Arsène : accompagner le développement de la filière lupin
Le projet Arsène, qui a démarré en 2024, ambitionne de développer la filière de lupin blanc. Focus sur cette légumineuse à graines riches en protéines et sur le rôle de Terres Inovia dans ce projet.
Dans un contexte de transition agroécologique et alimentaire favorable à l’émergence d’une nouvelle filière protéique, la culture du lupin est pleine de promesses. Fixatrice d’azote atmosphérique, sa graine est, en outre, riche en protéines.
- Retrouvez nos conseils techniques sur le lupin d'hiver et le lupin de printemps
Objectif : 25 000 ha de surfaces
Mais, avec 5 000 hectares de surface, cette espèce est encore très minoritaire dans les assolements. Pour la rendre plus attractive auprès des agriculteurs, un projet, Arsène, a vu le jour en 2024.
Piloté par Cérience, et impliquant notamment le groupe Terrena, ancré dans le Grand Ouest de la France, Arsène ambitionne d’atteindre 25 000 ha de surfaces, soit 75 000 tonnes produites annuellement, avec un objectif de rendement moyen de 30 q/ha.
Pour cela, le projet s’attachera à faire progresser la création variétale, les connaissances en conduite agronomique, et à accompagner la possibilité d’atteindre trois grands marchés rémunérateurs innovants : la nutrition animale, l’alimentation humaine et la cosmétique.
Des leviers agronomiques travaillés par Terres Inovia
Ce projet, qui va de l’amont à l’aval de la production, mobilise Terres Inovia. « Nos travaux vont se concentrer sur les leviers agronomiques pour améliorer la productivité de lupin et, surtout stabiliser son rendement, en visant 30q/ha », explique Agathe Penant, ingénieure de développement de Terres Inovia.
Comment ? « En construisant des itinéraires techniques pour rendre le lupin moins sensible aux bioagresseurs, et en communiquant largement sur les leviers de robustesse accessibles via des formations, des animations de terrain… », répond-elle.
Parmi les leviers possibles, le travail initié sur l’optimisation de la densité de semis va permettre « d’équilibrer les risques entre un excès de végétation favorisant les maladies et un sol trop exposé laissant place aux adventices », renchérit Agathe Penant.
Raisonner à l’échelle de la rotation pour améliorer ses marges
Les vrai-faux de l’irrigation du tournesol
L’eau est souvent le 1er facteur limitant le potentiel de rendement du tournesol. En 2019, près de 20 % des tournesols étaient cultivés sur des parcelles irrigables et 6 % d’entre eux seulement ont été irrigués. Pourtant, le tournesol dispose d’une bonne efficience à l’eau qui lui permet de très bien valoriser un volume d’eau d’irrigation modéré (70 à 100 mm). En particulier dans les situations sur des sols superficiels, voire intermédiaires, où le tournesol est de plus en plus souvent implanté une irrigation bien conduite apporterait une plus-value économique.
Certaines idées reçues circulent au sujet de l’irrigation du tournesol, Terres Inovia fait le point.
Le tournesol n’est pas consommateur d’eau : FAUX
Le tournesol peut consommer beaucoup d’eau quand elle lui est fournie en abondance. Cependant, l’atout du tournesol est de pouvoir atteindre son optimum de rendement avec une couverture de seulement 75% de ses besoins en eau.
Du début de la floraison et jusqu’à la fin du remplissage des graines, le tournesol est dans une phase de sensibilité maximale à la sécheresse ; c’est en effet durant cette période que le taux de nouaison et le PMG (Poids de Mille Graines) sont déterminés. Durant cette phase, 230 mm d’eau (Réserve Utile + pluie + irrigation) sont nécessaires pour assurer un rendement de 30 q/ha. La variation des résultats économiques en fonction du confort hydrique de la plante illustre bien cette valorisation de l’eau (graphique ci-dessus).
Avec une même quantité d’eau, le tournesol tire son épingle du jeu comparée à d’autres cultures d’été : VRAI
Pour une même quantité d’eau apportée, la comparaison des marges dégagées par un tournesol, un soja et un maïs, montre que le tournesol tire son épingle du jeu dans les sols superficiels et intermédiaires.
Ce résultat a été obtenu avec des volumes d’apport limités (moins de 120 mm au total) et en s’adaptant à un arrêt précoce de l’irrigation (avant le 10 août) : une situation de plus en plus fréquente dans le contexte réglementaire et de changement climatique en cours !
L’irrigation du tournesol c’est simple : il suffit de l’intercaler avec les tours d’eau prévus dans le maïs voisin : FAUX
Les besoins en eau d’irrigation du tournesol sont inférieurs à ceux du maïs, moins de tours d’eau seront donc nécessaires. De plus, Les phases de sensibilité au stress hydrique sont également différentes. De ce fait il faut programmer les apports sur tournesol indépendamment de la conduite des autres cultures irriguées.
Il faut positionner son 1er tour d’eau obligatoirement avant la floraison (stade bouton) : FAUX
La quantité d’eau disponible, la croissance du tournesol et son état de stress hydrique, sont les indicateurs qui permettent de raisonner le 1er apport.
Le tournesol a la particularité de tolérer d’autant mieux le stress hydrique pendant la phase de sensibilité qu’il a subi une contrainte hydrique modérée pendant sa phase végétative.
A savoir
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Irriguer pendant la floraison est interdit : FAUX
Le principal écueil serait de favoriser le sclérotinia du capitule. Cependant, ce risque sera limité si on a choisi une variété à bon comportement face à cette maladie, et en irriguant par temps sec. Il vaut mieux répondre au besoin hydrique du tournesol plutôt que le laisser souffrir jusqu’à fin floraison.
Irriguer en sol superficiel et intermédiaire est rentable : VRAI
Avec un gain moyen de 1.2 à 1.4 q/ha par tranche de 10 mm apportés dans les sols superficiels, et de 0.8 à 1 q/ha dans les sols intermédiaires, l’avantage économique d’une irrigation maîtrisée est largement démontré dans ces sols.
En sol profond, la valorisation de l’eau d’irrigation est plus aléatoire car le tournesol, sous réserve d’être bien enraciné, est capable de puiser dans la réserve en eau du sol au-delà d’un mètre de profondeur.
70 mm d’eau apportés = 100 à 200 €/ha de marge supplémentaire, selon le contexte hydrique de l’année.
Une parcelle en sol superficiel et irriguée n’a pas besoin d’azote : FAUX
Irriguer n’est pas une alternative aux bonnes pratiques de production du tournesol : le respect des fondamentaux techniques (densité de semis, fertilisation etc.) est indispensable pour valoriser le potentiel de la culture.
La quantité d’azote à apporter se raisonne en tenant compte des reliquats de la parcelle et de l’objectif de rendement visé. Attention toutefois à éviter une sur-fertilisation qui pourrait conduire à une croissance foliaire exubérante avant floraison. Une telle situation mènerait à une évapotranspiration excessive pendant l’été qui pénaliserait le rendement par l’épuisement prématuré de la réserve utile (RU).
Privilégier une fertilisation azotée en végétation plutôt qu'au semis du tournesol
L’irrigation du tournesol va favoriser la visite des abeilles, et ainsi la production de graines : VRAI
Lorsque la fréquentation des capitules par les insectes augmente, les transferts de pollen sont favorisés. Cela limite ainsi les défauts de fécondation, qui peuvent empêcher les variétés peu autofertiles d’atteindre leur potentiel de rendement grainier. Autre effet positif, la pollinisation entomophile augmente la teneur en huile des graines.
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Récolte 2019 : communiqué FranceAgriMer, Arvalis, Terres Inovia
Gestion des adventices difficiles en tournesol et en soja
Certaines adventices estivales sont particulièrement concurrentielles pour le tournesol et le soja et sont à gérer spécifiquement par exemple le datura, la lampourde à gros fruits (xanthium), l’ammi élevé, le bident tripartite, la morelle, le chénopode, les renouées et le panic pied de coq. L'écart de rendement constaté entre les parcelles jugées propres et celles jugées sales peut dépasser 10 q/ha.
Datura dans du soja
Datura stramoine
Le développement végétatif important du datura le rend très concurrentiel des cultures estivales. Les graines de datura contiennent des alcaloïdes tropaniques qui sont des molécules très toxiques pour l’homme et le bétail et la récolte fait l’objet de normes. La dose toxique chez les bovins est de 600 à 900 mg de graines par kilo de poids vif. Depuis juin 2011, la règlementation européenne indique que la teneur maximale de Datura ne doit pas dépasser 1000 mg par kilogramme de graines destinées à la fabrication des aliments pour animaux. Ce seuil, qui est en cours de révision au niveau européen, devrait passer à 500 mg/kg de graines à partir de 2023. La taille des graines (2,5 à 3,5 mm) complique leur élimination par nettoyage mécanique de la récolte de tournesol.
Fréquent sur les cultures de tournesol.
Les levées sont essentiellement printanières et estivales (d’avril à septembre). Par conséquent, la rotation de cultures, avec introduction de cultures d’hiver, s’avère efficace.
Cependant, les levées étant plutôt échelonnées, les déchaumages et faux-semis ne sont pas d'une grande utilité dans la lutte contre le datura.
La persistance du stock semencier dans le sol est forte et les graines sont capables de germer même à 15 cm de profondeur. C’est pour cette raison que le labour ne présente pas d'intérêt dans la lutte contre le datura stramoine.
Une culture bien implantée (peuplement homogène) et couvrante contribuera à défavoriser le datura, très sensible à la concurrence.
Concernant le désherbage mécanique, la herse étrille et la houe rotative sont souvent peu efficaces ou d'un niveau de performance très aléatoire, à cause notamment des levées échelonnées. Le binage, en revanche, s’il est pratiqué à plusieurs reprises, est une solution à ne pas oublier.
- En prélevée du tournesol : utiliser Racer ME en programme. Appliquer dans de bonnes conditions, en particulier sur un sol frais.
- En prélevée du soja : PROMAN possible efficacité moyenne.
La postlevée est à privilégier, car bien plus efficace :
- En post-levée sur tournesol tolérant : les herbicides PULSAR 40, PASSAT PLUS, DAVAI et EXPRESS SX sont très efficaces.
- En post-levée sur soja : les herbicides PULSAR 40 et DAVAI sont très efficaces.
Lampourde à gros fruits (Xanthium strumarium)
La lampourde peut impacter fortement le rendement des cultures d'été du fait de sa forte concurrence. Les graines de lampourde posent des problèmes de tri dans le tournesol. Elles peuvent amener de l'humidité à la récolte, ce qui pénalise la qualité du stockage. D'autre part, ses graines et ses cotylédons sont toxiques pour les animaux. De plus l'adventice est une plante hôte du mildiou du tournesol (Plasmopara halstedii).
1. Plantule - 2. Dans le tournesol
Adventice printanière et estivale aux levées échelonnées (de mai à août), la lampourde peut être maîtrisée par l’introduction de cultures d’hiver dans la rotation, qui vont lui être défavorables en raison de leur période de semis différente. La floraison a lieu de juillet à septembre.
Le labour n’est pas une technique efficace sur le xanthium car 80% des graines peuvent rester viables pendant plusieurs années.
Même si ces techniques ne sont pas suffisantes pour maîtriser le xanthium, les déchaumages et travaux superficiels en été, début d'automne voire en début de printemps (faux-semis) contribuent à épuiser le stock semencier dans les premières couches du sol. Dans le cas de semis tardifs, détruire les xanthium déjà levés avant ou au moment du semis. En interculture, après une céréale, un faux-semis favorise les levées qu'il suffit ensuite de détruire mécaniquement ou chimiquement.
En culture, la herse étrille et la houe rotative sont relativement peu efficaces à cause du système racinaire puissant de la lampourde. La bineuse est efficace sur les premières levées ; ensuite, il faut compter sur la vigueur de la culture pour limiter le développement des nouvelles germinations.
En prélevée, les solutions chimiques sont globalement inefficaces. Le binage à partir de 2 paires de feuilles du tournesol ou 1ère feuille trifoliée du soja donne des résultats satisfaisants.
En post-levée du tournesol : sur variétés tolérantes, utiliser Pulsar 40 1,25 l/ha ou Passat plus 2 l/ha ou Express SX 45 g/ha + Trend 90 0,1%. L'efficacité est améliorée par le fractionnement de la dose, rajouter dans ce cas Actirob B ou Dash HC à Pulsar 40 / Listego.
En post-levée du soja : privilégier la double application suivante : PULSAR 40 0.6 l/ha + Actirob B 1 l/ha renouvelé 8-10 jours plus tard.
Efficacité de Pulsar 40 et d'Express SX sur xanthium
Source : 3 essais Terres Inovia (2007,2009,2010)
Ammi élevé (Ammi majus)
L'ammi élevé présente un développement végétatif exubérant qui le rend très concurrentiel des cultures de printemps et d'été. Cette concurrence peut aller jusqu'à l'étouffement total de la culture. En tournesol, 20 pieds/m² d'ammi élevé font perdre environ 15 % du rendement
Fréquent sur les argilo-calcaires du Sud-Ouest. 1. Plantule - 2. Dans le tournesol
L'ammi élevé est capable de germer toute l'année avec un pic en sortie d'hiver, début de printemps. Les germinations s'estompent à l'approche des fortes températures estivales. La fructification a lieu pendant l'été, ce qui en fait une espèce redoutée des cultures à récolte tardive (tournesol par exemple). Le labour et la rotation n’ont pas d’effet.
Le meilleur levier agronomique sur ammi majus est d’épuiser le stock semencier. Avant tournesol, réaliser une préparation précoce du lit de semences (fin mars, début avril), puis laisser passer 3 à 4 semaines sans retoucher le sol. Si la météo et l'état du sol sont favorables, cette technique déclenchera les premières germinations d'ammi élevé et contribuera ainsi à réduire le stock semencier superficiel, en prenant soin de détruire cette première vague de levées avant le semis du tournesol. En cas de fortes infestations attendues, décaler légèrement la date de semis à fin avril ou début mai. Il est possible aussi de pratiquer ensuite un faux-semis début septembre après la récolte du tournesol, suivi d'une destruction mécanique avant le semis du blé. Ce conseil s’applique également après la culture de blé.
Profiter du binage comme moyen complémentaire à la lutte herbicide pour éviter la production de graines pendant l'été. La herse étrille sur jeunes plantules et la houe rotative (en limon) peuvent s'envisager également.
En prélevée du tournesol, utiliser NOVALL sur un sol frais et affiné à 1,5 à 2 l/ha. Adapter la dose au type de sol : lire attentivement les conseils d'utilisation sur l'étiquette du bidon (Attention : Novall est déconseillé en sol sableux).
NOVALL permet également un bon contrôle des graminées, morelles, renouées persicaires et amarantes. Il peut être utilisé en association ou en programme (si mélange interdit) avec d’autres produits de prélevée pour un complément de spectre (CHALLENGE 600, PROMAN, RACER ME).
En prélevée du soja, aucune solution n’est efficace.
En post-levée, PULSAR 40 (tournesol tolérant et soja), PASSAT PLUS et EXPRESS SX (tournesol tolérant) sont très efficaces mais doivent s’envisager, sur tournesol, en programme après NOVALL 1 à 1,5 l/ha en prélevée pour limiter les risques de résistance dans la rotation (résistance aux inhibiteurs de l’ALS, sulfonylurées, florasulam et pyroxulam, imazamox). NOVALL présente une bonne action sur graminées, amarante, morelle et renouée persicaire.
Renouée liseron
La renouée liseron est précoce et très concurrentielle pour les cultures de tournesol et de soja.
1. plante - 2. floraison
La période de levée préférentielle s'étale de mars à juin. Le Taux Annuel de Décroissance de la renouée liseron étant assez faible (environ 50 %), le labour a une action très moyenne voire neutre. Les façons culturales réalisées le mois qui précède l'implantation de culture de printemps tardif (faux-semis) permettent de se prémunir partiellement contre la renouée liseron via une destruction de la mauvaise herbe au moment du semis.
Les très jeunes renouées s'arrachent relativement bien à l'aide de la herse étrille, mais celle-ci est inefficace dès que la plantule a mis en place ses premières feuilles. La bineuse est également efficace.
En culture de tournesol, privilégier les herbicides à base de pendiméthaline (ATIC-AQUA) ou de l’herbicide DAKOTA-P complétés en mélange ou en programme avec CHALLENGE 600 3.5 l/ha, PROMAN 2 l/ha (2.5 l/ha pour les fortes infestations) ou encore RACER ME 2 l/ha.
Dans les programmes avec PULSAR 40, PASSAT PLUS ou EXPRESS SX, en postlevée sur variétés tolérantes, conserver, en prélevée, une base pendiméthaline (ATIC-AQUA), une base avec l’herbicide DAKOTA-P ou PROMAN. La pleine dose de l’herbicide de postlevée est à privilégier. Une meilleure efficacité est obtenue par le fractionnement de la postlevée (avec huile pour PULSAR 40). La première application démarre à 3 feuilles du tournesol.
En culture de soja, le meilleur programme réunit ATIC-AQUA 2 l/ha puis PULSAR 40 1 l/ha. Le fractionnement de ce dernier est à privilégier pour une meilleure efficacité (et une meilleure sélectivité) : PULSAR 40 0.625 l/ha + Actirob B 1 l/ha dès 3 feuilles du soja, renouvelé 8-10 jours plus tard. Le programme PROMAN 1.5 l/ha puis PULSAR 40 0.8 l/ha donne également de très bons résultats.
Efficacité du programme à base de PULSAR 40 et PROMAN contre renouée liseron.
Regroupement des essais Tournesol et Soja 2012-2017
Efficacité (% - moyenne et détail) sur renouées liserons – 17 essais
Ray-grass
A l’origine plutôt hivernale, cette graminée est maintenant présente également dans les cultures estivales comme le tournesol.
Les ray-grass peuvent germer toute l'année, avec deux pics de germination : l'un automnal de septembre à décembre, l'autre au début du printemps. C’est pour cette raison que la rotation n’est pas (plus) un levier efficace. Le labour occasionnel reste un levier intéressant sur les fortes infestations de ray-grass, compte tenu de la faible persistance de son stock grainier. De nombreux essais ont montré son efficacité sur ray-grass s’il est pratiqué tous les 3-4 ans (le labour annuel n’est pas conseillé). Par ailleurs, les graines de ray-grass étant peu dormantes et germant surtout à partir de la fin d'été, début automne, la mise en oeuvre de déchaumages superficiels à cette période, dans l’interculture blé-tournesol par exemple, est intéressante. Les conditions météo (température élevée et pluie) et de structure du sol (terre fine, rappuyée) sont déterminantes pour la réussite de cette technique.
Le binage est un bon complément de rattrapage, même en tournesol et même à début tallage.
En postlevée, éviter d’utiliser PULSAR 40 (tournesol tolérant et soja) ou PASSAT PLUS (tournesol tolérant) seul.
Bident tripartite ou chanvre d'eau
Présent en Bourgogne et dans le Sud-Ouest, dans les bas-fonds et à proximité des cours d'eau, le bident tripartite est très nuisible et compromet la récolte du tournesol dans les cas les plus graves.
1. Plantule - 2. Dans le tournesol
Assurer un peuplement homogène est défavorable au bident par effet d'étouffement. Le binage est un bon complément aux traitements chimiques.
En prélevée du soja ou du tournesol, aucun herbicide n’est efficace.
En post-levée, les herbicides PULSAR 40 (tournesol tolérant et soja), PASSAT PLUS et EXPRESS SX sont très efficaces (tournesol tolérant).
Morelle noire
Cette adventice concurrence fortement les cultures printanières et estivales dans lesquelles elle prend place en raison de son développement important et rapide. La morelle noire est toxique pour l'homme et les animaux domestiques. Elle peut dévaloriser la récolte de soja (en raison de tâches sur les graines causées par les baies de morelle).
1. plantule - 2. grenaison
La morelle est souvent mentionnée comme une adventice de plus en plus présente et mal contrôlée. La germination a lieu au printemps, c’est pourquoi la diversification de la rotation avec des cultures d’hiver est efficace. Le stock semencier étant fortement persistant, le labour n’est pas efficace. Les déchaumages et faux-semis ne parviennent généralement pas à faire lever l'adventice en quantité suffisante, même avant des semis de mai.
En conditions pédoclimatiques favorables, les jeunes morelles noires s'arrachent relativement bien à l'aide de la herse étrille ou de la houe rotative. La bineuse est également efficace.
En prélevée, on privilégiera une base DAKOTA P (tournesol). En complément de prélevée, préférer RACER ME (tournesol, mélange avec les produits précédents impossible). Sinon, choisir PROMAN (soja et tournesol).
En post-levée, PULSAR 40 (soja et tournesol tolérant) est efficace dès 0,8 l/ha (avec DASH HC) ou seul dès 1 l/ha. Sur tournesol tolérant, PASSAT PLUS est efficace dès 1,6 l/ha et pour Express SX, rester à 45 g/ha + Trend 90 0,1 %. Sur soja, CORUM est également bien adapté à la postlevée sur morelle.
Chénopode blanc
Le chénopode blanc s'installe très fréquemment dans les cultures sarclées biologiques estivales, typiquement le soja. Il est particulièrement redouté du fait de sa grande nuisibilité pour le rendement et sa forte aptitude à produire des semences capables de se conserver très longtemps dans le sol.
Chénopode dans un champ de soja
Les levées, favorisées par une température entre 13 et 20°C, peuvent s’étendre sur une période entre mars et septembre, ou mode plutôt échelonné. La durée de vie des graines dans le sol du chénopode est considérable, par conséquent le labour n’est pas conseillé en cas de présence forte de cette adventice. Les faux-semis réalisés avec soin en avril seront potentiellement efficaces (semis de la culture à envisager en mai).
Si les plantules sont peu développées, les chénopodes se détruisent assez aisément avec la herse étrille, la houe rotative et la bineuse.
En agriculture biologique, les arrachages manuels, fauches ou écimages réalisés avant formation des graines du chénopode limitent les infestations ultérieures.
En prélevée du tournesol, les programmes à base de CHALLENGE 600, RACER ME et PROMAN sont très efficaces.
En postlevée sur tournesol tolérant, EXPRESS SX est plus efficace que PULSAR 40 (1 l/ha + Actirob B) ou PASSAT PLUS (1.6 l/ha minimum). En forte infestation, il est préférable de conserver une base de prélevée efficace sur graminée et chénopode (ATIC-AQUA, DAKOTA-P).
En prélevée du soja, PROMAN est le produit le plus efficace. Le meilleur programme associe cependant prélevée et postlevée.
En postlevée sur soja, rester sur la dose de 1 l/ha minimum avec PULSAR 40 et surtout choisir ATIC-AQUA 2 l/ha (ou PROWL 400 2.3 l/ha) ou PROMAN 1.5 l/ha à 2 l/ha en prélevée. CORUM 1.25 l/ha + DASH HC ou ACTIROB B, toujours en programme après prélevée est également bien adapté.
Panic pied-de-coq
Le panic pied-de-coq peut fortement réduire les rendements par son caractère très envahissant et son besoin important d'éléments nutritifs. Son cycle biologique est court et lui permet de produire rapidement des graines avant même la récolte de la culture.
Panic pied de coq dans du soja
Entre avril et septembre, les levées sont échelonnées et superficielles. Comme la persistance du stock semencier est assez faible, le labour est un levier à prendre en compte pour la gestion de cette adventice, en privilégiant un enfouissement occasionnel tous les 3-4 ans. Les faux-semis avant l’implantation du soja sont envisageables mais restent aléatoires en raison de la fluctuation de la météo et du mode de levée échelonné du panic pied-de-coq.
L'efficacité des outils de désherbage mécanique sur panic pied-de-coq est médiocre, en particulier au-delà de 3 feuilles. En revanche, les passages de herse étrille et de houe rotative "à l'aveugle" peu de temps après le semis sont relativement efficaces pour contrôler les premières levées de panics.
En pré-levée, préférer DAKOTA-P (tournesol) qui est un peu plus efficace que la pendiméthaline (PROWL 400, ATIC-ACQUA).
En postlevée, PULSAR 40 (soja et tournesol tolérant) et PASSAT PLUS (tournesol tolérant) sont efficaces à condition de les appliquer sur jeunes plantes (2-3 feuilles maxi de la graminée). Sinon, les antigraminées foliaires (FUSILADE MAX, CENTURION EC, PILOT, etc..,.) présentent une bonne efficacité. Ils ne doivent pas être mélangés à PULSAR 40 ; PASSAT PLUS et EXPRESS SX (baisse d’efficacité sur graminées en raison d’un antagonisme).
Si la postlevée est nécessaire pour la gestion des dicotylédones, conserver une base de prélevée efficace en situation de pression moyenne à forte.
Ambroisie
Pour en savoir plus, lire l'article "Comment reconnaître l'ambroisie et comment désherber"
Tournesol sauvage
Pour en savoir plus, lire l'article "Comment reconnaître le tournesol sauvage et comment désherber"
Chardon
Comment reconnaitre le chardon et comment désherber.
En résumé
En tournesol
| Efficacité sur huit adventices envahissantes | Meilleures références de prélevée |
PULSAR 40 / DAVAI PASSAT PLUS (variété Clearfield ou Clearfield plus) | EXPRESS SX 45 g/ha + Trend90 0,1 (variété Express Sun) |
|---|---|---|---|
| Ambroisie à feuille d’armoise | Moyenne ou irrégulière | Bonne et régulière | Bonne et régulière (60 g/ha + trend) |
| Ambroisie trifide | insuffisante | Moyenne | Bonne |
| Datura | Bonne et régulière | Très bonne et régulière | Très bonne et régulière |
| Liserons des haies | Moyenne ou irrégulière | bonne et régulière | Très bonne et régulière |
| Bidens | Moyenne ou irrégulière | Très bonne et régulière | Très bonne et régulière |
| Xanthium | insuffisante | Très bonne et régulière | bonne |
| Tournesol sauvage | insuffisante | Bonne et régulière | Bonne et régulière |
| chardon | insuffisante | Irrégulière | Bonne et régulière |
| Orobanche cumana | nulle | Bonne (à 6-8 feuilles du tournesol) À compléter par choix variétal adapté |
Nulle |
Infloweb : une mine d’informations et de conseils sur 40 adventices majeures des grandes cultures
Après avoir sélectionné l’adventice qui vous intéresse, vous accédez à des informations utiles sur sa description botanique (avec illustrations), sa biologie, son affinité vis-à-vis des milieux et des cultures, les facteurs favorables à son extension, et sa nuisibilité dans les grandes cultures, y compris les espèces porte-graines. Les différents moyens de lutte disponibles sont aussi passés en revue : méthodes préventives et agronomiques, choix des herbicides les plus adaptés et désherbage mécanique. Des recommandations de lutte spécifiques en agriculture biologique sont également fournies. |
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Documents à télécharger
Le tournesol : une culture qui s’intègre à toutes les exploitations agricoles
Pourquoi insérer un tournesol dans les systèmes de culture d'une exploitation ?
Parce que c’est une culture simple qui bénéfice du progrès génétique. Le progrès génétique du tournesol a été réel au cours des trente dernières années. Tant au niveau du rendement, de la teneur en huile que du comportement aux maladies et parasite (Orobanche cumana).
Depuis 2006 au travers de l’exemple du sud de la France (1er bassin de production national), alors que les rendements au champ sont stables en tendance, ceux des essais variétaux de Terres Inovia ont progressé en tendance de + 0,1 q/ha/an. La teneur en huile a augmenté en tendance de près de + 0.2 point/an tant dans les parcelles agricoles que dans les essais.
Un des gros atouts du tournesol est la simplicité de son itinéraire cultural. Cependant, pour valoriser au mieux le potentiel des nouvelles variétés, il est essentiel de soigner l’ensemble de la conduite notamment l’implantation, le choix variétal, la fertilisation et le désherbage. C’est un levier de progrès majeur pour cette espèce trop souvent considérée comme secondaire.
De même, visiter les parcelles au cours de l’été est un moyen de diagnostiquer l’état sanitaire des tournesols et ainsi mettre en place les leviers de lutte adéquats, immédiatement (arrachage des tournesols sauvages…), à la récolte (récolter en dernier les parcelles avec de l’orobanche…) ou au retour du tournesol (choix variétal, VTH si flore difficile…).
Parce que c’est une culture qui permet de répartir la charge en travail sur l’exploitation
Le calendrier de travail du tournesol est complémentaire de celui des cultures d’hiver, ce qui facilite l’organisation au sein de l’exploitation et la répartition de la charge de travail au cours de l’année.
Par ailleurs, le temps de travail est concentré sur quelques périodes, avec un nombre de passages limité. Au total, une culture de tournesol ne nécessite que 7 à 8 passages de la préparation du sol à la récolte.
Les charges de mécanisation spécifiques à cette culture sont également limitées à l’adaptation de la coupe sur la moissonneuse-batteuse (aménagement de plateaux ou cueilleur spécifique tournesol). Pour le semis, l’utilisation d’un semoir monograine reste conseillée (qualité de semis et de levée ; maîtrise de la densité ; régularité de peuplement).
Parce que c’est une bonne tête de rotation et un bon précédent au blé
Le tournesol profite d’un cycle de culture court, il occupe donc peu de temps le sol et son interculture longue offre ainsi la possibilité de fragmenter le sol dans de bonnes conditions. Il permet également de contribuer à gérer les limaces avant semis par le déchaumage. Il offre la possibilité d’insérer des couverts végétaux dans l’interculture avant le tournesol, sous certaines conditions.
Lorsque son enracinement est correct, le système racinaire en pivot du tournesol concours à la bonne structure du sol.
Parmi les cultures de printemps et d’été, le tournesol a l'avantage de libérer tôt le sol en laissant des quantités limitées de résidus (cannes). Avec des sols le plus souvent secs lors de sa récolte, le risque de tassement est fortement réduit. Ces atouts offrent des conditions optimales d’implantation aux céréales d’hiver en non labour superficiel (< 15 cm), en semis direct ou à un couvert végétal dans l’attente d’un semis de fin d’hiver ou de printemps.
Il permet la lutte contre certaines graminées (ray-grass, vulpin notamment) dans la rotation et assure une rupture du cycle des maladies des céréales (fusariose, piétin, etc.). Il contribue ainsi à l’équilibre des rotations.
L’effet bénéfique d’un précédent tournesol se traduit par une hausse moyenne de rendement de 15 % du blé qui suit, par rapport à un blé de blé.
En double culture dans le sud de la France, il peut être cultivé en irrigué après une orge précoce par exemple.
Parce que c’est une culture adaptée à des systèmes de productions variés
Une culture qui valorise tous les types de sol, en sec et en irrigué
Le tournesol valorise des milieux variés allant des sols superficiels à profonds. En sol superficiel, il fait partie des cultures de printemps et d’été les plus robustes, même conduit en sec. Pour les irrigants, cette culture est une opportunité car elle valorise très bien de faibles quantités d’eau, en échappant souvent aux restrictions puisque les besoins en eau sont précoces dans le cycle.
Une offre variétale pour s’adapter à chaque contexte de production
En fonction des enjeux principaux de la parcelle (gestion des flores difficiles, mildiou, vertillium, phomopsis, Orobanche cumana, sclérotinia du capitule), il existe une offre variétale en tournesol qui répond aux enjeux priorisés de la parcelle. La recherche variétale dynamique, qui permet cette offre variée, est un réel atout pour cette espèce.
Le soin apporté à la conduite culturale est un élément clé pour que le potentiel génétique s’exprime au mieux.
Une culture adaptée au désherbage mécanique et à l’agriculture biologique
Passage de herse étrille
Le tournesol convient parfaitement au mode de production biologique car il demande peu d’intrants, ne pose pas de problèmes techniques majeurs et est particulièrement adapté au désherbage mécanique. Les coûts de production relativement modérés en bio, la rémunération de la récolte et la faible variation des rendements d’une année à l’autre font du tournesol une culture de vente appréciée par de nombreux agriculteurs convertis ou en cours de conversion.
Une culture adaptable à l’agriculture de conservation
Le tournesol reste peu adapté au semis direct. Cependant réussir l’implantation en travail du sol simplifié est possible avec le strip till. La technique consiste à travailler le sol uniquement sur la future ligne de semis, ce qui permet au pivot de se développer correctement sans toucher l’inter-rang. Le bon usage de ce matériel demande des réglages précis.
Il est par ailleurs tout à fait possible d’implanter une céréale en semis direct après tournesol car cette culture laisse un sol bien structuré et peu de résidus gênants.
Enfin, l’interculture longue laissée par le tournesol permet d’intégrer des couverts dans la rotation.
Une culture pour diversifier les assolements
Dans des rotations à dominante de cultures d’hiver, insérer un tournesol, culture d’été, est un levier pour améliorer la maîtrise du désherbage, grâce à l’effet de rupture produit. Cette insertion permet en particulier d’améliorer la gestion des flores à dominante hivernale (dont vulpin, ray-grass, matricaires et géraniums) tout en maîtrisant les coûts herbicides.
Dans les bassins où le tournesol est peu présent, cette espèce peut s’avérer être une culture de diversification particulièrement compétitive, qui permet d’allonger les rotations, tout en apportant une rentabilité aux exploitations.
Dans les bassins « historiques », une culture à insérer parfois dans des rotations plus longues
Le tournesol garde toute sa compétitivité technico-économique dans les bassins de production qualifiés d’« historiques ». Cependant, afin de préserver son potentiel de rendement, il est préférable que le tournesol revienne dans les rotations avec un délai de retour ≥ trois ans. La gestion des maladies, mildiou en particulier, sera notamment facilitée.
Une culture qui contribue à la diversité des paysages
Même si ce critère n’est pas fondamental pour les producteurs, l’image très positive du tournesol auprès du grand public, la beauté des parcelles lors de la floraison et sa contribution à la production de miel participent à valoriser les paysages et le métier d’agriculteur auprès d’un large public. C’est un atout non négligeable de nos jours.
Taupins : Gestion en cours de campagne
Il faut avant tout bien identifier les parcelles à risque. 5 à 10 % des parcelles de tournesol sont considérées à risque : antécédents d’attaques notamment sur maïs voire sur tournesol ou colza, ou précédents favorables (friche, prairie, culture fourragère ou légumineuse).
Biologie
Description
Il existe une grande diversité d'espèces de taupins, mais deux genres dominent actuellement dans les cultures en France : Agriotes et Athous.
Adulte
- Coléoptères de 6-12 mm
- Couleur sombre, brun clair à brun noirâtre
Larve
- Filiforme, corps dur et cylindrique, ocre à cuivre, aspect luisant
- 3 paires de pattes discrètes
Biologie
Les taupins adultes se déplacent activement pour rechercher des sites de ponte qui leur conviennent au printemps. Ils déposent dans le sol leurs œufs, qui sont à l’origine des infestations larvaires pour les années à suivre. Selon les espèces et les conditions de développement, la phase larvaire dure entre deux et quatre ans et le stade adulte 1 an.
Dans les cultures attractives, les pontes des taupins sont annuelles et échelonnées avec un pic en fin de printemps et début d'é. Ainsi, dans la même parcelle, des larves d'âges différents cohabitent.
Selon les conditions (température et d'humidité), les larves de taupin se déplacent dans le sol, le plus souvent entre 0 et 60 cm de profondeur. Les larves préfèrent des températures comprises entre 10 et 26°C et des sols humides sans excès. Elles sont polyphages et supportent bien des périodes de jeûne.
Dégâts
Les adultes n'occasionnent pas de dégâts en grandes cultures, contrairement aux larves.
Les larves consomment les graines en cours de germination ou les parties souterraines des plantules levées ce qui peut engendrer des pertes à la levée.
Nuisibilité
Les pertes de rendement ne sont observées qu’en cas de fortes pertes de pieds. Les rares fortes attaques de taupins observées peuvent occasionner des pertes de 20 à 50% des pieds. Plus régulièrement, on peut observer dans les zones touchées des ronds, avec de forte perte de pieds pouvant occasionner des resemis partiels. En présence avérée de larves de taupins dans une parcelle, des levées de tournesol indemnes ont déjà été observées malgré des dégâts de taupins sur les racines. Cela s'explique par l’appétence plus faible du tournesol pour les larves de taupins par rapport au maïs, mais également par la durée du stade sensible plus courte sur tournesol (germination-levée) que sur maïs (pertes de plantes possibles plusieurs semaines après la levée).
Gestion
Identifier les parcelles à risques
| Risque moyen à élevé |
Les parcelles répondant à au moins une des conditions ci-dessous peuvent héberger des populations de taupins moyennes à élevées. Le risque d’observer des dégâts significatifs ne peut être exclu : Au cours des cinq dernières années précédant le semis du tournesol, la parcelle a subi des dégâts avérés de larves de taupins. Au cours des deux dernières années précédant le semis du tournesol, la parcelle a reçu une prairie, une culture fourragère (y compris en dérobé), une légumineuse ou une jachère non cultivée. Ces couverts sont propices à la ponte des adultes taupins, donc favorables au maintien et à l'augmentation des populations de larves. |
| Risque très faible à nul |
Parcelles non concernées par le cas précédent - Population de taupins nulle à faible, dégâts très peu probables sur tournesol. Majorité des situations où le tournesol est cultivé aujourd'hui en France |
Mettre en œuvre des mesures agronomiques
Dans les situations à risque, adapter :
1 - Le travail du sol
Le travail du sol lors de la destruction d'une culture attractive pour la ponte et favorable à l’installation de larves de taupins (prairie, culture fourragère, jachère pluri-annuelle) est déterminant pour réduire les populations. Intervenir en conditions séchantes et après la période de ponte des taupins (fin de printemps, début d'été) pour occasionner un surcroît de mortalité parmi les œufs et les jeunes larves de taupins.
2 - La densité et la date de semis
En situation à risque, recherchez une levée rapide et vigoureuse. Semez dans un sol suffisamment réchauffé.
Augmentez légèrement la densité de semis pour compenser les pertes de plantes éventuelles.
3 - Choix des insecticides pour les situations les plus exposées
Pour les cas les plus exposés, la protection est réalisée avec des traitements insecticides au semis à base de microgranulés.
La réglementation a changé pour les microgranulés à base de lambdacyhalothrine avec la nécessité d’incorporer à 4 cm de profondeur minimum et donc sans diffuseur :
- Ercole, Karaté 0,4 GR (lambda-cyhalothrine 0,4 %) de 12 à 15 kg/ha (51 à 64 €/ha),
- Trika Lambda 1, Trika Expert+ à 15 kg/ha (lambda-cyhalothrine 0,4 %, 80 €/ha),
- Trika Super, Dekiel (lambda-cyhalothrine 0,24 %) à 25 kg/ha (115 €/ha),
- Trika Perfect, Extra P (lambda-cyhalothrine 0,15 %) à 40 kg/ha (130 €/ha).
Pour Trika Lambda 1, Trika Super et Trika Perfect, la lambdacyhalothrine est associée à un fertilisant starter et un biostimulant.
Les microgranulés à base de téfluthrine (Force 1.5 G, Viking), 61 €/ha, doivent être incorporés à une profondeur minimum de 3 cm et donc sans diffuseur.
Les microgranulés à base de cyperméthrine (Belem 0,8 MG/Daxol), 49 €/ha, peuvent être incorporés dans la raie de semis grâce à un diffuseur (QDC-DXP) qui sera à adapter sur l’embout du tube de descente du microgranulateur.
Noctuelles terricoles
- Habituellement, les dégâts de noctuelle terricole (vers gris) restent modérés en intensité et localisés. En cas de disparition de pieds, assurez-vous de leur présence en grattant le sol au pied des plantes. En effet, les larves de noctuelles sont actives la nuit et enfouies au pied des plantes le jour.
- L’application au semis de microgranulés avec un diffuseur (Belem 0.8 MG/Daxol, à base de cyperméthrine) pour lutter contre les taupins apporte également une efficacité contre les attaques précoces de noctuelles terricoles.
- En cas d’attaque, intervenez rapidement dès les premiers signes d'infestation avec une pulvérisation à base de cyperméthrine (uniquement Sherpa 100EW, Aphicar 100EW, Cyperfor 100EW, Scipio 100EW). Le volume de la bouillie est d’au moins 500 l/ha. Traitez le soir (activité nocturne).
Les atouts économiques du tournesol
Un retour rapide sur investissement avec des charges opérationnelles limitées
Plante à cycle court, le tournesol mobilise une trésorerie limitée grâce à des charges opérationnelles, le plus souvent comprises entre 300 et 450 €/ha, inférieures à d’autres grandes cultures (voir le graphe ci-dessous) et sur une courte durée de l’ordre de six mois (avril à septembre). Ainsi, dans le cas d’une commercialisation par [acompte + complément de prix], le paiement des acomptes intervient le plus souvent assez tôt après la récolte.
Des charges opérationnelles maîtrisées et peu volatiles
Parmi les charges opérationnelles, le poste fertilisation minérale est celui soumis à la plus grande volatilité interannuelle à cause notamment du prix d’achat des engrais. Les besoins relativement limités en engrais azotés du tournesol (entre 0 et 80 unités) par rapport à d’autres espèces ont pour conséquence une variabilité interannuelle plus faible des charges opérationnelles que d’autres grandes cultures (voir graphe ci-dessus). C’est un facteur de stabilité des marges et indirectement du revenu agricole.
Des débouchés variés et assurés
Matière première agricole faisant partie des principaux oléagineux cultivés dans le monde, le tournesol, source d’huile et de protéines, bénéficie de débouchés variés et assurés.
En conduite sèche, une culture robuste et compétitive
Le tournesol valorise des milieux variés allant des sols superficiels à profonds. Des essais de comparaison de cultures d’été en conduite sèche (pluviale) dans le Sud-Ouest ont montré que cette espèce amortit particulièrement bien les aléas du climat (années sèches) et du prix au niveau de la marge de la culture et permet de dégager des marges intéressantes. C’est un atout certain dans le contexte du changement climatique en cours.
En conduite irriguée, une culture valorisant des apports d’eau limités
Par ailleurs cette culture valorise très bien des apports limités d’eau d’irrigation (≤ 100 mm) tout particulièrement dans les sols intermédiaires et superficiels.
Une culture avec de gros atouts pour allier performance économique et utilisation réduite d’intrants phytosanitaires
Le tournesol présente de nombreux atouts pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires tout en maintenant voire en améliorant sa performance économique :
- La génétique permet de gérer une partie importante des maladies et parasites, la lutte fongicide arrivant en complément (phomopsis, phoma).
- Le désherbage mixte montre de très bons résultats sur cette espèce en particulier : l’association herbisemis (désherbage localisé sur le rang lors du semis) puis binage : voir le tableau ci-dessous ; le désherbage en plein associé à un à deux passage(s) de herse étrille (1er dans les trois jours après le semis pouvant être complété par un second autour de 4 feuilles) qui permet de gagner 15 à 25 points d’efficacité par rapport à un désherbage en plein seul.
| Traitement herbicide de prélevée en plein (référence) | Traitement de prélevée localisé (herbisemis) puis binage | Traitement en plein à dose réduite puis binage | Binage(s) seul(s) | |
| Efficacité moyenne du désherbage (% de destruction des adventices) | 79% | 82% | 83% | 67% |
| Coût total (main d'oeuvre, mécanisation et herbicide) en €/ha | 89 | 63 | 84 | 24 |
| Temps passé (min/ha) | 10 | 27 | 37 | 27 |
Source : essais de Terres Inovia sur désherbage mixte en tournesol (2010 à 2012)
Une culture rentable avec des marges de progrès (Culturales 2018)
Documents à télécharger
Listes recommandées tournesol : pour un choix variétal optimal
Parce que la variété est un levier agronomique de premier plan pour répondre aux conditions climatiques et sanitaires locales et que l’adéquation entre choix de la variété et territoire est déterminante, Terres Inovia propose aux agriculteurs et techniciens un conseil variétal tournesol sous forme de « listes recommandées».
Choisir une variété de la liste recommandée, c’est l’assurance de bénéficier à la fois du progrès génétique, d’un bon niveau de performance et de caractéristiques agronomiques adaptées à son contexte de production.
Des listes élaborées chaque année à partir des résultats des essais Terres Inovia-Partenaires
Capture d'écran de l'application MyVar
Terres Inovia élabore les listes recommandées à partir des résultats issus des essais variétés tournesol des réseaux d’évaluation de post-inscription conduits par Terres Inovia et ses Partenaires[1]. Chaque année, à l’issue des résultats annuels, les listes recommandées pour les semis à venir sont mises à jour en y intégrant les derniers résultats.
Toutes les variétés disponibles sur le marché ne sont pas testées dans le réseau Terres Inovia-Partenaires, ainsi seules les variétés mises à disposition de Terres Inovia par leur représentant, dans le cadre de l’évaluation de post-inscription, sont prises en compte.
[1] Après leur inscription au catalogue des variétés commercialisées en France, les variétés font l’objet d’une évaluation par Terres Inovia dans le cadre d’un réseau Terres Inovia-Partenaires. Cette évaluation a lieu dans un réseau d’essais couvrant l’ensemble des régions de production.
Des règles de tri sécurisantes : performance et tolérance sanitaire
Les variétés proposées dans les listes recommandées répondent toutes à des exigences en termes de performance, de régularité et permettent également d’assurer une protection sanitaire minimale : ce sont les critères appliqués à toutes les situations, pour l’ensemble des listes.
Ces contraintes générales sont les suivantes :
- Bénéficier du progrès génétique, avec des variétés inscrites en France depuis maximum 6 ans.
- Productivité et régularité de bon niveau. Sont conservées, les variétés ayant obtenu, lors d’au moins une année d’évaluation, un indice de rendement supérieur ou égal à 100 dans au moins 50 % de nos essais de post-inscription.
- Une tolérance sanitaire minimale : les variétés sont, au minimum, classées Peu Sensible (PS) au phomopsis.
Une expertise régionale et un tri adapté au contexte climatique et sanitaire
Pour répondre à des situations particulières, une liste de « Variétés possibles » est proposée sur chaque bassin de production. Cette liste regroupe des variétés qui ne satisfont pas à tous les critères mais qui présentent un intérêt dans certaines situations locales ; un commentaire de l’ingénieur régional Terres Inovia explicite leur intérêt et/ou les contraintes d’utilisation.
Des choix à la parcelle à faire pour certains critères. Certains critères de choix (tolérance herbicide, mildiou) sont liés à la connaissance de la parcelle : historique maladies et adventices. Ce sera donc à l’agriculteur, avec l’aide éventuelle de son technicien, de faire ses propres choix à partir de la liste proposée en s’appuyant sur les conseils proposés dans le document.
Accéder à myVar : Résultats et recommandations Terres Inovia 2024
Tournesol : les règles d'un semis réussi
La régularité du peuplement compte autant que la densité
Le tournesol compense mal un peuplement irrégulier et insuffisant, même si on peut observer des capitules plus gros en peuplement faible. Une densité de levée inférieure à 50 000 plantes/ha associée à un peuplement irrégulier dégrade fortement le rendement et la teneur en huile.
1. Levée irrégulière; 2. levée régulière
La densité de semis doit être adaptée aux conditions de levée attendues et à la contrainte hydrique
L’analyse des données d’essais menés de 1980 à 2012 a montré que la densité de semis optimale pour le rendement et la teneur en huile est d’autant plus élevée que la contrainte en eau est faible. Les effets physiologiques expliquant cette relation restent incertains. Ils impliquent probablement l’optimisation de la consommation d’eau en sol superficiel et du rayonnement en sol profond. La densité de semis doit aussi être adaptée en fonction des conditions attendues de levées (pression oiseaux limaces taupin et qualité du lit de semences).
Le tableau de conseil propose des densités optimales pour le rendement et la teneur en huile et la carte indique les zones climatiques.
Choisir un écartement de 40 à 60 cm
L’écartement entre rangs compris entre 50 et 60 cm est celui qui donne les meilleurs résultats. Pour un écartement de 75-80 cm (comparé à un écartement de 50 cm), des pertes moyennes de l'ordre de 1 à 4 q/ha sont enregistrées
Soigner l’opération du semis
Semer lentement, à une vitesse maximale de 5 km/h. Une vitesse de semis réduite améliore la régularité de répartition des pieds sur la ligne. Une vitesse trop élevée conduit à une irrégularité de la profondeur de semis et augmente les pertes à la levée.
La profondeur de semis doit être adaptée au type et à l’état du sol.
| Lit de semences frais | Terre desséchée en surface | |
| Terre battante | 2-3 cm | 3-4 cm |
| Terre non battante | 2-3 cm | 4-5 cm |
Traitement de semences : à raisonner en fonction du choix variétal
Un seul traitement fongicide est autorisé contre le mildiou (Apron XF à base de métalaxyl-M ou méfénoxam). Il n’est pas obligatoire et son utilisation systématique peut conduire à une généralisation des résistances.
Pour les variétés dites RM8 et RM9 résistantes à la plupart des races de mildiou, préférez les semences non traitées notamment dans les secteurs sans attaques significatives ces dernières années. En Charente et Charente-Maritime, préférez des semences traitées pour les variétés dites RM8 en raison de la présence dans ce secteur de la race 334 à laquelle ces variétés sont sensibles.
Ne jamais retourner un tournesol à la légère
Implanter une culture de remplacement n’est pas toujours facile et peut se révéler onéreux.
Un faible peuplement, compris entre 25 et 30 000 pieds/ha, d’une culture de tournesol bien enracinée peut être maintenu, surtout si les plantes sont régulièrement réparties dans la parcelle. La perte de pieds doit être attestée par une observation précise : l’absence de cotylédons due aux attaques d’oiseaux peut être impressionnante, mais sans conséquences tant que l’apex n’est pas touché.
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