Désherbage mécanique avec herse étrille ou houe rotative en tournesol
Herse étrille et houe rotative
1. herse étrille - 2. houe rotative
La herse étrille est équipée de dents longues et souples dont l’agressivité et les vibrations déracinent les plantules. Toute la surface de la parcelle est travaillée. Elle présente plusieurs avantages dont celui d’un débit de chantier important grâce à une largeur de travail conséquente (12 m de large, voire 24 m) et une vitesse de passage élevée (4 à 8 km/h). Elle ne nécessite pas un matériel de semis spécifique et l’investissement est assez limité.
Constituée de roues dentées qui frappent le sol à haute vitesse et arrachent les adventices, la houe rotative désherbe aussi toute la surface du sol, sans contrainte d’écartement de semis. Malgré une largeur inférieure à la herse (de 4.70 m à 6 m en général, voire 9 m), la houe permet des débits de chantiers élevés grâce à une vitesse de passage élevée (15 à 18 km/h). Elle peut être utilisée pour d’autres fonctions (écroûtage par exemple).
Comment passer la herse étrille et la houe rotative ?
Pour une bonne réussite des passages de herse étrille ou de houe rotative, le sol doit être suffisamment sec en surface et la météo clémente durant les 3 à 4 jours suivant l'intervention pour que les adventices se dessèchent rapidement après le passage de l’outil. En limon battant, la herse étrille est délicate à utiliser même en conditions sèches car son agressivité ne suffit pas pour briser la croûte de battance. En revanche, la houe rotative est plutôt adaptée aux sols de limons battants car elle permet de les écrouter (elle est d’ailleurs également appelée « écrouteuse »).
Sur tournesol levé, l’étrillage peut être délicat ; il est donc conseillé d’intervenir aux heures chaudes de la journée, car les tissus végétatifs sont plus souples à ce moment, afin de ne pas abîmer les plantes, surtout quand elles sont bien développées.
Pour un bon passage de herse étrille ou de houe rotative, il faut :
- une bonne structure du sol (éviter les sols excessivement tassés, battus ou au contraire trop souples).
- des résidus de culture absents (labour) ou bien dégradés
- une densité de semis + élevée pour compenser les pertes dues aux interventions (jusqu’à 10 %)
- une culture homogène, saine, vigoureuse et « poussante »
- une profondeur de passage de 2 à 4 cm selon l’état du sol et la sensibilité de la culture
Stades d’intervention de la herse étrille en tournesol :
La herse étrille peut s’envisager sur tournesol en prélevée dans les 3 jours après le semis entre 5 et 7 km/h et avec une agressivité moyenne ; en revanche, au-delà de 3 jours après le semis, la germination ayant certainement commencé, la herse étrille est à proscrire jusqu’au stade étalement complet des cotylédons pour éviter d’endommager la germination puis la crosse de tournesol. A l’étalement complet des cotylédons, la herse étrille peut être passée à 3 km/h avec une agressivité faible. Entre B2 et B4, une agressivité moyenne combinée à une vitesse inférieure 5-6 km/h peut convenir au tournesol. Entre B5 et B8 la herse peut être réglée en position agressive mais sans dépasser 7 km/h. Au delà de B8 il n’est pas conseillé d’intervenir avec la herse, d’autant que les mauvaises herbes ne seront plus détruisibles avec cet outil.
Les réglages de la herse étrille conditionnent son efficacité. Le réglage de l’agressivité est possible en jouant sur l’inclinaison des dents (plus les dents sont verticales, plus l’agressivité est forte), la profondeur de travail et la vitesse d’avancement (rapide pour une bonne efficacité mais plus lente pour une bonne sélectivité sur culture jeune). Il faut trouver le bon compromis « efficacité/sélectivité ». Sur adventices plus développées dans un tournesol lui aussi plus développé, la herse étrille peut être réglée de façon plus agressive pour une meilleure efficacité sans mettre en cause la sélectivité. Les réglages peuvent être assez fastidieux dans les sols hétérogènes.
Stades d’intervention de la houe rotative en tournesol :
| A0 | A1 | A2 | B1-B2 | B3-B4 | B5-B8 | Limite passage bineuse | |||
| Postsemis prélevée | Crosse | Cotylédon | 1 paire de feuilles | 2 paire de feuilles | 5 à 8 feuilles | ||||
| dans les 3 jours après le semis | après 3 jours le semis | avant l'étalement complet des cotylédons | à partir de l'étalement complet des cotylédons | ||||||
| Houe rotative | 15 km/h | 15 km/h | 15 km/h | 15 km/h | 15 km/h | ||||
| =Passage possible | Réglage de l'agressivité des dents de la herse : | |
| =Passage possible avec précaution | ||
| =Passage à proscrire |
Sur tournesol, la houe rotative est envisageable à 15km/h en prélevée, et de l’étalement complet des cotylédons jusqu’au stade B8. Elle est à proscrire au stade crosse et jusqu’à ce que les cotylédons soient complètement étalés. Dans ces conditions, les résultats d’essais indiquent une bonne sélectivité de l’outil. Il faut considérer environ 3 à 6% de pertes de pieds de tournesol par passage de houe envisagé. Dans la mesure du possible, ceci doit donc être intégré dans le réglage de la densité de semis.
Le réglage de l’agressivité de la houe se fait uniquement avec la vitesse d’avancement de l’outil (rapide pour une bonne efficacité mais plus lente pour une bonne sélectivité sur culture jeune) et la profondeur de travail (attelage 3ème point : on peut descendre un peu plus lorsque la culture est plus enracinée et plus développée).
Quels résultats ?
La meilleure efficacité est obtenue sur des adventices très jeunes, voire en cours de germination. Ensuite, l’efficacité diminue fortement quand le stade des adventices augmente. Et ce d’autant plus pour la houe que pour la herse.
Données Terres Inovia 1993 à 2014 ; colza et tournesol confondus
L’efficacité des outils est plus faible sur graminées que sur dicotylédones, car à stade équivalent les graminées sont plus difficiles à détruire en raison de leur système racinaire mieux ancré au sol.
L’efficacité moyenne d’un passage d’outil n’est jamais très élevée. Elle peut assez fortement varier selon les conditions d’intervention : stade des mauvaises herbes en premier lieu, mais aussi état du sol, conditions météo suivant l’intervention etc. Il est donc nécessaire de renouveler les passages au moins 2 fois pour détruire la majorité des mauvaises herbes, mais également pour gérer les nouvelles levées, spécialement pour les mauvaises herbes levant en plusieurs cohortes bien distinctes.
Au delà d'un passage mécanique, il est possible de combiner la herse étrille avec un désherbage mixte.
Il y a d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes, pour cela il faut se renseigner sur les leviers et méthodes de lutte agronomiques disponibles.
Pour en savoir plus sur la lutte mécanique en tournesol et sur la lutte mécanique avec le binage
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Identifier la présence de mildiou sur féverole
En l’absence de traitement des semences, il est possible d’observer des attaques très précoces de mildiou (Peronospora viciae). Il s’agit de contaminations primaires provenant des oospores (formes de conservation) présentes dans le sol ou sur la semence. Des foyers de maladie apparaissent alors dans la parcelle, au centre desquels les plantes présentent un nanisme et prennent une teinte jaunâtre tirant sur le gris. Ces attaques sont fréquentes en agriculture biologique, en particulier dans le nord de la France.
Présence de mildiou sur feuille de féverole.
Les symptômes les plus fréquemment observés sont liés à des attaques secondaires. Sur la face supérieure des feuilles, on observe des zones décolorées qui prennent ensuite une teinte gris-rougeâtre à noire. Un feutrage gris est visible sur la face inférieure des feuilles. Les tissus touchés finissent par noircir et dessécher. Un enroulement des feuilles est parfois observé.
Le mildiou se développe essentiellement lorsque les températures sont fraîches (5-18°C) et le temps humide et couvert. Les traitements en végétation manquent d’efficacité et de fait, ne bénéficient pas d’une autorisation (AMM).
Stratégie fongicide féverole : prendre en compte la réglementation
Les récents retraits des spécialités à base de chlorothalonil (fin d’utilisation 20 mai 2020) modifient les programmes historiques de gestion du botrytis et de la rouille de la féverole. C’est plus de la moitié de la gamme de protection qui disparaît et la lutte contre ces maladies se recentre autour de l’azoxystrobine, le Prosaro et le Scala*.
*Attention, suite à la publication de l'arrêté Abeilles du 20 novembre 2021, en période de floraison, sur culture attractive, les applications de produits fongicides doivent être réalisés dans le créneau horaire suivant : dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les 3 heures qui suivent le coucher du soleil (plus d'informations sur le site internet de Terres Inovia).
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Surveiller l’apparition des symptômes d’ascochytose et de botrytis dès le stade 6-8 feuilles de la féverole
L’ascochytose
L’ascochytose (anciennement appelée anthracnose) est causée par un champignon, Ascochyta fabae. Les premiers symptômes sont des taches plus ou moins diffuses, de couleur brun-cendré et peu nombreuses par feuille.
Ascochyose sur feuilles de féverole.
Elles évoluent le plus souvent en ‘coulures’ au pourtour brun-noir. Le centre de ces taches devient rapidement clair avec de nombreuses ponctuations noires (les pycnides, organes de fructification). Ce centre clair se nécrose allant parfois jusqu’à trouer les feuilles. Sur les tiges, des lésions du même type mais plus allongées peuvent se développer et provoquer des cassures. La maladie apparait le plus souvent sous forme de foyers dans la parcelle. Elle est favorisée par une humidité élevée et des températures fraiches (10-15°C). La plupart du temps, les symptômes observés en sortie hiver évoluent peu et ne sont pas retrouvés à floraison. Cependant, en cas de forte attaque, l’ascochytose peut entraîner jusqu’à 10 q/ha de perte de rendement). Cette maladie aérienne peu fréquente est surtout observée dans le sud de la France ou en agriculture biologique.
Intervenir dès l’apparition des premières taches.
Ne pas confondre les symptômes d’ascochytose avec des symptômes de botrytis ou de cercosporiose.
Dans le cas de l’ascochytose, il y a rarement plus de 2 à 3 taches sur une feuille. Celles-ci ont un centre clair pourvu de pycnides (points noirs).
Dans le cas du botrytis, le feuillage est couvert de petites taches beaucoup plus nombreuses qui en se regroupant vont faire de grandes plages nécrotiques dépourvues de pycnides.
Enfin dans le cas de la cercosporiose (Cercospora zonata), les taches sont relativement grosses avec une zonation concentrique et sont dépourvues de pycnides.
Le botrytis
Le botrytis est une maladie aérienne, provoquée par un champignon, Botrytis fabae. Les plantes atteintes présentent de très nombreuses petites taches brun-chocolat de 2 à 3 mm de diamètre qui s’accroissent pour former des taches rondes ovales bien délimitées, entourées d’un halo foncé.
Botrytis sur feuilles de féverole.
Ces taches évoluent, deviennent coalescentes et peuvent nécroser entièrement les feuilles, entrainant leur chute prématurée. Sur tige, des symptômes du même type mais plus allongés apparaissent. Des températures douces à l’automne et en hiver associées à une forte humidité lui sont favorables.
Cette maladie est très fréquente. Elle est observée dans tous les bassins de production. La nuisibilité peut-être très élevée en cas de forte attaque précoce.
La protection fongicide n’est pas curative. En présence de symptômes, la première application peut débuter dès le 15 mars. La lutte est souvent difficile en féverole d’hiver.
Cercosporiose
Cercorporiose sur feuilles de féverole.
La cercosporiose provoque des lésions sombres avec une zonation concentrique sans ponctuations noires. Elles apparaissent précocement et évoluent peu. Cette maladie est peu fréquente et peu nuisible.
Optimiser l’implantation de la féverole d'hiver pour diminuer les risques de maladies
La qualité de l’implantation est essentielle. Une féverole bien enracinée est en effet moins vulnérable face aux maladies, notamment racinaires.
Botrytis sur feuille de féverole
Il est également indispensable de respecter les dates et les densités de semis préconisées. Un semis trop précoce et un couvert trop dense sont des facteurs de risque importants pour les maladies aériennes comme le botrytis (Botrytis fabae) ou l’ascochytose (Ascochyta fabae).
Lutter préventivement contre les maladies grâce au traitement de semences
L’ascochytose causée par Ascochyta fabae est une maladie qui peut être transmise par des semences contaminées. Pour limiter le développement d’un inoculum primaire, l’utilisation de lots de semences saines et le traitement de ces semences sont primordiaux. Un produit est homologué : Wakil XL à 0,1 kg/q.
Ascochytose sur feuille de féverole.
Ce produit est également efficace contre les fontes de semis et les nécroses racinaires précoces (Fusarium sp, Phoma sp, Rhizoctonia sp, Pythium sp).
La protection contre le mildiou (Peronospora viciae) est également assurée par le traitement de semences Wakil XL à 0,1 kg/q. Il n’existe aucun traitement efficace en végétation.
Place de la féverole dans la rotation vis-à-vis des maladies
Un délai de 6 ans minimum est préconisé entre deux féveroles afin de limiter les risques sanitaires. Il est recommandé d’éviter les couverts de féverole lorsque cette espèce est déjà présente en culture de rente dans la parcelle. Un couvert de féverole ne doit pas jamais précéder une féverole.
La féverole est une légumineuse très résistante à l’aphanomyces (Aphanomyces euteiches) et elle ne multiplie pas le pathogène dans le sol. Alterner pois et féverole dans les parcelles saines ou faiblement contaminées permet de préserver l’état sanitaire du sol. Lorsque la parcelle est fortement contaminée, la féverole peut remplacer le pois.
Désherbage du tournesol: privilégier les méthodes de lutte agronomique
Gérer les mauvaises herbes avant le semis
- Une des clés de la réussite réside dans la mise en oeuvre de méthodes préventives qui faciliteront la maîtrise des adventices en culture.
- Si possible, la combinaison de plusieurs techniques de lutte pour limiter la pression des adventices doit être privilégiée.
| Espèces | Rotation diversifiée | Déchaumages/ déstockage d'été | Faux-semis (avant semis de culture suivante) | Décalage de la date de semis (sauf colza) | Labour occasionnel |
| Panic pied de coq | |||||
| Sétaires | |||||
| Digitaire sanguine | |||||
| Amarante réfléchie et A. hybride | |||||
| Ambroisie à feuille d'armoise | |||||
| Chénopode | |||||
| Datura stramoine | |||||
| Mercuriale annuelle | |||||
| Stellaire intermédiaire | |||||
| Tournesol sauvage | |||||
| Vergerette | |||||
| Xanthium (lampourde à gros fruits) |
| Bonne efficacité | |
| Efficacité moyenne ou irrégulière | |
| Efficacité insuffisante ou très aléatoire | |
| Efficacité nulle ou technique non pertinente |
Diversifier les rotations
La rotation de cultures diversifiées sur une même parcelle constitue un des leviers agronomiques les plus efficaces dans le cadre d’une gestion à long terme des adventices. En effet, chaque créneau de date de semis est favorable à des adventices dont les levées préférentielles coïncident avec celles des cultures (exemple : vulpin et blé d’hiver, géraniums et colza, sanve et pois de printemps, morelle et tournesol, etc).
Morelle noire
Varier les successions culturales dans les rotations permet d'empêcher ou de perturber la germination et la croissance des adventices.
Les différentes pratiques associées à chaque culture (labour/non labour, préparation du lit de semences, dates et techniques de semis) concourent à la diversité des pratiques culturales qui agissent sur le stock semencier.
Eviter les rotations courtes (tournesol-blé, colza-blé, colza-blé-orge, par exemple) qui aboutissent à la prédominance d’espèces spécialisées, calées sur les cycles culturaux. Par exemple, en rotation tournesol-blé, les ray-grass, ammi majus, datura, xanthium, ambroisie ou encore les chardons et les liserons seront favorisés par un retour fréquent du tournesol dans la même parcelle.
Ammi majus
Profiter des différentes familles chimiques disponibles : par exemple contrôler le chardon dans les céréales ou durant l’interculture limite le problème dans le tournesol ou le soja. Inversement, pour combattre les graminées difficiles à détruire dans les céréales (ex : ray-grass), on pourra s’appuyer sur la gamme anti-graminées qu’offrent les oléagineux et le tournesol en particulier.
Travailler le sol en interculture
En interagissant avec les conditions pédoclimatiques, les travaux du sol ont des effets importants sur l’évolution de la flore adventice dans les systèmes de culture.
- effets directs en interculture par l'élimination des plantes annuelles présentes après la récolte ou par le sectionnement des rhizomes de vivaces,
- effets indirects sur le stock semencier présent dans les premiers horizons du sol : en enfouissant ou en remontant des graines, en levant des dormances ou en mettant en dormance des graines, etc.
Le labour permet de « tamponner » les évolutions de flore : s’il n’est pas trop dressé, il enfouit une grande majorité du stock semencier superficiel, et remonte les graines jusqu’alors incapables de germer car trop profondes. Il élimine, par la même occasion les adventices levées. Les graines en profondeur perdent leur viabilité au cours du temps (les graminées beaucoup plus rapidement que les dicotylédones).
Attention, sur l’intégralité de la rotation, ne labourer que tous les 3-4 ans, afin d’éviter le mélange des horizons et l’homogénéisation de la répartition du stock de semences. Labourer en terre ressuyée à 15-20 cm de profondeur et utiliser des rasettes pour un meilleur retournement du sol.
Le déchaumage doit être réalisé avant la grenaison des adventices, le plus souvent dans la foulée de la récolte. Il peut stimuler la levée groupée de certaines espèces à la faveur d’un temps humide et doux. On obtient alors le résultat recherché par la technique du faux-semis (réaliser alors un travail superficiel rappuyé). Pour détruire des adventices à des stades avancés, privilégier les déchaumeurs à socs larges et plats (type Horsch Terrano) ou les cultivateurs à dents rigides (type Lemken Smaragd).
Le faux-semis consiste à préparer un lit de semences fin et rappuyé très tôt avant le « vrai » semis du tournesol. Il s'avère efficace pour limiter en amont l'enherbement du tournesol s'il est réalisé assez tôt avant le semis (ex mi-mars). Le sol ne doit pas être travaillé par la suite (ou superficiellement) pour ne pas remettre des graines en germination. Pour détruire les adventices levées, il est préférable d’utiliser un herbicide total en présemis ou postsemis - prélevée du tournesol. Une façon superficielle risquerait d’assécher le sol en surface. Le faux semis couplé à un report de date de semis (fin avril) apporte un intérêt tout particulier dans la lutte contre des espèces annuelles capables de germer tôt dans le tournesol : renouée liseron, ammi élevé, ambroisie, tournesol sauvage et xanthium par exemple.
Principe du faux-semis avant tournesol :
Pour réussir les faux-semis : après la reprise du labour, dès les premiers signes de réchauffement, faites une première préparation superficielle du sol avec un outil à dents (vibroculteur, herse plate, herse de déchaumage ou herse étrille), à une profondeur ne dépassant pas 5 cm, sur sol ressuyé et avant une petite pluie. Compléter par un rappuyage. Dès que le sol reverdit, renouveler l’opération si possible, et ce à des profondeurs décroissantes pour ne pas remonter de graines en surface (on peut terminer les préparations du sol à la herse étrille par exemple).
En sol argileux, une préparation précoce est nécessaire. En sol limoneux, les façons printanières suffisent.
Et qu’en est-il des couverts ?
L’implantation de couverts en interculture longue est fréquente et dans certaines conditions elle peut s’avérer intéressante sur les adventices. En effet, des résultats d’essai ont montré qu’un couvert bien développé qui produit une forte biomasse a un effet directement visible sur le niveau d’infestation des adventices en comparaison avec un sol nu. La gestion des adventices avant semis du tournesol s’en retrouve donc facilitée, car le niveau d’infestation est plus faible dans le couvert volumineux.
Des outils pour vous faciliter la reconnaissance et la gestion
Pour gérer la résistance aux herbicides |
Désherbage mixtes: concilier herbicides et bineuse
La technique "herbisemis puis binage" réduit les quantités d’herbicides à l’hectare
Cette technique consiste à appliquer l’herbicide de prélevée de façon localisée sur le rang, le jour du semis, grâce à un kit de traitement monté sur le semoir ("herbisemis").
Des soutiens à l’investissement pour ce type de matériel ont souvent été accordés dans le cadre du Plan Végétal Environnement et d’actions régionales en matière de réduction de pesticides. Cette technique est un bon moyen pour réduire les quantités d’herbicides à l’hectare et l’IFT (Indice de Fréquence de Traitement).
Le semis et le traitement herbicide sont donc réalisés en un seul passage, la contrainte étant de remplir la cuve de bouillie tous les 7-8 ha. Environ un tiers de la surface est traité (20 cm pour un écartement de 60 cm), ce qui permet une économie de deux tiers d’herbicides et l’utilisation d’un produit haut de gamme si besoin.
Le temps nécessaire pour le binage est estimé à 45 min/ha, mais il peut varier selon la largeur de la bineuse, le système de guidage et le contexte parcellaire. Cette technique ne peut s’adapter qu’aux sols à ressuyage rapide. Une infestation importante peut nécessiter 2 passages de bineuse.
Cette technique est possible sur toutes les cultures sarclées qui se désherbent chimiquement avant la levée, comme le tournesol.
L’intérêt du désherbage mixte réside aussi dans la possibilité de raisonner l’intervention de post-levée : si l’état de salissement de la parcelle ne le justifie pas, il est inutile de biner.
Quelques vidéos pour en savoir plus sur la technique de l'herbisemis
Désherbinage sur tournesols tolérants aux herbicides
Un traitement dirigé sur le rang est associé en même temps à un binage inter-rang. Cette technique est rendue possible par la mise sur le marché des solutions herbicides de post-levée (Pulsar 40, Express SX), utilisables uniquement avec des variétés de tournesol tolérantes.
Testé depuis 2010 sur des variétés tolérantes, le désherbinage, réalisé à 4 feuilles du tournesol, a procuré des résultats tout à fait corrects en conditions favorables, légèrement en deçà de la postlevée en plein.
Toutefois, la souplesse d'intervention est réduite car il faut répondre à la fois aux exigences du chimique et du mécanique en post-levée. En effet, les conditions favorables à ces deux opérations (traitement herbicide et binage) en même temps sont rarement réunies : sol ressuyé et temps séchant pour le binage et hygrométrie suffisante pour le traitement.
De plus, du fait de l'intervention relativement précoce, un binage supplémentaire peut s'avérer utile. Appliquée à grande échelle sur une exploitation, cette pratique peut donc rencontrer certaines limites.
Terres Inovia a mis en place un essai pour tester la technique du désherbinage sur tournesol.
Présentation et démonstration de la technique (04/06/2010)
Evaluation d’itinéraires mixtes de désherbage en tournesol
Efficacités mesurées de différentes stratégies de désherbage (en % de destruction des adventices par rapport au témoin non désherbé)
Les résultats ci-dessous confirment que la localisation sur le rang de la prélevée suppléée par le binage est la modalité la plus efficace et régulière.
5 essais Terres Inovia avec tronc commun des modalités (2010 et 2011)
Stratégie « herbisemis puis binage » : la performance de désherbage est régulièrement égale ou supérieure à la référence en plein. Tout en faisant l’économie d’un passage de pulvérisateur en plein, elle permet en outre une diminution de l’usage d’herbicide (jusqu’à -66%) et une totale maîtrise des coûts de production. Compte tenu du coût élevé des herbicides de prélevée (80 à 90€/ha) et du coût estimé d’un binage (environ 25€/ha, matériel, traction et main d’œuvre comprise), il devient possible d’envisager un voire deux binages sans alourdir le poste désherbage du tournesol. De plus cette technique permet d’envisager la maîtrise des flores non contrôlables par la seule voie chimique (comme ammi majus, mercuriale, renouée liseron)…
Désherbinage : réalisé à 4-6 feuilles du tournesol (variété tolérante), il a procuré globalement des résultats tout à fait corrects, à peine inférieurs à la postlevée en plein. Toutefois, la souplesse d'intervention est réduite car il faut répondre à la fois aux exigences du chimique et du mécanique en post-levée. Outre les conditions climatiques, le stade des adventices au moment du passage étant trop avancé, elles sont plus difficiles à détruire. Pour ces raisons, le désherbinage semble moins fiable et sécuritaire que la stratégie précédente.
Stratégie de binage seul : de par son action exclusive sur l’inter-rang, le binage seul, même répété deux fois, était, dans les conditions testées, insuffisant pour aboutir à un désherbage acceptable. Or, sur le rang, la compétition des mauvaises herbes pour l’eau et les éléments nutritifs est forte. Il convient donc de sécuriser au mieux la ligne de semis par un traitement adapté à la flore dominante.
Ainsi l’efficacité du traitement localisé de prélevée couplé au semis (herbisemis) succédé par le binage est clairement supérieure à celle du traitement localisé de postlevée couplé au binage (désherbinage sur variété tolérante) sur les flores classiques du tournesol. L’herbisemis présente l’avantage de sécuriser précocement la ligne de semis, à condition de choisir le(s) produit(s) adapté(s) à la flore. Le binage de l’inter-rang du tournesol élimine en tendance plus de 80 % des adventices présentes. L’association des deux, herbisemis puis binage, procure des résultats globalement supérieurs au traitement de référence en prélevée en plein et à peine inférieurs au traitement de postlevée en plein (imazamox ou tribénuron-méthyl).
Comparaison des coûts estimés de différents itinéraires de désherbage en €/ha
Les graphiques ci-dessous comparent différentes modalités de désherbage mixte du tournesol avec binage sur le plan technique d’une part (efficacité) et sur la plan économique d’autre part (coût et temps de travail).
Les modalités avec prélevée en plein que ce soit à dose pleine ou à dose réduite avec binage sont efficaces mais ce sont celles qui coûtent le plus cher. La modalité binage(s) seul(s) est la plus compétitive en termes de coût mais son efficacité n’est pas toujours satisfaisante. La modalité qui combine le meilleur rapport efficacité/coût est la prélevée localisée puis binage.
Références du barème APCA 2017 :
pulvérisateur porté 24 m à 600 ha/an avec tracteur 120 cv
bineuse 8 rangs avec guidage optique à 100 ha/an avec tracteur 120 cv à 700 h/an
Kit Herbisemis à 6 000 € HT amorti sur 7 ans à 100 ha/an soit 7.1 €/ha
Kit de désherbage localisé sur bineuse à 6 000 € HT amorti sur 7 ans à 100 ha/an soit 7.1 €/ha
Désherbinage 8 rangs, cuve 1200 l/ha : 27.3 (passage) + 5 (remplissage) = 32.3 min/ha
Main d’œuvre salariée
Mécanisation = amortissement + entretien + carburant
Le temps de travail inclut le temps de remplissage du pulvérisateur
La technique « pulvérisation localisée d’herbicide sur le rang puis binage » est pertinente
L’inconvénient majeur du désherbinage est que les conditions favorables à fois au traitement et au binage sont rarement réunies (sol ressuyé et temps séchant pour le binage et hygrométrie suffisante pour le traitement). Par conséquent, il est préférable de séparer les deux opérations.
La pulvérisation localisée sur le rang au moyen d’une rampe grande largeur adaptée (de type Maréchal) puis binage dans l’inter-rang a été évaluée par le projet Ecophyto II du nom de PLEVOP (Pulvérisation Localisée En Végétation sur Oléagineux et Protéagineux), financé par l’OFB. La rampe de pulvérisation MARECHAL permet de ne traiter que 44% de la surface (soit 20cm sur le rang, pour un écartement de 45 cm).
Des essais sur tournesol réalisés en Lorraine par Terres Inovia entre 2017 et 2020, en collaboration avec la Coopérative Agricole Lorraine, ont montré que la technique de désherbage mixte (herbicide localisé sur le rang puis binage) en post-levée du tournesol (sur variété tolérante) était tout à fait pertinente et semblable à un traitement en plein, à condition de pouvoir biner au moins 1 fois. En effet, l’efficacité moyenne à mauvaise de la modalité « traitement localisé non biné » montre l’importance du binage pour atteindre un désherbage satisfaisant sur toute la surface.
Quel guidage en pratique ?
Différents modes de guidage de la rampe (GPS, trace, caméra…) ont été testés. Il s’avère que sur des terres à colza ou tournesol qui peuvent être parfois irrégulières, le guidage trace n’est pas toujours adapté. Les guidages par caméra et par GPS sont bien adaptés et satisfaisants. Cependant, le guidage caméra étant plus coûteux que le guidage GPS, ce dernier semble suffisant.
Calculer les doses d’eau et de produit pour un traitement localisé sur le rang, un casse-tête ?
Terres Inovia, en partenariat avec AgroSupDijon et la société SUDUINNOV, a conçu une application smartphone android qui permet de calculer les réglages optimums d’une pulvérisation localisée efficace (choix de la buse, angle, volume, quantité de produit, vitesse, etc…) en fonction de la culture et de son stade (hauteur, largeur de la biomasse de la culture, etc…). Les paramètres de sortie sont, selon le choix de l’utilisateur : le volume ou la vitesse ou le débit (choix de la buse). L’Outil d’Aide à la Décision calcule aussi le gain de produit phytosanitaire non pulvérisé en %.
Finalement quels intérêts ?
Terres Inovia a également fait un bilan technico-économique de cette technique.
Sur la base du barème APCA 2017, la pulvérisation localisée avec une rampe Maréchal de 36 rangs qui fait 150 ha/an en moyenne (avec un tracteur de 120 CV qui fait 700h/an) coûte 23,8 €/ha, en prenant en compte les frais d’amortissement, d’entretien, de carburant et de main d’œuvre, tant pour la rampe que pour le tracteur.
Avec une hypothèse de coût moyen herbicide de 100 €/ha, la pulvérisation localisée, grâce au gain de produit non appliqué dans l’inter-rang, a un coût herbicide de 44€/ha puisque pour un écartement de 45 cm et une largeur de bande traitée de 20 cm, on ne traite que 44% de la surface.
On obtient donc les comparaison de coûts suivantes :
Si on prend également en compte le temps de travail et le gain environnemental (IFT), la technique « pulvérisation localisée Maréchal puis binage » est intermédiaire et plutôt un bon compromis.
Pour plus de renseignements sur les résultats de ce projet
A voir aussi :
Documents à télécharger
Binage du tournesol
Pourquoi biner ?
Par rapport à la herse étrille et la houe rotative, la bineuse est efficace contre des mauvaises herbes plus développées donc son utilisation se fera à des stades de développement plus tardifs.
Le binage complète efficacement l’action des herbicides. Sa mise en œuvre est particulièrement judicieuse :
- dans des parcelles à adventices difficiles : chardon, datura, xanthium, bidens, tournesol sauvage,
- dans des situations où les programmes herbicides ont été mis à défaut (conditions sèches après l’application, spectre d’efficacité pas assez large),
- dans des cas où la pression en mauvaises herbes est faible à moyenne et où la réduction d’usage d’herbicides est envisagée.
Binage d'une parcelle de tournesol
Comment biner ?
Le binage est réalisable à partir de une paire de feuilles du tournesol avec des protèges plants et une vitesse faible (environ 3 km/h), ou à partir de deux paires de feuilles jusqu’au stade limite passage bineuse sans protèges-plants. En avançant dans le cycle on peut se permettre d’augmenter la vitesse de passage (jusqu’à 10 km/h).
Pour une bonne réussite du binage du tournesol, il faut en amont soigner la préparation du sol, bien entendu prévoir un grand écartement (au moins 40 cm) et exclure les parcelles à gros cailloux. Le sol doit être sec lors du passage de la bineuse, et par le stade des adventices, qui doivent être jeunes. Il faut également miser sur une météo séchante les jours qui suivent l’intervention, afin d’éviter tout phénomène de repiquage des plantules.
Plusieurs binages peuvent s’envisager pour garantir un résultat satisfaisant. Adapter alors la profondeur de travail, le choix des dents et socs au comportement du sol.
La bineuse est équipée de socs (plats ou en forme de pattes d’oie) qui sectionnent les racines des mauvaises herbes présentes dans l’inter-rang. Par projection de terre au pied des plantes, les adventices présentes sur le rang peuvent être étouffées (fonction buttage), lorsque les disques protège-plantes sont relevés. Les lames « Lelièvre » et les moulinets (doigts kress par exemple) permettent de se rapprocher le plus possible du rang.
En absence d’équipements spécifiques (doigts rotatifs) ou de systèmes de guidage très perfectionné, la bineuse n’agit pas à proximité du rang de la culture. Mieux vaut donc combiner son utilisation avec d’autres techniques pour garantir un désherbage satisfaisant.
Il existe différents systèmes de guidage pour faciliter la tâche du chauffeur (débit de chantier notamment) tout en améliorant la précision de travail :
- Guidage visuel avant : la bineuse, attelée à un relevage avant, est poussée par un portique. La visibilité et donc la précision sont améliorées. Système peu onéreux.
- Guidage manuel (le plus ancien) : assise sur la machine à l’arrière, une personne guide manuellement les éléments bineurs.
- Guidage mécanique : à la suite d’un marquage préalable du sol au moment du semis, la bineuse se repositionne en suivant la trace.
- Guidage électronique : une interface placée entre le tracteur et la bineuse guide cette dernière grâce à des cellules photo-électriques qui détectent le rang. L’information est transmise à un boîtier électronique qui commande hydrauliquement le déplacement latéral de la bineuse en cas de déviation de la trajectoire par rapport à la culture.
- Guidage par caméra : les rangs sont reconnus grâce à un système vidéo qui transmet l’information à un boîtier électronique. Ce dernier commande hydrauliquement le déplacement latéral de la bineuse lorsque la trajectoire de cette dernière dévie sa course par rapport à la culture. Le guidage par caméra est souvent complété par un système de détection des pieds par palpeurs.
- Guidage par GPS : installé sur le système de guidage du tracteur, le GPS dirige le tracteur et la bineuse avec une grande précision (plus ou moins 5 cm).
Quels résultats ?
L’efficacité du binage est conditionnée par :
- l’état du sol, qui doit être sec lors du passage de la bineuse,
- le stade des adventices, qui doivent être jeunes,
- la météo qui doit être clémente les 3-4 jours suivant l'intervention pour que les adventices sèchent rapidement après le passage de l'outil.
L’efficacité dans l’inter-rang est très bonne sur des mauvaises herbes jeunes (jusqu’à 3-4 feuilles pour les dicotylédones et avant tallage pour les graminées) ; si les adventices sont plus développées l’efficacité du binage sera moyenne. Sur le rang, l’efficacité est nulle mais si la vitesse du passage est élevée il peut y avoir une certaine efficacité par buttage de terre ou grâce aux éléments comme les moulinets ou les lames Lelièvre.
Données Terres Inovia 1993 à 2014
Les performances du binage varient de 50 à 100 % sur dicotylédones. L’efficacité est comparable sur graminées mais les résultats sont plus aléatoires. Passé le stade 4 feuilles de la mauvaise herbe, le contrôle est beaucoup plus difficile. Si l’efficacité du binage en pourcentage de destruction est parfois jugée moyenne, il ne faut pas oublier que les adventices restantes sont affaiblies, ce qui handicape leur croissance ultérieure.
Désherbage mixte du tournesol : itinéraires techniques mixtes combinant bineuse et herbicides
Il y a d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes, pour cela il faut se renseigner sur les leviers et méthodes de lutte agronomiques disponibles.
Pour en savoir plus sur la lutte mécanique en tournesol et sur la lutte mécanique avec la herse étrille ou houe rotative
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