Gestion des ravageurs secondaires sur colza
Le colza est une espèce intéressante pour de nombreux insectes, nuisibles ou non. Certaines années des insectes qui ne s’attaquent pas spécifiquement au colza peuvent engendrer des dégâts mais ces attaques sont souvent conjoncturelles et liés aux conditions climatiques spécifiques de l’année.
Gestion des taupins (Agriotes sp.)
Fréquence : faible
Nuisibilité : moyenne
Depuis une quinzaine d’années, on assiste à une recrudescence des attaques de taupins sur de nombreuses cultures. Des cas sont signalés sur colza bien que cette culture ne soit pas connue comme sujette aux attaques. Les problèmes sont plus présents dans le Sud-Ouest de la France et beaucoup plus localement en Bretagne, Basse-Normandie, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes ou encore Rhône-Alpes. Les causes pour expliquer ces attaques ne sont pas clairement établies mais pourraient être liés à l’évolution de certaines pratiques ou à de nouvelles populations de taupins à cycle de développement plus court.
Description : Les taupins sont des coléoptères d’environ 2 cm de couleur brune. Les adultes ne sont pas nuisibles contrairement aux larves. Celles-ci, d’aspect filiforme et luisant, sont de teinte jaune-orangé et présentent 3 discrètes paires de pattes.
Dégâts : Les larves s’attaquent à l’appareil racinaire. Les plantules s'étiolent et les pieds disparaissent progressivement.
Gestion : Afin de ne pas confondre ces attaques avec celles de noctuelles ou de limaces, vérifier la présence de larves dans le sol.
Deux microgranulés TRIKA PERFECTR et TRIKA SUPERR sont autorisés en traitement du sol en application dans la raie de semis contre les ravageurs du sol du colza.
Pour protéger les organismes aquatiques et les oiseaux, les microganulés doivent être entièrement incorporés dans le sol, à une profondeur minimum de 4 cm (donc sans diffuseur). S'assurer que le produit est également incorporé en bout de sillons et récupérer tout produit accidentellement répandu. (SPe2, SPe5 et SPe6)
- SPe 2 : Pour protéger les organismes aquatiques, le produit doit être entièrement incorporé dans le sol à une profondeur minimum de 4 cm.
- SPe 5 : Pour protéger les oiseaux, le produit doit être entièrement incorporé dans le sol; s'assurer que le produit est également incorporé en bout de sillons.
- SPe 6 : Pour protéger les oiseaux, récupérer tout produit accidentellement répandu.
Gestion des noctuelles terricoles (Agrostis ipsilon et Agrostis segetum)
Fréquence : faible (en progression), difficilement prévisible
Nuisibilité : faible à moyenne
Description : Les noctuelles sont des papillons nocturnes de couleur gris/brun. Les chenilles sont de gros vers gris pouvant atteindre plusieurs centimètres et ayant tendance à s’enrouler quand elles sont dérangées.
Dégâts : Les larves de noctuelle rongent le collet de jeunes plantules de colza, entraînant leur étiolement. Les attaques, difficilement prévisibles se font souvent par zone dans les parcelles. L’accumulation des dégâts peut s’arrêter spontanément lorsque la chenille termine son développement.
Gestion : Afin de ne pas confondre ces attaques avec celles des taupins ou de limaces, rechercher les larves dans les premiers centimètres du sol. En cas d’attaque, intervenir rapidement dès les premiers dégâts avec un traitement à base de cyperméthrine (uniquement Sherpa 100 EW, Aphicar 100 EW, Cyperfor 100 EW, Scipio 100 EW) avec un volume de bouillie important (500 l/ha), de préférence le soir car l’activité de ces insectes est nocturne. Si la parcelle est à risque taupins, l’application de TRIKA PERFECTR ou TRIKA SUPERR aura aussi une efficacité sur noctuelles terricoles (source ephy). A incorporer à une profondeur minimum de 4 cm, donc sans diffuseur.
Gestion de la mouche du chou (Delia radicum)
Fréquence : faible à moyenne
Nuisibilité : faible à moyenne
La mouche du chou est un insecte qui se développe aux dépens de nombreuses crucifères. Même si elle semble encore peu ou moyennent fréquente sur la plupart des régions, les attaques ont augmenté ces dernières années et sont régulièrement constatées dans les Hauts-de-France, le Grand-Est, la Normandie, l’Ile-de-France, la région Centre-Val-de-Loire.
Description : L’adulte ressemble à une mouche commune et est difficilement identifiable. Les larves sont des asticots de 2 à 8 mm que l’on observe sur les racines.
Dégâts : La mouche du chou pond au collet des plantes. Les asticots rongent le pivot dans des galeries ouvertes mais parfois profondes. Si les pivots sont sectionnés (sur des colzas peu développés), le rendement peut être fortement affecté.
Gestion : Une implantation de qualité favorise le développement des pivots et limite la gravité des attaques. Aucun moyen de lutte insecticide n'est disponible actuellement.
Cette espèce est régulée par de nombreux auxiliaires : les carabes et les staphylins qui dévorent les œufs, les hyménoptères parasitoïdes qui détruisent les pupes, les champignons entomopathogènes qui tuent les adultes ou les rendent stériles.
Gestion des tenthrèdes de la rave (Athalia rosea)
Fréquence : faible à moyenne
Nuisibilité : faible à moyenne
Description : L’adulte est un hyménoptère de 6 à 8 mm, au corps et appendices noirs. Son abdomen de couleur vive est jaune-orangé. La larve est une fausse chenille, de couleur gris-noir. Elle présente une bande longitudinale plus ou moins claire de chaque côté du corps et mesure entre 20 et 50 mm lors de son dernier stade de développement.
Dégâts : Les œufs sont insérés dans les bordures des cotylédons. Après s'être développées sans occasionner de dégâts très visibles, les larves devenues âgées se mettent à dévorer le limbe des feuilles en laissant les nervures.
Gestion : Les adultes peuvent être capturés en nombre dans les cuvettes mais cela ne présage en rien sur le niveau d’attaque par les larves.
En cas de forte infestation larvaire, une dégradation rapide du feuillage peut être observée (évolution visible à l'œil nu, au jour le jour). Une intervention peut alors être nécessaire.
Attention : les attaques cessent d'elles-mêmes assez brutalement (les larves en fin de développement se réfugient dans le sol pour l'hiver)
| Stade sensible | Observation | Déclenchement de vols | Seuil indicatifs |
| De la levée au stade 6 feuilles inclus | Observation des larves sur les plantes | Automne chaud et sec | ¼ de la surface foliaire consommé |
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Les ravageurs du colza sont tous régulés par de nombreux auxiliaires. Limiter les traitements insecticides autant que possible. Si un traitement se justifie, sur les insectes résistants, utiliser des produits efficaces au risque d’engendrer des pullulations d’insectes. Pour en savoir plus sur ces organismes, consulter l’article sur les auxiliaires. |
Afin de quantifier la fréquence et la nuisibilité des ravageurs d’automne secondaires du colza et anticiper d’éventuelles problèmes de gestion dans les années à venir, une enquête sera mise en ligne fin septembre.
Petit guide pratique des ravageurs du colza
Conçus pour être glissés dans la poche, les petits guides pratiques proposent des fiches pour reconnaître insectes et maladies des cultures et leurs dégâts.
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Colza, de nouvelles stratégies pour limiter l’usage des insecticides
Face à la résistance des ravageurs aux pyréthrinoïdes, et au retrait de molécules, il est nécessaire de mettre en œuvre des pratiques visant la robustesse de la culture, mais également de favoriser la régulation naturelle des ravageurs par les auxiliaires des cultures.
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Les stades repères du lin
Gestion en cours de campagne des grosses altises adultes (altises d’hiver)
OAD "Estimation du risque lié aux altises adultes"Cet outil vise à estimer le risque lié aux prélèvements foliaires par les altises des crucifères et altises d’hiver adultes, pour des levées avant le 1er octobre. |
Fréquence: forte
Nuisibilité : forte (avant le stade 4 feuilles)
Biologie
L’altise d’hiver aussi appelée grosse altise (Psylliodes chrysocephala) est un gros coléoptère « sauteur » de 3 à 5 mm. Il présente un corps noir et brillant avec des reflets bleus métalliques sur le dos. Les extrémités des pattes, des antennes et de la tête sont roux dorés.
Cet insecte, fréquent et très nuisible, occasionne des morsures circulaires, perforantes ou non de quelques millimètres dans les cotylédons et les jeunes feuilles (dégâts identiques aux petites altises).
Gestion
La lutte insecticide contre les altises adultes doit se raisonner à la parcelle et ne s’envisager que si la survie de la culture est menacée, du stade cotylédons jusqu’au stade à 3-4 feuilles du colza, c’est-à-dire si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée.
La meilleure parade est la mise en œuvre de tous les leviers permettant d’assurer une levée précoce de la culture pour atteindre 3-4 feuilles à l’arrivée des grosses altises, seuil au-delà duquel les plantes supportent les prélèvements foliaires (sauf plantes chétives).
Les captures dans les cuvettes jaunes (position enterrée) servent à détecter l’arrivée puis l’activité des altises d’hiver. Les pièges jaunes ne sont pas un outil de décision de traitement. C’est l’observation très régulière, à la parcelle, de l’état du colza entre les stades cotylédons et 3-4 feuilles étalées qui guide le raisonnement. Observer au crépuscule, ou mieux, dans l’obscurité si les altises sont actives.
| Stade sensible | Piégeage | Déclenchement des vols | Seuil indicatif |
| De la levée au stade 3 feuilles inclus |
Cuvette jaune enterrée Surveiller les attaques sur plantules quotidiennement |
Chute puis remontée des températures maximales journalières au-dessus de 20°C Vols autour du 20 septembre (variable selon les régions) |
8 pieds sur 10 avec morsures ET 25% de surface foliaire consommé * Les stades les plus jeunes sont les stades les plus sensibles. Cas particulier du Sud-Ouest : 3 pieds sur 10 avec morsures SI levée après le 1er octobre. |
* Plus qu’un seuil basé sur le % de plantes avec morsures et le % de surface foliaire détruite, ce sont la vitesse d’accumulation des dégâts et la vitesse de croissance de la culture qui pris en compte quasiment quotidiennement permettent de bien appréhender ce risque altises adultes.
Afin de faciliter la prise en compte de ces différents critères et la dynamique de croissance du colza, un OAD est disponible en ligne Consulter l’outil « Colza Risque Ravageurs ».
<25% surface foliaire consommée - >25% de surface foliaire consommée
Le recours aux insecticides doit tenir compte du statut de résistance connu ou suspecté (cf.carte).
Etat des résistances des populations d’altises d’hiver : les pyréthrinoïdes restent efficaces contre la grosse altise sur une grande partie du territoire (partie en orange et hachuré) – mise à jour juillet 2024.
Si une intervention est nécessaire :
- Pour les régions à forte résistance généralisée aux pyréthrinoïdes (secteur rouge), la seule stratégie de gestion passe par un semis et une levée précoce.
- Dans les secteurs où les résistances fortes ne sont pas généralisées (en jaune ou hachuré), intervenir avec un pyréthrinoïde en soirée (adulte actif en début de nuit). Cette intervention précoce sur les adultes n’aura que peu d’impact sur les infestations larvaires de novembre. Privilégier l’application d’une pyréthrinoïde classique (lambdacyhalothrine, deltaméthrine et cyperméthrine). En effet, si 3-4 jours après application, l’étofenprox est comparable aux pyréthrinoïdes classiques pour limiter les dégâts d’adulte, à 7 jours il est inférieur. L’esfenvalérate est déconseillé (inférieur aux pyréthrinoïdes classiques à 3-4 jours et à 7 jours).
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Les ravageurs du colza sont tous régulés par de nombreux auxiliaires. Limiter les traitements insecticides autant que possible. Si un traitement se justifie, sur les insectes résistants, utiliser des produits efficaces au risque d’engendrer des pullulations d’insectes. Pour en savoir plus sur ces organismes, consulter l’article sur les auxiliaires. |
Pour en savoir plus sur l'état des résistances.
Insectes ravageurs : caractérisation de la sensibilité aux pyréthrinoïdes
Détermination de la sensibilité à la lambda-cyhalothrine de populations de grosses altises, de petites altises, de méligèthes, de différentes espèces de charançons du colza, et de différentes espèces de bruches (de la féverole, du pois ou de la lentille).
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Colza, de nouvelles stratégies pour limiter l’usage des insecticides
Face à la résistance des ravageurs aux pyréthrinoïdes, et au retrait de molécules, il est nécessaire de mettre en œuvre des pratiques visant la robustesse de la culture, mais également de favoriser la régulation naturelle des ravageurs par les auxiliaires des cultures.
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Insectes ravageurs : caractérisation de la résistance aux pyréthrinoïdes par mutation kdr
Recherche par analyse moléculaire de mutations sur le gène du canal sodium responsables de baisse d’efficacité des pyréthrinoïdes chez des populations de grosses altises, de méligèthes, de différentes espèces de charançons du colza ou de bruches de la féverole.
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Les stades repères du chanvre
Les stades repères du soja
Comment prévenir puis gérer les attaques de grosses altises adultes ?
La grosse altise fait parler d'elle ces dernières années. L'implantation du colza joue un rôle primordial dans la gestion du risque de ce ravageur. Une bonne croissance du colza à l'automne (levée rapide, bonne dynamique de développement) conduit à une sensibilité plus faible voire nulle face aux ravageurs, notamment la grosse altise, grâce à l'évitement ou à une compensation des dégâts. Il est néanmoins nécessaire de suivre la présence de la grosse altise (cuvette jaune) surtout dans le cas de levées difficiles et tardives où le colza peut être mis en péril.
Petit guide pratique
des ravageurs du colza
Conçus pour être glissés dans la poche, les petits guides pratiques proposent des fiches pour reconnaître insectes et maladies des cultures et leurs dégâts.
AcheterLes stades repères du colza
Les stades repères du tournesol
Les stades repères du lupin
Un stade est atteint lorsque 50 % des plantes sont à ce stade, sauf la levée (80 % des plantes sont levées). Echelle BBCH.
Dessins : Terres Inovia
Semis du colza : Les atouts du semoir monograine
Des levées plus rapides et régulières avec un semoir monograine
Comparaison de semoirs en conditions sèches : les colzas semés au semoir monograine sont au stade cotylédons – 1ère feuille lorsque les colzas semés au semoir à céréales sont en cours de levée. Le peuplement est plus régulier avec le semoir monograine.
(Essai Terres Inovia - Morville sur Seille (54) - automne 2012)
- Régularité de la position de la graine en profondeur et bon rappui de la ligne de semis : levée plus rapide et homogène
- Contrôle de l'espacement des graines sur la ligne : optimisation des capacités de compensation du colza
- Écartement entre rangs qui permet le binage
- Économie de semences.
Conditions de mise en œuvre :
- Ne pas dépasser 50cm d’écartement en sols superficiels
- En sols moyen à profond, les écartements de 45-50cm (semoirs à betterave ou tournesol) sont optimums
- Les écartements type maïs (jusqu’à 80cm) sont à réserver aux sols profonds à bonne disponibilité en eau et en azote
- Dans tous les cas : adapter les densités de semis pour contrôler le nombre de plantes sur le rang (ne pas dépasser 15 plantes par mètre linéaire)