Les débouchés diversifiés du tournesol
La graine de tournesol est valorisée à la fois comme source d’huile et de protéines.
Deux principaux types de tournesols sont cultivés en France : le tournesol linoléique (ou « classique ») et le tournesol oléique. En complément, il existe des marchés « de niche », avec des volumes limités : tournesol oisellerie, le plus souvent sous contrat de production, avec une utilisation en graine entière ; tournesol décortiqué comme ingrédient alimentaire (boulangerie, salades, …).
Des huiles variées
Des tourteaux plus segmentés pour répondre aux demandes de l’aval
Les tourteaux de tournesol constituent une source importante de protéines qui contribue à réduire le déficit protéique de la France (47% en 2016-2017) et de l’Union Européenne (65% en 2016-2017). Deux principaux types de tourteau de tournesol sont aujourd’hui produits en France :
Les tourteaux dits « pailleux » ou « low pro », obtenus à partir de la trituration de graines entières, ont une richesse en protéines le plus souvent inférieure à 30 % sur matière sèche. Ils sont notamment appréciés pour l’alimentation des bovins viande.
Les tourteaux décortiqués obtenus après trituration de graines décortiquées. Le décorticage consiste à enlever de façon plus ou moins poussée l’enveloppe (coque) des graines. Les tourteaux ainsi obtenus sont plus riches en protéines. Parmi eux, les « high pro » dépassent 35% de protéines sur matière sèche. Récemment développés (usines de trituration de Bassens - 33 - et de Lezoux - 63), ils sont majoritairement valorisés pour l’alimentation des volailles. Les coques sont brûlées pour produire de la vapeur dans une chaudière à biomasse, contribuant à améliorer le bilan énergétique de la trituration. Ces coques peuvent être aussi valorisées en alimentation animale, notamment pour lapins.
Le tournesol : une culture qui s’adapte à différents modes d’implantation
Le tournesol est appelé à subir des stress hydriques plus ou moins contraignants selon les situations géographiques et le contexte pédologique. En l’absence d’irrigation, pendant la période de mise en place du potentiel, les besoins en eau et minéraux doivent être couverts pour assurer une surface foliaire suffisante.
Durant la phase de reproduction, fréquemment sèche, le potentiel exprimé est dépendant de bon fonctionnement de la plante et sa capacité à conserver une surface foliaire suffisante. Pour cela, la qualité d’enracinement est déterminante pour assurer l’alimentation en eau et ainsi limiter la chute rapide de l’indice foliaire, lors des phases contraignantes.
Assurer une bonne levée ainsi qu’un enracinement performant est indispensable pour obtenir un tournesol robuste capable de résister aux stress climatiques. Pour cela, il convient d’avoir un sol bien structuré.
Un couvert végétal, installé en été, peut précéder le tournesol. Une destruction hivernale laisse alors du temps pour préparer le sol. Certaines destructions sont plus tardives et modifient les stratégies d’implantation habituellement pratiquées. Quelle que soit la démarche, la levée doit être rapide et la croissance racinaire verticale sans obstacle pour limiter sa progression.
Le principe de base du travail du sol en tournesol : offrir une bonne structure de sol
Le tournesol est une plante à racine pivotante et à cycle court. Ces deux caractéristiques en font une culture exigeante vis-à-vis de la structure du sol. Le travail du sol jusqu’au semis doit donc être raisonné en fonction de cet état structural, de l’encombrement en surface par les résidus végétaux (du précédent voire de l’éventuel couvert) et des fortes exigences de la culture par rapport à la qualité du lit de semences (présence de terre fine nécessaire). Un obstacle au développement racinaire de la culture (zone tassée ou lissée) ou un défaut de qualité du lit de semences peut occasionner des pertes importantes en rendement (> 10 q/ha) et une dégradation de la qualité (baisse du % d’huile).
Un choix en fonction de son sol
Les sols fragiles (taux d'argiles ≤ 15% ou faible taux de matières organiques) et les sols tassés (ex : récolte tardive du précédent en conditions humides) demandent en général une restructuration en profondeur. Le travail profond, par exemple avec un décompacteur, crée alors une structure de sol favorable à la progression des racines.
Les autres sols, à bonne capacité naturelle de restructuration et n'ayant pas subi de tassements, peuvent ponctuellement s’affranchir d’un travail profond. Cela peut être le cas dans les sols argileux ou riches en matières organiques. La réussite des techniques de travail très superficiel (< 5 cm) ou du semis direct est trop aléatoire en tournesol pour qu’elles soient conseillées. En effet, elles augmentent fortement les risques de tassement superficiel et de limaces, auquel le tournesol est très sensible. Elles allongent aussi la durée de levée à cause d’un réchauffement plus lent du sol au printemps.
Un labour réalisé en bonnes conditions permet l'ameublissement du sol en profondeur et assure en outre l'incorporation des pailles de la céréale précédente.
En non labour, un travail profond réalisé en conditions adéquates est conseillé, en particulier si le sol s'avère tassé. Ce travail de fissuration sera réalisé dès la fin de l'été en sol argileux pour constituer des éléments grossiers qui évolueront avec les séquences climatiques de l’automne-hiver (gel-dégel, sec-humidité). En sol limoneux, il aura lieu au printemps.
Cas d’un couvert détruit mécaniquement ou par le gel durant l’hiver.
1. Labour hivernal pour implanter un tournesol; 2.Tournesol en milieu argilo calcaire, travail hivernal et affinage au printemps.
C’est un cas très courant. Le couvert disparait durant l’hiver, l’agriculteur peut donc faire un travail profond hivernal sous forme de labour ou avec un outil à dents. L’intervention se déroule en situation ressuyée ou sur un sol légèrement gelé.
En sols argileux, ce travail peut être grossier, les différentes séquences climatiques hivernales puis de début de printemps permettent généralement un effritement ou éclatement des mottes. Si les conditions météorologiques le permettent c‘est également l’occasion d’avoir des levées d’adventices. Si ces levées sont précoces, un travail superficiel de fin d’hiver doit les éliminer. Une nouvelle germination est également possible, elle sera détruite au moment du semis.
Ces deux passages, en situations saines permettent non seulement d’éliminer une ou deux levées d’adventices, mais aussi d’affiner, aplanir et réchauffer le lit de semences.
En sols légers, limono sableux par exemple, un travail profond hivernal de type labour ou passage d’outil à dents est possible. La reprise superficielle est dans ce contexte pédologique effectuée juste avant le semis pour éviter les risques de forte humidité du sol encourus en cas de fortes pluies sortie hiver. Ce travail de pré semis de niveler, affiner le lit de semence et d’éliminer les adventices.
Cas d’un couvert détruit très tardivement, juste avant le semis.
Le couvert « mulché » retient la terre et le tournesol, dans des coteaux très arrosés
Cette stratégie est fréquente en milieu sensible à l’érosion et en agriculture de conservation ou on limite autant que possible les interventions mécaniques, profondes en particulier.
Le couvert (féveroles et phacélies par exemple) est roulé quelques jours avant le semis. Un passage d’outil superficiel est parfois nécessaire. La herse rotative est privilégiée. Le fait que cette herse soit animée évite les risques de bourrage et l’effet « râteau ». Le semis peut ensuite avoir lieu sur un sol encombré certes mais avec des résidus hachés et répartis de façon à ne pas nuire à la qualité de positionnement de la graine. Ce passage d’herse peut également servir à détruire les jeunes adventices. Le rôle du couvert est bien entendu de limiter leur apparition (ombrage).
Cette pratique est envisageable si le sol est bien structuré, ce à quoi l’enracinement du couvert doit participer. Lors de l’implantation de la culture précédente, ou lors de l’installation du couvert, un travail profond peut être nécessaire pour fragmenter un sol qui présenterait des zones de compaction ou des ruptures de porosité dans la couche labourable. Un test bêche ou des sondages au pénétromètre sont conseillés pour prendre connaissance de l’état structural.
Cas du strip till
Semis de tournesol derrière fissuration de la ligne de semis avec un strip till en sol limono sableux.
L’utilisation de cet outil qui combine plusieurs éléments pour fissurer, affiner et rappuyer la zone travaillée en un seul passage est possible mais, à adapter au contexte pédologique.
En sol argileux, il semble préférable de privilégier un passage de fin d’été ou automnal en situation sèche, dans un couvert ou lors de son installation. La reprise de printemps est effectuée juste avant le semis et peut consister en un simple roulage ou roulage suivi d’un passage de herse rotative. Le semis du tournesol a lieu dans la zone fissurée. Le guidage est indispensable.
En sols légers, type limono sableux, le passage du strip-till peut avoir lieu juste avant ou au moment du semis, dans un couvert mulché et haché.
Le sol est fissuré sur 18 -19 centimètres. On observe des racines anciennes et les mottes se détachent facilement.
Cas du semis direct
Le tournesol apprécie les sols affinés, bien structurés avec un lit de semence réchauffé. A priori, la pratique du semis direct ne parait indiquée pour implanter le tournesol. Toutefois dans des situations très bien structurées, cette stratégie est possible. Il est conseillé d’attendre un réchauffement du sol suffisant pour assurer une levée et un début de croissance rapide. Les pratiques permettant d’évaluation de la qualité structurale sont indispensables (test bêche, pénétromètre).
En résumé
Efficacité des techniques de travail du sol en tournesol
Le semis a lieu dès que les conditions le permettent
Le semis s’effectue sur un sol bien ressuyé. Il est préférable qu’il soit suffisamment réchauffé. Plus de 10° en surface et au moins 8° dans le lit de semence sont nécessaire pour assurer une levée rapide et régulière. Il est conseillé de débuter les semis dès le début d’une phase de réchauffement, en particulier si les prévisions météorologiques prévoient la poursuite de ce réchauffement. Il est évidement déconseillé de semer en sol frais sensible au tassement. La vitesse de semis doit être réduite (7 à 8 kilomètres/heure au plus) pour assurer un positionnement régulier de la graine à la profondeur souhaitée.
Tournesol : les règles d'un semis réussi
La régularité du peuplement compte autant que la densité
Le tournesol compense mal un peuplement irrégulier et insuffisant, même si on peut observer des capitules plus gros en peuplement faible. Une densité de levée inférieure à 50 000 plantes/ha associée à un peuplement irrégulier dégrade fortement le rendement et la teneur en huile.
1. Levée irrégulière; 2. levée régulière
La densité de semis doit être adaptée aux conditions de levée attendues et à la contrainte hydrique
L’analyse des données d’essais menés de 1980 à 2012 a montré que la densité de semis optimale pour le rendement et la teneur en huile est d’autant plus élevée que la contrainte en eau est faible. Les effets physiologiques expliquant cette relation restent incertains. Ils impliquent probablement l’optimisation de la consommation d’eau en sol superficiel et du rayonnement en sol profond. La densité de semis doit aussi être adaptée en fonction des conditions attendues de levées (pression oiseaux limaces taupin et qualité du lit de semences).
Le tableau de conseil propose des densités optimales pour le rendement et la teneur en huile et la carte indique les zones climatiques.
Choisir un écartement de 40 à 60 cm
L’écartement entre rangs compris entre 50 et 60 cm est celui qui donne les meilleurs résultats. Pour un écartement de 75-80 cm (comparé à un écartement de 50 cm), des pertes moyennes de l'ordre de 1 à 4 q/ha sont enregistrées
Soigner l’opération du semis
Semer lentement, à une vitesse maximale de 5 km/h. Une vitesse de semis réduite améliore la régularité de répartition des pieds sur la ligne. Une vitesse trop élevée conduit à une irrégularité de la profondeur de semis et augmente les pertes à la levée.
La profondeur de semis doit être adaptée au type et à l’état du sol.
| Lit de semences frais | Terre desséchée en surface | |
| Terre battante | 2-3 cm | 3-4 cm |
| Terre non battante | 2-3 cm | 4-5 cm |
Traitement de semences : à raisonner en fonction du choix variétal
Un seul traitement fongicide est autorisé contre le mildiou (Apron XF à base de métalaxyl-M ou méfénoxam). Il n’est pas obligatoire et son utilisation systématique peut conduire à une généralisation des résistances.
Pour les variétés dites RM8 et RM9 résistantes à la plupart des races de mildiou, préférez les semences non traitées notamment dans les secteurs sans attaques significatives ces dernières années. En Charente et Charente-Maritime, préférez des semences traitées pour les variétés dites RM8 en raison de la présence dans ce secteur de la race 334 à laquelle ces variétés sont sensibles.
Ne jamais retourner un tournesol à la légère
Implanter une culture de remplacement n’est pas toujours facile et peut se révéler onéreux.
Un faible peuplement, compris entre 25 et 30 000 pieds/ha, d’une culture de tournesol bien enracinée peut être maintenu, surtout si les plantes sont régulièrement réparties dans la parcelle. La perte de pieds doit être attestée par une observation précise : l’absence de cotylédons due aux attaques d’oiseaux peut être impressionnante, mais sans conséquences tant que l’apex n’est pas touché.
Maladies du tournesol : adapter les dates de semis au niveau de risque
Mildiou : retarder le semis si de fortes précipitations sont attendues car pas d’eau dans le sol au moment de la levée, pas de mildiou !
S’il n’est pas toujours évident à mettre en œuvre, le décalage du semis peut être efficace pour lutter contre le mildiou. En effet, les contaminations primaires, qui sont les plus dommageables sont favorisées par la présence d'eau en grande quantité dans le sol au moment de la germination des semences.
Une parcelle de tournesol en dérobé touchée par le mildiou à 80% suite un épisode très pluvieux juste après le semis.
Les semis de tournesol ne doivent donc pas se trouver "les pieds dans l'eau". Retarder le semis de quelques jours si de fortes pluies (prévisions météo à 5 jours) sont annoncées et soigner la préparation du sol pour favoriser la circulation de l'eau (attention aux tassements et aux sols soufflés en surface). Ce décalage sera d’autant plus aisé qu’un semis précoce sera envisagé.
Phomopsis : semer trop précocement peut être pénalisant dans certains cas
Les attaques de Phomopsis sont favorisées par un développement végétatif exubérant de la culture, permettant le maintien d’une forte humidité relative dans le couvert. Dans ces conditions, la germination des spores du champignon et son installation en bordure du limbe des feuilles est facilitée.
Implanter un tournesol dans un sol profond (ex : alluvions de vallées, terreforts, bas de coteaux, etc.) ou en sol moyennement profond avec un peuplement trop dense (> 60000 plantes/ha) ou une forte disponibilité en azote (reliquats élevés avant le semis, apport régulier de fertilisation organique) crée ainsi des conditions favorables à la maladie.
Ces conditions sont d’autant plus favorables que le semis a lieu avant le 15 avril. En effet, en plus de l’état du couvert, la phénologie du tournesol joue : la période de réceptivité du tournesol au phomopsis, c’est-à-dire la période pendant laquelle le champignon peut s’installer facilement dans les tissus de la plante, se situe entre les stades E1 et E5, pendant la phase « bouton floral ». Selon plusieurs travaux, les semis précoces favorisent les attaques sévères alors que le décalage de la date de semis permet de limiter la coïncidence entre la période de réceptivité de la culture et la période où le risque d’attaque est élevé.
Cet effet peut être attribué au stade phénologique de la culture au cours de la période propice aux infections : bien que les infections soient possibles tant que des feuilles vertes sont présentes, la plus forte proportion de tiges infectées est le résultat d’attaques ayant eu lieu dans les premières phases de l’apparition du bouton floral. Les semis plus tardifs permettent en général de limiter le nombre d’infections, en raison de conditions climatiques moins favorables (épisodes pluvieux moins fréquents et fréquence des jours avec températures létales pour le champignon plus élevée) coïncidant avec la réduction de la durée de la phase de réceptivité de la culture et du délai de la fermeture du couvert.
Attention, un trop décalage de la date de semis risque de pénaliser le rendement…
Les attaques de Phomopsis sur feuille sont favorisées par un couvert exubérant
Semer son tournesol tôt en sol suffisamment réchauffé
Le semis doit s'effectuer dans un sol ressuyé et suffisamment réchauffé (8°C à 5 cm de profondeur). On assure ainsi une levée rapide et régulière, moins exposée aux dégâts d'oiseaux, de limaces et de ravageurs du sol. Les dégâts d’oiseaux sont d’autant moins aigus que les semis sont regroupés.
Il y a intérêt à semer dès que les bonnes conditions de sol sont atteintes. Les semis tardifs risquent de manquer d'eau dès la floraison et d’avoir pour conséquence une récolte dans de mauvaises conditions.
Périodes de semis conseillées
Les dates de semis conseillées dépendent des climats régionaux et peuvent être adaptées selon le scénario météo de l’année. Privilégiez les variétés tardives quand les dates de semis le permettent.
Adapter la période de semis et la précocité à sa région
Avec des semis précoces, dans de bonnes conditions, on accroît les chances d’obtenir des rendements plus élevés. Les semis précoces permettent également de sécuriser une récolte avant le 20 septembre.
Source : enquêtes Terres Inovia 1998 à 2017.
Attention : ces dates de semis ne concernent pas la culture du tournesol en dérobé !
Récolter le tournesol au bon stade pour maximiser la marge économique
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Récolter lorsque la majorité de la parcelle a atteint le stade optimal, c’est-à-dire lorsque :
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Points d’attention
Le séchage du tournesol n’est justifié qu’en cas d’atteinte trop tardive de la maturité récolte (au-delà du 10-15 octobre). Il doit rester exceptionnel. Son recours entraîne une forte baisse de la marge économique.
Il est inutile d’attendre la sur-maturité (plantes entièrement desséchées, noires) pour récolter car le risque de pertes de graines est important (dégâts d’oiseaux, botrytis sur capitule) et l’ajustement du tonnage aux normes n’est le plus souvent pas pratiqué par le collecteur. Ainsi une récolte trop tardive peut entraîner des pertes économiques elles aussi élevées.
Avant d’entamer le chantier de récolte, il est conseillé de réaliser une mesure d’humidité sur un échantillon récolté mécaniquement. Les prélèvements manuels de graines tendent à sous-estimer l’humidité.
En pratique à l’échelle de la parcelle, il faut souvent composer avec l’hétérogénéité due à des levées échelonnées, des irrégularités de peuplement importantes ou des différences de sol, plus ou moins séchant. Si l’hétérogénéité se prête bien au découpage de la parcelle (exemple de la zone de côteaux plus en avance que celle de fond de vallée), il est conseillé, dans la mesure du possible, d’échelonner les chantiers de récolte. Si ce n’est pas le cas, ou en raison de contraintes organisationnelles, il faut viser un compromis sans attendre que les pieds les plus tardifs aient atteint la maturité optimale. Le mieux est, dans la mesure du possible, de réaliser des essais avec la moissonneuse-batteuse.
Anticiper pour récolter au bon moment
- Agir dès le choix variétal et l’implantation pour sécuriser la récolte
La période optimale de récolte du tournesol est comprise entre mi-août et fin septembre. Au-delà du 10 octobre, la culture ne mûrit plus. Pour limiter le risque d’une récolte trop tardive pouvant induire des frais de séchage potentiellement élevés, il importe de choisir la date de semis adaptée au territoire avec la variété de précocité adaptée.
Terres Inovia propose un outil pour vous aider avant le semis du tournesol.
- Semer dès que les conditions de température du sol (≥ 8°C à 4 cm) et de ressuyage sont réunies en visant une levée régulière
Alors qu’un peuplement insuffisant est associé le plus souvent à de gros capitules épais et lents à sécher, une levée régulière et suffisante en densité (optimum de 5 à 6 pieds levés/m²) facilitera une maturation homogène de la culture.
Les pertes économiques importantes associées à la récolte à sous- ou sur-maturité
Dans la simulation présentée ci-dessous, le taux d’impuretés est considéré constant à 2% quelle que soit l’humidité de récolte, hypothèse minimisant les pertes économiques de récolte lorsque le stade n’est pas optimal.
Malgré cela, une récolte à sur-maturité à 5% d’humidité des graines fait baisser la marge de 55 €/ha (en l’absence de pertes de graines et de remise aux normes d’humidité) à 139 €/ha (avec une perte de graines de 2q/ha et toujours en l’absence de remise aux normes d’humidité), par rapport à une récolte au stade optimal de 9% d’humidité.
De même, une récolte avec une teneur en eau élevée s’accompagne d’une forte dégradation de la marge. Ainsi, par rapport à une récolte au stade optimal, la marge est réduite de 105 €/ha pour une récolte à 13% d’humidité, de 192 €/ha à 15% d’humidité (avec 1 q/ha de pertes aux normes) et de 312 €/ha à 18% d’humidité (avec 2 q/ha de pertes aux normes), taux d’humidité plafond pour un tournesol récoltable à la moissonneuse-batteuse.
Hypothèses de la simulation :
Tarifs indicatifs de séchage pratiqués à la récolte 2023
Prix des graines de tournesol aux normes (H+I = 11%) = 420 €/t
Charges opérationnelles (hors frais de séchage) = 420 €/ha
Rendements aux normes sans perte de graines = 30 q/ha
Aide PAC découplée = 200€/ha
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Récolte du tournesol : réglementation et gestion des insectes au stockage
Pas d’insecte vivant à la commercialisation
L’absence d’insecte vivant fait partie des clauses contractuelles, pour la commercialisation des grains.
Insectes rencontrés dans le tournesol
Les lots de tournesol peuvent présenter des infestations d’insectes de type secondaires (Cryptolestes, Tribolium) ou mycophages (Ahasverus, Thyphea), c’est-à-dire des insectes se nourrissant de graines cassées, de débris ou de moisissures. On ne retrouve pas d’insectes primaires dans le tournesol (insectes vivant à l’intérieur des graines et s’en nourrissant comme les charançons). Bon à savoir : Ces insectes secondaires peuvent être facilement éliminés par un nettoyage mécanique des graines.
Interdiction de traiter les graines de tournesol au stockage avec un insecticide
Aucun des insecticides de contact utilisés sur céréales ne peut être utilisé au stockage sur les graines oléagineuses. De ce fait, les limites maximales de résidus (LMR) pour ces insecticides (pyrimiphos-méthyl, deltaméthrine, cyperméthrine) sont très faibles dans les graines de tournesol. La seule lutte chimique autorisée sur graines oléagineuses est la fumigation à la phosphine (PH3) qui est un gaz, et qui est soumise à une réglementation particulière et doit être réalisée par des personnes agrées ou des entreprises spécialisées.
Attention en particulier aux contaminations croisées par les résidus de ces insecticides de stockage (utilisés sur locaux vides, ou sur céréales stockées), notamment à la deltaméthrine car la LMR est abaissée à 0,01 mg/kg à partir de la récolte 2025. Il convient d’être vigilant sur la gestion des flux de graines, pour éviter les situations à risque de transfert de résidus de ces insecticides vers les graines de tournesol.
Stockage à la ferme : les tailles de lots étant réduites (de 10 à 50 tonnes), il faut éviter de mettre en contact des graines oléagineuses avec des parois de locaux ou du matériel de stockage fraîchement traités à l’aide d’insecticides de contact.
Organismes stockeurs : d'autres situations peuvent entraîner une contamination des graines, par exemple la manutention du tournesol dans les mêmes circuits que des céréales traitées aux insecticides. L'accumulation de plusieurs situations à risque de contaminations croisées en site de stockage entraîne la présence fortuite de résidus d'insecticides à des teneurs basses (quelques dizaines de µg/kg) qui peuvent toutefois être détectées et parfois dépasser les limites réglementaires basses.
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Le séchage du tournesol
Quand le séchage du tournesol est nécessaire
La conservation du tournesol dans de bonnes conditions s'effectue à une humidité voisine de 7-8 %. Si l’humidité du tournesol à la récolte est trop élevée, un séchage est nécessaire : par ventilation séchante avec un air légèrement réchauffé (si dispositif disponible) pour des humidités inférieures à 14%, ou dans un séchoir à air chaud en particulier pour des humidités supérieures à 14%. Pour le séchage du tournesol, une température relativement basse de l’air chaud à 70°C est recommandée afin que la température de la masse de graines atteigne 35-40°C.
Le séchage du tournesol présente des particularités : le tournesol ayant un faible poids spécifique, l’écoulement des graines dans un séchoir vertical est moins bon, cela a tendance à prendre en masse
Il est donc nécessaire de réduire les débits de ventilation. De plus, le taux d’impuretés pouvant être élevé sur tournesol, un pré-nettoyage des graines se révèle souvent indispensable.
Attention : le séchage du tournesol présente des risques particuliers d’incendie dans les séchoirs et nécessite quelques précautions.
Quels sont les éléments à connaître pour éviter les risques d'incendie ?
Eviter l'obstruction du séchoir
- Pré-nettoyer les graines de tournesol avant le séchage, avec un débit suffisant
- Nettoyer régulièrement le séchoir pour dégager les zones obstruées et retirer les dépôts gras.
- En cas d'arrêt du séchoir, on procède à des extractions régulières, par exemple deux fois par heure, pour remuer le grain et limiter les prises en masse.
- Eviter de léser les graines : veiller à ce que les circuits de manutention avant séchoir ne soient pas trop brisants.
Réduire les risques dus à la fermentation
- Ne pas pré-stocker le tournesol en tas, avant le séchage. Une ventilation bien conduite évite les échauffements.
- Ventiler une demi-heure au minimum avant d'allumer le brûleur. La ventilation n'est efficace que si le séchoir est rempli.
- Maintenir la ventilation en cas d'arrêt de l'alimentation du séchoir.
Réduire les départs d’incendie
- Eviter que des poussières enflammées atteignent le grain.
- Les prises d'air des ventilateurs doivent être le plus possible isolées des sources de poussières.
- Entretenir régulièrement le séchoir. Si la chambre de combustion d'un séchoir au fuel ou si un brûleur à gaz sont dégradés, des particules de métal incandescent peuvent être introduites dans le grain.
La température de l'air séchant ne doit pas dépasser 70°C, 60°C en cas de lot brisé :
- Veiller à ce que la température de l'air séchant soit homogène et que la température de certains filets d'air ne dépasse pas la consigne.
- Ne jamais utiliser la surgénération.
Pour réduire le surséchage
Ne pas abaisser l'humidité des graines de tournesol en-dessous de 6 % : cela augmente leur sensibilité à la casse et la fissuration. Si un lot sec est admis dans le séchoir parmi des lots humides, il sera sur-séché si les réglages ne sont pas modifiés. L'homogénéisation des lots et un pré-stockage court réduiront ce risque.
Nettoyer intégralement le séchoir après le tournesol afin d’éviter des risques d’incendie lors du séchage du maïs qui va suivre
Quelques poignées de graines oléagineuses, mélangées à du maïs dans un séchoir et balayées par de l’air à plus de 70°C (en général 90-140°C) risquent de prendre feu et de le propager à l’ensemble du séchoir.
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Qualité des graines de tournesol - Récolte 2024
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Eviter les mélanges tournesols oléiques et classiques !
Il ne faut jamais mélanger tournesols oléiques et classiques : les deux productions risquent d'être pénalisées, et la récolte peut être refusée au silo !
Regrouper les interventions sur les parcelles oléiques - ou ne faire que du tournesol oléique - et nettoyer soigneusement tous les matériels, y compris le matériel d’entreprise. Il existe en effet des risques de mélange dans les trémies de la moissonneuse-batteuse, dans les bennes de transport ainsi que dans toute la chaîne de manutention avant la commercialisation, des trémies de réception jusqu'aux cellules.
Détermination de la teneur en acide oléique :
Seule la méthode chromatographique est aujourd’hui normalisée et permet d’apprécier, à 1 ou 2 % près, la teneur en acide oléique de l’huile contenue dans une graine de tournesol oléique.
Des méthodes indirectes existent : la réfractométrie ou l’analyse par infra- rouge. La précision de la première ne permet que de distinguer le type oléique du type non oléique. Bien mise en œuvre (température constante, séchage des graines), elle peut constituer un contrôle pour éviter de mauvais classements de lots. La seconde nécessite un équipement coûteux, le broyage des graines et surtout un étalonnage rigoureux. Elle est mise en oeuvreœuvre par les sélectionneurs.
La mise en place d’une traçabilité des parcelles oléiques, de la semence à la récolte et au stockage (pour éviter les mélanges de graines), alliée à quelques pratiques agronomiques sont des moyens complémentaires pour assurer la teneur oléique contractuelle de la récolte.