Tournesol: irriguer pour sécuriser le potentiel de rendement
Les premières parcelles de tournesol atteignent déjà la floraison. A l’heure où les fortes chaleurs se sont installées et après une longue période sans précipitation sur l’ensemble du territoire, la question de l’irrigation du tournesol peut se poser. Voici quelques conseils pour maximiser l’effet de l’irrigation sur le tournesol.
Le tournesol et l’eau
Trois principales périodes du cycle sont tout de même plus sensibles vis-à-vis de situations de stress hydrique prononcé :
• la préfloraison,
• la floraison,
• le début du remplissage des graines
Au cours de ces périodes, si la culture ne dispose que de la moitié de ses besoins en eau, on s’expose à des pertes de rendement élevées, pouvant atteindre 30 à 40% du potentiel.
A l’inverse, sur la première partie du cycle, appelé phase végétative, on ne cherche pas à avoir un tournesol exubérant, et tout particulièrement si la culture est positionnée sur des sols superficiels. En effet, une croissance foliaire trop importante au cours de la phase végétative peut générer une sensibilité accrue au stress hydrique si les pluies ne se maintiennent pas durant les phases critiques (préfloraison, floraison et début du remplissage des graines). Dans les parcelles avec une réserve utile limitée et dans le cas où une absence de pluies en juillet serait observée, un relais d’irrigation sera par conséquent bienvenu, et permettra d’éviter une senescence précoce des feuilles. L’irrigation constitue par conséquent un levier important pour sécuriser le potentiel de rendement.
Quelle stratégie d’irrigation adopter ?
L’irrigation doit accompagner le tournesol pour qu’il maintienne sa surface foliaire verte durant la floraison, puis le plus longtemps possible après la floraison. Elle peut être pilotée à l’aide d’une règle de décision s’appuyant sur 3 critères principaux: le volume d’eau que le producteur peut allouer à la culture, la profondeur du sol (et au delà de la profondeur, la réserve utile du sol) et enfin de la croissance observée au stade bouton. L’irrigation du tournesol sera comprise entre 30 et 120mm/ha apportés en 1 à 3 tours d’eau, entre la préfloraison et la fin floraison + 10 jours.
Le tableau ci-dessous illustre les stratégies à adopter en fonction des situations :
Les besoins du tournesol en eau d’irrigation sont précoces et situés sur les mois de juin et juillet. A la différence des autres cultures d’été, ceci permet au tournesol d’esquiver les périodes les plus sèches, ainsi que les restrictions les plus sévères d’accès à l’eau, survenant généralement à partir du mois d’août.
| L’irrigation du tournesol est aujourd’hui une pratique qui reste peu répandue sur notre territoire. Dans le Sud-Ouest, un quart des surfaces de tournesol sont conduites sur des parcelles irrigables. Pour autant la surface réellement irriguée est comprise entre 2 et 5% en fonction des années (Source : enquêtes de Terres Inovia sur les pratiques culturales 2019 et 2021). En région Auvergne-Rhône-Alpes, c'est environ 20% des surfaces qui pourraient être irriguées. En pratique, les surfaces irriguées en tournesol sont comprises entre 7 et 9% de la sole générale de la culture en fonction des années (Source : enquêtes de Terres Inovia sur les pratiques culturales 2019 et 2021). Ce delta est expliqué par la pluviométrie estivale avec des années sèches (ex : 2019) ou humides (ex : 2021). |
Quel gain en attendre ?
On estime un gain de rendement de l’ordre de 1 q/ha par tranche de 10mm d’eau d’irrigation apportée (compilation de 18 années d’essais 1989-2009). Soit, un gain potentiel de 3 q/ha pour 30mm à 10 q/ha pour 100mm. Une étude récente réalisée à partir du modèle Sunflo a confirmé cette référence historique, et a même permis de l’affiner, en montrant que sur des sols superficiels et en année sèche, un seul tour d’eau de 35 mm bien positionné apporte un gain moyen de 6 q/ha par rapport à un tournesol mené sans irrigation.
L’irrigation permet également d’améliorer la teneur en huile et de favoriser la production nectarifère, étant par conséquent bénéfique aux pollinisateurs et à la fécondation de la culture.
Dans un contexte global plus contraint en eau, tant sur les volumes que sur les périodes d’irrigation, l’intérêt d’irriguer du tournesol dans l’assolement est accru. Pour 2025, l’intérêt d’une irrigation se fera au cas par cas, d’abord sur des semis tardifs et/ou sur des sols avec des réserves utiles limitées.
Le raisonnement de l’irrigation du tournesol repose sur des règles simples demandant une observation régulière de la parcelle à partir du stade « bouton étoilé » (préfloraison). Les volumes d’eau nécessaires pour déplafonner les rendements sont peu importants, notamment en sol séchant où, en tendance, le tournesol valorise particulièrement bien l’irrigation.
Vos contacts régionaux:
- Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
- Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Ouest Occitanie
- Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr)- Auvergne-Rhône-Alpes, PACA
Datura, chassez les idées reçues
Pour bien agir contre le datura, Arvalis, Terres Inovia, l’UNILET et d’autres partenaires font la chasse aux idées reçues
Le datura est une adventice aux levées échelonnées au printemps et en été très nuisible pour les cultures de printemps. Elle est très toxique pour l’homme et les animaux. Certains leviers de lutte sont encore mobilisables. Soyez vigilant également lors de la récolte en particulier, afin d’éviter de contaminer les lots avec les alcaloïdes.
Pour bien agir, Arvalis, Terres Inovia, l’UNILET et d’autres partenaires font la chasse aux idées reçues dans le document à télécharger ici.
Réussir la destruction des couverts végétaux hivernaux
La période de destruction des couverts végétaux hivernaux approche. Cette intervention, qui doit permettre la dévitalisation totale des couverts et le maintien d’une structure de sol favorable à l’implantation de la culture suivante, est dans la mesure du possible réalisée dans des conditions optimales d’humidité du sol, ce qui réclame un grand niveau de vigilance.
Comment choisir la période de destruction des couvert hivernaux ?
- Pour un couvert à dominante crucifères ou graminées, la destruction doit survenir au moins deux mois avant la date prévisionnelle de semis de la culture suivante. L’objectif est d’éviter une faim d’azote sur les premiers stades de développement de la culture. Attention également à la phacélie, dont le rapport C/N a tendance à fortement augmenter en fin de cycle.
- Pour un couvert à dominante légumineuses, la destruction peut être plus tardive, jusqu’à trois semaines avant la date prévisionnelle de semis. Dans ce cas de figure, les principaux points de vigilance concernent la présence de résidus non dégradés au moment du semis, et la concurrence exercée sur l’eau et les minéraux du sol par des couverts détruits trop tardivement.
La destruction tardive d’un couvert hivernal à forte biomasse peut conduire à l’assèchement de sols à faible réserve utile (sols superficiels, sols sableux ou limoneux), surtout si la fin d’hiver et le début du printemps sont marqués par un déficit de pluviométrie. L’alimentation hydrique de la culture suivante risque alors d’être pénalisée, en particulier en conduite pluviale.
Aussi, il faut savoir prendre la décision d’arrêter la progression d’un couvert quand il atteint 2 à 4 tonnes de biomasse par hectare (1 à 2 kg de matière verte par m²), et qu’il a fourni les bénéfices que l’on en attend (protection contre l’érosion, piège à nitrates).
Vouloir « pousser » son couvert, peut conduire, en cas de scénario climatique défavorable, a des destructions trop tardives, impactant directement la réussite de la culture suivante.
Les conditions d’intervention sont cruciales pour les destructions mécaniques, tout particulièrement sur sols argileux. Les couverts contribuent au ressuyage du sol durant l’hiver, ils participent également au maintien d’une humidité au sol, d’autant plus importante avec des fortes biomasses ou s’ils contiennent des graminées. En fin d’hiver, il est ainsi primordial de détruire le couvert dès qu’une fenêtre favorable se présente, lorsque le sol est suffisamment ressuyé sur tout le profil travaillé . Pour cela, un suivi régulier des conditions d’humidité du sol s’impose pour limiter les risques de tassement ou de lissage.
Quel mode de destruction pour mes couverts ?
Les techniques de destruction sont multiples et doivent être choisies en bonne cohérence avec les caractéristiques des espèces implantées et les propriétés du sol.
Les techniques de destruction sont multiples et doivent être choisies en bonne cohérence avec les caractéristiques des espèces implantées et les propriétés du sol.
En fin d’hiver, sur sols argileux, il faut attendre un ressuyage suffisant du sol et réaliser des interventions qui restent superficielles, sont 2 conditions indispensables (ex : 2xDDI, Broyeur+scalpeur, rouleau hacheur + herse rotative).
Le labour ou des travaux profonds ne peuvent être envisagés que sur les sols limoneux ou sableux. Dans des situations avec des couverts bien développés, un broyage préalable peut être nécessaire.
Les travaux menés par Terres Inovia dans le cadre du réseau Syppre Lauragais ont montré que sur des couverts à tige creuse (féverole, phacélie), de nombreux matériels présentent des résultats satisfaisants de destruction (herse rotative, scalpeurs, déchaumeurs à disques indépendants, rouleaux hacheurs). La herse rotative sans rouleau, utilisée à faible profondeur (5-7cm) sur des couverts moyennement développés, assure la dévitalisation des plantes et la création d’un lit de semence favorable à la culture suivante. Le débit de chantier reste toutefois faible, tout comme l’efficacité sur les plantes à pivots et les graminées.
La difficulté principale consiste bien souvent à détruire les graminées adventices qui peuvent se développer dans le couvert pendant l’hiver, auquel cas, les outils à bon recouvrement ou équipés d’ailettes se détachent en termes d’efficacité, même si celle-ci est rarement totale. Aussi, la présence d’adventices et notamment de graminées justifie une destruction précoce, afin d’intervenir sur des stades jeunes plus faciles à détruire, et viser une implantation de la culture suivante sur un sol propre.
Si le choix se porte sur la destruction chimique, des couverts développés vont demander des doses élevées de glyphosate. L’ajout de 2-4D peut améliorer l’efficacité de destruction des dicotylédones, mais s’il est utilisé, veiller rigoureusement au délai d’application avant semis du tournesol (30 jours). Précisions, également que le levier de destruction chimique peut être mobilisé après une 1ère étape de destruction mécanique, si des graminées adventives n’ont pas été détruites et si les conditions d’humidité ne sont pas favorables. Dans ce cas de figure, le glyphosate seul suffira, et il conviendra de moduler les doses utilisées.
Quel que soit le mode de destruction, il faudra être vigilant à la présence de résidus non dégradés ou trop grossiers qui risquent de perturber le passage de l’élément semeur de la culture suivante, ou nuire au contact sol-graine. Les résidus peuvent également générer une activité plus importante des mollusques au printemps. Une surveillance précoce doit être mise en place pour éviter des potentiels dégâts sur la culture suivante.
Pour aller plus loin:
Votre contact régional
Clémence de Saintignon (c.desaintignon@terresinovia.fr)
Matthieu Abella (m.abella@terresinovia.fr)
Choisir sa variété de tournesol avec Myvar®
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Tournesol : un premier bilan sur les levées en Auvergne Rhône-Alpes
Protection des abeilles et autres insectes pollinisateurs durant la floraison
L’arrêté du 20/11/2021 modifiait les conditions d’application des produits phytopharmaceutiques durant la floraison. Suite à la décision du Conseil d’Etat le 26 avril 2024 avec prise d’effet immédiate, la liste des cultures non attractives aux pollinisateurs a été annulée et doit être remise à jour. Toutes les cultures oléo-protéagineuses sont aujourd’hui classées comme attractives pour les insectes pollinisateurs et entrent par conséquent dans le champs de l’arrêté. Ce sont le colza, le tournesol, le soja, le lin, le pois, la féverole, le pois-chiche, la lentille et le lupin.
| Sur ces cultures en floraison, les insecticides/acaricides autorisés à floraison, herbicides, fongicides et produits de biocontrôle pourront être appliqués UNIQUEMENT dans la plage horaire suivante : |
L’adaptation de la contrainte horaire, prévue à l’article 5 de l’arrêté du 20/11/21, ne peut s’appliquer qu’à la lutte contre la bruche dont l’activité exclusivement diurne est reconnue (FAQ gouvernement du 01/07/2022). Le motif de cette adaptation doit être consigné dans le registre des pratiques phytopharmaceutique.
Par conséquent, la plage horaire de 5 heures doit être respectée dans les autres cas, quelle que soit la cible visée par le traitement : adventice, maladie ou insecte.
Au sens de l’arrêté, la floraison débute aux premières fleurs de la culture.
A titre transitoire, les produits insecticides et acaricides dont l’AMM comporte l’une des mentions suivantes peuvent continuer d’être utilisés en respectant les contraintes horaires et ce jusqu’au renouvellement de l’AMM :
- Emploi autorisé durant la floraison, en dehors de la présence d’abeilles.
- Emploi autorisé au cours des périodes de production d’exsudats, en dehors de la présence d’abeilles.
- Emploi autorisé durant la floraison, et au cours des périodes de production d’exsudats en dehors de la présence d’abeilles.
A titre transitoire, les autres produits de type herbicides, fongicides et produits de biocontrôle peuvent continuer d’être utilisés en respectant les contraintes horaires et ce jusqu’au renouvellement de l’AMM.
A terme, et toujours pour les cultures attractives et l’ensemble des produits, l’étiquetage (AMM) définira la possibilité d’application durant la floraison avec une phrase de type :
« Peut être dangereux pour les abeilles. Application possible durant la floraison et sur les zones de butinage dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil ou les 3 heures suivant le coucher du soleil, uniquement pour le/les usage(s) suivant(s): […]
« Peut être dangereux pour les abeilles. Application possible durant la floraison et sur les zones de butinage selon les conditions fixées par l'arrêté du 20 novembre 2021 pour les usages caractérisés par emploi possible »
Lorsque des interdictions supplémentaires sont mentionnées sur l’étiquette des produits, elles doivent s’appliquer.
Mélanges :
Les mélanges impliquants pyréthrinoïdes et triazoles en période de floraison ou de production d’exsudats sont formellement interdits. Si les 2 traitements doivent être effectués sur la même parcelle, un délai de 24 h minimum doit être respecté entre les applications et l’insecticide appliqué en premier (arrêté dit « mélanges » du 12/06/2015).
Minimiser les dégâts d'oiseaux en combinant les leviers
Un 34ème Carrefour de la sélection du tournesol sous le signe de la collaboration
Colza et tournesol : la qualité des tourteaux pour la campagne 2021/2022
Lutte contre le mildiou du tournesol
En général, les attaques de mildiou impactent peu le potentiel de production des parcelles de tournesol. Cependant, certains cas bien plus graves peuvent se manifester à l’occasion de conditions favorables (rotation, choix variétal, pluviométrie).
Dans le Sud-Ouest, les années 2019 et 2020 ont pu marquer les mémoires. Trois points sont à bien garder en tête :
- Cet agent pathogène est capable de se conserver 10 ans dans le sol. Toute attaque, même minime, contribue donc à alimenter le réservoir d’inoculum de la maladie pour longtemps ;
- Des cas de contournements de la résistance de variétés RM9 sont observés depuis 2019, principalement dans le Sud-Ouest en situations de rotation courte ; ces attaques, souvent graves, signent une nouvelle évolution du mildiou ;
- La surveillance du territoire national a mis en évidence une pression mildiou en augmentation depuis 5 ans : entre 12 et 19% de parcelles touchées, avec une augmentation significative de la proportion des attaques graves à plus de 10% de pieds nanifiés.
Une lutte qui s’inscrit avant tout dans la protection intégrée
Malgré tout, la partie contre cette maladie est loin d’être perdue car on dispose d’un ensemble de solutions dont la mise en œuvre coordonnée est gage de tranquillité pour le long terme :
La protection doit d’abord être basée sur :
- des rotations où le tournesol ne revient pas plus d’une fois tous les 3 ans, et
- de bonnes pratiques agronomiques permettant de réduire le réservoir d’inoculum dans les parcelles (bonne gestion des repousses et des adventices telles que le xanthium, l’ambroisie et autres composées) et de limiter les infections (éviter une levée sous de fortes pluies) : pas d’abats d’eau, pas de mildiou !
Ces mesures agronomiques très efficaces sont à associer à un raisonnement pour le long terme portant à la fois sur le choix variétal et l’utilisation ou non d’un traitement de semences anti-mildiou (Cf. schéma "Position technique mildiou 2023 en fin d'article).
Ce raisonnement doit être tenu à la parcelle, car il dépend de l’historique de chacune :
- la parcelle a-t-elle subi des attaques de mildiou sur les 5 dernières campagnes ?
- quelles variétés (génétique, profil RM) y ont été cultivées ?
- avec quel(s) traitement(s) de semences anti-mildiou ?
Tenu sur le temps long, ce raisonnement conjoint « situation x variété x traitement de semences » a pour objectif de préserver à la fois l’efficacité des résistances des variétés et l’efficacité des solutions chimiques.
Le maître-mot : l’alternance au fil des campagnes !
Deux nouvelles solutions dans la lutte contre le mildiou avec un traitement de semences
Pendant longtemps, le métalaxyl-M (APRON XL) fut le seul traitement de semences utilisé dans la lutte contre le mildiou. Il fût même, au milieu des années 90, la seule solution de lutte après les contournements de la résistance variétale par les races 703 et 710 (le temps qu’apparaissent les variétés dites RM) puis par la race 304 (le temps qu’apparaissent les variétés dites RM4). A cette occasion et en situation à risque, les premières souches de mildiou résistantes au métalaxyl-M sont apparues. Depuis, l’APRON XL présente une efficacité partielle et irrégulière cependant profitable et exploitée. En raison du contournement de la résistance de certaines variétés RM9, il était nécessaire de disposer d’un nouveau traitement de semences. En 2021 et 2022, les dérogations 120 jours (art53 du REG (CE) 1107/2009) de LUMISENA et PLENARIS ont permis, sur les variétés les plus à risque, cette protection en association avec APRON XL lui aussi sous dérogation en 2022 (ré-homologation en 2021, sous serre uniquement).
En août 2022, trois nouvelles solutions (dont deux avec la même substance active) ont pu bénéficier d’une autorisation de mise sur le marché.
- LUMISENA (n°2200078) de la société CORTEVA et PLENARIS (n°2200736) de la société SYNGENTA sont deux traitements de semences à base d’oxathiapiproline à 200 g/l en formulation FS.
Cette substance active connue notamment en vigne (ZORVEC) pour sa bonne action contre le mildiou de la vigne est un inhibiteur de la protéine de liaison à l’oxystérol. Elle intervient dans l’équilibre, le transport et le stockage des lipides de la cellule du champignon. L’oxathiapiproline est classé dans le groupe 49 du FRAC (Fongicide Résistance Action Committee) qui juge le risque de résistance comme moyen à élevé. C’est en effet un fongicide à mode d’action unisite. Il est déconseillé de l’employer seul. C’est un point commun à toutes les luttes durables : associer deux modes d’action efficace, que ce soit en mildiou vigne, fongicides céréales ou colza ou mildiou du tournesol.
LUMISENA et PLENARIS ont montré dans les essais Terres Inovia de très bons niveaux d’action, indépendamment de la souche de mildiou (Cf. graphiques 1 &2 ci-dessous), supérieurs à celui d’APRON XL. Au regard du risque de résistance, Terres Inovia conseille d’associer l’oxathiapiproline à un autre-anti-mildiou efficace pour limiter la pression de sélection.
- RESSIVI (n° AMM 2220753) de la société SYNGENTA, est un traitement de semence à base d’acibenzolar-S-méthyl à 375 g/l.
Cette substance active connue depuis les années 90 pour son action contre quelques maladies (produit BION 50 WG) est un stimulateur de la défense des plantes, analogue de l’acide salicylique, molécule naturelle. Il est important de préciser que cette matière active ne rentre pas dans le cadre du biocontrôle. L’acibenzolar-S-méthyl est classé dans le groupe P01 du FRAC qui ne signale pas d’identification de cas de résistance. Son mode d’action est en effet plus complexe qu’un fongicide inhibiteur.
RESSIVI a montré, dans nos essais Terres Inovia conduits dans le Sud-Ouest, un niveau d’efficacité comparable à celui de l’APRON XL (Cf. graphiques 1 & 2 ci-dessous).
Graphique 1 : Essais 2017 et 2018 en Haute-Garonne (31). Variété sensible au mildiou. Pourcentage de plantes nanifiées à 4-6 feuilles du tournesol (avec et sans sporulation). |
Graphique 2 : Essais 2021 en Haute-Garonne (31). Les deux variétés A et B sont sensibles au mildiou. Pourcentage de plantes nanifiées à 4-6 feuilles du tournesol (avec et sans sporulation). |
D’autres modes d’action sont-ils disponibles ?
Il est vrai que d’autres substances actives fongicide anti-mildiou pourraient convenir à une telle lutte, mais aucune n’est homologuée à ce jour pour cet usage. Si de nombreux fertilisants ou biostimulants existent en traitement de semences (oligo-éléments, etc, …), leur action sur le mildiou du tournesol n’est pas démontrée.
Du bon usage des traitements de semences contre le mildiou
La durabilité de la lutte contre le mildiou est un enjeu de taille : éviter les contournements de la résistance variétale et éviter la résistance aux fongicides.
En situation à faible risque, la lutte génétique peut suffire (rotations longues). Elle est l’occasion de faire l’impasse sur le traitement de semences. Le risque est encore plus faible avec les races de mildiou plus anciennes.
En situation à risque, les races de mildiou sont beaucoup plus récentes, notamment la race 714 qui contourne certaines variétés RM9. Pour ce type de génétique, le traitement de semences est fortement conseillé. Mais, le risque est aussi de voir apparaître (sélection puis multiplication d’individus) une résistance au traitement de semences. C’est la raison pour laquelle LUMISENA/PLENARIS, produit stratégique dans la lutte, était jusqu’à présent systématiquement associé à APRON XL. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui Terres Inovia conseille d’associer systématiquement LUMISENA/PLENARIS à RESSIVI (Cf. schéma "Position technique mildiou 2023 ci-dessous).
Aujourd’hui la seule spécialité commerciale autre que LUMISENA/PLENARIS efficace contre le mildiou disponible est le RESSIVI (acibenzolar-S-méthyl). Tout autre mélange proposé est à donc proscrire.
Et la fonte de semis ?
Comme l’APRON XL, les nouveaux produits qui sont aussi des spécifiques anti-pythiacées, ne sont pas efficaces contre la fonte de semis (phoma, fusarium, botrytis, etc.…). A l’exception de l’agriculture biologique, le traitement à base de fludioxonil (CELEST/INFLUX) reste systématique dans toutes les situations.
Principes de la lutte contre le mildiou, choix variétal et traitement de semences.
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