Protéi’Sol : « Cap Agronomie® apporte une très belle plus-value au projet »
Terres Inovia est partenaire du projet Protéi’Sol, piloté par Earthworm Foundation, pour encourager à des pratiques agricoles régénératrices et durables. L’institut technique y anime des formations sur le terrain auprès de techniciens et d’agriculteurs des Hauts-de-France dans le cadre du programme Cap Agronomie®. Focus sur ce partenariat avec Marie-Pierre Albouy-Duclercq, responsable des partenariats d’Earthworm Foundation.

Marie-Pierre Albouy-Duclercq, responsable des partenariats d’Earthworm Foundation
Quelles sont les missions d’Earthworm Foundation ?
Cette organisation internationale à but non lucratif travaille dans de nombreux pays, dont la France, pour fédérer les acteurs de l’amont et de l’aval dans un seul but : accompagner les acteurs des filières pour un changement de pratiques visant à régénérer et améliorer la santé des sols. En tant qu’organisme neutre, il joue donc un rôle de catalyseur pour faire travailler ensemble tous les maillons de la chaîne, des agriculteurs et coopératives aux distributeurs.
D’où est né le partenariat avec Terres Inovia ?
L’objectif de Protéi’Sol est de structurer la filière des légumineuses locales, tout en renforçant la résilience agricole et en promouvant des pratiques durables dans les Hauts-de-France. Ce projet, qui bénéficie du soutien financier de l'Union européenne et de la Région Hauts-de-France, avait besoin d’un appui fort sur le terrain, au cœur des bassins de production. C’est justement le rôle de Terres Inovia comme partenaire technique sur le projet.
En quoi consiste ce rôle ?
L’institut forme 30 agriculteurs et 6 techniciens de la coopérative Noriap aux pratiques agroécologiques dans le cadre du programme Cap Agronomie®. Depuis juin 2024, l’institut technique les accompagne pour une durée de deux ans, avec une session tous les deux-trois mois, sur le terrain.
Sur quoi l'institut les accompagne ?
Essentiellement l’implantation et le suivi des légumineuses (tels que le pois et la féverole) durant tout le cycle de culture, toujours avec une vision systémique de l’exploitation et un élargissement à la fertilité des sols. Il s’agit aussi de redonner goût à la culture des légumineuses. Ce sont des espèces qui peuvent être complexes à produire, tout l’enjeu est de leur donner confiance dans ces cultures.
Qu’est-ce que Cap Agronomie® apporte au projet Protéi’Sol ?
Ces formations très concrètes permettent de diffuser toutes les connaissances techniques sur les légumineuses. Le savoir-faire technique ayant été perdu, il y a un réel besoin d’accompagnement pour rassurer les agriculteurs sur ces cultures et sur leur rentabilité à l’échelle du système. Cet accompagnement est particulièrement abouti, fait sur-mesure car il y a un suivi tout au long de la campagne et il permet aussi une montée en compétence des techniciens de Noriap. C’est une belle plus-value apportée au projet.
L’une des forces de Protéi’Sol, c’est aussi le lien important avec l’aval de la production ?
Oui, c’est un projet co-construit et financé en partenariat, avec à ce jour 4 entreprises : Auchan, Lidl, Purina et les Mousquetaires. Ce lien entre l’amont et l’aval permettra de rassurer les agriculteurs sur la valorisation des débouchés de leurs productions pour l’alimentation animale. Les enseignes cherchent en effet à expérimenter des alternatives locales au tourteau de soja importé.
Ce projet est coordonné par Earthworm et bénéficie du soutien financier de la Région Hauts de France et de l’Union Européenne.
Chiffres clés
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Arpège : un projet novateur pour l’agriculture régénérative
Au Salon International de l’Agriculture, une conférence de presse a permis de présenter ce projet, dont Terres Inovia est partenaire, et qui ambitionne de développer l’agriculture régénérative et les légumineuses dans le Centre Val-de Loire à grande échelle.
La présentation d'Arpège lors de la conférence de presse organisée au Salon International de l'Agriculture
Comment adopter des pratiques vertueuses pour façonner l’agriculture de demain ? C’est l’objectif d’Arpège, un projet piloté par Axereal et porté par un consortium comprenant Terres Inovia, Unilasalle, Axa Climate, Genesis et Fertiberry semences.
Développer des filières agricoles vertueuses
Financé par BPI France dans le cadre du plan d’investissement France 2030, il vise à déployer l’agriculture régénérative à grande échelle avec le développement de productions de légumineuses sur le territoire Centre-Val de Loire.
Concrètement, le projet vise à développer des filières agricoles vertueuses afin de renforcer la résilience des exploitations, améliorer la santé des sols, réduire l’impact environnemental et assurer la viabilité économique des producteurs.
Arpège souhaite en particulier rendre concrètes les solutions d’allongement de la rotation à échelle des exploitations, en optimisant le potentiel de production et les bienfaits environnementaux des cultures bas carbone et bas intrants.
Les 4 axes du projet
• Mesurer pour agir : évaluation de l’impact des pratiques régénératives sur la santé des sols;
• Innover pour produire mieux : expérimentations pour déplafonner et améliorer la productivité des cultures bas-intrants;
• Anticiper le futur : concevoir des rotations adaptées aux défis climatiques de demain;
• Former et transformer : accompagner les agriculteurs, moderniser et adapter les infrastructures de stockage des grains.
Les différentes étapes
Le projet Arpege a démarré en 2024 pour quatre ans, avec trois étapes clés :
• Expérimentations de cultures de bas-intrants, avec un suivi sur toute la durée du projet, basée sur les pratiques existantes
• Etat des lieux de la santé du sol : une première évaluation sera faite en juin 2025
• Mesure des impacts : en 2027, analyse de la santé des sols suite aux changements de pratiques
Des essais auront lieu chez des agriculteurs de toute la région Centre-Val de Loire. Ils sont également déployés dans les différentes stations expérimentales agronomiques des partenaires (notamment le réseau Syppre). Objectif ? Avoir, fin 2026, 2 000 agriculteurs qui cultivent en agriculture régénérative.
Gilles Robillard, président de Terres Inovia
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Terres Inovia se mobilise pour la fertilité des sols
Lors de la 22éme conférence de l’ISTRO, qui s’est tenue au 22 au 27 septembre à Virginia Beach (Etats-Unis), Terres Inovia a pu valoriser ses travaux pour améliorer la fertilité des sols.
La réussite de l’implantation et la fertilité des sols, des axes forts de recherche pour l’institut
"Living roots, living soils", racines vivantes, sols vivants : tel était le thème de la 22ème conférence de l’ISTRO, l’organisation internationale de recherche sur le sol et le travail du sol. Or, Terres Inovia a fait des cultures robustes un marqueur et de la réussite de l’implantation et de la fertilité des sols ses piliers.
L'institut ne pouvait donc pas manquer ce rendez-vous international. Domitille Jamet, chargée d’études systèmes de culture et agronomie, Michael Geloen, ingénieur de développement, et Stéphane Cadoux, responsable du département agronomie, économie et environnement, se sont donc rendus à Virginia Beach, aux Etats-Unis, du 22 au 27 septembre.
Favoriser la durabilité des systèmes de production
La conférence a permis de partager des travaux très variés autour de l’amélioration de la fertilité des sols, du travail du sol ou encore des couverts végétaux pour favoriser la durabilité des systèmes de production de grandes cultures.
La conférence a accueilli 150 personnes issues de la recherche et du développement. Au total, 200 travaux y ont été présentés sous forme de posters ou de présentations orales. Une grande diversité de contextes agricoles a pu être détaillée, puisque 35 pays différents, sur les 5 continents, étaient représentés
Posters et présentations orales ont animé la 22éme conférence d'ISTRO
De l’agriculture régénératrice à la sécurité alimentaire
La conférence de l’ISTRO était organisée autour de différentes thématiques, plutôt techniques, telles que le travail du sol, la gestion du sol et de la ressource en eau, la biologie du sol, la protection des cultures, la fertilité et la nutrition des plantes. D’autres sujets plus généraux ont aussi été abordés, comme l’agriculture régénérative, le respect de l’environnement, la recherche participative et le développement agricole, la sécurité alimentaire mondiale ou encore l’agriculture de précision.
Des journées terrain
La journée de terrain qui a suivi a été l’occasion pour les participants de découvrir les systèmes de production locaux, basé sur des systèmes maïs-soja, ainsi que des dispositifs de R&D comme une station d’expérimentation sur les couverts végétauxet la politique de d’accompagnement des agriculteurs à la mise en place de couverts aux Etats-Unis.
Une présentation lors de la journée terrain organisée par l'ISTRO
Quels travaux présentés par Terres Inovia ?
Cette conférence a permis à Terres Inovia de partager ses travaux menés sur les couverts végétaux, les méthodes d’évaluation et de pilotage de la fertilité des sols, les travaux d’accompagnement de groupes d’agriculteurs innovant sur ces thématiques ou encore sur les essais systèmes de culture.
Michaël Geloen a présenté les travaux d'accompagnement d'agriculteurs du réseau Magellan
Domitille Jamet a détaillé les travaux du réseau de systèmes innovants Syppre
L’institut a pu expliquer les principes de la méthode test bêche développée par Terres Inovia, qui fait écho à d’autres méthodes d’évaluation de la structure du sol portées par des membres de l’ISTRO. A noter que la méthode de l’institut se démarque par sa simplicité d’utilisation et son lien avec un conseil opérationnel de travail du sol.
Plus d'informations sur le test bêche
La démarche et les outils d’accompagnement de groupes d’agriculteurs, mis au point avec le GIEE Magellan, et déployés plus largement par Terres Inovia pour accompagner la transition agroécologique des exploitations agricoles, notamment au travers du service Cap Agronomie® ont aussi été présentés.
Plus d'informations sur Cap Agronomie
Plus d'informations sur le GIEE Magellan
Les experts de Terres Inovia ont également mis en avant l’utilisation de l’outil tableau de bord pour piloter l’amélioration de la fertilité des sols en exploitation agricole, à partir des travaux réalisés dans le cadre du projet Transi’sols avec des groupes d’agriculteurs.
Plus d'informations sur le projet Transi'sols
Egalement, les essais des systèmes de culture innovants Syppre et des stratégies conçues pour améliorer la fertilité des sols, et les résultats de performance de ces systèmes, ont été détaillés.
Plus d'informations sur Syppre
L’institut technique a mis aussi à la disposition des participants un poster sur la conduite des couverts semi-permanent, et les intérêts de cette pratique pour le système (fertilité des sols, gestions des adventices…) à partir des travaux menés avec le GIEE Magellan.
Autre poster présenté : l’approche Biofunctool, développée par l’IRD et CIRAD, qui propose des mesures simples et faisables au champs pour une évaluation globale de la capacité du sol à fournir des services. Elle est utilisée aujourd’hui par Terres Inovia pour évaluer l’effet de pratiques agronomiques, telle que les couverts végétaux, sur la fertilité des sols.
Retrouvez les posters présentés par Terres Inovia en pièces jointes
Documents à télécharger
Fonctionnement des sols : des projets et outils au service des agriculteurs
Les récents travaux de recherche portent un regard innovant sur nos agroécosystèmes, en mettant davantage l’accent sur le fonctionnement du sol et les leviers pour l’améliorer.
Lors des 3e Rencontres des grandes cultures bio, Anne-Sophie Perrin (Terres Inovia)
- aux côtés de deux autres spécialistes – a présenté
la vision récente issue des travaux de recherche sur la fertilité des sols.
Crédit : Terres Inovia, I. Lartigot
Le sol peut être décrit comme un milieu tridimensionnel composé de particules minérales, de matières organiques, d’eau et d’air. Il accueille une multitude d’organismes vivants (microorganismes, macro- et mésofaune, racines). Ces organismes ne font pas qu’habiter le sol : ils en sont une partie intégrante.
Le sol est depuis longtemps un objet d’étude en agriculture et notamment sa « fertilité ». Celle-ci peut se définir comme la capacité du sol à répondre durablement sous un climat donné aux besoins physiques, chimiques et biologiques nécessaires à la croissance des plantes, assurant leur productivité, leur reproduction et leur qualité. Pour les agronomes, ces trois piliers sont interdépendants, et la prise en compte de l'un ne doit pas faire oublier les autres. Ainsi, la composante biologique, même si elle devient de plus en plus accessible, devra rester en lien avec l'évaluation de la composante physique et chimique pour établir un diagnostic éclairé. Le fonctionnement d’un sol dépend de l’intensité des processus d’interactions entre la composante vivante (biotique) et minérale (abiotique) et quand ceux-ci sont détruits ou altérés, ce fonctionnement est compromis et la fertilité du sol diminue.
La structure du sol est un des paramètres qui conditionne son niveau de production. Son état peut être évalué in situ via la réalisation d'un test bêche. Crédit : Terres Inovia.
Cela amène à proposer une nouvelle vision de l’évaluation de l’état du sol. Elle dépend d’une part de ses paramètres non modifiables (texture, charge en cailloux, profondeur…) qui déterminent la qualité « intrinsèque » du sol, et d’autre part de ses paramètres modifiables (pH en sol non calcaire, teneur en matières organiques…) qui impactent son niveau réel de fonctionnement. Le potentiel de production agricole est défini par les qualités intrinsèques. Mais suivant son état de fonctionnement, le niveau réel de production pourra être très proche ou au contraire très éloigné de son potentiel (figure 1).
Extrait de l'article Arvalis & Terres Inovia infos attaché à la fin de l'actualité.
Des indicateurs révélateurs de l’état du sol
Les quatre fonctions principales d’un sol agricole pour assurer sa fertilité ainsi que la fourniture d’autres services à la société sont : le recyclage des nutriments, la transformation de la matière organique, la maintenance de la structure du sol et la régulation des populations. L’ensemble de ces fonctions met à contribution les organismes vivants du sol. Pour étudier le fonctionnement des sols, la première étape est donc de développer des indicateurs biologiques révélateurs de l’état du sol au travers de l’abondance, de la diversité, de la morphologie, du comportement et de l’activité des organismes vivants qui le façonnent. Autre caractéristique essentielle : ces indicateurs doivent être sensible aux pratiques culturales et compréhensibles, afin de pouvoir être utilisé par les conseillers et les agriculteurs pour poser un diagnostic.
Le projet Microbioterre (multipartenarial, dont Terres Inovia) s’est attelé à évaluer des méthodes d’analyse qui peuvent être intégrées comme indicateurs dans les menus des laboratoires d’analyse de sol. 12 indicateurs ont été retenus sur un pool initial de 25, après une phase de test dans des essais de longue durée à l’échelle nationale et dans des parcelles d’agriculteurs. Les analyses réalisées ont permis d’ébaucher un premier référentiel et de proposer un schéma d’interprétation. En revanche, les liens entre indicateurs et fonctions du sol sont à l’heure actuelle insuffisamment caractérisés pour permettre de définir des niveaux de satisfaction. Il sera nécessaire de compléter ces travaux pour pouvoir définir des méthodes d’interprétation fonctionnelles et ainsi aller jusqu’au conseil agronomique.
Extrait de l'article Arvalis & Terres Inovia infos attaché à la fin de l'actualité.
L’ensemble de ces indicateurs sont mesurables en laboratoire. Une autre approche proposée avec l’outil Biofunctool (Cirad et IRD) consiste à disposer d’indicateurs mesurables au champ et à cout raisonnable. Cette approche présente l’avantage d’évaluer directement les fonctions du sol et ce, dans des conditions plus proches de la réalité in situ. L’outil est construit sur une approche relative pour comparer des parcelles au même moment dans un même contexte de sol et de climat, car les résultats sont influencés par les conditions au moment de la mesure. Au-delà des 9 indicateurs retenus, l’outil propose une méthode d’agrégation des résultats permettant de calculer un score, qui caractérise le niveau de fonctionnement du sol et de conduire un diagnostic.
Les deux approches ne sont pas à opposer et trouveront leur place sur le terrain selon les objectifs des agriculteurs et conseillers qui prendront en main les enjeux de fonctionnement du sol.
Contacts : C. Le Gall, c.legall@terresinovia.fr et AS. Perrin, as.perrin@terresinovia.fr
A guide to assess the biological fertility of soils
Agriculture de conservation : un partenariat avec un youtubeur pour l’institut
Plateforme Syppre Picardie : zoom sur les profils racinaires et pédologiques
Désherbage du tournesol: privilégier les méthodes de lutte agronomique
Gérer les mauvaises herbes avant le semis
- Une des clés de la réussite réside dans la mise en oeuvre de méthodes préventives qui faciliteront la maîtrise des adventices en culture.
- Si possible, la combinaison de plusieurs techniques de lutte pour limiter la pression des adventices doit être privilégiée.
| Espèces | Rotation diversifiée | Déchaumages/ déstockage d'été | Faux-semis (avant semis de culture suivante) | Décalage de la date de semis (sauf colza) | Labour occasionnel |
| Panic pied de coq | |||||
| Sétaires | |||||
| Digitaire sanguine | |||||
| Amarante réfléchie et A. hybride | |||||
| Ambroisie à feuille d'armoise | |||||
| Chénopode | |||||
| Datura stramoine | |||||
| Mercuriale annuelle | |||||
| Stellaire intermédiaire | |||||
| Tournesol sauvage | |||||
| Vergerette | |||||
| Xanthium (lampourde à gros fruits) |
| Bonne efficacité | |
| Efficacité moyenne ou irrégulière | |
| Efficacité insuffisante ou très aléatoire | |
| Efficacité nulle ou technique non pertinente |
Diversifier les rotations
La rotation de cultures diversifiées sur une même parcelle constitue un des leviers agronomiques les plus efficaces dans le cadre d’une gestion à long terme des adventices. En effet, chaque créneau de date de semis est favorable à des adventices dont les levées préférentielles coïncident avec celles des cultures (exemple : vulpin et blé d’hiver, géraniums et colza, sanve et pois de printemps, morelle et tournesol, etc).
Morelle noire
Varier les successions culturales dans les rotations permet d'empêcher ou de perturber la germination et la croissance des adventices.
Les différentes pratiques associées à chaque culture (labour/non labour, préparation du lit de semences, dates et techniques de semis) concourent à la diversité des pratiques culturales qui agissent sur le stock semencier.
Eviter les rotations courtes (tournesol-blé, colza-blé, colza-blé-orge, par exemple) qui aboutissent à la prédominance d’espèces spécialisées, calées sur les cycles culturaux. Par exemple, en rotation tournesol-blé, les ray-grass, ammi majus, datura, xanthium, ambroisie ou encore les chardons et les liserons seront favorisés par un retour fréquent du tournesol dans la même parcelle.
Ammi majus
Profiter des différentes familles chimiques disponibles : par exemple contrôler le chardon dans les céréales ou durant l’interculture limite le problème dans le tournesol ou le soja. Inversement, pour combattre les graminées difficiles à détruire dans les céréales (ex : ray-grass), on pourra s’appuyer sur la gamme anti-graminées qu’offrent les oléagineux et le tournesol en particulier.
Travailler le sol en interculture
En interagissant avec les conditions pédoclimatiques, les travaux du sol ont des effets importants sur l’évolution de la flore adventice dans les systèmes de culture.
- effets directs en interculture par l'élimination des plantes annuelles présentes après la récolte ou par le sectionnement des rhizomes de vivaces,
- effets indirects sur le stock semencier présent dans les premiers horizons du sol : en enfouissant ou en remontant des graines, en levant des dormances ou en mettant en dormance des graines, etc.
Le labour permet de « tamponner » les évolutions de flore : s’il n’est pas trop dressé, il enfouit une grande majorité du stock semencier superficiel, et remonte les graines jusqu’alors incapables de germer car trop profondes. Il élimine, par la même occasion les adventices levées. Les graines en profondeur perdent leur viabilité au cours du temps (les graminées beaucoup plus rapidement que les dicotylédones).
Attention, sur l’intégralité de la rotation, ne labourer que tous les 3-4 ans, afin d’éviter le mélange des horizons et l’homogénéisation de la répartition du stock de semences. Labourer en terre ressuyée à 15-20 cm de profondeur et utiliser des rasettes pour un meilleur retournement du sol.
Le déchaumage doit être réalisé avant la grenaison des adventices, le plus souvent dans la foulée de la récolte. Il peut stimuler la levée groupée de certaines espèces à la faveur d’un temps humide et doux. On obtient alors le résultat recherché par la technique du faux-semis (réaliser alors un travail superficiel rappuyé). Pour détruire des adventices à des stades avancés, privilégier les déchaumeurs à socs larges et plats (type Horsch Terrano) ou les cultivateurs à dents rigides (type Lemken Smaragd).
Le faux-semis consiste à préparer un lit de semences fin et rappuyé très tôt avant le « vrai » semis du tournesol. Il s'avère efficace pour limiter en amont l'enherbement du tournesol s'il est réalisé assez tôt avant le semis (ex mi-mars). Le sol ne doit pas être travaillé par la suite (ou superficiellement) pour ne pas remettre des graines en germination. Pour détruire les adventices levées, il est préférable d’utiliser un herbicide total en présemis ou postsemis - prélevée du tournesol. Une façon superficielle risquerait d’assécher le sol en surface. Le faux semis couplé à un report de date de semis (fin avril) apporte un intérêt tout particulier dans la lutte contre des espèces annuelles capables de germer tôt dans le tournesol : renouée liseron, ammi élevé, ambroisie, tournesol sauvage et xanthium par exemple.
Principe du faux-semis avant tournesol :
Pour réussir les faux-semis : après la reprise du labour, dès les premiers signes de réchauffement, faites une première préparation superficielle du sol avec un outil à dents (vibroculteur, herse plate, herse de déchaumage ou herse étrille), à une profondeur ne dépassant pas 5 cm, sur sol ressuyé et avant une petite pluie. Compléter par un rappuyage. Dès que le sol reverdit, renouveler l’opération si possible, et ce à des profondeurs décroissantes pour ne pas remonter de graines en surface (on peut terminer les préparations du sol à la herse étrille par exemple).
En sol argileux, une préparation précoce est nécessaire. En sol limoneux, les façons printanières suffisent.
Et qu’en est-il des couverts ?
L’implantation de couverts en interculture longue est fréquente et dans certaines conditions elle peut s’avérer intéressante sur les adventices. En effet, des résultats d’essai ont montré qu’un couvert bien développé qui produit une forte biomasse a un effet directement visible sur le niveau d’infestation des adventices en comparaison avec un sol nu. La gestion des adventices avant semis du tournesol s’en retrouve donc facilitée, car le niveau d’infestation est plus faible dans le couvert volumineux.
Des outils pour vous faciliter la reconnaissance et la gestion
Pour gérer la résistance aux herbicides |
Le tournesol : une culture qui s’adapte à différents modes d’implantation
Le tournesol est appelé à subir des stress hydriques plus ou moins contraignants selon les situations géographiques et le contexte pédologique. En l’absence d’irrigation, pendant la période de mise en place du potentiel, les besoins en eau et minéraux doivent être couverts pour assurer une surface foliaire suffisante.
Durant la phase de reproduction, fréquemment sèche, le potentiel exprimé est dépendant de bon fonctionnement de la plante et sa capacité à conserver une surface foliaire suffisante. Pour cela, la qualité d’enracinement est déterminante pour assurer l’alimentation en eau et ainsi limiter la chute rapide de l’indice foliaire, lors des phases contraignantes.
Assurer une bonne levée ainsi qu’un enracinement performant est indispensable pour obtenir un tournesol robuste capable de résister aux stress climatiques. Pour cela, il convient d’avoir un sol bien structuré.
Un couvert végétal, installé en été, peut précéder le tournesol. Une destruction hivernale laisse alors du temps pour préparer le sol. Certaines destructions sont plus tardives et modifient les stratégies d’implantation habituellement pratiquées. Quelle que soit la démarche, la levée doit être rapide et la croissance racinaire verticale sans obstacle pour limiter sa progression.
Le principe de base du travail du sol en tournesol : offrir une bonne structure de sol
Le tournesol est une plante à racine pivotante et à cycle court. Ces deux caractéristiques en font une culture exigeante vis-à-vis de la structure du sol. Le travail du sol jusqu’au semis doit donc être raisonné en fonction de cet état structural, de l’encombrement en surface par les résidus végétaux (du précédent voire de l’éventuel couvert) et des fortes exigences de la culture par rapport à la qualité du lit de semences (présence de terre fine nécessaire). Un obstacle au développement racinaire de la culture (zone tassée ou lissée) ou un défaut de qualité du lit de semences peut occasionner des pertes importantes en rendement (> 10 q/ha) et une dégradation de la qualité (baisse du % d’huile).
Un choix en fonction de son sol
Les sols fragiles (taux d'argiles ≤ 15% ou faible taux de matières organiques) et les sols tassés (ex : récolte tardive du précédent en conditions humides) demandent en général une restructuration en profondeur. Le travail profond, par exemple avec un décompacteur, crée alors une structure de sol favorable à la progression des racines.
Les autres sols, à bonne capacité naturelle de restructuration et n'ayant pas subi de tassements, peuvent ponctuellement s’affranchir d’un travail profond. Cela peut être le cas dans les sols argileux ou riches en matières organiques. La réussite des techniques de travail très superficiel (< 5 cm) ou du semis direct est trop aléatoire en tournesol pour qu’elles soient conseillées. En effet, elles augmentent fortement les risques de tassement superficiel et de limaces, auquel le tournesol est très sensible. Elles allongent aussi la durée de levée à cause d’un réchauffement plus lent du sol au printemps.
Un labour réalisé en bonnes conditions permet l'ameublissement du sol en profondeur et assure en outre l'incorporation des pailles de la céréale précédente.
En non labour, un travail profond réalisé en conditions adéquates est conseillé, en particulier si le sol s'avère tassé. Ce travail de fissuration sera réalisé dès la fin de l'été en sol argileux pour constituer des éléments grossiers qui évolueront avec les séquences climatiques de l’automne-hiver (gel-dégel, sec-humidité). En sol limoneux, il aura lieu au printemps.
Cas d’un couvert détruit mécaniquement ou par le gel durant l’hiver.
1. Labour hivernal pour implanter un tournesol; 2.Tournesol en milieu argilo calcaire, travail hivernal et affinage au printemps.
C’est un cas très courant. Le couvert disparait durant l’hiver, l’agriculteur peut donc faire un travail profond hivernal sous forme de labour ou avec un outil à dents. L’intervention se déroule en situation ressuyée ou sur un sol légèrement gelé.
En sols argileux, ce travail peut être grossier, les différentes séquences climatiques hivernales puis de début de printemps permettent généralement un effritement ou éclatement des mottes. Si les conditions météorologiques le permettent c‘est également l’occasion d’avoir des levées d’adventices. Si ces levées sont précoces, un travail superficiel de fin d’hiver doit les éliminer. Une nouvelle germination est également possible, elle sera détruite au moment du semis.
Ces deux passages, en situations saines permettent non seulement d’éliminer une ou deux levées d’adventices, mais aussi d’affiner, aplanir et réchauffer le lit de semences.
En sols légers, limono sableux par exemple, un travail profond hivernal de type labour ou passage d’outil à dents est possible. La reprise superficielle est dans ce contexte pédologique effectuée juste avant le semis pour éviter les risques de forte humidité du sol encourus en cas de fortes pluies sortie hiver. Ce travail de pré semis de niveler, affiner le lit de semence et d’éliminer les adventices.
Cas d’un couvert détruit très tardivement, juste avant le semis.
Le couvert « mulché » retient la terre et le tournesol, dans des coteaux très arrosés
Cette stratégie est fréquente en milieu sensible à l’érosion et en agriculture de conservation ou on limite autant que possible les interventions mécaniques, profondes en particulier.
Le couvert (féveroles et phacélies par exemple) est roulé quelques jours avant le semis. Un passage d’outil superficiel est parfois nécessaire. La herse rotative est privilégiée. Le fait que cette herse soit animée évite les risques de bourrage et l’effet « râteau ». Le semis peut ensuite avoir lieu sur un sol encombré certes mais avec des résidus hachés et répartis de façon à ne pas nuire à la qualité de positionnement de la graine. Ce passage d’herse peut également servir à détruire les jeunes adventices. Le rôle du couvert est bien entendu de limiter leur apparition (ombrage).
Cette pratique est envisageable si le sol est bien structuré, ce à quoi l’enracinement du couvert doit participer. Lors de l’implantation de la culture précédente, ou lors de l’installation du couvert, un travail profond peut être nécessaire pour fragmenter un sol qui présenterait des zones de compaction ou des ruptures de porosité dans la couche labourable. Un test bêche ou des sondages au pénétromètre sont conseillés pour prendre connaissance de l’état structural.
Cas du strip till
Semis de tournesol derrière fissuration de la ligne de semis avec un strip till en sol limono sableux.
L’utilisation de cet outil qui combine plusieurs éléments pour fissurer, affiner et rappuyer la zone travaillée en un seul passage est possible mais, à adapter au contexte pédologique.
En sol argileux, il semble préférable de privilégier un passage de fin d’été ou automnal en situation sèche, dans un couvert ou lors de son installation. La reprise de printemps est effectuée juste avant le semis et peut consister en un simple roulage ou roulage suivi d’un passage de herse rotative. Le semis du tournesol a lieu dans la zone fissurée. Le guidage est indispensable.
En sols légers, type limono sableux, le passage du strip-till peut avoir lieu juste avant ou au moment du semis, dans un couvert mulché et haché.
Le sol est fissuré sur 18 -19 centimètres. On observe des racines anciennes et les mottes se détachent facilement.
Cas du semis direct
Le tournesol apprécie les sols affinés, bien structurés avec un lit de semence réchauffé. A priori, la pratique du semis direct ne parait indiquée pour implanter le tournesol. Toutefois dans des situations très bien structurées, cette stratégie est possible. Il est conseillé d’attendre un réchauffement du sol suffisant pour assurer une levée et un début de croissance rapide. Les pratiques permettant d’évaluation de la qualité structurale sont indispensables (test bêche, pénétromètre).
En résumé
Efficacité des techniques de travail du sol en tournesol
Le semis a lieu dès que les conditions le permettent
Le semis s’effectue sur un sol bien ressuyé. Il est préférable qu’il soit suffisamment réchauffé. Plus de 10° en surface et au moins 8° dans le lit de semence sont nécessaire pour assurer une levée rapide et régulière. Il est conseillé de débuter les semis dès le début d’une phase de réchauffement, en particulier si les prévisions météorologiques prévoient la poursuite de ce réchauffement. Il est évidement déconseillé de semer en sol frais sensible au tassement. La vitesse de semis doit être réduite (7 à 8 kilomètres/heure au plus) pour assurer un positionnement régulier de la graine à la profondeur souhaitée.
Les atouts du colza
Une coupure dans le cycle des maladies des céréales
Les maladies du pied sont la principale cause des baisses de rendement observées dans les monocultures céréalières.
Le piétin verse, les fusarioses et surtout le piétin échaudage sont largement favorisés par les rotations céréalières courtes.
Les effets bénéfiques du colza dans les rotations céréalières ne peuvent s’expliquer par le seul effet de « coupure ». La décomposition des résidus de culture de colza, riches en glucosinolates, entraîne la production de composés toxiques pour de nombreux pathogènes, dont des champignons conservés dans le sol.
Effet de la rotation sur les maladies du blé
| Maladie | Blé assolé | Blé de blé |
| Piétin échaudage | ++ | -- |
| Piétin verse | + | - |
| Fusariose | + | - |
| Rhizoctone | + | - |
| Rouille | + | + |
| Helminthosporiose | + | - |
| Septoriose | + | - |
| Oïdium | + | + |
| Fusariose sur épi | + | - |
++ : défavorise la maladie ; + : défavorise légèrement la maladie ; - favorise la maladie ; - - : favorise fortement la maladie
Source : Arvalis-Institut du végétal
Un risque mycotoxines maîtrisé pour le blé qui suit
Les références sur le risque mycotoxines en céréales montrent que le colza est l’un des précédents, avec le pois, qui permet le mieux de s’affranchir du risque DON. Ceci est vrai quelles que soient les pratiques culturales, y compris en non labour (pour en savoir, lire la fiche en bas de cet article).
Le colza améliore l’état organique des sols
Le colza dans la rotation contribue à améliorer la teneur en matière organique du sol (composée d’environ 50% de carbone). La matière organique, essentielle à la fertilité, contribue à fournir de l’azote (suite à sa minéralisation), à améliorer la stabilité structurale (moindre sensibilité à la battance, à l’érosion et aux tassements), à augmenter la capacité de stockage de l’eau et des éléments minéraux (amélioration de la capacité d’échange cationique ou CEC).
La restitution de carbone humifié par les résidus de culture du colza est nettement supérieure à celle des autres cultures. L’utilisation de couverts associés au colza ou d’interculture longue (avant les cultures de printemps) peuvent également contribuer de manière significative aux teneurs en matière organique des sols.
Source : d’après Agro-Transfert RT, Projet SOLéBIOM (AAP Genesys PIVERT)
Le colza pompe à nitrate
Un colza semé tôt peut mobiliser des quantités importantes d’azote à l’automne et durant l’hiver, c’est-à-dire pendant la période où les pertes de nitrates par lessivage sont les plus sensibles.
L’azote absorbé par le colza à l’automne est à prendre en compte dans le calcul de la fertilisation azotée de printemps. On fait ainsi d’une pierre deux coups : l’environnement est protégé tout en réalisant des économies.
Les repousses de colza sont une CIPAN efficace dans les zones vulnérables. Leur maintien en été permet d’absorber une bonne partie de l’azote minéral présent dans le sol et de réduire fortement le risque de lessivage hivernal sous la céréale qui suit.
Une floraison mellifère
Le colza est une plante mellifère visitée par de nombreux insectes pollinisateurs dont les abeilles domestiques font partie. La sécrétion abondante de nectar et la production d’un pollen de qualité en font une ressource incontournable pour ces insectes.
Dans beaucoup de régions agricoles, la culture du colza est la première grande ressource florale disponible pour les colonies d’abeilles domestiques en sortie d’hivernage ; elle représente un support substantiel à l’activité apicole.
Une protection contre l’érosion
L’érosion peut se traduire par la perte de plusieurs tonnes de terre par hectare et par an. En couvrant le sol 9 à 11 mois sur 12, notamment à l’automne, le colza réduit très sensiblement les risques d’érosion.
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