Leviers agronomiques de gestion des dicotylédones en colza
La gestion des adventices commence bien avant le semis du colza
La clé de la réussite réside dans la mise en œuvre de méthodes préventives qui faciliteront la maîtrise des adventices en culture.
La combinaison de plusieurs techniques de lutte pour limiter la pression d'adventices doit être privilégiée.
Diversifier les rotations
La rotation de cultures diversifiées sur une même parcelle constitue un des leviers agronomiques les plus efficaces dans le cadre d’une gestion à long terme des adventices. En effet, chaque créneau de date de semis est favorable à des adventices dont les levées préférentielles coïncident avec celles des cultures (exemple : vulpin et blé d’hiver, géraniums et colza, sanve et pois de printemps, morelle et tournesol, etc). Varier les successions culturales dans les rotations permet donc de perturber la germination et la croissance des adventices.
Eviter les rotations courtes (colza-blé, colza-blé-orge, par exemple) qui aboutissent à la prédominance d’espèces spécialisées, calées sur les cycles culturaux.
Profiter des différentes familles chimiques disponibles.
Anticiper la gestion. Par exemple contrôler les géraniums dans les céréales ou durant l’interculture limitera le problème dans le colza.
Travailler le sol en interculture
Le travail du sol a des effets importants sur l’évolution de la flore adventice dans les systèmes de culture.
- Effets directs (destruction de plantes en interculture).
- Effets indirects sur le stock semencier présent dans les premiers horizons de sol (enfouissement ou remontée de graines, levée de dormance ou mise en dormance des graines, etc.).
Le labour permet de « tamponner » les évolutions de flore : s’il n’est pas trop dressé, il enfouit une grande majorité du stock semencier superficiel et remonte les graines jusqu’alors incapables de germer car trop profondes. Il élimine, par la même occasion les adventices levées. Les dicotylédones sont cependant pour la plupart assez persistantes dans le sol, ce qui fait que le labour n’est malheureusement pas le levier idéal pour les gérer.
Le déchaumage doit être réalisé avant la grenaison des adventices, par exemple dans la foulée de la récolte.
Il peut stimuler la levée groupée de certaines espèces (bromes, géraniums en août, vulpins en septembre-octobre), à la faveur d’un temps humide et doux dans les jours qui suivent l'opération. On obtient alors le résultat recherché par la technique du faux-semis.
Le faux-semis consiste à préparer un lit de semences fin et rappuyé très tôt avant le vrai semis, pour favoriser la levée des adventices. La destruction des adventices levées peut s'envisager de façon mécanique (outil de déchaumage, herse étrille) ou de façon chimique par un herbicide non sélectif. Sur le long terme, le faux-semis permet de réduire le stock semencier de la parcelle et peut s'avérer très utile sur les adventices problématiques en colza.
Période la plus appropriée au faux-semis
Le semis direct
Semis direct de colza
Le semis direct du colza a montré de bons résultats sur les levées d’adventices dans la culture, qui sont réduites car la réduction du flux de terre provoque moins de germinations. Par exemple, le semis direct a permis de réduire 85 à 95% des levées de géranium dans le colza sur un ensemble d’essais Terres Inovia.
Pour réussir le semis direct du colza, aucun travail du sol ne doit être fait avant et un semoir à disques doit être utilisé avec une vitesse inférieure à 7km/h pour limiter le flux de terre (et donc réduire les risques de stimuler de nouvelles germinations d’adventices). Les chasse-débris sont indispensables pour « nettoyer » la ligne de semis et ainsi éviter le pincement des pailles dans le sillon qui gêne la germination des graines. Les disques limitent le flux de terre, évitant ainsi de provoquer de nouvelles levées d’adventices.
Un sol bien structuré sur l’horizon 0-20 cm est nécessaire pour bien réussir son semis direct et pour permettre un bon enracinement du colza. Le semis direct en colza nécessite donc de l’anticipation et une attention particulière pour éviter les tassements.
Impact du semis direct sur géranium par rapport au travail du sol
Associer des plantes compagnes au colza
Semer le colza en association avec des légumineuses gélives compagnes permet de concurrencer le développement des adventices dans les situations à risque adventices faible à moyen. En effet, le meilleur ennemi de la mauvaise herbe (en plus de la matière active) est la biomasse aérienne du colza et des couverts. La compétition culture + couvert associé vis-à-vis des adventices est renforcée par l’association. A condition d’obtenir une levée précoce du colza associé (avant le 1er septembre), certaines plantes compagnes (comme le trèfle d’Alexandrie, la lentille, la vesce pourpre notamment) peuvent contribuer à gérer des adventices qui lèvent en décalé ou de façon échelonnée par rapport au colza (comme le gaillet, les matricaires, les véroniques, la capselle…) tout en diminuant les quantités herbicides anti-dicotylédones.
Les plantes compagnes associées au colza ne limitent pas les levées d’adventices. En revanche, elles contribuent à limiter leur croissance en biomasse (donc souvent leur nuisibilité et leur potentiel grainier) grâce à un taux de couverture colza + légumineuses plus élevé. L’effet est notable lorsque la biomasse aérienne fraiche (colza + légumineuses) dépasse 1,5 kg/m² en entrée hiver.
L’association modifie peu le nombre d’adventices levées mais contribue à limiter leur développement (effet biomasse du colza complété).
Pour réussir cet effet du colza associé, les non-légumineuses sont à proscrire car elles présentent un risque de concurrence vis-à-vis du colza, sans avoir d’atout décisif en termes de concurrence des adventices. Il est conseillé également de choisir des plantes gélives pour éviter la concurrence entre le colza et les plantes compagnes. Pour concurrencer les mauvaises herbes dans le colza, les plantes compagnes les plus intéressantes sont la lentille, les vesces (vesce pourpre notamment) et le trèfle d’Alexandrie (type mono-coupe) car leur vitesse d’installation et leur port sont de bons atouts pour couvrir le sol. En respectant les dates de semis, le choix des espèces et les densités de semis conseillés, les légumineuses associées ne nuisent pas au colza durant l’automne car leur phase de croissance active est plus tardive que celle du colza. De plus elles utilisent préférentiellement l’azote de l’air grâce à la fixation symbiotique.
En résumé, pour maîtriser les dicotylédones en colza :
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Gestion des graminées hivernales
La pression des graminées hivernales comme le ray-grass, le vulpin, les bromes, la folle-avoine, la vulpie… est de plus en plus forte dans les cultures hivernales (céréales, colza…). Cela peut s’expliquer par le travail simplifié du sol, les rotations courtes hivernales (colza-blé-orge), le développement de la résistance aux herbicides…
Pour maîtriser les graminées, il faut donc :
- raisonner le désherbage tout au long de la rotation
- renforcer la lutte contre ces espèces dans les céréales,
- pratiquer les faux-semis pour favoriser la levée avant le semis du colza ou du blé,
- ne pas exclure le labour occasionnel ou le binage,
- réaliser un programme de désherbage bien adapté à la flore.
La rotation
L’introduction de cultures de printemps ou d’été dans la rotation limite les fortes infestations de graminées hivernales, car la période d’implantation de ces cultures n’est pas en phase avec les périodes préférentielles de levée de ces adventices, ce qui les défavorise (rupture du cycle). Par ailleurs la diversification des cultures offre une gamme d’herbicides efficaces plus large.
La stratégie antigraminées se raisonne à la rotation, en privilégiant un programme d'automne sur céréales et en s’appuyant sur la gamme d’anti-graminées foliaires (brome) et racinaires qu’offre le colza.
En colza, les antigraminées racinaires de postlevée sont à privilégier. En cas de forte pression, les programmes "prélevée" ou "présemis puis prélevée" sont conseillés. Des stratégies sont possibles en postlevée selon la résistance des graminées.
La stratégie chimique n’est pas efficace à elle seule, pour une gestion efficace, les mesures agronomiques doivent occuper une place de premier choix dans une stratégie globale et continue à l'échelle de la rotation.
Le labour
Le labour permet de « tamponner » les évolutions de flore : s’il n’est pas trop dressé, il enfouit une grande majorité du stock semencier superficiel, et remonte les graines jusqu’alors incapables de germer car trop profondes. Il élimine, par la même occasion, les adventices levées. Les graines de graminées perdent leur viabilité en profondeur beaucoup plus rapidement que les graines dicotylédones (leur Taux Annuel de Décroissance est bien plus élevé), si bien que le labour occasionnel (tous les 3-4 ans, avant une céréale de préférence) peut s’avérer intéressant comme stratégie d’épuisement progressif de certaines espèces : bromes, vulpins, ray-grass... Il réduit donc significativement leur stock semencier viable.
Attention cependant, le labour peut aussi favoriser la remontée de graines viables de géranium et de crucifères, non négligeables en colza.
source ACTA
Labour pour colza
Les systèmes en « non-labour continu » accentuent généralement les salissements de parcelles car ils concentrent les graines en surface, zone plus favorable aux germinations et levées. De plus, la présence de résidus couvrant le sol dégrade l’efficacité des herbicides racinaires. Dans ces systèmes, la maîtrise des adventices et en particulier des graminées reste possible mais nécessite une vigilance sans faille, et les échecs sont plus lourds de conséquences.
Le déchaumage et les faux-semis
Le déchaumage doit être réalisé avant la grenaison des adventices, par exemple dans la foulée de la récolte.
Il peut stimuler la levée groupée de certaines espèces (bromes, ray-grass fin août-septembre, vulpins en septembre-octobre), à la faveur d’un temps humide et doux dans les jours qui suivent l'opération. On obtient alors le résultat recherché par la technique du faux-semis.
En faisant lever les graminées en dehors des périodes de culture, les faux-semis permettent aussi de réduire leur stock semencier, en prenant soin bien sûr de détruire ces levées avant le semis de la culture suivante.
source : ACTA & RMT Florad
Pour réussir les faux-semis, le travail du sol doit être superficiel (pas supérieur à 5 cm de profondeur), affiné (très émietté) et bien rappuyé.
Cependant, la réussite du faux-semis est très dépendante de la météo ! Si une pluie est nécessaire pour favoriser la levée des adventices, ce sont cependant des conditions séchantes qui sont requises après la destruction mécanique des levées pour éviter que les graminées continuent de lever ensuite dans la culture.
Avant colza, il est plutôt conseillé de travailler le sol le moins possible avant le semis pour éviter d’assécher trop le sol. Un déchaumage juste après la récolte (pour profiter de la fraicheur du sol), plutôt superficiel et rappuyé, puis une destruction des graminées ou des repousses de céréales 15 jours après ou avant le semis du colza, peuvent suffire.
Après colza et avant une céréale, il y a davantage de temps pour réaliser les déchaumages et faux semis. Attention, les passages répétés d’outils légers superficiels (herse étrille) peuvent favoriser la formation d’une croûte de battance par un affinage excessif. Dans les sols fragiles (sols limoneux) préférer un déchaumeur à faible profondeur et finir avec un seul passage de herse étrille s’il y a lieu.
Mais aussi…
En céréales, le décalage de la date de semis a montré des résultats intéressants sur graminées (plus d'informations sur le site d'Arvalis ).
Et puis pour éviter de disséminer les graines de graminées et d’infester d’autres parcelles, récolter les parcelles les plus chargées d’adventices en dernier et prenez soin de bien nettoyer votre moissonneuse-batteuse.
Récolte du colza
Lutte chimique
En forte pression, l’action de la propyzamide (Kerb Flo, etc.) ne suffit pas. Un contrôle préalable en présemis ou en prélevée est nécessaire. Miser sur la napropamide (type Colzamid 2 l/ha) en présemis, dont l’efficacité est régulière, ou sur des produits de prélevée de type Colzor Trio, Alabama ou Springbok, Novall et autres herbicides à base de métazachlore. L’efficacité est d’un bon niveau mais irrégulière en conditions sèches. Le programme le plus efficace intègre présemis et prélevée.
L’utilisation de ces herbicides limite le développement de résistance.
Les groupes HRAC (Herbicide Resistance Action Comittee) ont été créés pour faciliter cette gestion d’alternance : A, B, K3, etc. correspondant chacun à un mode d’action spécifique.
Gérer le rattrapage en prenant en compte le risque de développement des résistances
| Repousses de céréales | ||
| pas ou peu nombreuses (environ 5 plantes/m2) | nombreuses (plus de 5-10 plantes/m2) | |
| Ray-grass, résistant ou vulpin résistant, pratiques culturales à risque (1) | propyzamide | Antigraminées foliaire précoce (à dose repousses) puis antigraminées racinaire (2) |
| Ray-grass, vulpin et pratiques culturales à faible risque. Brome | Antigraminées tout type (foliaire ou propyzamide) | Antigraminées tout type |
(1) cas type : forte pression graminées, rotation courte ou à forte dominance de cultures d'hiver, absence de labour et faux-semis peu fréquents. Pour en savoir plus : R-sim ou Arvalis.
(2) type propyzamide
L’action des antigraminées foliaires doit être durable (famille des “fop” type Pilot, famille de “dime” type Centurion 240EC ou Stratos). Ils peuvent permettre de sauver des situations délicates en colza (échec de la prélevée limitant le développement du colza en octobre) et certaines cultures ne peuvent être désherbées qu’avec ces produits (ex : lin). Dans les situations à risque de résistance et sur les cibles ray-grass ou vulpin, il est préférable de ne les utiliser qu’occasionnellement, en préalable d’une application de propyzamide. Dans le cas contraire, le risque de résistance est important, quelle que soit la molécule.
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Fiches : Brome stérile, Folle avoine, Pâturin annuel, Vulpie queue-de-rat, Vulpin des champs, Ray-grass |
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Colza : lutter contre les géraniums
Reconnaître les géraniums
Identifier les différentes espèces de géraniums par l'observation de leur tige et de leurs feuilles.
Une compétition importante et durable
De nombreuses parcelles de colza sont affectées par les géraniums.
Ils sont favorisés par des rotations courtes (colza/céréales), le non-labour et les rotations à base uniquement de cultures d'hiver. Leur nuisibilité peut être précoce en cas de fortes infestations, puis plus tardive par leur capacité à se développer dans le colza au printemps. Ils sont d’autant plus problématiques que les levées du colza sont lentes et leur population importante (sols de rendzines ou argilo-calcaires superficiels).
Dans les situations de conduites sans labour, les colzas ont souvent des croissances plus lentes et peuvent avoir du mal à jouer leur rôle d’étouffement qui contribue à limiter la compétition par les mauvaises herbes.
Des adventices de plus en plus problématiques
Les géraniums se retrouvent dans les situations critiques de rotations courtes du Centre, de l’Est, de Poitou-Charentes et de quelques secteurs du Sud-Ouest. Ils sont présents lorsque le colza est la tête de rotation quasi unique, surtout en technique sans labour.
Le géranium disséqué est abondant dans toutes les régions et est assez indifférent au pH du sol. Il se rencontre dans la plupart des cultures.
Le géranium mou, moins abondant, est assez commun sur toutes les cultures.
Les autres géraniums (tiges grêles et feuilles rondes) montrent une prédilection pour les rendzines mais se rencontrent également sur tous les sols avec des pH neutres.
Effets des techniques agronomiques sur les infestations de géraniums
La rotation
Les géraniums sont capables de lever toute l'année mais ils ont des préférences nettes entre septembre et février. C’est pourquoi, l'introduction de cultures de printemps dans la rotation limite les levées, épuise les graines en profondeur et laisse plus de souplesse pour désherber chimiquement.
Les faux-semis d’interculture
Dans une rotation colza-blé-orge sans labour (situation fréquente dans les grands bassins céréaliers), les faux-semis peuvent doper significativement les levées de géraniums en interculture et sont très fructueux dans l’interculture colza-blé. Les passages d’outils positionnés fin août - début septembre sont les plus efficaces pour déstocker car ils coïncident avec l’époque de levée privilégiée de ces adventices.
Dans une expérimentation pluriannuelle menée dans le Berry, les résultats d’efficacité du faux-semis contre les géraniums ont dénoté un fort effet précédent colza. Les chances de stimuler la germination des graines non-dormantes de géraniums derrière un colza sont plus élevées que derrière des céréales. La réduction du stock grainier est donc davantage à privilégier entre le colza et le blé qui suit. Avant céréales, l'interculture présente des opportunités pour lutter contre les géraniums.
Nombre de géraniums (moyennes de plantes/m²) observés juste avant implantation des 3 cultures de la rotation colza-blé-orge, consécutivement ou non à un faux-semis
Levées de géraniums (stade cotylédons) dans des repousses de colza en interculture colza-blé
Un autre essai dans l’Indre en 2015 dans l’interculture colza-blé avec différentes dates de faux-semis (fin août, mi-septembre et fin septembre) après un déchaumage de post-récolte ou non montre qu’en présence de repousses de colza et de géranium, l’absence de tout travail du sol à cette période permet de maximiser les levées mais qu’un faux-semis fait tout de même lever beaucoup de géraniums alors qu’il réduit fortement les levées de repousses de colza.
Enfin, il ne faut pas oublier que la réussite des faux-semis est fortement conditionnée à la météo estivale, la date des interventions de travail du sol, leur profondeur ainsi que l’outil utilisé pour les réaliser.
Le semis direct du colza
La profondeur de déchaumage et le type de semis impactent les levées ultérieures de géraniums en colza. Le travail profond en août est susceptible de remonter des graines en surface. L’absence de travail du sol ou le travail superficiel en août limiteront le potentiel d’infestation dans le colza.
Comptage des géraniums dans le colza (notation en entrée hiver) en fonction de l'itinéraire d'implantation
Semer le colza sans travail du sol préalable et avec un semoir de semis direct diminue les levées de géranium de 85 à 95% ensuite dans la culture.
Pour réussir le semis direct du colza, aucun travail du sol ne doit être fait avant et un semoir à disques doit être utilisé avec une vitesse inférieure à 7km/h pour limiter le flux de terre (et donc réduire les risques de stimuler de nouvelles germinations d’adventices). Les chasse-débris sont indispensables pour « nettoyer » la ligne de semis et ainsi éviter le pincement des pailles dans le sillon qui gêne la germination des graines. Les disques limitent le flux de terre, évitant ainsi de provoquer de nouvelles levées d’adventices.
Semis direct de colza
Un sol bien structuré sur l’horizon 0-20 cm est nécessaire pour bien réussir son semis direct et pour permettre un bon enracinement du colza. Le semis direct en colza nécessite donc de l’anticipation et une attention particulière pour éviter les tassements.
Désherbage mécanique
Les passages aux bons moments de herse étrille, houe rotative et bineuse seront d'une grande utilité pour le désherbage, y compris en cas d'infestations massives.
Désherbage chimique
Efficacité des programmes
Les produits de prélevée peuvent se montrer insuffisants sur cette flore difficile. Les efficacités des produits et des programmes classiques sont données dans ce tableau :
ALABAMA et SPRINGBOK sont les meilleurs produits de prélevée contre les géraniums, à condition de rester à 2.5 l/ha. Mais en forte pression, un programme à base de napropamide (COLZAMID) à 1.5 l/ha en présemis incorporé (incorporation légère sur 2-3 cm) reste la solution la plus régulière en efficacité.
Exemple : COLZAMID 1.5 l/ha + AXTER 1.5 l/ha ou mieux encore, COLZAMID 1.5 l/ha puis SPRINGBOK 2 l/ha.
Les programmes avec prélevée suivi de post-levée avec IELO
IELO présente une action contre les géraniums que l’on valorise dans un programme avec prélevée. Le résultat final est plutôt innovant et nettement supérieur aux références de type ALABAMA ou même COLZAMID puis AXTER. Les efficacités contre géranium disséqué, géranium à feuille ronde et géranium mou sont supérieures à celle obtenue sur géranium à tige grêle.
Des programmes de type AXTER 1,5 l/ha puis IELO 1,5 l/ha sont plus efficaces qu’une application de prélevée seule type ALABAMA. Le meilleur programme, en particulier sur géranium à tige grêle, combine ALABAMA 2 l/ha puis IELO 1.5 l/ha. Attention, IELO n’est pas efficace sur le gaillet. Prendre en compte cette flore dans le choix du produit de prélevée.
Tout en post-levée
Selon la pression, un MOZZAR à 0,25 l/ha ou MOZZAR 0,25 puis IELO 1,5 l/ha ou MOZZAR 0,25 puis MOZZAR 0,25 seront efficaces.
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Méthodes de désherbage durable des oléoprotéagineux
Dans un contexte de réduction de l’utilisation des herbicides et de progression des phénomènes de résistance, la gestion des adventices doit se réfléchir à l’échelle de la rotation en intégrant les leviers agronomiques, en raisonnant les interventions chimiques et en introduisant des techniques complémentaires comme le désherbage mixte et mécanique.
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Les bonnes pratiques pour une implantation réussie du lin oléagineux d’hiver
Les semis de lin oléagineux d’hiver pourront démarrer à partir de mi-septembre et se poursuivront jusqu’en octobre sur les secteurs les plus poussants. L’objectif est de viser une levée rapide et homogène de la culture. Sa bonne implantation passe par un semis sur une parcelle propre présentant une structure superficielle, fine et rappuyée.
Choisir une parcelle propre et viser une structure du sol fine, aplanie et rappuyée
Quelle parcelle pour le lin d’hiver ?Le lin est une culture peu couvrante et sensible à la concurrence des adventices, il faut donc privilégier son implantation sur des parcelles propres. De même, les parcelles avec de fortes infestations en graminées et graminées résistantes sont à éviter. Les terres se réchauffant vite au printemps sont également à privilégier. Enfin, il est préférable de respecter un délai de retour minimum de 4 à 5 ans entre 2 lins (qu’ils soient d’hiver ou de printemps) pour limiter les risques de bioagresseurs. Quelle structure du sol et quel lit de semences ?Une levée rapide et homogène passe par un lit de semences finement préparé, rappuyé et aplani afin de maximiser le contact sol-graine, la graine de lin étant particulièrement petite. Un lit de semence motteux et soufflé sera à proscrire, de même qu’une présence trop importante d’amas de débris végétaux. Il faut également s’assurer d’avoir une bonne structure en profondeur, encore plus lors des implantations sans labour. |
Ne pas trop anticiper la date de semis afin d’atteindre le stade 5-10 cm du lin en entrée d’hiver
Les semis de lin commencent à partir de mi-septembre pour les secteurs les moins poussants et seront plus tardifs sur les secteurs très poussants. Il est primordial de ne pas semer trop tôt. En effet, l’objectif est que le lin atteigne le stade 5-10 cm à l’entrée d’hiver.
Un lin trop peu développé (<5 cm) présente une plus grande sensibilité aux conditions hivernales et présente un risque de perte de pieds en sortie d’hiver. Pour prévenir cela les semis seront à réaliser jusqu’à fin septembre dans les secteurs sensibles au froid à condition que les pluies soient revenues pour assurer une levée dynamique du lin et jusqu’au 10-15 octobre dans les secteurs peu sensibles au gel.
Un lin trop développé (>10 cm) risque d’être sensible aux gelées de printemps, c’est pourquoi les semis précoces sur des secteurs à forts résidus azotés, avec une pousse automnale importante sont à proscrire. De plus, la nouvelle réglementation TOPREX (désormais interdit à l’automne) et l’absence d’alternatives efficaces nous imposent de respecter rigoureusement des règles agronomiques :
- Eviter les précédents à forts reliquats azotés
- Eviter la fertilisation organique à l’automne
- Maitriser la densité de semis
Quelle densité de semis ?
Le semis du lin sera à réaliser entre 350 et 400 graines/m² pour au semoir à céréales pour obtenir 250 à 300 plantes/m² avec 2 à 3 tiges par plantes en sortie d’hiver. Le taux de germination des semences certifiées est au minimum de 85 %.
Les graines de lin sont fluides : contrôler la densité du semis car le poids de mille graines peut varier de 5 à 8 g selon les variétés (pour un PMG de 7 g, semez environ 28 kg/ha).
Et le choix de la variété ?Pour en savoir plus sur les caractéristiques des variétés de lin oléagineux d’hiver, consulter le site MyVar : https://www.myvar.fr/ |
Le lin requiert une vigilance pour le désherbage et les maladies fongiques
Le lin oléagineux d’hiver est déconseillé sur les parcelles présentant une forte infestation en graminées ou graminées résistantes. Nous recommandons l'utilisation de la COLZAMID, voir l'article suivant pour plus d'informations : Désherbage du lin oléagineux : quel programme pour les semis 2025 ?
Les anti-graminées foliaires sensibilisent le lin au gel, il est donc nécessaire de prendre des précautions sur les secteurs à risque.
Une vigilance pourra être portée sur les maladies fongiques. La septoriose est une maladie qui se gère dès l’automne pour les secteurs à risque moyen à fort. Ainsi, une application d’un fongicide dès le stade 2-3 cm du lin est nécessaire. Si cette maladie s’exprime tôt dans le cas d’automne doux et humides, elle peut impacter fortement la production de graines.
Enfin, les ravageurs sont peu fréquents sur l’automne, des altises du lin (différentes de celles du colza) peuvent parfois être observées lors de conditions exceptionnellement douces à l’automne.
Quels sont les besoins de fertilisation de ma parcelle de lin ?Il n’est pas nécessaire d’apporter de l’azote à l’automne sur le lin. La culture pourrait être davantage sensibilisée au froid si elle devient trop poussante à l’entrée de l’hiver. Les apports d’azote seront à raisonner à la sortie de l’hiver. En revanche, vous pouvez apporter 30 à 60 unités/ha de phosphore (en sol bien pourvu en cas de pailles restituées ou exportées) et 30 à 90 unités/ha de potasse (en sol bien pourvu en cas de pailles restituées ou exportées) pour un objectif de rendement de 25 q/ha. A raisonner selon votre analyse de sol. |
Préparation du lit de semences en lin oléagineux
- une bonne structure en profondeur (absence de compaction),une bonne fissuration horizontale et verticale pour le pivot. En effet, le lin a une racine principale pivotante.
Pour le lin d’hiver, l’objectif est d’atteindre un pivot de 10 à 15 cm dès l’automne (meilleure sélectivité des herbicides, potentiel de rendement). En revanche, le lin oléagineux est une plante exigeante en eau au cours de la floraison. Il faut donc que l'enracinement soit optimal afin d'exploiter la réserve hydrique du sol (exploration des racines au-delà de 1,2 m de profondeur si la structure le permet en lin d’hiver).
- Une structure superficielle fine, aplanie et rappuyée sera primordiale pour assurer une levée rapide et homogène du lin. Il faut éviter au maximum les amas de débris végétaux et des sols creux ou soufflés très néfastes à une levée homogène (une petite graine induit un contact sol-graine délicat). Rester vigilant face aux phénomènes de battance qui peuvent pénaliser à leur tour la levée.
Le non labour est conseillé dans les sols argileux. Si les pailles du précédent sont restituées, les broyer et les répartir de manière homogène sur l’horizon travaillé afin d’éviter la présence de mulch de paille trop épais qui pénalisera la levée.
La gestion des autres adventices difficiles en colza
Hormis les graminées hivernales, les géraniums et les crucifères, d’autres adventices posent problème dans les colzas et sont à gérer spécifiquement. On peut citer l’ammi élevé, le gaillet gratteron, le chardon-marie, le bleuet et l’érodium.
Ammi majus
L'ammi majus présente un développement végétatif exubérant qui peut le rendre très concurrentiel en fin de cycle.
Ammi majus : 1. Plantule - 2. à la floraison
L'ammi élevé est capable de germer toute l'année avec un pic en sortie d'hiver, début de printemps. Les germinations s'estompent à l'approche des fortes températures estivales pour reprendre à l'automne dans les colzas notamment, dès le début du mois de septembre. La fructification a lieu pendant l'été. En raison de ces caractéristiques biologiques et de son mode de levée plutôt échelonné, la rotation des cultures n’est pas un levier très efficace. Des faux-semis dans l’interculture colza-céréales peuvent contribuer à réduire le stock semencier superficiel. Le labour n’a pas d’effet.
Nos références actuelles montrent que l’ammi majus est bien contrôlé en prélevée avec des herbicides à base de clomazone (COLZOR TRIO, AXTER, CENTIUM 36 CS…) ou des herbicides à base de quinmérac (NOVALL, ALABAMA, etc…). En postlevée, le MOZZAR à 0,25 l/ha (ou MOZZAR 0,25 puis IELO 1,5 l/ha ou MOZZAR 0,25 puis MOZZAR 0,25) est efficace.
Gaillet
Le gaillet est très préjudiciable en colza. Bien que sa nuisibilité soit tardive, des pertes significatives sur le rendement, en fonction du milieu et des conditions, sont enregistrées dès 2 pieds/m². De plus, il provoque des problèmes de verse et une gêne considérable à la récolte (enroulements autours des rabatteurs, bourrages). Enfin, des études ont signalé que les gaillets peuvent constituer des plantes hôtes, relais de l'orobanche rameuse.
Gaillet gratteron : 1. Plantule - 2. à la floraison
Le gaillet lève préférentiellement de septembre à mars. La floraison a lieu de mai à octobre. Seule l'introduction de cultures d'été (semées dès la mi-avril) permettra de casser le cycle de l'adventice et diminuer progressivement la pression des gaillets en cultures d'hiver. Compte tenu de la persistance modérée des graines de gaillet une fois enfouies dans le sol, le labour peut être envisagé en cas d’échec de gestion. Les premières germinations débutant en fin d'été, des faux semis dans l’interculture colza-céréales réguliers et bien menés seront efficaces à partir de septembre et plus tardivement. Le binage à partir de 3-4 feuilles du colza est aussi une possibilité.
Les herbicides de prélevée comme COLZOR TRIO 4l/ha (avec clomazone) ou ALABAMA 2.5 l/ha (avec quinmérac) présentent les meilleures efficacités. Un programme avec de la napropamide 1.5 l/ha en présemis suivie d’un produit à base de quinmérac ou de clomazone en prélevée à dose modulée (2/3 à 3/4) est également envisageable (renforcement via la napropamide). On note fréquemment un petit complément d’efficacité à la prélevée avec IELO. Le produit de postlevée FOX est efficace sur très jeunes gaillets poussants. Mais c’est le produit MOZZAR qui sera le plus efficace, sur gaillet levé, quel que soit le stade.
Fiche Gaillet gratteron sur Infloweb
Chardon-Marie
Le chardon-Marie est une espèce annuelle qui se rencontre de plus en plus souvent en régions Centre, Poitou-Charentes et Sud-Ouest. Concurrentiel et volumineux, sa gestion est importante en colza.
Chardon-Marie
Les germinations ont lieu à l’automne et à l’entrée de l’hiver. Avant la sortie des pétales, le broyage et l’écimage peuvent être envisageables comme technique de lutte mécanique.
CALLISTO est une solution efficace et économique. Sur jeune adventice, les efficacités sont supérieures à 90%. Appliquer CALLISTO à 0,15 l/ha à partir de 6 feuilles du colza, sur une culture endurcie par les premiers froids (températures inférieures à 7/8°C). Renouveler l'application 3 semaines plus tard si nécessaire. IELO est un produit également efficace sur cette adventice, mais son niveau d’action diminue sur chardon-marie développé.
Les solutions suivantes sont les plus adaptées :
- CALLISTO 0,15 l/ha dès 6 feuilles du colza puis IELO 1,5 l/ha (début novembre);
- IELO 1,5 l/ha + CALLISTO 0,15 l/ha (début novembre). Ce mélange, éprouvé, se fera sous la responsabilité de l’utilisateur (déconseillé par les firmes).
- Le produit MOZZAR est très efficace sur cette adventice, une fois levée, dès la dose de 0,25 l/ha
Enfin, en l’absence de rattrapage à l’automne, il ne faut pas exclure la possibilité d’un rattrapage de printemps avec LONTREL SG à 174 g/ha + huile. L’efficacité, sans être supérieure à 85% reste tout de même très significative (efficacité finale observable au mois de mai) et empêche la multiplication de graines.
Bleuet
De plus en plus fréquent dans les parcelles du Centre, de Bourgogne ou de Lorraine, le bleuet est très difficile à contrôler en prélevée.
Bleuet
Le bleuet levant principalement entre octobre et novembre et de manière plutôt groupée, l’introduction de cultures de printemps ou d’été dans la rotation -ainsi que l'augmentation de l'intervalle de temps entre deux colzas dans la parcelle- limiteront la progression de l'adventice. Comme les graines du bleuet perdent leur viabilité rapidement lorsqu'elles sont enfouies (Taux Annuel de Décroissance proche de 70%), le labour occasionnel est un moyen de gestion efficace après un échec de désherbage.
L'herbicide COLZOR TRIO à 4 l/ha reste la meilleure référence de prélevée (effet napropamide) avec une efficacité insuffisante. Le bleuet se contrôle surtout en postlevée.
En rattrapage, trois solutions sont à retenir :
- début octobre à décembre : MOZZAR 0,25 l/ha
- début novembre : IELO 1,5 l/ha
- printemps : LONTREL SG à 174 g/ha + huile. Efficacité moyenne.
Erodium cicutarium
Erodium cicutarium à floraison
- Cotylédons de grande taille, divisés en 3 lobes profonds irréguliers permettant l’identification rapide de l’espèce
- Plantule en rosette étalée sur le sol
- Pétiole long et nettement poilu
- Feuilles lancéolées, qui comprennent jusqu’à 15 segments profondément lobés, voire divisés
- Plante adulte de moins de 20 cm de hauteur
- Fleurs rouges à roses, de 1 cm de diamètre
- Le fruit se termine par un bec et la graine possède une arête torsadée à sa base
Le contrôle en prélevée est difficile. Les meilleurs programmes combinent de la napropamide 1,5 l/ha (COLZAMID, etc.) en présemis incorporé avec un produit de prélevée type AXTER, COLZOR TRIO ou ALABAMA.
En post-levée, le rattrapage peut se faire avec FUSILADE MAX 1,5 l/ha, qui bizarrement, est relativement efficace (l’érodium n’est pas une graminée).
En postlevée l’utilisation de CLERAVIS/CLERANDA présente de bonne efficacité, à condition de choisir une variété CLEARFIELD®.
Pour les fortes infestations et en postlevée, on peut privilégier un programme de type MOZZAR 0,25 l/ha pus IELO 1,5 l/ha + FOX 1 l/ha.
Anthrisque
L’anthrisque n’est pas aussi nuisible qu’un gaillet mais elle n’est pas négligeable. Elle est du même ordre qu’une moutarde. Assez fréquente en observation, elle pose toutefois rarement de problèmes.
C’est de loin, avec l’ammi majus, l’ombellifère la plus difficile à contrôler. Privilégier les programmes ou solutions de prélevée à base de quinmérac (ALABAMA, NOVALL ou RAPSAN TDI).
En postlevée, les seules solutions efficaces sont :
- MOZZAR 0,25 l/ha (4-6 f du colza, à partir du 1er octobre) à renouveler 1 mois plus tard.
- LONTREL SG, à pleine dose, efficace uniquement du stade cotylédon à 2 feuilles.
Brochure "Lutte contre les adventices en systèmes céréaliers et oléagineux"
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Autres ravageurs du pois
Oiseaux
Pigeons (ramier, biset) et corbeaux (corbeaux freux, corbeille noire) sont à l’origine de dégâts importants sur pois. Ils se nourrissent de semences au semis et de jeunes plantules en début de cycle.
Lapins & lièvres
Les lapins et les lièvres sont à l’origine de dégâts sur pois. On observe généralement des plantes sectionnées entre le stade levée et 6 feuilles.
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Réussir son implantation pour limiter la sévérité des maladies
Un pois bien implanté sera moins vulnérable aux maladies
Un semis trop précoce aura pour conséquence un développement plus rapide de l’ascochytose et un risque accru de bactériose.
Il est également essentiel de ne pas semer trop dense afin de ne pas créer un microclimat favorable au développement des maladies aériennes (ascochytose, mildiou, botrytis).
Prendre le temps du choix variétal pour le tournesol: le jeu en vaut la chandelle
Choisir sa variété de tournesol est une démarche complexe qui doit être faite avec soin. Le choix variétal conditionne en grande partie la réussite de la culture et donc son bilan économique.
Une variété exprimera d’autant mieux son potentiel de rendement que ses caractéristiques agronomiques seront adaptées à la situation de la parcelle, au contexte sanitaire en particulier. Le choix de la variété influe également sur l’itinéraire technique et les cultures à venir dans la rotation.
En trois étapes, voici les critères clés à prendre en compte pour optimiser son choix variétal : profil d’acide gras, tolérance aux herbicides, précocité et profil sanitaire.
1 - Oléique ou Linoléique ?
La contractualisation proposée par un organisme économique et le débouché envisagé orienteront le choix d’une variété oléique ou linoléique. Le ratio linoléique/oléique est différent en fonction des territoires. Cependant la conduite culturale entre les deux types variétaux reste similaire.
2 - VTH[1] ou non VTH ?
La maîtrise de certaines mauvaises herbes difficiles peut motiver l’utilisation d’une variété VTH, mais il convient toutefois de raisonner l’usage de ces variétés dans une optique de durabilité. En effet les herbicides associés aux variétés VTH, PULSAR 40 / LISTEGO et EXPRESS SX, sont des inhibiteurs de l’ALS, au même titre que les sulfonylurées et les triazolopyrimidines (PRIMUS, ABAK, etc.) employées sur céréales. L’usage répété d’un même mode d’action exerçant une pression de sélection, le développement d’adventices résistantes n’est pas à exclure. L’utilisation de ce mode d’action doit donc être raisonné dans la rotation.
[1] VTH : Variété Tolérante aux Herbicides
En pratique
Choisir une variété tolérante aux herbicides, Clearfield® ou Express Sun®, uniquement sur les parcelles dominées par une flore difficile (xanthium, tournesols sauvages, ambroisies, datura, chardon, liseron des haies). Lorsque la flore adventice est « classique », les programmes de prélevée suffisent, il est alors inutile de choisir une variété VTH.
En complément : Zone à risque tournesol sauvage, soja après un tournesol Clearfield : vigilance !Dans un contexte dominé par la présence de tournesols sauvages (en particulier Sud-Ouest et Poitou-Charentes), la réalisation du désherbage de postlevée devient indispensable avec l’usage d’une variété VTH. Cette intervention doit se faire dans les conditions d’application optimale :
Dans le cas contraire, cela peut conduire à des croisements entre l’hybride cultivé et les tournesols sauvages et donner lieu très rapidement à l’apparition de tournesols sauvages résistants qu’il sera alors impossible de détruire. Des cas avérés ont été identifiés dans le Sud-Ouest et en Poitou-Charentes. Soja après un tournesol Clearfield : anticiper le programme désherbage avec des solutions autres que le Pulsar 40 pour éliminer les repousses de tournesol (bentazone). |
3 – Comportement maladies et précocité : quelles sont les contraintes selon la situation ?
Ce sont les contraintes pédoclimatiques, la pression maladie régionale et/ou locale mais aussi le risque Orobanche cumana, qui vont dans un troisième temps, dicter les priorités pour le tri des variétés. On départagera en dernier lieu les variétés candidates en optant pour celles ayant eu les meilleures performances régionalement.
Rappelons que l’allongement de la rotation est un des leviers efficaces pour réduire la prolifération de certaines maladies.
Précocité : une adaptation de la variété au pédoclimat
Le choix d’une variété précoce est primordial pour récolter le tournesol avant le retour des pluies de fin d’été/automne, en particulier dans les zones plus humides et fraîches comme les régions du Nord, la bordure pyrénéenne ou la façade atlantique.
En pratique
Adapter la précocité de la variété à la région, au type de sol et à la date de semis. Une précocité adaptée permet de limiter le stress hydrique post floraison et le développement des maladies de fin de cycle (sclérotinia du capitule et botrytis), pour assurer de bonnes conditions de récolte.
Orobanche cumana : une vigilance dans les secteurs à risque
Cette plante parasite produit des milliers de graines par hampe, leur taille minuscule rend leur diffusion particulièrement aisée au sein de la parcelle mais également aux champs environnants. De ce fait, et vu sa capacité de dissémination, la gestion de l’orobanche doit se raisonner à l’échelle d’un secteur. Il faut ajouter que la nuisibilité de ce parasite est très forte puisqu’en fonction de son agressivité et de sa période d’émergence, elle peut aller jusqu’à détruire la plante de tournesol.
En pratique
La tolérance variétale est le premier des moyens de lutte disponibles à utiliser. Dans les secteurs à risque il est en effet essentiel d’implanter uniquement des variétés ayant un bon comportement vis-à-vis de l’orobanche. La classification Terres Inovia permet de discriminer les variétés.
Mildiou : un choix à la parcelle
Cette maladie, inféodée à la parcelle, se conserve jusqu’à 10 ans dans le sol. Même si une grande partie de l’inoculum ne se maintient qu’au cours des 3 à 4 premières années après une attaque, il est recommandé d’allonger la rotation pour limiter les risques : viser donc un retour du tournesol au plus tous les 3 ans sur une même parcelle. En parallèle le comportement variétal est primordial, et sans un choix variétal optimal, les pertes peuvent atteindre 1.5 à 2.5 q/ha par tranche de 10% de plantes atteintes.
Choisir le profil mildiou de la variété en fonction de sa parcelle
Un mot d’ordre : alterner les gènes de résistance ! Selon leur résistance génétique, les variétés permettent de contrôler tout ou partie des races de mildiou présentes sur notre territoire. Le principe d’une lutte durable contre le mildiou repose sur une utilisation raisonnée de ces résistances, pour maintenir leur efficacité dans le temps et limiter le risque d’apparition de nouvelles races. L'utilisation systématique et exclusive de variétés résistantes à toutes les races serait le meilleur moyen de créer de nouvelles races virulentes, contre lesquelles les sélectionneurs ne pourraient plus rien faire !
En 2019, la présence de mildiou est restée significative et les races 704 et 714 sont aujourd’hui largement répandues sur le territoire (voir carte). Dans la plupart des cas, ces races sont résistantes au traitement de semences à base de méfénoxam (Apron XL). Plusieurs cas d’attaque de mildiou sur des variétés RM9 dans des rotations courtes ont été observés cette année. Ils suggèrent une évolution de la virulence de la race 714virulence de la race 714, ce qui milite encore plus pour un raisonnement du choix variétal !
Les départements touchés par les races 704 et 714 depuis leur apparition (situation en 2019) :
En pratique
Diversifier son choix variétal en alternant les profils de résistance d’une campagne à l’autre sur les différentes parcelles de votre exploitation.
Le traitement des semences n’est pas obligatoire. Pour les semis 2020, les semences peuvent être traitées à l’Apron XL en fonction du profil de résistance des variétés. Ce traitement n’apporte toutefois pas de garantie absolue : en cas de fortes pluies, il peut être lessivé et il existe au sein de toutes les races connues sur le territoire, des populations qui y sont partiellement résistantes.
Attention : quel que soit le type de variété choisi, une attaque de mildiou ne peut être exclue, compte-tenu de l’apparition potentielle de nouvelles races.
Enfin, ne pas oublier l’efficacité remarquable des quelques mesures agronomiques très simples !
Lutte contre le mildiou du tournesol
Maladies du tournesol : adapter les dates de semis au niveau de risque
Toutes ces recommandations sont aussi de mise pour le tournesol en dérobé ou en couvert.
En complément : Identifier le profil de résistance des variétésLes variétés type RM8 (résistantes aux 9 races sauf à la 334) et RM9 (résistantes aux 9 races officiellement reconnues) permettent de gérer les races de mildiou présentes en France, dont la race 714. De nombreuses races existent en Europe, il faut être vigilant que la dénomination RM8/RM9 concerne bien les races reconnues officiellement en France (100, 304, 307, 314, 334, 703, 704, 710, 714.). Où trouver l’information sur la résistance des variétés ?Le profil de résistance des variétés inscrites au catalogue français face aux 9 races officiellement reconnues est disponible sur le site du GEVES et repris sur la fiche de description des variétés sur MyVar. |
Verticillium : une lutte essentiellement variétale
Il n’existe à ce jour aucun produit fongicide pour lutter contre le verticillium, qui peut provoquer des pertes de rendement de 20 à 50% selon la gravité des attaques. De même, les effets des pratiques culturales (date de semis, fertilisation, …) sont peu connus. Quant à l’allongement de la rotation, il ne permet de réduire le risque qu’appliqué préventivement ; la durée de survie des microsclérotes (forme de conservation du champignon dans le sol) étant de 14 ans, une fois la maladie installée dans une parcelle, c’est trop tard !
La tolérance variétale reste donc le principal moyen de lutte contre cette maladie.
En pratique
Dans les zones de production touchées par la maladie (voir carte), opter pour des variétés très peu sensibles, voire peu sensibles, dans toutes les parcelles où la maladie s’est exprimée, même longtemps avant.
Dans les zones de production où la maladie n’a pas été détectée, choisir des variétés sans craindre leur comportement face au verticillium. Mais le risque zéro n’existant pas, ne pas hésiter à régulièrement observer les parcelles.
Phomopsis : optimiser l’usage d’un fongicide en fonction de la génétique
Tige touchée par phomopsis
Le phomopsis, présent sur l’ensemble du territoire, peut engendrer des pertes importantes selon la précocité de l’attaque : 1 à 3 q/ha et 1 point d'huile pour 10 % de plantes avec tache encerclante sur tige.
En pratique
Quelle que soit votre région, éviter les variétés sensibles, elles font prendre trop de risques et peuvent être à l’origine de nouveaux foyers de contamination pour les secteurs alentours.
Les variétés résistantes peuvent être cultivées dans toutes les régions, sans traitement fongicide. Quant aux variétés peu sensibles et très peu sensibles, elles sont également utilisables dans toutes les régions, et pourront nécessiter un traitement fongicide en végétation, selon le risque régional de l’année et la situation de votre parcelle (sol profond, disponibilité en azote, densité…).
Phomopsis sur tournesol : ne traiter que si nécessaire
Sclérotinia capitule : combiner génétique et pratiques agronomiques
Le sclérotinia peut attaquer de nombreuses cultures et même s’il peut toucher toutes les zones de production du tournesol, il reste plus préjudiciable dans les zones humides en fin de cycle.
Ce champignon est à l’origine de symptômes sur tous les organes de la plante : collet, bouton, feuille/tige et capitule. Le choix variétal et des mesures agronomiques adaptées à chaque type d’attaque sont les deux moyens à associer pour mieux lutter contre cette maladie.
En pratique
Le tournesol ne dispose que de tolérances face à cette maladie et chaque organe a son propre niveau de résistance : ainsi, une même variété peut être sensible aux attaques au collet et peu sensible aux attaques sur capitule. Les attaques sur capitule sont souvent les plus dommageables et les pertes de rendement peuvent atteindre 50 %. De ce fait, Terres Inovia évalue les variétés vis-à-vis du sclerotinia capitule, ce qui donne lieu à une classification.
Pour aller plus loin
Quel est le contexte sanitaire de mon secteur ?
Terres Inovia vous accompagne dans le choix de vos variétés sur myVar.fr