Choix des couverts
Outil d’aide au choix des couverts d’interculture, gélifs associés au colza et semi-permanents.
Terres Inovia a intégré ses cultures dans l'application Internet proposée par ARVALIS-Institut du Végétal et qui permet de vérifier la conformité d'un mélange, ou de construire un mélange à partir des produits autorisés.
Les intercultures pièges : un levier de gestion territorial des altises d’hiver
La stratégie de lutte contre les altises d’hiver s’étoffe avec un nouveau levier de gestion à l’échelle du territoire : les intercultures pièges. En complément des leviers déjà mis en place à l’échelle de la parcelle pour réduire les dégâts du ravageur (colza robuste, lutte insecticide), cette pratique doit permettre de réduire les infestations.
Le colza est soumis à une pression croissante des altises, favorisée par l’élévation des températures et l’expansion des résistantes fortes aux pyréthrinoïdes. La lutte intégrée contre ce ravageur mobilise déjà des leviers de gestion à l’échelle de la parcelle (itinéraire technique). L’enjeu est de les sécuriser avec une stratégie territoriale qui vise à détourner les altises d’hiver des parcelles de colza en les attirant sur des parcelles d’interculture puis à réguler leur population en détruisant les larves dans les couverts.
Une pratique facile à mettre en œuvre
Fort de ces constats, l’idée des intercultures pièges à germer. La pratique consiste à semer des plantes attractives (radis chinois) dans les couverts d’interculture pour diluer la population du ravageur à l’échelle du territoire, puis de détruire les larves grâce à la destruction mécanique du couvert en entrée d’hiver (cf. figure ci-dessous).
Une expérimentation à grande échelle
Entre 2022 et 2024, 41 parcelles d’interculture ont été implantées avec des mélanges comportant au moins 20 pieds/m² de radis chinois et 74 parcelles de colza à proximité ont été suivies. Dans ce pool de situations (pas toujours optimisées), l’efficacité de la pratique est très variable, allant de 0 % à 89 %. En moyenne 29 % de la population d’altise ont été détournés des champs de colza.
Des conditions de réussite identifiées
Terres Inovia a d’ores et déjà identifié plusieurs facteurs de réussite de la pratique :
- Une densité minimale de 20 pieds/m² de radis chinois dans l’interculture.
- Une surface de parcelle piège importante, idéalement au moins équivalente à celle du colza.
- La proximité entre les intercultures pièges et le colza.
- Le semis de l’interculture sur la même période que le colza. Le radis est plus attractif lorsqu’il est jeune. Les semis d’interculture au mois de juillet conduisent souvent à un développement trop important de la plante piège.
- Une destruction des intercultures en entrée d’hiver, de préférence mécaniquement.
Une coordination territoriale, favorisant une mise en œuvre concertée entre exploitations voisines, permettra d’optimiser la mise en œuvre et de maximiser l’impact. Le déploiement à grande échelle de cette pratique augmentera l’efficacité de la technique car elle améliorera la probabilité d’interception des insectes lors de leurs déplacements. Seuls les secteurs avec des problématiques de hernie des crucifères ou de nématodes doivent être exclus de cette mise en œuvre.
En parallèle, des recherches sont en cours pour optimiser la méthode, notamment en explorant l’usage de médiateurs chimiques capables d’attirer ou de repousser les altises. Ces solutions pourraient encore améliorer l’efficacité des intercultures pièges et renforcer leur complémentarité avec les leviers de gestion à l’échelle de la parcelle.
Une pratique sécurisée
Avant de déployer à grande échelle les intercultures pièges, Terres Inovia a mis en place des essais spécifiques pour s’assurer que les larves d’altises étaient bien détruites lors de la destruction des intercultures. L’institut recommande une destruction mécanique avant l’hiver pour sécuriser la pratique. Dans cette configuration, on dénombre 90 % d’adultes émergeants en moins que sur un colza.
Aurore Baillet - a.baillet@terresinovia.fr - Alsace, Lorraine
Implantation et destruction du couvert végétal avant la culture du tournesol
Une destruction pas trop tardive sur sol ressuyé
L’implantation
Si le sol est travaillé, il est conseillé de réaliser un travail superficiel juste après la récolte pour gérer les pailles et favoriser les repousses, et de renouveler le passage pour détruire les éventuelles repousses avant d’implanter le couvert. En non-labour, compléter par une fissuration du sol en profondeur (possible en cours d’été ou d’automne) pour faciliter la croissance ultérieure du pivot du tournesol. Le semis direct du couvert d’interculture après récolte du précédent peut s’envisager, à condition d’avoir une structure favorable et peu d’adventices.
Pour choisir la bonne période de semis, plusieurs possibilités sont envisageables selon vos objectifs, votre équipement et le contexte pédoclimatique :
- Un semis post-moisson du précédent permet de produire de la biomasse précocement. Il faut alors privilégier des espèces peu exigeantes en eau comme le sorgho fourrager. Ces couverts semés tôt nécessitent généralement une destruction précoce pour éviter les grenaisons.
- Le couvert peut être semé courant août, permettant un choix d’espèces plus large.
- Le semis peut être déclenché de façon opportuniste avant une pluie annoncée.
Selon les contraintes réglementaires, une implantation plus tardive en septembre et jusqu’à début octobre, notamment dans le Sud, est possible. La production de biomasse sera généralement limitée, mais cela permet d’assurer une couverture du sol en hiver. Il faut alors choisir des espèces capables de se développer tardivement. Peu de légumineuses sont adaptées, à l’exception notamment de la féverole. Ces couverts implantés tardivement peuvent venir en relais d’un couvert implanté en post-moisson, permettant ainsi de maximiser les services rendus. Les implantations tardives sont à éviter dans les parcelles à forte pression de graminées hivernales qui pourraient se développer dans le couvert et qui sont difficiles à détruire avant implantation du tournesol.
Dernier conseil : rouler pour maximiser le contact entre la terre et les graines. Attention, les résidus de sulfonylurées appliquées au printemps dans le précédent peuvent pénaliser fortement le développement des couverts en interculture.
La destruction
Le choix de la période de destruction est très important : il doit permettre d’éviter la grenaison des couverts, le salissement de la parcelle par les adventices, et les effets dépressifs sur le tournesol du fait d’une mobilisation d’azote ou d’un assèchement du sol. Les critères à prendre en compte sont donc l’état de croissance et de développement du couvert, sa composition et la présence et le développement des adventices.
La destruction du couvert doit se faire sur sol gelé ou bien ressuyé.
Détruire les couverts dès le début de floraison pour éviter les grenaisons et ceux à forte croissance [> 2 t/ha de matière sèche (MS), soit > 1 kg/m² de matière verte pour un couvert à 20 % de MS] dès la fin novembre et au plus tard deux mois avant la date prévue du semis du tournesol s’il ne comportent pas de légumineuses.
Sauf en cas de présence d’adventices et notamment de graminées qui justifient une destruction précoce, la période de destruction des mélanges avec légumineuses est plus souple. Elle peut être plus proche du semis, ce qui doit permettre de prioriser sur les conditions d’humidité du sol permettant de réaliser une reprise optimale et d’obtenir un bon état structural de surface avant semis. Dans tous les cas, pour déclencher la destruction, saisir la bonne occasion (sol gelé ou bien ressuyé) pour éviter tout lissage ou tassement de sol qui dégraderait fortement l’implantation du tournesol suivant.
Privilégier la destruction par action du gel (voir tableau cidessous) et/ou mécanique (rouleau hacheur ou broyage préalable si la biomasse est élevée, travail superficiel ou labour), en veillant à préserver la structure du sol.
La destruction chimique est nécessaire si le couvert n'est pas gelé ou si des adventices sont présentes dans le couvert et que les conditions ne sont pas favorables à la destruction mécanique (sol trop humide, en particulier les sols argileux). En non labour, attacher une importance particulière à la qualité de la destruction et à l’incorporation des résidus végétaux (risque de limace accru en présence de couverts végétaux en interculture). Dans tous les cas, la présence de terre fine autour de la graine est indispensable pour réussir le semis et la levée du tournesol.
Documents à télécharger
Choix et bénéfices d'un couvert végétal avant la culture du tournesol
Des bénéfices pour le tournesol et le système de culture
Lorsqu’ils sont bien implantés, les mélanges d’espèces incluant une légumineuse et en particulier le mélange féverole et phacélie (photo) peuvent présenter un intérêt agronomique et environnemental en interculture avant tournesol.
Les couverts d’interculture peuvent apporter des bénéfices agronomiques à court, moyen et long terme et répondre également à des contraintes réglementaires. Il s’agit notamment de la réduction des pertes d’azote par lixiviation en période hivernale et du risque d’érosion, la minéralisation d’azote à court, et moyen et long terme, le stockage de carbone, le maintien ou l’amélioration de la structure des sols... Les couverts avec des mélanges d’espèces légumineuses et non légumineuses permettent a minima de maintenir, et parfois, d’augmenter le rendement du tournesol qui suit (comme l’a montré la synthèse des essais Terres Inovia de 2000 à 2012). En zone vulnérable, la couverture des sols à l’automne est obligatoire et réglementée par la Directive Nitrates. Des déclinaisons spécifiques de ce programme existent dans chaque région, intégrant notamment les spécificités liées aux sols à comportement argileux où la mise en oeuvre des couverts végétaux est plus difficile qu’ailleurs. Les conseils ci-dessous doivent vous aider à adapter le choix des espèces et la conduite du couvert pour répondre à vos objectifs et favoriser les bénéfices pour le tournesol. Il convient de les adapter au cadre réglementaire local.
Des mélanges avec légumineuses à préférer
- Privilégier les mélanges d’espèces, ils sécurisent la réussite du couvert. Les mélanges avec des légumineuses et des non légumineuses permettent de maximiser les bénéfices du couvert, surtout dans les sols à faibles fournitures azotées. Par exemple, le mélange phacélie-féverole est particulièrement bien adapté avant tournesol pour fournir une diversité de services agronomiques.
- Tenir compte des périodes de semis et du mode de destruction envisagé (se reporter au tableau p 8). Intégrer des espèces à installation rapide et à fort pouvoir d’absorption d’azote minéral fin août-début septembre (ex. moutarde blanche, phacélie) pour limiter les risques de lixiviation de nitrate, surtout dans les situations à risque (sols à forte minéralisation, sols profonds et riches en matières organiques, reliquats d’azote élevés à la récolte du précédent, etc.).
Tenir compte du risque sanitaire pour le tournesol et les autres cultures de la rotation :
- Proscrire le niger et le tournesol à cause du risque de mildiou, le sarrasin en raison du risque de repousses dans le tournesol et éviter le lin pour le risque verticilium;
- Dans les rotations avec colza, les moutardes et les autres crucifères sont à éviter, et même à proscrire dans les parcelles touchées par la hernie;
- Dans les rotations avec légumineuses sensibles à aphanomycès (pois, lentille, luzerne, gesse et certaines variétés de vesces et de trèfles) ou si le pouvoir infectieux du sol est supérieur à 1, choisir des espèces et variétés non hôtes ou très résistantes (féverole, fenugrec, certaines variétés de vesces, comme la vesce commune Nacre, et de trèfles, comme le trèfle d’Alexandrie Tabor)
L’interculture et le pois
Implanter une légumineuse est possible
Toutes les légumineuses n’ont pas le même comportement vis-à-vis d’Aphanomyces euteiches.
1. parcelle de lupin – 2. Parcelle de pois chiche
Si le pois est très sensible au champignon responsable de la pourriture de ses racines, d’autres cultures sont plus tolérantes. Le lupin, le pois chiche ou le fénugrec sont des espèces « non hôtes » ; la féverole et le soja sont hôtes mais très résistants au pathogène ; la majorité des variétés de trèfle sont très résistantes. Ces 6 cultures peuvent être cultivées sur des parcelles infestées, et trouvent donc leur place en interculture avant le pois (mais aussi dans une rotation avec du pois), car elles ne sont pas susceptibles de multiplier Aphanomyces euteiches.
Proscrire, en revanche, les cultures sensibles et multiplicatrices du pathogène telles que : la lentille, la gesse, certaines variétés de vesce et de trèfle blanc. La luzerne est sensible en conditions contrôlées, mais pas en plein champ. Par mesure de précaution, mieux vaut éviter tout de même de la cultiver.
En raison d'autres maladies racinaires, il est préférable d'éviter les légumineuses en interculture avant un protéagineux.
Gérer les résidus de récolte
Broyer les pailles du précédent avant pois d’hiver.
Si un seul déchaumage peut suffire, deux déchaumages superficiels permettent de les enfouir et favorisent leur dégradation en les mettant en contact avec le sol. Réaliser le second passage (faux-semis) avec un outil à dents afin de détruire les adventices (vulpin, brome...).
En situation infestée de vivaces, déchaumer 10 jours après une application d’herbicide total (à réaliser en conditions poussantes et sur sol humide).
- Avant pois de printemps, l’interculture est suffisamment longue pour permettre une bonne décomposition des pailles. Le broyage est inutile.
- Avant un pois de printemps ou un pois d’hiver, répartir les pailles de céréales (décomposées et/ou broyées) dans la parcelle pour éviter d’encombrer le lit de semences.
Sinon, elles peuvent gêner la mise en place des graines à la bonne profondeur, être un obstacle à la levée du pois, et avoir tendance à limiter le terrage du semoir (profondeur du semis insuffisante).
Couvert végétal avant soja
Le choix de l’espèce
Choisir une espèce ou un mélange de 2-3 espèces en fonction du contexte parcellaire et des objectifs agronomiques et/ou réglementaires*.
Privilégier toujours des espèces non-hôtes de pathogènes rencontrés dans le soja et dans les cultures de la rotation. Parce qu’elles sont notamment hôtes du sclérotinia, éviter les légumineuses (vesce, trèfles, pois, etc.), les crucifères (moutardes, radis, etc.) et les composées (tournesol, nyger) en interculture avant un soja. Privilégier les associations de graminées (avoine, seigle, moha, sorgho, etc.), et/ou la phacélie.
La mise en place du couvert
Dès la récolte de la céréale, réaliser un à deux déchaumages superficiels (disques, dents).
En sol argileux ou en non-labour, compléter par une fissuration du sol en profondeur pour faciliter ultérieurement la croissance racinaire du soja.
Semer entre mi-juillet et mi-septembre* selon l’espèce et le contexte pédoclimatique. Dans les régions sèches du Sud, saisir les opportunités d’orage pour semer dans les jours qui suivent. Rouler de préférence sitôt le semis réalisé.
* S'informer des règles de la directive nitrates en vigueur dans la région.
La destruction du couvert
Détruire les couverts présentant une forte croissance au plus tard dès leur entrée en floraison. Les couverts à base de graminées doivent être éliminés au plus tard avant la mi-février*.
Privilégier la destruction mécanique : broyage, roulage, déchaumages superficiels et labour. Pour limiter tout risque de lissage ou de tassement de sol, intervenir sur un sol bien ressuyé et sec. La voie chimique ne doit s’envisager qu’en cas de nécessité absolue*. Tenir compte de la sensibilité au gel des couverts.
* S'informer des règles de la directive nitrates en vigueur dans la région.
Le tournesol : une culture qui s’adapte à différents modes d’implantation
Le tournesol est appelé à subir des stress hydriques plus ou moins contraignants selon les situations géographiques et le contexte pédologique. En l’absence d’irrigation, pendant la période de mise en place du potentiel, les besoins en eau et minéraux doivent être couverts pour assurer une surface foliaire suffisante.
Durant la phase de reproduction, fréquemment sèche, le potentiel exprimé est dépendant de bon fonctionnement de la plante et sa capacité à conserver une surface foliaire suffisante. Pour cela, la qualité d’enracinement est déterminante pour assurer l’alimentation en eau et ainsi limiter la chute rapide de l’indice foliaire, lors des phases contraignantes.
Assurer une bonne levée ainsi qu’un enracinement performant est indispensable pour obtenir un tournesol robuste capable de résister aux stress climatiques. Pour cela, il convient d’avoir un sol bien structuré.
Un couvert végétal, installé en été, peut précéder le tournesol. Une destruction hivernale laisse alors du temps pour préparer le sol. Certaines destructions sont plus tardives et modifient les stratégies d’implantation habituellement pratiquées. Quelle que soit la démarche, la levée doit être rapide et la croissance racinaire verticale sans obstacle pour limiter sa progression.
Le principe de base du travail du sol en tournesol : offrir une bonne structure de sol
Le tournesol est une plante à racine pivotante et à cycle court. Ces deux caractéristiques en font une culture exigeante vis-à-vis de la structure du sol. Le travail du sol jusqu’au semis doit donc être raisonné en fonction de cet état structural, de l’encombrement en surface par les résidus végétaux (du précédent voire de l’éventuel couvert) et des fortes exigences de la culture par rapport à la qualité du lit de semences (présence de terre fine nécessaire). Un obstacle au développement racinaire de la culture (zone tassée ou lissée) ou un défaut de qualité du lit de semences peut occasionner des pertes importantes en rendement (> 10 q/ha) et une dégradation de la qualité (baisse du % d’huile).
Un choix en fonction de son sol
Les sols fragiles (taux d'argiles ≤ 15% ou faible taux de matières organiques) et les sols tassés (ex : récolte tardive du précédent en conditions humides) demandent en général une restructuration en profondeur. Le travail profond, par exemple avec un décompacteur, crée alors une structure de sol favorable à la progression des racines.
Les autres sols, à bonne capacité naturelle de restructuration et n'ayant pas subi de tassements, peuvent ponctuellement s’affranchir d’un travail profond. Cela peut être le cas dans les sols argileux ou riches en matières organiques. La réussite des techniques de travail très superficiel (< 5 cm) ou du semis direct est trop aléatoire en tournesol pour qu’elles soient conseillées. En effet, elles augmentent fortement les risques de tassement superficiel et de limaces, auquel le tournesol est très sensible. Elles allongent aussi la durée de levée à cause d’un réchauffement plus lent du sol au printemps.
Un labour réalisé en bonnes conditions permet l'ameublissement du sol en profondeur et assure en outre l'incorporation des pailles de la céréale précédente.
En non labour, un travail profond réalisé en conditions adéquates est conseillé, en particulier si le sol s'avère tassé. Ce travail de fissuration sera réalisé dès la fin de l'été en sol argileux pour constituer des éléments grossiers qui évolueront avec les séquences climatiques de l’automne-hiver (gel-dégel, sec-humidité). En sol limoneux, il aura lieu au printemps.
Cas d’un couvert détruit mécaniquement ou par le gel durant l’hiver.
1. Labour hivernal pour implanter un tournesol; 2.Tournesol en milieu argilo calcaire, travail hivernal et affinage au printemps.
C’est un cas très courant. Le couvert disparait durant l’hiver, l’agriculteur peut donc faire un travail profond hivernal sous forme de labour ou avec un outil à dents. L’intervention se déroule en situation ressuyée ou sur un sol légèrement gelé.
En sols argileux, ce travail peut être grossier, les différentes séquences climatiques hivernales puis de début de printemps permettent généralement un effritement ou éclatement des mottes. Si les conditions météorologiques le permettent c‘est également l’occasion d’avoir des levées d’adventices. Si ces levées sont précoces, un travail superficiel de fin d’hiver doit les éliminer. Une nouvelle germination est également possible, elle sera détruite au moment du semis.
Ces deux passages, en situations saines permettent non seulement d’éliminer une ou deux levées d’adventices, mais aussi d’affiner, aplanir et réchauffer le lit de semences.
En sols légers, limono sableux par exemple, un travail profond hivernal de type labour ou passage d’outil à dents est possible. La reprise superficielle est dans ce contexte pédologique effectuée juste avant le semis pour éviter les risques de forte humidité du sol encourus en cas de fortes pluies sortie hiver. Ce travail de pré semis de niveler, affiner le lit de semence et d’éliminer les adventices.
Cas d’un couvert détruit très tardivement, juste avant le semis.
Le couvert « mulché » retient la terre et le tournesol, dans des coteaux très arrosés
Cette stratégie est fréquente en milieu sensible à l’érosion et en agriculture de conservation ou on limite autant que possible les interventions mécaniques, profondes en particulier.
Le couvert (féveroles et phacélies par exemple) est roulé quelques jours avant le semis. Un passage d’outil superficiel est parfois nécessaire. La herse rotative est privilégiée. Le fait que cette herse soit animée évite les risques de bourrage et l’effet « râteau ». Le semis peut ensuite avoir lieu sur un sol encombré certes mais avec des résidus hachés et répartis de façon à ne pas nuire à la qualité de positionnement de la graine. Ce passage d’herse peut également servir à détruire les jeunes adventices. Le rôle du couvert est bien entendu de limiter leur apparition (ombrage).
Cette pratique est envisageable si le sol est bien structuré, ce à quoi l’enracinement du couvert doit participer. Lors de l’implantation de la culture précédente, ou lors de l’installation du couvert, un travail profond peut être nécessaire pour fragmenter un sol qui présenterait des zones de compaction ou des ruptures de porosité dans la couche labourable. Un test bêche ou des sondages au pénétromètre sont conseillés pour prendre connaissance de l’état structural.
Cas du strip till
Semis de tournesol derrière fissuration de la ligne de semis avec un strip till en sol limono sableux.
L’utilisation de cet outil qui combine plusieurs éléments pour fissurer, affiner et rappuyer la zone travaillée en un seul passage est possible mais, à adapter au contexte pédologique.
En sol argileux, il semble préférable de privilégier un passage de fin d’été ou automnal en situation sèche, dans un couvert ou lors de son installation. La reprise de printemps est effectuée juste avant le semis et peut consister en un simple roulage ou roulage suivi d’un passage de herse rotative. Le semis du tournesol a lieu dans la zone fissurée. Le guidage est indispensable.
En sols légers, type limono sableux, le passage du strip-till peut avoir lieu juste avant ou au moment du semis, dans un couvert mulché et haché.
Le sol est fissuré sur 18 -19 centimètres. On observe des racines anciennes et les mottes se détachent facilement.
Cas du semis direct
Le tournesol apprécie les sols affinés, bien structurés avec un lit de semence réchauffé. A priori, la pratique du semis direct ne parait indiquée pour implanter le tournesol. Toutefois dans des situations très bien structurées, cette stratégie est possible. Il est conseillé d’attendre un réchauffement du sol suffisant pour assurer une levée et un début de croissance rapide. Les pratiques permettant d’évaluation de la qualité structurale sont indispensables (test bêche, pénétromètre).
En résumé
Efficacité des techniques de travail du sol en tournesol
Le semis a lieu dès que les conditions le permettent
Le semis s’effectue sur un sol bien ressuyé. Il est préférable qu’il soit suffisamment réchauffé. Plus de 10° en surface et au moins 8° dans le lit de semence sont nécessaire pour assurer une levée rapide et régulière. Il est conseillé de débuter les semis dès le début d’une phase de réchauffement, en particulier si les prévisions météorologiques prévoient la poursuite de ce réchauffement. Il est évidement déconseillé de semer en sol frais sensible au tassement. La vitesse de semis doit être réduite (7 à 8 kilomètres/heure au plus) pour assurer un positionnement régulier de la graine à la profondeur souhaitée.
Procéder à une culture intermédiaire avant le chanvre
Réussir l’implantation après une céréale
Association de phacélie, avoine, vesce et féverole
- Après la récolte de la culture estivale, réaliser un à deux déchaumages superficiels (disques, dents) pour gérer les pailles et préparer le semis de la culture intermédiaire. En sol argileux ou en non labour, compléter par une fissuration du sol en profondeur pour faciliter ultérieurement l’enracinement du chanvre.
- Choisir une espèce ou un mélange de 2-3 espèces en fonction du contexte parcellaire et des objectifs agronomiques et réglementaires *. Assurez-vous que la culture intermédiaire à implanter n’est pas hôte de l’orobanche.
- Semer entre mi-juillet et mi-septembre selon l’espèce et le contexte pédoclimatique (sol réchauffé, ressuyé, pas trop sec). Effectuer un roulage du sol pour améliorer le contact entre la terre et la graine
Privilégier la destruction mécanique à l’entrée de l’hiver
- Privilégier la destruction mécanique : broyage, déchaumage superficiel, labour. Le gel peut entrer en ligne de compte pour certaines espèces.
- Opter pour une destruction à l’entrée de l’hiver. Plus tardivement, le chanvre peut être pénalisé.
- Saisir la bonne occasion (sol gelé ou bien ressuyé) pour éviter les risques de lissage ou de tassement du sol qui dégraderait fortement l’implantation du chanvre suivant.
- N’envisager la voie chimique (glyphosate) qu’en cas de nécessité absolue (informez-vous des règles Directives Nitrates en vigueur dans votre département), en système sans labour ou en présence de conditions défavorables à la destruction mécanique (sol trop humide, en particuliers les sols argileux). Un effet négatif sur le chanvre peut être observé si le couvert à détruire est important. Traiter au moins 40 jours avant le semis.
- En non labour, attacher une importance particulière à la qualité de la destruction et à l’incorporation des résidus végétaux (risque limace accru en présence de couverts végétaux en interculture)
Attention à la moutarde
Moutarde blanche
Les dernières expérimentations menées par Terres Inovia sur le choix des espèces ont révélé un effet négatif de la moutarde sur le rendement du chanvre qui suit. Si à l’entrée de l’hiver la moutarde est l’espèce qui absorbe le plus d’azote (+ 60 à 70 u/ha par rapport à des mélanges avoine rude + vesce pourpre ou bien avoine rude + phacélie), on a noté un rendement paille du chanvre inférieur d’environ 1,5t/ha avec la moutarde par rapport aux autres espèces pour un potentiel moyen de la parcelle se situant à 5,5 t/ha.
Interculture après colza : gérer les repousses et les adventices
Favoriser les repousses
Les repousses de colza sont une interculture bon marché et très efficace pour piéger les nitrates. L’absence de travail du sol ou un déchaumage superficiel aussitôt la récolte favorisent la levée des graines de colza tombées au sol.
Laisser les repousses en place environ 1 mois pour limiter les risques de pertes de nitrates. Au bout d’un mois, les repousses peuvent piéger entre 10 et plus de 100 unités d’azote. Au-delà d’un mois, le piégeage supplémentaire d’azote est relativement faible, sauf dans les situations particulièrement riches.
Légende illustration : Favoriser les repousses de colza permet d’abaisser la quantité d’azote lessivé pendant l’hiver d’environ 50% (extrait Oleoscope n°76 – juin 2004)
Détruire les repousses en fonction des risques
La stratégie de destruction des repousses de colza doit respecter la réglementation en vigueur dans votre région et prendre en compte le contexte parcellaire.
Préserver les nouveaux colzas des ravageurs
La destruction des repousses doit idéalement intervenir avant la levée des nouveaux colzas des parcelles voisines, ou plus tardivement lorsque les nouveaux colzas des parcelles voisines ont atteint un stade de développement suffisant (2-4 feuilles). On évite ainsi les risques de migration des altises ou des pucerons vers des colzas sensibles.
Eviter les CIPAN crucifères dans les parcelles touchées par la hernie
Pour limiter les risques sanitaires, il est déconseillé d’introduire des CIPAN à base de crucifères dans les rotations avec colza ou de maintenir des repousses de colza après récolte. Toutefois toutes les CIPAN crucifères ne se valent pas : les moutardes, sur la base de travaux allemands, favoriseraient la hernie alors que les radis fourragers seraient plutôt défavorables et donc à privilégier.
Présence de hernie des crucifères sur les racines de repousses de colza et de moutardes en interculture (repousses de colza : cercle jaune ; moutarde CIPAN : cercle vert)
Détruire les chaumes et les repousses de colza en cas de nématodes sur betteraves
Le colza est un hôte de substitution pour le nématode de la betterave Heterodera schachtii. Celui-ci n'est pas ou peu nuisible pour le colza, mais profite des températures élevées du mois d’août, après la récolte du colza, pour se multiplier sur les pivots encore verts et sur les repousses.
La seule destruction des chaumes vertes après la récolte permet de réduire le niveau de multiplication mais il faut y associer la destruction régulière des repousses toutes les 2 à 3 semaines (dans le Nord-est de la France, 265°C jour base 8°C à 10 cm de profondeur de sol) pour réduire le risque de multiplication de ce nématode.
Favoriser les repousses de colza pour tenter de déstocker les graines d’orobanche
Dans les secteurs concernés par l’orobanche, il est recommandé de favoriser les repousses et de les maintenir en place au moins 1 mois afin d’abaisser le stock de graines d’orobanche. Par ailleurs, le broyage des résidus de colza, la récupération des pailles et leur transport sont à éviter car ils constituent un risque supplémentaire de dispersion de l'orobanche vers des secteurs indemnes à ce jour.
Limiter le risque de colmatage dans les parcelles drainées en détruisant les chaumes qui repartent en végétation
Les repousses de colzas, détruites le plus souvent au bout d’un mois, ne semblent pas constituer un danger car dans ce laps de temps les racines ne peuvent pas atteindre la profondeur des drains (80 cm en moyenne). Le risque augmente si les repousses sont laissées en place plus longtemps ou bien si elles sont peu nombreuses et vigoureuses.
A contrario, les pieds de colza encore verts après récolte, qui peuvent redémarrer et émettre de nouvelles feuilles, constituent un facteur de risque supplémentaire car la croissance racinaire se poursuit dans la continuité du chevelu racinaire existant. Cela contribue potentiellement à accroitre la biomasse racinaire dans les drains. Sur les parcelles drainées, la destruction des chaumes reparties en végétation après la récolte est conseillée.
Profiter de l’interculture colza- céréales pour gérer les graminées et les géraniums
Les faux semis réalisés après un colza sont particulièrement efficaces pour faire lever les géraniums et ainsi abaisser le stock semencier à l’échelle de la rotation. Un second déchaumage permet de détruire les adventices en place et favorise une deuxième levée qui pourra être détruite avant le semis de la céréale.
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