Les pièges à insectes du colza
Céline Robert, chargée d'études ravageurs des cultures et faune auxiliaire chez Terres Inovia présente les différents pièges à insectes disponibles pour estimer les risques liés aux principaux ravageurs du colza durant toute la campagne.
Voici les méthodes présentées dans cette vidéo :
- la cuvette jaune
- la méthode berlèse
- la tente malaise
- la tente à émergence
- le filet fauchoir
- le pot barber
La cuvette jaune, le piège incontournable pour détecter l’arrivée des ravageurs du colza
La cuvette jaune a été développée au début des années 50 en Allemagne. Sur colza, parmi tous les pièges testés, la cuvette s’est révélée la plus pratique d’utilisation et la plus fiable. Cependant, elle doit être positionnée avec soin pour être efficace.
Mise en activité
A l’automne, positionner les pièges dès le semis. Une cuvette enterrée et une cuvette sur végétation sont nécessaires.
Au printemps, les pièges doivent être opérationnels dès la fin janvier pour capter les premiers vols d’insectes. Seules les cuvettes sur végétation sont nécessaires et efficaces.
Hauteur du piège
En fonction du ravageur ciblé, la cuvette peut être en position enterrée ou sur végétation :
- Enterrée : ce positionnement est le plus efficace pour l’altise d’hiver (ou grosse altise) qui se déplace par petits sauts au niveau du sol et qui n’est pas attirée par le jaune (contrairement aux altises des crucifères). Creuser un trou pour positionner la cuvette de telle sorte que le bord de la cuvette soit au niveau du sol.
- Sur végétation : les autres coléoptères ravageurs du colza sont attirés par la couleur jaune. La cuvette doit donc rester bien visible pour être efficace. Au semis, positionner la cuvette sur le sol puis la remonter au fil de la campagne afin que le fond du piège soit à la hauteur de la végétation.
Positionnement des pièges dans la parcelle
Positionner la cuvette à au moins 10 mètres de la bordure, si possible proche d’un ancien champ de colza. Lors de la mise au point du piège, les résultats ont montré que les captures étaient plus faibles lorsque le piège était trop proche de la bordure.
Entretien du piège et fréquence du relevé
- Remplir la cuvette d’un litre d’eau et de quelques gouttes de produit vaisselle sans odeur. Ce produit empêche les insectes de flotter.
- Relever les cuvettes au moins une fois par semaine. Filtrer les insectes (avec un chinois par exemple) et les laisser sécher pour les identifier plus facilement.
- Régulièrement, changer l’eau, nettoyer le fond de la cuvette pour qu’elle reste attractive et remonter le piège à hauteur de la végétation afin que le piège reste bien visible.
Astuce : pour faciliter l’entretien du piège, laisser un bidon d’eau additionnée de quelques gouttes de mouillant à proximité dans la parcelle.
Interprétation des piégeages
Attention, le nombre de captures n’est pas directement corrélé au nombre d’insectes réellement présent dans la parcelle et encore moins aux dégâts potentiels.
Les captures sont liées aux conditions climatiques (température, vent, ensoleillement) : les insectes se déplacent plus et sont donc davantage piégés lorsque les conditions sont favorables. Une cuvette mal positionnée pour des raisons parfois difficiles à identifier peut se révéler inefficace. La mise en place de réseaux de piégeages apporte une vraie plus-value et fiabilise les observations. Les réseaux de cuvettes servent notamment pour l’établissement des BSV (bulletin de santé du végétal).
L’interprétation des relevés de piégeage est qualitative :
- Cuvette enterrée : le nombre de captures dépend du nombre d’insectes présents mais également de leur activité, c’est-à-dire de leur capacité à se déplacer. Les piégeages des altises d’hiver doivent s’interpréter en tant que présence/absence des insectes dans la parcelle.
- Cuvette sur végétation : ces pièges sont surtout efficaces lorsque les insectes arrivent dans les parcelles. Une fois les insectes bien installés dans le couvert, ils ne sont généralement plus piégés. Ces pièges permettent donc de détecter les vols de ravageurs.
En complément des piégeages, l’observation sur plantes est nécessaire pour prendre la décision d’intervenir ou non.
Petit guide pratique
des ravageurs du colza
Conçus pour être glissés dans la poche, les petits guides pratiques proposent des fiches pour reconnaître insectes et maladies des cultures et leurs dégâts.
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Xenostrongylus sp.
Biologie
Cet insecte ressemble à un méligèthe « poilu » de grande taille (2.8 à 3.8 mm). Il a été observé en premier lieu dans les Yvelines en 2009 puis dans la Marne autour de Chalons en Champagne. Cet insecte semble en expansion puisqu’il a été observé dans de nouveaux secteurs ces dernières années.
Cet insecte est actuellement considéré comme peu nuisible mais est à surveiller. Une enquête est actuellement en ligne pour connaître sa répartition exacte. Les résultats en temps réels sont disponibles ici.
Source : Chapelin-Viscardi J.D., Bouyon H., Moncoutier B. 2018. Les espèces du genre Xenostrongylus Wollaston, 1854 de France métropolitaine (Coleoptera Nitidulidae). L’Entomologiste. 74(4) : 245-249.
Présence d'un Xenostrongylus deyrollei sur boutons de colza
L'adulte peut être observé dans les cuvettes jaunes ou sur les plantes, sur une plage un peu décalée par rapport aux méligèthes : premières manifestations plus tardives, et présence possible jusqu'au-delà de la floraison. Les larves (mineuses) et symptômes peuvent être observés ensuite sur les feuilles et pourraient être à l'origine de chutes brutales de feuilles.
Larves de Xenostrongylus sp. sur feuilles de colza
Les symptômes sont assez caractéristiques avec la présence de petites tâches blanches sur le bord des feuilles.
Pour en savoir plus : se référer à la fiche BSV – Annexe XI.
Gestion en cours de campagne des grosses altises adultes (altises d’hiver)
OAD "Estimation du risque lié aux altises adultes"Cet outil vise à estimer le risque lié aux prélèvements foliaires par les altises des crucifères et altises d’hiver adultes, pour des levées avant le 1er octobre. |
Fréquence: forte
Nuisibilité : forte (avant le stade 4 feuilles)
Biologie
L’altise d’hiver aussi appelée grosse altise (Psylliodes chrysocephala) est un gros coléoptère « sauteur » de 3 à 5 mm. Il présente un corps noir et brillant avec des reflets bleus métalliques sur le dos. Les extrémités des pattes, des antennes et de la tête sont roux dorés.
Cet insecte, fréquent et très nuisible, occasionne des morsures circulaires, perforantes ou non de quelques millimètres dans les cotylédons et les jeunes feuilles (dégâts identiques aux petites altises).
Gestion
La lutte insecticide contre les altises adultes doit se raisonner à la parcelle et ne s’envisager que si la survie de la culture est menacée, du stade cotylédons jusqu’au stade à 3-4 feuilles du colza, c’est-à-dire si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée.
La meilleure parade est la mise en œuvre de tous les leviers permettant d’assurer une levée précoce de la culture pour atteindre 3-4 feuilles à l’arrivée des grosses altises, seuil au-delà duquel les plantes supportent les prélèvements foliaires (sauf plantes chétives).
Les captures dans les cuvettes jaunes (position enterrée) servent à détecter l’arrivée puis l’activité des altises d’hiver. Les pièges jaunes ne sont pas un outil de décision de traitement. C’est l’observation très régulière, à la parcelle, de l’état du colza entre les stades cotylédons et 3-4 feuilles étalées qui guide le raisonnement. Observer au crépuscule, ou mieux, dans l’obscurité si les altises sont actives.
| Stade sensible | Piégeage | Déclenchement des vols | Seuil indicatif |
| De la levée au stade 3 feuilles inclus |
Cuvette jaune enterrée Surveiller les attaques sur plantules quotidiennement |
Chute puis remontée des températures maximales journalières au-dessus de 20°C Vols autour du 20 septembre (variable selon les régions) |
8 pieds sur 10 avec morsures ET 25% de surface foliaire consommé * Les stades les plus jeunes sont les stades les plus sensibles. Cas particulier du Sud-Ouest : 3 pieds sur 10 avec morsures SI levée après le 1er octobre. |
* Plus qu’un seuil basé sur le % de plantes avec morsures et le % de surface foliaire détruite, ce sont la vitesse d’accumulation des dégâts et la vitesse de croissance de la culture qui pris en compte quasiment quotidiennement permettent de bien appréhender ce risque altises adultes.
Afin de faciliter la prise en compte de ces différents critères et la dynamique de croissance du colza, un OAD est disponible en ligne Consulter l’outil « Colza Risque Ravageurs ».
<25% surface foliaire consommée - >25% de surface foliaire consommée
Le recours aux insecticides doit tenir compte du statut de résistance connu ou suspecté (cf.carte).
Etat des résistances des populations d’altises d’hiver : les pyréthrinoïdes restent efficaces contre la grosse altise sur une grande partie du territoire (partie en orange et hachuré) – mise à jour juillet 2024.
Si une intervention est nécessaire :
- Pour les régions à forte résistance généralisée aux pyréthrinoïdes (secteur rouge), la seule stratégie de gestion passe par un semis et une levée précoce.
- Dans les secteurs où les résistances fortes ne sont pas généralisées (en jaune ou hachuré), intervenir avec un pyréthrinoïde en soirée (adulte actif en début de nuit). Cette intervention précoce sur les adultes n’aura que peu d’impact sur les infestations larvaires de novembre. Privilégier l’application d’une pyréthrinoïde classique (lambdacyhalothrine, deltaméthrine et cyperméthrine). En effet, si 3-4 jours après application, l’étofenprox est comparable aux pyréthrinoïdes classiques pour limiter les dégâts d’adulte, à 7 jours il est inférieur. L’esfenvalérate est déconseillé (inférieur aux pyréthrinoïdes classiques à 3-4 jours et à 7 jours).
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Les ravageurs du colza sont tous régulés par de nombreux auxiliaires. Limiter les traitements insecticides autant que possible. Si un traitement se justifie, sur les insectes résistants, utiliser des produits efficaces au risque d’engendrer des pullulations d’insectes. Pour en savoir plus sur ces organismes, consulter l’article sur les auxiliaires. |
Pour en savoir plus sur l'état des résistances.
Insectes ravageurs : caractérisation de la sensibilité aux pyréthrinoïdes
Détermination de la sensibilité à la lambda-cyhalothrine de populations de grosses altises, de petites altises, de méligèthes, de différentes espèces de charançons du colza, et de différentes espèces de bruches (de la féverole, du pois ou de la lentille).
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Colza, de nouvelles stratégies pour limiter l’usage des insecticides
Face à la résistance des ravageurs aux pyréthrinoïdes, et au retrait de molécules, il est nécessaire de mettre en œuvre des pratiques visant la robustesse de la culture, mais également de favoriser la régulation naturelle des ravageurs par les auxiliaires des cultures.
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Insectes ravageurs : caractérisation de la résistance aux pyréthrinoïdes par mutation kdr
Recherche par analyse moléculaire de mutations sur le gène du canal sodium responsables de baisse d’efficacité des pyréthrinoïdes chez des populations de grosses altises, de méligèthes, de différentes espèces de charançons du colza ou de bruches de la féverole.
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Comment prévenir puis gérer les attaques de grosses altises adultes ?
La grosse altise fait parler d'elle ces dernières années. L'implantation du colza joue un rôle primordial dans la gestion du risque de ce ravageur. Une bonne croissance du colza à l'automne (levée rapide, bonne dynamique de développement) conduit à une sensibilité plus faible voire nulle face aux ravageurs, notamment la grosse altise, grâce à l'évitement ou à une compensation des dégâts. Il est néanmoins nécessaire de suivre la présence de la grosse altise (cuvette jaune) surtout dans le cas de levées difficiles et tardives où le colza peut être mis en péril.
Petit guide pratique
des ravageurs du colza
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