Zone Nord & Est - Bilan de campagne soja 2025
La campagne 2025 en soja est marquée par des conditions climatiques contrastées sur la zone Nord et Est. Le printemps sec permet des semis de soja précoces et globalement réussis, même si certaines parcelles connaissent des levées irrégulières. La floraison arrive lors d’une période très chaude, stressant les plantes et limitant la disponibilité en eau. Pendant le remplissage des grains, les différences de pluviométrie entre régions entraînent des développements hétérogènes. Les parcelles arrosées obtiennent de bonnes croissances et sortent leur épingle du jeu avec des rendements atteignant jusqu’à 40-45 q/ha. Les secteurs plus secs présentent des plantes plus courtes et avec un moins bon remplissage. Les rendements sont plus décevants, de l’ordre de 15-25 q/ha et diminués par certains problèmes techniques (désherbage, nodulation, etc.).
Comportement des variétés de tournesol face à l'orobanche cumana - Résultats 2025
Le cycle de l’orobanche cumana
Les dynamiques d’accroches et d’émergences peuvent être différentes selon les secteurs, en partie liées aux conditions climatiques affectant le développement de l’hôte et/ou celui de la plante parasite.
Les toutes premières émergences sont apparues en juillet dans nos essais.
(Photo de C. Jestin – Terres Inovia ; site Longeville-sur-mer – 07/2025)
Le dispositif d’évaluation
Le réseau d’essais, mis en place annuellement est réparti entre la région Sud et le Poitou-Charentes/Vendée, avec 2 -3 essais/an. La difficulté de réussite de ces essais repose avant tout sur la possibilité de disposer de parcelles avec un niveau d’infestation important et homogène. Un grand merci aux agriculteurs pour nous avoir permis de conduire ces expérimentations chez eux.
En 2025, ce sont 2 essais qui ont été implantés dans des parcelles naturellement infestées :
- Longeville-sur-mer (85) - Visite terrain le 31/07, avec 21 participants
- Verdun-sur-Garonne (82)
Les variétés implantées sont celles ayant a priori un comportement permettant de répondre aux principaux risques sur les secteurs concernés selon les dires des semenciers, soit des variétés classées peu sensibles (PS). L’expérimentation permet d’affiner notre conseil en vérifiant le comportement des variétés PS (en les sur-ou dé-classant). Certaines variétés sont retestées d’une année à l’autre en cas de doute.
Le dispositif est en trois répétitions avec un témoin sensible adjacent pour évaluer la pression parasitaire. Les notations sont réalisées durant l’été en mesurant l’incidence et la sévérité.
Résultats 2025 : des variétés TPS en pression modérée à forte
Les conditions de l’année ont encore joué un rôle clé dans la présence d’orobanche. Sur les deux sites d’essais tournesol, un seul a finalement montré une infestation suffisante pour établir un classement variétal.
Le dispositif de Verdun-sur-Garonne (82) n’est pas retenu en raison d’une pression parasitaire trop faible : des conditions climatiqes sèches dès juin ont probablement été défavorables à l’orobanche.
La classification de cette année repose ainsi majoritairement sur le dispositif implanté à Longeville-sur-mer (85) connue pour sa pression parasitaire très forte. Cette année, les conditions environnementales ont favorisé l’orobanche pour les 3 répétitions de ce site. Le niveau d’attaque était modéré à fort sur le témoin sensible répété, avec en moyenne 87% de plantes attaquées (62 à 98%), avec une majorité de pieds en classe 2 (2-5 orobanches/pied) et 3 (6-15 orobanches par pied). Le niveau de sévérité reste toutefois inférieur aux années précédentes sur ce site, où il est fréquent d’observer plus de 15 orobanches/pied sur la totalité des témoins sensibles.
Orobanches émergées sur le témoin sensible à droite ; absence d’orobanche sur une variété résistante à gauche (Longeville-sur-mer, 2025) (Photo : C. Jestin, Terres Inovia)
En infestation modérée à forte, les 17 variétés testées ont présenté un comportement TPS (très peu sensible) avec en moyenne 0 à 10 % de pieds infestés. Seule la variété LID 1062H CLP présentait un niveau d’infestation moyen proche de 10 % (0-15% selon les blocs), à l’inverse des autres variétés qui présentaient moins de 3 % d’infestation. Le témoin résistant P64LE25 présent d’une année à l’autre présente toujours un très bon comportement soulignant la capacité de certaines variétés proposées sur le marché à répondre à la problématique.
Les variétés TPS de cette année sont listées ci-dessous. Retrouvez également tous les résultats sur myvar.fr.
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Variété |
Proposition classification 2025 |
Classification 2024 |
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CATALINA |
TPS |
TPS* |
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LG 50463 |
TPS |
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LG 50487 CLP |
TPS |
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LG 50626HOV |
TPS |
TPS* |
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LID 1062H CLP |
TPS |
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LID 1074H |
TPS |
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LID 1083H |
TPS |
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LID 6038H CLP |
TPS |
TPS* |
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P64HE188 |
TPS |
TPS* |
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P64LE25 |
TPS |
TPS |
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RGT GALLAXY SU |
TPS |
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ROQUETTE |
TPS |
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STABILO |
TPS |
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SUREST HTS |
TPS |
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SY ALMAGRO |
TPS |
TPS* |
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SY ESSENTIO |
TPS |
TPS* |
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SY MAGISTER |
TPS |
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TPS : Très Peu Sensible à l’orobanche cumana. *A conforter
Attention : l’infestation par orobanche cumana est encore un phénomène émergeant. La diversité génétique des populations d’orobanche n’est pas encore stabilisée. Toutes les variétés TPS/PS peuvent ne pas montrer les mêmes niveaux de comportement dans les secteurs à fort risque orobanche cumana. Une attaque notable n’est donc pas exclue malgré les mesures prises.
Aussi, les variétés non proposées à la classification dans le réseau Terres Inovia peuvent donc être potentiellement à risque concernant leur comportement vis-à-vis de l’orobanche.
Dans les secteurs historiques de présence d’orobanche, les variétés sans évaluation ou avec une note inférieure à PS ou TPS sont donc à éviter.
Comment intégrer le choix variétal dans la lutte contre l’orobanche cumana ?
Avant tout, le choix variétal est le 1er levier à activer pour limiter à la fois la nuisibilité sur le tournesol et la dissémination des graines de la plante parasite dans les parcelles avoisinantes.
Il convient d’utiliser à minima des variétés PS dans les secteurs à fort risque orobanche.
Pour maximiser la durabilité du levier génétique, il convient de l’associer à des pratiques agronomiques, chimiques, et prophylactiques, adaptées à votre situation.
Christophe Jestin - c.jestin@terresinovia.fr - Chargé d'études - génétique & protection des cultures
Céline Motard - c.motard@terresinovia.fr - Responsable adjoint variétés
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Ingénieur Régional de Développement Poitou-Charentes, Vendée, Limousin
Quentin Lambert - q.lambert@terresinovia.fr - Ingénieur Régional de Développement Zone sud
Observatoires LENTILLE : synthèse 2022-2025 Poitou-Charentes
Les observatoires lentille ont été mis en place durant 4 années en Poitou-Charentes, majoritairement dans le cadre du projet JACK (projet de recherche appliquée visant à augmenter la consommation et la production de légumes secs en France). Ces observatoires recensent 54 parcelles de lentille observées en région entre 2022 et 2025.
La campagne 2022 s’est caractérisée par une année particulièrement chaude, sèche et ensoleillée. Le début de campagne a été sec et frais, avec des retards de développement dans certaines régions, en lien avec les conditions météo. Le printemps sec a entrainé des stress hydriques et des déficits de croissance. Ce stress hydrique s’est poursuivi pendant la floraison et le remplissage des gousses. Les températures ont été douces au printemps durant la floraison, avec des pics de chaleur sur la façade atlantique. Quelques pluies ont fait leur retour en juin.
L’année 2023 a également été une année chaude. Le début de campagne a été sec et frais. Le printemps, sec sur la moitié Sud du pays a entrainé des stress hydriques sur les parcelles avant la floraison. Les températures ont été douces, voire élevées durant le printemps, accompagnée de pics de chaleur sur la façade atlantique. Le mois de juin a été marqué par le retour de quelques épisodes pluvieux.
La campagne 2024 a été une année atypique, marquée par une pluviométrie très importante. Le début de campagne a été frais et pluvieux. Le printemps s’est poursuivi avec des températures plus fraiches que la moyenne des 20 dernières années. Les conditions météorologiques particulièrement pluvieuses ont favorisé le développement de biomasse de la culture et ont également favorisé la floraison. Les lentilles n’ont pas été confrontées au stress hydrique ou thermique durant cette année.
L’année 2025 s’est caractérisée par une année à fortes chaleurs. Le début de campagne a été favorable aux bonnes conditions de levée, notamment avec les conditions pluvieuses. Le printemps 2025 a été chaud avec des pluies régulières. La fin du mois de mai et de juin a été caractérisée par des pics de chaleur accompagné de conditions sèches, accélérant le cycle.
Les graphiques des bilans hydriques sur les bilans climatiques sont visibles en annexes à la fin du document.
► Retrouvez le bilan observatoires lentille en cliquant ici
Solana Vera – Ingénieur de développement - s.vera@terresinovia.fr
Propyzamide : les conditions sont favorables
La forte baisse des températures associée à une humidité satisfaisante des sols sur la zone Nord-Est permet aujourd’hui d’envisager l’application de propyzamide pour la gestion des graminées adventices dans les colzas.
Le propyzamide (KERB FLO et produits génériques) est une molécule herbicide incontournable dans la gestion du désherbage des parcelles de colza fortement infestées en graminées, notamment lorsque celles-ci sont résistantes à d’autres matières actives. Le propyzamide a une action racinaire systémique sur ray-grass, vulpin, repousses de céréales (surtout blé), bromes, folle-avoine (d’hiver surtout), pâturin, vulpie et agrostis.
Bonnes pratiques d’utilisation
Certaines conditions d’application sont indispensables pour optimiser l’efficacité et préserver la durabilité de la molécule :
- Une seule application de propyzamide à 750 g/ha par campagne, de début novembre à fin décembre sur colza.
- Pas d’application sur un sol saturé en eau pour éviter ruissellements et échecs d’efficacité.
- Viser une application sur sol frais et humide. L’efficacité dépend de l’humidité du sol. Des températures inférieures à 10 °C sont vivement conseillées pour assurer la persistance d’action.
Les résultats expérimentaux montrent que l’application des produits à base de propyzamide n’est pas très sensible à la biomasse et ceci ne doit pas remettre en cause la période optimale. Attention, en raison de l’action foliaire antidicotylédones de l’aminopyralide, respecter un délai sans pluie pour les produits IELO / YAGO / BIWIX / DITOP. Les applications trop tardives (au-delà de novembre) manqueront d’efficacité antidicotylédones.
Mélange herbicide + insecticide : quelle conduite adopter ?
Il est toujours tentant d’économiser un passage en associant l’herbicide et l’insecticide. Mais cela est parfois une mauvaise économie.
En premier lieu, il convient de s’interroger sur la nécessité de l’insecticide. Pour mémoire, le seuil indicatif de risque est de 5 larves par pied pour des colzas bien développés et de 2 à 3 larves par pied pour des petits colzas ou des colzas mal implantés avec des faims d’azote.
Dans les secteurs avec des résistances fortes aux pyréthrinoïdes (secteur SKDR), le mélange MINECTO GOLD + propyzamide est fortement déconseillé par l’institut pour des raisons de comptabilité et d’efficacité. MINECTO GOLD doit impérativement être associé à un adjuvant huileux (type ACTIROB). Or, la présence d’huile provoque la floculation du propyzamide, réduisant fortement son efficacité. Par ailleurs, Minecto Gold s’applique lorsque les températures sont douces et les larves actives pour maximiser son efficacité. Alors que la propyzamide s’applique par temps froid.
De la même manière dans les secteurs qui ne sont pas concernés par les résistances fortes et qui utilisent encore des pyréthrinoïdes pour la lutte contre les larves d’altise, il est souvent préférable de réaliser les interventions séparément. En effet, même si en pratique, le mélange propyzamide + pyréthrinoïdes reste possible, les conditions optimales d’application de l’insecticide (températures douces) diffèrent de celles de l’herbicide (températures fraiches).
Vulpin dans une parcelle de colza - Crédit photo : Terres Inovia
Un rattrapage sur les adventices crucifères nécessaire dans certaines parcelles
En 2025, toutes les parcelles n’ont pas reçu une pluviométrie suffisante au semis et les levées ont pu être échelonnées ou tardives. Les conditions douces ont profité au développement du colza, mais également à certaines adventices, qui n’ont pas toujours pu être gérées.
Même si la plupart des parcelles avec une forte pression dicotylédones ont pu être contrôlées avec une ou deux applications de MOZZAR/BELKAR, certaines parcelles avec des pressions modérées ou des relevées tardives subsistent.
Contre les crucifères adventices, deux solutions de rattrapage existent : l’une à base de bifenox (FOX) et l’autre à base de mésotrione (CALLISTO). Le bifenox permet de gérer la sanve et le sisymbre, mais il n’est pas conseillé de l’appliquer si le feuillage est humide ou si un épisode de gel est prévu dans les jours suivants l’application. Il n’est donc pas recommandé dans la période actuelle.
CALLISTO : un rattrapage efficace et possible dans le contexte actuel
Le CALLISTO est applicable à partir du stade 6 feuilles du colza et jusqu’au stade rosette/repos végétatif. Il est conseillé de l’appliquer sur des colzas en bon état végétatif et légèrement endurcis par les premiers froids (petites gelées, maximales inférieures à 15-18°C).
Après la première application, une forte décoloration blanchâtre/jaune peut être observée pendant 3 à 4 semaines sans réduction de vigueur. La deuxième application, marquera très peu la culture.
Décoloration après désherbage CALLISTO - Crédit photo : L.Jung
En fonction de la flore adventice présente, 2 types de programme peuvent être réalisés et renouvelés si nécessaire 2 à 3 semaines après le premier traitement :
- Callisto à (0,15 l/ha), répété si nécessaire
- Une association Callisto (0,15 l/ha) et Cent 7 (0,2 l/ha), répété si nécessaire. Ce mélange n’est pas couvert par les firmes mais a été testé à de nombreuses occasions par Terres Inovia. Respecter les conditions d’utilisation de CALLISTO et traiter impérativement sur un feuillage sec et un sol ressuyé, en dehors d'une période de fortes chaleurs. Ne pas mélanger avec un autre produit ou avec un adjuvant.
| Callisto (0,15 l/ha) (A renouveler si nécessaire) | Callisto (0,15l/ha) + Cent 7 (0,4 l/ha) (A renouveler si nécessaire) | |
| Capselle | Dès que conditions favorables | |
| Sisymbre | Double application | |
| Diplotaxis | Références peu nombreuses | Références peu nombreuses |
| Sanve | ||
| Rapistre | Références peu nombreuses | |
| Ravenelle | Double application | |
| Moutarde Noire | Références peu nombreuses | |
| Passerage | Double application | |
| Barbarée | Double application | Double application (si nécessaire) |
| Calépine |
Légende :
Vert = Bonne efficacité
Jaune = Efficacité moyenne
Rouge = Efficacité nulle
Hernie des crucifères : signaler les parcelles touchées, c'est important !
La hernie des crucifères est une maladie racinaire qui prend de l’ampleur ces dernières années, 2025-2026 ne fait pas exception. Les dégâts causés par la hernie sont très variables. Le plus souvent quelques zones ou foyers feront perdre 5 à 20 % du potentiel. Dans les pires cas, cela entraîne la nécessité de retourner la parcelle. Face à cette maladie, aucun levier seul ne suffit : la clé, c’est la combinaison.
Une maladie qui s’exprime davantage avec le changement climatique
Les températures douces durant l'automne combinées aux précipitations importantes en septembre, ont créent des conditions idéales au développement de cette maladie racinaire. La hernie des crucifères est causée par le parasite obligatoire Plasmodiophora brassicae. Les symptômes se manifestent par des boursouflures hypertrophiées (galles) sur les racines.
Des flétrissements et des rougissements sont généralement visibles sur les parties aériennes des plantes, souvent répartis en foyers ou en larges bandes dans les parcelles, pouvant aller jusqu’à la perte de pieds. La conséquence est la perte de rendement.
Une fois installée dans la parcelle, la maladie peut y rester plus de 10 ans et s’accrochera plus ou moins facilement aux crucifères cultivées dans la rotation, selon les conditions de milieu. Mieux vaut donc anticiper.
Galle de hernie sur colza - Crédit photo : L. Jung
Prévention, des réflexes à adopter
Pour les parcelles avec des symptômes de hernie, il n'y a pas de solution corrective efficace. Mais il est important de saisir l’enquête en ligne « hernie des crucifères » pour nous aider à lutter collectivement contre cette maladie : déclarer en ligne une parcelle avec de la hernie. En effet, la quantification des parcelles concernées ainsi que leur localisation permettent de cibler la communication et les programmes de recherche.
Après le diagnostic de présence de hernie, actuellement, il peut être judicieux de préparer la prochaine campagne, notamment pour les parcelles de l’exploitation en sol acide et hydromorphe, il est possible de réaliser un dépistage. Le test du chou chinois permet de vérifier si votre sol est contaminé par la hernie.
On veillera en particulier à éviter les contaminations entre parcelles (transport de terres collées aux pneumatiques et aux outils de travail du sol, épandeur d’apports organiques, etc.).
L’implantation des pois et féverole d’hiver 1er levier de maitrise de la maladie et du rendement
La phase de semis approche pour les pois et féveroles d’hiver. Afin de minimiser le risque de maladie et de maitriser au mieux le potentiel de rendement, la phase d’implantation est primordiale pour poser les bonnes bases de la réussite de ces cultures.
Parcelle de pois avec zone hydromorphe en 2024, fortement impactée par la maladie
Choix d’une parcelle non hydromorphe avant tout
Le choix d’une parcelle non hydromorphe est le premier critère à considérer. C’est un facteur important dans le risque de dégâts de gel et de développement des maladies. Par ailleurs, rappelons l’importance du développement des nodosités, nécessitant une bonne aération du 1er horizon. Si certaines parcelles se prêtent plus à l’hydromorphie que d’autres, l’absence de rupture de porosité du sol doit être assurée par la préparation du sol en amont, afin de favoriser au maximum les conditions de ressuyage. A noter que la féverole présente une meilleure tolérance à l’hydromorphie par rapport à un pois ou un blé.
Choisir une culture et une variété adaptées au type de sol :
- Le pois d’hiver s’adapte à de nombreux contextes de sols. Il faudra néanmoins faire attention à bien choisir des variétés avec une bonne tolérance à la chlorose ferrique pour les limons froids et les sols calcaires. Cette carence, même si elle est passagère, peut affaiblir les plantes les rendant plus sensibles à d’autres problématiques telles que les maladies.
- La féverole d’hiver s’adapte également à de nombreux types de sol mais se développera mal sur les sols acides (pH<5.5). Pour les sols basiques (pH<7.5) des carences en bores sont possibles, nécessitant de corriger la situation par un apport de 300g/ha avant début floraison.
Pour rappel, les caractéristiques et résultats des variétés sont référencées sur le site www.myvar.fr
Vous y retrouverez les synthèses variétales nationales et régionales parues récemment.
Le délai de retour de 5-6 ans entre 2 légumineuses de rente reste une règle importante dans l’insertion des légumineuses dans une rotation afin d’éviter la prolifération de certains bioagresseurs communs tel que l’aphanomyces. A noter que si le pois d’hiver évite en grande partie l’expression de l’aphanomyces en raison de son cycle décalé, la culture peut entretenir l’inoculum. Les parcelles à risque sont à éviter.
(Plus d’informations sur les légumineuses sensibles ou résistantes à aphanomyces via ce lien)
L’exposition au froid (bassin Nord-Est, parcelle en altitude) n’est pas un facteur rédhibitoire mais des leviers agronomiques doivent s’opérer en conséquence, à commencer par le choix d’une variété à bonne tolérance au froid. Également, la date et la profondeur de semis devront bien s’adapter pour maitriser le risque (cf. partie semis).
Le travail du sol, garant du risque d’hydromorphie et de maladies
Également la préparation du lit de semence doit être soignée sur 8-10 cm afin de permettre d’enterrer à une bonne profondeur les graines et améliorer le contact sol-graine. Le pois d’hiver demande un lit de semence fin (agrégats <10 mm). A l’inverse la féverole peut s’accommoder d’une préparation plus grossière (agrégats de 2-3 cm). En cas de risque de battance, n’hésitez pas à laisser quelques mottes de 5-6 cm pour limiter le risque de croûte de battance.
Dans toutes les situations de parcelle, l’écoulement de l’eau doit s’opérer sans obstacle lié à une rupture de porosité. Au-delà du risque d’hydromorphie sur le long terme, c’est avant tout la limitation des fenêtres d’interventions faute d’un bon ressuyage des parcelles qui peut entraver la conduite technique. Également, la stagnation de l’humidité sur la surface favorise le développement des maladies. En 2024, les préparations en TCS telles que les semis directs, ont souvent été moins impactés par la maladie en lien avec un meilleur ressuyage de la surface. Pour rappel, la préparation du sol doit se décider avant tout par la nécessité de correction du sol.
Eviter la surdensité, pour limiter les maladies et le coût en semences
Le pois et la féverole d’hiver ramifiant plus que les types printemps, il est conseillé de ne pas dépasser les densités recommandées au risque de développer des couverts trop denses au printemps, favorisant les maladies telles que le colletotrichum et l’ascochytose pour le pois ou le botrytis pour la féverole. De plus, la surdensité augmente inutilement la charge en semences pour un risque de perte de rendement plus grand.
| POIS D’HIVER | Sol limoneux |
Sol argileux, argilo-calcaire |
Sol de craie |
| 60 à 70 graines/m² | 80 à 90 graines/m² | 115 graines/m² | |
| PMG 200g | 120 à 140 kg/ha | 160 à 180 kg/ha | 230 kg/ha |
| PMG 220g | 132 à 154 kg/ha | 176 à 198 kg/ha | 253 kg/ha |
| FEVEROLE D’HIVER | Sol limoneux | Sol argileux, argilo-calcaire ou caillouteux |
| 20 à 25 graines/m² | 30 graines/m² | |
| PMG 450g | 90 à 113 kg/ha | 135 kg/ha |
| PMG 500g | 100 à 125 kg/ha | 150 kg/ha |
Test de germination nécessaire si utilisation de graines de fermePour les producteurs utilisant leurs graines de ferme, il est important de réaliser un test de germination afin d’adapter la densité. En effet, le taux de germination des graines de ferme est souvent plus aléatoire, pouvant être bien inférieur au taux minimal de 80% de germination des lots certifiés. Également, il faut veiller à écarter les lots présentant des grains cassés, tachés ou déformés, souvent porteurs de maladies bien installées sur les graines. Pour rappel, la plupart des maladies se transmettent principalement via la semence. L’utilisation de semences certifiées reste une sécurité tant sur la maitrise du taux de germination que sur le risque sanitaire apporté par la graine. |
Date de semis et profondeur, leviers incontournables pour se prémunir du risque de gel et de maladies
Les dégâts de gel, favorisant l’installation de maladies telles que le colletotrichum ou la bactériose en pois et le botrytis en féverole, sont souvent les premiers facteurs de stress pouvant impacter le potentiel des protéagineux d’hiver. La pression sanitaire de ces dernières années trouve une origine dans l’évolution du climat, avec des hivers plus doux et des gels plus tardifs au début du printemps. Face à cette évolution du contexte, la date et la profondeur de semis doivent également évoluer pour permettre de limiter ce risque.
2 conditions sont nécessaires pour limiter le risque de gel et de maladies :
- Retarder les semis afin d’éviter d’avoir des plantes trop développées en sortie d’hiver. Pour rappel, la tolérance au froid est maximale à 2-3 feuilles et chute drastiquement vers 6-8 feuilles. Cette stratégie de semer tard est d’autant plus importante avec des mois d’octobre et début novembre très doux, propices à la croissance excessive des protéagineux. Privilégier les semis de mi-novembre à fin décembre.
- Protéger l’épicotyle, zone la plus sensible au gel. Cela évite que les bas de tiges souvent nécrosés en pois d’hiver permettent une remontée des maladies sur la tige par la suite. Semer à 5-6 cm de profondeur les pois d’hiver et 7-8 cm les féveroles d’hiver. Les graines étant vigoureuses, la levée peut s’opérer sur plus d’1 mois si nécessaire sans conséquence sur le potentiel. Favoriser les semoirs à dents afin d’enterrer convenablement les graines.
Un sol nivelé pour faciliter la récolte et améliorer la sélectivité de la prélevée
Si les nouvelles génétiques présentent une meilleure tenue de tige qu’auparavant, le nivellement du sol reste recommandé sauf dans les sols limoneux sensibles à la battance.
Un sol bien nivelé permet dans un premier temps de limiter les risques de phytotoxicité du désherbage en prélevée et surtout de faciliter la récolte, en particulier dans les sols caillouteux. Attention, il n’est pas recommandé de rouler en sortie d’hiver au risque de favoriser des blessures mécaniques et le risque de maladies.
Une fertilisation P et K modérée mais nécessaire
Le pois et la féverole nécessitent une fourniture moyenne en phosphore et potasse, éléments jouant un rôle important dans le métabolisme notamment dans l’enracinement et la nodulation. Comptez 50-60 u de phosphore et 70-80 u de potasse selon la fourniture du sol.
Bastien Remurier - b.remurier@terresinovia.fr - Référent protéagineux zone Centre & Ouest
Lentille : bilan de campagne national 2025
La campagne 2025 de la lentille affiche des rendements globalement satisfaisants, bien que moins exceptionnels que ceux de 2024. Les semis précoces ont bénéficié de bonnes conditions de levée et de floraison, tandis que les semis plus tardifs ont été pénalisés par les pics de chaleur de juin et des arrêts de floraison prématurés. Les récoltes, parfois avancées de deux semaines, se sont globalement bien déroulées, donnant des graines de bonne qualité à l’échelle nationale.
Les semis précoces ont bénéficié de bonnes conditions de levée et de floraison, tandis que les semis plus tardifs ont été pénalisés par les pics de chaleur de juin et des arrêts de floraison prématurés.
Les orages du Sud-Ouest ont localement réduit les rendements, mais sans les faire chuter en dessous des moyennes habituelles. La pression maladies foliaires reste faible, contrairement aux maladies racinaires toujours présentes.
Les adventices ont été bien maîtrisées en début de cycle, mais plus problématiques en fin de campagne.
Côté ravageurs, la bruche se confirme comme la responsable majeure de pertes qualitatives, avec des taux de graines bruchées élevés, tandis que les sitones ralentissent localement le développement.
Les récoltes, parfois avancées de deux semaines, se sont globalement bien déroulées, donnant des graines de bonne qualité à l’échelle nationale.
► Retrouvez le bilan national complet et illustré de la campagne lentille 2025 en cliquant ici
Zoé Le Bihan – Référente nationale lentille et lin oléagineux - z.lebihan@terresinovia.fr
Avec le support de Laura Cipolla, Mathieu Dulot et Bastien Remurier - Ingénieurs Terres Inovia
Bilan de campagne national pois chiche 2025
Le bilan de campagne pois chiche vise à reprendre les éléments essentiels qui ont marqué l’année en intégrant, par grand bloc du cycle, les stress biotiques et abiotiques qui jouent sur les composantes de rendement et qui permettent d’expliquer la performance et la qualité des graines pour cette espèce.
Notes de lecture
- Le Sud-Ouest correspond à l’ancienne région administrative Midi-Pyrénées en y ajoutant l’Ouest Audois.
- L’Ouest correspond au Sud de la région Pays de la Loire et à l’ancienne région administrative Poitou-Charentes.
- Le Sud-Est correspond à la région Provence Alpes Côte d’Azur ainsi que l’ancienne région administrative Languedoc-Roussillon (hors Ouest Audois).
Les éléments rapportés ici ne sont représentatifs que des secteurs, au sein des régions, où l’on retrouve effectivement du pois chiche.
| Terres Inovia tient à remercier l’ensemble des acteurs du territoire qui accompagnent le développement de la culture du pois chiche et qui enrichissent ce bilan de campagne, par les échanges riches et réguliers que nous avons avec eux. |
Faits marquants
Lire le bilan de campagne national complet |
- Une période de semis qui s’est globalement déroulée en mars avec des températures proches des normales de saison et une pluviométrie ayant permis d’assurer les semis dans l’ensemble des bassins de production. La phase végétative est plus hétérogène en fonction des secteurs. Elle est favorable à l’Ouest et dans le Sud-Est mais plus délicate dans le Sud-Ouest.
- La floraison est marquée par une bascule entre un temps plutôt humide en mai (excepté dans l’Ouest) à un mois de juin extrêmement chaud et sec. On observe des stress dus aux températures élevées (> 36°C) courant juin. Globalement, même si cela reste hétérogène, le nombre d’étages est bon, mais le nombre de graines par gousses et le remplissage ont pu être limités par les conditions de fin de cycle.
- Les conditions météorologiques ont été propices aux contaminations par l’ascochytose en début de cycle (Sud-Ouest et Sud-Est). L’intensité d’attaque est néanmoins plus faible qu’en 2024. Net arrêt des contaminations dès juin avec les températures chaudes. Recrudescence d’observations de plantes avec symptômes de fusarioses durant la phase végétative (Sud-Ouest).
- Ravageurs : après trois campagnes difficiles, la pression héliothis est en baisse sur l’ensemble des bassins de production.
- Récolte : Une qualité des graines remarquable sur l’ensemble des secteurs. Des résultats moyens hétérogènes et plus faibles qu’en 2024, autour de 18q/ha. Des chantiers de récolte précoces, du fait des conditions météorologiques sèches depuis juin. Des rendements moyens en AB proches de 2024, autour de 10q/ha. Un écart entre mode de
production plus important qu’à l’accoutumée.
Lire le bilan de campagne national complet
Ce document a bénéficié du soutien du Ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire dans le cadre du projet Cap protéines+
Désherbage du lin oléagineux : quel programme pour les semis 2025 ?
Le programme de désherbage antigraminées évolue sur le lin oléagineux d’hiver à la suite du retrait d’AVADEX 480. Découvrez quel programme pour les semis 2025.
COLZAMID (napropamide) en postsemis-prélevée est la solution alternative à l’AVADEX 480 travaillée par Terres Inovia depuis 4 campagnes (essais avec observation de la sélectivité et de l’efficacité). Son utilisation sur lin oléagineux est possible parce que COLZAMID couvre toute la portée de l’usage « Crucifères oléagineuses*Désherbage» (colza, lin, etc,.). Attention, les applications en présemis incorporées ne sont pas sélectives du lin.
En situation de pression en graminées, un désherbage de pré-levée peut être réalisé avec COLZAMID (napropamide) à 1,5 l/ha. L’efficacité sera supérieure ou égale à AVADEX 480 qui lui est incorporé en présemis. Sur colza et en situation de ray-grass, COLZAMID en prélevée est légèrement inférieur à 500-600 g ha de métazachlore. Contre vulpin, COLZAMID est plutôt équivalent. Il faut souligner que les conditions de réussite du désherbage sont meilleures en lin (application fin septembre-début octobre) grâce à des sols souvent plus frais au moment des application. L’efficacité est alors comprise entre 50 et 80%.
Le spectre d’efficacité de COLZAMID sur dicotylédone est intéressant et nettement supérieur à AVADEX480, notamment sur coquelicot, c’est aussi un complément sur les pensées et véroniques. Les efficacités sur matricaire et véronique ne sont pas négligeables.
- Appliquer l’herbicide dans les 48h après le semis
- L’efficacité est abaissée en présence de mottes ou de résidus
- L’application sur sol frais permet une efficacité optimale
- L’efficacité est moins régulière sur des sols argileux
- Ne pas appliquer avant de fortes pluviométries, ni sur sols
- Sur sols limoneux ne pas dépasser la dose de 1,5 l/ha, sur d’autres sols la dose peut être montée à 2 l/ha.
Nous devons préciser qu’à ce jour la société UPL couvre uniquement les applications à 1,5 l/ha.
Cette base sera complétée en végétation par un antigraminées foliaire, dans le cas où les ray-grass et/ou vulpins sont encore sensibles. Une vigilance sera portée sur ces applications, les efficacités fortement affectées par la résistance aux inhibiteurs de l’ACCase (“fop”, “dime” et “den”) sont parfois meilleures pour la cléthodime. Mais la fréquence de la résistance progresse, d’où l’intérêt du désherbage de prélevée, parfois la seule façon de contrôler les graminées. Dans les cultures plus faciles à désherber, il est préférable de limiter le recours à la cléthodime pour faire durer l’efficacité. En colza, pour contrôler les repousses, il est préférable de choisir un « fop » (AGIL, etc,.) et la cléthodime ne doit s’envisager que si l’on vise une efficacité optimale dans un programme avec KERB.
En non labour et au semis, il est fortement recommandé, si le dernier passage d’outil date de plus de 5-8 jours, d’appliquer un glyphosate pour éliminer les premières levée de ray-grass ou de vulpin. Cette technique est préférable à un travail du sol au moment du semis (exemple avec un semis en combiné) qui peut favoriser, encore plus, de nouvelles levées en culture.
Le faux semis est en effet un levier incontournable et, dans la rotation d’autres leviers peuvent être activés pour lutter contre le ray-grass ou le vulpin : introduction d’une culture de printemps, voire deux successives, labour occasionnel, etc,.
En lin d’hiver : attention à la sensibilité au gel des antigraminées foliaires
Une autre donnée doit aussi être prise en compte, celle de l’augmentation de la sensibilité des lins au gel après passage d’un antigraminée foliaire (AGF) à l’automne :
• Dans les zones à hivers froids (Centre, Nord et Est), éviter autant que possible l’usage d’un AGF avant la sortie hiver.
• Dans les zones à hivers plus doux (Sud-Ouest, Ouest), l’application d’un AGF à l’automne est envisageable, seulement en cas de concurrence précoce.
• D’une manière générale : mieux vaut positionner l’AGF en sortie d’hiver.
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