Publié le 3 juillet 2024 | Modifié le 16 décembre 2025

Tournesol: irriguer pour sécuriser le potentiel de rendement

Les premières parcelles de tournesol atteignent déjà la floraison. A l’heure où les fortes chaleurs se sont installées et après une longue période sans précipitation sur l’ensemble du territoire, la question de l’irrigation du tournesol peut se poser.  Voici quelques conseils pour maximiser l’effet de l’irrigation sur le tournesol.

Le tournesol et l’eau

Trois principales périodes du cycle sont tout de même plus sensibles vis-à-vis de situations de stress hydrique prononcé  : 
•    la préfloraison,
•    la floraison,
•    le début du remplissage des graines
Au cours de ces périodes, si la culture ne dispose que de la moitié de ses besoins en eau, on s’expose à des pertes de rendement élevées,  pouvant atteindre 30 à 40% du potentiel. 
A l’inverse, sur la première partie du cycle, appelé phase végétative, on ne cherche pas à avoir un tournesol exubérant, et tout particulièrement si la culture est positionnée sur des sols superficiels. En effet, une croissance foliaire trop importante au cours de la phase végétative peut générer une sensibilité accrue au stress hydrique si les pluies ne se maintiennent pas durant les phases critiques (préfloraison, floraison et début du remplissage des graines). Dans les parcelles avec une réserve utile limitée et dans le cas où une absence de pluies en juillet serait observée, un relais d’irrigation sera par conséquent bienvenu, et permettra d’éviter une senescence  précoce des feuilles. L’irrigation constitue par conséquent un levier important pour sécuriser le potentiel de rendement.

Quelle stratégie d’irrigation adopter ?

L’irrigation doit accompagner le tournesol pour qu’il maintienne sa surface foliaire verte durant la  floraison, puis le plus longtemps possible après la floraison. Elle peut être pilotée à l’aide d’une règle de décision s’appuyant sur 3 critères principaux:  le volume d’eau que le producteur peut allouer à la culture, la profondeur du sol (et au delà de la profondeur, la réserve utile du sol) et enfin de la croissance observée au stade bouton. L’irrigation du tournesol sera comprise entre 30 et 120mm/ha  apportés en 1 à 3 tours d’eau, entre la préfloraison et la fin floraison + 10 jours. 
Le tableau ci-dessous illustre les stratégies à adopter en fonction des situations :

Les besoins du tournesol en eau d’irrigation sont précoces et situés sur les mois de juin et juillet. A la différence des autres cultures d’été, ceci permet au tournesol d’esquiver les périodes les plus sèches, ainsi que les restrictions les plus sévères d’accès à l’eau, survenant généralement à partir du mois d’août.

L’irrigation du tournesol est aujourd’hui une pratique qui reste peu répandue sur notre territoire.
Dans le Sud-Ouest, un quart des surfaces de tournesol sont conduites sur des parcelles irrigables. Pour autant la surface réellement irriguée est comprise entre 2 et 5% en fonction des années (Source : enquêtes de Terres Inovia sur les pratiques culturales 2019 et 2021).
En région Auvergne-Rhône-Alpes, c'est environ 20% des surfaces qui pourraient être irriguées. En pratique, les surfaces irriguées en tournesol sont comprises entre 7 et 9% de la sole générale de la culture en fonction des années (Source : enquêtes de Terres Inovia sur les pratiques culturales 2019 et 2021). 
Ce delta est expliqué par la pluviométrie estivale avec des années sèches (ex : 2019) ou humides (ex : 2021).

 

Quel gain en attendre ?

On estime un gain de rendement de l’ordre de 1 q/ha par tranche de 10mm d’eau d’irrigation apportée (compilation de 18 années d’essais 1989-2009). Soit, un gain potentiel de 3 q/ha pour 30mm à 10 q/ha pour 100mm. Une étude récente réalisée à partir du modèle Sunflo a confirmé cette référence historique, et a même permis de l’affiner, en montrant que sur des sols superficiels et en année sèche, un seul tour d’eau de 35 mm bien positionné apporte un gain moyen de 6 q/ha par rapport à un tournesol mené sans irrigation. 
L’irrigation permet également d’améliorer la teneur en huile et de favoriser la production nectarifère, étant par conséquent bénéfique aux pollinisateurs et à la fécondation de la culture. 

Dans un contexte global plus contraint en eau, tant sur les volumes que sur les périodes d’irrigation, l’intérêt d’irriguer du tournesol dans l’assolement est accru. Pour 2025, l’intérêt d’une irrigation se fera au cas par cas, d’abord sur des semis tardifs et/ou sur des sols avec des réserves utiles limitées. 

Le raisonnement de l’irrigation du tournesol repose sur des règles simples demandant une observation régulière de la parcelle à partir du stade « bouton étoilé » (préfloraison). Les volumes d’eau nécessaires pour déplafonner les rendements sont peu importants, notamment en sol séchant où, en tendance, le tournesol valorise particulièrement bien l’irrigation.
 


Vos contacts régionaux:

  • Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
  • Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Ouest Occitanie
  • Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr)- Auvergne-Rhône-Alpes, PACA