Quoi de neuf dans les projets de structuration de filières locales de légumineuses ? Zoom sur FiLoLéG, qui avait organisé un colloque, le 26 novembre dernier, à Valenciennes, pour communiquer sur les dernières avancées de ce projet destiné à développer les légumineuses dans les Hauts-de-France.
Pour développer davantage de légumineuses dans les différents bassins de production, la création d’une dynamique régionale pour accroître les surfaces de légumineuses est essentielle. Né en janvier 2022, le projet FiLoLéG, coordonné par la chambre d’Agriculture des Hauts-de-France, vise à créer dans cette région une filière structurée de légumineuses pour les débouchés en alimentation humaine.
Des ateliers interactifs lors de la journée pour mettre en avant les avancées du projet
Les partenaires (1) du projet avaient organisé, le 26 novembre dernier, une journée pour partager les premières avancées de FiLoLéG aux conseillers techniques. « La journée était organisée sous-format d’ateliers selon les différents groupes de travail du projet et ce format dynamique semble avoir beaucoup plu ! », indique Nicolas Latraye, ingénieur de développement de Terres Inovia.
Des ateliers pour co-construire la future offre de services de cette filière de légumineuses
Travail de cartographie sur la faisabilité des cultures, focus sur le marché des légumineuses à graines dans les Hauts-de-France, état des lieux de la production régionale de légumineuses… cette journée a permis d’aborder toutes les thématiques du projet, de A à Z, mais aussi de co-constuire la future offre de services du projet. « Nous avons observé qu’il y a un réel intérêt pour les légumineuses dans cette région, autant des acteurs de l’amont que de l’aval », précise à nouveau Nicolas Latraye.
Pour bien identifier les débouchés des légumineuses à graines, une visite dans une usine de Vivien Paille a même été organisée. Sans compter une dégustation de produits régionaux à base de légumineuses à graines pour démontrer le potentiel gustatif et nutritionnel de ces cultures.
Pate à tartiner à base de farine de légumineuses à graines proposé lors de la dégustation lors de la journée
Les avancées du projet
• Une méthodologie pour la cartographie de faisabilité des légumineuses à graines dans les Hauts-de-France.
• L'avancement de la cartographie des acteurs de la filière.
• Les résultats d’une étude sur les dynamiques technico-économiques des légumineuses en région.
• Une analyse détaillée du potentiel de développement économique du pois d'hiver en système céréalier.
• Un état des lieux de la production actuelle des légumineuses à graines dans notre région.
Au sein de FiLoLéG, Terres Inovia est chargé de créer une cartographie du potentiel de production des légumineuses, dans le climat actuel et futur. Où en est-on ? « Nous avons réalisé un important travail de méthodologie et identifié les facteurs limitants. Une règle de décision a été élaborée, elle doit maintenant être confrontée aux problématiques de terrain ». Des premières cartes devraient voir le jour courant 2025.
Retrouvez les dernières actualités sur le projet sur notre page dédiée
(1)Chambre d’agriculture des Hauts-de-France, Agrotransfert Ressources et Territoire, la Coopération agricole Hauts-de-France, Bio en Hauts-de-France, le centre d’expertise alimentaire Adrianor, la chambre régionale d’Agriculture des Hauts-de-France et Terres Inovia.
France entière
Légumineuses à graines
Pois d'hiver
Pois de printemps
Soja
Féverole d'hiver
Féverole de printemps
Lentille
Pois chiche
Lupin d'hiver
Lupin de printemps
hauts de francelégumineuses
Recherche par analyse moléculaire (séquençage) des mutations sur le gène de l'acétolactate synthase conférant la résistance aux herbicides inhibiteurs d’ALS chez des populations d’adventices (tournesol sauvage, ambroisie, ammi majus, coquelicot, orobanche ramosa, orobanche cumana, geranium dissectum, geranium columbinum, geranium rotundifolium, sanve, ravenelle).
Pour chaque population (1 population = 1 lieu de prélèvement à une date donnée), 5 plantes sont analysées. Les résultats sont transmis sous la forme d’un rapport.
France entière
Ravageurs
Interculture
Désherbage
Maitrise des adventices
Maitrise des maladies
Maladies
Colza
Tournesol
Pois d'hiver
Pois de printemps
Soja
Féverole d'hiver
Féverole de printemps
Lentille
Pois chiche
Lin d'hiver
Lin de printemps
Lupin d'hiver
Lupin de printemps
Cameline
arvalis terres inovia infosati infosatii
Terres Univia et Terres Inovia analysent chaque année la qualité des graines oléagineuses et des plantes riches en protéines récoltées en France dans le cadre de l’Observatoire de la qualité des graines piloté par l’Interprofession et mis en œuvre par l’Institut technique avec la collaboration d’organismes stockeurs qui fournissent des échantillons. Retrouvez les dernières fiches sur la qualité des graines publiées.
Ce travail collaboratif se concrétise par des fiches de synthèse dédiées aux principaux critères de qualité des dernières graines récoltées (teneur en huile, en protéines, aspect visuel, etc.). Pour la récolte 2023, les fiches sur la qualité des graines de tournesol, soja, pois chiche, lentille et lupin sont à présent disponibles. Elles complètent les fiches qualités des graines de colza, pois et féverole mises en ligne précédemment.
Fiche qualité des graines de lupin
La teneur en eau de la récolte atteint en moyenne 14,6% tandis que la teneur moyenne en protéines est de 39,8% de la matière sèche, l’une des meilleures teneurs enregistrées sur les sept dernières années. Les graines ayant été récoltées dans des conditions plutôt sèches, aucun échantillon ne présente de graines germées. Les échantillons présentant des graines cassées ou splittées sont moins nombreux qu’en 2022.
Le taux moyen d’impuretés de la récolte 2023 est de 3,3%, un niveau légèrement supérieur à la moyenne quinquennale. Les conditions sèches et chaudes de fin de cycle ont limité la teneur moyenne en eau à 6,7%. La teneur en huile moyenne est de 44,4% aux normes, en légère hausse par rapport à 2022. La teneur moyenne en protéines se situe à 15,6% de la matière sèche, en légère baisse par rapport à 2022.
La récolte 2023 a eu un bon rendement en soja (25 q/ha) qui a permis le maintien de la production malgré une baisse des surfaces, une qualité des graines dans la moyenne et une forte hétérogénéité territoriale. La qualité des graines est dans la moyenne : un taux moyen d’impuretés à 0,7%, une teneur moyenne en eau à 11,9%, une teneur en protéines moyenne de 42,7 % de la matière sèche, et une teneur en huile moyenne de 21,3 % de la matière sèche.
Les poids de mille grains (PMG) de la récolte de lentille 2023 sont très homogènes entre les bassins de productionavec une moyenne de 27,2 g et un écart-type de 3,8 g.
L’homogénéité des PMG, autour d’une valeur satisfaisante pour la filière, distingue cette récolte des deux précédentes. Les calibres sont de manière générale très homogènes entre zones de production.
La campagne 2023 a été caractérisée par de très fortes hétérogénéités entre les bassins de production. La teneur en eau moyenne des échantillons pour l’année 2023 est dans la moyenne (11,6%). La teneur en protéines est hétérogène selon les zones.
Le fauchage-andainage est une technique agricole essentielle pour optimiser la récolte des cultures de printemps telles que la lentille, la cameline, le soja et le pois chiche, surtout lorsque les graines sont trop humides et tardent à mûrir. Cette méthode facilite la récolte et améliore la qualité des grains en réduisant les pertes.
Principes et avantages du fauchage-andainage
Cette technique est utile lorsque les conditions de culture ne permettent pas une récolte directe dans de bonnes conditions, notamment dans des situations hétérogènes avec des différences de maturité marquées au sein de la parcelle, ou un enherbement mal contrôlé. Cela peut aussi permettre d'avancer la date de récolte. Le fauchage-andainage consiste à couper les plantes et à les déposer en andains, ce qui permet un séchage uniforme des plantes, réduisant ainsi le risque de moisissure et de détérioration des grains.
Application du fauchage-andainage aux cultures de printemps
Lentille : l’andainage se déclenche lorsque l’humidité du grain est entre 18 et 30%, soit environ 8 à 15 jours avant la maturité. La coupe est réalisée à 2-3 cm, avec un andain idéal de 30 cm de haut. La récolte se fait dans le sens contraire de l’andainage en veillant à ne pas rentrer le côté tige en premier (en absence de doigts releveurs).
Cameline : surtout pour la cameline en dérobé estivale, l’andainage commence lorsque les premiers étages jaunissent. En été, on fauche le matin, et en automne, le soir, à une hauteur de 5 à 10 cm. Sans manipulation de l’andain, il n’y a pas de risque d’égrainage. Si l’andain a été coupé près du sol, la reprise avec une moissonneuse-batteuse peut s’avérer difficile.
Soja : l’andainage peut commencer lorsque les graines ont une humidité de 25 à 30%, même avec des feuilles présentes. Il faut couper le soir au plus bas de la végétation. Si la récolte se fait avec un pick-up, il n’y aura pas de problème d’égrenage.
Pois Chiche : l’andainage aide à interrompre le redémarrage fréquent de la culture, surtout dans le centre et le nord de la France. Il intervient lorsque les graines ont 18 à 25% d’eau. On coupe au plus bas (5-10 cm), sans risque d’égrenage.
Fauchage andainage sur soja
Mise en œuvre et techniques de fauchage-andainage
La mise en œuvre nécessite une planification précise et l'utilisation de machines adaptées. Les faucheuses-andaineuses coupent et disposent les plantes en andains uniformes. Il est crucial de régler ces machines correctement pour éviter d'endommager les plantes et les grains. Les agriculteurs doivent surveiller les conditions météorologiques avant et après le fauchage. Un séchage trop rapide sous un soleil intense peut causer des pertes par éclatement des gousses, tandis qu’un séchage trop lent par temps humide peut favoriser la moisissure. Une intervention trop tardive, proche de la date de récolte directe, peut être contre-productive entrainant une égrenage important.
Pour conclure le fauchage-andainage est une technique envisageable pour les cultures de printemps. En permettant un séchage uniforme et en facilitant la récolte, cette méthode améliore la qualité et le rendement des grains. Une mise en œuvre correcte de cette technique peut faire une différence significative dans la réussite des cultures.
Maturité/récolte
Bourgogne-Franche-Comté
Grand Est
Lorraine, Alsace et Haute-Marne
Hauts-de-France
Récolte
Lentille
Soja
Pois chiche
Louis-Marie ALLARD (lm.allard@terresinovia.fr)
Pour bien agir contre le datura, Arvalis, Terres Inovia, l’UNILET et d’autres partenaires font la chasse aux idées reçues
Le datura est une adventice aux levées échelonnées au printemps et en été très nuisible pour les cultures de printemps. Elle est très toxique pour l’homme et les animaux. Certains leviers de lutte sont encore mobilisables. Soyez vigilant également lors de la récolte en particulier, afin d’éviter de contaminer les lots avec les alcaloïdes.
Pour bien agir, Arvalis, Terres Inovia, l’UNILET et d’autres partenaires font la chasse aux idées reçues dans le document à télécharger ici.
Préparation de campagne
France entière
Désherbage
Maitrise des adventices
Soja
Tournesol
Fanny VUILLEMIN (f.vuillemin@terresinovia.fr)
La réussite d’une culture de soja commence bien avant la levée des premières plantules. À l’approche des semis, il est essentiel de garder en tête les étapes clés pour assurer une implantation optimale et poser les bases d’un rendement satisfaisant. Faisons le point sur les 6 points clés.
1. Choix de la parcelle
Tout d’abord, le choix de la parcelle est déterminant et se fera en prenant en compte le type de sol et les possibilités d’irrigation. Le soja peut se conduire en sec dans des sols profonds (RU>120mm) et intermédiaires mais avec une prise de risque sur l’atteinte du potentiel de rendement. Les sols superficiels (RU<80mm) pourront recevoir du soja à condition d’avoir accès à l’irrigation. Tout comme le maïs, le soja a des besoins en eau similaires estimés à 430 mm (mais pas au même moment) pour une production de 35 q/ha, la disponibilité en eau est donc cruciale dans le choix de la parcelle.
D’autres critères sont à prendre en compte pour le choix de la parcelle. Une attention particulière doit porter également sur les caractéristiques du sol, l’historique sanitaire, son historique soja et sa flore adventice.
La capacité du sol à se réchauffer rapidement : un atout qui permettra un démarrage rapide du soja. Les risques liés aux attaques fongiques (Pithium, Rhizoctone et autres Fusarium) y sont réduits, contrairement aux sols froids ou battants où les attaques sont plus communes.
L’historique de la parcelle en matière de sclérotinia est également en prendre en compte, pour limiter les risques.
Avantage aux parcelles qui ont déjà porté du soja, car elles sont déjà colonisées par les bactéries spécifiques et indispensables à la fixation d’azote par les nodosités. Dans ces situations la nodulation est alors facilitée.
2. Le travail du sol : clé de voûte d'une implantation réussie du soja
La réussite du soja repose sur une préparation soignée du sol, adaptée aux conditions de la parcelle. L’objectif est d’obtenir un lit de semences fin et nivelé, garantissant un bon contact entre la graine et le sol sans favoriser la formation de croûtes superficielles. Il est également essentiel de préserver une structure aérée dans les 15 premiers centimètres du sol afin de favoriser la symbiose entre le soja et les bactéries fixatrices d’azote. Une bonne porosité facilite l’installation de ces bactéries et assure une nodulation efficace, indispensable à la nutrition du soja et à son autonomie en azote. En sols argileux, une fissuration peut améliorer l’infiltration de l’eau. Enfin, toute intervention doit être réalisée sur un sol ressuyé afin d’éviter le tassement et préserver la structure. Un sol bien structuré permet d’envisager des techniques simplifiées, limitant le nombre de passage, tandis qu’un sol compacté nécessite un travail plus profond pour favoriser son aération et l’enracinement. Lorsque toutes les conditions sont réunies, le semis direct est possible.
3. L’inoculation des graines : des précautions à prendre
Un inoculum est un produit biologique fragile, prenez des précautions : Après achat, le produit inoculant doit être conservé à température fraiche et à l’abri de la lumière, pour conserver sa qualité. Semer dans le délai permis par la spécialité après l'ouverture du sachet d'inoculum .
Pas d’azote au semis ! Outre la qualité du produit, la nodulation est souvent soumise à deux facteurs limitants : le manque d’eau et l’excès d’azote minéral du sol, ce dernier ayant pour effet d’inhiber la nodulation. Ainsi, tout apport d’azote au semis est déconseillé car il empêche les nodosités de s’installer et de fonctionner.
4. Date de semis, précocité variétale et situation pédoclimatique : le trio décisif pour sécuriser la récolte
Il s’agit en effet d’assurer une récolte dans de bonnes conditions, en tenant compte des risques d’arrière-saison humide.
Sud-Ouest, Sud-Est : Le choix de précocité est globalement libre sur ce secteur. Privilégier des semis d’avril dans les secteurs les plus chauds d’Occitanie ou du Sud du Lot-et-Garonne où les arrière-saisons permettent d’envisager des récoltes sans trop de craintes.
Pour les départements sous plus forte influence océanique, les secteurs de piémont pyrénéens ou les zones froides, des groupes I seront mieux adaptés sur les dates de semis classiques jusqu’à début mai. En cas de semis plus tardif sur ces zones, il sera plus sécurisant de recourir à un groupe 0, voire 00 pour la Dordogne et le nord Gironde, où le retour de conditions humides en fin de cycle peut perturber les chantiers de récolte à partir de fin septembre.
Auvergne-Rhône-Alpes : Le groupe de précocité 00 s'avère le plus adapté à cette région, on ciblera des dates de semis classiques de début mai. Selon l'altitude, le climat et le type de sol, il est possible d'opter pour différents groupes de précocité. Dans les zones d'altitude ou sous des climats continentaux, les variétés doivent être précocifiées pour éviter des récoltes trop tardives, susceptibles d'être affectées par des épisodes pluvieux. Le long de la vallée du Rhône, le climat méditerranéen permet une plus grande diversité de précocité, avec des variétés provenant des groupes 0, voire du groupe I, au sud de la région (secteur Montélimar) où les arrière-saisons permettent d’envisager des récoltes sans trop de craintes.
5. Densité de semis : tenir compte des pertes à la levée
La densité de semis doit tenir compte du taux de faculté germinative et les conditions de semis, pour estimer les pertes, ainsi que la disponibilité en eau au cours du cycle. Un test de germination est fortement recommandé pour un semis avec des graines de ferme. Si le taux de facultés germinatives est inférieures à 80%, l’augmentation des densités de semis peut se retrouver incompatible avec un semis au semoir monograine. Dans ces situations, il est préférable de privilégier les semoirs céréales, en bouchant une descente sur 2, de façon à tendre vers un peuplement optimal.
D’autres facteurs influençant le taux de levée, comme le type de sol, le travail du sol, ou encore le risque d’attaques de ravageurs du sol, influencent le taux de levée et sont à prendre en compte pour ajuster la densité de semis.
6. Écartement et bonnes conditions de semis : des choix déterminants
Le semis, moment clé de l’implantation, doit être réalisé dans de bonnes conditions. Pour garantir une levée rapide et homogène, la température du sol doit atteindre au moins 10°C sur les 5 premiers cm, dans les 24 à 48h après le semis. En dessous de cette température, la germination peut être affectée. Une profondeur de semis comprise entre 2 et 4 cm est idéale pour assurer une bonne émergence tout en limitant les risques de dessèchement des graines.
L’écartement des rangs joue également un rôle important et doit être adapté à la variété et aux conditions hydriques. Les variétés des groupes 0, I et II supportent des espacements de 25 à 60 cm, avec une meilleure capacité de ramification pour les plus tardives. Un écartement de 80 cm est envisageable pour le groupe I, bien que moins optimal.
Les essais de Terres Inovia (2014-2016) montrent que 60 cm est l’écartement le plus performant, notamment en conditions irriguées où le soja exprime mieux son potentiel. Cet avantage est encore plus marqué en sols profonds ou bien alimentés en eau.
Enfin, pour limiter le risque de sclérotinia, il est conseillé de privilégier des écartements d’au moins 50 cm afin d’améliorer l’aération du couvert et réduire les conditions favorables à la maladie.
Le 20 avril 2023, l’ANSES a procédé au retrait des principaux usages des herbicides à base de S-Métolachlore. Des délais de grâce ont alors été accordés, avec une possibilité de stockage et d’usage jusqu’au 23 juillet 2024, tandis que les dernières ventes ont été prolongées jusqu'au 23 avril 2024. Certaines exploitations ayant su anticiper le calendrier ont pu couvrir leurs besoins en s-métolachlore, et pourront y recourir au printemps 2024. Dans les autres cas de figure la gestion des graminées doit s’envisager d’autre manière.
Des alternatives en prélevée efficaces
La gestion d’une pression moyenne à forte en graminées passe en premier lieu par un désherbage de prélevée efficace. Alors que cette gestion reposait jusqu’ici sur 2 molécules, le retrait du S-métolachlore va faire supporter à la Pendiméthaline un poids plus important dans le contrôle de prélevée des graminées.
La figure 1 présente les efficacités comparées de la pendiméthaline (Atic-Aqua : 2l/ha) et le S-métolachlore (Mercantor Gold : 1.2 l/ha), associé au Proman (2,5 l/ha). Afin de limiter les risques de sélectivité de la pendiméthaline, il est proposé de retenir une dose à 1.8 l/ha sur les terrains argileux. Cette dose pourra être modulée à 1.5 l/ha sur les terrains plus limoneux, plus filtrants. Cependant, vis-à-vis d’une dose abaissée à 1000g/ha du S-métolachlore, les performances des deux molécules présentent des niveaux d’efficacité proches sur les graminées estivales.
Autre molécule à considérer: la Pétoxamide (Successor 600). En retrait sur panic pied de coq, cette solution peut présenter un intérêt sur sétaire ou digitaire, malgré semble-t-il, une possible irrégularité observée dans d’anciennes références. L’acquisition de résultats actualisés sur cette molécule permettra de mieux appréhender son niveau d’efficacité.
Un complément non négligeable de la post-levée
Bien que l’essentiel de la gestion des graminées repose sur l’efficacité de la base prélevée, une action complémentaire de post-levée apporte un complément d’efficacité dans les situations les plus infestées. Par ailleurs, avec des situations de printemps secs, comme en 2022, l’efficacité des prélevées décroit et devient insuffisante, nécessitant alors un complément en post-levée.
L’imazamox et la bentazone sont les 2 molécules employées dans les stratégies de post-levée, et ciblent prioritairement les dicotylédones. L’imazamox apporte un complément d’efficacité intéressant contre panic pied de coq et sétaire. Son efficacité sur sétaire est en retrait. La bentazone quant à elle n’apporte pas de bénéfices dans la gestion des graminées. L’association imazamox et bentazone dans le Basagran, n’apporte pas le grammage d’imazamox suffisant pour permettre un renfort efficace.
Dernier recours, les antigraminées foliaires.
Ces solutions (Agil/Etamine/ Fusilade /Pilot/Stratos etc.) présentent de bonnes efficacités contre panic pied de coq, panic faux millet, sétaire ou encore digitaire. Elles sont également un recours vis-à-vis des vivaces telles que le chiendent ou le sorgho d’Alep, contrairement à l’ensemble des autres solutions de pré comme de post-levée. Leurs efficacités restent néanmoins conditionnées à leurs conditions d’utilisation.
Ainsi, privilégier l’application des stades 3 feuilles jusqu’à fin tallage des graminées annuelles et de 10 à 20 cm des graminées vivaces. Au-delà, les efficacités décroissent rapidement. Des conditions d’hygrométrie supérieures à 60% ainsi que des températures n’excédant pas ou peu les 20°C sont à privilégier.
Les essais conduits par Terres Inovia ont démontré un effet antagoniste de l’association des antigraminées foliaires à l’imazamox. Parmi les produits testés entre 2010 et 2012 (Stratos, Pilot, Fusilade), seules les associations avec le Stratos n’ont pas mis en évidence d’antagonisme. Parmi les autres solutions testées, les baisses d’efficacité observées par rapport aux efficacités seules, impliquent donc de bien dissocier les applications. Par conséquent, dans les situations à forte pression, ou en présence de vivaces, on interviendra en premier lieu avec l’imazamox ou bentazone à 2-3 nœuds du soja pour viser spécifiquement les dicotylédones, et l’antigraminée foliaire sera à réaliser environ 7 jours plus tard sur la cible graminée.
Laura Cipolla (l.cipolla@terresinovia.fr) - AURA & PACA
Implantation
Phase végétative
Auvergne
Rhônes-Alpes
Sud Aquitaine
Est Occitanie
Ouest Occitanie
Maitrise des adventices
Désherbage
Soja
Non
A. Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Terres Inovia
Le soja est une légumineuse qui a la capacité, en s’associant avec une bactérie spécifique, de fixer l’azote de l’air et ainsi pouvoir croitre sans apport d’engrais azotée. Cependant le soja est une plante originaire d’Asie dont le partenaire symbiotique est naturellement absent des sols français.
Une fois installées, les populations de Bradyrhizobium spécifiques du soja survivent en général bien dans les sols, mais il est nécessaire de les amener par inoculation lors d’une première culture dans la parcelle. Cette pratique de l’inoculation est devenue familière des producteurs en parallèle du développement des surfaces.
Afin de mettre toutes les chances de son côté pour obtenir un nombre optimal de nodosités sur le système racinaire, plusieurs conditions doivent être satisfaites :
1) Avoir un inoculum de qualité, sans contaminant, avec une concentration adéquate d’une souche vivante et efficiente de Bradyrhizobium.
2) Réaliser l’inoculation avec précaution, sans eau javélisée, à l’abri de la lumière, et en allant semer en respectant les délais impartis entre inoculation et semis.
3) Réaliser le semis dans des conditions de milieu sans facteur limitant majeur pour la nodulation. Les facteurs limitants principaux de la nodulation sont des erreurs de manipulation, des conditions sèches, et la présence à trop forte concentration d’azote minéral
Pour inoculer une culture de soja, plusieurs techniques sont possibles :
Inocula commercialisés à base de Tourbe
La plus ancienne est l’utilisation d’un inoculum sous forme de tourbe. Chaque sachet de tourbe doit contenir au moins 4.1011 bactéries par sachet, ce qui équivaut à un million de bactéries par graine semée. Le contenu du sachet de tourbe est mélangé aux semences après ajout d’environ un litre d’eau non javélisée ou de lait. Il faut une fois le mélange réalisé et conservé à l’abri de la lumière, semer dans un délai de 4 heures. Cette technique initiale a été complétée par des additifs, le plus souvent liquides osmo-protecteurs permettant de limiter les pertes entre inoculation et semis, et permettant un allongement du délais inoculation / semis.
Fabriquant
Distribution
Produit
Utilisation
Souche
Controle Qualité INRAE
BASF
BASF
NPPL
Max 4h av. semis
G49
Oui
AGRIFUTUR
Ets Gaillard
NITROGEN
Max 4h av. semis
G49
Oui
BASF
BASF
NPPL Force 48
Inoculation/Semis 0-48h
G49
Oui
Inocula commercialisés à base de Tourbe sur micro-granulés d’argile
Face à la difficulté et aux inconvénients de mélanger 100 kg de semences (cases de semences), une autre technique a émergé dans les années 80 en utilisant les micro-granulateurs des semoirs de précision. Il s’agit de mélanger avec le contenu du sachet de tourbe, non pas 100 kg de semences, mais avec 10kgs de micro-granulés d’argile, opération plus facile préservant les semences. Cela aboutit en général à des nodosités mieux réparties sur l’ensemble du système racinaire et moins exposées aux alternances humectation/dessication. On obtient ainsi souvent des nodosités plus régulièrement fonctionnelles avec à l’issue de la culture des gains de rendement et/ou de teneur en protéine.
Fabriquant
Distribution
Produit
Utilisation
Souche
Controle Qualité INRAE
AGRIFUTUR
Ets Gaillard
NITROGEN
Max 4h av. semis
G49
Oui
Inocula commercialisés liquides avec adjuvants
Avec les progrès des microbiologistes pour stabiliser les productions des bactéries, sont apparus sur le marché dans les années 90 des inocula liquides, permettant d’utiliser directement une solution bactérienne sans recours à la tourbe, évitant ainsi les opérations nécessaires de préparation d’un tel support : Broyage, neutralisation et stérilisation. Ces inocula sont utilisés avec un adjuvant servant de colle et de source carbonée pour une meilleure survie sur la graine.
Fabriquant
Distribution
Produit
Utilisation
Souche
Controle Qualité INRAE
RIZOBACTER
De Sangosse
Rhisoliq Top
Jusqu'à 10-12 jours
G49
Oui
Cybele Agro Care
Cerience
Vitalianz R soja
Jusqu'à 2-3 jours
G49
Oui
En termes de perspectives, on constate ces dernières années des efforts faits par les producteurs d’inocula pour augmenter le délai inoculation/semis. Nous sommes passés successivement de 4h à 48h, puis quelques jours. Aujourd’hui des opérateurs ont des AMM pour des durées plus longues. L’objectif à terme est d’avoir la capacité à inoculer des semences en usine avant commercialisation et libérer l’agriculteur de cette contrainte.
Semences pré-inoculées en usine
Parmi les pionniers, BASF qui commercialise le procédé HICOAT, mais avec une concentration en bactéries encore un peu faible par rapport à la norme INRAE (5.105 contre minimum de 106 b/graine).
Fabriquant
Distribution
Produit
Utilisation
Souche
Controle Qualité INRAE
BASF
Distributeurs de semences
HICOAT
Semences pré-inoculées - Ré-inoculation de sécurité
532C
5.105 Bactéries/Grain
La plupart des opérateurs travaillent à avoir la capacité de proposer au marché, des semences pré-inoculées. La tâche est assez ardue. Il faut en effet être capable de maintenir vivantes plus d’un million de bactéries par graine pendant 2 à 3 mois, durée moyenne des opérations entre traitement et ensachage des semences jusqu’au semis. La surface de la graine constitue a priori un environnement hostile à la survie d’une bactérie gram négative qui ne sporule pas. Il faut donc y associer un produit osmo-protecteur qui puisse également fournir une source carbonée pour sa survie.
Lorsque les opérations d’inoculation et de semis sont réalisées dans de bonnes conditions, les nodosités vont apparaitre sur les racines environ un mois après la levée avec des variations selon les températures et la teneur en nitrate du sol. Un nombre de nodosités de l’ordre de 10 au stade V3 est un bon indicateur de réussite. Néanmoins, ceci ne suffit pas pour bénéficier pleinement de la fixation biologique de l’azote. En effet celle-ci est très sensible aux conditions de milieu et plus consommatrice d’énergie pour la plante que l’assimilation du nitrate. Le facteur limitant principal de la fixation biologique est l’alimentation hydrique. En cas de sécheresse, la plante ne va fonctionner que sur l’assimilation de l’azote minéral du sol et sera donc souvent en situation de carence avec des conséquences sur la productivité.
Avec les évolutions réglementaires, à l’échelle de l’Europe, d’autres inocula peuvent être proposés à la vente. Ceux-ci sont fortement déconseillés. Ils reposent soit sur des souches inconnues, soit au contraire connues pour leurs inconvénients. Souvent, Ils ne satisfont pas non plus aux critères de qualité définis et contrôlés par l’INRAE depuis plus de 40 ans.
Tout autre inoculum (Liquifix, Biofix In...) est déconseillé à l'emploi. Ces produits ne possèdent pas de contrôle qualité INRAE et les souches de Bradyrhizobium utilisées sont déconseillées.
Préparation de campagne
Implantation
France entière
Inoculation
Soja
X. Pinochet - Terres Inovia
Le soja cultivé en France est en majorité de type « semi-indéterminé » !
Au cours du temps et selon les pays, on a pu observer 3 types de croissance du soja : déterminé, indéterminé et semi-indéterminé. Avec ces derniers, on observe plusieurs stades de la culture en même temps (par exemple, floraison sur le haut de la plante et formation des gousses en bas) ce qui relève d’un comportement indéterminé. Cependant, quand la plante a cumulé suffisamment de chaleur, elle arrête de produire de nouveaux étages et entre en maturité (comportement déterminé).
Un progrès génétique marqué par des variétés françaises
Grâce au progrès génétique, les variétés du catalogue français ont progressé en rendement et en teneur en protéines (en moyenne : 0,24 q/ha/an et 0,08 % de protéines/an), les deux critères les plus travaillés. La hauteur de première gousse, la tenue à la verse, le PMG et la résistance au sclérotinia ont également été fortement améliorés aux cours des dernières décennies.
Filière soja de France
Sous l’impulsion de l’Interprofession des oléo-protéagineux, 40 000 t de soja certifiés Soja de France ont été récoltées en 2019, amorçant la mise en place d’une filière de production de soja français de qualité reconnue face aux imports concurrentiels et massifs venus des grands pays producteurs, en vue d’une utilisation privilégiée par les utilisateurs français.
L’itinéraire technique en trois points
L’implantation du soja se fera avec une variété dont la précocité est adaptée au territoire. Dans une parcelle bien alimentée en eau et pauvre en calcaire actif, la graine sera semée (monograine ou semoir à céréales) dans un sol réchauffé permettant une levée rapide. Au moment du semis, de l’inoculum à base de rhizobium sera apporté si nécessaire afin de permettre la nutrition azotée de la plante via la fixation d’azote de l’air.
Le désherbage du soja est une étape clé à ne pas négliger. Plante peu couvrante, il convient d’intervenir rapidement, soit avec des stratégies chimique en pré + post levée, soit en combinant le passage d’outils (binage, herse étrille) avec un désherbage chimique. La maîtrise des adventices avec les spécialités disponibles relèvera beaucoup d’un passage ciblé dans les temps sur des adventices jeunes.
La récolte du soja s’anticipe dès le choix de la parcelle afin de permettre une récolte aisée des gousses les plus basses. Eviter les sols caillouteux et rouler au semis si possible. Le choix de variétés à gousses hautes et la maîtrise de l’enherbement faciliteront grandement la récolte qui doit s’effectuer sans attendre dès que les graines « sonnet » dans les gousses
Testez vos connaissances sur le soja
Inoculer le soja est une étape fastidieuse…
FAUX ! Il existe aujourd’hui plusieurs façons d’inoculer sa parcelle de soja. Les producteurs peuvent désormais trouver ce qui convient le plus à leur matériel et à leur disponibilité : produits liquides, sur tourbe ou en micro-granulés, produits qui peuvent s’appliquer sur les graines jusqu’à 45 jours avant semis ou semences certifiées pré-enrobées prêtes à semer.
Le soja ne se cultive que dans le Sud de la France…
FAUX ! Autrefois cantonné au Sud de la France, le soja a vu son aire de culture s’étendre fortement au cours des années. Aujourd’hui, plus de 60% du soja est cultivé au Nord de la Loire ! Des variétés plus précoces et donc plus adaptées à la moitié Nord de la France ont été sélectionnées et leur productivité a fortement augmenté ces dernières décennies.
Les parcelles ne sont pas irrigables, il n’est pas possible de faire du soja…
FAUX ! Les besoins en eau du soja sont modérés à élevés. Sans irrigation, sa culture s’envisage dans des sols à bonne réserve utile. Dans des conditions plus limitantes en eau, le potentiel de la culture peut être dégradé sans forcément remettre en cause son intérêt économique et agronomique dans la rotation.
Le soja est difficile à récolter…
FAUX ! L’agriculteur dispose de plusieurs leviers complémentaires à activer pour récolter facilement les gousses les plus basses du soja : choix variétal, préparation de la parcelle dès le semis, bonne alimentation hydrique de la parcelle, utilisation d’une coupe flexible…
Le soja ne nécessite pas d’azote minéral…
VRAI ! Comme le pois ou la féverole, le soja est une légumineuse. En symbiose avec une bactérie apportée au semis, elle capte l’azote contenu dans l’air. Un apport d’azote pourrait empêcher la mise en place puis le fonctionnement des nodosités racinaires qui permettent cette fixation de l’azote.