Accidents climatiques du pois : gel et basses températures
Les situations à risque
La résistance du pois – notamment d’hiver – au froid dépend de plusieurs critères :
- agronomiques : la variété, le niveau d’endurcissement, les stades de développement et la profondeur de semis ;
- environnementaux : la rigueur des températures, la date d’arrivée du froid et les conditions du milieu (en particulier le taux d’humidité du sol) au moment du gel.
Variété et résistance au froid
Selon la région de culture, la variété de pois choisie doit être résistante au froid et avoir une bonne aptitude à ramifier.
La baisse progressive des températures permet au pois de mieux supporter le froid, c’est l’endurcissement. La résistance maximale au gel est atteinte au bout de 35 à 42 jours d'endurcissement selon les variétés. En comparaison, le blé n’a besoin que de 28 jours.
Date de semis et stades de développement
Le semis doit être réalisé durant la plage optimale, notamment en pois d’hiver pour lequel les risques de gel sont à craindre. Les variétés de pois d’hiver semées trop tôt atteignent un stade avancé à l’arrivée du froid. Les risques de dégâts de gel sont alors importants.
En cas d’hiver doux, le pois d’hiver risque également d’être très développé et peu endurci au froid. Si les températures chutent brutalement en janvier/février, les dégâts seront importants (pertes de pieds voire retournement de la parcelle dans les situations extrêmes).
Avant la levée, les semences de pois en phase d’imbibition (pénétration de l’eau dans les graines) sont sensibles au gel : les départs de germes sont faibles ou, pire, la levée est inexistante. Ce risque est surtout à redouter en pois de printemps. Eviter de semer si des gelées sont annoncées dans les jours qui suivent. Attendre le retour de conditions plus favorables pour semer.
Après le stade initiation florale, la résistance au froid du pois décroît. Des gels d’apex peuvent être observés principalement sur pois de printemps (gelées tardives) : la tige principale détruite est relayée par les ramifications ; l’incidence sur le rendement est faible. En revanche, pour le pois d’hiver, des températures fortement négatives après l’initiation florale peuvent conduire à des pertes de plantes importantes.
Températures et humidité
Entre le semis et la levée, le pois d’hiver est apte à résister à des températures négatives (proches de -10°C). Sa capacité de résistance au froid est d’autant plus faible que le sol est humide.
Date d’arrivée du froid
Les dégâts sur pois sont importants lorsqu’une gelée arrive brutalement après une période de températures douces. La plante n’a pas eu le temps de s’acclimater (de s'endurcir).
Les symptômes observés
Brunissement des plantules
Le gel provoque la formation de glace à l’intérieur et à l’extérieur des cellules du pois. La plante présente des lésions et l’entrée des agents pathogènes (comme Pseudomonas syringae pisi responsable de la bactériose) est facilitée. Feuilles et tiges brunissent, entraînant parfois la mort de la plantule (entièrement noire).
Plantes déchaussées
Le gel engendre le déchaussement des plantes de pois dans les sols de craies ou argilo-calcaires. Dans les situations extrêmes, les collets sont cisaillés, empêchant la reprise de la végétation.
Émission de ramifications
Lorsque l’apex des tiges principales du pois est brûlé par le gel, des ramifications prennent le relais et compensent (en partie ou totalement) ce phénomène.
Pyrale des haricots : observer les gousses
Identifier la pyrale des haricots
La pyrale des haricots (Etiella zinckenella) est un insecte de l'ordre des lépidoptères (papillons). La chenille est de couleur jaune à vert. Elle prend une teinte violacée au niveau dorsal avec des lignes longitudinales plus sombres en fin de développement (jusqu’à 15 mm de long).
L’adulte est un papillon grisâtre de 22-26 mm d’envergure.
Biologie
Après une première génération dans les légumineuses sauvages (ex. : robinier faux acacia), les deux générations suivantes s'attaquent au soja et couvrent la phase de formation et de remplissage des gousses. Après éclosion la larve pénètre rapidement dans la gousse et la chenille se nourrit des graines en cours de remplissage. A l’ouverture de la gousse, on retrouve soit la chenille soit des déjections et des restes de graines.
Après s’être nourrie des graines de soja, la chenille sort de la gousse en perçant un trou (diamètre 1 à 2 mm), tombe sur le sol, puis s’y enfonce pour se nymphoser ou entrer en diapause larvaire.
Observée pour la première fois sur soja en 2003 dans un secteur centré sur la région d’Agen (Lot-et-Garonne), la pyrale des haricots a gagné progressivement l’ensemble de la zone de production de soja du Sud-Ouest.
Dégâts
Dans la zone de présence, une forte proportion des parcelles peut être concernée. Cependant, les attaques étaient globalement faibles dans trois quarts des cas et le plus souvent localisées sur les bordures. Les pertes de rendement peuvent être importantes sur certaines parcelles en particulier les parcelles non irriguées.
La qualité visuelle et la capacité de conservation des graines sont altérées. Par contre, la teneur en protéines n'est pas affectée.
Conseils et moyens de lutte
Aucune stratégie de lutte chimique ou avec du Bacillus thuringiensis n’est réellement efficace car la larve pénètre rapidement dans la gousse après éclosion.
Une irrigation bien conduite constitue la meilleure parade.
Sur les parcelles où des attaques de pyrale du haricot ont été observées, il est conseillé de :
- déchaumer derrière le soja pour augmenter le taux de mortalité des cocons de pyrale,
- labourer ensuite pour limiter les sorties d'adultes de la première génération.
Etat des résistances selon la région et le ravageur
Terres Inovia organise le suivi de l’évolution des résistances au sein des populations de coléoptères ravageurs du colza, avec le soutien financier du Ministère de l’Agriculture*. Ce monitoring a révélé l’existence de plusieurs mécanismes de résistance au sein des principales espèces de ravageurs du colza.
*projet France Agrimer RESIST financé par le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire ; la responsabilité du Ministère ne saurait être engagée.
Grosse altise : les mécanismes de résistance pouvant conférer des niveaux de résistances élevés continuent d’être détectées dans de nouveaux départements (figure 1).
Sur altise d’hiver, plusieurs mécanismes de résistances existent et peuvent cohabiter dans une même population. L’ensemble du territoire est concerné.
Deux types de résistance ont été détectés pouvant expliquer le manque d’efficacité des pyréthrinoïdes sur grosses altises (mutation de cible et détoxification).
La résistance par mutation « kdr » qui confère un faible niveau de résistance est la plus répandue. Ce mécanisme est surtout présent dans le Nord, l’Ouest, le Centre et le Sud-Ouest. Les pyréthrinoïdes (lambdacyhalothrine, deltaméthrine, cypermethrine et l’étofenprox) restent efficaces contre les adultes. Sur larves privilégier la lambdacyhalothrine.
Dans certains départements de l’Est (l’Yonne, l’Aube, la Haute-Marne, la Côte d’Or, la Nièvre, le Jura, la Haute-Saône, la Marne, la Meurthe-et-Moselle, les Vosges et l’ouest de la Moselle), une autre mutation, dite « super kdr », est généralisée ou dominante. Les mécanismes impliqués confèrent une forte résistance des populations d’altises aux pyréthrinoïdes. Les pyréthrinoïdes sont alors inefficaces.
Dans les départements où les premiers cas de « super kdr » ont été identifiés, Il reste possible de protéger son colza avec un pyréthrinoïde (départements hachurés figure 1).
Aujourd’hui, la mutation « skdr » est identifiée sur grosse altise dans 46 départements répartis sur l’ensemble du territoire et elle est considérée généralisée ou quasi généralisée dans 11 départements, tous situés dans le quart Nord-Est de la France.
Figure 1 : Niveau de résistance des populations de grosses altises en 2024 (mise à jour juillet 2024)
Charançon du bourgeon terminal : des mutations KDR bien installées sur le Centre et une partie du Nord Est (figure 2).
Sur charançon du bourgeon terminal, l’efficacité des insecticides est très variable selon les populations. Les populations avec les plus faibles taux de mortalité dans nos tests laboratoires présentent 2 mécanismes de résistance : mutation de cible KDR et détoxification. Il n’est donc pas possible de distinguer la résistance induite par la mutation KDR de la résistance par détoxification. Nous ne pouvons pas non plus faire faire un lien direct entre présence de mutation KDR et efficacités au champ.
Dans nos essais au champ, en présence de mutation KDR, l’efficacité des pyréthrinoïdes (lambdacyhalothrine, deltamethrine et cyperméthrine) est de l’ordre de 40-50%.
Contrairement à la grosse altise, aucune mutation super KDR n’a été mise en évidence.
Quelques cas de mutation KDR, ont été détectées dans le Sud-Ouest.
Figure 2 : Niveau de résistance des populations de charançon du bourgeon terminal en 2024 (mise à jour en juillet 2024).
Autres ravageurs du colza
Des mutations « kdr » et « super kdr » ont été détectées dans quelques populations de charançons des siliques. Des mutations « kdr » ont également été détectés dans quelques populations de charançons de la tige du colza et du chou. Aujourd’hui, aucune perte d’efficacité des pyréthrinoïdes n’a été observé au champ.
La résistance du puceron vert aux pyréthrinoïdes par mutation de cible (par ex KDR) est considérée comme généralisée depuis de nombreuses années. La résistance au pirimicarbe (mutation de cible MACE) a été confirmée dans le Nord-Est de la France et semble très répandue depuis la fin des années 2000. Un autre mécanisme de résistance dit métabolique est également connu pour ce puceron et il peut induire une résistance à un large spectre . Quant aux méligèthes, ils sont résistants à la plupart des pyréthrinoïdes actuels en « ine », hormis l’etofenprox (ex TREBON 30 EC) et le tau-fluvalinate (ex. MAVRIK SMART) qui échappent à la rapide métabolisation par les insectes et conservent leur potentiel d’efficacité.
S'adapter aux résistances !
Les suivis de résistance sur les coléoptères ravageurs du colza par Terres Inovia et ses partenaires se poursuivent. Plusieurs mécanismes de résistance aux pyréthrinoïdes sont impliqués, certains conférant des niveaux de résistance très importants en particulier sur altise d’hiver. Dès à présent, il faut limiter au maximum les interventions sur charançon du bourgeon terminal et grosse altise par un respect des seuils d’intervention basé sur une observation précise des infestations et le choix de l’insecticide adapté aux résistances présentes ou suspectées. Consultez www.terresinovia.fr pour les dernières mises à jour. Evaluez en quelques clics le risque altise adulte, larves d'altises et charançon du bourgeon terminal grâce à des observations simples en parcelles. Les outils disponibles gratuitement en ligne sur www.terresinovia.fr vous indiqueront le niveau de risque et la stratégie de traitement la plus adaptée à votre contexte de résistance
Insectes ravageurs : caractérisation de la sensibilité aux pyréthrinoïdes
Détermination de la sensibilité à la lambda-cyhalothrine de populations de grosses altises, de petites altises, de méligèthes, de différentes espèces de charançons du colza, et de différentes espèces de bruches (de la féverole, du pois ou de la lentille).
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Colza, de nouvelles stratégies pour limiter l’usage des insecticides
Face à la résistance des ravageurs aux pyréthrinoïdes, et au retrait de molécules, il est nécessaire de mettre en œuvre des pratiques visant la robustesse de la culture, mais également de favoriser la régulation naturelle des ravageurs par les auxiliaires des cultures.
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Insectes ravageurs : caractérisation de la résistance aux pyréthrinoïdes par mutation kdr
Recherche par analyse moléculaire de mutations sur le gène du canal sodium responsables de baisse d’efficacité des pyréthrinoïdes chez des populations de grosses altises, de méligèthes, de différentes espèces de charançons du colza ou de bruches de la féverole.
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Irriguer pour régulariser le rendement et la teneur en protéines à un niveau élevé
Le soja a des besoins élevés en eau. Un niveau de rendement supérieur à 35 q/ha ne peut être atteint qu'avec une disponibilité hydrique supérieure à 400/450 mm.
Le soja a des besoins élevés en eau
L’alimentation en eau est le principal facteur limitant de la production chez le soja. La période de floraison et de nouaison d'une part, et la phase de remplissage des graines, d'autre part, sont très sensibles au déficit hydrique.
Une bonne alimentation de la plante en eau, c’est aussi concourir à son alimentation azotée, l'absorption de l'azote par voie symbiotique étant très sensible au déficit hydrique.
Un niveau de rendement supérieur à 35 q ne peut être atteint qu’avec une disponibilité hydrique (pluies, contribution du sol et irrigation) supérieure à 400/450 mm.
Irriguer en apportant la juste dose pour une marge optimale
Une bonne gestion de l’irrigation permet d’atteindre un résultat économique optimum. Bien conduite, elle permet de gagner 8 à 10 q/ha pour 100 mm apportés et de sécuriser la teneur en protéines. Mal maitrisée, elle peut cependant parfois favoriser voire occasionner des accidents en culture comme la verse, le sclérotinia ou des avortements de fleurs. Eviter tout gaspillage des ressources en eau et préserver la qualité de l’eau.
Ne pas commencer trop tôt
Le déclenchement de la première irrigation sera largement fonction de la réserve en eau du sol et de la pluviométrie, il se situe souvent au moment de la floraison. Retarder le premier apport en cas de pluies abondantes en mai-juin et l’avancer en situation inverse.
Effectuer le premier arrosage :
- en sols superficiels, au stade R1 (apparition des premières fleurs), vers le 25 juin/1er juillet pour un semis de mi-avril à début mai, avec une variété groupe I ou groupe II ;
- en sols profonds, 12 à 15 jours après l’apparition des premières fleurs, vers le 10-15 juillet pour un semis de mi-avril à début mai, avec une variété groupe I ou groupe II.
Poursuivre jusqu’à l’apparition des premières gousses mûres
L’alimentation en eau en fin de cycle permet de finir le grossissement des graines, essentiel pour l’élaboration d’un haut rendement et d’une forte teneur en protéines.
En l’absence de pluie, réaliser le dernier arrosage au stade R7 (premières gousses mûres, de couleur marron-beige, avec des graines arrondies à l’intérieur).
Ce stade se situe environ trois semaines avant la récolte, vers le 10-15 septembre pour un semis de mi-avril à début mai.
Conduite de l’irrigation en année moyenne
Objectif de rendement = 35 à 40 q/ha
| Type de sol | Région | Apports totaux en irrigation | Nombre d'apports | Durée des tours d'eau (jours) | Dose (mm) |
| Sols superficiels | Sud-Est, Rhône-Alpe | 250 à 300 mm | 8 à 10 | 6-7 | 30-35 |
| Midi-Pyrénées | 200 à 250 mm | 7 à 8 | 6-7 | 30 | |
| Alsace | 150 à 250 mm | 5 à 8 | 7 | 30 | |
| Aquitaine | 150 à 200 mm | 5 à 7 | 6-7 | 30 | |
| Centre, Poitou-Charentes | 180 à 210 mm | 6 à 7 | 7 | 30 | |
| Bourgogne, Franche-Comté | 120 mm | 4 | 7-8 | 30 | |
| Sols profonds | Sud-Est | 150 à 200 mm | 4 à 6 | 8-10 | 40-45 |
| Midi-Pyrénées | 100 à 150 mm | 3 à 4 | 10-12 | 35-40 | |
| Alsace | 100 à 150 mm | 3 à 5 | 8-10 | 30 | |
| Aquitaine | 50 à 100 mm | 2 à 3 | 10-12 | 35-40 | |
| Centre, Poitou-Charentes | 80 à 120 mm | 2 à 3 | 12 | 40 | |
| Bourgogne, Franche-Comté | 80 mm | 2 | 10-12 | 40 |
Pourquoi et comment irriguer le Soja ? (Chambre d'Agriculture de la Gironde)
Arnaud Micheneau, ingénieur de développement à Terres Inovia, présente la filière Soja, l’intérêt de l’irrigation sur cette culture, ses besoins en eau et les outils d’aide au pilotage de l’irrigation (IrriSoja et Irrélis).
Des outils en ligne pour une bonne gestion de l'irrigationQuand démarrer le premier tour d'eau ? Quand reprendre l'irrigation après une pluie significative ? Quand arrêter d'irriguer la parcelle ? Deux outils en ligne peuvent vous aider dans votre gestion de l'irrigation du soja. Irré-LIS® Soja : un bilan hydrique en ligne simple d'utilisation pour anticiper et décider des stratégies d'irrigation à la parcelle. IRRIsoja : pour piloter l'irrigation de parcelles équipées de sondes Watermark, au plus près des besoins du soja, en valorisant toute la réserve en eau du sol disponible.
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Pas d’engrais azoté sauf en cas de défaut de nodulation
Exceptionnellement, en cas d’échec de la nodulation, réaliser un apport d’azote en végétation*.
Vérifier l’état du soja et la présence de nodosités sur les racines à la mi-juin, pour décider d’apporter ou non de l’azote. Si la végétation de la parcelle présente globalement un aspect jaunâtre et si plus de 30 % des plantes ne portent pas de nodosités, un apport d’azote est exceptionnellement recommandé.
Apporter, en une ou deux fois, 80 à 150 unités entre le stade R1 (début floraison) et le stade R3 (premières gousses), si possible avant une irrigation. Préférer la forme perlurée.
*Attention, en zone vulnérable, la règle générale des arrêtés préfectoraux est de ne pas apporter d'azote sur légumineuses. Toutefois certaines régions ont obtenu des dérogations avec des apports possibles en cas de défaut de nodulation, quelles que soient les formes d'azote ou uniquement sous forme minérale. Les doses apportées doivent être conformes aux arrêtés préfectoraux de votre région.
Punaises vertes : prévenir les pullulations
Biologie
Description
Adulte : punaise de 12 à 16 mm de long, de couleur verte en printemps-été et brun violacé en automne-hiver avec un écusson triangulaire à l’arrière du thorax. Présence de 3 petits points clairs, parfois 5, à la base de l’écusson.
Larves : 5 stades larvaires se succèdent.
- Stade 1 : couleur brun rouge
- Stade 2 : couleur noire
- Stade 3 : verte, ponctuée de blanc, de jaune et de noir
- Stade 4 : verte avec de larges zones encore noires
- Stade 5 : verte
Œufs : ils sont pondus par groupes, en rang serrés, le plus souvent sous les feuilles.
Cycle de vie
La punaise verte (Nezara viridula) peut se développer aux dépens de nombreuses plantes hôtes. Elle réalise deux générations par an. La première est réalisée sur divers cultures hôtes à partir de mars/avril. Fin juin, la nouvelle génération d’adultes investit le soja, dès la floraison.
Les femelles peuvent pondre plusieurs centaines d’œufs, par plaques de 30 à 80 œufs, sur la face inférieure des feuilles. Les « larves » passent par 5 stades de couleurs variées. Les stades 1 à 3 sont grégaires. Les stades 4 et 5 se répartissent progressivement dans le champ. Les punaises passent ensuite l’hiver sous forme adulte.
Les adultes puis les larves, sont généralement peu nombreux dans les premières semaines de la floraison. Mais des conditions favorables et des pontes abondantes peuvent faciliter l'envahissement progressif des parcelles et conduire à de véritables pullulations dans les 4-6 dernières semaines de végétation jusqu’à la récolte.
Œufs de punaises groupés | Punaises au stade 4 | Punaise adulte
Dégâts sur gousses et graines
Les dégâts sont liés aux prélèvements alimentaires effectués par les adultes et les larves sur les organes de la plante, surtout les gousses et les graines. Il s’ensuit :
- une perte de rendement par avortement de gousses, de graines, diminution du poids des graines
- une chute de la qualité germinative des graines
- un risque de transport de maladies fongiques, bactériennes ou virales
- une instabilité des graines au stockage
Symptômes sur gousses
Les attaques sur jeunes gousses entraînent des malformations, des dessèchements prématurés et même des avortements complets de gousse.
1. Ponctuations brunes en surface correspondant à des piqûres dans les graines - 2. Gousse avortée
Symptômes sur graines
Suivant le stade de développement et l’intensité de la ponction par la punaise, la graine peut aller jusqu’à l’avortement.
Diminution du poids des graines (de gauche à droite)
1. Graines saines
2. Légère attaque
3. Graines très touchées
Nuisibilité
Les punaises vertes plus présentes jusqu’à il y a quelques années dans la moitié sud, sont aujourd’hui aussi observées dans d’autres régions.
L’importance des populations est variable selon les années. Lors d’années à fortes attaques les pertes de rendement s’élèvent en moyenne à 2-4 q/ha, jusqu’à 10 q/ha, avec un impact fort sur la qualité.
Gestion : plusieurs stades de développement sont nuisibles
Règle de décision
Compte tenu du nombre d'oeufs par ponte et de la tendance des jeunes à rester groupés, une observation ponctuelle de nombreuses punaises sur quelques plantes ne constitue pas une information déterminante.
Une fois par semaine de mi-juillet à mi-août, observez la culture sur plusieurs zones de la parcelle en bordure et à l’intérieur du champ (6 à 8 points de quelques mètres carrés).
Si présence de quelques punaises (2 à 3 minimum) sur plus d’un point d’observation sur deux, un traitement est conseillé.
Les larves L2 et L3 font déjà des dégâts. Les larves L4 et L5 sont les plus dommageables. Les adultes causent aussi des dégâts très importants .
Choix des insecticides
Une seule substance active est utilisable, la lambda-cyhalothrine (liste non exhaustive : Karaté Zéon, Karaté Xflow, Ninja Pro, Kusti, Karaïbe Pro, Sentinel Pro, Lambdastar, Estamina à 0,075 l/ha….) avec un délai d’emploi avant la récolte de 35 jours.
Le traitement à base de lambda-cyhalothrine visant la punaise a une certaine efficacité contre les vanesses présentes. En revanche, l'efficacité sur noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera) n'est pas garantie car certaines populations sont résistantes.
Identifier et lutter contre les chenilles défoliatrices
Identifier les chenilles défoliatrices
Le soja abrite plusieurs chenilles défoliatrices dont la vanesse de l'artichaut (Vanessa carduii) et la noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera).
Chenille de vanesse | Chenille de noctuelle de la tomate
| Adulte | Larve (chenille) | |
| Noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera) |
Papillon nocturne |
-3 à 3.5 cm de long en fin de développement -corps jaunâtre ou verdâtre, ligne blanche tout le long du flanc soulignée en dessous par une zone plus foncée -tête jaune-brunâtre -6 pattes thoraciques et 10 fausses pattes abdominales |
|
Vanesse du chardon |
-envergure de 40 à 70 mm -ailes fauve orangé ponctuées de taches noires et blanches |
-longues épines beiges à extrémité noire -corps gris clair avec bandes noires dorsales et bande jaune ininterrompue sur les flancs |
Cycle de vie
La vanesse de l’artichaut migre d’avril à juin depuis le nord de l’Afrique ou de l’Espagne jusqu’à la Scandinavie avec un retour inverse à l’automne. Elle présente 2 à 3 générations par an en Europe, la dernière migrant vers le Sud. On observe les larves de vanesses dans les sojas à partir des premières feuilles trifoliées pour la 1ère génération, puis en juillet-Août pour la 2nde génération. Les œufs sont déposés individuellement sur les feuilles de la plante hôte. Les larves se nourrissent entre 2 et 6 semaines avant de se nymphoser. Cette dernière étape dure entre 7 et 17 jours.
Les premiers vols de noctuelle de la tomate (surtout présente dans le Sud de la France), sont détectés à partir de mai et se poursuivent jusqu’en octobre. Certaines populations sont sédentaires et d’autres sont migratrices. Plusieurs générations se succèdent. Les femelles peuvent pondre plusieurs centaines d’œufs sur tous les organes de la plante. A l’issue de son développement la chenille s’enfonce en profondeur dans le sol pour entrer en diapause jusqu’au printemps suivant.
Dégâts
Les adultes sont inoffensifs contrairement aux chenilles qui dévorent les limbes des feuilles généralement avant la floraison. Les attaques peuvent parfois sembler spectaculaires. La noctuelle de la tomate peut aussi attaquer les gousses.
Nuisibilité
La nuisibilité des chenilles défoliatrices est généralement faible sur soja, sauf ponctuellement en cas de pullulation. Des vols spectaculaires avec pullulation ont pu être observés à plusieurs reprises au cours des 20 dernières années. De fortes attaques d’Helicoverpa armigera sur gousses peuvent nuire fortement au rendement des parcelles.
Gestion des chenilles phytophages du soja
Les vols de noctuelles ne sont pas réguliers et difficiles à anticiper. Les températures élevées favorisent leur apparition et intensifient leur pression. Le stade de la culture n’influence pas le choix de de la noctuelle de la tomate pour sa plante hôte (pas de lien floraison / arrivée des noctuelles).
L’observation régulière en cours de culture et la pose de piège à phéromones sont les seuls moyens de repérer les vols d’Helicoverpa armigera et ainsi de déclencher un traitement sur les chenilles encore jeunes et peu nombreuses.
Les solutions à base de bactéries Bacillus thuringiensis var. kurstaki ou Bacillus thuringiensis var. aizawai (usage « traitements généraux ou usage soja et traitement des parties aériennes des chenilles phytophages ») sont efficaces sur les jeunes chenilles de noctuelles défoliatrices comme Helicoverpa armigera (stades larvaires 1 et 2) et autorisées en agriculture biologique.
Exemples (environ 30€/ha)
- Dipel DF® 1,0 kg/ha ou CostarWG® - Bacillus thuringiensis var. kurstaki
- XenTari® 1.0 kg/ha - Bacillus thuringiensis var. aizawai
Helicovex® est un insecticide à base de baculovirus utilisable en agriculture biologique qui doit être positionné sur les œufs et jeunes larves (stade larvaire 1) d’Helicoverpa armigera et s’utilise à 0.2 l/ha – 39 €/ha (usage soja « traitement des parties aériennes chenilles phytophages »).
Bien que spectaculaires, les attaques de vanesses sont le plus souvent sans incidence. Leur pullulation peut entrainer une dégradation poussée du feuillage mais seules les infestations massives et précoces peuvent nécessiter une intervention. Certaines préparations à base de bactéries Bacillus thuringiensis sont alors les seules solutions autorisées.
Acariens favorisés par un climat chaud et sec
Biologie et symptômes
Description
Deux espèces d’acariens sont principalement rencontrés sur soja, en particulier dans le Sud de la France : Tetranychus urticae et T. turkestani.
Ces acariens sont de très petite teille (0.3 à 0.5 mm), de forme globuleuse et présentent 3 à 4 paires de pattes selon les stades. Ils sont principalement localisés à la face inférieure des feuilles.
Cycle de vie
Les acariens migrent emportés par le vent vers les cultures de soja depuis les bords de route, fossés, haies, cultures voisines … Ils pondent à la face inférieure des feuilles. T. urticae tisse des toiles soyeuses qui constituent à la face inférieure des feuilles une forme de protection. Plusieurs générations se succèdent dans la culture (nombre dépendant de la température). Ces acariens passent l’hiver dans des infractuosités (écorce des arbres, sol…).
Dégâts
Les acariens se nourrissent en vidant les cellules végétales. Ces blessures engendrent une déshydratation des feuilles. De petites tâches jaunes ou blanches apparaissent sur les deux faces des feuilles, en particulier sur les plus jeunes. Si la plante supporte sans dommage la présence des acariens, les feuilles ne fonctionnent plus efficacement lorsqu’ils deviennent trop nombreux : elles jaunissent, se déforment, peuvent se dessécher et tomber.
Nuisibilité
Les acariens plus fréquents dans le Sud qu’en Bourgogne sont ces dernières années plus discrets.
Lorsque la température est élevée et l’humidité réduite, ils peuvent pulluler, d’abord en foyers dans le pourtour de la parcelle, avant de se disperser et de l'envahir.
Feuilles attaquées par les acariens
Gros plan d'un acarien
Gestion
Dès mi-juin, observer soigneusement les bordures de parcelles
-
Être particulièrement vigilant en soja non irrigué ou les années chaudes et sèches.
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Surveiller l’apparition des premiers symptômes de jaunissement liés à la présence des acariens à la face inférieure des feuilles ou la présence de toiles soyeuses.
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Aucun produit insecticide n'est autorisé contre les acariens sur soja.
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Une bonne irrigation limite fortement les risques.
Diagnostiquer les maladies post-floraison
Le sclérotinia
Le sclérotinia se manifeste par une pourriture blanche qui commence au niveau d’un nœud fleuri. Elle gagne la tige puis le haut de la plante se dessèche. En fin de cycle, des amas noirs (sclérotes) se forment dans et sur les tiges et les gousses.
Optimiser l’irrigation pour réduire le risque sclérotinia
Pour éviter le développement du sclérotinia, il est conseillé de ne pas irriguer trop tôt pour ne pas favoriser une végétation luxuriante favorable à la fermeture de la ligne créant un micro-climat propice aux contaminations des fleurs de soja par les spores de sclérotinia. De plus une végétation luxuriante augmente le risque de verse et la propagation du sclérotinia par contact plante à plante.
Adapter l’irrigation en espaçant les tours d’eau et en augmentant la quantité d’eau apportée par tour (voir tableau). En sol profond, préférer les apports d'eau tous les 10 à 15 jours plutôt que chaque semaine
Stade et période conseillés pour l’irrigation :
| Sols profonds | Sols superficiels | |
| Stade conseillé pour débuter l'irrigation | 12 à 15 jours après le début de la floraison | Début floraison |
| Période en année normale | Du 10 au 15 juillet | Du 25 juin au 1er juillet |
Le diaporthe
Le diaporthe attaque en végétation et se conserve sur les résidus de culture. Avec des semences certifiées, les attaques sont rares et les pertes de rendement sont très dépendantes de la sensibilité variétale.
Les symptômes caractéristiques montrent des alignements de points noirs (pycnides) sur les tiges
Le mildiou
Le mildiou est fréquent mais sans incidence mesurable sur le rendement du soja. Il se manifeste par de petites taches jaune clair sur le feuillage de 1 à 5 mm sans halo de décoloration, évoluant en nécroses. Par temps humides, un duvet grisâtre est visible sur la face inférieure des feuilles.
Héliothis ou noctuelle de la tomate (helicoverpa armigera)
Il a la capacité de pondre sur de nombreuses espèces (maïs, tomate, tabac, etc.) dont le pois chiche. Les larves percent la gousse et se développent à la place de la graine en formation. Les jeunes gousses sont plus sensibles. L’impact sur le rendement est directement lié à la pression du ravageur, avec des pertes de 20 à 30 %.
Héliothis dans une gousse de pois chiche
Suivre les réseaux de pièges à phéromones lorsqu’ils existent pour détecter le ravageur et adapter la stratégie de lutte, en fonction du stade et du début de vol.
Attention, certaines populations d’héliothis peuvent être résistantes aux pyréthrinoïdes.
Dans le Sud-Est (pourtour méditerranéen), semer tôt (du 15 décembre à début janvier) est une stratégie d'évitement et d'atténuation du ravageur.
Exemples de stratégies cible héliothis
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