Optimiser l’implantation pour lutter contre les ravageurs
L’implantation est une étape clé pour limiter la nuisibilité de tous les bioagresseurs du colza. Cela est particulièrement vrai pour l’altise d’hiver et le charançon du bourgeon terminal.
Il faut mobiliser tous les moyens agronomiques pour réussir l’implantation et obtenir un colza robuste et poussant tout l’automne : viser une levée précoce pour atteindre le stade 3-4 feuilles avant le 20 septembre et une croissance dynamique et continue à l’automne et au printemps.
Larves de charançons du bourgeon terminal (à gauche) et d'altises (à droite)
Quels objectifs à atteindre ?
Objectif 1
Viser une levée précoce avant le 1er septembre pour atteindre le stade 3-4 feuilles avant le 20 septembre au moment de l’arrivée des grosses altises adultes.
Les adultes d’altises d’hiver sont d’autant plus nuisibles que les stades du colza sont précoces, de la levée jusqu’au stade 3 feuilles inclus. A partir de 4 feuilles, les plantes peuvent supporter les prélèvements foliaires des altises. Le traitement visant les adultes devient alors inutile. Le levier le plus efficace pour réduire la période de risque consiste à semer suffisamment tôt pour viser une levée avant le 1er septembre et atteindre le stade 3-4 feuilles avant le 20 septembre, au moment de l’arrivée des insectes.
Objectif 2
Tout mettre en œuvre pour favoriser une croissance dynamique à l’automne sans rupture d’alimentation jusqu’à l’hiver.
Une croissance dynamique et continue à l’automne atténue les dégâts causés par les altises adultes : les morsures de feuilles, et donc la proportion de surface verte détruite, sont négligeables sur de grosses feuilles. Les dégâts causés au printemps par les larves d’insectes d’automne sont également plus limités : plus la croissance est soutenue et continue, moins les larves migrent vers le cœur des plantes et moins elles perturbent la croissance du colza. Un arrêt de croissance lié à un problème de faim d’azote, par exemple alors que les températures sont encore favorables à l’activité des larves et à la croissance des plantes, facilite leur migration vers le cœur des plantes.
Avec 800 g/m2 ET 25 g/plante de matière verte aérienne mi-octobre puis 1.5 kg/m² ET 45 g/plante en entrée d’hiver (fin novembre - début décembre), le colza est beaucoup plus robuste pour faire face aux attaques des ravageurs d’automne. Attention aux surdensités qui limitent la croissance des plantes.
Pourcentage de plantes indemnes de dégâts de charançons du bourgeon terminal et de grosses altises à montaison en fonction du poids frais mi-octobre en kg/m2 (a) ou en g/plante (c) et entrée hiver en kg/m2 (b) ou en g/plante (d) dans des modalités ou parcelles agriculteurs non traitées contre les insectes d’automne.
Cependant, au-delà de la biomasse entrée hiver, c’est bien la dynamique de croissance au cours de l’automne et à la reprise au printemps qui est importante pour limiter la nuisibilité des insectes, la biomasse à un instant donné n’étant qu’un indicateur partiel.
Une reprise précoce et une croissance dynamique en sortie d’hiver permettent, comme en automne, d’atténuer les dégâts causés au printemps par les larves d’insectes d’automne : l’objectif est que la croissance de la tige s’amorce avant que les larves n’atteignent le cœur des plantes. La dynamique de reprise dépend du climat, du statut azoté du colza et de la variété.
Comment atteindre ces objectifs ?
Choisir une variété vigoureuse et moins sensible aux attaques larvaires (infestations et dégâts moins importants).
Les travaux conduits par Terres Inovia ces dernières années montrent que les variétés présentent des différences de vigueur et de comportement face aux ravageurs d’automne. Pour en savoir plus, et intégrer ces critères dans le choix variétal, consulter les derniers résultats obtenus.
Assurer une levée rapide et régulière, sans surdensité.
Préserver l’humidité pendant l’interculture : limiter le nombre et la profondeur des passages de travail du sol au strict nécessaire pour gérer la structure du sol et les principaux bioagresseurs (risque adventices et ravageurs du sol).
- Obtenir un lit de semence optimal
- Eviter les surdensités de semis
Assurer une nutrition minérale azote et phosphore optimale à l’automne
- Par un bon enracinement (pivots>15cm) en entrée d’hiver.
- Par une disponibilité en azote et en phosphore :
Dans les sols où ces éléments peuvent être limitants :
- Associer le colza à des légumineuses gélives permet un meilleur fonctionnement de la plante, une meilleure absorption de l’azote et du phosphore. L’effet sur le nombre de larves d’altises est visible dès lors que le poids frais des légumineuses en entrée d’hiver est supérieur à 200 g/m².
- Et apporter de l’azote et du phosphore à l’implantation sous forme organique ou minérale. Respecter la réglementation en vigueur.
Dans les sols où l’azote et le phosphore ne sont pas limitants : les apports de ces éléments ne sont généralement pas nécessaires.
Eviter les facteurs limitants la croissance à l’automne
- Gestion adaptée des adventices
- Attention à la phytotoxicité liée aux désherbants du précédent et ceux appliqués sur le colza
- Défaut de structure de sol
Point technique "Réussir son implantation pour obtenir un colza robuste"
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Petit guide pratique
des ravageurs du colza
Conçus pour être glissés dans la poche, les petits guides pratiques proposent des fiches pour reconnaître insectes et maladies des cultures et leurs dégâts.
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Colza live : formations en ligne au fil de la campagne
D’une durée de 2h, répartis au fil de la campagne, les sept modules de formation Colza Live permettent de tout savoir sur les facteurs clés de la réussite du colza
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Optimiser l’implantation du colza grâce au test bêche
Cette formation doit permettre de comprendre les facteurs qui influent sur les tassements et leur régénération ; de savoir mettre en œuvre le test bêche pour évaluer la structure du sol et de l’interpréter pour optimiser l’implantation du colza.
S'inscrire à la formationDécider du travail du sol à privilégier en intégrant toutes les problématiques
Trois critères à prendre en compte pour décider du travail du sol
La structure du sol (voir article ‘évaluer la structure pour identifier le travail du sol adapté), la gestion des résidus du précédent et du risque bioagresseur (adventice et ravageurs du sol) principal sont les 3 principaux critères à prendre en compte pour adapter le travail du sol :
Point technique "Réussir son implantation pour obtenir un colza robuste"
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Evaluer la structure pour identifier le travail du sol adapté
L’évaluation de la structure du sol dans la culture précédente ou pendant l’interculture permet de déterminer si un travail du sol est nécessaire ou non; et le cas échéant, de définir la profondeur de travail du sol.
Prélèvement d’un bloc de sol à observer
Diagnostic de la structure par la méthode bêche
Quand : Avant lé récolte du précédent quand le sol est encore humide (mars à mai). Le diagnostic peut se faire plus tard mais le diagnostic est plus compliqué en sol sec.
Combien de prélèvements : idéalement 3 bêchées par parcelle
Comment prélever : voir le point technique ‘réussir son implantation pour obtenir un colza robuste
Comment observer :
- Observer d’abord le comportement du bloc de sol prélevé : se désagrège-t-il en terre fine majoritairement ? ou en gros blocs ? ou reste-t-il massif ?
- Observer ensuite l’état interne majoritaire des mottes en les cassant en 2 : sont-elles poreuses avec des faces angulaires ? ou non poreuses et avec des fasses de cassure lisses ? Sont-elle fissurées ?
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| Motte poreuse, non tassée (Gamma) | Motte tassée et fissurée (Phy) | Motte tassée sans porosité (Delta) |
Le diagnostic de la structure du sol donne une première indication indispensable pour identifier le type travail adapté. La prise de décision (choix des outils, nombre de passages, etc.) doit ensuite tenir compte du type de sol et des autres problématiques à gérer par le travail du sol (résidus du précédent, adventices, ravageurs du sol). ‘Décider du travail du sol en intégrant toutes les problématiques’
Plus d’informations sur la méthode bêche de diagnostic de la structure du sol et l’implantation du colza : le point technique ‘Réussir son implantation pour obtenir un colza robuste’.
Point technique
Réussir son implantation pour obtenir un colza robuste
Ce guide détaille les connaissances, stratégies et règles de décision qui permettent d’adapter les techniques culturales à chaque situation, afin de réussir l’implantation, et d’obtenir un colza robuste.
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Comprendre et observer la structure du sol : application à la prise de décision pour l’implantation du colza
Cette formation vous permettra de comprendre les facteurs qui influent sur les tassements et leur régénération ainsi que de savoir mettre en œuvre le test bêche pour évaluer la structure du sol et de l’interpréter pour optimiser l’implantation du colza.
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Colza
Ouvrage de référence
Ce premier ouvrage de référence synthétise les connaissances sur la plante, sa culture, sa transformation
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Implantation : les clés pour un colza robuste
L’implantation est l’étape clé qui conditionne la robustesse du colza, c’est-à-dire sa capacité à supporter les attaques de bioagresseurs, en particulier les insectes d’automne, les aléas climatiques, et donc à exprimer son potentiel de rendement dans un contexte contraint.
La robustesse du colza passe par l’obtention d’états-clés
Une levée précoce
avant le 1er septembre pour atteindre le stade 4 feuilles avant le 20 septembre pour avoir un colza suffisamment développé avant l’arrivée des altises adultes et la baisse des températures automnales
Une croissance dynamique et continue à l’automne, et des pieds vigoureux
- biomasse supérieure à 1.5 kg/m² en entrée hiver
- pieds d'au moins 25g/plante mi-octobre et 45g/plante en entrée hiver pour limiter le risque de dégâts de larves d’insectes
Une reprise dynamique en sortie d’hiver
pour limiter globalement le risque de dégâts de coléoptères ou de leurs larves
Pourcentage de plantes saines à floraison (non impactées par les dégâts de larves d’insectes d’automne) en fonction de la biomasse par pied de colza en entrée hiver, dans des essais sans traitement insecticide et en parcelles agriculteurs
Etats-clés pour un colza robuste
La réussite de l’implantation a une influence majeure sur l’obtention de ces états-clés et doit s’appuyer sur
- Un précédent favorable : récolte précoce, reliquat d’azote disponible pour le colza, résidus pas trop abondants
- Un travail du sol optimisé qui limite l’assèchement du sol et permet un bon enracinement du pivot. Le diagnostic de la structure du sol dans le précédent est un prérequis pour s’adapter à chaque situation. Différents contenus sont dédiés à ce sujet :
- Une vidéo sur l’importance d’une bonne structure du sol pour la réussite de l’implantation du colza
- Un article « évaluer la structure pour identifier le travail du sol adapté »
- Une vidéo sur la mise en œuvre du test bêche
- Une vidéo sur le choix du travail du sol en fonction des résultats du test bêche
- Une vidéo sur les critères à considérer pour optimiser le travail du sol
- Un article « décider du travail du sol à privilégier en intégrant toutes les problématiques »
- Un article « adapter le travail du sol au type de sol »
- Une nutrition optimale en azote et phosphore qui peut s’appuyer sur différents leviers : sol fertile, précédent favorable, fertilisation (minérale ou organique) au semis, association de légumineuses gélives au colza
- Un choix variétal adapté : variétés à forte vigueur de départ et automnale et à reprise précoce en sortie d’hiver dans les situations à forte pression insectes et sols à faible disponibilité en azote
- Un semis précoce, avant les pluies et sans surdensité pour éviter d’obtenir des pieds chétifs peu robustes
- Si possible un semis au semoir monograine qui favorise la levée et la répartition du peuplement
Pratiques-clés pour un colza robuste
Toutes les informations détaillées sur la réussite de l’implantation sont à retrouver dans le point technique « Réussir son implantation pour obtenir un colza robuste »

PUBLICATION
Colza - Point technique Réussir son implantation pour obtenir un colza robuste
L’implantation, une étape décisive pour la réussite du colza
Une bonne implantation permet d’obtenir un colza robuste, peu sensible aux ravageurs et aux adventices et nécessitant peu d’intrants...
Comment raisonner le travail du sol en interculture ?
Favoriser la levée, la croissance végétative et l’enracinement des colzas est une priorité pour mettre en place un colza robuste, capable d’exprimer son potentiel et de faire face aux aléas climatiques et aux pressions des ravageurs.
Réussir l’implantation repose sur :
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Surveiller les prévisions météo pour les sols limoneux
Pour les sols limoneux battants surveiller les prévisions météo !
Si une irrigation est nécessaire, réaliser les apports d’eau avant le semis pour éviter les croûtes de battance qui handicaperaient la culture.
Exemple de croûtes de battance
Irrigation : préserver l’eau de la parcelle
Préserver au maximum l'eau de la parcelle de colza après la récolte du précédent, en limitant autant que possible l'évaporation pendant la phase de travail du sol.
En savoir plus sur l’orobanche rameuse
La plante parasite et ses hôtes
L’orobanche rameuse ou Phelipanche ramosa est une plante parasite non chlorophyllienne. Présente sous forme de graines dans le sol, elles ne peuvent germer qu’en présence de molécules émises par les racines de certaines plantes, avant de se fixer sur ces dernières.
Elle est capable de parasiter de nombreuses espèces végétales, aussi bien des cultures d’hiver que de printemps (colza, chanvre, tabac, melon, tournesol, tomate…) mais aussi des adventices que l’on peut retrouver dans les parcelles de colza (ammi majus, gaillet grateron, géraniums, érodium, calépine…).
Orobanche rameuse en fleur
Symptômes
A l’automne, il faut arracher les pieds de colza pour observer des tubercules d’orobanches aux racines. Entre avril et juin, une fois émergées hors du sol, les tiges ramifiées de l’orobanche rameuse sont visibles à l’œil nu, assez trapues et d’une hauteur de 10-30cm. Les fleurs vont du violet pale au bleu. Avant floraison du parasite, il est souvent difficile de détecter sa présence dans une parcelle. C’est au moment de la récolte que les orobanches arrivées à maturité sont surtout visibles par leur impact sur la culture.
Tubercules d'orobanche rameuse
Orobanche rameuse en fleur
Orobanche rameuse en fleur
Dégâts d’orobanches sur colza en sortie hiver (variété résistante et non résistante)
Dégâts d’orobanche sur colza au stade silique (variété sensible entourée de variétés à bon comportement)
Les infestations sont souvent très hétérogènes sous formes de foyers. Elles débutent généralement par quelques pieds de plantes parasitées, avec des conséquences limitées. Au fil des années, les foyers s’élargissent favorisées par le retour des espèces hôtes jusqu’à envahir toute la parcelle.
NuisibilitéLes dégâts occasionnés peuvent entrainer un effet dépressif sur la vigueur des plantes, un nanisme du colza associé à une chlorose des feuilles, jusqu’à une disparition des pieds pour les variétés les plus sensibles. Les pertes de qualité et de rendement peuvent atteindre 100% de la récolte pour les situations les plus infestées si aucune mesure de lutte n’est prise. |
Importance
Depuis 2010, Terres Inovia assure un suivi de la zone d’extension du parasite.
Ce travail de surveillance est réalisé à travers une enquête en ligne participative.
L’orobanche rameuse est présente principalement dans l’Ouest de la France, en Poitou-Charentes et en Vendée. Elle est également détectée de plus en plus régulièrement dans le Nord-Est de la France (et notamment dans l’Aube, essentiellement sur chanvre et sur quelques parcelles de colza). Elle est trouvée de façon très localisée sur quelques parcelles, dans le Sud. Une fois installée, ce bioagresseur est très persistant dans le sol avec des graines qui peuvent avoir une durée de vie supérieure à 10 ans.
Carte des parcelles recensées
Consulter les parcelles de colza autres espèces, touchées par l'orobanche rameuse.
Consulter
Cycle de vie
L’orobanche rameuse possède un haut degré de dépendance et de synchronisation à celui de sa plante hôte, c’est‐à‐dire que la durée de son cycle de développement varie en s’adaptant à celui de son hôte. Son cycle est de 40 semaines sur colza, mais de 14 à 16 semaines sur tabac, tomate, sarrasin, chanvre.
Son cycle se divise en deux phases distinctes :
- Une phase souterraine, qui intègre une phase de préconditionnement et la germination de la graine, sa fixation et sa pénétration dans les tissus de l’hôte avant développement d’une tige souterraine.
- Une phase aérienne, correspondant à l’émergence d’une tige, floraison et fructification.
Cycle de l’orobanche rameuse sur colza d’hiver
La plante parasite présente sous forme de graines (0.2-0.3 mm) dans les sols, se fixe en général dès l’automne pour le colza, après stimulation de germination des graines d’orobanche par les exsudats racinaires de son hôte. Une fois fixée sur le système racinaire, l’orobanche détourne nutriment, eau et sels minéraux pour croitre et se multiplier. Jusqu’à la reprise de végétation, son développement reste souterrain. Des tubercules se forment au milieu des racines. A partir de la montaison du colza, se forme une tige le plus souvent ramifiée à partir des tubercules, qui émerge hors du sol. Celle-ci développe une hampe florale dont les fleurs sont ornées de bleu violet. Après fructification, chaque hampe va libérer des milliers de graines de la taille de grains de poussières.
De nouvelles fixations au printemps sont possibles, mais elles sont supposées moins préjudiciables pour le colza.
Facteurs favorables
Les capacités invasives de l’orobanche rameuse en font un bioagresseur redoutable à éradiquer :
- Elle est capable de produire des milliers de graines par pied, de taille minuscule (0.2-0.3 mm) se disséminant facilement par le vent, les animaux, les machines agricoles…
- Les graines peuvent avoir une durée de vie supérieure à 10 ans dans le sol, et résistent au passage dans le tractus digestif des animaux.
- Elle a un spectre d’hôtes très large, en parasitant de nombreuses cultures et plantes adventices. Elle peut adapter son cycle à celui de son hôte.
- Elle se développe dans de nombreuses conditions pédoclimatiques.
Différents facteurs culturales et climatiques favorisent son développement et son extension.
Sol et climat
L’orobanche rameuse semble se développer dans toutes les conditions pédoclimatiques françaises, bien qu’il semble qu’elle apprécie davantage les sols argilo-calcaires.
Les conditions optimales d’infection et de développement sont des températures comprises entre 10-25°C. Les excès d’eau sont défavorables à son développement.
Pratiques culturales
Le retour fréquent du colza dans la rotation et d’autres cultures hôtes favorisent l’augmentation de l’inoculum.
Un mauvais désherbage favorise la multiplication de l’orobanche rameuse, capable de parasiter de nombreuses adventices.
D’autres facteurs favorisent également la dissémination de la plante parasite par ses graines tels que le broyage des résidus de colza avec des orobanches matures aux pieds, ou l’absence de nettoyage des outils d’une parcelle contaminée à une parcelle saine.
Autres facteurs
L’interaction parasitaire peut être modulée par la microflore du sol. Certains micro-organismes favoriseraient la germination des graines d’orobanche et leurs attachements aux racines de leur hôte. Cette interaction tripartite semble spécifique au colza.
D’autres associations microbiennes semblent corrélées à une réduction d’infestation et à l’apparition de symptômes nécrotiques.
Diversité de l’agent pathogène
Différents travaux d’analyses génétiques et d’infestations croisées sur plusieurs populations de P.ramosa de la France et l’Europe montrent qu’il existe plusieurs groupes génétiques. Ces groupes se distinguent par leur distribution géographique, une préférence d’hôtes et certains traits phénotypiques (degrés de ramification, taille des tiges, couleurs des fleurs…). Il a été observé la présence exclusive du groupe I à l’Ouest de la France avec une préférence à parasiter le colza et le tabac, et une incapacité à parasiter le chanvre. Ce type se différencie également des autres populations par une croissance moindre sur des espèces communes.
Leviers de lutte
Face au risque d'infestation croissante des parcelles par ce parasite, Terres Inovia et ses partenaires en région préconisent un plan de prophylaxie et de lutte pour limiter l'expansion du parasite, abaisser son stock grainier dans les sols, et limiter sa nuisibilité sur les cultures. Ces conseils sont distillés tout au long de la campagne dans votre suivi de parcelle. Des mesures agronomiques et prophylactiques sont à associer systématiquement à un choix variétal adapté.
Les leviers de lutte chimique ou de biocontrôle ne sont pas aujourd’hui autorisés en France et/ou inefficaces pour assurer une protection du colza contre l’orobanche rameuse du colza.
Quelques projets de recherche et de développement passés et en cours à Terres Inovia pour lutter l’orobanche rameuse
Durant la période 2010-2013, un partenariat regroupant Terres Inovia, le laboratoire de biologie et de pathologie végétale (LBPV) de l’université de Nantes et les Chambres d’agriculture de Vendée (CA85) et des Deux-Sèvres (CA79) s'est formé pour : mieux cartographier la présence de la plante parasite en France, quantifier l’efficacité de pratiques culturales susceptibles de réduire le stock grainier de l’orobanche. Au cours de ce projet, nous avons pu :
- Créer une enquête en ligne sur le site de Terres Inovia, qui a permis de mieux appréhender les différents foyers d’infestations;
- Identifier trois types génétiques (I, II et III) de l’orobanche sur le territoire français, avec une quasi-exclusivité du type I dans l’Ouest et une dominance du type II dans le Nord-Est;
- Tester des pellicules de colza comme moyen de lutte, et dont l’évaluation au champ a montré des résultats d’efficacité relative;
- Evaluer le comportement d’espèces adventices (76) et cultivées (34) sous infestation artificielle, dont l’évaluation de certaines au champ. Ceci a permis d’identifier les espèces susceptibles de multiplier l’orobanche, mais aussi d’identifier certaines espèces cultivées non-hôtes ou faux-hôtes, potentiellement capables de réduire le stock grainier au champ.
Entre 2016 et 2018, Terres Inovia s’est attelé à explorer l’intérêt du levier azoté couplé à différentes dates de semis pour lutter contre l’orobanche rameuse. L’objectif était de réduire les infestations et par conséquent la nuisibilité sur le colza. Les conclusions de ces travaux sont restées mitigées :
Avec une variété à comportement moyen, pas de risque d’augmenter le niveau d’infestation en fertilisant le colza sous différentes formes N, sans interaction avec une date tardive ou précoce mais les mesures ne permettent pas de généraliser et/ou de valider un effet N sur le niveau d’infestation.
Comme attendu, on observe un effet date de semis : un semis tardif reste défavorable aux accroches précoces d’orobanches mais avec des risques agronomiques augmentés (altises, faibles biomasses).
Les conditions expérimentales et la puissance du dispositif n’ont pas permis de conclure sur l’effet potentiel de la fertilisation N*date de semis sur la nuisibilité de l’orobanche rameuse sur colza. Toutefois la modalité « fientes de volaille » semblerait se démarquer en tendance positivement.
En 2021/2022, Terres Inovia a participé avec la CA85, Terre Atlantique et Océalia au projet LUTOR pour évaluer différentes solutions opérationnelles pour lutter contre l’orobanche rameuse du colza. Retrouver la synthèse des résultats ICI.
De 2019-2023, Terres Inovia a participé au financement d’une thèse en collaboration avec Nantes Université (Laboratoire LBPV), pour identifier et caractériser les microorganismes du sol qui pourraient être impliqués dans l’interaction orobanche-colza, en particulier ceux qui pourraient réduire l’impact parasitaire observée dans certains champs. Ces travaux ont abouti à :
- mettre en évidence l’implication d’un microbiote du sol qui facilite la germination et des graines d’orobanches et leurs attachements sur le système racinaire du colza
- mettre en évidence des micro-organismes susceptibles d’être favorable au colza, en réduisant les infestations et en provoquant des nécroses sur les orobanches.
Plusieurs candidats ont été proposés au sein du microbiote favorable et défavorable à l’orobanche rameuse. Les travaux se poursuivent pour valider l’implication de ces micro-organismes. Un article de synthèse publié dans Phytoma est disponible ci-dessous.
La recherche se poursuit. La filière oléagineuse via SELEOPRO participe au financement du projet COBRA (Université Nantes/INRAE IGEPP). L’intérêt de ce projet réside notamment dans la capacité à identifier des mécanismes de résistance à des phases précoces de développement de l’orobanche, notamment dans les espèces apparentées au colza. Ces résultats contribueront à proposer de nouvelles variétés de colza durablement résistantes.
Documents à télécharger
Réussir un colza sous pression orobanche
L’utilisation conjointe de différentes solutions permet de limiter la nuisibilité et la multiplication de cette plante parasite.
Associer mesures prophylactiques et agronomiques
- Soigner le désherbage : de nombreuses adventices (géranium, gaillet…) sont des hôtes de l’orobanche et contribuent à sa multiplication.
- Allonger les rotations au maximum pour faire revenir le colza moins souvent. Le melon, le tabac, le chanvre et, dans une moindre mesure, le tournesol, doivent être exclus car ce sont des cultures sensibles multiplicatrices du parasite. Dans la rotation, utiliser si possible des cultures dites « faux hôtes » (germination des graines, mais pas de développement du parasite) comme le lin, le pois, le maïs ou le sorgho.
- Le choix des espèces à privilégier se réfléchit aussi pour les cultures intermédiaires dont certaines peuvent être plus pertinentes que d’autres pour éviter d’augmenter le stock grainier. Un outil mis à jour en 2020 est disponible pour aider le producteur dans ce choix.
- Chercher à abaisser le stock de graines d’orobanche en favorisant les repousses de colza durant au moins un mois.
- Réduire la densité de semis (25-30 plantes/m2) : les plantes les plus développées supportent mieux la compétition.
- Semer à une date adaptée au contexte pédo-climatique de la parcelle pour installer un colza robuste.
D’autres mesures peuvent permettre de limiter la dissémination de cette plante parasite :
- Eviter le broyage des résidus de colza avec des orobanches matures au pied.
- Ne pas utiliser les pailles de colza en litière ou en fourrage pour les animaux si les parcelles sont touchées par l'orobanche.
- Ne pas apporter de résidus issus du traitement des pailles de chanvre sur les parcelles recevant du colza.
- Nettoyer les outils après un travail sur une parcelle infestée pour éviter de propager les graines, et planifier les interventions pour éviter le passage de matériels agricoles de parcelles infestées vers des parcelles saines.
Adapter la lutte selon la situation
L’utilisation de variétés à bon comportement est un levier indispensable, en complément des autres solutions agronomiques et prophylactiques, pour limiter la nuisibilité et la dissémination de l’orobanche rameuse dans :
- les situations à risque : parcelles situées dans le périmètre géographique concernée par l’orobanche ou premiers signes d’apparitions dans la parcelle (quelques pieds discrets)
- les situations avérées où l’orobanche a été identifiée en foyers marqués sur les colzas précédents.
Dans les situations très infestées, si le rendement d’une variété à bon comportement se montre très en deçà du résultat attendu : aucune solution n’existe pour garantir la rentabilité de la culture.
Un choix variétal indispensable
Le screening variétal mené depuis 2006 par Terres Inovia met en évidence un comportement différent entre variétés. Favoriser les variétés à bon comportement est nécessaire pour limiter la nuisibilité de l’orobanche rameuse. Cependant, aucune variété n’est indemne d’orobanche. Attention aux semences de ferme issues de parcelles contaminées, toujours susceptibles, même de façon invisible, de disséminer le parasite.
Pour choisir votre variété à bon comportement : Classement des variétés de colza commercialisées vis-à-vis de l'orobanche rameuse (2006 à 2024) ou sur myvar.fr. Toute production de semences de colza sur une parcelle infestée n’est pas conseillée afin d'éviter un risque de dissémination supplémentaire.
Pour évaluer le risque orobanche rameuse dans votre région, consulter la carte des communes touchées.
Terres Inovia met aussi à disposition sa liste recommandée de variétés dans les secteurs à orobanche.
Documents à télécharger
Désherbage mécanique du lupin
Assurer le désherbage mécanique du lupin
Le lupin est une culture se prêtant facilement au désherbage mécanique. Bien qu’un lupin semé au semoir à céréales puisse se désherber à la herse étrille ou houe rotative, le désherbage sera en général beaucoup plus efficace si la bineuse peut être utilisée. Pour cela, anticiper l’action mécanique en adaptant l’écartement du semis (30-35 cm). Intervenir sur un sol bien ressuyé, sans pluie prévue dans les 2 jours suivants.
Il est conseillé de réaliser un premier passage de herse étrille ou houe rotative à l'aveugle (c’est-à-dire avant la levée) afin de limiter au maximum le développement des adventices pendant la phase de croissance relativement lente du lupin au départ. La herse étrille peut ensuite être utilisée en post-levée entre les stades 2 feuilles et 3-4 feuilles (dents souples, vitesse lente).
Bineuse
Un à plusieurs passages de bineuse sont à envisager en complément à des stades plus tardifs : ils permettent d’éliminer des adventices assez développées, qui auraient échappé aux premiers passages d’outils mécaniques ; ces passages deviennent essentiels en cas de non passage de herse étrille / houe rotative en pré ou post levée. Arrêter toute intervention mécanique dès l’apparition des fleurs.
Désherbage mécanique du lupin d'hiver
Désherbage mécanique du lupin de printemps
Il existe d'autres moyens de lutter contre les mauvaises herbes. Pour cela, se renseigner sur les leviers agronomiques disponibles pour la gestion des adventices sur le lupin.