours encadrant le semis suffit en général pour avoir de l’eau libre dans le sol. Une préparation du sol qui n’a pu se réaliser qu’en conditions difficiles peut également favoriser l’accumulation d’eau dans les zones tassées, même avec un cumul de pluies moindre.
Cette année, les semis de début mai dans le Gers ont subi de gros abats d’eau au moment de la levée, favorables aux infections. Le risque a également pu être élevé pour les semis de fin avril, notamment dans les parcelles où la préparation du sol a été difficile.
Côté semences, cette pluviométrie importante a également pu lessiver le traitement de semences efficace contre le mildiou (Apron XL), limitant cette protection. De plus, n’oublions pas que toutes les races présentent un niveau de résistance plus ou moins élevé à ce traitement de semences.
Enfin, le profil RM de la variété implantée a pu s’avérer inadapté face à la race de mildiou majoritaire sur la parcelle.
Deux parcelles semées à la même date avec la même variété, l’une touchée et l’autre pas : pourquoi ?
Une attaque de mildiou dépend de nombreux facteurs : certains sont liés à la campagne en cours, comme la date de semis qui aura un impact déterminant sur les conditions de levée, et le choix variétal bien sûr ; d’autres sont liés au passé de la parcelle.
Si deux parcelles situées côte à côte et semées avec la même variété sont si différentes, deux options sont à explorer :
Elles ont des historiques proches, mais c’est leur date de semis qui fait la différence : l’une a levé en conditions bien ressuyées, sans eau libre dans le sol, ce qui a empêché les infections, alors que la levée de la seconde s’est faite dans des conditions très pluvieuses et donc très favorables aux infections ;
Semées à la même date, leurs historiques différents font la différence : le tournesol est-il revenu plus souvent dans la rotation sur l’une que sur l’autre ? avec quelles variétés ? se peut-il que le mildiou ait contourné la résistance de la variété utilisée sur l’une mais pas l’autre ?
Sept points-clés à explorer pour expliquer les attaques de mildiou.
Pour le printemps 2022, en culture de lin oléagineux de printemps, quelques changements sont à prévoir en matière de gestion de l’enherbement.
En production conventionnelle, les agriculteurs pourront s’appuyer sur les solutions suivantes :
- CALLIPRIME XTRA, BASAGRAN SG, ALLIE SX, GRATIL et LONTREL SG pour le contrôle des adventices dicotylédones ;
- AVADEX 480 pour la maitrise des graminées, en renfort des spécialités foliaires telles que SELECT, FOLY R, FUSILADE MAX …
Noter que les références acquises jusqu’à présent ne nous permettent pas de recommander l’usage de FOX sur lin de printemps.
Un passage post-semis / prélevée pour « pré-nettoyer »
Rappelons que l’utilisation des produits EMBLEM et EMBLEM FLO n’est plus possible depuis le 17/09/2021.
Ces retraits nous obligent à réajuster les programmes de désherbage sur lin de printemps, en recourant notamment au CALLIPRIME XTRA, en post-semis/prélevée.
CALLIPRIME XTRA à 0,3 l/ha présente l’avantage de gérer efficacement les chénopodes et matricaires. Même si son action est plutôt moyenne sur morelle, renouées ou arroches étalées, il perturbe leur dynamique de croissance, facilitant leur contrôle en post-levée.
Rattrapage des dicotylédones au « tir à vue »
En fonction de la flore adventice présente, de son stade et celui de la culture, en conditions poussantes, il est possible d’intervenir avec :
- BASAGRAN SG, à partir du stade 3 cm du lin et sur des adventices n’ayant pas dépassé le stade 4 feuilles. Dose pratique d’emploi : 400 à 600 g/ha (se limiter à 400 g/ha pour des lins à 3-4 cm)
- GRATIL (complément anti-gaillet), préférentiellement entre 6 et 15 cm du lin, en évitant autant que possible une application si une forte pluviométrie est prévue dans les 8 jours qui suivent. Dose pratique d’emploi si associé à une autre spécialité : 20 g/ha.
- ALLIE SX, homologué depuis septembre 2021, et dont le positionnement et les recommandations d’emploi sont résumées ci-dessous :
ALLIE SX 15 g/ha présente un spectre d’action assez large, en l’absence de dicotylédones résistantes aux sulfonylurées. Ses efficacités sont remarquables sur crucifères, stellaire intermédiaire (ou mouron des oiseaux), lamiers, matricaires. On note encore une efficacité moyenne à bonne sur chénopode, laiterons et seneçon. Ce sera aussi la solution à privilégier en cas de présence de renouées ou de véronique de Perse, plutôt à la dose de 25 g/ha mais seulement dans les situations de lins très poussants et parfaitement enracinés.
L’intérêt de BASAGRAN SG réside surtout dans son bon contrôle des morelles, ainsi que dans son action intéressante sur arroche étalée et fumeterre.
L’association ALLIE SX + BASAGRAN SG n’a pas été évaluée sur lin oléagineux de printemps. TERRES INOVIA l’a cependant testée à l’automne, sur lin d’hiver, aux doses de 15 g/ha pour ALLIE SX et 0,5 kg/ha pour BASAGRAN SG. Il n’a pas été observé de moindre sélectivité du mélange par rapport à ALLIE SX utilisé seul.
Rajoutons que LONTREL SG est aussi utilisable entre les stades 10 et 40 cm du lin, pour gérer des chardons des champs, le chardon marie, des laiterons, des matricaires, des séneçons, en plein ou par tâche. C’est aussi le seul herbicide capable de maîtriser des levées de printemps d’ambroisie.
Enfin, reste l’option du désherbage mécanique lorsque les conditions climatiques le permettent. En culture de lin oléagineux, en tendance, c’est la herse étrille qui offre les meilleurs résultats. En revanche, en situation de sol à tendance battante, il n’y aura pas d’autre choix que celui de la houe rotative.
Avec ces outils, il est possible d’intervenir entre les stades 2-5 cm et 10-12 cm des lins, pourvu que ceux-ci présentent une bonne vigueur et soient bien enracinés.
Enfin, une bineuse à céréales équipée d’un bon système de guidage sera intéressante sur des adventices un peu plus développées entre 6-8 et 25 cm d’un lin semé à 15 ou 17 cm d’écartement.
La problématique graminées est moindre en lin oléagineux de printemps qu’en lin d’hiver.
Toutefois, en situation de forte infestation et/ou présence de graminées résistantes, difficile de faire l’impasse sur le désherbage de présemis incorporé avec Avadex 480, dont l’efficacité avoisine 80 % lorsque l’application est réalisée sur sol frais.
Cette base pourra être complétée en végétation par un antigraminées foliaire, dans le cas où les ray-grass sont encore sensibles.
Noter que les efficacités fortement affectées par la résistance aux inhibiteurs de l’ACCase (“fop”, “dime” et “den”) sont parfois meilleures pour la cléthodime. Mais la fréquence de la résistance progresse, d’où l’intérêt de l’application en présemis.
Depuis une vingtaine d’années des travaux sont menés en génétique et sélection (collaboration INRAE, GSP(1) et Terres Inovia) afin de créer des variétés de pois plus tolérantes à l’aphanomyces. Un progrès génétique significatif a été mis en évidence ces dernières années et le CTPS a attribué en 2020 une note de préservation du rendement à trois variétés de pois de printemps :
Poseidon (Agriobtentions, inscription 2015)
Kagnotte (KWS Momont, inscription 2019)
Karacter (KWS Momont, inscription 2020)
Evaluation de la tolérance à aphanomyces : Karacter (à gauche) et Kayanne (à droite)
Ces trois variétés ont une note de 3 sur une échelle de préservation du rendement de 1 (nulle) à 9 (très bonne), toutes les autres variétés de pois de printemps actuellement cultivées ayant une note de 1. Le gain apporté par ces trois variétés reste insuffisant pour qu’elles soient cultivées dans des parcelles moyennement à fortement contaminées (PI(2) >1). En revanche, elles présentent un intérêt pour sécuriser les rendements dans les parcelles faiblement contaminées (PI<1). Dans ces parcelles, la répartition de l’inoculum est en effet hétérogène et il existe seulement quelques foyers de maladie. Il peut arriver, si les conditions climatiques sont particulièrement favorables, que la maladie s’exprime dans ces petits foyers.
Dans une telle situation, ces trois variétés présentent peu ou pas de symptômes sur parties aériennes et une moindre perte de rendement dans les foyers de maladie par rapport aux autres variétés. A titre d’exemple, la variété Karacter présente en moyenne sur deux années d’évaluation en parcelles fortement contaminées (PI>4) un rendement supérieur de 5 à 8 quintaux par rapport à celui des témoins CTPS (ce qui représente 116% à 164% des témoins CTPS). C’est ce gain de rendement par rapport aux autres variétés qui est attendu dans les foyers de maladie.
Depuis les années 2000, le progrès génétique en pois de printemps a principalement porté sur l’amélioration de la hauteur de tige à la récolte en plus du rendement.
Les variétés de pois cultivées dans les années 1990 et au début des années 2000 étaient toutes très sensibles à la verse (Athos, Baccara, Badminton, Solara…). Elles se plaquaient au sol lors des étés pluvieux, entraînant des pertes de rendement pouvant atteindre 10 q/ha. Aujourd’hui, ces variétés ne sont plus cultivées. Kayanne (inscrite en 2008) les remplace en grande partie, avec d’autres variétés comme Astronaute, Safran ou Bagoo. On note des progrès en rendement de l’ordre de 14 q/ha de plus pour les variétés récentes et en tenue de tige (gain de 30 à 40 cm) sur la période du CTPS 2008-2019. Ces résultats confirment ceux constatés dans un réseau de 13 essais implantés en 2013 par ARVALIS – Institut du végétal : Kayanne apportait en moyenne un gain de 11 q/ha et de 30 cm à la récolte par rapport à Solara (inscrite en 1987).
De nouveaux critères ont été développés en pois de printemps et mesurés dans le cadre du CTPS : la tolérance à Aphanomyces sur parcelles faiblement contaminées, un meilleur pouvoir couvrant, ou encore une moindre décoloration chez les variétés de pois à grains verts destinées à la casserie.
Note de préservation du rendement vis-à-vis d'Aphanomyces
1 : nulle à très faible : Astronaute, Safran, Kayanne (et les autres variétés de pois de printemps sauf 3)
Afin d’améliorer le choix variétal et de promouvoir le progrès génétique, Terres Inovia, en collaboration avec le GEVES, développe de nouveaux critères et outils. Depuis l’automne 2019, toutes les informations sur les variétés de pois d’hiver et de printemps sont disponibles grâce à l’outil MyVar. Il est désormais possible de comparer les résultats des variétés sur un département donné sur un grand nombre de critères et d’accéder aux rendements pluriannuels de pré et post-inscription.
En pois d’hiver comme de printemps, malgré des surfaces fluctuantes, la sélection est restée dynamique et l’on assiste à une augmentation continue du nombre de variétés inscrites pour les deux types de pois.
Ces nouvelles variétés amènent un progrès notable sur le rendement mais aussi sur d’autres caractères comme la hauteur à la récolte, la taille des graines et la teneur en protéines. La culture bénéficie donc aujourd’hui de perspectives intéressantes grâce à ce progrès génétique.
Rendement
Le progrès génétique réalisé en pois d’hiver sur le rendement a pu être évalué à partir des données du CTPS à l’inscription des variétés, de 2004 à 2021, en comparant toutes les variétés récentes par rapport à une variété ancienne, Isard, inscrite depuis plus de 15 ans. L’analyse fait apparaître une amélioration de près de 20 à 25% de rendement/an sur cette période (soit +10 q/ha en 15 ans). Les quatre dernières variétés, inscrites en 2021, se sont distinguées avec un rendement particulièrement élevé, supérieur ou équivalent à celui de la variété Furious, actuellement la plus cultivée en France. Elles ont confirmé ces bonnes performances en 2022 dans le réseau de post-inscription géré par Terres Inovia.
Hauteur à la récolte
La hauteur à la récolte des variétés de pois d’hiver a également été nettement améliorée et tend à se rapprocher de celle des pois de printemps. Isard reste la variété la plus sensible à la verse : elle dépassait rarement 30 à 35 cm à la récolte. Un gain de plus de 30 cm en hauteur a été obtenu depuis plus de 15 ans avec les variétés récemment inscrites, qui dépassent 60 cm de hauteur pour certaines en fin de cycle. La verse et les maladies aérienne comme l’ascochytose ont ainsi été réduites grâce une meilleure tenue de tige des variétés. La récolte de la culture s’en trouve également facilitée.
Résistance au froid
La résistance au froid des variétés est variable. Celle-ci est élevée pour des inscriptions comme Myster, Balltrap et Fresnel, proche de celle d’Isard, qui peut résister jusqu’à -18 °C en condition d’endurcissement maximal (températures négatives qui descendent progressivement). Parmi les variétés récentes, Casini, Paddle et Furtif possèdent une résistance au froid équivalente voire supérieure. Ces variétés sont à recommander dans les secteurs les plus froids de l’Est de la France. En revanche, Enduro, Aviron et Curling ne semblent pouvoir résister qu’à ‑13°C en condition d’endurcissement maximal. Lapony, Furious et Flokon mais aussi Uppercut et Feroe ont un niveau de résistance intermédiaire, supérieur à celui de Faste, Frosen et Escrime. Toutes ces variétés sont plus adaptées à la région Centre et à l’Ouest de la France.
Bactériose
Concernant les maladies, des différences variétales de comportement en présence de bactériose ont été identifiées en 2021 dans le réseau d’évaluation de post inscription de Terres Inovia sur 10 variétés dans quelques sites où des notations ont pu être réalisées. La tolérance à la bactériose semble être liée à la résistance au gel mais il est encore trop tôt pour établir un classement des variétés. Il vaut mieux éviter celles qui sont notées très sensibles. Des notations effectuées en 2023 pourraient venir conforter les différences variétales déjà observées.
Teneur en protéines et PMG
La teneur en protéines et le PMG, même s’ils sont variables entre variétés, ont globalement progressé depuis 15 ans. Parmi les dernières inscriptions, la teneur en protéines a souvent égalé ou dépassé le seuil de 22 % en pois d’hiver, avec des pointes à 22.2 % avec Uppercut et à 22.6 % avec Faquir.
Enfin, la plupart des variétés récentes présentent un PMG plus élevé, proche ou supérieur à 200 g, que les variétés plus anciennes (170-180 g). Seules quelques exceptions (Uppercut ou Paddle) ont des graines de plus petite taille.