Légumineuses à graines : un progrès en marche pour mieux les cultiver et les utiliser

Ce mardi 4 novembre, Terres Inovia, en collaboration avec Terres Univia et avec le soutien de Plant2Pro, organise un colloque sur les légumineuses, à Paris. Agriculteurs, acteurs de la recherche et de la filière s’y presseront pour connaître les dernières avancées de la recherche, les leviers techniques à mobiliser et les formidables atouts de ces espèces dans les assolements. Le point avec Véronique Biarnès et Xavier Pinochet, experts de Terres Inovia. 

 

500 000 ha de légumineuses à graines en France en 2025

•    Soja : 150 357 ha
•    Pois : 149 866 ha
•    Féverole : 112 285 ha
•    Lentille : 33 979 ha
•    Pois chiche : 26 134 ha
•    Lupin : 3790 ha

 

Gilles Robillard, introduit le sujet de la journée

Pourquoi Terres Inovia organise un colloque sur les légumineuses à graines ?

Véronique Biarnès (VB) et Xavier Pinochet (XP) : jusque-là, nous avions mis en place un colloque sur le pois et la féverole. Organisé à deux reprises, c'était un rendez-vous apprécié de la filière. Cette fois-ci, nous avons voulu élargir à toutes les espèces de légumineuses à graines et mettre l’accent sur la construction de filière. L’objectif est de montrer que les travaux pour améliorer la productivité et les débouchés sont particulièrement dynamiques. Les choses bougent : des moyens conséquents sont mis sur le terrain pour augmenter les rendements et améliorer les utilisations des produits à base de légumineuses. Les filières se structurent, mais sur un temps long.

Un investissement conséquent pour les légumineuses 

•    Près de 100 Millions d’euros investis dont 50% d’aides publiques
•    Près de 300 Partenaires impliqués dans une dizaine de projets nationaux et européens
•    Des résultats diffusés entre 3 et 6 ans 

 

Pourquoi faut-il s’intéresser aux légumineuses ? 

V.B et X.P : au-delà de leurs atouts nutritionnels et environnementaux, la demande des consommateurs est croissante, comme le montre l’Observatoire OléoProtéines réalisé par Terres Univia, qui décrypte chaque année les produits à base de protéines végétales pour l’alimentation humaine. 

Des produits appréciés par les consommateurs

Le top 3 des ventes en commerce de détail des légumineuses à graines (en valeur) : 


1. Légumes secs appertisés (+16%)
2.Alternatives végétales (+14%)
3. Snacks apéritifs salés (+13%)

Source : Observatoire OléoProtéines 2024, ventes en valeur dans le commerce de détail

 

Quels leviers permettraient aujourd’hui de développer davantage l’utilisation des légumineuses ?

V.B et X.P : une meilleure connaissance de la composition des graines permet d’identifier les plus adaptées selon différents usages. Par exemple, pour la féverole, les travaux sur le décorticage permettent d’éliminer en partie les bruches, de donner une valeur ajoutée aux graines et d’ouvrir de nouveaux débouchés en alimentation humaine. Ainsi, les procédés technologiques constituent des leviers essentiels.

 

Pour le producteur, ces espèces peuvent-elles être compétitives ? 

V.B et X.P : souvent, les agriculteurs hésitent à cultiver les légumineuses car elles peuvent être sensibles aux aléas climatiques et apporter un rendement plus faible. Mais il ne faut pas regarder la compétitivité des légumineuses de manière isolée. L’azote symbiotique qu’elles apportent a un effet important sur les autres cultures de la rotation. A l’échelle du système de cultures, elles peuvent donc être compétitives en améliorant le rendement des cultures suivantes, à condition de les positionner dans des sols et des climats adaptés. L’insertion de ces cultures dans les systèmes doit donc être raisonné pour valoriser au mieux les services qu’elles peuvent apporter. Des exemples de systèmes intégrant des légumineuses montrent qu’ils peuvent avoir une performance à la fois économique, environnementale et sociétale.

Pour bien les cultiver, il existe aussi des leviers à actionner ? 

V.B et X.P : oui, car du fait de la fixation symbiotique de l’azote qu’elles apportent, elles peuvent être sensibles aux stress hydriques et thermiques. Les innovations qui sont menées vont pouvoir améliorer la sensibilité des légumineuses aux facteurs extérieurs : la génétique permet de développer des variétés qui s’adaptent mieux aux aléas climatiques. On a montré, avec des travaux récents, que des espèces ou des variétés de légumineuses peuvent réagir différemment en conditions hydriques limitantes. Avec ces avancées de la recherche, ces espèces pourront être mieux positionnées selon leur potentiel dans les bassins de production en établissant une cartographie pour développer les surfaces. La recherche sur les maladies racinaires progresse aussi : certaines légumineuses sont plus résistantes dans certaines situations. Pour la bruche, si le contrôle au champ reste difficile, des méthodes de stockage vont permettre d’éviter qu’elles prolifèrent. 

 

Il faut donc regarder les légumineuses avec une vision à long terme ?

Oui car les bénéfices dans un système ne sont pas immédiats, il faut attendre plusieurs années. Il en est de même pour la contractualisation. Il faut s'adapter au fil du temps, tisser des liens durables entre tous les maillons de la chaîne, basés sur la confiance qui s’établit sur le long terme. Il faut aussi qu’il y ait une prise en charge partagée du risque lié à la variabilité des rendements.

 

En savoir plus 

Quelques exemples de projets sur les légumineuses à graines : 

Cap Protéines+

Insérez Les

LetsProSeed

Resobruche

Peamage

Jack

France entière Débouchés Choix variétal Atouts de la culture Pois d'hiver Pois de printemps Féverole d'hiver Féverole de printemps Soja Lentille Pois chiche Lupin d'hiver Lupin de printemps colloque debouchés feverole lentille légumineuses pois progrès génétique recherche soja

Les débouchés de la cameline

La cameline est une culture oléagineuse dont les graines se caractérisent par un profil en acide gras original ainsi qu’une forte teneur en protéine. Ses propriétés lui confèrent un potentiel de valorisation dans différentes filières. 

La cameline est une culture oléagineuse dont les graines se caractérisent par un profil en acide gras original ainsi qu’une forte teneur en protéine. Ses propriétés lui confèrent un potentiel de valorisation dans différentes filières. 

À ce jour, ses principaux usages concernent la production d’huile pour l’alimentation humaine et la valorisation des tourteaux en alimentation animale. Cependant, elle suscite un intérêt croissant pour des applications dans les domaines de la cosmétique, de la chimie verte et de la formulation de spécialités techniques. De plus, une filière française se structure actuellement autour de la cameline cultivée en interculture, spécifiquement orientée vers la production de carburants d’aviation durables.

Teneur en huile (%MS)28-49%
Dont a-linoléniques (précurseur ω-3)28-50%
Dont linoléiques (précurseur ω-6)   15-23%
Rapport ω-3/ω-6  1.3-2.6
Protéine (% MS)24.1-35.7%

Une nouvelle filière pour la production de carburants d’aviation durables

Une particularité de la cameline est son cycle court – le cycle de la cameline peut être réalisé en 3 mois environ – ce qui lui permet d’être cultivée en interculture.

Par ailleurs, pour décarboner le secteur de l’aviation dans le cadre de la mise en œuvre de la loi européenne sur le climat, l’Union Européenne a adopté en 2024 le règlement RefuelEU Aviation. Ce règlement fixe des objectifs important d’incorporation de biocarburants à l’horizon 2050.

Figure 1. Part minimale de carburant d'aviation durable fixé par le règlement ReFuelEU

De plus, l’évolution récente de la Renewable Energy Directive II (RED II) a classé les matières premières produites en interculture dans la catégorie « biocarburants avancés » (annexe 9A de la RED II), les rendant ainsi éligibles pour la production de biocarburant pour l’aviation.

Ainsi, les cultures produites en interculture, telles que la cameline, représentent l’une des voies pour atteindre les objectifs d’intégration de biocarburant dans l’aviation, ce qui laisse envisager une importante demande pour celle-ci dans les années à venir. 

De plus, les faibles besoins en intrant de la cameline permettent d’adopter un itinéraire technique à faible émission de Gaz à Effet de Serre, une nécessité pour la valorisation en biocarburant. Saipol, filiale du groupe Avril, travaille ainsi au développement d’une filière cameline produite en interculture.

Alimentation humaine

L’huile de cameline appartient à la famille des huiles riches en acide gras oméga 3, derrière le lin mais devant le chanvre, la noix et le colza. Du fait de sa forte teneur en oméga 3 et de son rapport ω-3/ω-6 optimal, elle présente des qualités nutritionnelles intéressantes pour rééquilibrer nos régimes alimentaires actuellement trop riches en oméga 6 par rapport aux oméga 3. 

De plus, sa richesse en anti-oxydant tels la vitamine E lui assure une bonne stabilité et limite son oxydation, par rapport aux autres huiles riches en oméga 3. Elle est principalement consommée pour l’assaisonnement, mais peut également être utilisée pour la formulation de compléments alimentaires (autorisé en 2019 par la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes – DGCCRF). 

Figure 2. Compositions en acides gras des huiles de lin et de chanvre comparées à celles d’autres huiles végétales de la famille alpha-linolénique (cameline, noix, colza et soja). Morin et al. 2015, OCL

Le marché de l’alimentation humaine concerne actuellement essentiellement la cameline produite en agriculture biologique, et reste un marché relativement peu développé. 

 

Cosmétique

L’huile de cameline est également utilisée dans la formulation de produits cosmétiques, notamment du fait de sa forte teneur en anti-oxydants.

Autres débouchés

La recherche et l’industrie explorent une diversité d’applications pour l’huile et le tourteau de cameline, tels que la formulation de bioplastique, d’agents adhésifs, de biopesticides, de bioherbicide, de biostimulants… Le projet Carina explore par exemple la valorisation de cameline et moutarde d’Abyssinie (brassicata carinata) pour la formulation de biopesticide et biostimulant. 

Alimentation animale

Le tourteau de cameline présente une teneur élevée en protéines, d’environ 45 %, ce qui en fait un ingrédient intéressant à intégrer dans les rations d’aliments pour animaux. 

Les outils pour la cameline

Enquête

Terres Inovia propose des questionnaires pour saisir les parcelles touchées par l'orobanche, la…
Bas-Rhin (67) Bouches-du-Rhône (13) Deux-Sèvres (79) Essonne (91) Finistère (29) Gard (30) Gers (32) Gironde (33) Haut-Rhin (68) Haute-Garonne (31) Haute-Loire (43) Haute-Marne (52) Haute-Saône (70) Haute-Savoie (74) Haute-Vienne (87) Hautes-Pyrénées (65) Hauts-de-Seine (92) Hérault (34) Ille-et-Vilaine (35) Indre (36) Indre-et-Loire (37) Isère (38) Jura (39) Landes (40) Loir-et-Cher (41) Loire (42) Loire-Atlantique (44) Loiret (45) Lot (46) Lot-et-Garonne (47) Lozère (48) Maine-et-Loire (49) Manche (50) Marne (51) Mayenne (53) Meurthe-et-Moselle (54) Meuse (55) Morbihan (56) Moselle (57) Nièvre (58) Nord (59) Oise (60) Orne (61) Paris (75) Pas-de-Calais (62) Puy-de-Dôme (63) Pyrénées-Atlantiques (64) Pyrénées-Orientales (66) Rhône (69) Saône-et-Loire (71) Sarthe (72) Savoie (73) Seine-et-Marne (77) Seine-Maritime (76) Seine-Saint-Denis (93) Somme (80) Tarn (81) Tarn-et-Garonne (82) Territoire de Belfort (90) Val-d'Oise (95) Val-de-Marne (94) Var (83) Vaucluse (84) Vendée (85) Vienne (86) Vosges (88) Yonne (89) Yvelines (78)

Les éditions sur la cameline

Maturité/récolte France entière Débouchés Cameline 2025 cameline debouchés

SIA 2025 : le chanvre, une culture pleine de promesses

Au Salon international de l’Agriculture, Terres Inovia, l'institut technique de la filière chanvre, et InterChanvre ont présenté les atouts agronomiques et les débouchés de cette plante qui connaît un bel essor en France.

Louis-Marie Allard (Terres Inovia) et Nathalie Fichaux (InterChanvre)

Le chanvre est une culture qui gagne à être connue. Atouts agronomiques, débouchés nombreux, cette plante ancienne, qui préserve la biodiversité et ne nécessite que peu d’eau et aucun intrant, est pleine de promesses. C’est ce qui ressort de la présentation, très complète, de cette culture, réalisée par Terres Inovia et InterChanvre, mardi 25 février, au Salon International de l’Agriculture, sur le stand de l’Acta.

La France, premier producteur européen

Source : InterChanvre

Depuis quelques années, le chanvre gagne du terrain, dans le monde d’abord où la production a été multipliée par deux en l’espace de cinq ans, avec 185 248 ha (chiffres 2022). « La France est le deuxième pays au monde », a précisé Nathalie Fichaux, directrice d’InterChanvre. L’hexagone est même le premier pays producteur européen, avec 22 000 ha, soit 38 % des surfaces européennes. « Elles ont triplées en dix ans. L’objectif est de multiplier les surfaces par deux d’ici cinq ans ».

Ce développement de la culture se concrétise par l’essor des chanvrières – entreprise de transformation de la plante -, avec, au total, sept chanvrières en France. « Deux d’entre elles ont triplé leur capacité et quatre nouvelles sont en cours de création dans le Sud », explique à son tour Louis-Marie Allard, ingénieur de développement de Terres Inovia et référent national chanvre.

Chiffres clés

  • Une surface de 23 600 ha en 2024
  • 1 550 agriculteurs
  • 7 chanvrières et 4 en cours de création
  • 300 salariés en chanvrière
  • Plus de 1 700 entreprises du bâtiment formées à l’utilisation du chanvre
  • Un chiffre d’affaires multiplié par 1,5 en trois ans

 

Source : InterChanvre

 

Une plante durable et locale

Du côté de l’itinéraire technique, le chanvre est une plante « relativement simple, avec un cycle de 4 à 5 mois », poursuit Louis-Marie Allard. Comme elle va couvrir rapidement le sol, « elle ne nécessite pas d’herbicide, ni même de fongicide car les champignons sont localisés et ne se transmettent pas d’un pied à l’autre ».

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Autre atout agronomique : le chanvre n’a besoin que de très peu d’eau et stocke, en revanche, beaucoup de carbone (9 à 15 t CO2/ha/an). « Elle vient souvent s’intercaler entre deux céréales et peut permettre une augmentation du rendement du blé suivant de 8 à 10% ».

Les atouts agronomiques du chanvre

  • 0 pesticides
  • Peu d’irrigation
  • Puit de carbone
  • Plante adaptée au changement climatique et qui améliore le rendement de la culture suivante
  • Une aide couplée (83 euros/ha en 2023)

 

Une réglementation à respecter

La plante, qui contient une proportion importante de cannabinoïdes (dont le cannabis), obéit à des règles strictes. « Il est obligatoire d’utiliser des semences certifiées car elles ont une teneur en THC -la principale molécule active du cannabis- inférieure à 0,3% », poursuit Louis-Marie Allard. 

Attention : un tiers des parcelles est contrôlée, par prélèvement, au mois d’août, par l’ASP, l’organisme chargé de contrôler la teneur en THC.

Des paiements pour services environnementaux pour le chanvre

Culture durable, le chanvre fait partie des plantes qui font l’objet de prestations sous-forme de paiements pour services environnementaux.

Le PSE, qu’est-ce que c’est ?


Les paiements pour services environnementaux (PSE) en agriculture sont des dispositifs économiques qui rémunèrent les agriculteurs pour des actions qui contribuent à restaurer ou maintenir des écosystèmes (préservation de la qualité de l’eau, stockage de carbone, protection du paysage et de la biodiversité…). Ces avantages sont qualifiés de services écosystémiques.

Plus d'infos sur https://agriculture.gouv.fr/les-paiements-pour-services-environnementaux-en-agriculture​​​​​​​

 

Le PSE, dans le cas du chanvre, est un contrat de trois ans, avec des indicateurs annuels, et repose sur trois objectifs :

  1. Le carbone (nombre de tonnes stockées et évitées)
  2. L’eau (litres d’eau économisées par ha)
  3. Aucun produit phytosanitaire (nombre d’ha et d’agriculteurs engagés)

 

Des débouchés nombreux

Source : InterChanvre

La plante de chanvre peut, en effet, être utilisée dans de nombreux débouchés :

  • La graine est utilisée pour l’alimentation humaine et la cosmétique
  • La chenevotte : granulats, litière animale, paillage horticole, plasturgie…
  • La fibre : isolation dans le bâtiment, plasturgie, textile, papiers spéciaux, géotextile…
  • Poussière fine : énergie, compost…

 

Retrouvez le recommandations de Terres Inovia sur l'itinéraire technique à tous les stades de la culture

 

 

 

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Colza et pois : découvrez la qualité des graines de la récolte 2023

Terres Inovia a réalisé, pour l'Interprofession Terres Univia, une analyse de la qualité des graines du colza et du pois pour la récolte 2023. Elles font l'objet de deux fiches, à télécharger gratuitement.

 

Colza : une qualité et une teneur en huile fidèle à la normale

L’Observatoire sur la qualité des graines de colza collectées en France est piloté par Terres Univia et mis en œuvre par Terres Inovia. Il appréhende annuellement les principaux critères qualitatifs de la récolte. Rendement, qualité et teneur en huile sont conformes à la moyenne quinquennale pour les graines de la récolte 2023.

En 2023, 1 350 000 ha de colza ont été cultivés en France, soit une hausse de 10 % par rapport à 2022. Le rendement national est de 31,7 quintaux (q)/hectare (ha), soit une valeur légèrement inférieure à la moyenne quinquennale. La production nationale a atteint près de 4 300 000 tonnes, en hausse de 10 % par rapport à la moyenne 2018-2022.

Fiche à télécharger

 

Pois : un rendement faible et une teneur en protéines élevée

Terres Univia a confié en 2023 à Terres Inovia la réalisation d’une enquête sur la qualité des graines de pois protéagineux à la collecte, avec la collaboration des organismes collecteurs qui ont procédé à la fourniture des échantillons.

Il ressort de cette enquête que les surfaces de pois en France ont augmenté en 2023, à 152 000 hectares (ha) contre 133 000 ha en 2022.

Fiche à télécharger

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