Nutrition : peser les colzas pour optimiser les apports au printemps
La fertilisation azotée est l’un des plus gros postes de charges opérationnelles sur l’oléagineux. Cependant, l’azote est aussi l’un des premiers facteurs qui limite le rendement de cette culture. En calculer la dose avec le plus de précision s’impose.
La fertilisation azotée de printemps du colza se prévoit dès novembre. Crédit : Terres Inovia.
Chaque année, les agriculteurs français appliquent en moyenne 170 unités d’azote (uN) minéral sur leurs colzas, soit un coût d’environ 200 €/ha. Or, la variabilité des situations dans lesquelles sont implantés les colzas nécessiterait des doses plus ajustées. Le calcul prévisionnel de la dose d’azote à apporter, avec l’outil Réglette azote colza, tient compte des conditions de l’année et de la parcelle pour raisonner la fertilisation et ainsi optimiser les charges d’engrais azotés. L’outil simplifie la méthode du bilan (figure 1) et l’adapte aux spécificités du colza, pour estimer rapidement et précisément la dose d’azote à apporter au printemps.
Une absorption importante à l’automne
Le colza absorbe l’azote en grandes quantités avant l’hiver et le remobilise au printemps pour répondre à ses besoins pour l’élaboration du rendement. Pour réaliser une bonne estimation de la dose d’engrais à apporter au printemps, il faut connaître la quantité déjà absorbée par la culture en sortie d’hiver, laquelle peut varier d’une année sur l’autre et d’une parcelle à l’autre.
A cela, s’ajoute la minéralisation issue des feuilles tombées au sol durant l’hiver. Dans les régions où les gelées hivernales causent des pertes de feuilles vertes importantes durant l’hiver, la quantité d’azote perdue peut atteindre, voire dépasser, 50 kg N/ha. Or près de la moitié de l’azote présent dans les feuilles tombées au sol sera réabsorbé par le colza pendant le printemps à la suite de leur minéralisation. C’est autant d’azote en moins à apporter par la fertilisation. Il est important dans ces situations de connaître les quantités d’azote absorbées par le colza en entrée et en sortie d’hiver, afin de calculer la quantité d’azote fournie par la minéralisation de ces feuilles.
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Une dose inférieure à 170 uN dans 75 % des cas Les références de Terres Inovia montrent que les colzas peuvent absorber de 25 à 250 kg d’N/ha en sortie d’hiver. Ces « réserves » permettent de réduire significativement la dose d’azote à apporter au printemps. Comme le montre la figure 1, les différents postes de fourniture d’azote (entrées) peuvent se compenser pour répondre aux besoins du colza. Dans les essais menés entre 2016 et 2023, la dose à apporter au printemps pour atteindre le rendement maximum varie de 0 à 300 uN. Dans ces essais, 75 % des situations nécessitaient une dose inférieure à 170 uN. En moyenne, cette même dose aurait conduit à une sur-fertilisation de l’ordre de 32 uN, soit environ 40 €/ha de pertes économiques. Ainsi, pour les gros colzas en sortie d’hiver qui ont déjà absorbé de grandes quantités d’azote, la dose d’engrais à apporter pour atteindre le rendement maximum peut être réduite par rapport aux petits colzas, qui ont absorbé peu d’azote. |
Une méthode et un outil opérationnels
Pour estimer ces quantités d’azote absorbées par le colza, les pesées de matière fraîche des parties aériennes du colza sont une méthode simple et fiable (1). Prélevez les plantes sur au moins 2 m² par parcelle, répartis en 2 placettes distinctes, en évitant les bordures. Coupez les plantes au ras du sol et pesez-les précisément. Divisez le poids obtenu par la surface prélevée pour exprimer le résultat en kg/m². Réalisez ces pesées à l’entrée et à la sortie de l’hiver afin de connaître (i) la quantité d’azote présente dans le colza à la reprise de végétation et (ii) celle qui sera minéralisée au printemps à partir des feuilles gelées, tombées pendant l’hiver.
Une fois les poids du colza en entrée et sortie d’hiver connus (et le reliquat sortie d’hiver si possible), renseignez ces informations sur le site internet de la Réglette azote colza et ajoutez les informations sur le contexte de la parcelle. L’outil calcule la dose totale à apporter et indique comment fractionner l’apport (tableau 1). Par exemple, sur des parcelles avec de gros colzas et donc une dose à apporter assez faible, il est possible de retarder le premier apport jusqu’au début de la montaison. La remobilisation des réserves accumulées dans la plante suffira à assurer une bonne reprise de végétation.
Enfin, pour maximiser l’absorption de l’engrais par la plante, réalisez les apports seulement quand la vitesse de croissance de la plante est forte (lorsque les besoins en azote du colza sont élevés). Des apports réalisés trop tôt, avec des températures très basses (voire sur sol gelé), ne seront que très peu valorisés, les besoins du colza étants faibles à ces périodes. Visez des conditions suffisamment humides (pluie récente ou dans les jours à venir) pour assurer une rapide mise à disposition de l’engrais aux racines et ainsi éviter un excès de volatilisation de l’azote. Chaque unité mal valorisée est perdue pour la plante et le rendement… et pollue l’environnement.
(1) D’autres méthodes d’estimation de la quantité d’azote absorbée par le colza existent. Elles utilisent une analyse d’image, obtenue via drone, satellite, smartphone ou appareil spécialisé. Plusieurs produits font l’objet d’un accord de partenariat avec Terres Inovia, et intègrent tout ou partie de la méthode de calcul de la Réglette azote colza.
Contact : Emile Lerebour, e.lerebour@terresinovia.fr
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Plan de sortie du phosmet : leviers testés et perspectives attendues
Un collectif d’acteurs de la recherche, publique et privée, et du développement agricole s’est mobilisé sur l’ensemble du territoire sur la gestion des ravageurs d’automne du colza.
Le phosmet était le dernier insecticide efficace pour protéger les colzas des attaques d’altises d’hiver et du charançon du bourgeon terminal dans les zones de résistances aux pyréthrinoïdes. Depuis son retrait, la filière colza et les pouvoirs publics ont mis en œuvre le Plan de sortie du phosmet de 2022 à 2025 (1). Son objectif était d’identifier et déployer des stratégies alternatives pour réduire durablement les ravageurs d’automne du colza. Ce programme a donc développé et testé une diversité de leviers appliqués à plusieurs échelles dans une perspective de gestion intégrée des ravageurs d’automne du colza. La plupart des projets du Plan de sortie du phosmet s’achèvent fin 2025 (encadré : Colloque final – 24 mars 2026 à Paris).
Des leviers prometteurs
Certains projets présentent des résultats prometteurs. C’est le cas de la manipulation du comportement de l’altise par l’utilisation de plantes de services et des composés qu’elles émettent. Des brassicacées plus attractives que le colza (navette, chou chinois, radis chinois) ont été caractérisées et testées dans diverses stratégies au champ et à l’échelle du territoire (Ctrl-Alt, Inrae ; Adaptacol², Terres Inovia et partenaires régionaux). En parallèle, les composés qu’elles émettent ont été identifiés et formulés afin d’optimiser le détournement de l’altise du colza soit par des composés dissuasifs (Colzactise, De Sangosse et Inrae), soit des composés volatils attractifs (Ctrl-Alt, Inrae et Agriodor). Ces travaux se poursuivent pour confirmer les efficacités au champ et concevoir les stratégies applicables par les agriculteurs.
Autre exemple, l’utilisation d’acariens prédateurs du sol pour réduire les dégâts causés par les larves d’altises (Moplah, Evolutive Agronomy). Les premiers résultats en laboratoire témoignent d’un bon potentiel de prédation de certaines espèces d’acariens compatibles avec les conditions d’utilisation au champ. Ces résultats restent à confirmer, pour cela, des premiers essais en conditions réelles sont prévus à l’automne 2025.
Grâce au projet Resalt (Inrae, Innolea, Terres Inovia et dix obtenteurs), des progrès sur le levier variétal se dessinent. Chez le colza, parmi 300 génotypes élites évalués, issus des principaux semenciers français, une dizaine présentent de bons comportements face à l’altise. En complément, au sein de 150 accessions de choux, des résistances plus fortes ont été identifiées. Ces approches ouvrent la voie à une diversification des ressources génétiques sur ce critère.
Pour ces leviers, les premiers résultats prometteurs doivent encore être confirmés au champ pour espérer compléter demain la palette de moyens d’action disponibles pour les agriculteurs.
Une dynamique commune
Des actions concrètes sont déjà mises en œuvre par les agriculteurs et leurs conseillers pour appliquer des leviers de robustesse du colza face aux ravageurs d’automne. Les six comités régionaux, animés par Terres Inovia dans Adaptacol², ont contribué à l’acquisition de références sur le terrain et à leur diffusion. En guise d’exemples, depuis 2023, l’évaluation variétale intègre un critère sur le meilleur comportement vis-à-vis des ravageurs (www.myvar.fr).
De plus, depuis l’automne 2024, l’apport d’azote minéral en végétation à l’automne est rendu possible, sous conditions dans la plupart des régions (7e Programme d’actions régional nitrates (2)) et peut contribuer à favoriser l’obtention d’un colza robuste vis-à-vis des ravageurs. En complément, les plantes de services – au sein d’intercultures-pièges à base de radis chinois – contribuent à diluer la pression des ravageurs.
En trois ans, le Plan a permis de clore certaines pistes pour mieux concentrer les efforts de développement et de transfert sur celles qui s’avèrent les plus prometteuses. Au-delà de l’identification et du déploiement de leviers de gestion, un collectif inédit d’acteurs de la recherche, publique et privée, et du développement agricole s’est mobilisé sur l’ensemble du territoire sur la gestion des ravageurs d’automne du colza (figure 1).
Figure 1: Dispositifs d’acquisition de références
et de transfert conduits dans Adaptacol² (source : Terres Inovia)
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Colloque final – 24 mars 2026 à Paris Le Plan de sortie du phosmet touche à sa fin. L’ensemble des résultats sera présenté lors d’un colloque final, organisé à Paris le 24 mars 2026. Chercheurs, instituts techniques, acteurs de la filière et agriculteurs y partageront leurs acquis et perspectives pour la gestion durable des ravageurs d’automne du colza. Inscriptions en ligne, dans la rubrique Evénements. |
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Testés et non approuvés Le projet Adaptacol² a contribué à obtenir un positionnement technique sur des produits non-concluants pour réduire la nuisibilité des ravageurs. Des mélanges de variétés de colza ont été testés pour détourner les ravageurs d’automne de la culture d’intérêt. Après 3 campagnes et plus 70 essais, aucune efficacité n’a pu être mise en évidence avec les variétés disponibles aujourd’hui. Des biostimulants ont aussi été testés pour réduire la nuisibilité des ravageurs. Sur les 7 biostimulants testés dans 30 essais, aucun n’a montré un effet sur le gain de biomasse, la réduction des dégâts ou le rendement. Ces pratiques sont donc déconseillées. Pour d’autres projets, les travaux ont permis de clore le développement de solutions. Le projet Velco-A (porté par BASF) a étudié l’utilisation d’un produit de biocontrôle à base de champignon pour réduire les émergences d’altises. Malgré des résultats prometteurs au laboratoire, la variabilité des efficacités au champ n’a pu être expliqué, ce qui a conduit la firme à suspendre le développement du produit. Le projet DS-Alt (porté par De Sangosse) a exploré en 2024 un produit à base d’extraits de plantes pour gérer les altises adultes. Il a été suspendu en raison de contraintes réglementaires. |
(1) Terres Inovia et Inrae coordonnent le Plan de sortie du phosmet, lequel s’articulent autour d’onze projets, qui mobilisent une trentaine d’acteurs de la recherche publique et privée, et une centaine d’acteurs du développement.
(2) https://www.prefectures-regions.gouv.fr/bourgogne-franche-comte/Actualites/Signature-du-7e-PAR-Nitrates
Contact : Laurine Brillault, l.brillault@terresinovia.fr
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PLATOON : la lutte se poursuit contre la hernie des crucifères
Terres Inovia se mobilise avec 13 partenaires autour du projet PLATOON pour produire des connaissances et des outils en vue de faciliter la gestion de la hernie des crucifères, en recrudescence dans les parcelles de colza dans un contexte de changement climatique.
Les cultures de Brassicacées, comme le colza et le chou, sont de plus en plus touchées par la hernie des crucifères, une maladie du sol provoquée par Plasmodiophora brassicae. En forte augmentation ces dernières années, la lutte contre cette maladie représente aujourd’hui un enjeu majeur pour la production de colza en France.

Quelle est la 1ère étape ?
Le lancement du projet a eu lieu sur le site de l’INRAE du Rheu le 7 octobre 2025. Ce comité de pilotage a permis de préciser les actions et les livrables qui devront aboutir à l’issue du projet.

Les 1ères actions débutent cet automne avec l’échantillonnage de sol contaminé et de galles de hernie sur le territoire français (plus d’une cinquantaine pour le colza et une dizaine sur chou).
Le test chou chinois va être réalisé par l’INRAE, Terres Inovia et Végénov sur ces échantillons afin de disposer suffisamment d’inoculum avant que celui-ci soit caractérisé à partir de 2026 sur 2 ans par 5 laboratoires (GEVES, RAGT, KWS, NPZ, DSV).
La caractérisation du pouvoir pathogène de P. brassicae va consister à confronter en conditions contrôlées les galles de hernie (70-80 échantillons) avec un panel de 18 génotypes de navettes, colza et chou comprenant différentes résistances. Ce sont plus de 15 000 plantes qui vont devoir être caractérisés.
Les autres actions se dérouleront à partir de 2026.
Quels bénéfices pour les agriculteurs ?
Ce projet permettra d’apporter des solutions concrètes en proposant un outil moléculaire de diagnostic plus rapide et abordable des pathotypes de hernie présents sur les parcelles des agriculteurs.
Il pourra aussi proposer des adaptations des tests officiels d’évaluation des variétés de colza vis-à-vis de la hernie qui soient plus représentative de la réalité terrain.
Les connaissances acquises permettront aussi de mieux appréhender l’évolution potentielle des populations de l’agent pathogène en lien avec les méthodes de lutte et anticiper les effets du changement climatique. La finalité sera d’apporter un meilleur conseil sur le choix variétalet mieux orienter les stratégies de lutte.
Quels bénéfices pour la filière ?
Pour la filière, le projet représente un levier majeur d’innovation et de compétitivité pour maintenir la place du colza dans la rotation où la maladie est présente.
Les connaissances produites sur l’agent pathogène permettront d’orienter les programmes de sélection pour créer des variétés à résistance adaptée au contexte français.
Le projet devrait aussi renforcer l’attractivité du catalogue français et valoriser le travail des sélectionneurs par des tests d’évaluation officiels plus adaptés et plus représentatifs du terrain.
Les résultats du projet créeront aussi une véritable synergie entre les différentes structures impliquées, en stimulant de nouveaux projets collaboratifs et le développement de solutions partagées pour mieux gérer la hernie des crucifères dans les cultures de Brassicacées.
Pourquoi ce projet ?Le projet PLATOON (2025-2028), financé par le CASDAR, est coordonné par Limagrain avec le soutien de 13 partenaires. Il a pour enjeu principal d’améliorer la gestion du principal levier de lutte contre la hernie des crucifères pour le colza et le chou : l’utilisation de variétés résistantes. Afin de répondre à cet enjeu, ce projet se propose de :
Ce projet s’appuiera en partie sur les résultats du projet Pangenoclub.
Retrouvez les enjeux, les objectifs et les résultats attendus du projet PLATOON dans la fiche dédiée au projet.
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VELCO-A : un champignon pour contrôler l’altise du colza ?
Après trois ans de travaux dans le cadre du Plan de sortie du phosmet, BASF, en partenariat avec Terres Inovia et INRAE, fait le bilan du projet Velco-A : des résultats prometteurs en laboratoire mais non concluants au champ.
Les champignons entomopathogènes, tels que Beauvaria Bassiana, sont connus pour leur capacité à parasiter et tuer certains insectes, constituant des candidats idéals pour le développement de solutions de biocontrôle.
C’est dans cet objectif, que le projet VELCO-A a été conçu. Porté par BASF, en partenariat avec INRAE et Terres Inovia et financé par Sofiprotéol avec les cotisations interprofessionnelles (CVO) de la filière des huiles et protéines végétales, il visait, dans le cadre du Plan de sortie du phosmet (2022-2025), à identifier les conditions d’utilisation et le potentiel d’un champignon pour réduire durablement les émergences d’altises du colza.
Des résultats prometteurs lors des tests en laboratoire
En 2023, les travaux en laboratoire conduits par INRAE ont confirmé la capacité du champignon B. Bassiana à infecter les larves d’altises. De plus, ce champignon présente une bonne capacité à s’installer dans les sols et y survivre avec une tolérance aux variations de température (de 4 à 22°C) sous réserve de l’absence d’excès d’humidité. Ces conditions sont appropriées à celles observées au moment de l’application sur le terrain.
Des acquis méthodologiques aux champs
En 2023 et 2024, un vaste réseau de 19 essais* a été conduit par les expérimentateurs de Terres Inovia et de BASF (voir carte). L’objectif était d’évaluer le potentiel d’un produit de biocontrôle à base de champignon entomopathogène pour réduire les émergences d’altises au printemps. Pour cela, différentes périodes d’application et diverses concentrations du produit ont été testés.

Carte des 19 essais conduits par Terres Inovia (en vert) et BASF (en bleu) pour évaluer le potentiel d'un champignon en 2023 et 2024
Photographie d'une tente à émergences pour suivre la population d'altises dans un essai sur le site de Bretenière (Terres Inovia) en juin 2024.
Bien que certains essais ont montré ponctuellement une baisse du nombre d’altises au printemps, l’analyse consolidée du réseau n’a pas permis de mettre en évidence d’efficacité significative par rapport au témoin non-traité.
Pour faire face à la difficulté de positionner au mieux le produit lorsque les larves d’altises chutent du colza et débutent leur nymphose dans le sol en sortie d’hiver (phase clé du cycle qui est difficile à prévoir), plusieurs applications ont été réalisées. Mais ces applications ont parfois été confrontées en sortie d’hiver à des conditions météorologiques pouvant être très contrastées et défavorables (sol gelé, sécheresse, …). Malgré ces aménagements et des analyses poussées, aucun des facteurs mesurés (température, pluviométrie avant et après traitement, taux de couverture, concentration du champignon) n’expliquent la différence de résultats obtenus entre les essais.
Bien qu'il n'y ait pas eu de résultats concluants en termes d’efficacité, le projet a permis d’importants acquis méthodologiques telles que la mise au point de protocoles de suivi des populations d’altises au printemps à l’aide de tentes à émergences, ou encore l’harmonisation des méthodes d’application du champignon au sol.
Perspectives
L’analyse technico-économique du produit (efficacité, conditions d’application, et coût par hectare) ainsi que la nécessité de gérer ce ravageur à une échelle territoriale sont trop éloignées des pratiques actuelles des agriculteurs, et ne permettent pas d’envisager le développement de ce biocontrôle.
Ainsi, le projet VELCO-A n’aura malheureusement pas permis d’identifier une solution économique complémentaire mobilisable par les agriculteurs dans leur stratégie de gestion des altises, mais il aura contribué à développer une méthodologie d’évaluation de ce type de produit de biocontrôle en positionnement au sol.
Consulter la fiche projet sur le Plan de sortie du phosmet
*19 essais = 10 essais réalisés par Terres Inovia dans le cadre du projet Adaptacol² soutenu par le Casdar opéré par FranceAgriMer et 9 essais réalisés par BASF dans le cadre du projet VELCO-A soutenu par le fond FASO opéré par Sofiprotéol
Une délégation de producteurs chiliens sur le site de Terres Inovia à En Crambade
Début octobre, l'institut a accueilli des agriculteurs sud-américains pour une visite d'acquisition de références sur la culture du colza. Le début d'une collaboration transatlantique.
Crédit : Terres Inovia.
Terres Inovia a récemment été sollicité par un groupe de producteurs chiliens en quête d'informations sur la culture du colza. A En Crambade (31), les agriculteurs venus accompagnés d'un ingénieur agronome local et d'une traductrice, les agriculteurs ont pu avoir des échanges avec l'équipe d'experts de l'institut.
11 000 km, et pourtant...
En effet, les conditions pédoclimatiques (notamment les sols argileux) sur le site de Haute-Garonne présentes des similitudes avec celles au sud de Santiago, à quelque 11 000 km, où les producteurs chiliens sont installés.
"Nous les avons reçus sur le terrain pour une demi-journée afin de leur montrer la station, les essais, de leur présenter les références techniques puisqu'ils étaient intéressés par l'itinéraire technique du colza ainsi que le cycle cultural", résume Quentin Lambert, ingénieur régional de développement Centre-Est Occitanie pour Terres Inovia.
Plus de diversification
Comme dans le Sud-Ouest où le colza est peu présent, les agriculteurs au sud de Santiago ne cultivent pas l'oléagineux. L'objectif des visiteurs était donc d'acquérir suffisamment de connaissances pour diversifier leurs rotations.
Après des échanges constructifs et une première idée de webinaire, la collaboration transatlantique s'oriente davantage vers une formation in situ au printemps 2026. Manténganse al tanto !
Contact : Quentin Lambert, q.lambert@terresinovia.fr
Farmstar : 25 ans d’agriculture de précision au service des agriculteurs
Le 30 septembre, Farmstar a soufflé ses 25 ans, à Colomiers, en périphérie de Toulouse. Ce service d’agriculture de précision transforme les images satellitaires en conseils agronomiques concrets pour optimiser la fertilisation azotée du colza. Il est surtout le fruit d’un partenariat réussi de longue date entre Airbus, Terres Inovia et Arvalis.

Gilles Robillard, à Colomiers, lors de la journée anniversaire des 25 ans de Farmstar (crédit Terres Inovia)
Suivi de l’état des cultures et du développement des parcelles en temps réel, optimisation des intrants… la télédétection est un outil clé pour les agriculteurs.
Conscient de cet enjeu, Farmstar a été créé en 2000 : un Outil d’Aide à la Décision (OAD), proposé aux producteurs via les coopératives, permet de suivre la croissance des cultures et d’optimiser la fertilisation grâce à l’imagerie satellite et des modèles de culture.
Chiffres clés• 14 000 agriculteurs utilisent Farmstar chaque année |
Accompagner les exploitations vers une agriculture de précision

Farmstar est le fruit d’une belle collaboration entre deux instituts techniques, Terres Inovia et Arvalis, et le géant de l’aéronautique Airbus.
Objectif ? Accompagner les producteurs vers une agriculture de précision en leur donnant des conseils adaptés à chaque parcelle pour ajuster les apports d’engrais azotés. En optimisant la fertilisation azotée, Farmstar contribue aussi à réduire les impacts environnementaux en limitant les pertes d’azote.
Terres Inovia : un rôle clé d’expert agronomique
La mobilisation de l’institut est centrale. « Nous fournissons toute l’expertise agronomique sur le colza en mettant d’abord à disposition la Réglette azote colza, conçue par l’institut, et les données terrain du réseau RCA qui permet un contrôle qualité de l’estimation de la biomasse en entrée et en sortie d’hiver sur les parcelles de référence », explique Frédéric Fine, directeur de la valorisation de l’institut.
Une journée anniversaire autour d’un serious game

Des ateliers autour d'un serious game sur les fonctionnalités de l'OAD de Farmstar (crédit : Terres Inovia)
Lors de la journée anniversaire, les présidents des deux instituts techniques et d’Airbus se sont félicités de cette collaboration réussie autour de Farmstar. Des représentants des coopératives partenaires ont été aussi mis à l’honneur.
Enfin, des ateliers ont été organisés pour prendre en main le serious game développé par Farmstar pour expliquer aux techniciens des organismes stockeurs l’intérêt d’utiliser l’OAD à tous les stades de l’itinéraire technique.
Gilles Robillard, président de Terres Inovia"Farmstar a permis de démultiplier les surfaces avec un conseil azoté"
Gilles Robillard, le 30 septembre 2025, à Colomiers, lors des 25 ans de Farmstar (crédit : Terres Inovia) " Cet outil pionnier d’aide à la décision, que nous avons conçu et fait grandir avec Airbus sur son volet colza est devenu au fil des années un symbole de l’innovation au service de l’agriculture. Lorsque notre collaboration avec Airbus a démarré, au début des années 2000, peu de gens auraient imaginé à quel point l’alliance entre des instituts techniques agricoles et un acteur majeur de l’aéronautique et du spatial allait transformer la façon d’accompagner les agriculteurs dans leurs choix. Farmstar a permis de démultiplier les surfaces de colza faisant l’objet d’un conseil de dose d’azote avec la Réglette azote colza. Celle-ci avait été diffusée en 1998 : elle repose sur une règle de décision simple, avec des variables d’entrée visibles par l’agriculteur lui-même dans ses champs. Mais ce succès repose aussi, et surtout, sur un formidable travail de terrain. Chaque année, grâce au réseau de parcelles d’agriculteurs, ce sont entre 150 parcelles qui sont suivies avec rigueur par les techniciens des stations d’expérimentation de Terres Inovia. C’est un engagement collectif considérable des techniciens, des ingénieurs régionaux de développement et des charges d’études de Terres Inovia et des équipes Farmstar d’Airbus qui garantit la robustesse des résultats et leur pertinence sur le terrain." |
Plateforme Syppre Picardie : stratégie innovante pour un colza multiperformant
Le colza joue un rôle central dans le système innovant de la plateforme picarde, en particulier pour l’amélioration de la fertilité des sols : de cycle long, il permet une bonne couverture du sol, et il contribue fortement au stockage de carbone dans le sol. Cet essai a permis de développer une stratégie globale, combinant différents leviers à l’échelle système, pour maximiser la robustesse du colza et viser ainsi le déplafonnement du rendement tout en réduisant la dépendance aux intrants.
L'intégralité des résultats est présentée sur le site de Syppre.
Extraction d'huile de tournesol et de colza : Terres Inovia améliore ses connaissances sur les presses à vis
Inventées au siècle dernier, les presses à vis sont la référence pour produire de l’huile de colza et de tournesol. En raison de leur caractère économique et écologique notamment, l'institut mène des recherches pour les améliorer.
Les presses à vis ont été inventées au début du XXe siècle et elles restent la référence pour produire de l’huile de colza et de tournesol. Etonnamment, on ne comprend pas encore tout sur leur fonctionnement, notamment dans le cas des graines décortiquées.
Presse à vis avec ses capteurs de pressions. Crédit : Terres Inovia.
Peu d’études scientifiques existent, alors que cette méthode a beaucoup d’avantages économiques et écologiques. Terres Inovia mène des recherches pour améliorer ces presses, notamment pour mieux traiter les amandes de tournesol, une source prometteuse de protéines pour l'alimentation.
Les premiers résultats publiés montrent que la pression et la puissance du moteur varient avec la rotation de la vis, ce qui n’était pas expliqué auparavant. Cela remet en cause les modèles classiques assimilant la presse à vis à une série de presses à pistons, car ces modèles supposent des pressions constantes lors de la compression, alors que les travaux de l'institut démontrent qu’elle fluctue considérablement dans la phase la plus sensible.
Un article complet est disponible dans le journal en ligne OCL : https://www.ocl-journal.org/articles/ocl/full_html/2025/01/ocl250030/ocl250030.html (consultable gratuitement).
Contact : P. Carré, p.carre@terresinovia.fr
Stockage du colza : rappel des bonnes pratiques
Si l’oléagineux n’est pas sujet aux attaques d’insectes en cellules, d’autres paramètres sont à prendre en compte comme la température et l’humidité. Revue des points à surveiller.
Le seul traitement insecticide possible avant remplissage est une application
de pyrimiphos-méthyl sur les cellules ou cases vides. Crédit : Terres Inovia
Le premier paramètre de réussite de la conservation du colza est le taux d’humidité du lot à l’entrée du stockage. Pour une durée supérieure à 6 mois, l’humidité des graines de colza doit être comprise entre 8 et 9 % à la récolte (tableau 1). En deçà, le risque de graines cassées augmente.
Au-delà, le principal risque est de voir la qualité du lot s’altérer, notamment par l’acidification des graines due aux moisissures. L’acidification des graines entraîne une dégradation de la qualité de l’huile qu’elles contiennent. Le processus dégrade le rendement en huile au moment du raffinage et constitue le principal dommage d’un problème de conservation.
Si un lot est récolté à des teneurs supérieures aux recommandations, ventilation ou séchage sont de rigueur pour éviter l’échauffement des tas et assurer leur bonne conservation dans le temps. Pour une humidité comprise entre 9 et 11 %, une ventilation de refroidissement à l’air ambiant conviendra pour regagner 1 à 2 %. En revanche, au-delà de 15 %, il faut rapidement passer le lot au séchoir (air chaud à 75°C pour le colza). Vu le niveau des frais de séchage, mieux vaut récolter une graine sèche.
Refroidir par paliers
Il importe de refroidir les graines oléagineuses dès la récolte, en plusieurs étapes, pour parvenir à une température du lot de 10°C en entrée d’hiver. L’idéal est de refroidir les graines de colza en trois paliers, le premier dès la rentrée du lot, avec une température de l’air ambiant (température de consigne) de 20°C. Le deuxième palier sera mis en place dès que les températures extérieures passent sous les 12°C, ce qui advient souvent dès le mois de septembre. Le troisième palier est à déclencher à l’occasion des premiers froids, en novembre (température de consigne de 5°C).
Un contrôle régulier de la température permet de maîtriser ce refroidissement et de prévenir tout échauffement. Pour éviter tout risque de condensation sur les parois du stockage, l’amplitude de refroidissement entre le lot et l’air de ventilation doit être comprise entre 7 et 10°C. C’est la raison pour laquelle on refroidit souvent la nuit.
Pour éviter toute complication au stockage, le taux d’humidité à la récolte
d’un lot de colza ne doit pas être supérieur à 9%. Crédit : Terres Inovia
Attention aux acariens
L’absence d’insecticide autorisé n’est pas problématique : les graines de colza ne sont pas sujettes aux attaques d’insectes. En revanche, un lot de colza mal stocké peut voir se développer des acariens du colza du type Tyrophagus putrescentiae. Ces petites arachnides blanchâtres (0,5 à 1 mm), qui ressemblent à une « poussière vivante », se concentrent en surface. Elles ne posent généralement pas de problème de commercialisation mais leur présence indique que la graine n’a pas été conservée dans de bonnes conditions.
Par ailleurs, le seul traitement insecticide possible avant remplissage est une application de pyrimiphos-méthyl sur les cellules ou cases vides. Cependant, il faut veiller au risque de présence de résidus de cet insecticide dans le colza, venant de contamination par contact avec les parois traitées. Dans ces situations, veiller à respecter les doses homologuées ainsi qu’un délai minimum de deux semaines entre l’application du produit et le remplissage du stockage. A défaut, la limite maximale de résidus (LMR) peut vite être dépassée et poser un problème de commercialisation : le seuil de tolérance est très bas.
Pour être efficace, ce traitement insecticide préventif doit être précédé d’un nettoyage méticuleux, incluant soufflage, balayage et aspiration des poussières de toute l’installation de stockage ainsi que des équipements de manutention. Un nettoyage de fond en comble sans insecticide est tout aussi préférable pour les graines oléagineuses.
Pour aller plus loin : www.terresinovia.fr/colza/stockage
Contact : S. Dauguet, s.dauguet@terresinovia.fr
Lire l'article dans le n° de septembre d'Arvalis & Terres Inovia infos : ici.
Gestion des ravageurs : obtenir un colza robuste grâce à un apport d’azote
Depuis l’automne 2024, il est possible de fertiliser la crucifère en début de cycle, principalement pour lutter contre les larves d’altises. Terres Inovia a mené des essais pour justifier un tel apport.
Selon l’institut, les apports d’azote minéral au semis ou
en végétation sont très bien valorisés. Crédit : Terres Inovia.
Les infestations de larves d’altises à l’automne sur colza sont souvent critiques en raison de l’extension de la résistance de ces populations aux traitements insecticides, lesquels voient leur nombre de solutions diminuer. Il s’avère donc nécessaire de recourir à des techniques de protection intégrée afin que la crucifère soit plus tolérante à ces attaques.
L’apport d’azote minéral au semis ou en végétation à l’automne constitue un des leviers pour produire un colza robuste, bien implanté, avec une croissance continue tout au long de l’automne et une reprise la plus précoce et dynamique possible au printemps.
Cette pratique est possible depuis l’automne 2024 dans le cadre du 7e programme d’actions national « nitrates » (PAN7). Le PAN7 prévoit une réévaluation de cette autorisation en 2027 et exige la preuve que cette pratique n’engendre pas une augmentation significative du risque de lixiviation de l’azote. Ainsi, Terres Inovia et ses partenaires ont conduit, sur les quatre dernières campagnes (2021 à 2024), un réseau national de 104 essais dans les principales régions de production de colza en France (voir les modalités en encadré).
Un intérêt réel et bénéfique
Les résultats concernant la croissance et l’absorption d’azote par les plantes, ainsi que la quantité d’azote minéral dans le sol, montrent qu’en moyenne :
- les apports d’azote minéral au semis ou en végétation sont très bien valorisés et atteignent des niveaux équivalents à l’entrée de l’hiver par rapport aux résultats obtenus sur la modalité témoin. Le gain moyen de biomasse fraîche aérienne est d’environ 500 g/m² pour l’ensemble du jeu de données ;
- les dynamiques de croissance sont quant à elles différentes : la croissance est plus active en fin d’automne (à partir d’octobre) à la suite de l’apport en végétation par rapport à l’apport au semis, en particulier lorsque la croissance plafonne pendant cette période sur le témoin sans apport ;
- les gains de biomasse fraîche aérienne enregistrés à l’entrée et à la sortie de l’hiver, à la suite des apports de 30 unités d’azote au semis ou en végétation, permettent de réduire la dose à apporter au printemps d’une vingtaine d’unités en moyenne. La dose totale d’azote minéral apportée sur la culture pendant l’ensemble de son cycle est donc peu modifiée par rapport à la situation sans apport d’azote minéral au semis ou en végétation à l’automne ;
- les quantités d’azote minéral présentes dans le sol à l’entrée de l’hiver pour les modalités fertilisées en végétation ou au semis sont équivalentes, en moyenne, à celles obtenues pour la modalité non fertilisée. Ces essais illustrent que les risques de perte d’azote par lixiviation à l’automne semblent limités, que l’apport ait lieu au semis ou en végétation. En parallèle, les plantes en profitent davantage, comme l’illustrent les mesures de biomasse fraîche. L’intérêt de fertiliser les colzas à l’automne semble donc réel et bénéfique.
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Protocole des essais : quatre modalités possibles Deux configurations étaient présentes dans tous les essais. D’une part, le témoin, sans apport d’azote ni au semis ni plus tard. D’autre part, un apport de 30 U en végétation à l’automne (souvent en octobre). La troisième modalité, facultative, concerne un apport de 30 U au semis. Enfin, la quatrième modalité, facultative également, requiert 60 U (30 U au semis suivies de 30 U en végétation à l’automne). Tous ces apports concernent de l’engrais minéral. Les principales mesures réalisées portent sur la biomasse aérienne fraîche et la quantité d’azote absorbée par la culture. La quantité d’azote minéral dans le sol (au semis et à l’entrée de l’hiver), le nombre de larves de grosse altise par plante (à l’entrée et à la sortie de l’hiver) ainsi que le pourcentage de plantes avec un port buissonnant et/ou déformées au printemps ont également été étudiés. |
Contacts : Luc Champolivier, l.champolivier@terresinovia.fr - Emile Lerebour, e.lerebour@terresinovia.fr
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