Lupin d’hiver : les 7 points-clés de réussite de l’implantation du protéagineux
Terres Inovia a listé les sept facteurs à ne pas négliger pour réussir l’installation de la culture et lui donner toutes ses chances.
Bien que rustique, le lupin d’hiver nécessite une certaine vigilance au moment de l’implantation, étape clé de la réussite de la culture. Celle-ci se prépare dès la récolte du précédent. Tour d’horizon des éléments incontournables pour donner toutes ses chances à la culture.
1) Bien choisir la parcelle
Le lupin d’hiver est une plante rustique, qui nécessite peu d’interventions en cours de campagne si tant est que son implantation soit réussie. Le premier facteur de succès de la culture réside donc dans le choix de la parcelle. En effet, le lupin est une culture exigeante en termes de sol.
Ainsi, doivent être évitées :
- les parcelles hydromorphes. Le lupin est très sensible aux excès d’eau, beaucoup plus que le pois ou la féverole ;
- les parcelles qui présentent un taux de calcaires actifs supérieur à 2,5%. Le calcaire actif bloque le développement du lupin, qui jaunit, reste nain et finit par disparaître ;
- les parcelles qui présentent un fort risque de salissement. Peu de solutions sont homologuées sur lupin, la gestion de l’enherbement est un point sensible de l’itinéraire technique de la culture.
2) Anticiper le risque mouche des semis
La mouche des semis est un des principaux ravageurs du lupin. Attirée par les composés organiques volatils émis par les pailles fraîches en décomposition, la femelle y pond plusieurs centaines d’œufs. Durant les trois semaines qui suivent, la larve alléchée par les graines en germination, peut s’attaquer aux jeunes plantules de lupin. Elle creuse alors des galeries dans les cotylédons, les tigelles et les jeunes pousses, détruisant le germe et provoquant le pourrissement des tissus. La période de risque pour le lupin se situe avant le stade 4 feuilles ; au-delà, les tissus sont assez durs pour résister.
Afin de prévenir le risque mouche, trois leviers doivent être actionnés :
- la gestion des pailles : sitôt la récolte terminée, il est important d’en exporter au maximum afin de limiter la présence de résidus végétaux frais sur la parcelle ;
- la préparation du sol un mois avant le semis afin d’enfouir au maximum les pailles restantes, puis ne plus toucher au sol ;
- semer en travaillant au minimum le sol, dans des conditions ressuyées, à 3 cm maximum de profondeur, afin de favoriser une levée dynamique et atteindre rapidement le stade 4 feuilles.
- Ces leviers permettront également une gestion des limaces, second ravageur problématique pour le lupin.
3) Raisonner le choix variétal
Quatre variétés de lupin d’hiver sont inscrites au catalogue (Orus, Magnus, Ulysse et Angus). Orus et Magnus sont principalement multipliées aujourd’hui. Le choix doit se faire en fonction du débouché envisagé (couleur des graines, teneur en protéines...) ainsi que de la localisation de la parcelle, en considérant les aspects liés à la résistance au froid et la précocité à floraison. Attention à utiliser des graines saines : la principale maladie du lupin, l’anthracnose (Colletotrichum lupini) est transmissible par la semence.
4) Penser à l’inoculum
Contrairement au pois ou à la féverole, le rhizobium spécifique du lupin (Bradyrhizobium lupini) n’est pas naturellement présent dans tous les sols français. Il est donc fortement conseillé d’inoculer une parcelle portant pour la première fois du lupin, afin d’assurer son autonomie azotée. Pour cela, un unique inoculum est accessible en France, Inoculum Lupin NPPL Tourbe, à appliquer sur les semences juste avant le semis.
5) Ne pas tarder à semer
Il est recommandé de semer le lupin sur les deux dernières décades de septembre, l’optimum se situant entre le 10 et le 20 septembre. Dans le Sud-Ouest, les semis peuvent être retardés jusqu’à la mi-octobre. Après ces dates, les jours moins longs et les températures fraîches ralentissent la levée du lupin, qui est ainsi davantage soumis aux ravageurs de début de cycle (mouches, limaces).
L’idéal est de semer dans de bonnes conditions de ressuyage afin de favoriser la mise en place d’un système racinaire solide, et une bonne nodulation.
Ne semer ni trop dense pour limiter le risque de maladie, ni trop profond : 25 à 30 graines/m², à 2-3 cm de profondeur pour un objectif de 20 à 25 plantes par m² en sortie d’hiver.
L’important est de favoriser une levée rapide et homogène, et de dépasser au plus vite le stade de sensibilité à la mouche des semis (avant le stade 4 feuilles).
6) Attention aux ravageurs de début de cycle
Si le lupin est peu soumis aux attaques de ravageurs en cours de culture, il demeure sensible en tout début de cycle, notamment à la mouche, mais également aux limaces, taupins et thrips, qui peuvent causer des dégâts importants. L’application d’un molluscicide à l’implantation peut s’avérer nécessaire.
7) Pas d’impasse sur le désherbage de prélevée
Enfin, un désherbage de prélevée est indispensable. Une unique solution antidicotylédones étant homologuée sur lupin d’hiver en post-levée, le désherbage de prélevée est obligatoire. Il est recommandé d'intervenir au plus près du semis en associant Cent 7 (isoxaben) avec du Centium CS (clomazone) ou du Bismark CS (clomazone et pendiméthaline)
Le désherbage mécanique peut également permettre une bonne gestion des adventices, et offre une solution complémentaire au désherbage chimique. Si le semis est réalisé au semoir à céréales, un passage de herse-étrille peut être envisagé 3 à 5 jours après le semis. Plus efficace, l’utilisation de la bineuse quand le semis le permet, entre les stade 4 feuilles et début floraison, permet une bonne gestion des adventices en post-levée du lupin.
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Pour aller plus loin Terres Inovia propose un guide de culture complet du lupin |
Contact : B. Remurier, b.remurier@terresinovia.fr
Et pour relire l'article dans Arvalis & Terres Inovia infos, c'est ici.
Arsène : accompagner le développement de la filière lupin
Le projet Arsène, qui a démarré en 2024, ambitionne de développer la filière de lupin blanc. Focus sur cette légumineuse à graines riches en protéines et sur le rôle de Terres Inovia dans ce projet.
Dans un contexte de transition agroécologique et alimentaire favorable à l’émergence d’une nouvelle filière protéique, la culture du lupin est pleine de promesses. Fixatrice d’azote atmosphérique, sa graine est, en outre, riche en protéines.
- Retrouvez nos conseils techniques sur le lupin d'hiver et le lupin de printemps
Objectif : 25 000 ha de surfaces
Mais, avec 5 000 hectares de surface, cette espèce est encore très minoritaire dans les assolements. Pour la rendre plus attractive auprès des agriculteurs, un projet, Arsène, a vu le jour en 2024.
Piloté par Cérience, et impliquant notamment le groupe Terrena, ancré dans le Grand Ouest de la France, Arsène ambitionne d’atteindre 25 000 ha de surfaces, soit 75 000 tonnes produites annuellement, avec un objectif de rendement moyen de 30 q/ha.
Pour cela, le projet s’attachera à faire progresser la création variétale, les connaissances en conduite agronomique, et à accompagner la possibilité d’atteindre trois grands marchés rémunérateurs innovants : la nutrition animale, l’alimentation humaine et la cosmétique.
Des leviers agronomiques travaillés par Terres Inovia
Ce projet, qui va de l’amont à l’aval de la production, mobilise Terres Inovia. « Nos travaux vont se concentrer sur les leviers agronomiques pour améliorer la productivité de lupin et, surtout stabiliser son rendement, en visant 30q/ha », explique Agathe Penant, ingénieure de développement de Terres Inovia.
Comment ? « En construisant des itinéraires techniques pour rendre le lupin moins sensible aux bioagresseurs, et en communiquant largement sur les leviers de robustesse accessibles via des formations, des animations de terrain… », répond-elle.
Parmi les leviers possibles, le travail initié sur l’optimisation de la densité de semis va permettre « d’équilibrer les risques entre un excès de végétation favorisant les maladies et un sol trop exposé laissant place aux adventices », renchérit Agathe Penant.
La qualité des graines de tournesol, soja, pois chiche, lentille et lupin décryptée
Terres Univia et Terres Inovia analysent chaque année la qualité des graines oléagineuses et des plantes riches en protéines récoltées en France dans le cadre de l’Observatoire de la qualité des graines piloté par l’Interprofession et mis en œuvre par l’Institut technique avec la collaboration d’organismes stockeurs qui fournissent des échantillons. Retrouvez les dernières fiches sur la qualité des graines publiées.
Ce travail collaboratif se concrétise par des fiches de synthèse dédiées aux principaux critères de qualité des dernières graines récoltées (teneur en huile, en protéines, aspect visuel, etc.). Pour la récolte 2023, les fiches sur la qualité des graines de tournesol, soja, pois chiche, lentille et lupin sont à présent disponibles. Elles complètent les fiches qualités des graines de colza, pois et féverole mises en ligne précédemment.
Fiche qualité des graines de lupin
La teneur en eau de la récolte atteint en moyenne 14,6% tandis que la teneur moyenne en protéines est de 39,8% de la matière sèche, l’une des meilleures teneurs enregistrées sur les sept dernières années. Les graines ayant été récoltées dans des conditions plutôt sèches, aucun échantillon ne présente de graines germées. Les échantillons présentant des graines cassées ou splittées sont moins nombreux qu’en 2022.
Fiche qualité des graines de tournesol
Le taux moyen d’impuretés de la récolte 2023 est de 3,3%, un niveau légèrement supérieur à la moyenne quinquennale. Les conditions sèches et chaudes de fin de cycle ont limité la teneur moyenne en eau à 6,7%. La teneur en huile moyenne est de 44,4% aux normes, en légère hausse par rapport à 2022. La teneur moyenne en protéines se situe à 15,6% de la matière sèche, en légère baisse par rapport à 2022.
Fiche qualité des graines de soja
La récolte 2023 a eu un bon rendement en soja (25 q/ha) qui a permis le maintien de la production malgré une baisse des surfaces, une qualité des graines dans la moyenne et une forte hétérogénéité territoriale. La qualité des graines est dans la moyenne : un taux moyen d’impuretés à 0,7%, une teneur moyenne en eau à 11,9%, une teneur en protéines moyenne de 42,7 % de la matière sèche, et une teneur en huile moyenne de 21,3 % de la matière sèche.
Fiche qualité des graines de lentille
Les poids de mille grains (PMG) de la récolte de lentille 2023 sont très homogènes entre les bassins de productionavec une moyenne de 27,2 g et un écart-type de 3,8 g.
L’homogénéité des PMG, autour d’une valeur satisfaisante pour la filière, distingue cette récolte des deux précédentes. Les calibres sont de manière générale très homogènes entre zones de production.
Fiche qualité des graines de pois chiche
La campagne 2023 a été caractérisée par de très fortes hétérogénéités entre les bassins de production. La teneur en eau moyenne des échantillons pour l’année 2023 est dans la moyenne (11,6%). La teneur en protéines est hétérogène selon les zones.
A consulter et télécharger aussi...
La qualité des graines de pois
La qualité des graines de féverole
La qualité des graines de colza
Retrouvez les webinaires "les jeudis de TI" sur la qualité des graines de lentille, pois chiche et lupin
Retrouvez les webinaires "Les jeudis de TI" sur le tournesol et le colza"
Documents à télécharger
Protection des semences de graines protéagineuses (pois, féverole et lupin) : situation à date et perspectives
Qualité des graines : découvrez les analyses pour le soja, le lupin et le tournesol
Le guide de culture lupin bio et conventionnel 2022 est disponible
Salon de l’herbe et des fourrages : une vitrine pour Cap Protéines
Visite terrain lupin-pois-féverole (49)
Visite LUPIN du 5 mai 2021 : Belle plateforme !
L’interculture et le pois
Implanter une légumineuse est possible
Toutes les légumineuses n’ont pas le même comportement vis-à-vis d’Aphanomyces euteiches.
1. parcelle de lupin – 2. Parcelle de pois chiche
Si le pois est très sensible au champignon responsable de la pourriture de ses racines, d’autres cultures sont plus tolérantes. Le lupin, le pois chiche ou le fénugrec sont des espèces « non hôtes » ; la féverole et le soja sont hôtes mais très résistants au pathogène ; la majorité des variétés de trèfle sont très résistantes. Ces 6 cultures peuvent être cultivées sur des parcelles infestées, et trouvent donc leur place en interculture avant le pois (mais aussi dans une rotation avec du pois), car elles ne sont pas susceptibles de multiplier Aphanomyces euteiches.
Proscrire, en revanche, les cultures sensibles et multiplicatrices du pathogène telles que : la lentille, la gesse, certaines variétés de vesce et de trèfle blanc. La luzerne est sensible en conditions contrôlées, mais pas en plein champ. Par mesure de précaution, mieux vaut éviter tout de même de la cultiver.
En raison d'autres maladies racinaires, il est préférable d'éviter les légumineuses en interculture avant un protéagineux.
Gérer les résidus de récolte
Broyer les pailles du précédent avant pois d’hiver.
Si un seul déchaumage peut suffire, deux déchaumages superficiels permettent de les enfouir et favorisent leur dégradation en les mettant en contact avec le sol. Réaliser le second passage (faux-semis) avec un outil à dents afin de détruire les adventices (vulpin, brome...).
En situation infestée de vivaces, déchaumer 10 jours après une application d’herbicide total (à réaliser en conditions poussantes et sur sol humide).
- Avant pois de printemps, l’interculture est suffisamment longue pour permettre une bonne décomposition des pailles. Le broyage est inutile.
- Avant un pois de printemps ou un pois d’hiver, répartir les pailles de céréales (décomposées et/ou broyées) dans la parcelle pour éviter d’encombrer le lit de semences.
Sinon, elles peuvent gêner la mise en place des graines à la bonne profondeur, être un obstacle à la levée du pois, et avoir tendance à limiter le terrage du semoir (profondeur du semis insuffisante).
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