Formidable Protéine 2 : booster les formations pour accroitre la souveraineté protéique

Terres Inovia est le chef de file, avec l’ESA d’Angers, d’un vaste projet pour déployer des formations, initiales et continues, sur les enjeux, la production et l’utilisation de protéines végétales : Formidable Protéine 2.

La politique de formation pour accélérer la souveraineté nationale est un enjeu national, porté par les pouvoirs publics dans le cadre de France 2030. Objectif : proposer des dispositifs de formation concrets et adaptés pour développer les compétences nécessaires aux métiers d’avenir.

Acteur incontournable de la formation continue dans l’agriculture, Terres Inovia est le chef de file, avec l’Ecole Supérieure d’Agronomie (ESA) d’Angers, du projet Formidable Protéine 2 pour mettre les enjeux de la souveraineté protéique au cœur de la formation agricole, à la fois dans les formations initiales – du BTS aux écoles d’ingénieurs- et continues. « A la suite d’un diagnostic, nous avons constaté que les formations sur la souveraineté protéique et la transition agroécologique étaient très insuffisantes, à la fois sous le format initial et continu », explique Elise Odinot, qui porte ce projet pour Terres Inovia. Autre constat : l’attrait pour les métiers agricoles connaît une baisse préoccupante. « Il faut arriver à mettre en place des formations qui sont beaucoup plus en adéquation avec les besoins du terrain », renchérit-elle.

D’une durée de cinq ans et financé par le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, ce projet est co-piloté par Terres Inovia et l’Ecole Supérieure en Agronomie (ESA) d’Angers. Doté d’un budget de six millions d’euros, il emmène avec lui 16 partenaires. Il entre dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) piloté par le Secrétariat général pour l’investissement.

Le projet ambitionne de déployer des solutions concrètes pour l'enseignement agricole et les filières et en adoptant une approche globale et innovante, avec la création de 52 briques pédagogiques, dont 16 feront intervenir du digital. 

Il devrait toucher 1 500 bénéficiaires des formations initiales, 10 000 apprenants en formations continues et 5 000 bénéficiaires du partage d’expérience. Ces formations seront déployées dans 400 lycées agricoles et 10 écoles d’ingénieurs et devrait permettre de créer 12 000 emplois.

Pour en savoir plus sur Formidable Protéine 2

 

formation ministère agriculture proteines souveraineté protéique

Colza et pois : découvrez la qualité des graines de la récolte 2023

Terres Inovia a réalisé, pour l'Interprofession Terres Univia, une analyse de la qualité des graines du colza et du pois pour la récolte 2023. Elles font l'objet de deux fiches, à télécharger gratuitement.

 

Colza : une qualité et une teneur en huile fidèle à la normale

L’Observatoire sur la qualité des graines de colza collectées en France est piloté par Terres Univia et mis en œuvre par Terres Inovia. Il appréhende annuellement les principaux critères qualitatifs de la récolte. Rendement, qualité et teneur en huile sont conformes à la moyenne quinquennale pour les graines de la récolte 2023.

En 2023, 1 350 000 ha de colza ont été cultivés en France, soit une hausse de 10 % par rapport à 2022. Le rendement national est de 31,7 quintaux (q)/hectare (ha), soit une valeur légèrement inférieure à la moyenne quinquennale. La production nationale a atteint près de 4 300 000 tonnes, en hausse de 10 % par rapport à la moyenne 2018-2022.

Fiche à télécharger

 

Pois : un rendement faible et une teneur en protéines élevée

Terres Univia a confié en 2023 à Terres Inovia la réalisation d’une enquête sur la qualité des graines de pois protéagineux à la collecte, avec la collaboration des organismes collecteurs qui ont procédé à la fourniture des échantillons.

Il ressort de cette enquête que les surfaces de pois en France ont augmenté en 2023, à 152 000 hectares (ha) contre 133 000 ha en 2022.

Fiche à télécharger

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Protéines de colza : adapter la conduite pour répondre aux nouvelles demandes du marché

Les projets In Petto 1 et 2, menés par Terres Inovia, Sofiprotéol et l’université de Caen, ont étudiés l’impact des pratiques culturales sur la qualité des graines de la crucifère. L’objectif est de proposer des variétés qui répondent à la demande : hautes teneurs en huiles et en protéines, rendements élevés et qualité protéique. Ce dernier point reste encore à creuser.

Connue pour sa teneur en huile, la graine de colza renferme aussi une fraction protéique valorisée sous la forme de tourteaux. Certains marchés semblent porteurs : certes l’alimentation animale, avec le souhait ici de relocaliser la production végétale à destination de l’alimentation du bétail ; mais aussi l’alimentation humaine, dans un contexte global de transition alimentaire et d’une recherche d’alternative aux protéines animales pour divers usages.

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La graine de colza contient 2 fractions dominante :
l'huile et la protéine. Crédit : Terres Inovia

Pour satisfaire la demande, les graines de colza doivent être plus riches en protéines. Les teneurs actuelles, comprises entre 18 % et 21 %, sont insuffisantes compte tenu des attentes (22 % à 26 %). Si l’objectif de 26 % est difficilement atteignable avec les variétés actuelles (voir l’encadré), des niveaux de 22 % voire 23 % ont déjà été obtenus ponctuellement. Le potentiel est là, mais il reste à comprendre comment faire pour le généraliser à de plus gros volumes.

L’autre défi est de devoir à la fois valoriser l’huile et les protéines. Or, l’accumulation de ces deux éléments ne se fait pas de manière synergique dans la graine : une augmentation de la teneur en protéines conduit généralement à une baisse de celle en huile.

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Graphique extrait de l'article Arvalis & Terres Inovia infos joint en bas de page.

Pratiques culturales et qualité des graines

Parallèlement, un autre besoin est centré sur la qualité protéique. La graine de colza est naturellement dotée d’acides aminés soufrés dits « essentiels » car ils ne peuvent pas être synthétisés par les organismes des monogastriques (dont les humains). Néanmoins, il existe une variabilité de la proportion de ces acides aminés au sein des protéines du colza, laquelle est déterminée par le ratio napine/cruciférine (deux protéines de réserves dans la graine dont la première est plus riche en acides aminés soufrés). Dans l’idéal, il faudrait augmenter à la fois la quantité totale de protéines, et la part de ces acides aminés essentiels afin de fournir des protéines « de qualité ».

Les projets In Petto 1 puis In Petto 2, menés par Terres Inovia, Sofiprotéol et l’université de Caen, se sont attelés à travailler sur ces trois défis, entre 2019 et 2022, en étudiant comment les pratiques culturales (choix variétal, fertilisation azotée et soufrée) pouvaient influencer la teneur et la qualité des protéines, et la teneur en huile.

Dans le cadre de ces projets, une pré-étude avait permis d’identifier un pool de 11 variétés commercialisées (ou en pré-commercialisation), dont la teneur en protéines était a priori plus élevée que la moyenne. Les essais menés ont confirmé le potentiel pour 3 d’entre elles dont notamment ES Cesario et ES Amadeo ; si la première obtient une teneur en protéines significativement plus élevée que le témoin DK Exstorm, ES Amadeo semble présenter un meilleur compromis huile/protéines.

Côté fertilisation, le choix de la forme d’azote, de même que le fractionnement de l’apport en soufre, ont eu un effet neutre vis-à-vis de la teneur en protéines, mais aussi de celle en huile et du rendement. En revanche, la modification des dates d’apport et la répartition de la dose d’azote entre les apports se sont avérées déterminantes. Le retard du 3e apport (à fin floraison) uniquement n’a pas été suffisant pour augmenter significativement la teneur en protéines (+0,3 %). Mais le retard conjugué des 3e et 2e apports (à floraison et à fin floraison) a permis de majorer la teneur en protéines de 1,2%. L’effet a été maximisé en couplant cette pratique avec un report de 40 kg de N/ha du 2e vers le 3e apport, passant le gain en teneur en protéines à 1,7 %. Malheureusement, dans les deux cas, cela a abouti à une baisse significative de la teneur en huile (de -0,8 à -1,1%). En revanche, aucune de ces modalités n’a eu d’effet négatif sur le rendement.

La forme de l'engrais azoté (ammonitrate, ici)
n'a pas d'impact sur la teneur en protéines. Crédit : Terres Inovia.

En perspectives, reste la question de la qualité protéique. Dans le cadre du projet, elle a été évaluée sur plusieurs essais et les conclusions s’avèrent mitigées. Certains essais et contextes climatiques ont permis d’observer des effets de fertilisations tardives conduisant à une augmentation de la teneur en protéines et à un maintien voire une augmentation du ratio napine/cruciférine. En revanche, l’accroissement de la teneur en protéines n’est pas forcément corrélé à celle du ratio napine/cruciférine, signe d’une meilleure qualité protéique. Les facteurs déterminants de cette qualité protéique restent donc à approfondir pour espérer être gagnant demain sur les deux tableaux.

Vers des variétés à haute teneur en protéines

Le colza de printemps est naturellement plus riche en protéines que le colza d’hiver, pour des teneurs en huile qui avoisine celle de son cousin. Plusieurs programmes de sélection ont été lancés afin d’introgresser, par croisements successifs de parents de colza d’hiver et de printemps, le caractère génétique lié à la haute teneur en protéines dans les graines du colza d’hiver. De nouvelles variétés devraient voir le jour d’ici 5 à 10 ans.

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Contact : C. Le Gall, c.legall@terresinovia.fr​​​​​​​

The In Petto 1 and 2 projects, led by Terres Inovia, Sofiprotéol and the University of Caen, have studied the impact of cultivation practices on the quality of cruciferous seeds. The aim is to offer varieties that meet demand: high oil and protein content, high yields and protein quality. This last point has yet to be explored.

Well-known for its oil content, rapeseed also contains a protein fraction that is used in the form of oilcake. Certain markets appear to be promising: animal feed, with the aim of relocating plant production for livestock feed; but also human food, in a global context of dietary transition and the search for alternatives to animal proteins for various uses.

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Rapeseed contains 2 main fractions:
oil and protein. Copyright: Terres Inovia

To meet demand, rapeseed needs to be higher in protein. Current protein levels of between 18% and 21% are insufficient to meet expectations (22% to 26%). While the 26% target is difficult to achieve with current varieties (see box), levels of 22% or even 23% have already been achieved in some cases. The potential is there, but we still need to figure out how to roll it out to larger volumes.

The other challenge is that we need to add value to both the oil and the protein. However, these two elements do not accumulate synergistically in the seed: an increase in protein content generally leads to a drop in oil content.

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Graph taken from the Arvalis & terres Inovia infos article attached at the bottom of the page.

Cultivation practices and seed quality

At the same time, another requirement is protein quality. Rapeseed naturally contains so-called 'essential' sulphur amino acids, which cannot be synthesised by monogastric organisms (including humans). However, there is variability in the proportion of these amino acids in rapeseed proteins, which is determined by the napin/cruciferin ratio (two reserve proteins in the seed, the first of which is richer in sulphur amino acids). Ideally, both the total quantity of protein and the proportion of these essential amino acids should be increased to provide 'quality' protein.

The In Petto 1 and then In Petto 2 projects, led by Terres Inovia, Sofiprotéol and the University of Caen, set out to work on these three challenges between 2019 and 2022, by studying how cultivation practices (choice of variety, nitrogen and sulphur fertilisation) could influence protein content and quality, and oil content.

As part of these projects, a pre-study identified a pool of 11 marketed (or pre-marketed) varieties with higher-than-average protein content. The trials carried out confirmed the potential of 3 of these varieties, including ES Cesario and ES Amadeo. While ES Cesario has a significantly higher protein content than the DK Exstorm control, ES Amadeo seems to have a better protein content than the DK Exstorm control.

The form of nitrogen fertiliser (ammonium nitrate, here)
has no impact on protein content. Copyright: Terres Inovia.

The question of protein quality remains. As part of the project, this was assessed in several trials, with mixed results. In certain trials and climatic conditions, the effects of late fertilisation were observed, leading to an increase in protein content and a maintenance or even an increase in the napin/cruciferin ratio. On the other hand, the increase in protein content is not necessarily correlated with that of the napin/cruciferin ratio, a sign of better protein quality. We still need to find out more about the factors that determine protein quality if we hope to win on both counts in the future.

Towards high-protein varieties

Spring oilseed rape is naturally richer in protein than winter oilseed rape, while its oil content is close to that of its cousin. Several breeding programmes have been launched to introduce the genetic trait linked to high protein content into the seeds of winter rapeseed by successive crosses between winter and spring rapeseed parents. New varieties should be available within 5 to 10 years.

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Contact : C. Le Gall, c.legall@terresinovia.fr​​​​​​​

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