Stratégies herbicides en tournesol
Raisonner la lutte herbicide selon la flore attendue sur la parcelle et respecter les modalités d'application.
Prélevée : les associations au cœur de la stratégie
- En cas de forte pression en graminées et renouées, préférer une association à base de pendiméthaline (Atic-Aqua, Dakota-P), Mercantor Gold et Dakota-P contre graminées et morelle, et Novall contre ammi majus et graminées.
- Ces associations se feront avec des produits plus ciblés sur les dicotylédones, dont les doses peuvent être modulées sur chénopode, amarante (Challenge 600 2,5 l/ha, Racer ME 1,8 l/ha, PROMAN 2 l/ha). Les doses contre renouée liseron en forte pression doivent se rapprocher de la dose d’homologation : CHALLENGE 3 à 3.5 l/ha, RACER ME 2 l/ha, PROMAN 2,5 l/ha.
- L’efficacité des herbicides de prélevée dépend de l’état du sol lors de l’application (humidité suffisante, structure non motteuse).
Plus d'informations sur PROMAN en fin d'article dans la rubrique "documents à télécharger".
Le désherbage de prélevée exige une certaine humidité : L’efficacité des produits racinaires est optimale sur des préparations de sol fines, avec peu ou sans résidus en surface. Une application immédiate après le semis permet à l’herbicide de profiter de la fraîcheur du sol et de mieux se diffuser. L’absence de pluie dans les 3 semaines suivant l’application est néfaste à leur efficacité, surtout sur flores difficiles (renouées, morelle, ambroisie, etc…).
L’incorporation de la pendiméthaline (Prowl 400, Atic-Aqua) améliore la régularité d’action.
Infestation d’ambroisie à feuilles d’armoise et de graminées dans du tournesol
Post-levée : choix variétal et stade d’application
- PULSAR 40 (variétés Clearfield), PASSAT PLUS (variétés Clearfield Plus) et EXPRESS SX (variétés ExpressSun) ne s’utilisent que sur des variétés tolérantes. Attention aux confusions de variétés ou à la dérive de bouillie qui endommageraient la culture de variétés sensibles.
- Respecter les conditions d’application : stade 4 feuilles du tournesol (environ 1 mois après le semis) et stade des adventices difficiles (4 feuilles maxi, 3-4 feuilles des graminées, avant tallage). Au-delà, l’efficacité décroche rapidement sur ambroisie, chénopode, ammi majus, renouées, tournesol sauvage, panic. En cas de fractionnement (sur ambroisie notamment), anticiper l’application : première application à 2-3 feuilles du tournesol, puis deuxième application 8-10 jours plus tard. Dans ce cas, pour PULSAR 40, utiliser un adjuvant de type Actirob B
Lire l'article "Le tournesol tolérant aux herbicides"
Plus d'informations sur l'intérêt de PASSAT PLUS(sur variétés Clearfield Plus) par rapport à PULSAR 40 en fin d'article dans la rubrique "documents à télécharger".
Post-levée : programmes avec prélevée
- PULSAR 40 ou PASSAT PLUS : le programme est conseillé en présence de digitaire, forte pression panic, helminthie, séneçon, matricaire, anthémis. Pour la renouée liseron, choisir la pendiméthaline (ATIC-AQUA, PROWL 400) ou DAKOTA-P en prélevée.
- EXPRESS SX : le programme est conseillé en présence de graminées et de gaillet. Seul un mélange d’EXPRESS SX avec STRATOS ULTRA 1,2 l/ha + Dash HC peut convenir pour une action tout en post-levée sur graminées.
Doses et positionnement de la post-levée
- Moduler la dose uniquement sur flore très sensible :
- PULSAR 40 1 l/ha ou 0,8 l/ha + huile (type Actirob B) ou Passat Plus 1,3 l/ha : après une prélevée ou en présence d’amarante, morelle, datura, renouée persicaire, crucifères, facile à détruire.
- Express SX 30 g/ha + Trend 90 : chénopode, amarante, datura, renouée persicaire, crucifères, laiteron.
- Fractionnement de la pleine dose : première application 2-3 feuilles du tournesol puis renouveler 8-10 jours plus tard. Cette solution est plus efficace sur ammi majus, ambroisie, laiteron, matricaire, anthémis, voire renouée liseron.
Plus d'informations sur la dose de PULSAR 40 et PASSAT PLUS selon la flore en fin d'article dans la rubrique "documents à télécharger".
VIBALLA, la nouveauté désherbage 2023 en post-levée du tournesol
Infestation de chénopode non maitrisée dans une parcelle de tournesol
Un spectre intéressant
Côté spectre, le VIBALLA apporte un réel intérêt sur chénopode, gaillet, mercuriale, ammi-majus, abutilon, et surtout ambroisie.
Il est moyen à satisfaisant sur Xanthium (plante surtout présente dans le Sud-ouest de la France) mais en deçà des autres solutions de postlevée et insuffisant sur amarante, anthémis/matricaire, laiteron, Datura, séneçon et renouées. VIBALLA n’a pas d’action sur graminées et une prélevée à base d’un antigraminées est indispensable. On peut lui associer deux types de partenaires comme DAKOTA-P s ou ATIC AQUA qui pourront de surcroit pallier le manque d’efficacité sur renouée. Pour ces deux produits de prélevée, il est préférable de viser une dose de 2,5 l/ha.
Un plus sur ambroisie
Plantule d’ambrosie dans un tournesol
VIBALLA apporte indéniablement un plus dans les situations à risque Ambroisie (plante malheureusement présente sur plusieurs territoires, du Sud de la France jusqu’au sud de l’Alsace) avec une efficacité nettement supérieure aux solutions de type PASSAT PLUS ou EXPRESS SX. Comme précédemment décrit, la prélevée restera à base de DAKOTA-P ou ATIC-AQUA. Mais pour les fortes pression ambroisie, cette prélevée peut être construite de la façon suivante : ATIC-AQUA ou DAKOTA P à 2 l/ha en association avec PROMAN 1,5 l/ha.
Produits et stratégies herbicides
- Les produits herbicides et leurs efficacités (document à télécharger en fin d'article)
- Exemples de stratégies selon vos principales mauvaises herbes (document à télécharger en fin d'article)
Adventices difficiles à contrôler
Gestion des adventices difficiles en tournesol et en soja
Gestion de l’ambroisie en tournesol et en soja
Lutter contre les tournesols sauvages
Le désherbage, deuxième poste de charge après les variétés
Pour limiter les surcoûts, les producteurs doivent tenir compte de fondamentaux agronomiques et de la flore présente. Dans certaines situations (graminées, chénopode, amarante) la dose d'herbicide peut être réduite : Challenge à 2.5 l/ha et Racer ME à 1.8 l/ha. Enfin, l’herbicide de prélevée appliqué sur le rang suivi d’un binage est aussi un moyen de baisser significativement le coût du poste herbicide.
Gérer la résistance aux herbicides
Il y a d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes, pour cela il faut se renseigner sur les leviers et méthodes de lutte agronomiques disponibles.
Documents à télécharger
Lutter préventivement contre les maladies grâce au traitement de semences
L’ascochytose causée par Ascochyta fabae est une maladie qui peut être transmise par des semences contaminées. Pour limiter le développement d’un inoculum primaire, l’utilisation de lots de semences saines et le traitement de ces semences sont primordiaux. Un produit est homologué : Wakil XL à 0,1 kg/q.
Ascochytose sur feuille de féverole.
Ce produit est également efficace contre les fontes de semis et les nécroses racinaires précoces (Fusarium sp, Phoma sp, Rhizoctonia sp, Pythium sp).
La protection contre le mildiou (Peronospora viciae) est également assurée par le traitement de semences Wakil XL à 0,1 kg/q. Il n’existe aucun traitement efficace en végétation.
Place de la féverole dans la rotation vis-à-vis des maladies
Un délai de 6 ans minimum est préconisé entre deux féveroles afin de limiter les risques sanitaires. Il est recommandé d’éviter les couverts de féverole lorsque cette espèce est déjà présente en culture de rente dans la parcelle. Un couvert de féverole ne doit pas jamais précéder une féverole.
La féverole est une légumineuse très résistante à l’aphanomyces (Aphanomyces euteiches) et elle ne multiplie pas le pathogène dans le sol. Alterner pois et féverole dans les parcelles saines ou faiblement contaminées permet de préserver l’état sanitaire du sol. Lorsque la parcelle est fortement contaminée, la féverole peut remplacer le pois.
Désherbage du tournesol: privilégier les méthodes de lutte agronomique
Gérer les mauvaises herbes avant le semis
- Une des clés de la réussite réside dans la mise en oeuvre de méthodes préventives qui faciliteront la maîtrise des adventices en culture.
- Si possible, la combinaison de plusieurs techniques de lutte pour limiter la pression des adventices doit être privilégiée.
| Espèces | Rotation diversifiée | Déchaumages/ déstockage d'été | Faux-semis (avant semis de culture suivante) | Décalage de la date de semis (sauf colza) | Labour occasionnel |
| Panic pied de coq | |||||
| Sétaires | |||||
| Digitaire sanguine | |||||
| Amarante réfléchie et A. hybride | |||||
| Ambroisie à feuille d'armoise | |||||
| Chénopode | |||||
| Datura stramoine | |||||
| Mercuriale annuelle | |||||
| Stellaire intermédiaire | |||||
| Tournesol sauvage | |||||
| Vergerette | |||||
| Xanthium (lampourde à gros fruits) |
| Bonne efficacité | |
| Efficacité moyenne ou irrégulière | |
| Efficacité insuffisante ou très aléatoire | |
| Efficacité nulle ou technique non pertinente |
Diversifier les rotations
La rotation de cultures diversifiées sur une même parcelle constitue un des leviers agronomiques les plus efficaces dans le cadre d’une gestion à long terme des adventices. En effet, chaque créneau de date de semis est favorable à des adventices dont les levées préférentielles coïncident avec celles des cultures (exemple : vulpin et blé d’hiver, géraniums et colza, sanve et pois de printemps, morelle et tournesol, etc).
Morelle noire
Varier les successions culturales dans les rotations permet d'empêcher ou de perturber la germination et la croissance des adventices.
Les différentes pratiques associées à chaque culture (labour/non labour, préparation du lit de semences, dates et techniques de semis) concourent à la diversité des pratiques culturales qui agissent sur le stock semencier.
Eviter les rotations courtes (tournesol-blé, colza-blé, colza-blé-orge, par exemple) qui aboutissent à la prédominance d’espèces spécialisées, calées sur les cycles culturaux. Par exemple, en rotation tournesol-blé, les ray-grass, ammi majus, datura, xanthium, ambroisie ou encore les chardons et les liserons seront favorisés par un retour fréquent du tournesol dans la même parcelle.
Ammi majus
Profiter des différentes familles chimiques disponibles : par exemple contrôler le chardon dans les céréales ou durant l’interculture limite le problème dans le tournesol ou le soja. Inversement, pour combattre les graminées difficiles à détruire dans les céréales (ex : ray-grass), on pourra s’appuyer sur la gamme anti-graminées qu’offrent les oléagineux et le tournesol en particulier.
Travailler le sol en interculture
En interagissant avec les conditions pédoclimatiques, les travaux du sol ont des effets importants sur l’évolution de la flore adventice dans les systèmes de culture.
- effets directs en interculture par l'élimination des plantes annuelles présentes après la récolte ou par le sectionnement des rhizomes de vivaces,
- effets indirects sur le stock semencier présent dans les premiers horizons du sol : en enfouissant ou en remontant des graines, en levant des dormances ou en mettant en dormance des graines, etc.
Le labour permet de « tamponner » les évolutions de flore : s’il n’est pas trop dressé, il enfouit une grande majorité du stock semencier superficiel, et remonte les graines jusqu’alors incapables de germer car trop profondes. Il élimine, par la même occasion les adventices levées. Les graines en profondeur perdent leur viabilité au cours du temps (les graminées beaucoup plus rapidement que les dicotylédones).
Attention, sur l’intégralité de la rotation, ne labourer que tous les 3-4 ans, afin d’éviter le mélange des horizons et l’homogénéisation de la répartition du stock de semences. Labourer en terre ressuyée à 15-20 cm de profondeur et utiliser des rasettes pour un meilleur retournement du sol.
Le déchaumage doit être réalisé avant la grenaison des adventices, le plus souvent dans la foulée de la récolte. Il peut stimuler la levée groupée de certaines espèces à la faveur d’un temps humide et doux. On obtient alors le résultat recherché par la technique du faux-semis (réaliser alors un travail superficiel rappuyé). Pour détruire des adventices à des stades avancés, privilégier les déchaumeurs à socs larges et plats (type Horsch Terrano) ou les cultivateurs à dents rigides (type Lemken Smaragd).
Le faux-semis consiste à préparer un lit de semences fin et rappuyé très tôt avant le « vrai » semis du tournesol. Il s'avère efficace pour limiter en amont l'enherbement du tournesol s'il est réalisé assez tôt avant le semis (ex mi-mars). Le sol ne doit pas être travaillé par la suite (ou superficiellement) pour ne pas remettre des graines en germination. Pour détruire les adventices levées, il est préférable d’utiliser un herbicide total en présemis ou postsemis - prélevée du tournesol. Une façon superficielle risquerait d’assécher le sol en surface. Le faux semis couplé à un report de date de semis (fin avril) apporte un intérêt tout particulier dans la lutte contre des espèces annuelles capables de germer tôt dans le tournesol : renouée liseron, ammi élevé, ambroisie, tournesol sauvage et xanthium par exemple.
Principe du faux-semis avant tournesol :
Pour réussir les faux-semis : après la reprise du labour, dès les premiers signes de réchauffement, faites une première préparation superficielle du sol avec un outil à dents (vibroculteur, herse plate, herse de déchaumage ou herse étrille), à une profondeur ne dépassant pas 5 cm, sur sol ressuyé et avant une petite pluie. Compléter par un rappuyage. Dès que le sol reverdit, renouveler l’opération si possible, et ce à des profondeurs décroissantes pour ne pas remonter de graines en surface (on peut terminer les préparations du sol à la herse étrille par exemple).
En sol argileux, une préparation précoce est nécessaire. En sol limoneux, les façons printanières suffisent.
Et qu’en est-il des couverts ?
L’implantation de couverts en interculture longue est fréquente et dans certaines conditions elle peut s’avérer intéressante sur les adventices. En effet, des résultats d’essai ont montré qu’un couvert bien développé qui produit une forte biomasse a un effet directement visible sur le niveau d’infestation des adventices en comparaison avec un sol nu. La gestion des adventices avant semis du tournesol s’en retrouve donc facilitée, car le niveau d’infestation est plus faible dans le couvert volumineux.
Des outils pour vous faciliter la reconnaissance et la gestion
Pour gérer la résistance aux herbicides |
Lutter contre les crucifères en colza
Les plus connues sont la moutarde des champs (ou sanve), la ravenelle, le sisymbre et la capselle, présentes depuis longtemps dans le colza.
Ravenelles dans un champ de colza
Depuis une vingtaine d’années, la calépine, la barbarée et le rapistre se développent localement. Des espèces comme le passerage ou le tabouret progressent dans les parcelles. Cette situation s'explique par la faible efficacité des herbicides sur ces espèces et le retour fréquent du colza dans les parcelles.
Reconnaître les crucifères
Barbarée intermédiaire (Barbarea intermedia)
1. Plantule - 2. Plante adulte
- Cotylédons allongés avec un fin pétiole
- Premières feuilles entières ; les suivantes découpées, dentées, avec l’extrémité en forme de cœur.
- Plante sans poils, de 30 à 80 cm, à feuillage vert franc très luisant
- Fleurs jaune pâle
- Siliques parallèles à la tige
Calépine (Calepina irregularis)
Calépine plante adulte
- Cotylédons ovales, arrondis, non symétriques
- Limbes de la plantule tachés de fines ponctuations noirâtres
- Premières feuilles entières ; les suivantes en forme de violon
- Plante totalement sans poils, de 25 à 60 cm de haut, de couleur vert-jaunâtre glauque
- Petites fleurs à pétales blancs inégaux
- Siliques en forme de citron, portées par des pédoncules arqués vers le haut
Capselle (Capsella bursa pastoris)
Capselle
- Cotylédons de petite taille, en forme de losange, avec un pétiole court
- Plantule à feuilles alternes en rosette. Les premières feuilles ont un limbe entier, elliptique. Les suivantes sont de plus en plus dentées, mais peuvent présenter des formes diverses
- Présence de poils simples et ramifiés, en étoile sur les premières feuilles, et la base des feuilles adultes (critères sûrs de détermination, observables à la loupe)
- Plante de 20 à 50 cm de haut
- Petites fleurs blanches
- Fruits caractéristiques, triangulaires et aplatis
Diplotaxis fausse roquette (Diplotaxis erucoides)
Diplotaxis en floraison
- Spécificité géographique : est présent principalement dans le Sud
- Cotylédons glabres et petits, en forme de cœur allongé
- Plantule à feuilles alternes ; l’axe hypocotylé est très court
- Feuilles obovales. Les premières sont dentées, puis elles deviennent de plus en plus divisées, avec une pilosité caractéristique, coudée couchée
- Plante adulte de 30 à 60 cm de hauteur
- Fleurs en grappes, blanches veinées de rose, virant au violet en vieillissant
- Siliques courtes, de 20 à 35 mm, avec un pédicelle court et poilu
Moutarde noire (Brassica nigra L.)
1. Champ de moutarde - 2. plante adulte
- Spécificité géographique : se rencontre fréquemment dans les colzas du Sud-Ouest, dans les sols argileux. Elle est très concurrentielle.
- Cotylédons en cœur déformé et profondément échancrés
- Plantule à feuilles alternes avec premières feuilles divisées ou à lobes
Myagre perfolié (Myagrum perfoliatum)
Myagre perfolié
- Spécificité géographique : localement très présent dans le Sud, se trouve surtout sur les sols calcaires ou argilo-calcaires.
- Cotylédons assez grands et elliptiques (15-20 mm de long)
- Plantule assez charnue, cireuse, d’un vert bleuté
- Premières feuilles sinuées ; les suivantes lobées et divisées, avec une nervure blanche, large et saillante en face inférieure
- Plante adulte glabre, de 30 à 110 cm de hauteur
- Fleurs petites, jaune pâles, en grappes
- Fruits : silicules trapézoïdales caractéristiques, contenant 3 loges dont seule la basale renferme une graine fertile
Passerage des champs (Lepidium campestre)
Passerage des champs
- Cotylédons elliptiques, de 12 à 15 mm
- Plantule en rosette. Premières feuilles ovales, entières ; les suivantes plus allongées, lobées
- Plante adulte de 20 à 50 cm de haut
- Fleurs en grappes denses, divisées, de couleur blanche
- Poils denses et courts donnant à la plante une couleur grisâtre
- Fruits : silicules ovales, couverts d’écailles, échancrées au sommet
Rapistre rugueux (Rapistrum rugosum)
Rapistre rugueux
- Spécificité géographique : rencontré principalement dans le Sud, est également présent en Bourgogne et dans le Centre-Ouest. On le retrouve fréquemment, et parfois abondamment, dans toutes les cultures. Il affectionne particulièrement les sols calcaires.
- Cotylédons moyens, échancrés et glabres
- Plantule avec feuilles faiblement poilues et peu divisées ; les suivantes poilues, lobées puis divisées
- Plante adulte de 40 à 140 cm de haut, vert pâle, avec des ramifications se développant souvent à l’horizontale
- Fleurs de petite taille, jaune citron
- Fruits : silicules pointues, de 4 à 10 mm de long, indéhiscentes avec 2 articles dont l’inférieur contient une graine
Ravenelle (Raphanus raphanistrum)
1. Plantule - 2. Plante adulte
- Spécificité géographique : se cantonne préférentiellement aux sols siliceux, argilo-siliceux et limoneux (par exemple Boischaut, Perche, Sologne et boulbènes du Sud-Ouest). Elle est très nuisible en cas de levée tardive du colza ou lorsque le gel est insuffisant pour la détruire, comme c’est le cas sur la façade atlantique. Une lutte spécifique fondée sur une intervention précoce est alors indispensable, surtout pour les colzas implantés fin août.
- Cotylédons de grande taille, en forme de cœur, échancrés, sans poils. La longueur du pétiole est supérieure à celle du limbe
- Feuilles alternes, disposées en rosette ; divisées, jusqu’à la nervure médiane ; hérissées de poils raides, rugueuses au toucher
- Fleurs blanches ou jaunes très pâles, souvent veinées de violet
Sanve/Moutarde des champs (Sinapsis arvensis)
1. champ infesté - 2. plantule
- Spécificité géographique : marque une nette prédilection pour les sols argilo-calcaires et se rencontre dans 10 % des parcelles de colza.
- Cotylédons de grande taille, plus larges que longs, en forme de cœur. La longueur du pétiole est égale à celle du limbe
- Feuilles alternes disposées en rosette ; lobées, rarement divisées, velues mais lisses au toucher
- Plante adulte de 30 à 80 cm de hauteur
- Fleurs jaunes
Sisymbre officinal (Sisymbrium officinale)
Sisymbre officinal
- Spécificité géographique : se retrouve dans toutes les grandes zones de culture du colza.
- Cotylédons petits, elliptiques
- Plantule en rosette couverte de poils simples
- Feuilles pétiolées, divisées, à lobes profonds, pétiole violacé ; lobe supérieur en forme de hallebarde
- Plante adulte de plus de 1 mètre de haut, raide
- Fleurs petites, jaune pâle
- Siliques petites (1 à 2 cm), étroitement appliquées contre la tige
|
|
Répartition géographique des principales crucifères adventices du colza
Dégâts et pertes
Les crucifères adventices sont à l’origine de pertes de rendement importantes et d’une mauvaise qualité de récolte. Elles exercent une compétition directe et précoce sur le colza en raison de leur grande taille et de leur développement plus rapide. Elles peuvent entraîner jusqu’à 50 % de perte de rendement en cas d’infestation massive.
Leur présence peut aussi affecter la qualité de la récolte du colza en augmentant sa teneur en glucosinolates. Par ailleurs, les graines de certaines espèces (sanve) sont toxiques pour le bétail.
Combiner les moyens de lutte
Aucune solution n’est parfaite pour lutter contre les crucifères, mais la combinaison de plusieurs techniques (moyens de lutte agronomiques, mécaniques et chimiques) permet de résoudre tout ou partie des problèmes rencontrés.
Les pratiques agronomiques
Mettre en œuvre un maximum de leviers agronomiques permet de compléter l’action des produits phytosanitaires voire de réduire leur utilisation.
Le faux-semis reste la meilleure des solutions préventives. Il sera efficace sur la plupart des crucifères dont les graines sont non-dormantes, à condition d’être soigné (affinage du sol, 5 cm de profondeur maxi). Le faux-semis est une technique à répéter tout au long de la rotation, dans chaque interculture (idéalement début septembre ou début mars).
Dans les essais Terres Inovia, la pratique d’un déchaumage profond puis d’un déchaumage superficiel a montré un meilleur déstockage de ravenelle et de moutarde des champs en interculture (levées plus nombreuses que les autres modalités). L’absence de déchaumage ne permet pas de faire lever de sanve et moins de ravenelle que les déchaumages.
Effet du travail du sol en interculture colza-blé
Ainsi, pour faire lever un maximum de ravenelles et de sanves, réaliser un travail profond post-récolte (fin juillet) puis un travail superficiel rappuyé fin août.
Cependant, comme le meilleur moyen de faire lever des repousses de colza (dans l’interculture après la récolte du colza et avant un blé) est de ne pas toucher le sol après la récolte ou de réaliser un travail superficiel post-récolte de profondeur maximum de 7-8 cm (en tout cas de ne pas réaliser de travail profond post-récolte qui enfouirait les graines), le meilleur compromis de gestion de repousses colza ET de gestion des crucifères adventices est donc de réaliser un travail superficiel post-récolte puis un travail superficiel et rappuyé fin août.
Enfin, il ne faut pas oublier que la réussite des faux-semis est fortement conditionnée à la météo estivale, la date des interventions de travail du sol, leur profondeur ainsi que l’outil utilisé pour les réaliser.
- Un assolement diversifié avec des dates de semis étalées freinera l’extension de certaines espèces mais sans « casser » totalement les cycles : les levées peuvent avoir lieu aussi bien au printemps qu’en fin d’été et début d’automne.
- NB : le labour, en revanche, aura peu d’effet sur les crucifères car les graines ensevelies ne perdront pas de sitôt leur capacité germinative. Certains chercheurs ont même démontré que la viabilité des graines tend à augmenter avec la profondeur d’enfouissement.
La lutte mécanique en culture
Le désherbage mécanique (bineuse, herse étrille et houe rotative) se révèle intéressant sur les crucifères à condition de profiter de plages météo propices et d’intervenir très tôt sur des adventices faiblement enracinées : stade fil blanc-cotylédon pour la herse étrille et la houe rotative ; 2-3 feuilles pour le binage. Ne pas hésiter à intervenir plusieurs fois si les conditions le permettent.
Le désherbage chimique
Le désherbage de prélevée peut suffire sur quelques crucifères réputées faciles à contrôler, à condition d'opter pour le bon produit ou le bon programme (exemple : sisymbre, capselle, faible infestation de moutarde noire).
Colza live : formations en ligne au fil de la campagne
D’une durée de 2h, répartis au fil de la campagne, les sept modules de formation Colza Live permettent de tout savoir sur les facteurs clés de la réussite du colza
S'inscrire à la formation
Méthodes de désherbage durable des oléoprotéagineux
Dans un contexte de réduction de l’utilisation des herbicides et de progression des phénomènes de résistance, la gestion des adventices doit se réfléchir à l’échelle de la rotation en intégrant les leviers agronomiques, en raisonnant les interventions chimiques et en introduisant des techniques complémentaires comme le désherbage mixte et mécanique.
S'inscrire à la formation
Outil Infloweb - Connaitre les adventices
Une mine d’informations et de conseils sur plus de 40 adventices majeures des grandes cultures
Accéder à l'outilDocuments à télécharger
Les stratégies herbicides pour le colza
La connaissance de la flore des parcelles et leur niveau de pression aide à définir le meilleur rapport qualité prix du programme adéquat.
Présemis incorporé
La napropamide incorporée (COLZAMID, etc..,.) offre une action un peu moins sensible aux conditions sèches que la prélevée. Elle s’utilise en général dans le cadre d’un programme suivi d’une application de prélevée. La dose de 1.5 l/ha peut suffire pour une programme présemis puis prélevée contre géraniums, coquelicot, gaillet, mercuriale, véronique feuille de lierre, barbarée, carotte sauvage. Pour un programme visant les graminées en forte pression, préférer une dose de 2 l/ha. La napropamide incorporée peut aussi être envisagée suivie d’une postlevée type KERB ou IELO.
Prélevée
L’application unique en post-semis prélevée représente la majorité des stratégies herbicides.
Cette stratégie, simple, en un seul passage est bien adaptée aux flores simples. Les points faibles peuvent être le manque de régularité en conditions sèches ou le manque d’efficacité sur des flores telles que le géranium, certaines flores spécifiques type chardon-marie, érodium, sanve, ravenelle ou encore les fortes pressions en ray-grass et vulpin. Le géranium, le coquelicot, le gaillet, le sysimbre vont spécifiquement orienter le choix du produit
Les associations avec clomazone permettent de renforcer l'efficacité sur gaillet, ammi-majus, sisymbre. Les associations avec quinmérac (Rapsan TDI, Alabama, etc…,.) permettent un meilleur contrôle sur gaillet, ammi-majus, coquelicot. Springbok ou Alabama (à la dose de 2.5 l/ha ou 2 l/ha en programme avec IELO) sont notamment choisi pour leur action sur géraniums. Par contre les associations très renforcées et onéreuses type Alabama 2 l/ha + Kilat 1 l/ha, Colzor Trio 3 l/ha + Springbok 2 l/ha, etc., ne sont pas très bien valorisées à l’exception d’un renfort sur passerage ou barbarée.
Contre le vulpin, les bases avec métazachlore sont à préférer. Contre ray-grass, les bases dimétachlore, métazachlore associé ou non au dmta-P et les bases avec péthoxamide sont d’un niveau d’efficacité assez proche.
Les programmes avec prélevée suivi de Ielo
Programme très complet sur dicotylédones et graminées. Ielo apporte un bon complément sur géraniums, astéracées (matricaire, chardon-marie, bleuet, séneçon, etc...,), coquelicot voire mercuriale, lampsane, pensée et fumeterre. La dose de prélevée est modulée à 2/3 ou 3/4 de la dose (l/ha). Il y a de bonnes performances de programmes type métazachlore 1,2 à 1,5 l/ha ou Axter 1,5 l/ha suivi de Ielo, y compris sur géranium disséqué (du niveau d’Alabama à pleine dose). Cependant, l'efficacité sur géranium à tige grêle et gaillet dépend du choix de la prélevée. Enfin, ce programme intégrant la propyzamide offre un excellent contrôle sur graminées dont le brome.
FOX associé à IELO permet un renforcement des programmes précédemment cités sur géranium, sanve, pensée, fumeterre, coquelicot, erodium. Un programme métazachlore 1.2 l/ha puis IELO 1.5 l/ha + FOX 1 l/ha présente un meilleur rapport qualité prix qu’ALABAMA 2.5 l/ha puis KERB FLO.
IELO peut aussi être renforcé par un mélange avec CALLISTO contre calépine, sanve et chardon-marie.
Postlevée sur dicotylédones : stratégies et rattrapage
Les rattrapages ou les compléments de postlevée se raisonnent dès le début du mois d’octobre par un tour de plaine. Certaines adventices doivent être contrôlées assez tôt car ensuite elles deviennent beaucoup moins sensibles aux herbicides : coquelicot, lycopsis, ravenelle.
les solutions de postlevée sur dicotylédones
Exemples de programmes les plus adaptés selon la flore
Document à retrouver en fin d'article dans la partie "document(s) à télécharger".
Efficacité des programmes (tableau herbicides)
Document à retrouver en fin d'article dans la partie "document(s) à télécharger".
Gestion des graminées
Stratégie de lutte contre les graminées
Caractéristiques des produits
Document à retrouver en fin d'article dans la partie "document(s) à télécharger".
Conditions d’application des produits
Document à retrouver en fin d'article dans la partie "document(s) à télécharger".
Conditions d'utilisation du Métazachlore et du Diméthachlore
Afin de limiter les risques de diffusion dans les eaux (pollution diffuse et pollution ponctuelle), il est nécessaire de veiller à certaines conditions lors de l'épandage.
Document à retrouver en fin d'article dans la partie "document(s) à télécharger".
Phytotoxicité, manque de sélectivité
Pour plus d'informations, lire l'article
Gérer la résistance aux herbicides
De part des modes d’action différents de ceux utilisés en culture de céréales, la culture du colza est un moyen contribuer à la gestion du risque de résistance des graminées et des dicotylédones au mode d’action inhibiteur de l’ALS (groupe HRAC B) tel que les sulfonylurées et les triazolopyrimidines (ABAK, OCTOGON, etc.). Estimez ce risque de résistance avec R-SIM.
Terres Inovia, ARVALIS-Institut du végétal, l’ITB et l'ACTA proposent l'outil en ligne R-sim, qui permet d'évaluer le risque d'apparition d'adventices résistantes selon les pratiques herbicides envisagées sur la parcelle
R-sim est disponible dans notre catalogue d'outils
Il existe d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes et il est important de se renseigner sur ces leviers agronomiques de gestion des dicotylédones en colza.
Outil R-sim - Risque de résistance
Un simulateur pour évaluer le risque d'apparition de résistances selon ses pratiques herbicides
Accéder à l'outil
Méthodes de désherbage durable des oléoprotéagineux
Dans un contexte de réduction de l’utilisation des herbicides et de progression des phénomènes de résistance, la gestion des adventices doit se réfléchir à l’échelle de la rotation en intégrant les leviers agronomiques, en raisonnant les interventions chimiques et en introduisant des techniques complémentaires comme le désherbage mixte et mécanique.
S'inscrire à la formation
Evaluation des intrants
Conception, suivi et expertise d’essais en stations TI, gestion de réseaux d’expérimentation thématiques labellisés TI, conduite d’essais EOR, evaluation et expertise marché
Nous contacterDocuments à télécharger
Choisir sa variété de lin oléagineux de printemps avec Myvar®
Myvar® la plateforme de Terres Inovia qui révolutionne votre choix variétal
Tout ce dont vous avez besoin pour choisir vos variétés d'oléagineux, protéagineux. Consultez les caractéristiques des variétés, choisissez vos variétés selon vos critères ou bien laissez vous guider par nos experts.
Accéder aux dernières publications disponibles sur Myvar® en lin oléagineux de printemps
Désherbage mécanique ou mixte du colza avec la houe rotative
La houe rotative, possible mais très technique
Avantages et inconvénients de la houe rotative
Constituée de roues dentées qui frappent le sol à haute vitesse et arrachent les adventices, la houe rotative comme la herse étrille désherbe toute la surface du sol, sans contrainte d’écartement de semis. Malgré une largeur inférieure à la herse (de 4.70 m à 6 m en général, voire 9 m), la houe permet des débits de chantiers élevés grâce à une vitesse de passage élevée (15 à 18 km/h). La houe peut être utilisée pour d’autres fonctions (écroûtage par exemple). La houe est très sélective du colza. Son utilisation est possible après un passage pluvieux dès lors que la terre ne colle plus aux roues du tracteur.
Les principales limites de cet outil sont un investissement élevé et un créneau d’efficacité étroit : passé le stade de 2-3 feuilles du colza, il est très difficile de détruire les adventices avec cet outil car elles sont alors généralement trop développées.
Comment passer la houe rotative ?
Le réglage de l’agressivité de la houe se fait uniquement avec la vitesse d’avancement de l’outil (rapide pour une bonne efficacité mais plus lente pour une bonne sélectivité sur culture jeune) et la profondeur de travail (on peut descendre un peu plus lorsque la culture est plus enracinée et plus développée).
Pour un bon passage, il faut :
- une bonne structure du sol (éviter les sols excessivement tassés, battus ou au contraire trop souples).
- des résidus de culture absents (labour) ou bien dégradés
- une densité de semis + élevée pour compenser les pertes dues aux interventions (jusqu’à 10 %)
- une culture homogène, saine, vigoureuse et « poussante »
- une profondeur de passage de 2 à 4 cm selon l’état du sol et la sensibilité de la culture
Pour obtenir la meilleure efficacité, la houe rotative est préconisée à des stades précoces : du stade de germination à 3 feuilles du colza. En effet, elle peut se passer en aveugle, c’est-à-dire en prélevée, ce qui permet de déraciner les jeunes adventices en train de germer suite au passage du semoir de la culture. Ensuite, les passages possibles à tous les stades jusqu’à 3 feuilles du colza permettront de continuer à déraciner les jeunes levées d’adventices.
Pour une bonne réussite, le sol doit être suffisamment sec en surface et la météo clémente durant les 3 à 4 jours suivant l'intervention pour que les adventices se dessèchent rapidement après le passage de l’outil. Cet outil est particulièrement adapté aux sols limoneux.
Quels résultats ?
La meilleure efficacité est obtenue sur des adventices très jeunes, voire en cours de germination. Ensuite, l’efficacité diminue fortement quand le stade des adventices augmente. Et ce d’autant plus pour la houe que pour la herse. Ainsi, l’efficacité de la herse reste bonne jusqu’au stade 4 feuilles des adventices, tandis que celle de la houe est valable jusqu’à 2 voire 3 feuilles.
Efficacité de la herse et de la houe selon le stades adventices
| Germination | Cotylédons | 2 feuilles | 3 feuilles | 4 feuilles | 5 feuilles | |
| Herse | +++ | +++ | +++ | +++ | +++ | -- |
| Houe | +++ | +++ | +++ | - | --- | --- |
| Condtion favorable | +++ |
| Condition peu défavorable | - |
| Condition moyennement défavorable | -- |
| Condition très défavorable | --- |
L’efficacité moyenne d’un passage d’outil n’est jamais très élevée. Elle peut assez fortement varier selon les conditions d’intervention : stade des mauvaises herbes en premier lieu, mais aussi état du sol, conditions météo suivant l’intervention etc. Il est donc nécessaire de renouveler les passages au moins 2 fois pour détruire la majorité des mauvaises herbes, mais également pour gérer les nouvelles levées, spécialement pour les mauvaises herbes levant en plusieurs cohortes bien distinctes.
L’efficacité des outils est plus faible sur graminées que sur dicotylédones, car à stade équivalent les graminées sont plus difficiles à détruire en raison de leur système racinaire mieux ancré au sol.
Dans les essais Terres Inovia, l’efficacité de la houe rotative semble moins aléatoire que celle de la herse étrille (écarts-types plus faibles sur houe rotative que sur herse étrille).
Il existe d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes et il est important de se renseigner sur ces leviers agronomiques de gestion des dicotylédones en colza.
Pour en savoir plus, consulter les articles sur :
Documents à télécharger
Désherbage mécanique ou mixte du colza avec herse étrille
La herse étrille, agressive pour les jeunes plantules
Intérêts de la herse étrille
La herse-étrille présente plusieurs avantages dont celui d’un débit de chantier important grâce à une largeur de travail conséquente (12 m de large, voire 24 m) et une vitesse de passage élevée (4 à 8 km/h).
Elle ne nécessite pas un matériel de semis spécifique et l’investissement est assez limité.
La herse étrille peut apporter des solutions contre certaines flores qu’il est difficile de détruire chimiquement, sauf si l’infestation est trop importante. On observe en effet que ces outils sont capables de détruire les géraniums et les crucifères adventices lorsque l’intervention est précoce.
Comment passer la herse étrille ?
La herse étrille est équipée de dents longues et souples dont l’agressivité et les vibrations déracinent les plantules. Toute la surface de la parcelle est travaillée. Le réglage de l’agressivité de la herse est possible en jouant sur l’inclinaison des dents (plus les dents sont verticales, plus l’agressivité est forte), la profondeur de travail et la vitesse d’avancement (rapide pour une bonne efficacité mais plus lente pour une bonne sélectivité sur culture jeune).
Pour un bon passage, il faut :
- une bonne structure du sol (éviter les sols excessivement tassés, battus ou au contraire trop souples).
- des résidus de culture absents (labour) ou bien dégradés
- une densité de semis + élevée pour compenser les pertes dues aux interventions (jusqu’à 10 %)
- une culture homogène, saine, vigoureuse et « poussante »
- une profondeur de passage de 2 à 4 cm selon l’état du sol et la sensibilité de la culture
La herse étrille peut se passer en aveugle, c’est-à-dire en prélevée, ce qui permet de déraciner les jeunes adventices en train de germer suite au passage du semoir de la culture. Ensuite, on peut la passer au stade 3 feuilles du colza avec prudence ou bien à partir de 4 feuilles jusqu’au stade rosette.
Stades d’intervention en colza :
Les passages de herse entre les stades "cotylédons" et "2 feuilles" du colza sont à proscrire. Par ailleurs, il est recommandé de tenir compte, lors du semis du colza, d’une perte de pieds oscillant entre 9 et 15% à chaque passage de l’outil. Ajuster la densité de semis à la tactique envisagée.
Pour une bonne réussite, le sol doit être suffisamment sec en surface et la météo clémente durant les 3 à 4 jours suivant l'intervention pour que les adventices se dessèchent rapidement après le passage de l’outil. En limon battant, cet outil est délicat à utiliser même en conditions sèches car son agressivité ne suffit pas pour briser la croûte de battance.
Les réglages de l’outil conditionnent l’efficacité. Il faut trouver le compromis « efficacité/sélectivité ». Sur adventices plus développées dans un colza lui aussi plus développé, les outils peuvent être réglés de façon plus agressive pour une meilleure efficacité sans mettre en cause la sélectivité. Les réglages peuvent être assez fastidieux dans les sols hétérogènes.
Quels résultats ?
La meilleure efficacité est obtenue sur des adventices très jeunes, voire en cours de germination. Ensuite, l’efficacité diminue fortement quand le stade des adventices augmente.
L’efficacité moyenne d’un passage d’outil n’est jamais très élevée. Elle peut assez fortement varier selon les conditions d’intervention : stade des mauvaises herbes en premier lieu, mais aussi état du sol, conditions météo suivant l’intervention etc. Il est donc nécessaire de renouveler les passages au moins 2 fois pour détruire la majorité des mauvaises herbes, mais également pour gérer les nouvelles levées, spécialement pour les mauvaises herbes levant en plusieurs cohortes bien distinctes.
L’efficacité des outils est plus faible sur graminées que sur dicotylédones, car à stade équivalent les graminées sont plus difficiles à détruire en raison de leur système racinaire mieux ancré au sol.
Efficacité de la herse étrille selon le stade des adventices au moment du passage
| Efficacité par passage (% de destruction des adventices) | |||||
| Stade de l'adventice | zone observée | min | max | moy | Nombre d'observations |
|
≤ 2 feuilles |
inter-rang + rang | 0% | 89% | 50% | 14 |
| > 2 feuilles | inter-rang + rang | 0% | 92% | 25% | 19 |
Efficacité de la herse étrille selon le type d’adventice
| Efficacité du passage (% de destruction des adventices) | |||||
| Adventice | zone observée | min | max | moy | nombre d'observations |
| Graminées | inter-rang + rang | 0% | 100% | 50% | 17 |
| Dicotylédones | inter-rang + rang | 35% | 89% | 64% | 18 |
Itinéraires de désherbage mixte
En situation de faibles pressions en dicotylédones et en graminées, il est possible de réaliser les stratégies suivantes :
NB : la herse étrille n’est pas proposée dans la 3ème stratégie car elle n’est pas intéressante à 4-6 feuilles en l’absence d’herbicides de prélevée au préalable ; en effet les adventices seront trop développées.
En situation de forte pression en dicotylédones mais faible pression de graminées, il est possible de réaliser les stratégies suivantes :
NB : la herse étrille n’est pas proposée dans la 3ème stratégie car elle n’est pas intéressante à 4-6 feuilles en l’absence d’herbicides de prélevée au préalable ; en effet les adventices seront trop développées.
En situations de forte pression graminées (et de pression dicotylédones faible ou forte), la propyzamide est de toute façon indispensable. Par conséquent le désherbage mécanique n’apporte pas spécialement de plus-value par rapport à la propyzamide donc dans ces situations de fortes pressions graminées, l’insertion du désherbage mécanique n’est pas spécialement conseillée.
Il existe d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes et il est important de se renseigner sur ces leviers agronomiques de gestion des dicotylédones en colza.
Pour en savoir plus, consultez nos articles sur :
Documents à télécharger
Désherbage mécanique ou mixte du colza avec binage
Pourquoi biner ?
Par rapport à la herse étrille et la houe rotative, la bineuse est efficace contre des mauvaises herbes plus développées donc son utilisation se fera à des stades de développement plus tardifs.
Le binage complète efficacement l'action des herbicides. C’est particulièrement vrai en présence d’adventices difficiles ou qui n’ont pas été contrôlées par les programmes mis en œuvre (spectre d’efficacité insuffisant, conditions sèches après l’application).
Le binage est réalisable à partir de 3 feuilles du colza avec des protèges plants et une vitesse faible (environ 4 km/h), ou de 4 feuilles à la reprise de végétation de sortie d’hiver sans protèges-plants. En avançant dans le cycle on peut se permettre d’augmenter la vitesse de passage (jusqu’à 10 km/h).
Pour une bonne réussite du binage du colza, il faut en amont soigner la préparation du sol, bien entendu prévoir un grand écartement (au moins 40 cm) et exclure les parcelles à gros cailloux. Penser à intervenir tôt en début d’automne. Pour passer au bon moment, observer très régulièrement la dynamique de levée des adventices. Le sol doit être ressuyé et le temps séchant les jours suivants pour éviter que les mauvaises herbes ne se repiquent. Un second binage peut s’envisager si besoin en entrée ou sortie hiver. Adapter alors la profondeur de travail, le choix des dents et socs au comportement du sol.
La bineuse est équipée de socs (plats ou en forme de pattes d’oie) qui sectionnent les racines des mauvaises herbes présentes dans l’inter-rang. Par projection de terre au pied des plantes, les adventices présentes sur le rang peuvent être étouffées (fonction buttage), lorsque les disques protège-plantes sont relevés. Les lames « Lelièvre » et les moulinets (doigts kress par exemple) permettent de se rapprocher le plus possible du rang. Il existe différents systèmes de guidage.
Quels résultats ?
L’efficacité du binage est conditionnée par
- l’état du sol, qui doit être sec lors du passage de la bineuse,
- le stade des adventices, qui doivent être jeunes,
- la météo qui doit être clémente les 3-4 jours suivant l'intervention pour que les adventices sèchent rapidement après le passage de l'outil.
L’efficacité dans l’inter-rang est très bonne sur des mauvaises herbes jeunes (jusqu’à 3-4 feuilles pour les dicotylédones et avant tallage pour les graminées) ; si les adventices sont plus développées l’efficacité du binage sera moyenne. Sur le rang, l’efficacité est nulle mais si la vitesse du passage est élevée il peut y avoir une certaine efficacité par buttage de terre ou grâce aux éléments comme les moulinets ou les lames Lelièvre.
Données Terres Inovia 1993 à 2014
Les performances du binage sont très variables, de 50 à 100 % sur dicotylédones. L’efficacité est comparable sur graminées mais les résultats sont plus aléatoires et, au-delà de 4-5 feuilles, leur destruction est plus difficile. Si l’efficacité du binage en pourcentage de destruction est parfois jugée moyenne, il ne faut pas oublier que les adventices restantes sont affaiblies, ce qui handicape leur développement ultérieur et leur faculté à produire des semences.
Efficacité de la bineuse selon le type d’adventice
| Efficacité par passage (% de destruction des adventices) | |||||
| Adventice | zone observée | min | max | moy | Nombre d'observations |
| Graminées | inter-rang | 34% | 100% | 72% | 10 |
| rang | 0% | 72% | 34% | 10 | |
| inter-rang + rang | 4% | 100% | 54% | 13 | |
| Dicotylédones | inter-rang | 64% | 96% | 82% | 37 |
| rang | 0% | 81% | 31% | 37 | |
| inter-rang + rang | 30% | 100% | 63% | 72 | |
La notation effectuée sur le rang prend en compte la zone non travaillée par les dents, de la bineuse (environ 10 cm de part et d'autre de la ligne de semis).
Itinéraires techniques mixtes combinant bineuse et herbicides
La technique "herbisemis puis binage" réduit les quantités d’herbicides à l’hectare
Le binage peut s’associer à un désherbage chimique de prélevée sur le rang au moment du semis (c’est l’HERBISEMIS). Ainsi la surface pulvérisée diminue de 2/3. La complémentarité herbisemis (traitement sur le rang) et binage (lutte mécanique dans l’interrang) est une des techniques de désherbage mixte. La technique a montré de bonnes performances technico-économiques pour le désherbage car l’efficacité, même si légèrement inférieure à un traitement en plein, est satisfaisante sur les flores du colza et l’IFT herbicide est diminué. La combinaison désherbage chimique de prélevée localisé au semis (herbisemis) et binage est donc une piste intéressante.
Performances de différentes stratégies alternatives avec binage testées par Terres Inovia (en % de destruction des adventices, toutes espèces confondues) :
"référence chimique" : programme à base de produit de prélevée du colza (type COLZOR, NOVALL…)
"référence chimique allégé" : intègre soit une réduction de dose de traitement de prélevée soit une substitution du traitement de présemis par le binage
Si le binage seul reste souvent insuffisant, plusieurs essais montrent que les programmes de désherbage intégrant l'herbisemis (herbicide de prélevée sur le rang puis binage) donnent d’aussi bons résultats que les programmes chimiques classiques. L’intérêt de cette technique « combinée » réside aussi dans la possibilité de raisonner en post-levée. Il est possible de ne pas intervenir mécaniquement si l’état de salissement de la parcelle ne le justifie pas. Il faut noter que le colza dispose d’une capacité naturelle d’étouffement qu’il est judicieux de mettre à profit dans la lutte contre les adventices.
Cette technique est possible sur toutes les parcelles cultivées avec un inter-rang large (idéal à partir de 45 cm). Plus l’écartement est important, plus la quantité d’herbicides est réduite. Il est nécessaire d'équiper le semoir d’un kit de pulvérisation pour le désherbage localisé.
Vidéos sur l’herbisemis :
La technique « pulvérisation localisée d’herbicide sur le rang puis binage » est pertinente
La pulvérisation localisée sur le rang au moyen d’une rampe grande largeur adaptée (de type Maréchal) puis binage dans l’inter-rang a été évaluée par le projet Ecophyto II du nom de PLEVOP (Pulvérisation Localisée En Végétation sur Oléagineux et Protéagineux), financé par l’OFB. La rampe de pulvérisation MARECHAL permet de ne traiter que 44% de la surface (soit 20cm sur le rang, pour un écartement de 45 cm).
Des essais sur colza réalisés en Lorraine par Terres Inovia entre 2017 et 2020, en collaboration avec la Coopérative Agricole Lorraine, ont montré que la technique de désherbage mixte (herbicide localisé sur le rang puis binage) en post-levée du colza était tout à fait pertinente et semblable à un traitement en plein, à condition de pouvoir biner au moins 1 fois. En effet, l’efficacité moyenne à mauvaise de la modalité « traitement localisé non biné » montre l’importance du binage pour atteindre un désherbage satisfaisant sur toute la surface.
Quel guidage en pratique ?
Différents modes de guidage de la rampe (GPS, trace, caméra…) ont été testés. Il s’avère que sur des terres à colza qui peuvent être parfois irrégulières, le guidage trace n’est pas toujours adapté. Les guidages par caméra et par GPS sont bien adaptés et satisfaisants. Cependant, le guidage caméra étant plus coûteux que le guidage GPS, ce dernier semble suffisant.
Calculer les doses d’eau et de produit pour un traitement localisé sur le rang, un casse-tête ?
Terres Inovia, en partenariat avec AgroSupDijon et la société SUDUINNOV, a conçu une application smartphone android qui permet de calculer les réglages optimums d’une pulvérisation localisée efficace (choix de la buse, angle, volume, quantité de produit, vitesse, etc…) en fonction de la culture et de son stade (hauteur, largeur de la biomasse de la culture, etc…). Les paramètres de sortie sont, selon le choix de l’utilisateur : le volume ou la vitesse ou le débit (choix de la buse). L’Outil d’Aide à la Décision calcule aussi le gain de produit phytosanitaire non pulvérisé en %.
Accessible sur PlayStore, son nom est PréciLoc
Télécharger l'application sur Google Play Store
Les agriculteurs/expérimentateurs peuvent l’utiliser facilement au champ. Selon leur souhait, plusieurs options de traitement sont possibles : traitement localisé sur l’ensemble du champ, traitement en plein sur les bords de champ et localisé pour tout le reste de la parcelle et enfin traitement en plein sur toute la surface. L’OAD calculera les doses de produit et les volumes d’eau correspondants. L’historique des pulvérisations est enregistré dans l’application et peut être réutilisé pour des traitements ultérieurs.
Finalement quels intérêts ?
Terres Inovia a également fait un bilan technico-économique de cette technique.
Sur la base du barème APCA 2017, la pulvérisation localisée avec une rampe Maréchal de 36 rangs qui fait 150 ha/an en moyenne (avec un tracteur de 120 CV qui fait 700h/an) coûte 23,8 €/ha, en prenant en compte les frais d’amortissement, d’entretien, de carburant et de main d’œuvre, tant pour la rampe que pour le tracteur.
Avec une hypothèse de coût moyen herbicide de 100 €/ha, la pulvérisation localisée, grâce au gain de produit non appliqué dans l’inter-rang, a un coût herbicide de 44€/ha puisque pour un écartement de 45 cm et une largeur de bande traitée de 20 cm, on ne traite que 44% de la surface. On obtient donc les comparaison de coûts suivantes :
Si on prend également en compte le temps de travail et le gain environnemental (IFT), la technique « pulvérisation localisée Maréchal puis binage » est intermédiaire et plutôt un bon compromis.
NB : le désherbinage, qui consiste à traiter sur le rang de la culture levée et à biner en même temps avec un seul et même outil (une désherbineuse), n’est pas conseillé car les conditions favorables à ces deux opérations sont rarement réunies : sol ressuyé et temps séchant pour le binage et hygrométrie suffisante pour le traitement avec absence de vent.
Pour plus de renseignements sur les résultats de ce projet
Itinéraires de désherbage mixte
En situation de faibles pressions en dicotylédones et en graminées, il est possible de réaliser les stratégies suivantes :
NB : la herse étrille n’est pas proposée dans la 3ème stratégie car elle n’est pas intéressante à 4-6 feuilles en l’absence d’herbicides de prélevée au préalable ; en effet les adventices seront trop développées.
En situation de forte pression en dicotylédones mais faible pression de graminées, il est possible de réaliser les stratégies suivantes :
NB : la herse étrille n’est pas proposée dans la 3ème stratégie car elle n’est pas intéressante à 4-6 feuilles en l’absence d’herbicides de prélevée au préalable ; en effet les adventices seront trop développées.
En situations de forte pression graminées (et de pression dicotylédones faible ou forte), la propyzamide est de toute façon indispensable. Par conséquent le désherbage mécanique n’apporte pas spécialement de plus-value par rapport à la propyzamide donc dans ces situations de fortes pressions graminées, l’insertion du désherbage mécanique n’est pas spécialement conseillée.
Il existe d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes et il est important de se renseigner sur ces leviers agronomiques de gestion des dicotylédones en colza.
Pour en savoir plus, consulter les articles sur :
Documents à télécharger