Reconnaître les symptômes de carence en bore sur tournesol
A ce stade, il est trop tard pour réaliser un apport de bore. De plus, la carence s'exerçant avant que les symptômes ne se manifestent, il est inutile d'intervenir après leur apparition car il n'y a pas d'action curative.
Les symptômes de carence en bore
La carence s’exprime sur les feuilles du tiers supérieur de la plante, 10 à 15 jours après un défaut d’alimentation, par un gaufrage puis une décoloration et une grillure sèche de la base du limbe (zones internervaires, côté pétiole). La surface foliaire, essentielle au remplissage des graines, est alors réduite.
Dans les cas graves, des crevasses transversales avec émission de gomme conduisent parfois au cisaillement de la tige et à la chute du capitule, dès le stade bouton dégagé. Des graines vides peuvent également être observées.
Des déficiences précoces (lors de l'initiation florale) peuvent entraîner des malformations de capitules (fleurs ligulées ou bractées au centre du capitule).
1. Grillure de la base du limbe - 2. Cisaillement de la tige - 3. Malformation de pièces reproductrices
Risques de confusion
- Symptômes de sécheresse : les bords du limbe sont alors flétris.
- Dégâts liés au vent : couleur vert foncé.
- Maladie (phomopsis) : attaque à partir du bord du limbe en suivant une nervure.
Fertilisation du tournesol: diagnostic foliaire des carences
Le diagnostic est à réaliser en début de floraison
L'analyse de la teneur en éléments minéraux du tournesol constitue un bon indicateur de l'état nutritionnel des plantes. Il est nécessaire d'envoyer au laboratoire un échantillon d'au moins 500 grammes de feuilles fraîches en sac papier.
Les teneurs optimales en éléments minéraux figurant dans le tableau ci-dessous s'appliquent pour un diagnostic foliaire réalisé au début de la floraison sur les 5 et 6ème feuilles numérotées à partir du capitule.
Il est toujours préférable de réaliser les analyses par couple (un échantillon de feuilles prélevées sur des plantes présentant des symptômes et un échantillon de feuilles prélevées sur des plantes saines de croissance sensiblement équivalente). Dans ce cas, le diagnostic peut être réalisé à tout stade.
Coût moyen d’un diagnostic foliaire au SAS laboratoire :
- 3 éléments (N, P, K) : environ 60 € HT
- 6 éléments (N, P, K, Ca, Mg,Na) : environ 65 € HT
- 11 éléments (N, P, K, Ca, Mg, Cu, Zn, Mn, Fe, Bo, Na) : environ 70 € HT
Exemple de laboratoire pratiquant ce type d'analyses :
AUREA
270, avenue de la Pomme de Pin
45160 ARDON
https://aurea.eu/
Teneurs optimales en éléments minéraux dans les feuilles au début de la floraison
| Eléments majeurs et mineurs |
Teneurs optimales (en % de la matière sèche) |
| Phosphore (P) | 0.3 - 0.5 |
| Potasse (K) | 3 - 4.5 |
| Calcium (Ca) | 0.8 - 2 |
| Magnésium (Mg) | 0.3 - 0.8 |
| Soufre (S) | 0.15 - 0.2 |
| Oligo-éléments |
Teneurs optimales (en ppm de matière sèche) |
| Fer (Fe) | 80 - 120 |
| Cuivre (Cu) | 10 - 20 |
| Zinc (Zn) | 30 - 80 |
| Manganèse (Mn) | 25 - 100 |
| Bore (B) | 35 - 100 |
| Molybdène (Mo) | 0.4 - 1 |
Fertilisation du tournesol: carences en molybdène
Molybdène
Dans les sols très acides (pH inférieur à 6) on peut observer des carences en molybdène : les feuilles de couleur vert-jaune citron présentent une forme de cuillère avec les bords du limbe nécrosés marron clair (voir photo). En général, les symptômes sont légers et disparaissent rapidement sans qu’il soit nécessaire d’intervenir.
Carence en molybdène (feuilles en forme de cuillère), souvent confondue avec celle en potasse.
Attention, des confusions sont possibles avec une déficience en potasse, mais les symptômes interviennent généralement dès l’apparition des premières feuilles pour le molybdène et plus tard pour la potasse.
En présence de tels symptômes, une pulvérisation avec une solution à base de molybdène (10-20 g/ha) donne de bons résultats.
Dans les parcelles où l’on observe de telles carences, il est nécessaire de contrôler le pH du sol avec une analyse de terre : si le sol s’avère acide, réaliser un apport d’amendement basique.
Privilégier une fertilisation azotée en végétation plutôt qu'au semis du tournesol
En zones vulnérables, se référer aux arrêtés préfectoraux
Dans tous les cas, respecter strictement les réglementations en vigueur, notamment les arrêtés préfectoraux en zones vulnérables*. Les arrêtés préfectoraux diffèrent d'une région à une autre, dans les méthodes de calcul et les grilles de références.
* Liste des communes en zone vulnérable : voir le site de votre Chambre d'agriculture, DREAL ou DRAAF.
Raisonner la fertilisation azotée du tournesol
Les besoins en azote du tournesol sont modérés. Ils sont proportionnels au rendement à raison de 4,5 kg d'azote absorbé par quintal. Au delà de 150 kg d'azote absorbés/ha, l'azote n'est plus limitant.
Bien enraciné, le tournesol mobilise l’azote minéral des couches les plus profondes du sol qui lui fournit alors une grande partie de ses besoins, voire la totalité. La fertilisation azotée vise à compléter les fournitures du sol, si nécessaire, afin de satisfaire les besoins de la plante.
Pour déterminer la dose d'azote à apporter, il existe deux méthodes :
- l'estimation des besoins à partir des reliquats et de l'objectif de rendement (méthode du bilan)
Privilégier une fertilisation azotée en végétation plutôt qu'au semis
Un apport d'azote en végétation est souvent mieux valorisé qu'un apport au semis car il est mieux synchronisé avec la période de besoin maximum de la culture.
Pour apporter l’azote en végétation sans risque, utiliser une forme solide (ammonitrate ou urée), par temps sec, avant le stade 14 feuilles.
L’application de solution azotée est déconseillée ; elle n’est possible qu’en équipant le pulvérisateur de pendillards. Cet équipement évite de brûler les boutons dans le cas du report de l'intervention au delà du stade "14 feuilles'' (en raison par exemple de contraintes de temps de travail ou météorologiques).
Eviter les excès d'azote
- ils favorisent l'exubérance de la végétation, le développement des maladies (sclérotinia, phomopsis, botrytis) et la verse, ce qui pénalise le rendement ;
- ils abaissent la teneur en huile des graines d'un demi point pour 50 unités en trop, ce qui pénalise la qualité de la récolte. La teneur en acide oléique n'est pas affectée.
En revanche, quand on n'apporte pas d'engrais, ou trop peu là où il aurait fallu en fournir plus, on perd du rendement à cause des carences en azote (nombre de graines réduit et déficience photosynthétique)
Estimation des besoins à partir des reliquats et de l'objectif de rendement
En zone vulnérable vis à vis de la teneur en nitrate des eaux, respecter les arrêtés préfectoraux établissant les référentiels régionaux de mise en œuvre de l'équilibre de fertilisation azotée.
| Dose d'azote à apporter | |||
| Objectif de rendement | |||
| 25 q/ha (sol superficiel) (1) | 35 q/ha (sol profond) (2) | ||
| Reliquat d'azote minéral dans le sol au semis | faible (30 u) | 40 à 80 u | 80 à 100 u |
| moyen (60 u) | moins de 40 u | 40 à 80 u | |
| elevé (90 u) | 0 u | moins de 40 u | |
(1) argilo-calcaire superficiel, sol sableux, cranette
(2) limon, limon argileux, argile limoneuse, craie.
Si la minéralisation est forte, choisir la valeur basse de la fourchette et inversement. Les reliquats d'azote au semis se mesurent en prélevant des échantillons de sol à différentes profondeurs, par exemple par couche de 30 cm d'épaisseur jusqu'à 90 cm, voire 120 cm pour les sols les plus profonds. Ils peuvent être estimés à partir des résultats mesurés chaque année sur des réseaux de parcelles de référence ou calculés grâce à des logiciels de fertilisation azotée.
Fertilisation du tournesol: carences en molybdène et en magnésium
Molybdène
Carence en molybdène (feuilles en forme de cuillère), souvent confondue avec celle en potasse.
Dans les sols très acides (pH inférieur à 6) on peut observer des carences en molybdène : les feuilles de couleur vert-jaune citron présentent une forme de cuillère avec les bords du limbe nécrosés marron clair (voir photo). En général, les symptômes sont légers et disparaissent rapidement.
Attention, des confusions sont possibles avec une déficience en potasse, mais les symptômes interviennent généralement dès l’apparition des premières feuilles pour le molybdène et plus tard pour la potasse.
En présence de tels symptômes, une pulvérisation avec une solution à base de molybdène (10-20 g/ha) donne de bons résultats.
Dans les parcelles où l’on observe de telles carences, il est nécessaire de contrôler le pH du sol avec une analyse de terre : si le sol s’avère acide, réaliser un apport d’amendement basique.
Magnésium
Carence en magnésium due à un sol sableux
Le tournesol absorbe 90 kg/ha de magnésium mais en exporte peu. Il est utile de connaître sa teneur dans le sol pour prévenir d’éventuelles carences par des apports appropriés.
La carence en magnésium se caractérise par une chlorose internervaire des feuilles qui affecte l'ensemble du limbe. Ce dernier, épaissi et cassant, prend un aspect gaufré. Les chloroses magnésiennes affectent tout d'abord les feuilles de la base puis progressent vers les jeunes feuilles.
En cas d'observation des symptômes de carence, effectuer une analyse pour vérifier la teneur du sol.
Ne pas confondre avec les symptômes de vertilicilium.
Tournesol touché par verticilium
Fertilisation du tournesol: optimiser la fertilisation phosphatée et potassique
40 u P2O5 et 40 u K2O pour un rendement de 35 q/ha
Si l’on souhaite couvrir les exportations, pour un rendement de 35 q/ha, il faut apporter environ 40 unités d’acide phosphorique et 40 unités de potasse.
Le blocage de la fertilisation phospho-potassique sur les têtes de rotation n’est plus conseillé par le COMIFER (Comité français d'études et de développement de la fertilisation raisonnée). Il est préférable d’apporter les éléments phospho-potassiques nécessaires à chaque culture.
Gestion de la fertilisation phosphatée et potassique
| P2O5 | K2O | |||||
| Objectif de rendement | sol à faible teneur | sol à teneur moyenne | sol à teneur élevée | sol à faible teneur | sol à teneur moyenne | sol à teneur élevée |
| 25 q/ha | 40 u | 30 u | 0 u | 40 u | 30 u | 0 u |
| 35 q/ha | 60 u | 40 u | 0 u | 60 u | 40 u | 0 u |
En l’absence d’apport en année n-1 ou n-2, les quantités peuvent être augmentées de 10 u de P2O5 et de 20 u de K2O.
En cas d’exportations des pailles de céréales avant la culture, rajoutez à ces chiffres, et seulement en sols pauvres, 10 à 20 u de P2O5 et 30 à 40 u de K2O.
Se référer aux grilles diffusées par le COMIFER.
Pas d’intérêt particulier de la localisation
La localisation d’engrais PK sur tournesol n’apporte pas d’avantage par rapport aux applications en plein. Toutefois cette technique peut être utilisée sans inconvénient (même dose qu’en plein).
Attention aux impasses !
Selon l'enquête 2017 de Terres Inovia sur les conduites du tournesol, il y a encore 45% des surfaces de tournesol qui ne reçoivent pas de PK. Les doses moyennes apportées sont de 49 kg/ha de P2O5 (contre 56 kg/ha en 2011 et 51 kg/ha en 2013) et 51 kg/ha de K2O (contre 58 kg/ha en 2011 et 52 kg/ha en 2013).
Le tournesol est une plante considérée comme peu exigeante en phosphore et moyennement exigeante en potasse. Ces éléments combinés aux prix élevés des fertilisants phospho-potassiques peuvent inciter à généraliser les impasses.
Attention, faire des impasses sur une culture doit se faire en connaissance de cause. Il est donc important de réaliser des analyses de sol pour prendre la bonne décision.
Chaque année, quelques parcelles carencées sont observées. Les carences phospho-potassiques freinent la croissance végétative de la plante et limitent son potentiel de rendement.
Carence en potasse sur jeune plante à ne pas confondre avec celle en molybdène.
Les carences sont possibles :
- si les teneurs du sol en élément phospho-potassique sont trop faibles par rapport au besoin de la plante,
- en cas d'enracinement médiocre et de disponibilité en eau limitante.
Fertilisation du tournesol: carence en bore, intervenir préventivement en cas de risque
Le bore est un oligo-élément essentiel pour le tournesol : il en absorbe plus de 400 g/ha dont 80 % entre les stades “5 paires de feuilles” et “bouton floral” (E4). La carence s'exerçant avant que les symptômes ne se manifestent, il est inutile d'intervenir après leur apparition car il n'y a pas d'action curative.
Dans le sud de la France, les conditions chaudes fréquentes dès le mois de juin perturbent souvent l’assimilation du bore et provoquent l'apparition de carence avec des conséquences parfois lourdes : jusqu'à 10 q/ha et 5 points d'huile en moins !
Dans les situations à risque, intervenir préventivement
Pour limiter les risques de carence en bore liée à un mauvais enracinement, éviter les tassements excessifs, par exemple suite à de trop fréquents passages d’outils ou à un travail du sol en conditions humides.
Le recours à l’irrigation en cas de sécheresse favorise l'absorption du bore et peut limiter l’apparition de carence.
En végétation, privilégier les apports de bore au début de la période de ses besoins, entre le stade 10 feuilles et le stade limite passage du tracteur (le tournesol mesure 55 à 60 cm).
Les solutions à base d'acide borique, moins chères, sont aussi bien assimilées par la plante que les formes plus élaborées.
Apports conseillés en cas de risque de carence
Dernière mise à jour : mars 2018
| Apport | Stade | Forme | Dose de bore (B) |
| Au sol | Incorporer ou pas avant le semis, comme un herbicide (1) |
Solide, incorporer à la fumure classique Classique |
1,2 kg/ha(3) |
| En application foliaire | Entre les stades "10 feuilles" et LPT (1) (2) | Liquide : apporter au moins 200 l/hade bouillie | 300 à 500 g/ha (3) (4) |
(1) Peut être réalisé à l'occasion du désherbage ou de l'application du fongicide.
(2) LPT : limite de passage du tracteur. Le tournesol mesure 55 à 60 cm.
(3) Chélal B : 250 g B/ha au sol - 200 g B/ ha en application foliaire (données firme).
(4) Soit environ 3 l de produit liquide à 150 g/l de bore
Des risques de carence en rotation courte, sur sols légers ou très calcaires
Facteurs de risque :
- les sols légers (sables, boulbènes, argilo-calcaires, etc.),
- les sols calcaires (plus de 5 % de calcaire total),
- les sols où des carences en bore ont été observées au cours des années antérieures,
- les sols compactés pénalisant l'enracinement.
3 facteurs aggravants sont observés assez fréquemment dans les conditions de culture du tournesol dans le Sud-Ouest et en Poitou Charentes :
- les chocs thermiques (températures supérieures à 30°C) entre le stade 10 feuilles et le début de la floraison,
- les conditions sèches entre le stade 10 feuilles et le début de la floraison,
- le retour fréquent du tournesol dans les rotations (un an sur deux ou trois) sans apport de bore.
- Ils peuvent conduire à l'expression marquée de carence en bore y compris dans des sols profonds.
Les symptômes de carence en bore
La carence s’exprime sur les feuilles du tiers supérieur de la plante, 10 à 15 jours après un défaut d’alimentation, par un gaufrage puis une décoloration et une grillure sèche de la base du limbe (zones internervaires, côté pétiole). La surface foliaire, essentielle au remplissage des graines, est alors réduite.
Dans les cas graves, des crevasses transversales avec émission de gomme conduisent parfois au cisaillement de la tige et à la chute du capitule, dès le stade bouton dégagé. Des graines vides peuvent également être observées.
Des déficiences précoces (lors de l'initiation florale) peuvent entraîner des malformations de capitules (fleurs ligulées ou bractées au centre du capitule).
1. Grillure de la base du limbe - 2. Cisaillement de la tige
Risques de confusion
- Symptômes de sécheresse : les bords du limbe sont alors flétris.
- Dégâts liés au vent : couleur vert foncé.
- Maladie (phomopsis) : attaque à partir du bord du limbe en suivant une nervure.
L'analyse de terre pour une évaluation précise du risque
Pour évaluer le risque, l'analyse de terre est la méthode la plus précise. Avant d'effectuer cette analyse, vérifier que la carence n'est pas liée à un mauvais enracinement. En l'absence d'analyse, le traitement est conseillé, surtout dans les situations à risque décrites ci-dessus.
Attention, le risque d’observer au moins un facteur aggravant peut conduire à fertiliser en bore des parcelles situées en sol profond et moyennement profond.
| Type de sol* | Calcaire actif | pH eau | Valeur en dessous de laquelle il existe un risque de carence en bore (ppm) | ||
| Méthode d'extraction à l'eau chaude | Méthode CaC12 (COFRAC) | ||||
| Non calcaire (moins de 5% de calcaire total) | Argile ou limon | - | moins de 7 | 0,2 | 0,12 |
| plus de 7 | 0,5 | 0,30 | |||
| Sable | - | moins de 7 | 0,3 | 0,18 | |
| plus de 7 | 0,6 | 0,36 | |||
| Calcaire (plus de 5% de calcaire total) | moins de 10% | - | 0,3 | 0,18 | |
| plus de 10% | - | 0,5 | 0,30 | ||
* Le risque est accru sur sols légers, filtrants, à teneur en éléments grossiers + sables fins, supérieure à 15-20%.
Les atouts économiques du tournesol
Un retour rapide sur investissement avec des charges opérationnelles limitées
Plante à cycle court, le tournesol mobilise une trésorerie limitée grâce à des charges opérationnelles, le plus souvent comprises entre 300 et 450 €/ha, inférieures à d’autres grandes cultures (voir le graphe ci-dessous) et sur une courte durée de l’ordre de six mois (avril à septembre). Ainsi, dans le cas d’une commercialisation par [acompte + complément de prix], le paiement des acomptes intervient le plus souvent assez tôt après la récolte.
Des charges opérationnelles maîtrisées et peu volatiles
Parmi les charges opérationnelles, le poste fertilisation minérale est celui soumis à la plus grande volatilité interannuelle à cause notamment du prix d’achat des engrais. Les besoins relativement limités en engrais azotés du tournesol (entre 0 et 80 unités) par rapport à d’autres espèces ont pour conséquence une variabilité interannuelle plus faible des charges opérationnelles que d’autres grandes cultures (voir graphe ci-dessus). C’est un facteur de stabilité des marges et indirectement du revenu agricole.
Des débouchés variés et assurés
Matière première agricole faisant partie des principaux oléagineux cultivés dans le monde, le tournesol, source d’huile et de protéines, bénéficie de débouchés variés et assurés.
En conduite sèche, une culture robuste et compétitive
Le tournesol valorise des milieux variés allant des sols superficiels à profonds. Des essais de comparaison de cultures d’été en conduite sèche (pluviale) dans le Sud-Ouest ont montré que cette espèce amortit particulièrement bien les aléas du climat (années sèches) et du prix au niveau de la marge de la culture et permet de dégager des marges intéressantes. C’est un atout certain dans le contexte du changement climatique en cours.
En conduite irriguée, une culture valorisant des apports d’eau limités
Par ailleurs cette culture valorise très bien des apports limités d’eau d’irrigation (≤ 100 mm) tout particulièrement dans les sols intermédiaires et superficiels.
Une culture avec de gros atouts pour allier performance économique et utilisation réduite d’intrants phytosanitaires
Le tournesol présente de nombreux atouts pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires tout en maintenant voire en améliorant sa performance économique :
- La génétique permet de gérer une partie importante des maladies et parasites, la lutte fongicide arrivant en complément (phomopsis, phoma).
- Le désherbage mixte montre de très bons résultats sur cette espèce en particulier : l’association herbisemis (désherbage localisé sur le rang lors du semis) puis binage : voir le tableau ci-dessous ; le désherbage en plein associé à un à deux passage(s) de herse étrille (1er dans les trois jours après le semis pouvant être complété par un second autour de 4 feuilles) qui permet de gagner 15 à 25 points d’efficacité par rapport à un désherbage en plein seul.
| Traitement herbicide de prélevée en plein (référence) | Traitement de prélevée localisé (herbisemis) puis binage | Traitement en plein à dose réduite puis binage | Binage(s) seul(s) | |
| Efficacité moyenne du désherbage (% de destruction des adventices) | 79% | 82% | 83% | 67% |
| Coût total (main d'oeuvre, mécanisation et herbicide) en €/ha | 89 | 63 | 84 | 24 |
| Temps passé (min/ha) | 10 | 27 | 37 | 27 |
Source : essais de Terres Inovia sur désherbage mixte en tournesol (2010 à 2012)
Une culture rentable avec des marges de progrès (Culturales 2018)
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Irriguer le tournesol : un intérêt accru dans les sols superficiels et intermédiaires
Une culture très tolérante aux conditions sèches…
Si la structure du sol n’entrave pas sa croissance racinaire, le tournesol est capable d'exploiter les horizons les plus profonds (jusqu’à 2 m) et d'extraire une plus grande quantité d’eau disponible du sol que d’autres cultures. Au niveau technico-économique, c’est une culture robuste, relativement à d’autres cultures d’été conduites en sec, amortissant particulièrement bien les aléas climatiques.
… et valorisant de quantités limitées d’eau d’irrigation
Le tournesol est également une plante qui répond bien à une irrigation modérée en quantité, surtout si sa croissance végétative est limitée avant la floraison. L’eau d’irrigation est particulièrement bien valorisée entre le tout début floraison et la fin du remplissage des graines, lorsque la réserve en eau du sol est en phase d’épuisement. Les besoins en eau d’irrigation du tournesol sont le plus souvent inférieurs à 100 mm (1000 m³/ha).
L’irrigation du tournesol est la mieux valorisée dans les sols superficiels et intermédiaires. Les essais et les observations en culture ont montré un gain moyen de l’ordre + 1.2 à + 1.4 q/ha par tranche de 10 mm d’apport dans les sols superficiels (RU ≈ 80 mm), + 0.8 à + 1 q/ha dans les sols intermédiaires (RU ≈ 130 mm) et de + 0.5 q/ha dans les sols profonds (Réserve utile ≈ 180 mm).
Deux apports d’eau, l’un avant et l’autre après la floraison : une stratégie gagnante
Comme l’illustrent notamment des essais conduits dans des sols filtrants de Rhône-Alpes, deux tours d’eau, positionnés avant et après la floraison, constituent la solution optimale pour augmenter le rendement avec un volume d’eau limité (80mm).
Dans ce contexte de disponibilité en eau restreinte, une seule irrigation de 40mm fin floraison apporte déjà un gain de rendement de 5q/ha par rapport à une conduite sans irrigation. Le positionnement de cet apport unique à fin floraison, par rapport à la préfloraison, permet d’augmenter à la fois le rendement et la teneur en huile (+ 4 points).
A noter que l’irrigation n’a aucun effet sur la teneur en acide oléique du tournesol.
Résultats essai CREAS/TERRES INOVIA 2006
Contexte : stress hydrique précoce et prolongé en sol superficiel
Des marges améliorées
Au niveau économique (marge intégrant les coûts de l’eau d’irrigation), le tournesol irrigué en culture principale est bien positionné relativement à d’autres espèces irriguées de printemps (pois) ou d’été (soja, sorgho, maïs) dans les sols superficiels voire intermédiaires selon le contexte de prix de vente des graines et de coût d’achat de l’eau, toutes les espèces étant irriguées avec des mêmes volumes restreints (1 à 3 tours d’eau avec un volume total inférieur ou égal à 100 mm). Toujours en relatif, l’irrigation du tournesol est moins bien valorisée dans les sols profonds où des espèces plus exigeantes en eau, comme le soja ou le maïs, se positionnent mieux au niveau économique.
La simulation économique présentée ci-dessous illustre l’intérêt de l’irrigation du tournesol dans les sols superficiels : dans ce contexte défini, le tournesol irrigué fait partie des cultures d’été à meilleure marge en conduite irriguée et volumes restreints.
Hypothèses retenues
Avec les hypothèses retenues, les gains de marge permis par l’irrigation du tournesol, pour un coût total de l’eau à 0.30 €/m³, sont compris entre +150 et +200 €/ha dans les sols superficiels pour 100 mm de dose totale. Ce gain n’intègre par l’effet de l’augmentation de teneur en huile sur le prix de vente des graines, effet le plus souvent valorisé à l’échelle de l’organisme de collecte.
Les coûts de l’eau sont très variables selon le contexte de chaque exploitation agricole irrigable (selon l’origine de l’eau, les modes de pompage et d’aspersion, l’amortissement plus ou moins avancés des équipements, etc.). De même, les prix de vente du tournesol et des autres cultures peuvent fortement différer d’une campagne à l’autre. Ainsi selon votre contexte de production, les gains de marge à attendre grâce à l’irrigation du tournesol sont très variables : voir les deux tableaux suivants (sols superficiel et sol intermédiaire).
Irrigation indispensable pour le tournesol en double culture
Dans le Sud de la France, le tournesol peut être cultivé en double culture (ou culture dérobée), juste après une orge précoce par exemple. Dans ce cas, l’irrigation est indispensable pour assurer une levée rapide dès fin juin – début juillet et accompagner la culture dans un contexte où la réserve en eau du sol est fortement entamée après la culture d’hiver.
L’irrigation du tournesol peut être très rentable pour l'exploitation !1. Lorsque la ressource en eau est limitée Mettre du tournesol dans l’assolement présente un intérêt pour les exploitations avec irrigation où les quantités d’eau disponibles ne permettent pas d’irriguer à l’optimal, sur toute la surface, les autres cultures, en particulier les plus exigeantes en eau. 2. Lorsque l’interdiction d’irrigation est précoce Les exploitations soumises à des arrêts précoces d’irrigation (début à mi-août) peuvent trouver avec l’irrigation du tournesol un moyen de valoriser l’eau à l’époque où elle est encore disponible. 3. Tout particulièrement dans les sols superficiels et intermédiaires |
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Listes recommandées tournesol : pour un choix variétal optimal
Parce que la variété est un levier agronomique de premier plan pour répondre aux conditions climatiques et sanitaires locales et que l’adéquation entre choix de la variété et territoire est déterminante, Terres Inovia propose aux agriculteurs et techniciens un conseil variétal tournesol sous forme de « listes recommandées».
Choisir une variété de la liste recommandée, c’est l’assurance de bénéficier à la fois du progrès génétique, d’un bon niveau de performance et de caractéristiques agronomiques adaptées à son contexte de production.
Des listes élaborées chaque année à partir des résultats des essais Terres Inovia-Partenaires
Capture d'écran de l'application MyVar
Terres Inovia élabore les listes recommandées à partir des résultats issus des essais variétés tournesol des réseaux d’évaluation de post-inscription conduits par Terres Inovia et ses Partenaires[1]. Chaque année, à l’issue des résultats annuels, les listes recommandées pour les semis à venir sont mises à jour en y intégrant les derniers résultats.
Toutes les variétés disponibles sur le marché ne sont pas testées dans le réseau Terres Inovia-Partenaires, ainsi seules les variétés mises à disposition de Terres Inovia par leur représentant, dans le cadre de l’évaluation de post-inscription, sont prises en compte.
[1] Après leur inscription au catalogue des variétés commercialisées en France, les variétés font l’objet d’une évaluation par Terres Inovia dans le cadre d’un réseau Terres Inovia-Partenaires. Cette évaluation a lieu dans un réseau d’essais couvrant l’ensemble des régions de production.
Des règles de tri sécurisantes : performance et tolérance sanitaire
Les variétés proposées dans les listes recommandées répondent toutes à des exigences en termes de performance, de régularité et permettent également d’assurer une protection sanitaire minimale : ce sont les critères appliqués à toutes les situations, pour l’ensemble des listes.
Ces contraintes générales sont les suivantes :
- Bénéficier du progrès génétique, avec des variétés inscrites en France depuis maximum 6 ans.
- Productivité et régularité de bon niveau. Sont conservées, les variétés ayant obtenu, lors d’au moins une année d’évaluation, un indice de rendement supérieur ou égal à 100 dans au moins 50 % de nos essais de post-inscription.
- Une tolérance sanitaire minimale : les variétés sont, au minimum, classées Peu Sensible (PS) au phomopsis.
Une expertise régionale et un tri adapté au contexte climatique et sanitaire
Pour répondre à des situations particulières, une liste de « Variétés possibles » est proposée sur chaque bassin de production. Cette liste regroupe des variétés qui ne satisfont pas à tous les critères mais qui présentent un intérêt dans certaines situations locales ; un commentaire de l’ingénieur régional Terres Inovia explicite leur intérêt et/ou les contraintes d’utilisation.
Des choix à la parcelle à faire pour certains critères. Certains critères de choix (tolérance herbicide, mildiou) sont liés à la connaissance de la parcelle : historique maladies et adventices. Ce sera donc à l’agriculteur, avec l’aide éventuelle de son technicien, de faire ses propres choix à partir de la liste proposée en s’appuyant sur les conseils proposés dans le document.
Accéder à myVar : Résultats et recommandations Terres Inovia 2024