Désherbage graminées : bien utiliser la propyzamide
La baisse des températures associée à une certaine humidité des sols permettra dans les prochains jours d’envisager l’application de propyzamide (Kerb Flo) sur les parcelles de colza infestées de graminées. Dans ce contexte, un rappel sur les conditions d’utilisation et d’efficacité de cette molécule parait important.
Rappel : comment agit la propyzamide ?
La propyzamide (contenue dans KERB FLO et produits génériques) a une action antigraminée à 100 % racinaire et systémique, assez lente car le produit doit migrer par les racines. Ainsi, l’efficacité ne se mesure souvent qu’en sortie hiver.
Quelles sont les graminées ciblées ?
Ray-grass, vulpin, repousses de céréales (blé surtout), bromes, folle avoine (d’hiver surtout), pâturin, vulpie, agrostis.
Cette substance active joue un rôle-clé pour le contrôle des graminées en colza.
Rôle clé pour la gestion à long terme du désherbage
La propyzamide limite fortement la pression de sélection de graminées résistantes aux herbicides foliaires. La gestion responsable de cette molécule est un enjeu majeur pour assurer la durabilité du désherbage, notamment en colza. La protection de la ressource en eau et la durabilité des molécules herbicides sont étroitement liées aux pratiques de désherbage.
3 règles d’or :
1. Une seule application de propyzamide à 750 g/ha par campagne :
- à partir de début novembre jusqu'à fin décembre pour le colza
2. Pas d’application sur un sol saturé en eau pour éviter les ruissellements et les échecs (asphyxie racinaire)
3. Pour une bonne efficacité :
- Viser des applications sur sol frais et humide : l'efficacité est dépendante de l’humidité du sol. Le résultat peut être insuffisant en période sèche.
- En cas d’enracinement profond des adventices, l’efficacité peut être décevante.
Quels sont facteurs pouvant pénaliser l’efficacité de la propyzamide vis-à-vis des graminées ?
- Levées précoces de graminées (fin août / septembre) et/ou abondantes non maîtrisées par les herbicides avant l’entrée hiver (les racines peuvent alors être trop développées) ;
- Application trop tardive sur des adventices trop développées (tallage des graminées) ;
- Façons culturales simplifiées sans labour (présence de mulch) ;
- Sols à forte teneur en argile (> 35 %) et MO en surface (> 4 %) ;
- Sols hydromorphes avec asphyxie des graminées (induisant une faible absorption du produit)
Qu’en est-il de l’effet « parapluie » ?
Pour des colzas dotés d’une forte biomasse (> 1.5 kg/m²), les volumes de végétation peuvent être élevés. Les biovolumes et les longs pétioles (plus de 50 cm) font alors obstacle aux herbicides racinaires.
Pour les produits contenant la propyzamide, mieux vaut dans ce cas positionner l’application au plus proche d’une pluie significative pour favoriser sa diffusion dans la végétation jusqu’à la surface du sol. Pour les produits IELO/YAGO/BIWIX/DITOP, pas d’application sous une pluie.
Mélange propyzamide avec un insecticide … à bien considérer
La tentation de mélanger avec un insecticide visant les larves d’altises est souvent grande car elle permet de viser les deux cibles – mauvaises herbes et insectes – en même temps.
Avant une telle décision, assurez-vous que l’infestation larvaire justifie l’insecticide. Les larves d’altises colonisent les parcelles de façon très variable.
De même, si une infestation larvaire justifie d’ores-et-déjà un insecticide, n’attendez pas que les conditions soient réunies pour la propyzamide pour intervenir.
Visez toujours les meilleures conditions possibles pour chacune des cibles (insecte ou mauvaises herbes) quitte à passer deux fois… plutôt que chercher à faire coûte que coûte « une pierre deux coups ».
Rappel : Le mélange de produit à base de propyzamide avec MINECTO Gold n'est pas recommandé. Plus d’info ici.
Pour aller plus loin
► Gestion des graminées hivernales
Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr – Bretagne, Pays-de-la-Loire
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin
Gestion en post-levée des dicotylédones : Des solutions efficientes à adapter à la flore présente
Les pluies de ce début de campagne, réparties entre la fin-août et la mi-septembre, ont quelque peu perturbé les semis, aboutissant à des écarts de dates d’implantation et donc de stade entre les parcelles de colza. Malgré cela, il est aujourd’hui temps de repérer la présence de dicotylédones pour décider d’une éventuelle intervention pour la majorité d’entre-elles.
De nombreuses solutions sont aujourd’hui disponibles pour contrôler les dicotylédones en post-levée. Appliqués seuls, en séquence ou en association, ces produits permettent de maîtriser efficacement la majeure partie des adventices fréquemment présentes dans les soles de colza. Tout l’enjeu à présent est de bien maîtriser le spectre d’efficacité et le mode d’action de chacun d’entre eux afin d’optimiser les interventions, que ce soit en termes de choix de produit(s), de dose(s) et de positionnement(s).
MOZZAR / BELKAR : pour viser un spectre large de dicotylédones
Ce produit est également applicable plus tardivement, en association avec une spécialité à base de propyzamide (IELO, KERB FLO, etc.), tout en gardant une efficacité sur alchémille, lamier, coquelicot, chardon-marie, fumeterre, gaillet, géraniums en pression faible à moyenne. En revanche, l'efficacité peut décroître sur capselle, véronique, laiteron, sisymbre, bleuet, matricaire et mercuriale si le stade est déjà bien avancé.
Attention, le mode d’action de ce produit est uniquement foliaire. Il ne peut donc s’employer que sur des adventices levées et atteignables par la pulvérisation. Il conviendra donc d’éviter d’intervenir sur des colzas très couvrant, afin d’éviter les effets « parapluie », et reporter l’application au retour des premiers froids, sur une culture plus éclaircie. De plus, ce produit n’est pas sélectif des légumineuses dans les parcelles de colza associées. Il conviendra alors de retarder son utilisation en entrée d’hiver, période où la plante compagne est habituellement détruite.
LADIVA ou pack MIZIS (MIZIK + NERIS) : pour élargir le spectre de MOZZAR
En complément de l’Halauxifène-méthyl présente dans le MOZZAR (ou MIZIK), l’Aminopyralide, contenue seule dans le NERIS ou associée au MOZZAR dans le LADIVA, renforce la persistance d’action et l’efficacité sur pensées et composées (matricaires, laiterons, séneçons, chrysanthèmes des moissons, etc.). Ces produits sont à positionner idéalement autour du stade 4 feuilles du colza, en une seule application non-fractionnable.
En plus des informations précédentes, voici quelques compléments à connaître sur ces solutions :
- Les produits sont compatibles avec de nombreux insecticides ou antigraminées foliaires associés avec une huile végétale de type ACTIROB. Ne pas mélanger avec les fongicides/régulateurs.
- En application tardive (au-delà du 10 novembre) de MOZZAR, LADIVA ou du pack MIZIS, le mélange avec un produit type KERB FLO est possible avec adjuvant non-ionique de type PHYDEAL, PIXIES, GONDOR, SILWET, etc. LADIVA existe aussi en pack LADIVA FLO (LADIVA + KERB FLO)
Des solutions davantage spécifiques pour lutter contre une flore plus ciblée
Le recours à d'autres produits peut s'envisager, seul ou en complément des spécialités mentionnées précédemment, pour cibler certaines flores en particulier. Par soucis de sélectivité vis-à-vis du colza, le respect du stade d'application et des conditions d'emploi de ces produits est important.
- FOX 1 L/ha est un herbicide de contact positionnable à 4-5 feuilles du colza, impérativement sur feuillage sec pour des raisons de sélectivité. Employé en complément d’autres produits, il peut apporter un gain d’efficacité sur jeunes mercuriales, chénopodes, lamiers, pourpier, sisymbres, véroniques, ainsi que sur jeunes pensées, morelles, ravenelles ou coquelicots. Il est sélectif des principales légumineuses associées au colza si ces dernières sont bien développées.
- CALLISTO 0,15 L/ha est applicable à partir de 6 feuilles sur des colzas en bon état végétatif et légèrement endurcis (après les premiers froids, mi-octobre ou petites gelées matinales, maximales inférieures à 15-18°C). Il permet de lutter seul contre les crucifères adventices du colza (sanve, moutardes et calépine) ou en association avec du CENT 7 à 0,2 l/ha contre ravenelle, barbarée, sisymbre, et repousses de betterave. Son utilisation est renouvelable 2 à 3 semaines plus tard pour les plus fortes infestations. Il détruit les légumineuses associées au colza.
- IELO / YAGO / BIWIX 1,5 L/ha est efficace sur graminées, bleuets, chardons, matricaires, laiterons, séneçons, coquelicots et dans une moindre mesure sur pensées et véroniques. Il a une légère action contre géranium disséqué. Ce produit détruit les légumineuses associées au colza. Un sol froid et de la pluie après l’application sont nécessaires pour optimiser l’efficacité de la propyzamide.
Quelques trous dans la raquette…
Certaines flores restent toutefois très complexes pour ne pas dire impossibles à contrôler avec les produits de post-levée en colza : citons par exemple les renouées (persicaires, des oiseaux, liseron), rumex, liserons ou encore morelles et amarantes très développées.
Attention aux conditions d’application
Les conditions météorologiques actuelles (début octobre) se caractérisent par des matinées fraiches, humides et des milieux de journées chauds et secs, avec des amplitudes thermiques parfois importantes. Afin de maximiser l’efficacité des solutions présentées précédemment, il est important de se référer aux préconisations d’usage mentionnées sur l’étiquetage de chaque produit afin de positionner au mieux ses interventions. Voici quelques repères simples à connaître pour les produits mentionnés précédemment :
| Produits | Stade d’application | Conditions d’applications | Période en journée |
|
MOZZAR/NERIS LADIVA |
A partir de 4 feuilles jusqu’à stade « rosette » | Hygrométrie > 80% Températures comprises entre 12 et 20°C au moment de l’application Amplitudes thermiques <15°C |
04h00 à 09h00 du matin |
| CALLISTO | A partir de 6 feuilles jusqu’à stade « rosette » | Colza en bon état végétatif et légèrement endurcis Hygrométrie > 80% Températures comprises entre 5 et 14°C Amplitudes thermiques < 15°C |
04h00 à 09h00 du matin |
| FOX | A 4-6 feuilles pour un bon compromis efficacité/bonne sélectivité | Feuillage sec (sélectivité) Bon état végétatif Hygrométrie > 80% Températures comprises entre 4 et 14°C au moment de l’application |
Dans la nuit, avant tombée de la rosée ! |
Pour aller plus loin
► Conditions d'application des herbicides
► Tableau d'efficacité des herbicides en colza (Juillet 2025)
► Consultez l'outil 'Mélange des produits phytosanitaires'
Votre contact en région
- Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) – Centre et Est Occitanie
- Quentin Level (q.level@terresinovia.fr) – Sud Nouvelle-Aquitaine, Gers et Hautes-Pyrénées
- Alexandra Denoyelle - Auvergne-Rhône-Alpes, PACA
L’Arrivée de l’automne est synonyme de vigilance sur les altises - Sud-Ouest
Les conditions climatiques dans le Sud-Ouest ont été favorables aux semis précoces des colzas. Les tout premiers semis ont été réalisés dès le 10/08 (avant les premières pluies du 13/08) puis la majorité des semis sont effectués fin août, alors que les pluies sont régulières. Depuis, la croissance est soutenue mais des derniers semis ont pu avoir lieu encore récemment. Les stades de développement s’étalent donc de cotylédon à 7 feuilles avec des parcelles en majorité à 4 feuilles (au 24/09). La semaine dernière a été marqué par un rafraîchissement des températures, notamment sur le matin. Cette semaine, les températures sont plus douces et sont donc potentiellement favorables au vol de grosses altises adultes. Dans ce contexte, un rappel du seuil, de la période de risque et des solutions disponibles est nécessaire.
Au vu des conditions météo, une surveillance est de mise
Le déclenchement du vol de grosses altises est conditionné par une variation de températures. Nous sortons d’une semaine plutôt froide et les températures se sont maintenant adoucies. Cela pourrait être favorable au vol d’autant que les premiers retours du réseau BSV la semaine passée montre quelques premières captures via les cuvettes jaunes.
Par conséquent, il est indispensable de surveiller les parcelles dès aujourd’hui, et plus précisément celles qui n’ont pas atteint 4 feuilles, et suivre l’évolution de la situation au travers du BSV (Bulletin de Santé des Végétaux).
Consulter l’OAD de Terres InoviaEn quelques clics, cet outil estime le risque parcellaire lié aux prélèvements foliaires par les altises lors de la phase levée du colza. Il a été construit en intégrant des résultats d'essais et l'expertise des agents de Terres Inovia. Lien vers l'outil : Estimation du risque lié aux altises adultes |
L’insecte migre sur la parcelle depuis divers abris, où il réalise sa diapause estivale. Peu active le jour, l’altise est active en début de nuit pour s'alimenter au détriment du colza. Quelques jours seulement après l’arrivée sur la parcelle, la ponte a lieu dans le sol, à proximité du collet du colza. Les dégâts causés par les adultes se manifestent par la destruction de surface foliaire, sous forme de morsures circulaires. Concernant les dégâts, ils sont potentiellement préjudiciables et d’autant plus importants que le colza est peu poussant et à un stade peu développé avant 4 feuilles. Grâce au semis précoces pour la région cette année, une grande partie des colzas ne sont plus concernés par le risque grosses altises adultes.
Les interventions ne sont pas systématiques !
De la levée à 3 feuilles, le colza pousse relativement lentement et sa biomasse est faible. Les destructions de feuilles (voire des cotylédons) par les adultes de la grosse altise sont d’autant plus préjudiciables sur des colzas peu développés et peu poussants. L’application d’une protection est conseillée si 80% des plantes présente au moins une morsure et 25% de la surface foliaire est consommée.
Intervention inutile à partir de 4 feuilles
A partir de 4 feuilles, le colza entre en phase de croissance active. La production de biomasse par la plante est alors plus rapide que les destructions par morsures de l’altise. A partir de ce stade, une intervention contre la grosse altise adulte est inutile. Intervenir sur les adultes se raisonne au regard du risque qu’elles font peser sur les plantules de colza jusqu’à 3 feuilles inclues. Cette intervention n'aura que peu d'impact sur les infestations larvaires qui elles seront visibles à l'entrée de l'hiver et qui devront être gérées spécifiquement.
Avec la seule famille des pyréthrinoïdes à disposition pour lutter contre ce ravageur au stade adulte, l’efficacité sur adultes comme sur les larves de la grosse altise est directement liée au niveau de résistance des populations. Il est par conséquent essentiel d’intervenir uniquement en cas de risque avéré sur adultes ou sur larves et de limiter l’utilisation de ces insecticides (stratégie d’esquive, en semant tôt).
Si une intervention est nécessaire :
- Dans les secteurs où les résistances fortes ne sont pas généralisées (en jaune ou hachuré) comme le Sud-Ouest, intervenir avec un pyréthrinoïde en soirée (adulte actif en début de nuit).
- Pour les régions à forte résistance généralisée aux pyréthrinoïdes (secteur rouge sur la carte), non encore détecté dans le Sud-Ouest, la seule stratégie de gestion passe par un semis et une levée précoce.
Toutes les pyréthrinoïdes n’ont pas la même efficacité
- 3-4 jours après le traitement, les pyréthrinoïdes lambda-cyhalothrine, cyperméthrine (on peut y associer la deltaméthrine) et l’étofenprox sont comparables.
- 7 jours après le traitement, on observe des différences. Lambda-cyhalothrine, cyperméthrine et deltaméthrine conservent leur efficacité (50 à 60 %). L’étofenprox est en retrait.
- L’esfenvalérate est en retrait à 3-4 jours ou 7 jours.
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Pour la première fois, la dérogation Minecto Gold est en vigueur sur l’ensemble du territoire, dont le Sud-Ouest. Attention cette dérogation d’utilisation ne porte que sur les larves de grosses altises (puisque utilisable seulement à partir du stade 6 feuilles), qui sont différentes des grosses altises adultes qui vont nous concerner dans les prochains jours. Voir l’article ci-dessous Voir l'article sur la dérogation Minecto Gold 2025 Cette même dérogation permet toutefois l’utilisation du Minecto Gold en colza semence (porte-graines) sur la cible grosse altise adulte (stade cotylédons à 4 feuilles). En effet, la dynamique de croissance entre un hybride (majoritairement utilisé en colza conso) et une lignée (utilisée en colza semence) mais aussi la date de semis (les colzas semences sont généralement implantés plus tardivement) explique l’ouverture de cet usage précoce avec une solution supplémentaires aux pyréthrinoïdes. |
Votre contact régional
- Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Centre et Est Occitanie
- Quentin Level (q.level@terresinovia.fr) - Aquitaine, Gers et Hautes-Pyrénées
L’arrivée de l’automne est synonyme de vigilance sur les Altises
Consécutivement aux précipitations parfois très importantes de fin août, qui ont globalement permis une bonne avancée des semis, on observe cette année en Auvergne-Rhône-Alpes des situations contrastées. Dans certains cas extrêmes, notamment en Auvergne où les pluies ont été particulièrement abondantes, des re-semis ont été nécessaires. Les stades de développement des colzas apparaissent relativement hétérogènes, allant de la levée jusqu’à 6 feuilles selon les secteurs et les dates de semis. Cette variabilité est renforcée par des conditions climatiques changeantes : un rafraîchissement ponctuel fin août - début septembre, suivi d’un retour de la chaleur ces dernières semaines. Les prévisions annoncent désormais une baisse des températures à partir de la semaine prochaine. Dans ce contexte, les colzas les plus jeunes restent particulièrement exposés au risque d’attaques précoces de grosses altises.
Au vu des conditions météo, une surveillance est de mise
Le déclenchement du vol de grosses altises est conditionné par une variation de températures. Ces dernières années en Auvergne Rhône-Alpes, le début du vol est enregistré entre le 20 et le 25 septembre. Les premiers retours des réseaux BSV, confirment une arrivée des grosses altises plus précoce que l’année dernière avec des captures en cuvettes significatives sur certains secteurs.
Par conséquent, il est indispensable de surveiller les parcelles dès aujourd’hui, et suivre l’évolution de la situation au travers du BSV (Bulletin de Santé des Végétaux). de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Consulter l’OAD de Terres InoviaEn quelques clics, cet outil estime le risque parcellaire lié aux prélèvements foliaires par les altises lors de la phase levée du colza. Il a été construit en intégrant des résultats d'essais et l'expertise des agents de Terres Inovia. Lien vers l'outil : Estimation du risque lié aux altises adultes |
L’insecte migre sur la parcelle depuis divers abris, où il réalise sa diapause estivale. Peu active le jour, l’altise est active en début de nuit pour s'alimenter au détriment du colza. Quelques jours seulement après l’arrivée sur la parcelle, la ponte a lieu dans le sol, à proximité du collet du colza. Les dégâts causés par les adultes se manifestent par la destruction de surface foliaire, sous forme de morsures circulaires. Concernant les dégâts, ils sont potentiellement préjudiciables et d’autant plus importants que le colza est à un stade peu développé avant 4 feuilles.
Les interventions ne sont pas systématiques !
Avec la seule famille des pyréthrinoïdes à disposition pour lutter contre ce ravageur, l’efficacité sur adultes comme sur les larves de la grosse altise est directement liée au niveau de résistance des populations. Il est par conséquent essentiel d’intervenir uniquement en cas de risque avéré sur adultes ou sur larves et de limiter l’utilisation de ces insecticides (stratégie d’esquive, en semant tôt).
Un danger pour les colzas de la levée à 3 feuilles
De la levée à 3 feuilles, le colza pousse relativement lentement et sa biomasse est faible. Les destructions de feuilles (voire des cotylédons) par les adultes de la grosse altise sont d’autant plus préjudiciables sur des colzas peu développés.
Intervention inutile à partir de 4 feuilles
A partir de 4 feuilles, le colza entre en phase de croissance active. La production de biomasse par la plante est alors plus rapide que les destructions par morsures de l’altise. A partir de ce stade, une intervention contre la grosse altise adulte est inutile. Intervenir sur les adultes se raisonne au regard du risque qu’elles font peser sur les plantules de colza jusqu’à 3 feuilles inclues. Cette intervention n'aura que peu d'impact sur les infestations larvaires qui elles seront visibles à l'entrée de l'hiver et qui devront être gérées spécifiquement.
Si une intervention est nécessaire :
- Pour les régions à forte résistance généralisée aux pyréthrinoïdes (secteur rouge sur la carte), la seule stratégie de gestion passe par un semis et une levée précoce.
- Dans les secteurs où les résistances fortes ne sont pas généralisées (en jaune ou hachuré), intervenir avec un pyréthrinoïde en soirée (adulte actif en début de nuit).
Toutes les pyréthrinoïdes n’ont pas la même efficacité
- 3-4 jours après le traitement, les pyréthrinoïdes lambda-cyhalothrine, cyperméthrine (on peut y associer la deltaméthrine) et l’étofenprox sont comparables.
- 7 jours après le traitement, on observe des différences. Lambda-cyhalothrine, cyperméthrine et deltaméthrine conservent leur efficacité (50 à 60 %). L’étofenprox est en retrait.
- L’esfenvalérate est en retrait à 3-4 jours ou 7 jours.
Votre contact régional
- Alexandra DENOYELLE (a.denoyelle@terresinovia.fr) - Auvergne Rhône-Alpes PACA
Colza : Bilan de campagne 2024-2025 - Bretagne / Pays de la Loire
Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas. Après deux années de récoltes très décevantes, et des surfaces en bernes pour les régions Bretagne et Pays de la Loire, les attentes étaient fortes pour la campagne 2024-2025.
Les biomasses, bien que moins importantes que les deux années précédentes, sont satisfaisantes.
En entrée d’hiver, les colzas sont sains, avec une pression des ravageurs faible à modérée selon le secteur.
L’hiver a été pluvieux, et les colzas sont malheureusement restés les pieds dans l’eau pendant plusieurs semaines sur certaines parcelles, impactant fortement leur potentiel.
Fort heureusement, la floraison est efficace, et la phase de remplissage des grains a bénéficié d’un fort rayonnement.
Le manque de précipitation sur la fin de cycle a limité fortement le développement de maladie. Les enracinements plutôt bons ont permis de limiter le stress hydrique des colzas, pour finalement, déboucher sur des rendements bons à très bons ! Malgré des parcelles hydromorphes dépassant rarement les 30 quintaux et les dégâts de grêles, les rendements approchent des 38-39 quintaux en moyenne, c’est 1 tonne de mieux que la campagne précédente !
► Bilan de campagne colza 2024-2025 - Régions Bretagne / Pays de la Loire (hors Vendée)
Thomas Mear - t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire
Colza : Bilan de campagne 2024-2025 - Poitou-Charentes / Vendée / Limousin
Une fois n’est pas coutume, le début de campagne est suffisamment arrosé. Les semis restent en tendance davantage précoces en août. Les pluies de la 1ère décade de septembre assurent une levée généralisée, excepté en Deux-Sèvres. Fin septembre, la majorité des colzas est correctement installée avec des peuplements et des stades réguliers.
Le piégeage et la gestion du charançon de la tige du colza sont réalisés la 2ème quinzaine de février. Le vol de méligèthes est précoce fin février, le colza n’a pas encore de fleurs. Finalement, les populations restent contenues et les dégâts sont anecdotiques.
La floraison est classique début avril. La nouaison est exceptionnelle avec un rayonnement satisfaisant. Les hampes sont bien régulières. Le stress hydrique en terres superficielles débute dès la floraison et limite le remplissage dans plusieurs situations ; parfois couplé aux nécroses de mycosphaerella sur siliques. Les pucerons cendrés sont rares et les charançons des siliques/cécidomyies arrivent tôt. L’orobanche rameuse est bien présente, mais ses émergences sont tardives ; elle touche de nouvelles parcelles.
La fin de cycle est accélérée par les fortes températures de juin, les récoltes sont précoces et se déroulent en bonnes conditions. Le résultat est cohérent avec les conditions climatiques sans à-coup : l’année 2025 est une campagne tranquille. La moyenne en régions est estimée à 35 q/ha avec des rendements assez groupés.
► Bilan de campagne 2024-2025 - Régions Poitou-Charentes/Vendée/Limousin
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin
Colza : Bilan de campagne 2024-2025 - Normandie / Ouest Ile-de-France
2025 a offert un très bon voire un excellent bilan technico-économique aux producteurs de colza en Normandie et dans l’Ouest de l’Ile-de-France. Les résultats égalent ou dépassent les scores élevés de 2017 et 2022.
Les rendements en parcelle vont de 30 à 60 q/ha -38 à 48 q/ha si on resserre davantage.
Les moyennes départementales vont de 40 à 46 q/ha. C’est 7 à 10 q/ha de plus par rapport à la moyenne quinquennale. De plus, les teneurs en huile sont en tendance bien plus élevées qu’en 2024.
Ce bilan résulte d’un excellent nombre de graines/m² et d’aucune difficulté majeure à surmonter pendant 10 mois, ce qui est assez rare pour le souligner. Le printemps sec et les températures élevées en fin de cycle ont sans doute soustrait quelques quintaux dans divers terroirs, mais le bilan reste positif.
Couplés à un bon prix de marché, les résultats ont de quoi réjouir, mais n’effaceront pas de la mémoire collective l’ampleur des dégâts provoqués à divers endroits par les orages de grêle les 13 et 25 juin.
► Bilan de campagne Colza 2024-2025 Normandie / Ouest Ile-de-France
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Colza : Bilan de campagne 2024-2025 - Centre-Val de Loire
Après la campagne dernière que l’on peut classer parmi les années compliquées, marquées par de nombreux défis, la campagne qui s’achève avec un rendement régional qui pourrait approcher les 35 q/ha, se place parmi les années positives. Cette moyenne convenable cache comme tous les ans, une certaine hétérogénéité avec des déceptions comme des parcelles à potentiel ayant du mal à atteindre les 30 q/ha et à contrario des parcelles à potentiel limité fleurtant les 50 q/ha.
Quelques pistes peuvent être évoquées en préambule comme, les deux dernières campagnes très humides impactant les préparations de sols de l’été 2024 et donc la qualité de l’enracinement, la variabilité des pluies au cours de la campagne à la fois en quantité et selon la période.
Les autres éléments abiotiques étant relativement similaires à l’échelle régionale. Coté facteur biotique, sauf cas particulier, l’année peut être classée parmi les années à faible pression ravageurs et maladies. Certains secteurs ont été malheureusement concernés par des averses de grêle avec des dégâts pouvant atteindre les 100 %.
► Bilan de campagne Colza 2024-2025 Centre-Val de Loire
Pour ce bilan de campagne 2025, une sélection de stations météorologiques et d’illustrations a été réalisée. Vous pouvez retrouver plus d’éléments dans les diaporamas Bilan Colza et Bilan BSV accessibles avec les liens ci-joints :
- Bilan de campagne colza 2024-2025 Centre-Val de Loire en illustrations
- Bilan BSV campagne colza 2024-2025 Centre-Val de Loire
Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Région Centre-Val de Loire
En savoir plus sur la cylindrosporiose du colza
Agent pathogène et hôte
La cylindrosporiose est une maladie causée par l’agent pathogène Cylindrosporium concentricum (forme anamorphe) et Pyrenopeziza brassicae (forme téléomorphe). Il s’agit d’un champignon ascomycète hétérotallique qui possède un cycle de vie polycyclique.
Cette maladie a été signalée pour la première fois en France en 1978 et de fortes épidémies ont été observées dans les années 1980 et 2000. Elle est surtout très présente en Angleterre, favorisée par un climat doux et humide où la cylindrosporiose engendre plus de dégâts que le phoma du colza.
Concernant les hôtes de la cylindrosporiose, cet agent pathogène est capable d’infecter différents types de B. oleracea et d’autres espèces ou sous-espèces apparentées de Brassicacées. Il s’agit notamment du chou de Bruxelles, chou, chou-fleur, brocoli, navet, chou chinois et moutarde noire. Cette maladie est capable de se disséminer entre ces différentes espèces hôtes. En effet, il a été montré que des isolats provenant de choux-fleurs et choux de Bruxelles sont capables d’infecter le colza sans effet de spécificité d’hôte.
Symptômes
Les symptômes sur feuilles se caractérisent par une plage de décoloration légère (bleutée, vert pâle) parsemée de petits points blancs (acervules), qui sont localisés là où l’eau stagne le plus longtemps sur le limbe.
Par la suite, les feuilles vont se déformer et des taches de type brûlure, de couleur beige à fauve (aspect liégeux), vont apparaitre. Des acervules entourant la tache pourront être observées. Les feuilles attaquées par la maladie restent attachées à la tige.
Sur tige, les symptômes se présentent sous forme d’un brunissement de l’épiderme, entrainant des taches allongées, beige à marron clair, affichant des craquèlements transversaux et d’aspect liégeux. Les contours de ces taches peuvent être plus ou moins délimités avec une présence ou non d’acervules.
Sur les siliques, la cylindrosporiose entraine des taches diffuses beiges à blanchâtre, avec un craquèlement de l’épiderme, donnant aux taches un aspect liégeux. En cas de forte attaque, les siliques peuvent se déformer et présenter une forme arquée. Une nécrose liégeuse sur pédoncule peut également se produire, et entrainer ainsi la chute des siliques. Ce sont les symptômes sur siliques qui entrainent les pertes de rendement.
Importance
La maladie est majoritairement présente dans le nord de la France. Très peu de pertes ont été enregistrées depuis plus de 5 ans. Cependant, de nombreuses attaques sur feuilles/tiges mais également sur siliques, ont été reportées en 2024.
Une forte infection précoce durant l’automne/hiver peut entrainer la mort des plantules, une baisse de la vigueur ainsi qu’une augmentation de la sensibilité aux dégâts du gel, mais ces phénomènes ne sont observés que très rarement.
Les lésions présentent sur les feuilles et les tiges n’entrainent pas de perte de rendement. Cependant, lorsque la maladie touche les siliques, des pertes de rendement peuvent être observées. En arrivant à maturité, les siliques vont se déformer et éclater précocement provoquant une baisse du rendement.
Les pertes de rendement provoquées par cette maladie sont de l’ordre de 8q/ha mais peuvent aller jusqu’à 15q/ha en cas de forte attaque.
Cycle de vie
Le début du cycle de la cylindrosporiose sur colza se produit à l’automne, par la libération d’ascospores (spores sexuées) provenant majoritairement des résidus de cultures, il s’agit de la phase saprophyte du champignon. La contamination peut également provenir de semence contaminée mais cela ne représente qu’1%. Les ascospores vont être disséminées par le vent et aller contaminer le colza. Ces spores vont germer et pénétrer dans les tissus de la feuille pour effectuer leur phase endophyte et on ne constate aucun symptôme visible à ce stade. Après s’être développé à l’intérieur des tissus foliaires, le champignon va produire des conidies (spores asexuées) dans des structures de fructification appelées acervules (petits points blancs à la surface des feuilles), il s’agit ici de la phase parasitique du champignon. Ces conidies vont être dispersées par la pluie (splashing), ce qui constitue l’inoculum secondaire de cette maladie. Ces conidies vont pouvoir aller infecter d’autres plantes à proximité, mais également d’autres parties de la plante comme la tige, puis les siliques. Les conditions optimales pour la germination et la pénétration des conidies sont une température de 15°C et une humidité relative de 100% pendant 48h.
La contamination des tiges constitue une source importante d’inoculum pour l’initiation de l’épidémie la saison suivante.
Diversité de l’agent pathogène
Les populations de cylindrosporiose possèdent une forte diversité génétique. En effet, cet agent pathogène effectue de la reproduction sexuée ce qui augmente la diversité génétique. Néanmoins, ces populations ne sont pas caractérisées sur notre territoire.
Facteurs favorables
Des températures comprises autour de 15°C ainsi qu’une humidité élevée sont des facteurs environnementaux favorables au développement de la maladie. Le ruissellement des eaux de pluies, les éclaboussures ainsi que le vent sont les principaux vecteurs de propagation des spores du champignon. Ainsi, des automnes humides et froids, des hivers doux et des printemps pluvieux forment une parfaite combinaison pour l’épanouissement de la cylindrosporiose.
Des pratiques culturales peuvent également favoriser la maladie. Le non-enfouissement des résidus de cultures constituent des foyers pour les contaminations primaires. La cylindrosporiose étant capable de se conserver 3 ans, une courte rotation est favorable au développement de la maladie.
Leviers de lutte
Le premier levier de lutte à prioriser contre la cylindrosporiose est le levier génétique. En effet, des expérimentations CTPS sont pratiquées, ce qui permet de classifier les variétés selon leur résistance/sensibilité à la cylindrosporiose. Des variétés peu sensibles et très peu sensibles sont ainsi disponibles (consulter le site internet www.myvar.fr pour plus de détails) et sont préconisées dans les zones à risques.
Le levier de lutte agronomique est aussi efficace contre la cylindrosporiose. Le broyage des débris de récolte et leur enfouissement avant la levée des nouvelles cultures permet de réduire l’inoculum primaire de la maladie.
Enfin, la lutte fongicide est à utiliser en dernier recours. Si des symptômes de la maladie sont déclarés, l’objectif principal est la protection des siliques. En effet, seuls les dommages causés aux siliques sont préjudiciables pour le rendement. Avec les variétés actuelles de colza, le traitement visant le sclérotinia à G1 est en général suffisant contre la cylindrosporiose. Néanmoins, en cas d’attaque grave dès la reprise de la végétation, il est recommandé d’appliquer un traitement sans attendre la floraison et d’alterner les familles chimiques pour une meilleure efficacité et d’éviter l’apparition de résistances.
En savoir plus sur le phoma du colza
Agent pathogène et hôte
Leptosphaeria maculans, agent pathogène responsable du phoma du colza aussi connu sous le nom de la galle du collet, est un champignon ascomycète hémibiotrophe qui alterne entre les modes de vie saprophyte, endophyte, biotrophe et nécrotrophe. La gamme d’hôte du phoma est large, en effet cet agent pathogène est capable de s’attaquer à toutes les brassicacées.
Cette maladie est apparue pour la première fois en France il y a de nombreuses années, une sévère épidémie proche de Paris a été observée dans les années 1950. Dès 1968, le phoma est présent dans la quasi-totalité des régions françaises.
Symptômes
Les symptômes provoqués par le phoma du colza sont assez facilement identifiables. Ils apparaissent en premier lieu sur les cotylédons et les feuilles, à l’automne, lorsque le colza est au stade rosette. Les symptômes observés sur les parties foliaires sont appelés macules. Ce sont des taches plutôt arrondies, mesurant de 5 à 15mm de diamètre, de couleur gris cendré avec une marge plus ou moins fine. Ces macules sont composées de nombreux points noirs proéminents appelés pycnides. Autour de cette tache il n’y a que peu ou pas présence d’un halo jaune, ce qui permet de différencier le phoma d’autres maladies du colza. Les symptômes foliaires peuvent être confondus avec ceux de la pseudocercosporellose, néanmoins, les taches de cette maladie ne présentent pas de pycnides contrairement aux macules du phoma.
Les symptômes présents sur les feuilles sont sans conséquence directe sur le rendement du colza.
En revanche, ce sont les symptômes présents au niveau du collet qui sont préjudiciables pour le rendement. Ils apparaissent à la sortie de l’hiver, sous la forme d’une nécrose grise à noire, au niveau du collet, pouvant entrainer le dessèchement prématuré de la plante, jusqu’à la cassure complète du pied, entrainant ainsi des pertes de rendement importantes.
Importance
Jusqu’à la mise à disposition de résistances variétales efficaces, le phoma du colza était la principale maladie. Actuellement, cette maladie est bien contrôlée mais l’utilisation de variétés sensibles ou le contournement des gènes de résistances, peuvent entrainer des pertes de rendements pouvant atteindre plusieurs quintaux par hectare en cas de forte attaque et même être supérieur à 50% dans certains cas. Les symptômes observés sur les feuilles n’entrainent pas de perte de rendement, mais la perte se produit dans le cas d’une attaque au collet.
Cycle de vie
Le phoma est une maladie monocyclique possédant un cycle infectieux complexe puisqu’il alterne entre plusieurs modes de vie et possède l’avantage d’être synchronisé avec le cycle de culture du colza. L’inoculum primaire résulte des résidus de culture contaminés, ce champignon étant capable de demeurer vivant et actif dans ces résidus pendant une période d’au moins 3-4 ans. A la fin de l’été, le champignon se développe sur les résidus de culture sur lesquels il effectue sa reproduction sexuée, il s’agit de la phase saprophyte. Au terme de cette phase, les organes de fructification, périthèces, vont produire des ascospores, qui une fois arrivées à maturité, vont être expulsées et disséminées par le vent. A l’automne, à la suite de températures favorables et de la pluie, les ascospores vont aller infecter les plantules de colza dès le stade cotylédonaire. Ces ascospores vont germer et coloniser l’espace intercellulaire du limbe, le champignon est alors dans sa phase biotrophe. Par la suite, les macules foliaires vont se former à la surface des feuilles (phase nécrotrophe), dans lesquelles seront formées les pycnidiospores (asexuées), qui pourront aller infecter d’autres feuilles par des phénomènes de splashing. Les hyphes du champignon vont progresser de façon systémique en direction du pétiole des feuilles et dans l’apoplasme des cellules. En hiver, la progression se poursuit le long de la tige et vers de collet de la plante. A ce stade, aucun symptôme n’est visible au niveau de la tige, le champignon est dans sa phase endophyte. A l’été, la phase nécrotrophe reprend et entraine la formation de nécrose au niveau du collet. Cette nécrose du collet entraine une perturbation de l’alimentation hydrique de la plante pouvant entrainer la cassure du pied et par conséquent, des pertes de rendement importantes.
Facteurs favorables
Plusieurs facteurs peuvent favoriser la présence du phoma du colza. Parmi ceux-ci, les conditions environnementales, non contrôlables, jouent un rôle. Une hygrométrie importante ainsi que des températures douces en automne/hiver, sont des conditions propices au développement de la maladie.
Il existe également des pratiques agronomiques qui peuvent favoriser l’apparition de la maladie. Des rotations courtes avec colza ou avec d’autres brassicacées favorisent la maladie.
La date de semis joue également un rôle sur le développement de la maladie, un semis trop tardif entrainera des conditions plus favorables.
Une densité de semis élevée créera des conditions d’humidité nécessaires au développement du champignon, car l’infection est avant tout limité par l’humidité, plus que part la température.
L’apport de fertilisation azotée est également à contrôler. En effet, cela peut entrainer une forte élongation des pieds de colza, les rendant plus sensibles à la maladie.
Diversité de l’agent pathogène
A l’échelle du territoire national, il existe une surveillance du phoma du colza. Plusieurs campagnes ont été réalisées depuis la fin des années 1990 (Unité BIOGER INRAE Paris-Saclay). Pour chaque campagne, une variété sans gène de résistance ou possédant un gène de résistance déjà contourné est semée. À l’automne, des feuilles portant des macules typiques de phoma sont prélevées, les isolats sont récoltés puis inoculées sur une gamme d’hôte différentielle portant différents gènes de résistance. Cette gamme permet d’identifier les virulences des isolats et ainsi de les classer en races (selon leur profil d’allèle d’avirulence). Par exemple, la race Av1-2-4-7 est composée d'isolats possédant les allèles Avr AvrLm1, AvrLm2, AvrLm4 et AvrLm7. Ce survey permet de suivre l’évolution des populations de cet agent pathogène, mais également de détecter le contournement de gènes de résistance. Il a pu mettre en évidence l’effondrement rapide du gène Rlm1 en seulement 3 ans mais également l’érosion beaucoup plus lente de la résistance du gène Rlm3 et Rlm7 observable ces dernières années.
Pour une gestion optimale des gènes R, il est donc nécessaire de disposer de connaissances actualisées sur la structure des populations de l'agent pathogène, basées sur le phénotypage des isolats. Ce survey permet de mettre en évidence les gènes de résistance toujours efficaces dans les variétés.
Leviers de lutte
La gestion durable du phoma du colza passe par une protection intégrée où tous les leviers de lutte doivent être raisonnés à la parcelle, dans la rotation, et pour le long terme.
Dans le cas de cet agent pathogène, l’utilisation de fongicides n’est pas recommandée car peu efficace, cela étant dû au cycle de vie du phoma. Une protection efficace nécessiterait une application régulière de fongicide au moment clé de la libération des ascospores, un moment qui est compliqué à déterminer.
Pour limiter les impacts du phoma, il existe plusieurs solutions. Parmi elles, il est possible d’enfouir les résidus de cultures, le champignon étant conservé sur les résidus. Cependant, cette pratique est de moins en moins utilisée.
Le levier de lutte le plus efficace et le plus utilisé pour lutter contre le phoma du colza est l’utilisation des résistances variétales. Cette résistance est basée sur l’utilisation de gènes de résistance Rlm ou LepR, dans les variétés commercialisées. Elle peut être de type qualitative (résistance totale), ou quantitative (résistance partielle). La résistance quantitative est réputée plus durable car elle impose une très faible pression de sélection à l’agent pathogène, malgré la présence de macules, les variétés possédant cette résistance sont peu impactées par le phoma. Les variétés peuvent à la fois posséder la résistance qualitative et quantitative et ainsi rester résistantes même si elles sont porteuses d’un gène Rlm contourné.
Compte tenu de l'évolution des populations de phoma sur le territoire, les résistances spécifiques Rlm3 et Rlm7 ne sont plus considérées comme efficaces à ce jour, seules les résistances spécifiques RlmS et LepR1 sont efficientes pour lutter contre le phoma, en plus des résistances quantitatives.
Il est donc essentiel d’utiliser des variétés très peu sensibles au phoma (TPS) en alternance avec les gènes spécifiques RlmS, LepR1 et la résistance quantitative, tout en se tenant au courant de l’évolution des populations de cet agent pathogène et ainsi, de l’érosion des résistances. Les variétés TPS sont répertoriées sur le site www.myvar.fr.
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