Récolte du tournesol : réglages de la moissonneuse-batteuse
Réglage de la moissonneuse-batteuse
Il est nécessaire de coupe le broyeur de la moissonneuse-batteuse pour régler convenablement les organes de battages et de séparation.
Une fois le broyeur arrêté, les capitules doivent ressortir entiers ou au maximum en 2 ou 3 morceaux.
Pour un batteur conventionnel
1. Batteur trop serré ou trop rapide : les capitules sont trop fragmentés, ce qui augmente les impuretés, l'humidité et la casse des graines.
2. Batteur bien réglé : l'égrenage est complet et les capitules sont entiers
Recommandations pour régler la moissonneuse-batteuse de type conventionnelle :
| Vitesse de rotation du batteur |
Pour un batteur de 600 mm, la vitesse de rotation doit être comprise entre 300 et 500 tours/minute. Cela correspond à 9 à 12 m/s de vitesse de défilement (c’est-à-dire du batteur par rapport au contre-batteur). Si les conditions sont humides, il faut augmenter la vitesse de rotation à 600 tours/minute. En cas de conditions sèches, il faut diminuer la vitesse pour éviter la casse des graines. |
| Ecartement du batteur et contre-batteur | L’écartement doit être l’épaisseur des capitules entre 25 et 35 mm. L’ouverture doit être égale et homogène sur l’avant et l’arrière du batteur/contre-batteur. |
| Vitesse de vents (ventilation) | Les vents doivent être orientés vers l’avant du caisson, là où la végétation est la plus lourde. En tournesol, le régime pour les vents doit être compris entre 900 et 1100 tours/minute, soit une réduction d’environ 10% par rapport au blé. |
| Ouverture des grilles supérieures |
Pour la grille supérieure, son ouverture ne doit pas être trop importante pour éviter de récupérer trop d’impuretés :
Pour la grille inférieure :
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| Ouverture des grilles inférieures | |
| Vitesse d’avancement | Plus la vitesse d’avancement de la moissonneuse-batteuse est rapide, plus le flux de matière à gérer est important. Cela peut réduire son efficacité. Il faudra donc adapter la vitesse aux conditions de récolte et à la capacité de la machine à faire du bon travail (choix de la barre de coupe). |
En cas de verse importante, pour récupérer le maximum de capitules au sol, privilégier les becs cueilleurs à tournesol.
En cas de fortes infestations des parcelles de tournesol par du datura, couper le plus haut possible, effectuer un nettoyage mécanique de la récolte en privilégiant des grilles à trous ronds de 3,5 mm de diamètre (ne pas utiliser les grilles à trous ronds de 2,2 mm ou les grilles a fentes rectangulaires de 1,5 x 20 mm). Cette précaution évitera de dépasser la limite maximale réglementaire de 0,1 % de graines de datura dans les aliments pour animaux.
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Choisir un système de coupe adapté au tournesol et au contexte de culture
Différents systèmes de coupe sont proposés par les constructeurs. Petit tour d'horizon de ces propositions, de leurs atouts à leurs limites.
Les coupes standards aménagées avec des plateaux pour récolter le tournesol
C'est une adaptation d'une coupe à céréales à paille, et le premier équipement qui s'est développé pour récolter le tournesol.
| Principaux atouts | Principales limites |
| Investissement relativement limité : de l'ordre de 2,5 à 6,5 k€ HT3 selon la largeur comprise entre 4,4 m et 12 m. | Débit de chantier limité : plafond conseillé de surface récoltée estimé à 50 ha/an selon les constructeurs. |
| Ne nécessite pas l'achat d'une coupe spécifique. | Ne permet pas de récolter des tournesols versés |
| Permet de récolter des tournesols avec différents écartements entre rangs. | Coupe des plantes au niveau du tiers inférieurs : surplus de matière possiblement verte dans le batteur (consommation accrue; difficulté de récolte de tournesol avec défaut de maturité) |
Dans ce groupe existent également des coupes mixtes colza et tournesol adaptées sur une coupe standard pour céréales à paille.
Les coupes intégrales spécifiques au tournesol
Elles sont spécifiques à la récolte du tournesol et peuvent être équipées d'un broyeur de cannes. Ce type d'équipement est en progression en France.
| Principaux atouts | Principales limites |
| Débit de chantier élevé grâce à la vitesse d'avancement (8 à 15 km/h) | Investissement important (entre 22 k€ et 55 k€ HT) avec un prix indicatif HT de 3 à 7 k€ HT par mètre linéraire (tarifs 2024). Surcoût significatif du broyeur ou d'une coupe pliable. |
| Proposé sur des grandes largeurs de coupe (≥6 m) | Nécessite un investissement spécifique au tournesol |
| Permet de récolter des tournesols avec différents écartements en rangs | Ne permet pas de récolter des tournesols versés. |
| Permet de récolter et broyer en un seul passage | Attention aux impacts des cannes courtes sur les pneumatiques avant de la moissonneuse-batteuse (il existe des systèmes pour les coucher à l'avant d'un pneu de la moissonneuse-batteuse). |
| Hauteur de coupe réglable, le plus souvent au niveau du tiers supérieur de la plante : réduction de la quantité de matière rentrant dans le batteur (réduction de consommation; moindre difficulté à récolter du tournesol avec défaut de maturité). | / |
Les coupes intégrales tournesol de type "stripper" (avec rouleau tracteur)
Faisant partie des coupes intégrales, les coupes de type "stripper" se caractérisent par le prélèvement du capitule uniquement grâce à un rouleau tirant la tige et qui permet de la couper juste en-dessous du capitule. Ces coupes sont avant tout destinées à la récolte de grandes surfaces grâce à leur débit de chantier très élevé. Avec des largeurs de coupes plus réduites, elles sont par ailleurs utilisées en tournesol de semences. En limitant la quantité de matière à battre, elles facilitent la récolte de culture encore humide, situation relativement fréquente en production de semences.
| Principaux atouts | Principales limites |
| Débit de chantier très élevé grâce à la vitesse d'avancement (≈10 à 15 km/h) | Investissement important (proche de celui des autres coupes intégrales tournesol) et spécifique au tournesol. |
| Proposé sur des grandes largeurs de coupe (≥6 m) | Ne permet pas de récolter des tournesols versés |
| Permet de récolter des tournesols avec différents écartements en rangs | Nécessite un passage de broyeur spécifique car les parties non récoltées de tiges sont très hautes. |
| Pertes de capitule quasi nulles, selon les suivis de Terres Inovia | / |
| Récolte de la partie supérieure de la plante (coupe juste en-dessous du capitule) avec nette réduction de la quantité de matière qui entre dans le batteur, d'où une consommation réduite de carburant et une moindre difficulté à récolter du tournesol avec défaut de maturité. | / |
Les becs cueilleurs
Les becs cueilleurs sont de deux types :
• Les becs cueilleurs de type maïs grain avec un kit d’adaptation pour récolter le tournesol,
• Les becs cueilleurs spécifiques pour récolter le tournesol.
| Principaux atouts | Principales limites |
| Investissement limité dans le kit d'adaptation (de l'ordre de 0,5 k€ par rang)3 | L'écartement entre rangs du cueilleur doit être adapté à celui du semoir : limite majeure notamment dans les ETA4 |
| Permet de récolter un tournesol versé (atout majeur) | Rend particulièrement peu pratique les va-et-vient entre les récoltes du tournesol et du maïs (limite majeure pour les ETA), car le démontage/remontage du kit est plus long qu'un changement de coupe. |
| Un seul cueilleur pour récolter le maïs grain et le tournesol | / |
| Adapté à des tournesols hauts et végétatifs et induisant de faibles pertes de capitules. | / |
3 les prix indiqués dans ce tableau sont indicatifs (1k€ = 1 000 €).
4 ETA : Entreprise de travaux agricoles.
| Principaux atouts | Principales limites |
| Permet de récolter un tournesol versé (atout majeur dans certains contextes ou certaines années) | Investissement important avec un prix indicatif HT de 3,5 à 5 k€ HT3 par rang et spécifique à la culture. |
| Débit de chantier élevé (selon le nombre de rangs) | L'écartement entre rangs du cueilleur doit correspondre à celui du semoir : limite majeure notamment dans les ETA4 |
| Particulièrement adapté à des tournesols hauts et végétatifs | / |
3 les prix indiqués dans ce tableau sont indicatifs (1k€ = 1 000 €).
4 ETA : Entreprise de travaux agricoles.
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Reconnaître le stade optimal de la récolte du tournesol
Le choix variétal et la date de semis doivent être adaptés pour viser une récolte fin septembre. Ne pas attendre que la partie la plus tardive de la parcelle soit au bon stade si, par ailleurs, la grande majorité est à surmaturité.
Degré d'humidité : Il faut avoir l’œil !
La mesure de l’humidité par prélèvement manuel a tendance à la sous-estimer par rapport à celle obtenue lors d’une récolte mécanique. Le mieux est de baser cette décision sur l’observation en s'aidant des photos ci-dessous.
La maturité affichée ici est indicative. Vérifier avec une mesure à l'humidimètre.
Stade optimal de récolte
Le dos du capitule vire du jaune au brun. Les feuilles de la base et du milieu de la tige sont sèches. Quelques feuilles hautes sont encore un peu vertes. Les fleurons tombent d’eux-mêmes. La tige devient beige clair.
Trop tôt
Les feuilles médianes, supérieures et la tige sont encore vertes. Le dos du capitule est jaune. La teneur en eau des graines est supérieure à 15 %.
Récolter à ce stade augmente le taux d’impuretés et les frais de séchage. Le battage est difficile et la vitesse de récolte plus lente.
Trop tard
Les feuilles sont complètement desséchées, le capitule est brun noir et les tiges brunes. Les pertes seront importantes à cause de la verse (perte de capitules) et de l’égrenage par le vent, les oiseaux ou les maladies (botrytis).
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Récolter le tournesol au bon stade pour maximiser la marge économique
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Récolter lorsque la majorité de la parcelle a atteint le stade optimal, c’est-à-dire lorsque :
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Points d’attention
Le séchage du tournesol n’est justifié qu’en cas d’atteinte trop tardive de la maturité récolte (au-delà du 10-15 octobre). Il doit rester exceptionnel. Son recours entraîne une forte baisse de la marge économique.
Il est inutile d’attendre la sur-maturité (plantes entièrement desséchées, noires) pour récolter car le risque de pertes de graines est important (dégâts d’oiseaux, botrytis sur capitule) et l’ajustement du tonnage aux normes n’est le plus souvent pas pratiqué par le collecteur. Ainsi une récolte trop tardive peut entraîner des pertes économiques elles aussi élevées.
Avant d’entamer le chantier de récolte, il est conseillé de réaliser une mesure d’humidité sur un échantillon récolté mécaniquement. Les prélèvements manuels de graines tendent à sous-estimer l’humidité.
En pratique à l’échelle de la parcelle, il faut souvent composer avec l’hétérogénéité due à des levées échelonnées, des irrégularités de peuplement importantes ou des différences de sol, plus ou moins séchant. Si l’hétérogénéité se prête bien au découpage de la parcelle (exemple de la zone de côteaux plus en avance que celle de fond de vallée), il est conseillé, dans la mesure du possible, d’échelonner les chantiers de récolte. Si ce n’est pas le cas, ou en raison de contraintes organisationnelles, il faut viser un compromis sans attendre que les pieds les plus tardifs aient atteint la maturité optimale. Le mieux est, dans la mesure du possible, de réaliser des essais avec la moissonneuse-batteuse.
Anticiper pour récolter au bon moment
- Agir dès le choix variétal et l’implantation pour sécuriser la récolte
La période optimale de récolte du tournesol est comprise entre mi-août et fin septembre. Au-delà du 10 octobre, la culture ne mûrit plus. Pour limiter le risque d’une récolte trop tardive pouvant induire des frais de séchage potentiellement élevés, il importe de choisir la date de semis adaptée au territoire avec la variété de précocité adaptée.
Terres Inovia propose un outil pour vous aider avant le semis du tournesol.
- Semer dès que les conditions de température du sol (≥ 8°C à 4 cm) et de ressuyage sont réunies en visant une levée régulière
Alors qu’un peuplement insuffisant est associé le plus souvent à de gros capitules épais et lents à sécher, une levée régulière et suffisante en densité (optimum de 5 à 6 pieds levés/m²) facilitera une maturation homogène de la culture.
Les pertes économiques importantes associées à la récolte à sous- ou sur-maturité
Dans la simulation présentée ci-dessous, le taux d’impuretés est considéré constant à 2% quelle que soit l’humidité de récolte, hypothèse minimisant les pertes économiques de récolte lorsque le stade n’est pas optimal.
Malgré cela, une récolte à sur-maturité à 5% d’humidité des graines fait baisser la marge de 55 €/ha (en l’absence de pertes de graines et de remise aux normes d’humidité) à 139 €/ha (avec une perte de graines de 2q/ha et toujours en l’absence de remise aux normes d’humidité), par rapport à une récolte au stade optimal de 9% d’humidité.
De même, une récolte avec une teneur en eau élevée s’accompagne d’une forte dégradation de la marge. Ainsi, par rapport à une récolte au stade optimal, la marge est réduite de 105 €/ha pour une récolte à 13% d’humidité, de 192 €/ha à 15% d’humidité (avec 1 q/ha de pertes aux normes) et de 312 €/ha à 18% d’humidité (avec 2 q/ha de pertes aux normes), taux d’humidité plafond pour un tournesol récoltable à la moissonneuse-batteuse.
Hypothèses de la simulation :
Tarifs indicatifs de séchage pratiqués à la récolte 2023
Prix des graines de tournesol aux normes (H+I = 11%) = 420 €/t
Charges opérationnelles (hors frais de séchage) = 420 €/ha
Rendements aux normes sans perte de graines = 30 q/ha
Aide PAC découplée = 200€/ha
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Le séchage du tournesol
Quand le séchage du tournesol est nécessaire
La conservation du tournesol dans de bonnes conditions s'effectue à une humidité voisine de 7-8 %. Si l’humidité du tournesol à la récolte est trop élevée, un séchage est nécessaire : par ventilation séchante avec un air légèrement réchauffé (si dispositif disponible) pour des humidités inférieures à 14%, ou dans un séchoir à air chaud en particulier pour des humidités supérieures à 14%. Pour le séchage du tournesol, une température relativement basse de l’air chaud à 70°C est recommandée afin que la température de la masse de graines atteigne 35-40°C.
Le séchage du tournesol présente des particularités : le tournesol ayant un faible poids spécifique, l’écoulement des graines dans un séchoir vertical est moins bon, cela a tendance à prendre en masse
Il est donc nécessaire de réduire les débits de ventilation. De plus, le taux d’impuretés pouvant être élevé sur tournesol, un pré-nettoyage des graines se révèle souvent indispensable.
Attention : le séchage du tournesol présente des risques particuliers d’incendie dans les séchoirs et nécessite quelques précautions.
Quels sont les éléments à connaître pour éviter les risques d'incendie ?
Eviter l'obstruction du séchoir
- Pré-nettoyer les graines de tournesol avant le séchage, avec un débit suffisant
- Nettoyer régulièrement le séchoir pour dégager les zones obstruées et retirer les dépôts gras.
- En cas d'arrêt du séchoir, on procède à des extractions régulières, par exemple deux fois par heure, pour remuer le grain et limiter les prises en masse.
- Eviter de léser les graines : veiller à ce que les circuits de manutention avant séchoir ne soient pas trop brisants.
Réduire les risques dus à la fermentation
- Ne pas pré-stocker le tournesol en tas, avant le séchage. Une ventilation bien conduite évite les échauffements.
- Ventiler une demi-heure au minimum avant d'allumer le brûleur. La ventilation n'est efficace que si le séchoir est rempli.
- Maintenir la ventilation en cas d'arrêt de l'alimentation du séchoir.
Réduire les départs d’incendie
- Eviter que des poussières enflammées atteignent le grain.
- Les prises d'air des ventilateurs doivent être le plus possible isolées des sources de poussières.
- Entretenir régulièrement le séchoir. Si la chambre de combustion d'un séchoir au fuel ou si un brûleur à gaz sont dégradés, des particules de métal incandescent peuvent être introduites dans le grain.
La température de l'air séchant ne doit pas dépasser 70°C, 60°C en cas de lot brisé :
- Veiller à ce que la température de l'air séchant soit homogène et que la température de certains filets d'air ne dépasse pas la consigne.
- Ne jamais utiliser la surgénération.
Pour réduire le surséchage
Ne pas abaisser l'humidité des graines de tournesol en-dessous de 6 % : cela augmente leur sensibilité à la casse et la fissuration. Si un lot sec est admis dans le séchoir parmi des lots humides, il sera sur-séché si les réglages ne sont pas modifiés. L'homogénéisation des lots et un pré-stockage court réduiront ce risque.
Nettoyer intégralement le séchoir après le tournesol afin d’éviter des risques d’incendie lors du séchage du maïs qui va suivre
Quelques poignées de graines oléagineuses, mélangées à du maïs dans un séchoir et balayées par de l’air à plus de 70°C (en général 90-140°C) risquent de prendre feu et de le propager à l’ensemble du séchoir.
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