Autorisation dérogatoire pour MINECTO GOLD contre les larves de grosse altise du colza
MINECTO GOLD (s.a. cyantraniliprole) vient de recevoir une autorisation de mise sur le marché à titre de dérogation 120 jours (art53 – REG 1107/2009) du 25 septembre au 31 décembre 2024.
Cette dérogation est limitée aux régions Grand-Est, Bourgogne-Franche-Comté, Ile-de-France, Centre-Val-de-Loire et les départements de l’Allier, du Puy de Dôme, de l’Aisne, et de l’Oise. Ces régions sont celles concernées par les phénomènes avérés de forte résistance des grosses altises aux pyréthrinoïdes.
MINECTO GOLD (cyantraniliprole 400 g/kg, AMM 2220766) bénéficie d’un usage crucifères oléagineuses *traitement des parties aériennes* coléoptères phytophages sur colza et moutarde uniquement.
Sur la culture du colza, MINECTO GOLD est autorisé en application unique (1 application maximale par an) à la dose maximale d’emploi de 100 g/ha des stades BBCH16 (6 feuilles du colza) à BBCH19 (9 feuilles ou plus).
Sur moutarde, les modalités d’usage (nombre et stade d’application) sont différentes.
Principaux éléments règlementaires :
Modalités d’application : test berlèse au préalable et intervention raisonnée selon l’estimation du risque par les outils d’aide à la décision disponibles.
SPe 1 : Pour protéger les eaux souterraines, ne pas utiliser ce produit ou tout autre produit contenant du cyantraniliprole plus d’une année sur 3 sur la même parcelle.
SPe 3 : Pour protéger les organismes aquatiques, respecter une zone non traitée de 20 mètres par rapport aux points d’eau comportant un dispositif végétalisé permanent non traité d’une largeur de 20 mètres en bordure des points d’eau.
SPe 3 : Pour protéger les arthropodes non-cibles, respecter une zone non traitée de 5 mètres par rapport aux zones non cultivées adjacentes.
SPe 8 : Dangereux pour les abeilles. Pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs :
- Ne pas utiliser en présence d’abeilles
- Ne pas appliquer en période de floraison et de production d’exsudat
- Ne pas appliquer sur les zones de butinage
Protection des résidents et personnes présentes : Respecter une distance d’au moins 5 mètres entre la rampe de pulvérisation et l’espace susceptible d’être fréquenté par des résidents ainsi que l’espace fréquenté par des personnes au moment du traitement.
La larve d’altise est la cible de MINECTO GOLD en culture de colza.
Le début de la date de dérogation est adapté à la filière moutarde. En colza, c’est bien la larve d’altise qui est visée avec une application unique qui ne peut pas intervenir avant le stade 6 feuilles de la culture et la réalisation d’un test Berlèse préalable.
Les recommandations de Terres Inovia
Lorsqu’elle est nécessaire, la protection est à appliquer à l’entrée de l’hiver, courant novembre à début décembre. |
MINECTO GOLD (s.a. cyantraniliprole) has just been granted a marketing authorisation under the 120-day derogation (art53 - REG 1107/2009) from 25 September to 31 December 2024.
This derogation is limited to the regions of Grand-Est, Bourgogne-Franche-Comté, Ile-de-France, Centre-Val-de-Loire and the departments of Allier, Puy de Dôme, Aisne and Oise. These are the regions concerned by the proven phenomena of high resistance of flea beetles to pyrethroids.
MINECTO GOLD (cyantraniliprole 400 g/kg, MA 2220766) has been approved for use on oilseed crucifers *treatment of aerial parts* phytophagous beetles on oilseed rape and mustard only.
On oilseed rape, MINECTO GOLD is authorised as a single application (maximum 1 application per year) at a maximum use rate of 100 g/ha from BBCH16 (6 leaf stage of oilseed rape) to BBCH19 (9 leaf stage or more).
On mustard, the conditions of use (number and stage of application) are different.
Main regulations:
Application methods: berlèse test beforehand and reasoned intervention based on risk assessment using available decision support tools.
SPe 1: To protect groundwater, do not use this product or any other product containing cyantraniliprole more than one year out of 3 on the same plot.
SPe 3: To protect aquatic organisms, a 20-metre untreated zone must be maintained in relation to water points, with a 20-metre wide permanent untreated vegetation strip bordering water points.
SPe 3: To protect non-target arthropods, maintain a 5-metre untreated zone in relation to adjacent uncultivated areas.
SPe 8: Dangerous for bees. To protect bees and other pollinating insects:
- Do not use in the presence of bees
- Do not apply during flowering or exudate production periods
- Do not apply to foraging areas
Protection of residents and bystanders: Maintain a distance of at least 5 metres between the spray boom and areas likely to be frequented by residents, as well as areas frequented by people at the time of treatment.
Flea beetle larvae are the target of MINECTO GOLD in rapeseed crops.
The start of the exemption date is adapted to the mustard sector. In oilseed rape, flea beetle larvae are the target, with a single application that cannot be made before the 6-leaf stage of the crop and a Berlèse test carried out beforehand.
Terres Inovia's recommendations
Where necessary, protection should be applied at the start of winter, between November and early December. |
Autorisation dérogatoire pour MINECTO GOLD contre les larves de grosse altise du colza
Colza et insectes : les ravageurs ont le champ libre sans régulation naturelle
Dans l’Yonne et les départements limitrophes, on assiste à de véritables pullulations d’insectes ravageurs du colza et notamment de l’altise d’hiver. Quand la chimie montre ses limites pour endiguer le phénomène, on aimerait pouvoir compter sur les régulations naturelles. Elles sont pratiquement inexistantes dans la zone, c’est ce que démontre une étude conduite par Terres Inovia sur les plateaux de Bourgogne, levant le voile sur une situation préoccupante.
La régulation naturelle des ravageurs, un service gratuit et efficace
Tout comme les méligèthes et les charançons, les altises sont principalement régulées par certaines espèces de micro-hyménoptères parasitoïdes. Quand ils sont présents en quantité suffisantes dans l’environnement agricole et que les pratiques leurs sont favorables, ces minuscules insectes, de la taille de moucherons sont très efficaces dans la régulation des coléoptères ravageurs du colza.
Véritables missiles à tête chercheuse ils détectent les larves de ravageurs, même lorsqu’elles sont dans les tiges et pondent leurs œufs en surface ou à l’intérieur de leur hôte, entrainant à terme sa mort.
De petites tailles et relativement discrets, ces insectes sont souvent méconnus et leur rôle sous-estimé. En effet, tout comme les syrphes ou encore les carabes, ils offrent gratuitement un service aux agriculteurs, celui de réguler sur le long terme les populations de ravageurs ; une action sans laquelle les pratiques de lutte chimique seraient insuffisantes.
Cette larve d’altise est condamnée, elle présente une tâche noire, signe de parasitisme par une micro-guêpe parasitoïde
La situation sur les plateaux de bourgogne
En 2018, une étude conduite sur les plateaux de Bourgogne dans le cadre du projet R2D2* révèle une situation préoccupante : sur 13 parcelles de colza parmi les 14 étudiées par Terres Inovia et ses partenaires**, les larves d’altises prélevées ne présentaient aucun signe de parasitisme par leurs principaux ennemis naturels alors que dans des situations favorables, ce parasitisme peut concerner plus de 60% des larves analysées. Pour les méligèthes, les résultats obtenus à partir des données recueillies sur 5 parcelles de colza dans l’Yonne étaient assez semblables avec des valeurs de taux de parasitisme oscillant entre 0.4 et 4.8%. En situation favorable, les taux de parasitisme de méligèthes peuvent atteindre plus de 90%.
Il est nécessaire de réagir rapidement
Prenons un peu de hauteur et voyons ce que révèlent les analyses de taux de parasitisme réalisées à partir de 12 échantillons de larves d’altises prélevés dans d’autres départements Français : le Lot et Garonne, la Haute-Garonne, les Charentes et Charentes Maritimes, L’Eure, l’Aube, le Gers, la Côte d’Or et la Somme. A noter que deux lots seulement ont révélé des niveaux de parasitismes significatifs avec des valeurs de 25% (Charentes) et de 48% (Gers). Cette photo ne peut prétendre représenter l’ensemble des situations françaises et ne prend pas en compte la dynamique temporelle des processus de régulation. Elle suggère cependant la nécessité de réagir rapidement : les hyménoptères parasitoïdes sont les principaux agents régulateurs des coléoptères ravageurs du colza, il parait illusoire de parvenir à rétablir des niveaux de pression de ravageurs acceptables sans mobiliser les régulations naturelles.
Résultat du parasitisme mesuré à partir d’élevage de larves en laboratoire. En abscisse, chaque barre correspond à un échantillon d’une centaine de larves.
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