Protection des abeilles et autres insectes pollinisateurs durant la floraison
L’arrêté du 20/11/2021 modifiait les conditions d’application des produits phytopharmaceutiques durant la floraison. Suite à la décision du Conseil d’Etat le 26 avril 2024 avec prise d’effet immédiate, la liste des cultures non attractives aux pollinisateurs a été annulée et doit être remise à jour. Toutes les cultures oléo-protéagineuses sont aujourd’hui classées comme attractives pour les insectes pollinisateurs et entrent par conséquent dans le champs de l’arrêté. Ce sont le colza, le tournesol, le soja, le lin, le pois, la féverole, le pois-chiche, la lentille et le lupin.
| Sur ces cultures en floraison, les insecticides/acaricides autorisés à floraison, herbicides, fongicides et produits de biocontrôle pourront être appliqués UNIQUEMENT dans la plage horaire suivante : |
L’adaptation de la contrainte horaire, prévue à l’article 5 de l’arrêté du 20/11/21, ne peut s’appliquer qu’à la lutte contre la bruche dont l’activité exclusivement diurne est reconnue (FAQ gouvernement du 01/07/2022). Le motif de cette adaptation doit être consigné dans le registre des pratiques phytopharmaceutique.
Par conséquent, la plage horaire de 5 heures doit être respectée dans les autres cas, quelle que soit la cible visée par le traitement : adventice, maladie ou insecte.
Au sens de l’arrêté, la floraison débute aux premières fleurs de la culture.
A titre transitoire, les produits insecticides et acaricides dont l’AMM comporte l’une des mentions suivantes peuvent continuer d’être utilisés en respectant les contraintes horaires et ce jusqu’au renouvellement de l’AMM :
- Emploi autorisé durant la floraison, en dehors de la présence d’abeilles.
- Emploi autorisé au cours des périodes de production d’exsudats, en dehors de la présence d’abeilles.
- Emploi autorisé durant la floraison, et au cours des périodes de production d’exsudats en dehors de la présence d’abeilles.
A titre transitoire, les autres produits de type herbicides, fongicides et produits de biocontrôle peuvent continuer d’être utilisés en respectant les contraintes horaires et ce jusqu’au renouvellement de l’AMM.
A terme, et toujours pour les cultures attractives et l’ensemble des produits, l’étiquetage (AMM) définira la possibilité d’application durant la floraison avec une phrase de type :
« Peut être dangereux pour les abeilles. Application possible durant la floraison et sur les zones de butinage dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil ou les 3 heures suivant le coucher du soleil, uniquement pour le/les usage(s) suivant(s): […]
« Peut être dangereux pour les abeilles. Application possible durant la floraison et sur les zones de butinage selon les conditions fixées par l'arrêté du 20 novembre 2021 pour les usages caractérisés par emploi possible »
Lorsque des interdictions supplémentaires sont mentionnées sur l’étiquette des produits, elles doivent s’appliquer.
Mélanges :
Les mélanges impliquants pyréthrinoïdes et triazoles en période de floraison ou de production d’exsudats sont formellement interdits. Si les 2 traitements doivent être effectués sur la même parcelle, un délai de 24 h minimum doit être respecté entre les applications et l’insecticide appliqué en premier (arrêté dit « mélanges » du 12/06/2015).
Critères de choix variétaux pour lin oléagineux d'hiver
Plusieurs critères sont indispensables pour réussir son choix variétal en lin oléagineux d'hiver
- Tolérance au froid et à l’hiver : dans le cas du lin d’hiver, préférer des variétés très tolérantes (TT) ou tolérantes (T). Les variétés moyennement tolérantes (MT) et assez sensibles (AS) sont déconseillées dans les régions situées au Nord de la Loire.
Outre le froid, d’autres facteurs peuvent intervenir et se combiner pour rendre les variétés plus ou moins résistantes à l’hiver : l’intensité et le nombre de jours de gel consécutifs, le vent, l’humidité du sol, le type de sol, l’enneigement, l’amplitude thermique journalière, la durée d’endurcissement de la plante.
Les dommages occasionnés par le froid surviennent lors de brusques variations de températures en hiver. L’endurcissement au gel acquis à l’automne disparait dès que les températures remontent au-dessus de zéro. Des températures très froides, revenant rapidement après cette levée de l’endurcissement, peuvent pénaliser les variétés les plus précoces à la reprise de végétation.
- Verse : en lin d’hiver, choisir des variétés tolérantes (T) ou assez tolérantes (AT) afin de sécuriser la conduite de la culture et, dans les situations propices, de réduire voire d’économiser un régulateur.
- Fusariose : choisir des variétés très tolérantes (TT) ou tolérantes (T) particulièrement dans les parcelles qui ont déjà exprimé la maladie par le passé. Dans les situations peu touchées par la maladie, choisir des variétés tolérantes (T) ou assez tolérantes (AT). Le choix variétal est un des seuls moyens de lutte contre cette maladie du lin.
- Rendement : choisir des variétés productives et stables d’une année sur l’autre en tenant compte des caractéristiques agronomiques et technologiques (teneur en huile, teneur en oméga 3).
Terres Inovia participe à la 1ère Conférence européenne sur la diversification des cultures
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Un guide plus complet
Lin d’hiver et lin de printemps sont réunis dans un même guide. 13 chapitres permettent de tout savoir sur la conduite de la culture du lin oléagineux : atouts, variétés, implantation, fertilisation, désherbage, régulateurs, irrigation, récolte et gestion des résidus. Tout au long des chapitres, le guide distingue entre lin d’hiver et lin de printemps pour présenter toutes les spécificités de la culture. On trouve ainsi un chapitre dédié à la culture intermédiaire avant lin de printemps. Il permet aussi de faire le point sur les maladies et les ravageurs. Pour terminer, on retrouve les grands rendez-vous de la culture.
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Terres Inovia à la rencontre des agriculteurs aux Culturales
Stratégie de lutte contre les adventices pour le lin d’hiver – campagne 2023-2024
Lin d’hiver : le programme de désherbage antidicotylédones
La lutte contre les dicotylédones pour le lin d’hiver se base désormais sur des produits à base de metsulfuron-methyl (ALLIE SX) et de bifénox (FOX). Le stade des adventices lors de l’intervention est primordial, il est conseillé de viser le stade jeune de l’adventice (stade cotylédons, à 4 feuilles).
FOX est utilisable sur lin oléagineux à l’entrée de l’hiver. A la dose de 1 l/ha, il est efficace sur véroniques sp., pensée des champs, fumeterre, ou encore coquelicot (dont résistant aux inhibiteurs de l’ALS, comme les sulfonylurées). La dose peut même être réduite à 0,5 l/ha sur véroniques et pensées lorsqu’il est associé à ALLIE SX. Il est important de respecter les conditions d’emploi.
| FOX : Appliquer à partir du stade 5 cm du lin ET 50 jours après semis. Efficacité conditionnée par le stade des adventices. Doit être appliqué sans adjuvant et sur feuillage sec. Ne pas mélanger avec un anti-graminées foliaire. Eviter les périodes où un gel peut suivre l'application de quelques jours (4-6 jours). Eviter des amplitudes thermiques supérieures à 15°C dans les 3 jours qui suivent. Ne pas utiliser en sortie d'hiver. |
ALLIE SX 15g/ha, offre un spectre assez complet avec des bonnes efficacités sur crucifères, coquelicot, géraniums et matricaire. On note encore une efficacité moyenne à bonne sur laiteron et seneçon (LONTREL pourra compléter l’efficacité au printemps. Une telle application sera insuffisante sur gaillet, fumeterre et véroniques.
Terres Inovia a aussi expérimenté l’association ALLIE SX 15 g/ha + FOX 0,5 à 1 l/ha. Lorsque les conditions d’application de FOX sont respectées, l’addition d’ALLIE SX ne vient pas modifier la sélectivité de FOX. Cette association n’est pas couverte par les firmes mais peut se faire sous la responsabilité du producteur. Elle permet un spectre très complet à l’entrée de l’hiver. FOX renforce la faible dose d’ALLIE SX (à seulement 15 g/ha) sur crucifères, coquelicot (surtout en cas de résistance), fumeterre, géranium et jonc des crapauds. Cette association est également très efficace sur véronique et pensée (défaut d’ALLIE). L’association avec 1 l/ha de FOX apporte une légère efficacité sur gaillet (comparativement à ALLIE SX seul qui ne permet pas de limiter l’adventice). En forte infestation, le recours à GRATIL est nécessaire en sortie d’hiver, en complément de l’association ALLIE SX + FOX.
Il est possible, réglementairement, de monter la dose d’ALLIE SX à 25 g/ha pour des usages en sortie d’hiver, jusqu’à 20 cm du lin maximum. Mais en cas de fortes infestations de véroniques, préférez l’application d’entrée hiver avec l’association FOX + ALLIE SX.
L’association de FOX avec GRATIL, à 5 cm du lin, est possible (et cautionnée par la firme ADAMA), sur la base des doses maximales /ha suivantes : Fox 1 l/ha + Gratil 20 g/ha. Ce mélange permet de renforcer l’action de FOX sur gaillet et crucifères (capselle, repousses de colza, ravenelle, sanve). Sans être totalement efficace, GRATIL à 20 g/ha présente aussi un intérêt sur rumex dont les biomasses sont réduites. Si l’application de GRATIL peut être reportée en sortie hiver, ce n’est pas le cas de FOX.
Reste enfin l’option LONTREL (100 ou SG) en sortie d’hiver, pour gérer des chardons des champs, le chardon marie, des laiterons, des matricaires, des séneçons, en plein ou en tir à vue. C’est un complément intéressant sur bleuet. Enfin, c’est le seul herbicide capable de maîtriser des levées de printemps d’ambroisie.
| Post-levée précoce Stade adventices juvéniles Stade 5 cm du lin et 50 jours après le semis |
Cout en €/ha |
Rattrapage sortie hiver |
Cout en €/ha | |
| ALLIE SX 15 g/ha + FOX 0.5 à 1 l/ha | 35 à 41 € | Gaillet | GRATIL 0.04 kg/ha | 18€ |
| Chardons, laiterons, matricaires, séneçons | LONTREL SG ou 100 pleine dose + huile (possible localisé sur ronds) | 39€ | ||
| Rattrapage antigraminées si nécessaire | ||||
En lin d’hiver : attention à la sensibilité au gel des antigraminées foliaires
En situation de forte infestation de graminées et/ou présence de graminées résistantes, réalisez un désherbage de pré-semis incorporé avec Avadex 480, dont l’efficacité avoisine 60-80 % lorsque l’application est réalisée sur sol frais. Cette base peut être complétée en végétation par un antigraminées foliaire, dans le cas où les ray-grass et/ou vulpins sont encore sensibles.
Noter que les efficacités fortement affectées par la résistance aux inhibiteurs de l’ACCase (“fop”, “dime” et “den”) sont parfois meilleures pour la cléthodime. Mais la fréquence de la résistance progresse, d’où l’intérêt de l’application en pré-semis, parfois la seule façon de contrôler les graminées.
Une autre donnée doit aussi être prise en compte, celle de l’augmentation de la sensibilité des lins au gel après passage d’un anti-graminée foliaire (AGF) à l’automne :
- Dans les zones à hivers froids (Centre, Nord et Est), éviter autant que possible l’usage d’un AGF avant la sortie hiver.
- Dans les zones à hivers plus doux (Sud-Ouest, Ouest), l’application d’un AGF à l’automne est envisageable, seulement en cas de concurrence précoce.
- D’une manière générale : mieux vaut positionner l’AGF en sortie d’hiver.
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Présemis |
Antigraminées foliaires de post-levée | Commentaires | Coût(€/ha) | |
| Très forte infestation de graminées et/ou graminées résistantes | Lin oléagineux d'hiver déconseillé | |||
| Moyenne à forte infestation de graminées |
AVADEX 480 |
AGF si nécessaire |
En non-labour : faux semis. Ne pas travailler le sol au dernier moment, et glyphosate juste avant semis. |
70-80 €/ha |
| Faible infestation de graminées | - | AGF si nécessaire | 30 €/ha | |
Les autres leviers de gestion de l’enherbement
Tous les leviers agronomiques doivent être mobilisés, autant que possible, pour mieux contrôler le salissement des lins : rotations longues et diversifiées, labour tous les 3 à 4 ans dans la rotation, déchaumages, semis en bonnes conditions.
Le désherbage mécanique est aussi une possibilité. En tendance, contrairement à ce que nous observons sur d’autres cultures, la herse étrille est moins agressive que la houe rotative sur lin oléagineux. Son efficacité reste limitée sur graminées.
La principale difficulté dans la mise en œuvre du désherbage mécanique sur lin oléagineux réside dans le nombre de fenêtres climatiques disponibles, parfois très réduit à partir de la mi-octobre. Des travaux sont prévus pour les prochains semis afin d’évaluer l’intérêt de la herse étrille en aveugle, c’est-à-dire en prélevée de la culture, donc sur fin septembre-début octobre.
La mise en pratique de ces leviers est détaillée dans le guide lin édition 2022
Zoé Le Bihan - z.lebihan@terresinovia.fr - Référente lin et lentilles zone Centre & Ouest
Franck Duroueix - f.duroueix@terresinovia.fr - Responsable évaluation des intrants
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Gestion des adventices en lin : se baser sur des méthodes agronomiques
Le lin est une plante peu couvrante et sensible à la concurrence des adventices. Une parcelle propre est donc indispensable pour obtenir de bons rendements, faciliter la moisson et éviter des récoltes trop humides et sales dépassant les normes commerciales (9 % humidité, 2 % impuretés).
Anthémis élevée dans un jeune lin
Privilégier les rotations longues et diversifiées
Cela permet l’alternance de cultures d’hiver et de printemps qui crée une rupture efficace du cycle des adventices et une utilisation plus diversifiée des familles chimiques.
Réaliser un labour tous les 3 à 4 ans dans la rotation
En cas de difficultés liées aux graminées, le labour occasionnel permet de diminuer le stock semencier de certaines espèces (efficace sur bromes, vulpin, ray-grass). Dans les situations pour lesquelles les faux-semis sont impossibles ou difficilement mis en œuvre, le labour permet de lutter efficacement contre les repousses.
Déchaumages
Il est souhaitable de réaliser plusieurs déchaumages superficiels après récolte du précédent pour permettre un déstockage des graines d’adventices (faux-semis), favoriser la dégradation des résidus de récolte et réduire la présence de ravageurs. Attention à l’affinage excessif du lit de semences qui augmente les risques de battance en sols limoneux, ainsi qu’au tassement du sol auquel le lin est très sensible.
Réaliser un semis en bonnes conditions
Semer dans de bonnes conditions (bonne gestion des résidus de culture, terre réchauffée, vitesse de semis et profondeur maîtrisée) favorise une bonne levée et se traduit par une meilleure concurrence du lin vis-à-vis des adventices.
lin non infesté d’adventices
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Après avoir sélectionné l’adventice qui vous intéresse, vous accédez à des informations utiles sur sa description botanique (avec illustrations), sa biologie, son affinité vis-à-vis des milieux et des cultures, les facteurs favorables à son extension, et sa nuisibilité dans les grandes cultures, y compris les espèces porte-graines. Les différents moyens de lutte disponibles sont aussi passés en revue : méthodes préventives et agronomiques, choix des herbicides les plus adaptés et désherbage mécanique. Des recommandations de lutte spécifiques en agriculture biologique sont également fournies. |
Désherbage mécanique et mixte du lin oléagineux
Il est possible de désherber mécaniquement les lins d’hiver et de printemps. Le désherbage mécanique montre un intérêt sur des adventices jeunes, en conditions de passages optimales (sol ressuyé pendant l’intervention et 2 à 3 jours sans pluie suivant l’intervention), tout en respectant vitesse, réglages et stades de passage pour ne pas pénaliser la culture (réaliser des tests en bord de champ pour trouver le réglage et la vitesse adaptés entre bonne efficacité sur les adventices et bonne sélectivité sur la culture).
Passages de herse étrille à gauche et houe rotative à droite.
Les outils utilisables sur le lin sont surtout la herse étrille et la houe rotative en raison de l’écartement de la culture. Une bineuse à céréales autoguidée peut être utilisée sur un lin semé à écartement de 15-17 cm.
Quand intervenir avec les outils mécaniques sur le lin ?
La herse étrille et la houe rotative sont efficaces sur adventices jeunes (fil blanc, cotylédons), il ne faut donc pas trop attendre pour commencer à désherber mécaniquement le lin.
A quelques nuances près, la plage d’intervention des outils mécaniques en plein sur lin oléagineux se situe entre 2-5 cm du lin jusqu’à 10-12 cm (vérifier le bon enracinement du lin et la bonne vigueur de la culture avant d’intervenir). Sur lin, il est recommandé de ne pas trop augmenter la vitesse de passage et l’agressivité des outils.
La herse étrille peut se passer à 5-8 km/h, la houe rotative peut aller jusqu’à 13-15 km/h. Cette dernière peut légèrement recouvrir le lin de terre mais celui-ci reprend ensuite facilement le dessus dans les jours qui suivent le passage : finalement, le résultat visuel immédiatement après passage est plus impressionnant qu’inquiétant. Pour compenser des éventuelles pertes, il est possible de semer un peu plus dense (soit 5 à 10% de plus que la densité préconisée).
En cas de sols non limoneux, privilégier l’utilisation de la herse étrille, à tendance plus efficace que la houe rotative et moins exigeante en termes de stades des adventices. En revanche, en sol battant la herse étrille ne parviendra pas à rentrer dans le sol et la houe rotative est alors incontournable pour le désherbage mécanique en plein.
Par ailleurs, les passages de herse étrille ou de houe rotative en aveugle sont toujours intéressants pour faire gagner à la culture un temps d’avance sur les adventices. En effet, arrachées au stade fil blanc ou cotylédons pendant la levée de la culture, elles seront ensuite « en retard » par rapport au développement de la culture.
Enfin, plusieurs passages au cours du cycle sont nécessaires pour une meilleure efficacité.
Si le binage est envisagé avec une bineuse à céréales autoguidée, il faut privilégier les écartements de 15 ou 17 cm.
Le binage sera efficace sur des adventices plus développées (jusqu’à 3 feuilles).
Les stades du lin oléagineux pour lesquels un ou des binage(s) précis peuvent être réalisés sont à partir de 6-8 cm jusqu’à 25 cm. Il faut adapter la vitesse en fonction du stade du lin. Sur des stades précoces, il est indispensable d’utiliser des protections pour éviter le recouvrement des plantules par la terre et adapter la vitesse d’avancement. Il est possible de passer plus tôt (dès le stade 4 cm) à condition de passer très lentement pour ne pas ensevelir le lin.
De manière générale, si le désherbage mécanique est prévu sur le lin il est conseillé d’adapter sa densité de semis pour compenser des éventuelles pertes (+ 5 à 10 % de la densité préconisées).
Les bons réglages sont indispensables !
Les réglages d’outils sont essentiels pour préserver le lin et détruire un maximum de mauvaises herbes. Il est conseillé de tester préalablement les outils sur une distance courte mais suffisante pour que la vitesse de travail soit atteinte. Attention, ces réglages doivent être renouvelés à chaque stade de développement de la culture et des adventices, et à chaque nouvelle parcelle (surtout si les types de sol diffèrent).
Herse étrille : inclinaison des dents, profondeur de travail et vitesse d’avancement forment la combinaison gagnante, parfois délicate à obtenir. En modifiant l’un de ces paramètres, s'assurer de ne pas perturber les autres réglages. Il vaut mieux parfois diminuer l’agressivité et conserver ou augmenter la vitesse d’avancement.
Houe rotative : très simples sur ce type d’outil, les réglages consistent en une mise à niveau de l’appareil (attelage 3ème point) et un ajustement de la vitesse d’avancement en fonction du stade de la culture. Sur certains modèles, des roues de terrage et ressorts de pression supplémentaires permettent de régler la profondeur et la pression des roues au sol. Il est parfois nécessaire de placer des masses à l’avant du tracteur pour éviter un déséquilibre de charges.
Désherbage mixte
Intégrée à une stratégie de lutte plus globale, la lutte mixte, combinant à la fois désherbage chimique et désherbage mécanique est un bon moyen pour maîtriser les adventices. Apportant fiabilité et souplesse de réalisation pour la première et diminution significative de l’IFT pour la seconde, ces deux techniques sont complémentaires.
Il y a d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes. Pour cela, il faut se renseigner sur les leviers agronomiques disponibles pour le lin
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La lutte contre les vivaces
Les adventices vivaces sont concurrentielles des cultures car leurs capacités de compétition mais aussi de propagation sont très prononcées.
Ces espèces sont capables de se reproduire à la fois par les graines mais également par multiplication végétative, au moyen d’organes végétatifs (rhizomes, stolons, drageons ou racines tubérisées) capables de régénérer de nouvelles racines ou de nouvelles tiges.
Dans le colza, le chardon des champs, et dans une moindre mesure les espèces de rumex, peuvent être préoccupants.
En soja et tournesol, les espèces prédominantes sont le chardon, le liseron des haies, les chiendents (pied-de-poule et rampant) et le sorgho d’Alep.
Le pois peut être impacté par le chardon des champs, les rumex et le liseron des champs.
Pour les vivaces, la gestion à l’échelle de la rotation est primordiale, on cherchera une très bonne efficacité dans les cultures où des solutions existent, sans négliger les possibilités d’intervention en interculture. La lutte est à raisonner sur le long terme.
Mesures préventives : éviter la dissémination
Rotation
Pratiquer une rotation diversifiée pour disposer d’une plus grande gamme d’herbicides avec insertion de cultures compétitrices et leurs herbicides adaptés. La lutte en végétation sur céréales est la plus aisée (sulfonylurée, hormones). Mais c’est également possible sur pois (Tropotone – traitement par taches) et sur tournesol (Express Sx sur variété tolérante). Le contrôle par herbicide est assez léger sur soja (Pulsar 40) et beaucoup plus délicat sur féverole (léger frein avec Corum) et impossible sur pois-chiche et lentille. Enfin, l’interculture estivale permet de pratiquer des déchaumages répétés par temps sec ; ce travail du sol récurent a pour objectif de dessécher les plantes et leurs organes végétatifs, et à terme, de les épuiser.
En interculture
Eviter ou proscrire :
- les interventions en conditions humides propices aux tassements de sol ;
- les travaux exclusivement superficiels et le recours aux outils à disques ou à prise de force ;
- les interventions répétées de déchaumages en été.
En culture
- être vigilant sur la qualité du lot de semences utilisé
- surveiller les bords de champs (et les parcelles aux alentours) et faucher les nouvelles infestations si besoin
- lors de la récolte, bien nettoyer le batteur si des graines d’adventices ont été moissonnées
- éviter les montées à graines par fauches, broyages, arrachages, avant que les foyers d’infestations ne gagnent trop de terrain.
Mesures curatives : lutter tout au long de la rotation en épuisant les réserves souterraines
La lutte contre les vivaces doit s’envisager aussi bien dans les intercultures que dans les cultures de la rotation. La lutte consiste surtout à épuiser les organes souterrains : racines, drageons et autres rhizomes colonisateurs. Mais il ne faut pas négliger l’extension de certaines vivaces par voie de dissémination des graines.
1. Chardon - 2. Liseron
En interculture
Pour sectionner les racines, privilégier les décompactages et/ou déchaumages en profondeur (matériels munis de socs à ailettes) : 2 à 3 passages à intervalle de 10 jours en août puis en septembre. En conditions séchantes, le retournement par le labour remonte les organes souterrains en surface et provoque leur dessèchement. Ces destructions répétées vont épuiser peu à peu les réserves racinaires des adventices vivaces.
Associée à des travaux du sol adéquats en interculture, l’introduction d’une luzerne est également efficace dans la lutte contre certaines vivaces (chardons notamment) grâce à la concurrence exercée pour la lumière, l’eau ou les éléments nutritifs, et grâce aux fauches répétées possibles.
En culture
Des cultures étouffantes (biomasse élevée, précocité de développement, forte densité, enracinement profond) peuvent être mises en place pour concurrencer les adventices vivaces et limiter leur expansion.
Chardon des champs
1. Chardon dans le tournesol - 2. Multiplication végétative du chardon (drageons)
Le chardon s’est développé à la faveur des systèmes en réduction de travail du sol et/ou avec répétition de façons superficielles. Il peut être présent dans tous les types de sol et toutes les cultures. Sa propagation se fait par les rhizomes.
La nuisibilité du chardon et la difficulté de destruction de ses rhizomes doivent inciter à saisir toutes les opportunités de lutte au cours de la rotation : interventions de travail du sol régulières en été à partir de 4-6 feuilles du chardon, labour profond (même de printemps), implantation de cultures (voire de couverts) étouffantes, binage, éviter la montée à graine des chardons (écimage à floraison, broyage des jachères et des bords de champ), …
Par exemple, l’introduction d’une culture de printemps avec décalage de la date de semis permet de réaliser des interventions de travail du sol au moment où le chardon a peu de réserves racinaires et est prêt à repartir.
Pour les déchaumages répétés d’été, il est conseillé d’utiliser des outils (type cultivateur ou décompacteur à ailettes ou charrue déchaumeuse) avec un recoupement important des dents (chevauchement du sillon des socs). Ne pas hésiter à intervenir en profondeur et plusieurs fois en augmentant la profondeur lors des passages successifs) pour épuiser petit à petit les réserves du chardon et l’empêcher d’en constituer de nouvelles. Il faut impérativement travailler par temps sec et sur sol sec.
Gestion herbicide
- dans les céréales d’hiver avec des hormones et des sulfonylurées appliquées au printemps sur chardons développés (boutons floraux).
- dans les intercultures, sur chaumes de céréales, en intervenant avec des herbicides totaux de type glyphosate, appliqués par temps poussant sur chardons développés.
- avant le semis du tournesol si les chardons ou les liserons ont déjà levé. Dans ce cas intervenir avec un herbicide total de type glyphosate. Cette technique permet de limiter ponctuellement la concurrence avec le tournesol mais demeure insuffisante.
Sur tournesol :
En post-levée sur variétés tolérantes : Express SX 45 g/ha + Trend 90 0,1 % présente une meilleure efficacité sur jeunes chardons.
Sur soja :
L'imazamox représente, en postlevée, un léger frein à cette adventice.
Sur pois protéagineux :
L’application en post-levée de TROPOTONE (2,4 MCPB) permet de freiner (3 l/ha) voire de détruire (4 l/ha) les ronds de chardons avant le stade apparition des boutons floraux (stade du chardon le plus sensible). En raison d’une sélectivité moyenne du produit, l’application restera localisée aux ronds de chardons.
Sur lin oléagineux :
Utiliser un produit à base de clopyralid (par exemple LONTREL SG à 0.174 kg/ha + huile)
Liserons (des champs et des haies)
Liseron dans tournesol
Les outils à disques animés avec appareils rotatifs peuvent augmenter la multiplication des rhizomes. Le non labour favorise leur prolifération.
Le labour perturbe la structure racinaire mais il ne suffit pas à lui seul pour éradiquer cette espèce de la parcelle.
Alterner cultures d’hiver et cultures d’été dans la rotation.
Fiches liseron des champs et liseron des haies.
Gestion herbicide
Sur tournesol :
Il est nécessaire d'attendre jusqu'à la floraison des liserons avant l'intervention chimique. A ce stade, les réserves racinaires sont amoindries.
- En interculture : désherber avec un glyphosate associé ou non à un 2-4D. Adapter les doses à la situation.
- En prélevée : utiliser Challenge ou Racer ME.
- En post-levée : sur variétés tolérantes, Pulsar 40 1,25 l/ha ou Passat Plus 2 l/ha ou Express SX 45 g/ha + Trend 90 0,1 % sont efficaces sur liseron des haies mais inefficaces sur liseron des champs.
Sur pois protéagineux :
L’application de bentazone (1,4 kg/ha de produit commercial) provoque des brûlures qui freinent seulement le développement du liseron des champs. En forte pression celui-ci occasionne d’importantes gênes à la récolte, l’application d’un dessicant (spécialité à base de diquat tel que REGLONE) quelques jours avant la récolte grille les parties vertes, mais ne limite pas la repousse au printemps suivant.
Rumex
Rumex en interculture
La production des graines de rumex est élevée et sa racine tubérisée lui permet de repartir même après un sectionnement ou un arrachage.
La lutte contre le rumex est difficile ; des fauches répétées permettent de le gérer si elles sont fréquentes et sur plusieurs années. Un labour ou des faux-semis sont également envisageables. La stratégie d’extraction : arrachage ou déchaumage avec des outils de type chisel ou vibroculteur puis ramassage ou « tractage » des racines tubérisées à l’extérieur de la parcelle (ou bien les laisser sécher en surface si le temps est sec) est la technique recommandée.
Attention à ne pas fragmenter la racine du rumex (avec des outils à disques par exemple), ce qui favoriserait sa multiplication.
Gestion herbicide
Sur tournesol :
Seule la stratégie de postlevée sur variété tolérante au tribénuron-méthyl présente un bon contrôle.
Sur pois protéagineux :
Contre les rumex à l’état de plantules issues de graines, les meilleures efficacités ont été obtenues avec CORUM 1,25 l/ha + adjuvant ou TROPOTONE 3 l/ha (solution moins sélective).
Sur soja :
Préférer une solution avec imazamox.
Récolte et gestion des résidus et pailles
Si la récolte du lin doit être menée avec précaution, elle peut être pleinement réussie à condition de mettre en place quelques leviers techniques.
Quelles sont les pratiques éprouvées sur le terrain ?
Conseils techniques pour réussir la récolte du lin
- Le lin est peu sensible à l’égrenage. Récolter lorsque les graines sont libres dans les capsules, dans la mesure du possible par temps sec, chaud et ensoleillé. A contrario, éviter les très fortes chaleurs en journée (> 35 °C). Avancer à 6-8 km/h dans le sens du semis.
- Utiliser une lame de barre de coupe affutée et ajuster les contre-lames. La récolte est facilitée avec l’utilisation des machines à vis à gros diamètre. Placer des plaques d’ébarbage sur le contre-batteur pour augmenter la friction et faciliter l’égrenage.
- Veiller au réglage de la moissonneuse-batteuse :
Fermer la grille inférieure ;
Grille supérieure à ¾ fermée ;
Fermeture de la pré-grille à la sortie du batteur.
- Adopter une ventilation adaptée (proche de celle du blé) pour effectuer un bon nettoyage.
- Limiter la hauteur des tiges de lin
Normes et conditions de commercialisation des graines
Le lin oléagineux est une production majoritairement contractualisée auprès des producteurs. Afin d’être commercialisées, les graines de lin doivent satisfaire des normes de commercialisation qui peuvent dépendre, selon les contrats, de la richesse en huile (38 % selon les normes minimum) et en acide alpha-linolénique. Pour ce dernier, certains contrats entre l’organisme collecteur et l’agriculteur fixent un prix de référence pour un lot de teneur comprise entre 54 et 56 % avec une grille de bonification-réfaction selon la teneur réelle des lots de graines livrés.
Les normes à la récolte
Humidité à 9% et impuretés à 2%
Gestion des résidus de lin
Le lin est une plante très fibreuse. La bonne gestion des résidus post-récolte est primordiale. La paille peut ainsi être exportée ou broyée.
Si les résidus sont laissés ou enfouis, un broyage des pailles de lin est indispensable. Les résidus de paille de lin se dégraderont d’autant plus facilement qu’ils sont laissés en surface, au soleil et à la pluie. Le lin laisse une bonne structure de sol pour la culture suivante.
La paille de lin oléagineux peut être exportée et valorisée sur la ferme (isolation de bâtiments, paillage -haies, élevage- par exemple), les débouchés industriels sont rares (se renseigner localement).
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