Depuis le retrait de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) de la spécialité WAKIL XL pour des usages en plein champ, les pois protéagineux et la féverole restaient sans solution de traitement de semences contre le mildiou. En cas d’attaque primaire, due à des oospores (formes de conservation) présentes dans le sol, des foyers de maladies apparaissent, au sein desquels les plantes sont nanifiées et de couleur vert pâle. Les pertes de pieds et donc de rendement peuvent être importantes en cas d’infestation précoce et de forte intensité.
La demande de dérogation 120 jours a reçu un avis positif.
Ces attaques sont principalement observées sur protéagineux de printemps, chez qui ce pathogène constitue la menace la plus préjudiciable en début de cycle. Cela est moins le cas pour les protéagineux d’hiver, pour lesquels les conditions climatiques sont moins favorables à l’expression du pathogène en attaque primaire.
La demande de dérogation 120 jours (art. 53 REG 1107/2009) déposée le 18 septembre 2024 par Terres Univia et Terres Inovia au niveau des services du ministère de l’Agriculture a reçu un avis positif.
La spécialité commerciale LUMISENA, traitement de semences efficace contre le mildiou, bénéficie donc d’un usage dérogatoire pour la campagne 2025 (semences traitées utilisables du 01/01/2025 au 01/05/2025) uniquement pour le pois protéagineux de printemps et la féverole de printemps au sein de l’usage Graines protéagineuses*Trt Sem.*Champignons (pythiacées).
Protection des semences : LUMISENA compatible avec PEPPER
Autorisé aux doses suivantes (cf. tableau ci-dessous), LUMISENA est compatible avec PREPPER pour apporter une protection complète des semences de printemps, à la fois contre le mildiou (via LUMISENA) et aussi les pathogènes responsables des fontes de semis (pythium) et les genre Ascochyta sp. et Fusarium sp. (via PREPPER).
Culture
Dose
Pois protéagineux*
16,5 ml/q
Féverole*
8,7 ml/q
*Traitement des semences uniquement en stations industrielles fixes ou mobiles.
Contacts : Gwénola Riquet, g.riquet@terresinovia.fr et Franck Duroueix, f.duroueix@terresinovia.fr
France entière
Maitrise des maladies
Maladies
Féverole d'hiver
Féverole de printemps
Pois d'hiver
Pois de printemps
L’atout majeur de l’association céréales-légumineuses est la sécurisation de la production. La diversité d’espèces semées permet d’avoir des cycles phénologiques différents, qui limitent l’impact des stress abiotiques.
Principe et intérêt de l’association pour la sécurisation des protéagineux
Dans un contexte où les rendements des cultures de protéagineux, essentielles en agriculture biologique pour leur apport en azote, sont en baisse et irréguliers, l’association céréales-légumineuses émerge comme une alternative. Cette pratique agricole consiste à cultiver simultanément une céréale et une légumineuse sur le même espace, pendant une période significative de leur cycle de vie. L’agriculteur est ainsi assuré de récolter un mélange, dont la proportion de chaque espèce varie annuellement mais dont le volume total reste globalement stable.
Choisir les bons « partenaires » en se basant sur des critères agronomiques
Quels critères de choix et densité de semis ?
La première étape pour conduire ce type d’association est de choisir les bons « partenaires » en se basant sur des critères agronomiques : le premier est la compatibilité des cycles de culture, afin que la récolte puisse se faire à maturité pour les deux espèces. Le deuxième élément clé est le choix variétal des espèces, où la précocité et la hauteur jouent un rôle crucial en tant que facteurs déterminants pour la réussite de l’association. La prochaine étape cruciale, une fois les partenaires identifiés, est d’ajuster la densité et la profondeur des semis en fonction de l’objectif initial, qu’il s’agisse de favoriser les protéagineux, d’augmenter la teneur en protéines des céréales, ou d’obtenir un mélange équilibré pour l’autoconsommation. A noter que pour une même densité de semis, les résultats obtenus à la récolte sont très différents en fonction des conditions pédoclimatiques. La production de références locales est donc indispensable pour adapter l’itinéraire technique au contexte de production.
Construction de son association en fonction de son objectif de départ.
Une alternative face aux rendements irréguliers des protéagineux
Les résultats expérimentaux indiquent une amélioration de la productivité des légumineuses et des céréales, et offrant une marge brute moyenne supérieure. Toutefois, dans des conditions idéales pour les légumineuses, les cultures pures peuvent s’avérer plus rentables, tandis que dans des conditions défavorables, les associations limitent les pertes grâce aux revenus des céréales. Le succès de l’association repose aussi sur ses nombreux avantages agronomiques, notamment en matière de gestion des adventices. Les espèces plantées présentent des architectures et des cycles de croissance complémentaires, ce qui permet une occupation optimale de l’espace et une maximisation de l’utilisation de la lumière et des nutriments par les cultures.
Un frein majeur : la commercialisation
Si l’association est vendue à un collecteur, l’agriculteur doit s’assurer de la disponibilité du débouché au risque de ne pas être collecté. Dans ce cadre, les mélanges binaires sont à privilégier car plus simples à trier. Certains organismes stockeurs acceptent de collecter le mélange, mais ils imposent souvent une liste restreinte de mélanges, afin de pouvoir gérer la logistique du stockage et du triage. Par ailleurs, certaines espèces présentent un débouché plus porteur, qui justifie de les privilégier. Enfin, certains mélanges sont plus difficiles à trier, ce qui peut pénaliser la valorisation de l’une des deux espèces pour des débouchés vers l’alimentation humaine. D’autres collecteurs, non équipés, demanderont que le mélange soit trié en amont à la ferme. Le montage de filières à base d’associations doit donc toujours être le fruit d’une entente entre l’ensemble des maillons de la filière, du producteur jusqu’au transformateur, afin de trouver les meilleurs compromis.
Préparation de campagne
France entière
Agriculture biologique
Féverole d'hiver
Pois d'hiver
Lentille
Pois de printemps
Pois chiche
Lupin d'hiver
Lupin de printemps
Benjamin DELHAYE (b.delhaye@terresinovia.fr)
Ces derniers jours, les premiers symptômes de botrytis observés sur féveroles tendent à se développer. L’identification précoce de ces premiers symptômes est indispensable dans le cadre de la gestion préventive du développement de la maladie.
Agir dès l’apparition des premiers symptômes de botrytis
Le botrytis est très présent dans le sud-ouest. Il se développe en particulier dans les situations de semis précoce. Cette relation entre la surface nécrosée par le botrytis en fonction de la date de semis, est illustré par le graphique ci-contre.
Figure 1 : Relation entre la date de semis et la surface foliaire de la féverole nécrosée par le botrytis.
Dans le sud-ouest (carrés oranges) les attaques les plus marquées sont fortement influencées par des semis d’octobre jusqu’à début novembre dans le sud-ouest (données issues de l’observatoire conduit entre 2016 et 2018). Ce constat est plus marqué encore sur le bassin ouest (carrés bleus) sous influence océanique. De ce constat, découle la préconisation d’implantation à partir du 10 novembre. La maitrise de la densité constitue également un levier agronomique majeur pour freiner la progression de la maladie dans le couvert au printemps.
Caractérisée par de petites tâches de 2-3 mm qui s’agrandissent pour former entre elles des tâches rondes ovales entourées d’un halo brun, la maladie conduit à la nécrose et à la chute prématurée des feuilles. Ces symptômes peuvent s’observer également sur tige avec des tâches plus allongées mais plus rarement sur gousses.
Le botrytis ne doit pas être confondu avec l’ascochytose de la féverole qui se manifeste par rarement plus de 2 tâches par feuille. Il s’agit de tâches diffuses au centre plus clair (type brûlure de cigarette). Voir les photos ci-dessous.
Le graphique ci-contre; Figure 2 : Résultats d'efficacité fongicide et rendement de la féverole, à Condom (32) en 2023
traduit les résultats obtenus en 2023. On y observe que la surface foliaire touchée par le botrytis sur le témoin est de 65% au 15/05 et de 92% au 06/06.
Le T1 a été réalisé peu de temps après l’apparition des premiers symptômes correspondant au début floraison, le 11/04. Le T2 a été réalisé à T1+24 jours, soit le 05 mai.
Nous remarquons que les stratégies en 2 passages, soit avec l’AMISTAR solo soit associé au SCALA, ont permis de réduire très nettement l’attaque. Le contrôle précoce de l’attaque, à l’apparition des premiers symptômes se traduit par un gain de rendement important, passant de 15q/ha sur le témoin à environ 30 q/ha sur ces 2 modalités.
La stratégie consistant à faire une impasse sur le T1 puis un AMISTAR en T2 a tout de même permis une réduction significative des attaques et un gain de rendement de 8 q/ha par rapport au témoin, dans le contexte 2023. Elle présente donc tout de même un intérêt, mais reste en net retrait par rapport à la stratégie en 2 passages.
La gestion du botrytis s’intègre dans une stratégie plus globale des maladies
Autre maladie impactant la féverole, la rouille est une maladie également très présente dans le sud-ouest où elle est au moins autant, voire plus nuisible que le botrytis sur ces dernières campagnes. Des pustules orangées, caractéristiques de la rouille peuvent apparaitre dès début mai, favorisée par les températures supérieures à 20°C en conditions humides.
Figure 3 : Résultats d'efficacité fongicide et rendement de la féverole, àCondom en 2023
Figure 4 : symptôme d'ascochytose sur feuilles de féverole
La stratégie de lutte doit prendre en compte le risque vis-à-vis de ces deux principales maladies : botrytis et rouille. Elle repose en particulier sur l’azoxystrobine et le pyrimethanil (SCALA). Le PROSARO (ou PIANO) et les solutions à base de metconazole (SUNORG PRO) peuvent aussi trouver un intérêt plus spécifiquement sur rouille.
Les attaques de botrytis sont d’autant plus difficiles à gérer, qu’elles ne sont pas prises aussitôt l’apparition des symptômes. Dès la mi-mars, et même courant février cette année, si les symptômes apparaissent, une première intervention à base de SCALA 0.75 l/ha + AMISTAR 0.5 l/ha est à réaliser. Il s’agit de situations à forte pression. Une seconde intervention d’AMISTAR peut-être réalisée à partir du début floraison. Une troisième application pourra être réalisée entre floraison + 15 j et la fin floraison pour gérer les premières attaques de rouille et compléter le programme sur Botrytis.
Dans des conditions de pression moyenne, avec apparition des premiers symptômes de botrytis autour de la floraison, la première application d’azoxystrobine, associée ou non à du SCALA peut être réalisée début floraison, avant de revenir si besoin avec de l’azoxystrobine entre 15 et 30 jours plus tard selon l’évolution de la maladie. En cas d’une seconde application, et si de la rouille apparait par la suite, il sera toujours possible de réintervenir avec du metconazole (SUNORG PRO).
Vos contacts régionaux
Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
Laura Cipolla (l.cipolla@terresinovia.fr)- Auvergne-Rhône-Alpes, PACA
Sortie hiver
Floraison
Début de cycle / croissance
Sud Aquitaine
Est Occitanie
Normandie et Ouest Ile-de-France
Auvergne
Rhônes-Alpes
Maitrise des maladies
Maladies
Féverole d'hiver
Féverole de printemps
Equipe Sud et AURA - Terres Inovia
Semer tôt la féverole de printemps, c’est possible et intéressant : Il est possible de semer tôt la féverole de printemps, sur sol gelé superficiellement, à condition de bien enfouir la graine. Pour les semis précoces de début février, semer à 6-7 cm de profondeur pour limiter le risque de gel en cours de germination. À partir du 20/02, semer à 5 cm de profondeur. Cela permet d’échapper en partie aux dégâts d’oiseaux et d’assurer une bonne sélectivité des herbicides de prélevée. Les semis précoces permettent en général d’atteindre de meilleurs rendements. En féverole d’hiver, pour les secteurs les plus froids du Centre et de l'Est, il est également nécessaire de semer profond (au moins 8 cm). Et surtout de ne pas semer trop tôt !
L’itinéraire technique en trois points
Privilégier une parcelle profonde pour la féverole : La féverole peut être cultivée dans des sols contaminés par Aphanomyces euteiches, car elle est très résistante à ce pathogène. Elle apprécie les sols profonds, aérés, non battants mais craint les sols légers, hydromorphes ou asphyxiants. Son système racinaire doit pouvoir s’installer sans rencontrer d’obstacles. Lors de la phase fin floraison-maturité, la féverole a des besoins en eau importants et craint les fortes températures (≥ 25°C). Il faut choisir un sol plutôt profond à bonne réserve en eau.
Ne pas semer la féverole trop dense : Sachant que la féverole d’hiver ramifie, il est inutile de semer plus dense que ce qui est préconisé car cela accroît les risques de verse et de maladies foliaires et peut nuire au rendement. Les densités préconisées en féverole d’hiver permettant d’être à l’optimum économique (20-25 graines/m² en sols limoneux et 30 graines/m² en sols argileux ou caillouteux) sont également moins importantes qu’en féverole de printemps (40 à 50 graines/m² dans l’ensemble de la zone de production française).
Le désherbage, un poste bien gérable en féverole : La féverole supporte bien les grands écartements et le désherbage mécanique (binage). Il est également possible de combiner un désherbage chimique en prélevée (à doses modulées) avec un ou deux passages de herse étrille entre 2 et 7 feuilles. Cela permet d’obtenir une efficacité proche de 100 %. En année climatique normale, l’efficacité obtenue est comparable à celle du désherbage chimique de prélevée seule à pleine dose. En année sèche, le passage d’outil compense bien l’efficacité moyenne du désherbage chimique de prélevée. Ainsi, la complémentarité chimique - mécanique permet d’être moins dépendant des conditions climatiques.
Testez vos connaissances sur la féverole
Il n’y a pas de solution pour lutter contre la bruche en végétation
VRAI ! Cependant, on essaie de trouver des pistes : piégeage de masse avec attractifs, recherche de variétés résistantes, tests de solutions chimiques et de produits de biocontrôle. Une lutte au stockage est par ailleurs possible (insecticide, fumigation et thermo-désinsectisation).
Les rendements sont faibles et très variables ces dernières années (effet du changement climatique ?). La culture n’est pas rentable
FAUX ! Ces dernières années, le rendement moyen des féveroles, qu’elles soient d’hiver ou de printemps, s’est stabilisé autours de 35-40q/ha. S’il est loin des records historiques, il permet néanmoins de couvrir les charges en lien avec cette culture peu exigeante, et ainsi d’en faire une culture rentable.
Le botrytis en féverole d’hiver est difficile à enrayer ainsi que la rouille en féverole d’hiver et de printemps. A ce jour, il n’existe pas de solution
FAUX ! Il faut éviter le retour trop fréquent de la féverole (minimum de 6 ans entre 2 féveroles) pour limiter les risques sanitaires. Il faut aussi raisonner les systèmes de culture (pas trop de féverole en couvert ou associée à une autre culture comme le colza) car cela augmente les risques de maladies si la féverole est cultivée ensuite en culture principale. Des variétés résistantes sont recherchées. Pour la rouille, il existe des produits efficaces mais il faut les appliquer dès la présence des premières pustules.
A cause de la bruche, il n’y a plus de débouchés pour la féverole. Certaines coopératives ont arrêté la collecte
FAUX ! En alimentation animale, des débouchés existent, avec une exigence moindre par rapport au taux de graines bruchées. De nouveaux débouchés sont par ailleurs recherchés en alimentation humaine, qui pourraient nécessiter également moins d’exigence sur le taux de graines bruchées.
En effet, la bruche peut poser un problème uniquement pour la qualité visuelle nécessaire aux débouchés qui utilisent la graine entière comme les exports pour l’alimentation humaine, par exemple vers l’Egypte. En France, l’agroalimentaire recherche de plus en plus des protéines végétales : comme pour les pâtes à tartiner style Tartimouss dans la Somme, ou pour des ingrédients protéiques plus ou moins concentrés (pour des aliments sportifs ou seniors). Par ailleurs, les éleveurs ou fabricants d’aliments du bétail n’ont jamais assez de sources de protéines végétales nationales pour nourrir leurs animaux ! Ils doivent recourir aux tourteaux de soja (largement importés !). Actuellement, de nombreuses coopératives s’intéressent à nouveau à la féverole. Progressons collectivement vers la souveraineté nationale en protéines végétales ! https://www.terresinovia.fr/cap-proteines
Le toastage de la graine de soja améliore ses qualités nutritionnelles
Le toastage est un chauffage intense de la graine qui permet la destruction de facteurs antitrypsiques, contenus dans la graine. Les facteurs antitrypsiques sont des protéines qui bloquent la trypsine (enzyme de la digestion des protéines) et qui viennent perturber le métabolisme des animaux monogastriques en particulier. Ils sont sensibles à la chaleur, d’où la cuisson des graines de soja. Le toastage permet de réduire également la solubilité des protéines pour les ruminants (les protéines des protéagineux étant très solubles).
Les toasters mobiles permettent d’effectuer ce traitement (chauffage par air chaud, à la flamme directe), qui doit être bien maitrisé au niveau du refroidissement afin d’obtenir une cuisson de la graine homogène.
Les facteurs anti-trypsiques du pois ne sont plus un problème grâce à la sélection variétale
Les variétés de pois protéagineux inscrites au catalogue français conviennent à l’alimentation animale, en particulier à celle des monogastriques. Ces variétés sont à fleurs blanches (sans tanins), à faible activité antitrypsique, avec un taux de protéines assez élevé (de l’ordre de 20 % de protéines brutes).
Riche en lysine et en amidon, le pois est source à la fois de protéines et d‘énergie. Les taux d’incorporation sont conditionnés à l’espèce et au stade physiologique des animaux.
Toutes les variétés de protéagineux sont adaptées aux monogastriques ?
Les variétés à fleurs blanches sont des variétés sans tannins, donc mieux adaptées aux monogastriques, les tannins étant des facteurs antinutritionnels qui ont des effets négatifs sur la croissance des animaux. Il existe encore des variétés de féverole à fleurs colorées, qui sont alors peu recommandées pour les monogastriques.
Pour l’alimentation des poules pondeuses, on choisira des variétés de féveroles sans vicine/convicine
Chez les poules pondeuses, l’utilisation de variétés riches en vicine convicine a des impacts négatifs sur les performances de ponte et la qualité des oeufs (taille plus petite). On préfèrera des variétés sans vicine/convicine, sinon on limitera le taux d’incorporation.
Le décorticage de la féverole est une opération de première transformation qui permet de réduire les tannins
Des traitements mécaniques simples comme le décorticage permettent de séparer les pellicules riches en tannins, des amandes, riches en nutriments afin d’améliorer la valeur nutritionnelle des graines. Ce traitement permet de concentrer les nutriments et d’obtenir une farine enrichie en protéines, avec moins de fibres. Ces farines de féveroles décortiquées sont utilisées en alimentation des poissons, puis vers des débouchés de la meunerie et ingrédients (farine avec fonctionnalité de blanchiment) et en oisellerie. Les pellicules éliminées lors du décorticage représentent 15 à 20 % du poids de la graine. Ce sont des matières premières riches en fibres indigestibles, pouvant être valorisées en alimentation animale dans des rations riches en fibres (ruminants, lapins, truies…).
Dans le contexte de prix actuel, le taux d’incorporation des protéagineux dans les aliments composés industriels pour le bétail, toutes filières confondues est à la hausse ?
Le taux d’incorporation des protéagineux chez les FAB est actuellement très bas, de 2 %, par manque de disponibilité de marchandises sur le marché (dans les années 90, c’était plus de 10 % des matières premières utilisées par les FAB). Ce sont moins de 300 00 tonnes de protéagineux qui sont consommés par les animaux aujourd’hui, principalement en autoconsommation.
Les valeurs nutritionnelles du pois pour les monogastriques sont améliorées par certains traitements technologiques comme le broyage ou la granulation
Le broyage des graines de pois permet d’obtenir des tailles de particules d’amidon plus fines et donc plus accessibles aux enzymes digestives. De même, la granulation de l’aliment via l’action mécanique du pressage permet d’augmenter la valeur énergétique de cette matière première.
L’arrêté du 20/11/2021 modifiait les conditions d’application des produits phytopharmaceutiques durant la floraison. Suite à la décision du Conseil d’Etat le 26 avril 2024 avec prise d’effet immédiate, la liste des cultures non attractives aux pollinisateurs a été annulée et doit être remise à jour. Toutes les cultures oléo-protéagineuses sont aujourd’hui classées comme attractives pour les insectes pollinisateurs et entrent par conséquent dans le champs de l’arrêté. Ce sont le colza, le tournesol, le soja, le lin, le pois, la féverole, le pois-chiche, la lentille et le lupin.
Sur ces cultures en floraison, les insecticides/acaricides autorisés à floraison, herbicides, fongicides et produits de biocontrôle pourront être appliqués UNIQUEMENT dans la plage horaire suivante :
L’adaptation de la contrainte horaire, prévue à l’article 5 de l’arrêté du 20/11/21, ne peut s’appliquer qu’à la lutte contre la bruche dont l’activité exclusivement diurne est reconnue (FAQ gouvernement du 01/07/2022). Le motif de cette adaptation doit être consigné dans le registre des pratiques phytopharmaceutique. Par conséquent, la plage horaire de 5 heures doit être respectée dans les autres cas, quelle que soit la cible visée par le traitement : adventice, maladie ou insecte.
Au sens de l’arrêté, la floraison débute aux premières fleurs de la culture.
A titre transitoire, les produits insecticides et acaricides dont l’AMM comporte l’une des mentions suivantes peuvent continuer d’être utilisés en respectant les contraintes horaires et ce jusqu’au renouvellement de l’AMM :
Emploi autorisé durant la floraison, en dehors de la présence d’abeilles.
Emploi autorisé au cours des périodes de production d’exsudats, en dehors de la présence d’abeilles.
Emploi autorisé durant la floraison, et au cours des périodes de production d’exsudats en dehors de la présence d’abeilles.
A titre transitoire, les autres produits de type herbicides, fongicides et produits de biocontrôle peuvent continuer d’être utilisés en respectant les contraintes horaires et ce jusqu’au renouvellement de l’AMM.
A terme, et toujours pour les cultures attractives et l’ensemble des produits, l’étiquetage (AMM) définira la possibilité d’application durant la floraison avec une phrase de type :
« Peut être dangereux pour les abeilles. Application possible durant la floraison et sur les zones de butinage dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil ou les 3 heures suivant le coucher du soleil, uniquement pour le/les usage(s) suivant(s): […]
« Peut être dangereux pour les abeilles. Application possible durant la floraison et sur les zones de butinage selon les conditions fixées par l'arrêté du 20 novembre 2021 pour les usages caractérisés par emploi possible »
Lorsque des interdictions supplémentaires sont mentionnées sur l’étiquette des produits, elles doivent s’appliquer.
Mélanges :
Les mélanges impliquants pyréthrinoïdes et triazoles en période de floraison ou de production d’exsudats sont formellement interdits. Si les 2 traitements doivent être effectués sur la même parcelle, un délai de 24 h minimum doit être respecté entre les applications et l’insecticide appliqué en premier (arrêté dit « mélanges » du 12/06/2015).
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En 2021, l’institut technique agricole Terres Inovia se rapproche du négoce Ternoveo pour mettre en place une expérimentation scientifique. Elle concerne 30 colonies d’abeilles domestiques établies de manière pérenne sur des exploitations agricoles de grandes cultures autour de Saint-Quentin dans l’Aisne. Grâce aux balances connectées positionnées sous les ruches et aux suivis réalisés, la croissance des colonies et l’accumulation des réserves de nectar et de pollen ont été suivis tout au long de l’année.
L’objectif principal de ce projet de recherche est de mieux comprendre l’utilisation des plantes sauvages et cultivées par les abeilles et leur place relative dans le bol alimentaire des colonies ainsi que les liens existants entre les ressources disponibles à l’échelle d’un territoire et la production de miel.
Un dispositif s’appuyant sur le programme « Terre des abeilles »
Terre des Abeilles est un projet collectif déployé par Ternoveo qui regroupe 68 agriculteurs des Hauts-de-France engagés pour favoriser la biodiversité sur leurs exploitations.
Chaque agriculteur partenaire du programme est responsable de 3 ruches au minimum. Il s’engage à les accueillir en adoptant une démarche éco-responsable, en adoptant de bonnes pratiques culturales, et au besoin en semant des plantes mellifères. Le miel « Terre des Abeilles » reflète la flore de la région des Hauts-de-France et le lien indissociable entre son agriculture et la biodiversité.
Un réseau de ruches connectées pour étudier l’utilisation des ressources fleuries
30 ruches sur balances connectées réparties sur 10 sites transmettent des données de gain de poids toutes les 12 minutes
130 échantillons de miel frais et 130 échantillons de pollen de trappes collectés pour être analysés
analyses palynologiques réalisées en laboratoire pour déterminer l’origine florale des ressources collectées par les abeilles
Evaluation des populations d’abeilles en début de saison, après la floraison du colza et avant l’hivernage selon une méthode simple et rapide publiée par l’INRAE
Quels enseignements en 2021 ?
Colza, féverole et fruitiers, principales sources du pollen collecté par les abeilles !Du 14 avril au 17 juin, 10.6 kg de pollen ont été collectés en trappes et prélevés par les apiculteurs sur l’ensemble du dispositif pour la mise en œuvre des analyses polliniques. Ce pollen représente un échantillon indicatif du butin total collecté par les colonies suivies.
Trois espèces végétales dominantes sont à l’origine de ce pollen.
1. la féveroleVicia Faba (34% ) 2. le colzaBrassica napus (24%) 3. les arbres fruitiers Prunus/Pyrus (15%)
A gauche : Alimentation pollinique des colonies d’abeilles en suivi.
Indications chiffrées : poids du pollen collecté en g du 14/04 au 17/06, toutes ruches confondues.
A droite : Origine florale des pollens collectés par les abeilles
Si on analyse la collecte de pollen totale d’un point de vue temporel (figure 2), on remarque que le colza et les arbres fruitiers représentent les principales ressources polliniques des colonies à l’étude jusque début mai. En début de saison, on notera également l’apport significatif du pissenlit et du saule, espèces sauvages à floraison très précoce.
Ensuite, sur le mois de mai, c’est l’aubépine qui tient une place centrale, supérieure au colza qu’elle concurrence. Les érables permettent d’assurer une transition avec le mois de juin au cours duquel la féverole est largement dominante du point de vue des apports polliniques (entre 50 et 100% du bol alimentaire !), complété par le coquelicot, le cornouiller sanguin et la phacélie. Cette dernière espèce est très attractive pour les abeilles. Certains agriculteurs du projet l’ont implantée en couvert d’interculture.
Ces résultats montrent la contribution importante de la féverole et du colza (58% des apports), deux grandes cultures mellifères à floraison massive à l’alimentation pollinique des abeilles. Ils montrent aussi la nécessité pour les abeilles de diversifier leurs apports protéïques en visitant des espèces sauvages herbacées, arbustives ou arborescentes comme le coquelicot, l’aubépine et les saules notamment.
Au total, ce sont 25 genres/espèces de plantes dont on a retrouvé du pollen dans les trappes mises en place devant les ruches à l’étude. Il est par ailleurs démontré qu’une alimentation pollinique diversifiée est pour les abeilles domestiques une des clés de la survie hivernale et de la résistance face aux stress environnementaux.
En 2021, année particulièrement froide et pluvieuse au début de la campagne apicole, le colza est l’espèce qui remporte la palme de la floraison la plus longue car elle a fourni aux abeilles des ressources en pollen jusqu’au 9 juin, ce qui est exceptionnel !
Les plus grandes quantités de pollen sont collectées en avril, au moment de la floraison du colza, des fruitiers et des saules, puis en juin au moment de la floraison de la féverole, période pendant laquelle l’alimentation pollinique des colonies est beaucoup moins diversifiée.
Evolution temporelle de la masse de pollen collectée en trappe sur les colonies suivies
Qu’en est-il des nectars ?
Dans notre étude, l’espèce dont le pollen est le plus souvent détecté dans le nectar est le colza. En effet 123 échantillons sur 130 en contiennent à hauteur de 83% en moyenne et plus de la moitié des échantillons en contiennent plus de 90% !
En tant que grande culture à floraison abondante produisant du nectar et du pollen en quantité, le colza est une ressource primordiale pour les abeilles en Hauts-de-France de laquelle les abeilles extraient des quantités de miel importantes. Sur les colonies à l’étude, la production de miel totale est en moyenne de 39 kg par ruche ; aucun doute que le colza y contribue grandement au vu de ces résultats !
Dans les nectars analysés, les pollens de 3 autres genres ou espèces de plantes ont également été détectés de manière significative : Il s’agit des arbres fruitiers, des saules et de la féverole, dont les pollens sont présents dans respectivement 32%, 30% et 14% des échantillons, à hauteur de 10%, 17% et 34% en moyenne.
Saules et féveroles exploités pour leur nectar mais…
On retrouve des pollens de saules et de féverole dans certains échantillons de nectars, est-ce que ce résultat en garantit l’origine ? pas tout à fait…en voici les raisons :
Le saule, et particulièrement le saule Marsault, est une espèce particulièrement attractive pour les abeilles. Les abeilles peuvent produire du miel de saule, même si c’est assez rare. Retrouver du pollen de saule dans le nectar n’indique pas qu’il s’agisse de nectar de saule car chez cette espèce, le pollen et le nectar sont produits sur des plantes différentes. Si du pollen de saules se retrouve dans le nectar, c’est donc de manière fortuite.
La féverole est une plante qui produit du nectar contenu dans les fleurs et aussi ce qu’on appelle du nectar « extra-foral » produit sur les parties végétatives et par conséquent facilement accessible pour les insectes auxiliaires notamment ceux dont les pièces buccales sont courtes. De ce fait, les abeilles peuvent produire du miel de féverole qui ne contient pas de pollen de féverole. Pour cette espèce, la présence de pollen dans le nectar peut renseigner sur l’origine du nectar mais pas nécessairement ce qui constitue une limite de l’étude.
Espèces végétales dont le pollen a été détecté dans les échantillons de nectars.
Plus les cercles sont gros, plus la fréquence de détection de l’espèce dans les échantillons de nectar est élevée.
Références
Chabert S., Requier F., Chadoeuf J., Guilbaud L., Morison N., Vaissière B.E., 2021. Rapid measurement of the adult worker population size in honey bees. Ecological Indicators 122.
Remerciements
Nous remercions chaleureusement Nathalie Lanciaux ainsi que que les agriculteurs impliqués dans l’expérimentation et les apiculteurs sans qui ce travail n’aurait pu voir le jour : Arnaud Cras, Jean-François Lancry et Jean-François Vincette.