VELCO-A : un champignon pour contrôler l’altise du colza ?
Après trois ans de travaux dans le cadre du Plan de sortie du phosmet, BASF, en partenariat avec Terres Inovia et INRAE, fait le bilan du projet Velco-A : des résultats prometteurs en laboratoire mais non concluants au champ.
Les champignons entomopathogènes, tels que Beauvaria Bassiana, sont connus pour leur capacité à parasiter et tuer certains insectes, constituant des candidats idéals pour le développement de solutions de biocontrôle.
C’est dans cet objectif, que le projet VELCO-A a été conçu. Porté par BASF, en partenariat avec INRAE et Terres Inovia et financé par Sofiprotéol avec les cotisations interprofessionnelles (CVO) de la filière des huiles et protéines végétales, il visait, dans le cadre du Plan de sortie du phosmet (2022-2025), à identifier les conditions d’utilisation et le potentiel d’un champignon pour réduire durablement les émergences d’altises du colza.
Des résultats prometteurs lors des tests en laboratoire
En 2023, les travaux en laboratoire conduits par INRAE ont confirmé la capacité du champignon B. Bassiana à infecter les larves d’altises. De plus, ce champignon présente une bonne capacité à s’installer dans les sols et y survivre avec une tolérance aux variations de température (de 4 à 22°C) sous réserve de l’absence d’excès d’humidité. Ces conditions sont appropriées à celles observées au moment de l’application sur le terrain.
Des acquis méthodologiques aux champs
En 2023 et 2024, un vaste réseau de 19 essais* a été conduit par les expérimentateurs de Terres Inovia et de BASF (voir carte). L’objectif était d’évaluer le potentiel d’un produit de biocontrôle à base de champignon entomopathogène pour réduire les émergences d’altises au printemps. Pour cela, différentes périodes d’application et diverses concentrations du produit ont été testés.

Carte des 19 essais conduits par Terres Inovia (en vert) et BASF (en bleu) pour évaluer le potentiel d'un champignon en 2023 et 2024
Photographie d'une tente à émergences pour suivre la population d'altises dans un essai sur le site de Bretenière (Terres Inovia) en juin 2024.
Bien que certains essais ont montré ponctuellement une baisse du nombre d’altises au printemps, l’analyse consolidée du réseau n’a pas permis de mettre en évidence d’efficacité significative par rapport au témoin non-traité.
Pour faire face à la difficulté de positionner au mieux le produit lorsque les larves d’altises chutent du colza et débutent leur nymphose dans le sol en sortie d’hiver (phase clé du cycle qui est difficile à prévoir), plusieurs applications ont été réalisées. Mais ces applications ont parfois été confrontées en sortie d’hiver à des conditions météorologiques pouvant être très contrastées et défavorables (sol gelé, sécheresse, …). Malgré ces aménagements et des analyses poussées, aucun des facteurs mesurés (température, pluviométrie avant et après traitement, taux de couverture, concentration du champignon) n’expliquent la différence de résultats obtenus entre les essais.
Bien qu'il n'y ait pas eu de résultats concluants en termes d’efficacité, le projet a permis d’importants acquis méthodologiques telles que la mise au point de protocoles de suivi des populations d’altises au printemps à l’aide de tentes à émergences, ou encore l’harmonisation des méthodes d’application du champignon au sol.
Perspectives
L’analyse technico-économique du produit (efficacité, conditions d’application, et coût par hectare) ainsi que la nécessité de gérer ce ravageur à une échelle territoriale sont trop éloignées des pratiques actuelles des agriculteurs, et ne permettent pas d’envisager le développement de ce biocontrôle.
Ainsi, le projet VELCO-A n’aura malheureusement pas permis d’identifier une solution économique complémentaire mobilisable par les agriculteurs dans leur stratégie de gestion des altises, mais il aura contribué à développer une méthodologie d’évaluation de ce type de produit de biocontrôle en positionnement au sol.
Consulter la fiche projet sur le Plan de sortie du phosmet
*19 essais = 10 essais réalisés par Terres Inovia dans le cadre du projet Adaptacol² soutenu par le Casdar opéré par FranceAgriMer et 9 essais réalisés par BASF dans le cadre du projet VELCO-A soutenu par le fond FASO opéré par Sofiprotéol
Autorisation dérogatoire pour MINECTO GOLD contre les larves de grosse altise du colza
MINECTO GOLD (s.a. cyantraniliprole) vient de recevoir une autorisation de mise sur le marché à titre de dérogation 120 jours (art53 – REG 1107/2009) du 25 septembre au 31 décembre 2024.
Cette dérogation est limitée aux régions Grand-Est, Bourgogne-Franche-Comté, Ile-de-France, Centre-Val-de-Loire et les départements de l’Allier, du Puy de Dôme, de l’Aisne, et de l’Oise. Ces régions sont celles concernées par les phénomènes avérés de forte résistance des grosses altises aux pyréthrinoïdes.
MINECTO GOLD (cyantraniliprole 400 g/kg, AMM 2220766) bénéficie d’un usage crucifères oléagineuses *traitement des parties aériennes* coléoptères phytophages sur colza et moutarde uniquement.
Sur la culture du colza, MINECTO GOLD est autorisé en application unique (1 application maximale par an) à la dose maximale d’emploi de 100 g/ha des stades BBCH16 (6 feuilles du colza) à BBCH19 (9 feuilles ou plus).
Sur moutarde, les modalités d’usage (nombre et stade d’application) sont différentes.
Principaux éléments règlementaires :
Modalités d’application : test berlèse au préalable et intervention raisonnée selon l’estimation du risque par les outils d’aide à la décision disponibles.
SPe 1 : Pour protéger les eaux souterraines, ne pas utiliser ce produit ou tout autre produit contenant du cyantraniliprole plus d’une année sur 3 sur la même parcelle.
SPe 3 : Pour protéger les organismes aquatiques, respecter une zone non traitée de 20 mètres par rapport aux points d’eau comportant un dispositif végétalisé permanent non traité d’une largeur de 20 mètres en bordure des points d’eau.
SPe 3 : Pour protéger les arthropodes non-cibles, respecter une zone non traitée de 5 mètres par rapport aux zones non cultivées adjacentes.
SPe 8 : Dangereux pour les abeilles. Pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs :
- Ne pas utiliser en présence d’abeilles
- Ne pas appliquer en période de floraison et de production d’exsudat
- Ne pas appliquer sur les zones de butinage
Protection des résidents et personnes présentes : Respecter une distance d’au moins 5 mètres entre la rampe de pulvérisation et l’espace susceptible d’être fréquenté par des résidents ainsi que l’espace fréquenté par des personnes au moment du traitement.
La larve d’altise est la cible de MINECTO GOLD en culture de colza.
Le début de la date de dérogation est adapté à la filière moutarde. En colza, c’est bien la larve d’altise qui est visée avec une application unique qui ne peut pas intervenir avant le stade 6 feuilles de la culture et la réalisation d’un test Berlèse préalable.
Les recommandations de Terres Inovia
Lorsqu’elle est nécessaire, la protection est à appliquer à l’entrée de l’hiver, courant novembre à début décembre. |
MINECTO GOLD (s.a. cyantraniliprole) has just been granted a marketing authorisation under the 120-day derogation (art53 - REG 1107/2009) from 25 September to 31 December 2024.
This derogation is limited to the regions of Grand-Est, Bourgogne-Franche-Comté, Ile-de-France, Centre-Val-de-Loire and the departments of Allier, Puy de Dôme, Aisne and Oise. These are the regions concerned by the proven phenomena of high resistance of flea beetles to pyrethroids.
MINECTO GOLD (cyantraniliprole 400 g/kg, MA 2220766) has been approved for use on oilseed crucifers *treatment of aerial parts* phytophagous beetles on oilseed rape and mustard only.
On oilseed rape, MINECTO GOLD is authorised as a single application (maximum 1 application per year) at a maximum use rate of 100 g/ha from BBCH16 (6 leaf stage of oilseed rape) to BBCH19 (9 leaf stage or more).
On mustard, the conditions of use (number and stage of application) are different.
Main regulations:
Application methods: berlèse test beforehand and reasoned intervention based on risk assessment using available decision support tools.
SPe 1: To protect groundwater, do not use this product or any other product containing cyantraniliprole more than one year out of 3 on the same plot.
SPe 3: To protect aquatic organisms, a 20-metre untreated zone must be maintained in relation to water points, with a 20-metre wide permanent untreated vegetation strip bordering water points.
SPe 3: To protect non-target arthropods, maintain a 5-metre untreated zone in relation to adjacent uncultivated areas.
SPe 8: Dangerous for bees. To protect bees and other pollinating insects:
- Do not use in the presence of bees
- Do not apply during flowering or exudate production periods
- Do not apply to foraging areas
Protection of residents and bystanders: Maintain a distance of at least 5 metres between the spray boom and areas likely to be frequented by residents, as well as areas frequented by people at the time of treatment.
Flea beetle larvae are the target of MINECTO GOLD in rapeseed crops.
The start of the exemption date is adapted to the mustard sector. In oilseed rape, flea beetle larvae are the target, with a single application that cannot be made before the 6-leaf stage of the crop and a Berlèse test carried out beforehand.
Terres Inovia's recommendations
Where necessary, protection should be applied at the start of winter, between November and early December. |
Autorisation dérogatoire pour MINECTO GOLD contre les larves de grosse altise du colza
Plan d’action sortie du phosmet : zoom sur la première campagne
Phosmet Exit Action Plan: Official launch of the RESALT project
La défoliation des colzas par broyage est-il un moyen de lutte alternatif efficace pour réduire les dégâts de larves d’altise ?
La défoliation des colzas d’hiver pour limiter les infestations et dégâts de larves d’altise est une stratégie de lutte alternative étudiée dans les pays anglosaxons, notamment au nord du Royaume-Uni où de très fortes pressions larvaires sont incontrôlables ces dernières années.
La réduction du nombre de larves par plante en éliminant les feuilles qui les hébergent est le but recherché. Mais ce n’est pas un critère suffisant pour juger de la pertinence de cette technique. En s’inspirant des travaux engagés par AHDB*, Terres Inovia a mis en place des essais en 2021 et 2022 pour évaluer cette pratique sous un climat océanique altéré et semi-continental.
Photo : Témoin non broyé et colza broyé le 23 novembre sur le site de Clémery (54). Photo du 15/12/2021, A.Baillet
Le broyage réduit le nombre de larve mais sensibilise le colza
La défoliation réduit significativement le nombre de larves par plante, comme le confirment toutes les études conduites sur le sujet. Le taux de réduction varie selon la date d’intervention et la dynamique de l’infestation larvaire. Il est de l’ordre de -30 à-50% en Grand Est en 2022 (défoliation réalisée entre mi-novembre et mi-décembre).
Toutefois dans nos essais, la réduction du nombre de larves ne se traduit pas par une baisse des dégâts d’insectes sur plante, ni par un gain de rendement comme en témoignent les essais de Rosny-sur-Seine et Mondreville (78) en 2021 ou bien encore de Clémery (54) en 2022 (tableau 1). La pratique est agressive pour le colza et affecte la physiologie de la culture. Les blessures sensibilisent la culture au gel si celui-ci survient peu de temps après le broyage. La biomasse est fortement réduite. La montaison et l’entrée en floraison sont retardées pour toutes les cultures défoliées.
En situation de faible infestation, lorsque le colza est doté d’une forte biomasse entrée hiver (> 1.5 kg/m²), et lorsque les conditions hivernales et printanières sont favorables à la récupération de la surface foliaire, la pratique est neutre sur la production. Sur les sites de Clémery (54) et Mondreville (78), l’écart de rendement n’est pas significatif entre le colza défolié en entrée hiver et le témoin. En revanche, lorsque surviennent des aléas climatiques (gel en hiver et/ou au printemps, excès d’eau), ou lorsque le broyage est réalisé plus tard (début janvier dans les essais), la culture n’a pas la capacité de récupérer un niveau de biomasse suffisant au printemps. L’état général de la culture est dégradé par la défoliation et ce d’autant plus qu’elle intervient tardivement. Dans l’essai de Rosny-sur-Seine (78), le broyage occasionne des pieds buissonnants supplémentaires qui se traduisent en quintaux perdus. Une perte de rendement significative de plus de 5 q/ha est constatée entre le colza broyé début janvier et le témoin. Dans cette situation, le broyage a exacerbé conjointement la sensibilité de la culture au gel et la nuisibilité des insectes.
Tableau 1 – Impact de la défoliation par broyage sur les dégâts d’altise et le rendement du colza dans les essais conduits par Terres Inovia en 2021 et 2022
Une prise de risque importante et un bilan économique négatif
Au regard de ces expériences, nous retenons que le broyage du colza en hiver permet bien de réduire le nombre de larves de grosses altises par pied. Mais le bénéfice pour la productivité de la culture n’est pas démontré. Voire la pratique peut s’avérer risquée si des aléas climatiques, par définitions imprévisibles, surviennent après le broyage. La réduction de la biomasse du colza fragilise la culture et ralentit sa reprise de végétation, ce qui tend à accroitre la nuisibilité potentielle des larves si les conditions pédoclimatiques ne sont pas favorables au printemps. Il faut également ajouter le surcoût de cette pratique qui est de l’ordre de 50 € dans un contexte de prix raisonnables de l’azote et du fioul (références 2020 ; tableau 2). Pour ces raisons, Terres Inovia déconseille le broyage hivernal pour lutter contre les larves d’altise d’hiver dans les régions sous climat semi-continental. Dans des contextes sous influence océanique (littoral de la Manche, océan Atlantique) amenant des conditions poussantes pour le colza pendant l’hiver, la pratique gagne sans doute à être investiguée davantage. D’autant plus si les parcelles reçoivent des effluents organiques régulièrement.
Tableau 2 – Estimation du coût de la pratique
Exemple de la parcelle de Clémery (54) en 2022. La dose d’azote conseillée au printemps est plus élevée pour le colza broyé car elle prend en compte la plus faible biomasse en sortie d’hiver (www.regletteazotecolza.fr). Evaluation économique réalisée en partenariat avec les GEDA de la Marne.
Autre approche de la technique du broyage avec des colzas associésLa technique de broyage des colzas à l’automne a également été testée par le service R&D Alliance BFC dans le cadre de l’animation du Club Agro Ecos. Les travaux ont porté sur les colzas associés avec de la féverole avec une idée : ramener la biomasse aérienne au sol pour que les éléments minéraux (NPK) qu’elle contient soient plus rapidement remis en circulation et qu’ils profitent au colza dès la reprise au printemps. L’hypothèse testée semble d’autant plus pertinente a priori pour la féverole car la plante conserve un port dressé et est donc peu accessible aux micro-organismes du sol pour assurer sa décomposition. Les observations et mesures enregistrées sur 5 parcelles de 2018 à 2022 n’ont pas permis de démontrer la plus plus-value d’une telle technique sur la dynamique de restitution des éléments NPK. Pour cela, des travaux complémentaires sont à conduire. Aucun gain de rendement n’a été enregistré. Le broyage à l’automne (ici entre mi-octobre et fin novembre) a un effet neutre sur le rendement dans 4 situations sur 5 et un effet dépressif dans une situation (-5 q/ha en 2021). |
* Agriculture and Hoticulture Development Board
«Ces essais ont été réalisés dans le cadre de Cap Protéines
Faire du colza en 2023 : la nouvelle donne
Combiner les leviers pour limiter la nuisibilité des ravageurs !
Afin de réussir son colza, la clé est de combiner les leviers. Pour gérer les insectes d’automne (altises d’hiver et charançons du bourgeon terminal, les références acquises dans les essais montrent que c’est bien l’association des leviers agronomiques et insecticides qui donnent les meilleurs résultats. Pour chaque levier mis en place, le rendement est augmenté sans impact négatif sur la marge.
Pour chaque levier mis en place, le rendement est augmenté sans impact négatif sur la marge.
L’indicateur utilisé sur la figure (b) est ici la différence de marge semi-nette correspondant à l’écart entre la marge partielle de la modalité considérée et la marge partielle de la modalité témoin (colza sans association, ni fertilisation au semis, ni traitement insecticide contre les larves d’altises et le charançon du bourgeon terminal). La marge partielle est égale au produit brut moins les seules charges opérationnelles et de mécanisation variant entre les modalités (poste fertilisation, association avec des légumineuses, insecticides).
Les hypothèses de calculs sont :
- Insecticides : prix insecticide + coût de passage (9€/ha).
- Fertilisation: 1€/U + coût de passage (3.99€/ha).
- Couverts: Semences féverole (20€/ha) + cout semis 18€90 (semoir double caisse).
- Prix de vente du colza : 350€/tonne
Rendement aux normes (a) et différence de marge semi-nette avec le témoin (b), dans le témoin colza seul (CO), dans les modalités colza fertilisé (CO-F), colza associé à de la féverole (CO-Fev), colza associé à de la féverole et fertilisé (CO-Fev-F), colza associé à de la féverole, fertilisé et traité (CO-Fev-F-T), colza seul traité (CO-T). Les groupes de significativité sont issus d’un test de Tukey à 5%. Les essais présentaient une biomasse des légumineuses en entrée d’hiver > 200 g/m2.
(a)
(b)
Limiter les attaques et la nuisibilité des ravageurs du colza via le levier variétal et les associations avec des légumineuses gélives
Plusieurs stratégies à anticiper dès la préparation de la campagne ont démontré leur efficacité pour gérer les attaques de ravageurs qui pourraient intervenir tout au long du cycle de la culture.
Associer son colza avec des légumineuses gélives pour limiter les attaques et la nuisibilité de l’altise d’hiver et du charançon du bourgeon terminal.
Charançon du bourgeon terminal et altise
Associer son colza avec des légumineuses gélives présente de nombreux avantages. Cette technique permet un meilleur fonctionnement de la plante, une meilleure absorption de l’azote et du phosphore. Le colza est alors plus robuste et à même de faire face à davantage de stress (notamment aux attaques des larves d’altises d’hiver et de charançon du bourgeon terminal).
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Utiliser des variétés à résistance partielle au virus de la jaunisse du navet transmise par le puceron vert
Les variétés de colza à résistance partiellle au virus de la jaunisse du navet (TuYV) constituent le principal moyen de lutter contre cette virose du colza transmise principalement par le puceron vert Myzus persicae.
Pucerons verts dans colza
En présence de puceron vert, si la variété de colza est à résistance partielle au virus de la jaunisse du navet (TuYV) ou si le colza a dépassé le stade 6 feuilles à l’arrivée des pucerons, le risque de jaunisse est faible et la protection insecticide (TEPPEKI®) dans nos essais n’est pratiquement jamais rentable économiquement.
Consultez la liste des variétés à résistances partielle au virus de la jaunisse du navet dans la rubrique “choisir” de notre site consacré au choix variétal myvar.fr.
| La résistance au virus TuYV est un plus mais ne doit pas être le premier critère de choix variétal. Les autres critères comme le potentiel de rendement, la vigueur, la résistance à la verse, à l’élongation, aux maladies et ravageurs sont à prendre en compte. Une étude de Terres Inovia montre que résistance partielle au TuYV et rendement ne sont pas liés. |
Etude de la performance des variétés selon la présence du virus TuYV
Associer son colza avec une variété précoce pour limiter la pression en méligèthe
Méligèthes dans colza
Les méligèthes sont attirés par les odeurs émises par ses plantes hôtes et par la couleur jaune. Au choix, ces insectes se porteront ainsi préférentiellement vers les fleurs que vers les boutons.
Dans les situations où les attaques de méligèthes sont modérées, l’association d’une variété haute et très précoce à floraison en mélange à 5-10% avec la variété d’intérêt peut permettre de rester en deçà des seuils d’intervention.
L’efficacité de la stratégie repose sur l’écart de stade à floraison entre les deux variétés en association : la variété piège doit être en fleur avant la variété à protéger, alors au stade bouton.
Plusieurs associations sont aujourd’hui possibles :
- ES ALICIA, DK EXAVANCE et ATRAKT peuvent être associées avec n’importe quelle variété. Ces 3 variétés sont les plus précoces à l’heure actuelle.
- RGT WINDOZZ, RGT GINFIZZ, KWS MIRANOS présentent un intérêt uniquement si mélangées avec une variété mi-tardive ou tardive à floraison.
Tableaux des variétés très précoces et précoces éligibles aux mélanges (CEPP) - par ordre de précocité à floraison.
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Variété d’intérêt |
Variété précoce |
Précocité à floraison |
Ecart de floraison par rapport à ES ALICIA* |
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Mélange possible avec toutes les variétés |
DK EXAVANCE |
Très précoce |
-3/-5 jours |
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ES ALICIA** |
Très précoce |
0 |
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ATRAKT |
Très précoce |
0 |
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Liste de couples possibles disponibles ici
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KWS MIRANOS |
Précoce |
+3/+5 jours |
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RGT GINFIZZ |
Précoce |
+3/+5 jours |
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RGT WINDOZZ |
Précoce |
+3/+5 jours |
** ES ALICIA est une lignée qui présente une fragilité plus prononcée que les autres variétés en conditions défavorables à la culture (stress climatique, attaques de larves d’altises ou CBT…). Dans de telles situations, la mise à fleurs peut-être retardée, au risque de compromettre l’effet piège à méligèthes escompté.
Etat des résistances selon la région et le ravageur
Terres Inovia organise le suivi de l’évolution des résistances au sein des populations de coléoptères ravageurs du colza, avec le soutien financier du Ministère de l’Agriculture*. Ce monitoring a révélé l’existence de plusieurs mécanismes de résistance au sein des principales espèces de ravageurs du colza.
*projet France Agrimer RESIST financé par le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire ; la responsabilité du Ministère ne saurait être engagée.
Grosse altise : les mécanismes de résistance pouvant conférer des niveaux de résistances élevés continuent d’être détectées dans de nouveaux départements (figure 1).
Sur altise d’hiver, plusieurs mécanismes de résistances existent et peuvent cohabiter dans une même population. L’ensemble du territoire est concerné.
Deux types de résistance ont été détectés pouvant expliquer le manque d’efficacité des pyréthrinoïdes sur grosses altises (mutation de cible et détoxification).
La résistance par mutation « kdr » qui confère un faible niveau de résistance est la plus répandue. Ce mécanisme est surtout présent dans le Nord, l’Ouest, le Centre et le Sud-Ouest. Les pyréthrinoïdes (lambdacyhalothrine, deltaméthrine, cypermethrine et l’étofenprox) restent efficaces contre les adultes. Sur larves privilégier la lambdacyhalothrine.
Dans certains départements de l’Est (l’Yonne, l’Aube, la Haute-Marne, la Côte d’Or, la Nièvre, le Jura, la Haute-Saône, la Marne, la Meurthe-et-Moselle, les Vosges et l’ouest de la Moselle), une autre mutation, dite « super kdr », est généralisée ou dominante. Les mécanismes impliqués confèrent une forte résistance des populations d’altises aux pyréthrinoïdes. Les pyréthrinoïdes sont alors inefficaces.
Dans les départements où les premiers cas de « super kdr » ont été identifiés, Il reste possible de protéger son colza avec un pyréthrinoïde (départements hachurés figure 1).
Aujourd’hui, la mutation « skdr » est identifiée sur grosse altise dans 46 départements répartis sur l’ensemble du territoire et elle est considérée généralisée ou quasi généralisée dans 11 départements, tous situés dans le quart Nord-Est de la France.
Figure 1 : Niveau de résistance des populations de grosses altises en 2024 (mise à jour juillet 2024)
Charançon du bourgeon terminal : des mutations KDR bien installées sur le Centre et une partie du Nord Est (figure 2).
Sur charançon du bourgeon terminal, l’efficacité des insecticides est très variable selon les populations. Les populations avec les plus faibles taux de mortalité dans nos tests laboratoires présentent 2 mécanismes de résistance : mutation de cible KDR et détoxification. Il n’est donc pas possible de distinguer la résistance induite par la mutation KDR de la résistance par détoxification. Nous ne pouvons pas non plus faire faire un lien direct entre présence de mutation KDR et efficacités au champ.
Dans nos essais au champ, en présence de mutation KDR, l’efficacité des pyréthrinoïdes (lambdacyhalothrine, deltamethrine et cyperméthrine) est de l’ordre de 40-50%.
Contrairement à la grosse altise, aucune mutation super KDR n’a été mise en évidence.
Quelques cas de mutation KDR, ont été détectées dans le Sud-Ouest.
Figure 2 : Niveau de résistance des populations de charançon du bourgeon terminal en 2024 (mise à jour en juillet 2024).
Autres ravageurs du colza
Des mutations « kdr » et « super kdr » ont été détectées dans quelques populations de charançons des siliques. Des mutations « kdr » ont également été détectés dans quelques populations de charançons de la tige du colza et du chou. Aujourd’hui, aucune perte d’efficacité des pyréthrinoïdes n’a été observé au champ.
La résistance du puceron vert aux pyréthrinoïdes par mutation de cible (par ex KDR) est considérée comme généralisée depuis de nombreuses années. La résistance au pirimicarbe (mutation de cible MACE) a été confirmée dans le Nord-Est de la France et semble très répandue depuis la fin des années 2000. Un autre mécanisme de résistance dit métabolique est également connu pour ce puceron et il peut induire une résistance à un large spectre . Quant aux méligèthes, ils sont résistants à la plupart des pyréthrinoïdes actuels en « ine », hormis l’etofenprox (ex TREBON 30 EC) et le tau-fluvalinate (ex. MAVRIK SMART) qui échappent à la rapide métabolisation par les insectes et conservent leur potentiel d’efficacité.
S'adapter aux résistances !
Les suivis de résistance sur les coléoptères ravageurs du colza par Terres Inovia et ses partenaires se poursuivent. Plusieurs mécanismes de résistance aux pyréthrinoïdes sont impliqués, certains conférant des niveaux de résistance très importants en particulier sur altise d’hiver. Dès à présent, il faut limiter au maximum les interventions sur charançon du bourgeon terminal et grosse altise par un respect des seuils d’intervention basé sur une observation précise des infestations et le choix de l’insecticide adapté aux résistances présentes ou suspectées. Consultez www.terresinovia.fr pour les dernières mises à jour. Evaluez en quelques clics le risque altise adulte, larves d'altises et charançon du bourgeon terminal grâce à des observations simples en parcelles. Les outils disponibles gratuitement en ligne sur www.terresinovia.fr vous indiqueront le niveau de risque et la stratégie de traitement la plus adaptée à votre contexte de résistance
Insectes ravageurs : caractérisation de la sensibilité aux pyréthrinoïdes
Détermination de la sensibilité à la lambda-cyhalothrine de populations de grosses altises, de petites altises, de méligèthes, de différentes espèces de charançons du colza, et de différentes espèces de bruches (de la féverole, du pois ou de la lentille).
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Colza, de nouvelles stratégies pour limiter l’usage des insecticides
Face à la résistance des ravageurs aux pyréthrinoïdes, et au retrait de molécules, il est nécessaire de mettre en œuvre des pratiques visant la robustesse de la culture, mais également de favoriser la régulation naturelle des ravageurs par les auxiliaires des cultures.
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Insectes ravageurs : caractérisation de la résistance aux pyréthrinoïdes par mutation kdr
Recherche par analyse moléculaire de mutations sur le gène du canal sodium responsables de baisse d’efficacité des pyréthrinoïdes chez des populations de grosses altises, de méligèthes, de différentes espèces de charançons du colza ou de bruches de la féverole.
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