Après le lancement du projet en 2024, la réunion annuelle de 2025 d’Insérez Les s’est tenue à Rouen, dans les locaux d’Unilasalle, du 23 au 25 juin, rassemblant une cinquantaine de participants et avec deux représentants d’ANR, le financeur. L’événement a permis de travailler collectivement sur les avancées des travaux qui visent à dépasser les obstacles à l'adoption des légumineuses à graines par des actions coordonnées de l’amont à l’aval.
Les participants d'Insérez Les à Rouen, devant les quais de la ville
Pour faciliter l’adoption des légumineuses à graines par les agriculteurs, Insérez Les veut faciliter les innovations à toutes les échelles : agronomique, variétale, technologique, économique et sociétale. D’une durée de quatre ans depuis mars 2024, il fait partie de la Stratégie nationale « Alimentation durable et favorable à la santé » de France Relance 2030.
Le projet, animé par Terres Inovia, fédère 11 partenaires. « L’un des objectifs de la réunion a été atteint, avec une bonne appropriation individuelle par les différents contributeurs des enjeux collectifs de ce projet multidisciplinaire et l’identification des synergies à réaliser », résume Anne Schneider, chargée d’études de Terres Inovia et coordonnatrice d’Insérez Les.
Le programme de la réunion a permis de mixer différents types d’échanges entre participants : partage d’information en séances plénières, ateliers en sous-groupes pour avancer plus spécifiquement sur des points techniques entre deux ou plusieurs modules de travail, assemblée générale pour les sujets d’ordre statutaire et des échanges avec le financeur, table-ronde avec des invités extérieurs de la région, visites des laboratoires et d’essais au champ.
Les avancées du projet
Plusieurs formats d'échange ont été organisés
En l’espace d’un an, les différents modules de travail ont amorcé la dynamique partenariale pour préparer les sorties attendues du projet, avec :
• Les ingrédients de la recherche : l’arrivée de 2 doctorants, la mise en place des expérimentations au champ, les premières étapes de la collecte et de l’analyse de données et la mise en place de prestations avec des acteurs terrain régionaux ;
• Les premiers résultats sur les transformations des graines : les réglages du décorticage de la féverole avec une meule de pierre comme une technique appropriable par les agriculteurs ; la fermentation de graines de soja pour des produits à profils nutritionnels et sensoriels plus intéressants et la mise au point d’un couscous de pois chiche ;
• Les premiers éléments ont été mis en place pour un projet expérimental de PSE (contrat de Paiement pour Service Environnemental au bénéfice des agriculteurs) en Pays de la Loire ainsi que les enquêtes préalables pour des études économiques sur le décorticage de la féverole.
Renforcer les synergies entre l’amont et l’aval
Des visites terrain ont rassemblé les partenaires d'Insérez Les
La réunion annuelle d’Insérez Les a aussi été l’occasion de recueillir des témoignages d’acteurs régionaux œuvrant dans la chaine de valeur de ces cultures, comme la Chambre d’agriculture de Normandie, NatUp et Improve. « Depuis longtemps, la Chambre d’agriculture favorise l’utilisation de matières premières normandes, dont les légumineuses à graines. Malgré le constat d’une perte d’expertise technique et peu de transformations de proximité, on note une belle dynamique d’entreprises au niveau de la transformation pour ces espèces », a précisé Peggy Bouchez, de la Chambre d’agriculture de Normandie.
Cette table-ronde, riche en témoignages, a permis de mettre en avant la nécessité de renforcer :
la connaissance et la compréhension réciproques entre producteurs, collecteur et acteurs de la transformation ;
la visibilité par le biais des contrats entre agriculteurs et/ou collecteurs et/ou industriels pour pouvoir s’engager avec ces cultures ;
l’expertise pour mieux réussir ces cultures en développant des synergies entre les différents types de conseillers.
Les discussions ont souligné la pertinence des travaux engagés dans Inserez Les. Tous les protagonistes s’accordent sur les enjeux, mais il est essentiel de comprendre les raisons de la variabilité de rendement des légumineuses à graines et trouver des solutions pour l’atténuer en développant des innovations couplées sur l’ensemble de la chaîne de valeur. De plus, les synergies entre les acteurs sont à renforcer par un partage du risque et un accroissement de la valeur ajoutée associée à ces cultures.
France entière
Légumineuses à graines
Soja
Féverole d'hiver
Féverole de printemps
Lentille
Pois d'hiver
Pois de printemps
Pois chiche
Lupin d'hiver
Lupin de printemps
amontanravallégumineuses
L’institut technique participe à un projet de recherche et d'innovation, baptisé LegumES. Une réunion a eu lieu en mars 2025 pour faire le point sur ses avancées. Parmi les premières actions de ce projet, Terres Inovia a organisé un atelier multi-acteurs sur la perception des services écosystémiques des légumineuses.
LegumES a été mis en place pour répondre au besoin de mieux valoriser les services rendus par les légumineuses en qualifiant et quantifiant leurs services écosystémiques et les bénéfices que les citoyens en retirent à la fois en termes d’approvisionnement, de régulation et de support des agro-écosystèmes.
Ce projet ambitieux, d’un montant de 6,2 millions d'euros, a été réalisé par un consortium pluridisciplinaire de 22 partenaires issus de 12 pays de l'Union européenne. Il est financé par la Commission européenne et les gouvernements suisse et britannique.
Objectif : élaborer et adopter de meilleures pratiques
Le consortium comprend des organismes de recherche et de technologie, des entreprises et des organisations non gouvernementales, et cette complémentarité reflète le caractère multidimensionnel du défi à relever. Pour favoriser une gestion plus efficace des légumineuses sauvages et l'utilisation des légumineuses cultivées, le projet LegumES implique aussi les agriculteurs et les réseaux d'exploitations afin d’élaborer et adopter de meilleures pratiques pour la conservation et la culture des légumineuses.
Il s’agit de définir comment mieux valoriser les services rendus par les légumineuses en identifiant les conditions pour contribuer à atteindre les objectifs de l'Union européenne : réduire les intrants et les pertes agricoles, lutter contre le changement climatique, inverser la tendance à la perte de biodiversité et garantir le meilleur apport nutritionnel possible.
Les deux objectifs principaux du projet sont :
• Améliorer les connaissances et les quantifications des différents bénéfices aux différentes échelles
• Intégrer leur prise en compte dans les décisions des parties prenantes politiques et socio-économiques
Premières avancées
Lors de la réunion de Pérouse, en Italie
Après la réunion de lancement à Porto (Portugal) en février 2024, le consortium s’est réuni à nouveau du 25 au 27 mars 2025 à Pérouse en Italie.
Depuis 2024, une vingtaine d’études pilotes ont été mises en place par les partenaires dans une diversité de situations et d’objectifs régionaux, afin d’évaluer les avantages et les coûts des services écosystémiques fournis par les légumineuses à différentes échelles, du champ au territoire, de l’agriculteur au consommateur.
Un guide de méthodologies et d'outils permettant de suivre et équilibrer les avantages environnementaux et économiques issus des services fournis par les légumineuses a notamment été travaillé et mis à disposition des agriculteurs, via un appel à candidature qui va bientôt être diffusé en France.
Terres Inovia est le seul partenaire français et a mis en place deux études pilotes qui ont fait l’iobjet d’un poster à la réunion de Pérouse :
Une expérimentation pluriannuelle au champ au Subdray sur les effets du précédent cultural LAG sur les cultures suivantes
Une étude sur l’apport de ressources de la féverole pour les pollinisateurs tels que les abeilles domestiques.
Par ailleurs Terres Inovia a organisé un atelier le 9 janvier 2025 sur la « perception des services écosystémiques des légumineuses », à Paris.
Des pistes d’action pour une meilleure perception des légumineuses
La moitié des participants à la journée du 9 janvier représentait les maillons de la chaîne de valeur (des producteurs aux transformateurs) et l'autre moitié regroupait des décideurs ou acteurs de la R&D. Au cours de la journée, ils ont travaillé sur la priorisation des services pour une mise en valeur socio-économique, sur l’analyse des forces et faiblesses, les opportunités et menaces pour une série de services et les pistes pour des plans d’action pour certains d’entre eux.
La version française de l’enquête en ligne avait été réalisée avant l'événement sur le canevas européen commun. L’analyse des 47 réponses a été présentée en introduction. Ensuite, après avoir classé les différents services écosystémiques selon leur catégorie, les participants ont travaillé sur l'identification des opportunités et des menaces pour une série de services écosystémiques classés comme prioritaires pour être mis en avant pour obtenir une reconnaissance socio-économique. Ensuite, ils ont également discuté des moyens possibles d'établir un plan d'action pour exploiter davantage un service donné, au sein de trois pôles, un sur les services d’approvisionnement (et certains services de support associés), un autre sur les services de régulation (et certains services de support associés) et un troisième sur les services socio-culturels.
L’atelier a permis de réfléchir à un plan d'actions pour exploiter davantage un service donné. A titre d'exemple, pour valoriser l'intérêt des légumineuses sur l'atténuation du changement climatique, l’atelier a préconisé trois changements :
Donner plus de confiance, à la fois en termes de mécanismes d'incitation et d'importance de la mobilisation des légumineuses ;
Établir un diagnostic fiable (connaître les émissions agricoles par région pour savoir jusqu'où on peut aller, intégrer l'intérêt des légumineuses pour réduire les gaz à effet de serre dans les grandes cultures) ;
Trouver les bons outils pour favoriser la transition des systèmes agricoles et agroalimentaires. Par exemple, avoir des perspectives stables permet aux agriculteurs de faire les bons choix.
Les retours positifs des participants à la journée malgré la complexité du sujet sont encourageants. Le retour des autres ateliers sera aussi intéressant pour définir comment rebondir sur ces échanges.
France entière
Légumineuses à graines
Pois d'hiver
Pois de printemps
Féverole d'hiver
Féverole de printemps
Lentille
Pois chiche
Lupin d'hiver
Lupin de printemps
Soja
europelégumineusesservices écosystémiques
Cap Protéines+, le nouveau programme pour renforcer la souveraineté protéique française, a débuté. Ce projet d’envergure de 3 ans (2024-2027) est coordonné par Terres Inovia avec les autres instituts techniques agricoles, Arvalis, Idele, Ifip et Itavi, et l’interprofession Terres Univia. Il s’appuie sur un consortium de 117 partenaires des filières végétales et animales, avec notamment les Chambres d’agriculture, La Coopération Agricole et les lycées agricoles. Cap Protéines+ a pour ambition d’acquérir des références technico-économiques, d’accompagner les acteurs des filières et de favoriser une appropriation massive des innovations et des connaissances existantes sur les légumineuses à graines et fourragères.
Le projet Cap Protéines+ s’inscrit dans la continuité du programme Cap Protéines (2020-2022) et se positionne au coeur de la Stratégie Nationale en faveur des Protéines Végétales (SNPV). Il est doté d’un budget de 9,7 millions d’euros composé de fonds interprofessionnels, de fonds propres des membres du consortium et de financements du ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire.
Dans un contexte où l’agroécologie et les légumineuses utilisées tant en alimentation animale qu’humaine sont plus que jamais cruciales pour l’avenir de l’agriculture et de notre alimentation, Cap Protéines+ a la particularité de reposer sur un partenariat fort et diversifié d’acteurs des filières végétales et animales, portés par une volonté commune : mettre les légumineuses au coeur de notre souveraineté protéique. Ce tissu partenarial sans précédent permettra non seulement de créer une culture collective sur la production et l'usage des légumineuses mais aussi d’insuffler une dynamique dans les territoires.
Le projet fait la part belle à la production de connaissances en lien avec les problématiques de fond des légumineuses - changement climatique et baisse des intrants - mais aussi à la diffusion et à l’appropriation des connaissances, des innovations et des initiatives sur les légumineuses. Cap Protéines+ vise ainsi à répondre à cinq objectifs principaux qui dynamiseront l’amont et l’aval des filières :
Sécuriser la capacité à produire des légumineuses à graines et fourragères, en production biologique et conventionnelle, par l’évaluation et le transfert de leviers de robustesse,
Favoriser une utilisation des protéines végétales françaises par les transformateurs de l’alimentation animale et humaine,
Renforcer la structuration des filières de production et de transformation de protéines végétales sur le territoire national, dont l’Outre-Mer,
Mobiliser les acteurs des territoires pour la mise en oeuvre de stratégie d’accroissement de la souveraineté protéique,
Favoriser le transfert des résultats déjà déployables auprès des agriculteurs et des apprenants.
Cap Protéines+ repose sur quatre actions de recherche, d’innovation et de transfert complémentaires pilotés par les cinq instituts techniques agricoles, Terres Inovia, Arvalis, Idele, Ifip, Itavi, et par l’interprofession Terres Univia : sécuriser la capacité à produire des légumineuses à graines et fourragères, trouver des solutions pour l’alimentation animale, développer des ressources pour l’alimentation humaine et la structuration de filières, et assurer le transfert des solutions aux agriculteurs et aux apprenants. Les enseignements acquis seront communiqués tout au long du programme.
Un webinaire de présentation de Cap Protéines+ a été organisé dans le cadre des sessions 2025 des Jeudis de TI, le 27 février :
France entière
Légumineuses à graines
Pois d'hiver
Pois de printemps
Soja
Féverole d'hiver
Féverole de printemps
Pois chiche
Lentille
Lupin d'hiver
Lupin de printemps
Comme cette plante est capable de fixation symbiotique, l’azote de l’air ainsi capté et transformé en azote organique est intégré dans le système de production et va bénéficier au sol et aux autres cultures. De plus il peut y avoir de la rupture des cycles des bioagresseurs des cultures principales ou compagnes. Le tout se répercute sur les dimensions agronomiques mais aussi économiques : réduction possible des intrants et meilleurs rendements. Et en plus ces cultures peuvent apporter des intérêts environnementaux avec des ressources pour les insectes, des réductions des risques de pollutions des eaux et de l’air, etc.
C’est pourquoi, bien concevoir son système avec légumineuses ne sert pas qu’à produire des fourrages ou des graines riches en protéines (on parle de services rendus), alors autant en retirer tous les bénéfices en plus de la production de matières premières !
La conception d’une évolution de système de culture en 3 points
Bénéficier au mieux des effets du précédent cultural de légumineuse récoltée : bien placer le précédent légumineuse selon votre système initial (devant céréales ou colza par exemple) pour améliorer les rendements des cultures suivantes tout en réduisant les charges du système
Evaluer les performances à l’échelle pluriannuelle pour bien intégrer les effets sur le sols et entre cultures qui se suivent, en couvrant le temps d’une succession culturale complète autant que possible, ou réfléchir à l’échelle de l’assolement annuel
Faire valoir les services pour l’environnement et la société : penser au possible prix pour services rendus (atténuation du changement climatique, qualité des eaux ou de l’air, etc.)
Testez vos connaissances sur les sytèmes de culture
Avec une légumineuse à graines, j’ai moins de charges pour ma production végétale.
VRAI ! Cultiver une culture annuelle de légumineuses (pois, féverole, lentille, soja) permet l’absence d’engrais azoté pendant toute une campagne et réduit les besoins en azote des cultures suivantes. Le poste “charges opérationnelles” est largement allégé ! Vive l’azote issu de la fixation symbiotique des légumineuses !
De plus, la diversification avec cette famille botanique permet des ruptures de cycle des parasites des cultures majoritaires comme les céréales. Donc, in fine, cela permet de réduire plus facilement les produits phytosanitaires dans la succession culturale.
Vu la variabilité des rendements des protéagineux, je vais perdre en performances économiques.
FAUX ! Les rendements ne sont pas la seule composante de la multi-performance : les charges sont également un poste important. D’autant plus dans le contexte d’aléas économiques renforcés des dernières années. La plus forte variabilité des rendements des cultures de légumineuses à graines par rapport aux céréales depuis les 10 dernières années a contribué à renforcer ce sentiment de risque pour ces cultures et l’aversion au risque freine naturellement le changement.
Prendre la décision nécessite de comprendre que la vraie valeur de légumineuses à graines ne se résume pas à la marge à la culture : si on prend en compte les services rendus à la société lors de la campagne de sa culture et au système de culture les années suivantes alors sa marge réelle est en fait au moins 35% plus élevée que sa marge à la culture !
En effet, sur une série de situations en France, nos études sur des cas représentatifs montrent une possible augmentation de 8 à 20% pour la marge nette du système de culture, en moyenne pluriannuelle, quand l’agriculteur insère un pois ou une féverole dans son système de production, que ce soit en sols profonds ou en sols intermédiaires argilo-calcaires.
A l’avenir, on sait que les performances environnementales sont indispensables à intégrer en plus de la seule production à l’hectare. Un atout clair des légumineuses !
La reconception d’un système de culture nécessite un chamboulement complet.
FAUX ! L’évolution d’un système de culture (*) peut se faire par une série d’approches qui sont plus ou moins en rupture avec ce qui est pratiqué à ce jour : d’une approche de modulation pas à pas qui permet de tester un changement sans remise en cause complète à une réflexion en atelier de conception pour construire collectivement des systèmes de culture innovants. Ainsi, insérer une culture de légumineuse peut se réfléchir en premier lieu comme la nécessité d’alterner une « tête de rotation » déjà existante (par exemple un colza sur deux remplacé par un pois ou une féverole) ou alors de rallonger la rotation en permettant de rompre la succession de deux cultures céréalières. *Rappelons qu’un système de culture est un "ensemble des modalités techniques mises en œuvre sur des parcelles traitées de manière identique. Chaque système de culture se définit par la nature des cultures et leur ordre de succession, et les itinéraires techniques appliqués à ces différentes cultures, ce qui inclut le choix des variétés pour les cultures retenues“
Après un développement rapide dans les années 80, les surfaces des protéagineux ont régressé par le passé à cause des mauvais rendements
FAUX ! C’est surtout les évolutions de la PAC au cours du temps qui ont mis en exergue une forte réactivité avérée aux aides publiques ce qui n’a pas permis d’assurer une compétitivité pérenne pour les légumineuses à graines, sans industrie spécifique et fidélisée. D’où l’importance de renforcer, pour le futur, les contrats de production pour une meilleure visibilité lors de la mise en culture par une meilleure connaissance de la diversité des débouchés et une répartition juste de la valeur ajoutée pour un intérêt assuré pour l’agriculteur. En même temps, il s’agit de gérer l’interdépendance des filières de légumineuses à plus ou moins forte valeur ajoutée. https://www.terresinovia.fr/p/les-legumineuses-ouvrage-de-reference
Il est impossible d’allier économie et environnement à l’échelle de l’agriculteur
FAUX ! Des fermes existantes prouvent qu’il est possible d’allier économie et environnement dans des systèmes de culture incluant des légumineuses. (voir les annexes de l’ouvrage Légumineuses de 2015)
Les bénéfices économiques des avantages agroenvironnementaux de l’insertion des légumineuses dans la rotation (c’est-à-dire leurs «effets précédents») sont déjà liés à des réductions de charges opérationnelles, qui se révèlent dans une évaluation pluriannuelle de la marge brute. Parmi l’hétérogénéité des performances observées des exploitations agricoles (même dans un contexte identique), on constate qu’il est possible de gérer les systèmes avec légumineuses avec un succès conjoint sur les plans environnemental et économique, et que la présence de légumineuses facilite la conjugaison des deux types de performances. Un appui pertinent du conseil agricole est ici crucial pour que l’agriculteur réussisse à faire exprimer tout le potentiel de ces bénéfices agronomiques et environnementaux qui peuvent se traduire en bénéfices économiques.
La Chine est le plus grand producteur et exportateur de légumineuses au monde ?
FAUX ! Le Canada exporte plus de 6 millions de tonnes de légumineuses (surtout des pois), principalement vers l’Inde qui en est le plus grand consommateur.
Pour les légumineuses à graines, le soja représente les ¾ de la production mondiale (principalement Brésil, États-Unis et Argentine, avec essentiellement du soja OGM), mais est minoritaire en France et en Europe. Si l’Europe produit très peu de soja, elle représente en revanche environ 20% de la production mondiale de protéagineux. En dehors de l’Europe, les principales zones de production sont, pour le pois, le Canada et la Fédération de Russie, pour la féverole, la Chine, l’Afrique du Nord et l’Australie, pour les lupins, la Nouvelle-Zélande et l’Amérique du Sud.
En ce qui concerne les légumineuses prairiales et fourragères, la luzerne est la principale espèce de légumineuse fourragère en culture monospécifique au niveau mondial, tandis que le trèfle blanc occupe les surfaces les plus importantes en prairie multi-spécifique. Et le rôle de la Chine?
La demande mondiale en protéines est actuellement tirée par les pays émergents et tout particulièrement la Chine. La convergence des revenus et des régimes alimentaires à l’occidentale conduit à une demande croissante de viande (blanche surtout) et par conséquent de protéines végétales pour nourrir les animaux. La Chine développe actuellement fortement ses élevages et importe les deux tiers des échanges mondiaux de graines de soja (soit 80Mt sur les 100Mt échangés dans le monde). La tension des prix dépendant de flux commerciaux croissants risque de maintenir l’augmentation des prix à l’avenir.
Un million de légumineuses de par le monde ?
FAUX ! Les légumineuses, c’est une grande famille de 18 000 espèces différentes de plantes reconnues pour leurs gousses contenant des graines qui constituent une source alimentaire majeure pour les humains et les animaux. Sur le plan économique mondial, la famille des légumineuses est juste derrière celle des graminées car elle est utilisée dans de nombreuses industries : agriculture, construction, écotourisme, ameublement, horticulture, lutte antiparasitaire, textiles, pour ne citer que celles-là.
Les légumineuses, c’est avant tout pour le fourrage ?
Plutôt VRAI pour l’importance relative entre fourragères et graines jusqu’à présent en France !
Les légumineuses ont une place importante dans les prairies, mais une place mineure dans les systèmes de grandes cultures. En France, les légumineuses fourragères et prairiales représentent en 2015 l’équivalent de 1,7million ha (Mha) en évaluant la surface équivalente en culture monospécifique. Les surfaces fourragères représentent 12Mha avec en moyenne 20% de légumineuses associées à des graminées dans les prairies temporaires et 5 à 10% dans les prairies permanentes et 100% sur les prairies artificielles (luzerne pure). La révolution fourragère explique largement la réduction des surfaces de légumineuses fourragères en culture pure en France, de 66% dans les années 1960 (de 3,4Mha à 1,5Mha) puis de 30% au cours des 30 dernières années (moins de 1% de la SAU). A priori, les associations prairiales maintiennent leur superficie en prairies temporaires (800 000ha équivalent) et en prairies permanentes (600 000ha équivalent).
Le soja cultivé en France est en majorité de type « semi-indéterminé » !
Au cours du temps et selon les pays, on a pu observer 3 types de croissance du soja : déterminé, indéterminé et semi-indéterminé. Avec ces derniers, on observe plusieurs stades de la culture en même temps (par exemple, floraison sur le haut de la plante et formation des gousses en bas) ce qui relève d’un comportement indéterminé. Cependant, quand la plante a cumulé suffisamment de chaleur, elle arrête de produire de nouveaux étages et entre en maturité (comportement déterminé).
Un progrès génétique marqué par des variétés françaises
Grâce au progrès génétique, les variétés du catalogue français ont progressé en rendement et en teneur en protéines (en moyenne : 0,24 q/ha/an et 0,08 % de protéines/an), les deux critères les plus travaillés. La hauteur de première gousse, la tenue à la verse, le PMG et la résistance au sclérotinia ont également été fortement améliorés aux cours des dernières décennies.
Filière soja de France
Sous l’impulsion de l’Interprofession des oléo-protéagineux, 40 000 t de soja certifiés Soja de France ont été récoltées en 2019, amorçant la mise en place d’une filière de production de soja français de qualité reconnue face aux imports concurrentiels et massifs venus des grands pays producteurs, en vue d’une utilisation privilégiée par les utilisateurs français.
L’itinéraire technique en trois points
L’implantation du soja se fera avec une variété dont la précocité est adaptée au territoire. Dans une parcelle bien alimentée en eau et pauvre en calcaire actif, la graine sera semée (monograine ou semoir à céréales) dans un sol réchauffé permettant une levée rapide. Au moment du semis, de l’inoculum à base de rhizobium sera apporté si nécessaire afin de permettre la nutrition azotée de la plante via la fixation d’azote de l’air.
Le désherbage du soja est une étape clé à ne pas négliger. Plante peu couvrante, il convient d’intervenir rapidement, soit avec des stratégies chimique en pré + post levée, soit en combinant le passage d’outils (binage, herse étrille) avec un désherbage chimique. La maîtrise des adventices avec les spécialités disponibles relèvera beaucoup d’un passage ciblé dans les temps sur des adventices jeunes.
La récolte du soja s’anticipe dès le choix de la parcelle afin de permettre une récolte aisée des gousses les plus basses. Eviter les sols caillouteux et rouler au semis si possible. Le choix de variétés à gousses hautes et la maîtrise de l’enherbement faciliteront grandement la récolte qui doit s’effectuer sans attendre dès que les graines « sonnet » dans les gousses
Testez vos connaissances sur le soja
Inoculer le soja est une étape fastidieuse…
FAUX ! Il existe aujourd’hui plusieurs façons d’inoculer sa parcelle de soja. Les producteurs peuvent désormais trouver ce qui convient le plus à leur matériel et à leur disponibilité : produits liquides, sur tourbe ou en micro-granulés, produits qui peuvent s’appliquer sur les graines jusqu’à 45 jours avant semis ou semences certifiées pré-enrobées prêtes à semer.
Le soja ne se cultive que dans le Sud de la France…
FAUX ! Autrefois cantonné au Sud de la France, le soja a vu son aire de culture s’étendre fortement au cours des années. Aujourd’hui, plus de 60% du soja est cultivé au Nord de la Loire ! Des variétés plus précoces et donc plus adaptées à la moitié Nord de la France ont été sélectionnées et leur productivité a fortement augmenté ces dernières décennies.
Les parcelles ne sont pas irrigables, il n’est pas possible de faire du soja…
FAUX ! Les besoins en eau du soja sont modérés à élevés. Sans irrigation, sa culture s’envisage dans des sols à bonne réserve utile. Dans des conditions plus limitantes en eau, le potentiel de la culture peut être dégradé sans forcément remettre en cause son intérêt économique et agronomique dans la rotation.
Le soja est difficile à récolter…
FAUX ! L’agriculteur dispose de plusieurs leviers complémentaires à activer pour récolter facilement les gousses les plus basses du soja : choix variétal, préparation de la parcelle dès le semis, bonne alimentation hydrique de la parcelle, utilisation d’une coupe flexible…
Le soja ne nécessite pas d’azote minéral…
VRAI ! Comme le pois ou la féverole, le soja est une légumineuse. En symbiose avec une bactérie apportée au semis, elle capte l’azote contenu dans l’air. Un apport d’azote pourrait empêcher la mise en place puis le fonctionnement des nodosités racinaires qui permettent cette fixation de l’azote.
Le pois chiche produit différents acides à la surface de ses feuilles. Lorsqu’on entre dans une parcelle de pois chiche à floraison en milieu de journée, on est souvent surpris par l’humidité qui règne dans le couvert. Cette humidité est en réalité des exsudats acides produits par les filaments glandulaires qui couvrent la plante. Ces exsudats sont riches en acide oxalique, malique et citrique. La plante en produit en fonction de la température et cela a comme effet de tamponner l’évapotranspiration (adaptation aux températures chaudes) et de limiter les ravageurs de la culture. Attention, lorsque la production d’acide est importante, cela peut décolorer certains pantalons.
Le pois chiche craint plus les températures fraîches que chaudes à floraison. Durant la floraison et le remplissage des graines, le pois chiche supporte mal les températures fraîches. C’est-à-dire des températures moyennes journalières inférieures à 15°C. Cela provoquera des coulures de fleurs et/ou des avortements de gousses en formation. Attention, les conséquences fluctuent beaucoup en fonction des autres stress que subie la plante et de la durée du stress.
Du pois chiche dans vos mousses au chocolat. L’eau de cuisson des pois chiche possède des propriétés qui sont proches des blancs d’œufs. De ce fait, une fois émulsionnée et mélangée à du chocolat, cela donne une excellente mousse au chocolat qui ravira petit et grand. Une recette originale et anti-gaspi à retrouver ICI.
L’itinéraire technique en trois points
Implantation : Le pois chiche s’implantera rapidement dans des sols filtrants et réchauffés. Privilégier les sols alcalins qui héberge les bactéries nécessaires à la nodulation. Attention au peuplement qui pénalisera le rendement si celui-ci est insuffisant (objectif : 50 plantes/m²). La date de semis sera comprise entre la mi-décembre et la mi-mars (se référer à la carte des semis), en fonction des secteurs et des périodes favorables au semis.
La gestion des maladies : le pois chiche est particulièrement sensible à deux pathogènes : l’ascochytose et la fusariose. L’ascochytose du pois chiche se transmet par les graines et il est donc indispensable d’utiliser des semences saines pour éviter les contaminations primaires. Le programme fongicide protégera la culture des contaminations secondaires lors d’une pression peu à moyennement importante. La protection contre la fusariose est uniquement agronomique, l’objectif étant de conserver un stock d’inoculum faible. Un pois chiche qui revient seulement tous les 5 ans sur une même parcelle préserve d’un risque d’apparition de la fusariose.
L’enherbement : le pois chiche est une culture peu concurrentielle des adventices du fait de sa croissance, faible, durant toute la partie végétative. Le désherbage chimique de rattrapage est quasi inexistant et peu efficace. Il est donc nécessaire de choisir des parcelles où le stock grainier est peu important tout en évitant les flores difficiles (datura, xanthium, ambroisie, morelles noires). Le désherbage mécanique en plein est tout à fait adapté à la culture. Le positionnement se fera à l’aveugle avant la levée puis dès le stade 2-3 feuilles. Ensuite, selon le type d’implantation choisi, on pourra également utiliser la bineuse en inter-rang.
Testez vos connaissances sur le pois chiche
L’ascochytose du pois chiche est commune aux autres ascochytoses que l’on retrouve généralement chez les légumineuses à graines.
FAUX ! Les maladies que l’on nomme ascochytose sur les différentes légumineuses à graines ne proviennent pas du même pathogène (cad champignon). On citera par exemple Ascochyta rabiei pour le pois chiche, Ascochyta lentis pour la lentille, Ascochyta fabae pour la féverole ou Ascochyta pisi pour le pois protéagineux.
La mise en place des nodosités se réalise dans tous les pédoclimats en France.
FAUX ! Les bactéries, nécessaires à la symbiose avec les plantes qui génère des nodosités, ne sont pas présentes dans tous les sols. En effet, le Mesorhizobium ciceri (nom de l’espèce qui semble être la plus présente en France) préfère les conditions de sols alcalins. De ce fait, on le retrouve généralement dans les sols argilo-calcaires. Attention, à cela s’ajoute une limite géographique entre le Sud et Nord de la France. Aujourd’hui, cette frontière est mal connue mais la mise en place des nodosités est plus incertaine hors des régions historiques de production, même dans les sols alcalins.
La bruche touche la culture de pois chiche en France.
FAUX ! A ce jour, le ravageur n’est pas observé en France. De plus, la seule espèce de bruche identifiée pour le moment, qui touche le pois chiche dans le monde réalise l’ensemble de son cycle durant le stockage (contrairement à la bruche de la lentille ou de la féverole où les adultes pondent dans les graines avant la récolte).
Le pois chiche est résistant au sec et aux températures chaudes.
VRAI ! le pois chiche est une culture adaptée au climat méditerranéen et plus globalement au climat chaud et sec. Toutefois, il valorisera bien l’eau (sans excès) qui est à disposition durant son cycle. Comparativement aux protéagineux (pois et féverole), le pois chiche supporte mieux les coups de chaleur durant sa floraison.
Le pois chiche est sujet à l’enherbement.
VRAI ! Il existe aujourd’hui peu de solutions chimiques pour gérer les adventices en post levée. Pour autant, le pois chiche est une espèce qui se désherbe très bien mécaniquement, grâce à la herse étrille et la bineuse. Il est d’ailleurs plébiscité en Agriculture Biologique.
Il est inutile de semer trop dense du pois d’hiver : cela n’améliore pas le rendement et cela nuit à la rentabilité économique. De plus, la verse et le risque maladies augmentent avec la densité de peuplement
L’itinéraire technique en trois points
Date de semis :
En pois d’hiver, l’objectif est d’avoir des plantes qui ne soient pas trop développées avant les fortes gelées. Des semis trop précoces (avant le 15 novembre) conduisent à des plantes trop développées lors des gels hivernaux (résistance au gel maximale jusqu’à 3-6 feuilles) et plus sensibles aux maladies aériennes (complexe hivernal). La période optimale de semis se situe du 15 novembre jusqu’à mi-décembre.
En pois de printemps, à l’inverse, des semis trop tardifs exposent davantage les plantes à des stress hydriques et des températures élevées en fin de cycle. Il faut donc semer le plus tôt possible, dès le 15-20 février si les sols le permettent dans le Nord et le Centre de la France. En Poitou-Charentes, des semis de janvier sont préférables aux semis de février. Enfin, dans le Sud, des semis mi-décembre s’avèrent généralement plus productifs que ceux réalisés en janvier.
Implantation : Pour réussir l’implantation de la culture, le sol doit être bien aéré et sans obstacle au-delà de 10-15 cm de profondeur pour être favorable au développement des nodosités et à l’enracinement. Il faut éviter toute zone compacte et toute rupture de porosité pouvant entraîner un ennoiement superficiel ainsi que de l’asphyxie racinaire. La préparation du sol en limon battant ne doit pas être trop fine, pour limiter les risques de formation de croûte de battance. Il faut par ailleurs attendre que le sol soit bien ressuyé pour éviter les tassements, qui peuvent être occasionnés par le passage de tracteur.
Irrigation : Le pois a des besoins en eau décalés dans le temps (entre avril et juin) par rapport aux cultures d’été (soja ou maïs) et moins élevés car son cycle est court. Sa consommation est de 300 mn sur la totalité du cycle. La période de formation des graines est la plus sensible au déficit hydrique. Elle peut nécessiter, en fonction des réserves en eau du sol et de la pluviométrie, un complément d’irrigation (1 à 2 apports de 30 mm en sol profond, 3 apports de 30 mm en sol superficiel pour le pois de printemps)
Testez vos connaissances sur le pois
Le pois, ça verse. De nombreux agriculteurs ont abandonné la culture suite à des récoltes difficiles
FAUX ! Des progrès importants ont été apportés en sélection à la fois en pois de printemps et en pois d’hiver sur la tenue de tige. Les plantes des variétés récentes de pois sont maintenant plus hautes à la récolte et la récolte est facilitée. Ces nouvelles variétés peuvent permettre la culture du pois en sol caillouteux.
Rendement : les variétés récentes ont un moindre potentiel en comparaison des anciennes variétés.
FAUX ! Des progrès importants ont été apportés en sélection surtout en pois d’hiver mais également en pois de printemps sur le rendement.
Aphanomycès : le pois est une culture impossible dans certaines parcelles. / Il y a de l’Aphanomycès chez mon voisin, je ne vais pas /je ne peux plus faire du pois.
FAUX ! Il est nécessaire de vérifier la parcelle concernée car ce qui se passe sur chaque parcelle est différent. Il existe des outils pour savoir si les sols d’une parcelle sont contaminés ou non et s’il est possible de cultiver du pois. Une grille de risque a été mise au point : en relevant l’historique de la parcelle (notamment s’il y a eu du pois de cultivé et combien de fois en 15 ans), le type de sol et s’il y a eu de l’irrigation, il est possible de déterminer le niveau de risque (élevé, moyen ou faible). En fonction du résultat, il est conseillé ou non d’implanter du pois de printemps ou du pois d’hiver.
Le pois est une culture sans débouché.
FAUX ! Il existe des débouchés en alimentation humaine qui se développent actuellement (comme par exemple le burger végétal ou le pain à base de légumineuses). Il existe également une demande en alimentation animale, pour des filières de qualité, en recherche de matière première locale riche en protéines et non OGM.
Des racines protéoïdes : le lupin possède des racines dites « protéoïdes », qui lui permettent d’extraire le phosphore inorganique des sols, non utilisable par les autres cultures. Le lupin est la seule plante cultivée capable de produire de telles structures.
Une peau sublimée grâce au lupin : l’huile de lupin, le lupéol, l'alpha-lupanine, et bien d’autres composés du lupin sont aujourd’hui prisés par la cosmétique. Pour quels résultats ? une peau hydratée, rajeunie, oxygénée, à l'élasticité renforcée !
Du lupin au quotidien : On note ces dernières années en Europe, une diversification des ingrédients issus du lupin. Par exemple, on trouve à ce jour des desserts glacés, jus de lupin, desserts frais ou substituts de viande utilisant du lupin.
L’itinéraire technique en trois points
1) Stratégie d’évitement de la mouche des semis
La mouche des semis est le principal ravageur du lupin. L’adulte, attirée par les pailles en décomposition, pond dans ces dernières. La larve s’attaque au pivot du jeune lupin, provoquant la disparition de la plante. Afin de limiter le risque de ce ravageur, il est conseillé de retirer les pailles dès la récolte du précèdent, de labourer un mois avant le semis, puis de semer en bougeant le moins possible le sol afin de limiter au maximum les pontes.
2) Soigner l’implantation
Choisir une parcelle propre, non hydromorphe et sans calcaire actif. Semer à 3cm de profondeur maximum, dans un sol réchauffé, afin de favoriser une croissance rapide du lupin.
3) Porter une attention particulière au désherbage
Combiner désherbage chimique et mécanique permet d’optimiser la gestion du salissement tout au long de la campagne.
Testez vos connaissances sur le lupin
Le lupin est une culture peu couvrante / qui se salit beaucoup
VRAI ! Notamment pour le lupin d’hiver mais, le choix d’une parcelle propre et l’association de désherbage chimique et mécanique peuvent permettre une bonne gestion du salissement.
Le lupin résiste peu au froid
FAUX ! Les nouvelles variétés de lupin d’hiver peuvent résister, selon les conditions d’humidité, à des températures atteignant -13°C (il faut prendre en compte : l’humidité du sol, la présence de neige, la qualité de l’implantation...)
Le lupin n’a que peu de débouchés
FAUX ! Le lupin à de nombreux débouchés en alimentation humaine (graines entières, pépites, farines, isolats de protéines...) ou animale (#35% de protéines) mais également des débouchés cosmétiques.
Le lupin est très sensible aux maladies
VRAI et FAUX ! La principale maladie à craindre est l’anthracnose du lupin, transmissible par la semence (ce n’est pas la seule source d’inoculum), qui peut entrainer des pertes de rendement importantes.
Le lupin peut connaître des attaques de bruches au stockage
FAUX ! Le lupin n’est pas attaqué par la bruche, ni en culture, ni au stockage.
Peu de variétés sont disponibles en lupin
VRAI et FAUX ! Des variétés de lupin d’hiver et de printemps ont été inscrites ces dernières années. Néanmoins, l’offre variétale reste réduite et l’une des variétés de lupin de printemps les plus semées a.... 35 ans !
« La viande du pauvre » : avec 9g de protéines pour 100g de lentilles cuites, cette légumineuse est prisée pour sa teneur en protéines végétales et se retrouve à la base de nombreux régimes alimentaires à travers le monde (dahl en Inde, mesir wat en Éthiopie…). Toutefois, ces protéines n’apportent pas tous les acides aminés essentiels à l’organisme, il est conseillé de la combiner avec des produits céréaliers pour avoir un apport en protéines complètes.
Le lentillon de la Champagne : Variété spécifique de la Champagne, le lentillon est la seule variété de lentille de France qui se sème à l'automne car elle ne craint pas le gel ! D’une riche couleur ocre-brun, ses cotylédons sont rosés et sa chair fine ; il est toujours cultivé avec une céréale tuteur : le seigle. Aussi nommé "Lentille à la Reine", il était très apprécié par l'épouse de Louis XV, Marie Leszczynska mais n’est plus que très peu produit de nos jours.
Bien vu ! : Preuve de la grande popularité de la lentille cultivée, la lentille « plante » a donné son nom aux lentilles de verre que l’on trouve dans les instruments d’optique et donc… aux lentilles de contact !
L’itinéraire technique en trois points
1) Soigner l’implantation
La lentille valorisera des types de sols variés (argilo-calcaires superficiels, sols volcaniques…). Attention aux sols hydromorphes ou aux sols très séchants en raison de la sensibilité de la culture aux excès d’eau et au stress hydrique en fin de cycle. Choisir une parcelle propre, et semer à 4cm de profondeur maximum, dans un sol réchauffé et ressuyé afin de favoriser une levée et une croissance rapide de la lentille.
2) Ne pas se laisser envahir par les adventices
Le désherbage est une étape clé de la réussite de la culture. Du fait d’une gamme de solutions chimiques réduite et des difficultés de réalisation de désherbage mécanique dans les parcelles, le désherbage chimique de prélevée reste pivot dans la gestion du salissement des parcelles et ne doit pas être négligé.
3) Anticiper les problématiques de maladies telluriques
Un point d’attention particulier doit être porté sur le retour de la lentille dans les parcelles. Cette culture est sensible à Aphanomycès euteiches, et autres pathogènes telluriques (fusarium, pythium) qui conduisent à la mort des plantes par destruction du système racinaire (nécroses des racines). Un délai de retour d’au moins 5 ans doit être observé entre deux lentilles. En cas de présence d’autres cultures sensibles à ces pathogènes dans la rotation (pois, luzerne, gesse…), un délai de 5 ans entre ces cultures est préconisé. Il est possible de réaliser un test de potentiel infectieux pour déterminer la présence d’aphanomycès dans les parcelles.
Testez vos connaissances sur la lentille
La lentille est une culture peu couvrante, qui se salit vite.
VRAI ! Avec un port végétatif peu développé lors de la première phase du cycle, les adventices peuvent rapidement prendre le dessus. Le choix d’une parcelle la plus propre possible et une intervention de désherbage de prélevée est indispensable pour maintenir un niveau de salissement tolérable. Attention, la gamme de solutions de désherbage en postlevée est réduite.
Il y a peu de renouveau sur le choix variétal.
FAUX ! Ces dernières années plusieurs variétés, qu’elles soient vertes, corail ou blondes, ont été inscrites et multipliées.
La lentille est dure à récolter car elle verse beaucoup comme le pois protéagineux.
VRAI et FAUX ! La lentille a tendance à verser en fin de cycle en culture pure mais, une adaptation de la vitesse de chantier, l’utilisation de doigts releveurs ou d’une couple flex et un sens de récolte « à rebrousse-poil » permettent de palier à cette caractéristique.
Marché incertain : la récolte peut rester sur les bras.
VRAI et FAUX ! il existe une forte demande en lentille française. Néanmoins, comme toute culture de niche, il faut contractualiser la récolte avant d’implanter, afin d’être certain que votre collecteur puisse stocker vos lentilles.
Il existe des moyens de lutte contre la bruche de la lentille.
VRAI et FAUX ! Au champ, aucune solution efficace n’est disponible à ce jour. La lutte contre la bruche de la lentille s’effectue lors du stockage tant par des solutions physiques (surgélation, inertage) que par des solutions chimiques (insecticide de contact, fumigation).
Semer tôt la féverole de printemps, c’est possible et intéressant : Il est possible de semer tôt la féverole de printemps, sur sol gelé superficiellement, à condition de bien enfouir la graine. Pour les semis précoces de début février, semer à 6-7 cm de profondeur pour limiter le risque de gel en cours de germination. À partir du 20/02, semer à 5 cm de profondeur. Cela permet d’échapper en partie aux dégâts d’oiseaux et d’assurer une bonne sélectivité des herbicides de prélevée. Les semis précoces permettent en général d’atteindre de meilleurs rendements. En féverole d’hiver, pour les secteurs les plus froids du Centre et de l'Est, il est également nécessaire de semer profond (au moins 8 cm). Et surtout de ne pas semer trop tôt !
L’itinéraire technique en trois points
Privilégier une parcelle profonde pour la féverole : La féverole peut être cultivée dans des sols contaminés par Aphanomyces euteiches, car elle est très résistante à ce pathogène. Elle apprécie les sols profonds, aérés, non battants mais craint les sols légers, hydromorphes ou asphyxiants. Son système racinaire doit pouvoir s’installer sans rencontrer d’obstacles. Lors de la phase fin floraison-maturité, la féverole a des besoins en eau importants et craint les fortes températures (≥ 25°C). Il faut choisir un sol plutôt profond à bonne réserve en eau.
Ne pas semer la féverole trop dense : Sachant que la féverole d’hiver ramifie, il est inutile de semer plus dense que ce qui est préconisé car cela accroît les risques de verse et de maladies foliaires et peut nuire au rendement. Les densités préconisées en féverole d’hiver permettant d’être à l’optimum économique (20-25 graines/m² en sols limoneux et 30 graines/m² en sols argileux ou caillouteux) sont également moins importantes qu’en féverole de printemps (40 à 50 graines/m² dans l’ensemble de la zone de production française).
Le désherbage, un poste bien gérable en féverole : La féverole supporte bien les grands écartements et le désherbage mécanique (binage). Il est également possible de combiner un désherbage chimique en prélevée (à doses modulées) avec un ou deux passages de herse étrille entre 2 et 7 feuilles. Cela permet d’obtenir une efficacité proche de 100 %. En année climatique normale, l’efficacité obtenue est comparable à celle du désherbage chimique de prélevée seule à pleine dose. En année sèche, le passage d’outil compense bien l’efficacité moyenne du désherbage chimique de prélevée. Ainsi, la complémentarité chimique - mécanique permet d’être moins dépendant des conditions climatiques.
Testez vos connaissances sur la féverole
Il n’y a pas de solution pour lutter contre la bruche en végétation
VRAI ! Cependant, on essaie de trouver des pistes : piégeage de masse avec attractifs, recherche de variétés résistantes, tests de solutions chimiques et de produits de biocontrôle. Une lutte au stockage est par ailleurs possible (insecticide, fumigation et thermo-désinsectisation).
Les rendements sont faibles et très variables ces dernières années (effet du changement climatique ?). La culture n’est pas rentable
FAUX ! Ces dernières années, le rendement moyen des féveroles, qu’elles soient d’hiver ou de printemps, s’est stabilisé autours de 35-40q/ha. S’il est loin des records historiques, il permet néanmoins de couvrir les charges en lien avec cette culture peu exigeante, et ainsi d’en faire une culture rentable.
Le botrytis en féverole d’hiver est difficile à enrayer ainsi que la rouille en féverole d’hiver et de printemps. A ce jour, il n’existe pas de solution
FAUX ! Il faut éviter le retour trop fréquent de la féverole (minimum de 6 ans entre 2 féveroles) pour limiter les risques sanitaires. Il faut aussi raisonner les systèmes de culture (pas trop de féverole en couvert ou associée à une autre culture comme le colza) car cela augmente les risques de maladies si la féverole est cultivée ensuite en culture principale. Des variétés résistantes sont recherchées. Pour la rouille, il existe des produits efficaces mais il faut les appliquer dès la présence des premières pustules.
A cause de la bruche, il n’y a plus de débouchés pour la féverole. Certaines coopératives ont arrêté la collecte
FAUX ! En alimentation animale, des débouchés existent, avec une exigence moindre par rapport au taux de graines bruchées. De nouveaux débouchés sont par ailleurs recherchés en alimentation humaine, qui pourraient nécessiter également moins d’exigence sur le taux de graines bruchées.
En effet, la bruche peut poser un problème uniquement pour la qualité visuelle nécessaire aux débouchés qui utilisent la graine entière comme les exports pour l’alimentation humaine, par exemple vers l’Egypte. En France, l’agroalimentaire recherche de plus en plus des protéines végétales : comme pour les pâtes à tartiner style Tartimouss dans la Somme, ou pour des ingrédients protéiques plus ou moins concentrés (pour des aliments sportifs ou seniors). Par ailleurs, les éleveurs ou fabricants d’aliments du bétail n’ont jamais assez de sources de protéines végétales nationales pour nourrir leurs animaux ! Ils doivent recourir aux tourteaux de soja (largement importés !). Actuellement, de nombreuses coopératives s’intéressent à nouveau à la féverole. Progressons collectivement vers la souveraineté nationale en protéines végétales ! https://www.terresinovia.fr/cap-proteines