Gestion des adventices difficiles en tournesol et en soja
Certaines adventices estivales sont particulièrement concurrentielles pour le tournesol et le soja et sont à gérer spécifiquement par exemple le datura, la lampourde à gros fruits (xanthium), l’ammi élevé, le bident tripartite, la morelle, le chénopode, les renouées et le panic pied de coq. L'écart de rendement constaté entre les parcelles jugées propres et celles jugées sales peut dépasser 10 q/ha.
Datura dans du soja
Datura stramoine
Le développement végétatif important du datura le rend très concurrentiel des cultures estivales. Les graines de datura contiennent des alcaloïdes tropaniques qui sont des molécules très toxiques pour l’homme et le bétail et la récolte fait l’objet de normes. La dose toxique chez les bovins est de 600 à 900 mg de graines par kilo de poids vif. Depuis juin 2011, la règlementation européenne indique que la teneur maximale de Datura ne doit pas dépasser 1000 mg par kilogramme de graines destinées à la fabrication des aliments pour animaux. Ce seuil, qui est en cours de révision au niveau européen, devrait passer à 500 mg/kg de graines à partir de 2023. La taille des graines (2,5 à 3,5 mm) complique leur élimination par nettoyage mécanique de la récolte de tournesol.
Fréquent sur les cultures de tournesol.
Les levées sont essentiellement printanières et estivales (d’avril à septembre). Par conséquent, la rotation de cultures, avec introduction de cultures d’hiver, s’avère efficace.
Cependant, les levées étant plutôt échelonnées, les déchaumages et faux-semis ne sont pas d'une grande utilité dans la lutte contre le datura.
La persistance du stock semencier dans le sol est forte et les graines sont capables de germer même à 15 cm de profondeur. C’est pour cette raison que le labour ne présente pas d'intérêt dans la lutte contre le datura stramoine.
Une culture bien implantée (peuplement homogène) et couvrante contribuera à défavoriser le datura, très sensible à la concurrence.
Concernant le désherbage mécanique, la herse étrille et la houe rotative sont souvent peu efficaces ou d'un niveau de performance très aléatoire, à cause notamment des levées échelonnées. Le binage, en revanche, s’il est pratiqué à plusieurs reprises, est une solution à ne pas oublier.
- En prélevée du tournesol : utiliser Racer ME en programme. Appliquer dans de bonnes conditions, en particulier sur un sol frais.
- En prélevée du soja : PROMAN possible efficacité moyenne.
La postlevée est à privilégier, car bien plus efficace :
- En post-levée sur tournesol tolérant : les herbicides PULSAR 40, PASSAT PLUS, DAVAI et EXPRESS SX sont très efficaces.
- En post-levée sur soja : les herbicides PULSAR 40 et DAVAI sont très efficaces.
Lampourde à gros fruits (Xanthium strumarium)
La lampourde peut impacter fortement le rendement des cultures d'été du fait de sa forte concurrence. Les graines de lampourde posent des problèmes de tri dans le tournesol. Elles peuvent amener de l'humidité à la récolte, ce qui pénalise la qualité du stockage. D'autre part, ses graines et ses cotylédons sont toxiques pour les animaux. De plus l'adventice est une plante hôte du mildiou du tournesol (Plasmopara halstedii).
1. Plantule - 2. Dans le tournesol
Adventice printanière et estivale aux levées échelonnées (de mai à août), la lampourde peut être maîtrisée par l’introduction de cultures d’hiver dans la rotation, qui vont lui être défavorables en raison de leur période de semis différente. La floraison a lieu de juillet à septembre.
Le labour n’est pas une technique efficace sur le xanthium car 80% des graines peuvent rester viables pendant plusieurs années.
Même si ces techniques ne sont pas suffisantes pour maîtriser le xanthium, les déchaumages et travaux superficiels en été, début d'automne voire en début de printemps (faux-semis) contribuent à épuiser le stock semencier dans les premières couches du sol. Dans le cas de semis tardifs, détruire les xanthium déjà levés avant ou au moment du semis. En interculture, après une céréale, un faux-semis favorise les levées qu'il suffit ensuite de détruire mécaniquement ou chimiquement.
En culture, la herse étrille et la houe rotative sont relativement peu efficaces à cause du système racinaire puissant de la lampourde. La bineuse est efficace sur les premières levées ; ensuite, il faut compter sur la vigueur de la culture pour limiter le développement des nouvelles germinations.
En prélevée, les solutions chimiques sont globalement inefficaces. Le binage à partir de 2 paires de feuilles du tournesol ou 1ère feuille trifoliée du soja donne des résultats satisfaisants.
En post-levée du tournesol : sur variétés tolérantes, utiliser Pulsar 40 1,25 l/ha ou Passat plus 2 l/ha ou Express SX 45 g/ha + Trend 90 0,1%. L'efficacité est améliorée par le fractionnement de la dose, rajouter dans ce cas Actirob B ou Dash HC à Pulsar 40 / Listego.
En post-levée du soja : privilégier la double application suivante : PULSAR 40 0.6 l/ha + Actirob B 1 l/ha renouvelé 8-10 jours plus tard.
Efficacité de Pulsar 40 et d'Express SX sur xanthium
Source : 3 essais Terres Inovia (2007,2009,2010)
Ammi élevé (Ammi majus)
L'ammi élevé présente un développement végétatif exubérant qui le rend très concurrentiel des cultures de printemps et d'été. Cette concurrence peut aller jusqu'à l'étouffement total de la culture. En tournesol, 20 pieds/m² d'ammi élevé font perdre environ 15 % du rendement
Fréquent sur les argilo-calcaires du Sud-Ouest. 1. Plantule - 2. Dans le tournesol
L'ammi élevé est capable de germer toute l'année avec un pic en sortie d'hiver, début de printemps. Les germinations s'estompent à l'approche des fortes températures estivales. La fructification a lieu pendant l'été, ce qui en fait une espèce redoutée des cultures à récolte tardive (tournesol par exemple). Le labour et la rotation n’ont pas d’effet.
Le meilleur levier agronomique sur ammi majus est d’épuiser le stock semencier. Avant tournesol, réaliser une préparation précoce du lit de semences (fin mars, début avril), puis laisser passer 3 à 4 semaines sans retoucher le sol. Si la météo et l'état du sol sont favorables, cette technique déclenchera les premières germinations d'ammi élevé et contribuera ainsi à réduire le stock semencier superficiel, en prenant soin de détruire cette première vague de levées avant le semis du tournesol. En cas de fortes infestations attendues, décaler légèrement la date de semis à fin avril ou début mai. Il est possible aussi de pratiquer ensuite un faux-semis début septembre après la récolte du tournesol, suivi d'une destruction mécanique avant le semis du blé. Ce conseil s’applique également après la culture de blé.
Profiter du binage comme moyen complémentaire à la lutte herbicide pour éviter la production de graines pendant l'été. La herse étrille sur jeunes plantules et la houe rotative (en limon) peuvent s'envisager également.
En prélevée du tournesol, utiliser NOVALL sur un sol frais et affiné à 1,5 à 2 l/ha. Adapter la dose au type de sol : lire attentivement les conseils d'utilisation sur l'étiquette du bidon (Attention : Novall est déconseillé en sol sableux).
NOVALL permet également un bon contrôle des graminées, morelles, renouées persicaires et amarantes. Il peut être utilisé en association ou en programme (si mélange interdit) avec d’autres produits de prélevée pour un complément de spectre (CHALLENGE 600, PROMAN, RACER ME).
En prélevée du soja, aucune solution n’est efficace.
En post-levée, PULSAR 40 (tournesol tolérant et soja), PASSAT PLUS et EXPRESS SX (tournesol tolérant) sont très efficaces mais doivent s’envisager, sur tournesol, en programme après NOVALL 1 à 1,5 l/ha en prélevée pour limiter les risques de résistance dans la rotation (résistance aux inhibiteurs de l’ALS, sulfonylurées, florasulam et pyroxulam, imazamox). NOVALL présente une bonne action sur graminées, amarante, morelle et renouée persicaire.
Renouée liseron
La renouée liseron est précoce et très concurrentielle pour les cultures de tournesol et de soja.
1. plante - 2. floraison
La période de levée préférentielle s'étale de mars à juin. Le Taux Annuel de Décroissance de la renouée liseron étant assez faible (environ 50 %), le labour a une action très moyenne voire neutre. Les façons culturales réalisées le mois qui précède l'implantation de culture de printemps tardif (faux-semis) permettent de se prémunir partiellement contre la renouée liseron via une destruction de la mauvaise herbe au moment du semis.
Les très jeunes renouées s'arrachent relativement bien à l'aide de la herse étrille, mais celle-ci est inefficace dès que la plantule a mis en place ses premières feuilles. La bineuse est également efficace.
En culture de tournesol, privilégier les herbicides à base de pendiméthaline (ATIC-AQUA) ou de l’herbicide DAKOTA-P complétés en mélange ou en programme avec CHALLENGE 600 3.5 l/ha, PROMAN 2 l/ha (2.5 l/ha pour les fortes infestations) ou encore RACER ME 2 l/ha.
Dans les programmes avec PULSAR 40, PASSAT PLUS ou EXPRESS SX, en postlevée sur variétés tolérantes, conserver, en prélevée, une base pendiméthaline (ATIC-AQUA), une base avec l’herbicide DAKOTA-P ou PROMAN. La pleine dose de l’herbicide de postlevée est à privilégier. Une meilleure efficacité est obtenue par le fractionnement de la postlevée (avec huile pour PULSAR 40). La première application démarre à 3 feuilles du tournesol.
En culture de soja, le meilleur programme réunit ATIC-AQUA 2 l/ha puis PULSAR 40 1 l/ha. Le fractionnement de ce dernier est à privilégier pour une meilleure efficacité (et une meilleure sélectivité) : PULSAR 40 0.625 l/ha + Actirob B 1 l/ha dès 3 feuilles du soja, renouvelé 8-10 jours plus tard. Le programme PROMAN 1.5 l/ha puis PULSAR 40 0.8 l/ha donne également de très bons résultats.
Efficacité du programme à base de PULSAR 40 et PROMAN contre renouée liseron.
Regroupement des essais Tournesol et Soja 2012-2017
Efficacité (% - moyenne et détail) sur renouées liserons – 17 essais
Ray-grass
A l’origine plutôt hivernale, cette graminée est maintenant présente également dans les cultures estivales comme le tournesol.
Les ray-grass peuvent germer toute l'année, avec deux pics de germination : l'un automnal de septembre à décembre, l'autre au début du printemps. C’est pour cette raison que la rotation n’est pas (plus) un levier efficace. Le labour occasionnel reste un levier intéressant sur les fortes infestations de ray-grass, compte tenu de la faible persistance de son stock grainier. De nombreux essais ont montré son efficacité sur ray-grass s’il est pratiqué tous les 3-4 ans (le labour annuel n’est pas conseillé). Par ailleurs, les graines de ray-grass étant peu dormantes et germant surtout à partir de la fin d'été, début automne, la mise en oeuvre de déchaumages superficiels à cette période, dans l’interculture blé-tournesol par exemple, est intéressante. Les conditions météo (température élevée et pluie) et de structure du sol (terre fine, rappuyée) sont déterminantes pour la réussite de cette technique.
Le binage est un bon complément de rattrapage, même en tournesol et même à début tallage.
En postlevée, éviter d’utiliser PULSAR 40 (tournesol tolérant et soja) ou PASSAT PLUS (tournesol tolérant) seul.
Bident tripartite ou chanvre d'eau
Présent en Bourgogne et dans le Sud-Ouest, dans les bas-fonds et à proximité des cours d'eau, le bident tripartite est très nuisible et compromet la récolte du tournesol dans les cas les plus graves.
1. Plantule - 2. Dans le tournesol
Assurer un peuplement homogène est défavorable au bident par effet d'étouffement. Le binage est un bon complément aux traitements chimiques.
En prélevée du soja ou du tournesol, aucun herbicide n’est efficace.
En post-levée, les herbicides PULSAR 40 (tournesol tolérant et soja), PASSAT PLUS et EXPRESS SX sont très efficaces (tournesol tolérant).
Morelle noire
Cette adventice concurrence fortement les cultures printanières et estivales dans lesquelles elle prend place en raison de son développement important et rapide. La morelle noire est toxique pour l'homme et les animaux domestiques. Elle peut dévaloriser la récolte de soja (en raison de tâches sur les graines causées par les baies de morelle).
1. plantule - 2. grenaison
La morelle est souvent mentionnée comme une adventice de plus en plus présente et mal contrôlée. La germination a lieu au printemps, c’est pourquoi la diversification de la rotation avec des cultures d’hiver est efficace. Le stock semencier étant fortement persistant, le labour n’est pas efficace. Les déchaumages et faux-semis ne parviennent généralement pas à faire lever l'adventice en quantité suffisante, même avant des semis de mai.
En conditions pédoclimatiques favorables, les jeunes morelles noires s'arrachent relativement bien à l'aide de la herse étrille ou de la houe rotative. La bineuse est également efficace.
En prélevée, on privilégiera une base DAKOTA P (tournesol). En complément de prélevée, préférer RACER ME (tournesol, mélange avec les produits précédents impossible). Sinon, choisir PROMAN (soja et tournesol).
En post-levée, PULSAR 40 (soja et tournesol tolérant) est efficace dès 0,8 l/ha (avec DASH HC) ou seul dès 1 l/ha. Sur tournesol tolérant, PASSAT PLUS est efficace dès 1,6 l/ha et pour Express SX, rester à 45 g/ha + Trend 90 0,1 %. Sur soja, CORUM est également bien adapté à la postlevée sur morelle.
Chénopode blanc
Le chénopode blanc s'installe très fréquemment dans les cultures sarclées biologiques estivales, typiquement le soja. Il est particulièrement redouté du fait de sa grande nuisibilité pour le rendement et sa forte aptitude à produire des semences capables de se conserver très longtemps dans le sol.
Chénopode dans un champ de soja
Les levées, favorisées par une température entre 13 et 20°C, peuvent s’étendre sur une période entre mars et septembre, ou mode plutôt échelonné. La durée de vie des graines dans le sol du chénopode est considérable, par conséquent le labour n’est pas conseillé en cas de présence forte de cette adventice. Les faux-semis réalisés avec soin en avril seront potentiellement efficaces (semis de la culture à envisager en mai).
Si les plantules sont peu développées, les chénopodes se détruisent assez aisément avec la herse étrille, la houe rotative et la bineuse.
En agriculture biologique, les arrachages manuels, fauches ou écimages réalisés avant formation des graines du chénopode limitent les infestations ultérieures.
En prélevée du tournesol, les programmes à base de CHALLENGE 600, RACER ME et PROMAN sont très efficaces.
En postlevée sur tournesol tolérant, EXPRESS SX est plus efficace que PULSAR 40 (1 l/ha + Actirob B) ou PASSAT PLUS (1.6 l/ha minimum). En forte infestation, il est préférable de conserver une base de prélevée efficace sur graminée et chénopode (ATIC-AQUA, DAKOTA-P).
En prélevée du soja, PROMAN est le produit le plus efficace. Le meilleur programme associe cependant prélevée et postlevée.
En postlevée sur soja, rester sur la dose de 1 l/ha minimum avec PULSAR 40 et surtout choisir ATIC-AQUA 2 l/ha (ou PROWL 400 2.3 l/ha) ou PROMAN 1.5 l/ha à 2 l/ha en prélevée. CORUM 1.25 l/ha + DASH HC ou ACTIROB B, toujours en programme après prélevée est également bien adapté.
Panic pied-de-coq
Le panic pied-de-coq peut fortement réduire les rendements par son caractère très envahissant et son besoin important d'éléments nutritifs. Son cycle biologique est court et lui permet de produire rapidement des graines avant même la récolte de la culture.
Panic pied de coq dans du soja
Entre avril et septembre, les levées sont échelonnées et superficielles. Comme la persistance du stock semencier est assez faible, le labour est un levier à prendre en compte pour la gestion de cette adventice, en privilégiant un enfouissement occasionnel tous les 3-4 ans. Les faux-semis avant l’implantation du soja sont envisageables mais restent aléatoires en raison de la fluctuation de la météo et du mode de levée échelonné du panic pied-de-coq.
L'efficacité des outils de désherbage mécanique sur panic pied-de-coq est médiocre, en particulier au-delà de 3 feuilles. En revanche, les passages de herse étrille et de houe rotative "à l'aveugle" peu de temps après le semis sont relativement efficaces pour contrôler les premières levées de panics.
En pré-levée, préférer DAKOTA-P (tournesol) qui est un peu plus efficace que la pendiméthaline (PROWL 400, ATIC-ACQUA).
En postlevée, PULSAR 40 (soja et tournesol tolérant) et PASSAT PLUS (tournesol tolérant) sont efficaces à condition de les appliquer sur jeunes plantes (2-3 feuilles maxi de la graminée). Sinon, les antigraminées foliaires (FUSILADE MAX, CENTURION EC, PILOT, etc..,.) présentent une bonne efficacité. Ils ne doivent pas être mélangés à PULSAR 40 ; PASSAT PLUS et EXPRESS SX (baisse d’efficacité sur graminées en raison d’un antagonisme).
Si la postlevée est nécessaire pour la gestion des dicotylédones, conserver une base de prélevée efficace en situation de pression moyenne à forte.
Ambroisie
Pour en savoir plus, lire l'article "Comment reconnaître l'ambroisie et comment désherber"
Tournesol sauvage
Pour en savoir plus, lire l'article "Comment reconnaître le tournesol sauvage et comment désherber"
Chardon
Comment reconnaitre le chardon et comment désherber.
En résumé
En tournesol
| Efficacité sur huit adventices envahissantes | Meilleures références de prélevée |
PULSAR 40 / DAVAI PASSAT PLUS (variété Clearfield ou Clearfield plus) | EXPRESS SX 45 g/ha + Trend90 0,1 (variété Express Sun) |
|---|---|---|---|
| Ambroisie à feuille d’armoise | Moyenne ou irrégulière | Bonne et régulière | Bonne et régulière (60 g/ha + trend) |
| Ambroisie trifide | insuffisante | Moyenne | Bonne |
| Datura | Bonne et régulière | Très bonne et régulière | Très bonne et régulière |
| Liserons des haies | Moyenne ou irrégulière | bonne et régulière | Très bonne et régulière |
| Bidens | Moyenne ou irrégulière | Très bonne et régulière | Très bonne et régulière |
| Xanthium | insuffisante | Très bonne et régulière | bonne |
| Tournesol sauvage | insuffisante | Bonne et régulière | Bonne et régulière |
| chardon | insuffisante | Irrégulière | Bonne et régulière |
| Orobanche cumana | nulle | Bonne (à 6-8 feuilles du tournesol) À compléter par choix variétal adapté |
Nulle |
Infloweb : une mine d’informations et de conseils sur 40 adventices majeures des grandes cultures
Après avoir sélectionné l’adventice qui vous intéresse, vous accédez à des informations utiles sur sa description botanique (avec illustrations), sa biologie, son affinité vis-à-vis des milieux et des cultures, les facteurs favorables à son extension, et sa nuisibilité dans les grandes cultures, y compris les espèces porte-graines. Les différents moyens de lutte disponibles sont aussi passés en revue : méthodes préventives et agronomiques, choix des herbicides les plus adaptés et désherbage mécanique. Des recommandations de lutte spécifiques en agriculture biologique sont également fournies. |
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Documents à télécharger
Tournesols tolérants aux herbicides
Appliquer les herbicides de post-levée au stade 4 feuilles sur les variétés tolérantes Clearfield®, Clearfield Plus® et Express Sun®.
1,2 : apex nécrosés / 3 : tournesol tolérant
Le mode d’action des herbicides à appliquer sur les tournesols tolérants est essentiellement foliaire et systémique. Il est celui des inhibiteurs de l’acétolactate synthétase* (ALS ou AHAS). L’imazamox (Pulsar 40, PASSAT PLUS) et le tribénuron-méthyl (Express SX) agissent au niveau des zones méristématiques en inhibant la division cellulaire. Ce mode d’action est assez long avant de voir disparaître les plantes (nécrose des zones méristématiques puis mort de la plante).
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ATTENTION : Ces herbicides ne sont pas du tout sélectifs sur variétés classiques. Toute confusion de variété ou un problème de dérive endommagerait la culture d’une variété classique. Pour connaître les variétés tolérantes, consulter les listes variétales des brochures tournesol. |
Opérer dans les meilleures conditions
- Respecter la dose, en particulier sur flore difficile.
- Appliquer sur des mauvaises herbes levées, à un stade jeune : 2-4 feuilles pour les dicotylédones, 1 feuille à 1 talle pour les graminées.
- L'hygrométrie doit être supérieure à 50 %.
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Des solutions à réserver aux flores difficiles
Afin de préserver l'efficacité de ces herbicides de post-levée, ils ne seront utilisés que lorsque les solutions classiques sont en échec.
Efficacité sur 7 adventices envahissantes
| Adventice | Meilleures références de prélevée | PULSAR 40 1,25 l/ha | EXPRESS SX 45 g/ha + Trend 90 0,1% |
| Ambroisie | Moyenne ou irrégulière | Bonne et régulière | Bonne et régulière (2 x 30 g/ha + Trend 90 0.1%) |
| Datura | Bonne et régulière | Très bonne et régulière | Très bonne et régulière |
| Liserons des haies | Moyenne ou irrégulière | Bonne et régulière | Très bonne et régulière |
| Bidens | Moyenne ou irrégulière | Très bonne et régulière | Très bonne et régulière |
| Xanthium | Insuffisante |
Très bonne et régulière Le fractionnement à 2 x 0.6 l/ha + huile 1 l/ha est encore plus efficace. |
Bonne et régulière
Préférer le fractionnement 25 g/ha puis 20 g/ha + Trend 90 0.1% 8-10 jours plus tard |
| Tournesol sauvage | Insuffisante | Bonne et régulière | Bonne et régulière |
| Chardon | Insuffisante | Insuffisante | Bonne et régulière |
Contrôler les repousses de tournesol tolérant
En culture de tournesol, les repousses de tournesol, quel que soit le type de variété, se gèrent par de bonnes conditions de récolte (bon stade et bon réglage de la moissonneuse) et des faux semis.
Dans les céréales, la destruction est naturelle :
- Arrêt de végétation du tournesol à 6°C (peu concurrentiel)
- Gel des repousses : entre - 5 et - 7°C pour les cotylédons, à 0°C passé ce stade.
Dans les autres cultures, il existe de nombreuses solutions chimiques efficaces :
- Hormones (2.4MCPA, 2.4D, MCPP-P, dicamba, fluroxypyr, clopyralide)
- HBN (bromoxynil, etc..)
- DFF (nombreuse spécialités)
- HPPD (Sulcotrione, mésotrione, tembotrione, isoxaflutol)
- Pyridate (avant 4 F) et bentazone (stade 2 feuilles du tournesol et pas au-delà.
Dans le soja : compte tenu des difficultés à contrôler le tournesol avec le Basagran SG (bentazone, efficace sur tournesol à deux feuilles uniquement) et de l’opportunité de pouvoir utiliser PULSAR 40 sur le soja, notamment pour contrôler les repousses de tournesol, il est déconseillé d’utiliser une variété de tournesol tolérante dans une rotation avec soja.
* Famille des inhibiteurs de l’ALS :
sulfonylurées (Alister, Allié, Archipel, Atlantis, Attribut, Express SX, Hussar OF, Lexus, Monitor, etc…), triazolo-pyrimidine (Abak, Nikos, Primus, etc…), imazamox (Pulsar 40)
Il y a d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes, pour cela il faut se renseigner sur les leviers et méthodes de lutte agronomiques disponibles.
Stratégies herbicides en tournesol
Raisonner la lutte herbicide selon la flore attendue sur la parcelle et respecter les modalités d'application.
Prélevée : les associations au cœur de la stratégie
- En cas de forte pression en graminées et renouées, préférer une association à base de pendiméthaline (Atic-Aqua, Dakota-P), Mercantor Gold et Dakota-P contre graminées et morelle, et Novall contre ammi majus et graminées.
- Ces associations se feront avec des produits plus ciblés sur les dicotylédones, dont les doses peuvent être modulées sur chénopode, amarante (Challenge 600 2,5 l/ha, Racer ME 1,8 l/ha, PROMAN 2 l/ha). Les doses contre renouée liseron en forte pression doivent se rapprocher de la dose d’homologation : CHALLENGE 3 à 3.5 l/ha, RACER ME 2 l/ha, PROMAN 2,5 l/ha.
- L’efficacité des herbicides de prélevée dépend de l’état du sol lors de l’application (humidité suffisante, structure non motteuse).
Plus d'informations sur PROMAN en fin d'article dans la rubrique "documents à télécharger".
Le désherbage de prélevée exige une certaine humidité : L’efficacité des produits racinaires est optimale sur des préparations de sol fines, avec peu ou sans résidus en surface. Une application immédiate après le semis permet à l’herbicide de profiter de la fraîcheur du sol et de mieux se diffuser. L’absence de pluie dans les 3 semaines suivant l’application est néfaste à leur efficacité, surtout sur flores difficiles (renouées, morelle, ambroisie, etc…).
L’incorporation de la pendiméthaline (Prowl 400, Atic-Aqua) améliore la régularité d’action.
Infestation d’ambroisie à feuilles d’armoise et de graminées dans du tournesol
Post-levée : choix variétal et stade d’application
- PULSAR 40 (variétés Clearfield), PASSAT PLUS (variétés Clearfield Plus) et EXPRESS SX (variétés ExpressSun) ne s’utilisent que sur des variétés tolérantes. Attention aux confusions de variétés ou à la dérive de bouillie qui endommageraient la culture de variétés sensibles.
- Respecter les conditions d’application : stade 4 feuilles du tournesol (environ 1 mois après le semis) et stade des adventices difficiles (4 feuilles maxi, 3-4 feuilles des graminées, avant tallage). Au-delà, l’efficacité décroche rapidement sur ambroisie, chénopode, ammi majus, renouées, tournesol sauvage, panic. En cas de fractionnement (sur ambroisie notamment), anticiper l’application : première application à 2-3 feuilles du tournesol, puis deuxième application 8-10 jours plus tard. Dans ce cas, pour PULSAR 40, utiliser un adjuvant de type Actirob B
Lire l'article "Le tournesol tolérant aux herbicides"
Plus d'informations sur l'intérêt de PASSAT PLUS(sur variétés Clearfield Plus) par rapport à PULSAR 40 en fin d'article dans la rubrique "documents à télécharger".
Post-levée : programmes avec prélevée
- PULSAR 40 ou PASSAT PLUS : le programme est conseillé en présence de digitaire, forte pression panic, helminthie, séneçon, matricaire, anthémis. Pour la renouée liseron, choisir la pendiméthaline (ATIC-AQUA, PROWL 400) ou DAKOTA-P en prélevée.
- EXPRESS SX : le programme est conseillé en présence de graminées et de gaillet. Seul un mélange d’EXPRESS SX avec STRATOS ULTRA 1,2 l/ha + Dash HC peut convenir pour une action tout en post-levée sur graminées.
Doses et positionnement de la post-levée
- Moduler la dose uniquement sur flore très sensible :
- PULSAR 40 1 l/ha ou 0,8 l/ha + huile (type Actirob B) ou Passat Plus 1,3 l/ha : après une prélevée ou en présence d’amarante, morelle, datura, renouée persicaire, crucifères, facile à détruire.
- Express SX 30 g/ha + Trend 90 : chénopode, amarante, datura, renouée persicaire, crucifères, laiteron.
- Fractionnement de la pleine dose : première application 2-3 feuilles du tournesol puis renouveler 8-10 jours plus tard. Cette solution est plus efficace sur ammi majus, ambroisie, laiteron, matricaire, anthémis, voire renouée liseron.
Plus d'informations sur la dose de PULSAR 40 et PASSAT PLUS selon la flore en fin d'article dans la rubrique "documents à télécharger".
VIBALLA, la nouveauté désherbage 2023 en post-levée du tournesol
Infestation de chénopode non maitrisée dans une parcelle de tournesol
Un spectre intéressant
Côté spectre, le VIBALLA apporte un réel intérêt sur chénopode, gaillet, mercuriale, ammi-majus, abutilon, et surtout ambroisie.
Il est moyen à satisfaisant sur Xanthium (plante surtout présente dans le Sud-ouest de la France) mais en deçà des autres solutions de postlevée et insuffisant sur amarante, anthémis/matricaire, laiteron, Datura, séneçon et renouées. VIBALLA n’a pas d’action sur graminées et une prélevée à base d’un antigraminées est indispensable. On peut lui associer deux types de partenaires comme DAKOTA-P s ou ATIC AQUA qui pourront de surcroit pallier le manque d’efficacité sur renouée. Pour ces deux produits de prélevée, il est préférable de viser une dose de 2,5 l/ha.
Un plus sur ambroisie
Plantule d’ambrosie dans un tournesol
VIBALLA apporte indéniablement un plus dans les situations à risque Ambroisie (plante malheureusement présente sur plusieurs territoires, du Sud de la France jusqu’au sud de l’Alsace) avec une efficacité nettement supérieure aux solutions de type PASSAT PLUS ou EXPRESS SX. Comme précédemment décrit, la prélevée restera à base de DAKOTA-P ou ATIC-AQUA. Mais pour les fortes pression ambroisie, cette prélevée peut être construite de la façon suivante : ATIC-AQUA ou DAKOTA P à 2 l/ha en association avec PROMAN 1,5 l/ha.
Produits et stratégies herbicides
- Les produits herbicides et leurs efficacités (document à télécharger en fin d'article)
- Exemples de stratégies selon vos principales mauvaises herbes (document à télécharger en fin d'article)
Adventices difficiles à contrôler
Gestion des adventices difficiles en tournesol et en soja
Gestion de l’ambroisie en tournesol et en soja
Lutter contre les tournesols sauvages
Le désherbage, deuxième poste de charge après les variétés
Pour limiter les surcoûts, les producteurs doivent tenir compte de fondamentaux agronomiques et de la flore présente. Dans certaines situations (graminées, chénopode, amarante) la dose d'herbicide peut être réduite : Challenge à 2.5 l/ha et Racer ME à 1.8 l/ha. Enfin, l’herbicide de prélevée appliqué sur le rang suivi d’un binage est aussi un moyen de baisser significativement le coût du poste herbicide.
Gérer la résistance aux herbicides
Il y a d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes, pour cela il faut se renseigner sur les leviers et méthodes de lutte agronomiques disponibles.
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Itinéraires de désherbage mixte avec herse étrille
Les résultats de six essais à 3 répétitions menés en 2013 et 2014 près de Nancy, Dijon et Toulouse montrent que le tournesol peut prétendre aux interventions de herse étrille couplées à des traitements herbicides de pré ou postlevée à dose modulée.
Dans les conditions testées, deux passages de herse étrille réalisés précocement à 15 jours d’intervalle entre la prélevée et le stade B1-B2 ont amélioré de 20 points en moyenne l’efficacité du désherbage chimique associé.
Sans passage de herse étrille
Atic-Aqua et Challenge 600 ne sont pas homologués en postlevée ; cette modalité a été testée à titre exploratoire.
En l’absence d’intervention mécanique, les traitements Pulsar 40 1.25 et Express Sx 45 procurent les meilleurs résultats et les plus réguliers d’un site à l’autre. Légèrement en dessous figure la prélevée Challenge 1.5 + Atic Aqua 1.3 (résultats plus variables) et Pulsar 40 0.8 + Actirob. La double application à dose très réduite de Challenge + Atic Aqua en post levée du tournesol montre des efficacités très variables. L’efficacité de Express Sx décroche fortement dès lors que l’on diminue la dose.
Avec passage de herse étrille (2 interventions)
Atic-Aqua et Challenge 600 ne sont pas homologués en postlevée ; cette modalité a été testée à titre exploratoire.
Réalisés précocement (stades A2 à B1-B2), les passages de herse étrille ont procuré un gain de 20 points d’efficacité en moyenne, ce qui est considérable. Les résultats de désherbage démontrent que des économies d’herbicides sont tout à fait envisageables en tournesol dès lors que le bon usage de la herse étrille est respecté (conditions pédoclimatiques).
Sans le renfort par un herbicide, la herse étrille génère une qualité globale de désherbage moyenne et plutôt aléatoire.
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Tournesol (moy sur 6 essais) Efficacité (%) sur toute flore |
Sans HE | Avec HE | |
| Prélevée | Atic Aqua 1.3 + Challenge 1.5 | 63 | 84 |
| Postlevée précoce | 2 x (Atic Aqua 0.2 + Challenge 0.2) | 58 | 82 |
| Postlevée | Pulsar 40 1.25 | 69 | 90 |
| Pulsar 40 0.8 + Actirob 1.0 | 64 | 88 | |
| Express Sx 45g + Trend 90 0.1% | 69 | 86 | |
| Express Sx 30g + Trend 90 0.1% | 46 | 69 | |
| Aucun herbicide | 0 | 66 | |
Herse passée 2 à 3 fois entre prélevée et B1-2. Atic-Aqua et Challenge 600 ne sont pas homologués en postlevée ; cette modalité a été testée à titre exploratoire.
Les efficacités des herbicides seuls et de la herse étrille seule ne sont pas très satisfaisantes. C’est la combinaison chimique + mécanique qui est gagnante, à condition de pouvoir profiter d’au moins 2 créneaux de passage de herse entre les stades A2 et B1-B2.
Quel impact peut avoir le passage d’une herse étrille précoce (avant la levée) sur l’efficacité des herbicides de pré-levée ? Le comportement de ces produits racinaires est-il différent face à cette incorporation précoce ?
Cette interrogation trouve particulièrement sa place dans un contexte de printemps sec où les herbicides sont régulièrement mis en difficulté par des conditions printanières sèches .
En 2017 et 2018, Terres Inovia et la CA11, en collaboration avec l’ACTA et le Lycée Agricole d’Auzeville, mettent alors en place des démonstrations chez des agriculteurs d’un groupe DEPHY audois.
Plusieurs matières actives différentes sont comparées, associées ou non à un passage de herse étrille à l’aveugle quelques jours après le semis. Le contexte de flore est dit « classique » (panic faux millet, sétaire verte, morelle noire, ray-grass…).
D’après les résultats de ces démonstrations nous amènent à formuler l’hypothèse que la solubilité du produit serait un critère discriminant pour justifier ou non de son incorporation à la herse étrille. En effet, il ne faut pas casser le film formé sur le sol par les herbicides comme le Challenge, afin d’avoir une rémanence permettant de lutter contre des levées d’adventices étalées dans le temps. En revanche, avec des herbicides de type pendiméthaline par exemple, la herse étrille, outre son effet direct sur les jeunes adventices, permet de renforcer l’efficacité du désherbage chimique. Dans ces situations, les stratégies avec incorporation précoce du produit, pour peu que celui-ci soit compatible, montrent une certaine robustesse.
Dans ce dernier cas, l’association d’un herbicide (adapté à la flore) de prélevée en dose réduite (dose programme) à un passage de herse étrille à l’aveugle, puis complété par un binage montre un intérêt économique. En effet, cette stratégie engendre un coût d’environ 68€/ha contre 80 à 100€/ha pour un programme de désherbage chimique complet en pré-levée (exemple : MERCANTOR puis RACER).
Démarche à retenir pour associer désherbage mécanique et chimique en pré-levée du tournesolEtape 1 : Bien connaître la flore adventice de la parcelle Etape 2 : Choisir le produit adapté à cette flore pour sécuriser son désherbage (raisonner à la parcelle ou à l’îlot) Etape 3 : Prendre en compte le comportement de cet herbicide à l’incorporation pour définir un programme mixte adéquat |
Pour en savoir plus sur la lutte mécanique en tournesol et avec herse étrille ou houe rotative.
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Désherbage mécanique avec herse étrille ou houe rotative en tournesol
Herse étrille et houe rotative
1. herse étrille - 2. houe rotative
La herse étrille est équipée de dents longues et souples dont l’agressivité et les vibrations déracinent les plantules. Toute la surface de la parcelle est travaillée. Elle présente plusieurs avantages dont celui d’un débit de chantier important grâce à une largeur de travail conséquente (12 m de large, voire 24 m) et une vitesse de passage élevée (4 à 8 km/h). Elle ne nécessite pas un matériel de semis spécifique et l’investissement est assez limité.
Constituée de roues dentées qui frappent le sol à haute vitesse et arrachent les adventices, la houe rotative désherbe aussi toute la surface du sol, sans contrainte d’écartement de semis. Malgré une largeur inférieure à la herse (de 4.70 m à 6 m en général, voire 9 m), la houe permet des débits de chantiers élevés grâce à une vitesse de passage élevée (15 à 18 km/h). Elle peut être utilisée pour d’autres fonctions (écroûtage par exemple).
Comment passer la herse étrille et la houe rotative ?
Pour une bonne réussite des passages de herse étrille ou de houe rotative, le sol doit être suffisamment sec en surface et la météo clémente durant les 3 à 4 jours suivant l'intervention pour que les adventices se dessèchent rapidement après le passage de l’outil. En limon battant, la herse étrille est délicate à utiliser même en conditions sèches car son agressivité ne suffit pas pour briser la croûte de battance. En revanche, la houe rotative est plutôt adaptée aux sols de limons battants car elle permet de les écrouter (elle est d’ailleurs également appelée « écrouteuse »).
Sur tournesol levé, l’étrillage peut être délicat ; il est donc conseillé d’intervenir aux heures chaudes de la journée, car les tissus végétatifs sont plus souples à ce moment, afin de ne pas abîmer les plantes, surtout quand elles sont bien développées.
Pour un bon passage de herse étrille ou de houe rotative, il faut :
- une bonne structure du sol (éviter les sols excessivement tassés, battus ou au contraire trop souples).
- des résidus de culture absents (labour) ou bien dégradés
- une densité de semis + élevée pour compenser les pertes dues aux interventions (jusqu’à 10 %)
- une culture homogène, saine, vigoureuse et « poussante »
- une profondeur de passage de 2 à 4 cm selon l’état du sol et la sensibilité de la culture
Stades d’intervention de la herse étrille en tournesol :
La herse étrille peut s’envisager sur tournesol en prélevée dans les 3 jours après le semis entre 5 et 7 km/h et avec une agressivité moyenne ; en revanche, au-delà de 3 jours après le semis, la germination ayant certainement commencé, la herse étrille est à proscrire jusqu’au stade étalement complet des cotylédons pour éviter d’endommager la germination puis la crosse de tournesol. A l’étalement complet des cotylédons, la herse étrille peut être passée à 3 km/h avec une agressivité faible. Entre B2 et B4, une agressivité moyenne combinée à une vitesse inférieure 5-6 km/h peut convenir au tournesol. Entre B5 et B8 la herse peut être réglée en position agressive mais sans dépasser 7 km/h. Au delà de B8 il n’est pas conseillé d’intervenir avec la herse, d’autant que les mauvaises herbes ne seront plus détruisibles avec cet outil.
Les réglages de la herse étrille conditionnent son efficacité. Le réglage de l’agressivité est possible en jouant sur l’inclinaison des dents (plus les dents sont verticales, plus l’agressivité est forte), la profondeur de travail et la vitesse d’avancement (rapide pour une bonne efficacité mais plus lente pour une bonne sélectivité sur culture jeune). Il faut trouver le bon compromis « efficacité/sélectivité ». Sur adventices plus développées dans un tournesol lui aussi plus développé, la herse étrille peut être réglée de façon plus agressive pour une meilleure efficacité sans mettre en cause la sélectivité. Les réglages peuvent être assez fastidieux dans les sols hétérogènes.
Stades d’intervention de la houe rotative en tournesol :
| A0 | A1 | A2 | B1-B2 | B3-B4 | B5-B8 | Limite passage bineuse | |||
| Postsemis prélevée | Crosse | Cotylédon | 1 paire de feuilles | 2 paire de feuilles | 5 à 8 feuilles | ||||
| dans les 3 jours après le semis | après 3 jours le semis | avant l'étalement complet des cotylédons | à partir de l'étalement complet des cotylédons | ||||||
| Houe rotative | 15 km/h | 15 km/h | 15 km/h | 15 km/h | 15 km/h | ||||
| =Passage possible | Réglage de l'agressivité des dents de la herse : | |
| =Passage possible avec précaution | ||
| =Passage à proscrire |
Sur tournesol, la houe rotative est envisageable à 15km/h en prélevée, et de l’étalement complet des cotylédons jusqu’au stade B8. Elle est à proscrire au stade crosse et jusqu’à ce que les cotylédons soient complètement étalés. Dans ces conditions, les résultats d’essais indiquent une bonne sélectivité de l’outil. Il faut considérer environ 3 à 6% de pertes de pieds de tournesol par passage de houe envisagé. Dans la mesure du possible, ceci doit donc être intégré dans le réglage de la densité de semis.
Le réglage de l’agressivité de la houe se fait uniquement avec la vitesse d’avancement de l’outil (rapide pour une bonne efficacité mais plus lente pour une bonne sélectivité sur culture jeune) et la profondeur de travail (attelage 3ème point : on peut descendre un peu plus lorsque la culture est plus enracinée et plus développée).
Quels résultats ?
La meilleure efficacité est obtenue sur des adventices très jeunes, voire en cours de germination. Ensuite, l’efficacité diminue fortement quand le stade des adventices augmente. Et ce d’autant plus pour la houe que pour la herse.
Données Terres Inovia 1993 à 2014 ; colza et tournesol confondus
L’efficacité des outils est plus faible sur graminées que sur dicotylédones, car à stade équivalent les graminées sont plus difficiles à détruire en raison de leur système racinaire mieux ancré au sol.
L’efficacité moyenne d’un passage d’outil n’est jamais très élevée. Elle peut assez fortement varier selon les conditions d’intervention : stade des mauvaises herbes en premier lieu, mais aussi état du sol, conditions météo suivant l’intervention etc. Il est donc nécessaire de renouveler les passages au moins 2 fois pour détruire la majorité des mauvaises herbes, mais également pour gérer les nouvelles levées, spécialement pour les mauvaises herbes levant en plusieurs cohortes bien distinctes.
Au delà d'un passage mécanique, il est possible de combiner la herse étrille avec un désherbage mixte.
Il y a d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes, pour cela il faut se renseigner sur les leviers et méthodes de lutte agronomiques disponibles.
Pour en savoir plus sur la lutte mécanique en tournesol et sur la lutte mécanique avec le binage
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Désherbage du tournesol: privilégier les méthodes de lutte agronomique
Gérer les mauvaises herbes avant le semis
- Une des clés de la réussite réside dans la mise en oeuvre de méthodes préventives qui faciliteront la maîtrise des adventices en culture.
- Si possible, la combinaison de plusieurs techniques de lutte pour limiter la pression des adventices doit être privilégiée.
| Espèces | Rotation diversifiée | Déchaumages/ déstockage d'été | Faux-semis (avant semis de culture suivante) | Décalage de la date de semis (sauf colza) | Labour occasionnel |
| Panic pied de coq | |||||
| Sétaires | |||||
| Digitaire sanguine | |||||
| Amarante réfléchie et A. hybride | |||||
| Ambroisie à feuille d'armoise | |||||
| Chénopode | |||||
| Datura stramoine | |||||
| Mercuriale annuelle | |||||
| Stellaire intermédiaire | |||||
| Tournesol sauvage | |||||
| Vergerette | |||||
| Xanthium (lampourde à gros fruits) |
| Bonne efficacité | |
| Efficacité moyenne ou irrégulière | |
| Efficacité insuffisante ou très aléatoire | |
| Efficacité nulle ou technique non pertinente |
Diversifier les rotations
La rotation de cultures diversifiées sur une même parcelle constitue un des leviers agronomiques les plus efficaces dans le cadre d’une gestion à long terme des adventices. En effet, chaque créneau de date de semis est favorable à des adventices dont les levées préférentielles coïncident avec celles des cultures (exemple : vulpin et blé d’hiver, géraniums et colza, sanve et pois de printemps, morelle et tournesol, etc).
Morelle noire
Varier les successions culturales dans les rotations permet d'empêcher ou de perturber la germination et la croissance des adventices.
Les différentes pratiques associées à chaque culture (labour/non labour, préparation du lit de semences, dates et techniques de semis) concourent à la diversité des pratiques culturales qui agissent sur le stock semencier.
Eviter les rotations courtes (tournesol-blé, colza-blé, colza-blé-orge, par exemple) qui aboutissent à la prédominance d’espèces spécialisées, calées sur les cycles culturaux. Par exemple, en rotation tournesol-blé, les ray-grass, ammi majus, datura, xanthium, ambroisie ou encore les chardons et les liserons seront favorisés par un retour fréquent du tournesol dans la même parcelle.
Ammi majus
Profiter des différentes familles chimiques disponibles : par exemple contrôler le chardon dans les céréales ou durant l’interculture limite le problème dans le tournesol ou le soja. Inversement, pour combattre les graminées difficiles à détruire dans les céréales (ex : ray-grass), on pourra s’appuyer sur la gamme anti-graminées qu’offrent les oléagineux et le tournesol en particulier.
Travailler le sol en interculture
En interagissant avec les conditions pédoclimatiques, les travaux du sol ont des effets importants sur l’évolution de la flore adventice dans les systèmes de culture.
- effets directs en interculture par l'élimination des plantes annuelles présentes après la récolte ou par le sectionnement des rhizomes de vivaces,
- effets indirects sur le stock semencier présent dans les premiers horizons du sol : en enfouissant ou en remontant des graines, en levant des dormances ou en mettant en dormance des graines, etc.
Le labour permet de « tamponner » les évolutions de flore : s’il n’est pas trop dressé, il enfouit une grande majorité du stock semencier superficiel, et remonte les graines jusqu’alors incapables de germer car trop profondes. Il élimine, par la même occasion les adventices levées. Les graines en profondeur perdent leur viabilité au cours du temps (les graminées beaucoup plus rapidement que les dicotylédones).
Attention, sur l’intégralité de la rotation, ne labourer que tous les 3-4 ans, afin d’éviter le mélange des horizons et l’homogénéisation de la répartition du stock de semences. Labourer en terre ressuyée à 15-20 cm de profondeur et utiliser des rasettes pour un meilleur retournement du sol.
Le déchaumage doit être réalisé avant la grenaison des adventices, le plus souvent dans la foulée de la récolte. Il peut stimuler la levée groupée de certaines espèces à la faveur d’un temps humide et doux. On obtient alors le résultat recherché par la technique du faux-semis (réaliser alors un travail superficiel rappuyé). Pour détruire des adventices à des stades avancés, privilégier les déchaumeurs à socs larges et plats (type Horsch Terrano) ou les cultivateurs à dents rigides (type Lemken Smaragd).
Le faux-semis consiste à préparer un lit de semences fin et rappuyé très tôt avant le « vrai » semis du tournesol. Il s'avère efficace pour limiter en amont l'enherbement du tournesol s'il est réalisé assez tôt avant le semis (ex mi-mars). Le sol ne doit pas être travaillé par la suite (ou superficiellement) pour ne pas remettre des graines en germination. Pour détruire les adventices levées, il est préférable d’utiliser un herbicide total en présemis ou postsemis - prélevée du tournesol. Une façon superficielle risquerait d’assécher le sol en surface. Le faux semis couplé à un report de date de semis (fin avril) apporte un intérêt tout particulier dans la lutte contre des espèces annuelles capables de germer tôt dans le tournesol : renouée liseron, ammi élevé, ambroisie, tournesol sauvage et xanthium par exemple.
Principe du faux-semis avant tournesol :
Pour réussir les faux-semis : après la reprise du labour, dès les premiers signes de réchauffement, faites une première préparation superficielle du sol avec un outil à dents (vibroculteur, herse plate, herse de déchaumage ou herse étrille), à une profondeur ne dépassant pas 5 cm, sur sol ressuyé et avant une petite pluie. Compléter par un rappuyage. Dès que le sol reverdit, renouveler l’opération si possible, et ce à des profondeurs décroissantes pour ne pas remonter de graines en surface (on peut terminer les préparations du sol à la herse étrille par exemple).
En sol argileux, une préparation précoce est nécessaire. En sol limoneux, les façons printanières suffisent.
Et qu’en est-il des couverts ?
L’implantation de couverts en interculture longue est fréquente et dans certaines conditions elle peut s’avérer intéressante sur les adventices. En effet, des résultats d’essai ont montré qu’un couvert bien développé qui produit une forte biomasse a un effet directement visible sur le niveau d’infestation des adventices en comparaison avec un sol nu. La gestion des adventices avant semis du tournesol s’en retrouve donc facilitée, car le niveau d’infestation est plus faible dans le couvert volumineux.
Des outils pour vous faciliter la reconnaissance et la gestion
Pour gérer la résistance aux herbicides |
Désherbage mixtes: concilier herbicides et bineuse
La technique "herbisemis puis binage" réduit les quantités d’herbicides à l’hectare
Cette technique consiste à appliquer l’herbicide de prélevée de façon localisée sur le rang, le jour du semis, grâce à un kit de traitement monté sur le semoir ("herbisemis").
Des soutiens à l’investissement pour ce type de matériel ont souvent été accordés dans le cadre du Plan Végétal Environnement et d’actions régionales en matière de réduction de pesticides. Cette technique est un bon moyen pour réduire les quantités d’herbicides à l’hectare et l’IFT (Indice de Fréquence de Traitement).
Le semis et le traitement herbicide sont donc réalisés en un seul passage, la contrainte étant de remplir la cuve de bouillie tous les 7-8 ha. Environ un tiers de la surface est traité (20 cm pour un écartement de 60 cm), ce qui permet une économie de deux tiers d’herbicides et l’utilisation d’un produit haut de gamme si besoin.
Le temps nécessaire pour le binage est estimé à 45 min/ha, mais il peut varier selon la largeur de la bineuse, le système de guidage et le contexte parcellaire. Cette technique ne peut s’adapter qu’aux sols à ressuyage rapide. Une infestation importante peut nécessiter 2 passages de bineuse.
Cette technique est possible sur toutes les cultures sarclées qui se désherbent chimiquement avant la levée, comme le tournesol.
L’intérêt du désherbage mixte réside aussi dans la possibilité de raisonner l’intervention de post-levée : si l’état de salissement de la parcelle ne le justifie pas, il est inutile de biner.
Quelques vidéos pour en savoir plus sur la technique de l'herbisemis
Désherbinage sur tournesols tolérants aux herbicides
Un traitement dirigé sur le rang est associé en même temps à un binage inter-rang. Cette technique est rendue possible par la mise sur le marché des solutions herbicides de post-levée (Pulsar 40, Express SX), utilisables uniquement avec des variétés de tournesol tolérantes.
Testé depuis 2010 sur des variétés tolérantes, le désherbinage, réalisé à 4 feuilles du tournesol, a procuré des résultats tout à fait corrects en conditions favorables, légèrement en deçà de la postlevée en plein.
Toutefois, la souplesse d'intervention est réduite car il faut répondre à la fois aux exigences du chimique et du mécanique en post-levée. En effet, les conditions favorables à ces deux opérations (traitement herbicide et binage) en même temps sont rarement réunies : sol ressuyé et temps séchant pour le binage et hygrométrie suffisante pour le traitement.
De plus, du fait de l'intervention relativement précoce, un binage supplémentaire peut s'avérer utile. Appliquée à grande échelle sur une exploitation, cette pratique peut donc rencontrer certaines limites.
Terres Inovia a mis en place un essai pour tester la technique du désherbinage sur tournesol.
Présentation et démonstration de la technique (04/06/2010)
Evaluation d’itinéraires mixtes de désherbage en tournesol
Efficacités mesurées de différentes stratégies de désherbage (en % de destruction des adventices par rapport au témoin non désherbé)
Les résultats ci-dessous confirment que la localisation sur le rang de la prélevée suppléée par le binage est la modalité la plus efficace et régulière.
5 essais Terres Inovia avec tronc commun des modalités (2010 et 2011)
Stratégie « herbisemis puis binage » : la performance de désherbage est régulièrement égale ou supérieure à la référence en plein. Tout en faisant l’économie d’un passage de pulvérisateur en plein, elle permet en outre une diminution de l’usage d’herbicide (jusqu’à -66%) et une totale maîtrise des coûts de production. Compte tenu du coût élevé des herbicides de prélevée (80 à 90€/ha) et du coût estimé d’un binage (environ 25€/ha, matériel, traction et main d’œuvre comprise), il devient possible d’envisager un voire deux binages sans alourdir le poste désherbage du tournesol. De plus cette technique permet d’envisager la maîtrise des flores non contrôlables par la seule voie chimique (comme ammi majus, mercuriale, renouée liseron)…
Désherbinage : réalisé à 4-6 feuilles du tournesol (variété tolérante), il a procuré globalement des résultats tout à fait corrects, à peine inférieurs à la postlevée en plein. Toutefois, la souplesse d'intervention est réduite car il faut répondre à la fois aux exigences du chimique et du mécanique en post-levée. Outre les conditions climatiques, le stade des adventices au moment du passage étant trop avancé, elles sont plus difficiles à détruire. Pour ces raisons, le désherbinage semble moins fiable et sécuritaire que la stratégie précédente.
Stratégie de binage seul : de par son action exclusive sur l’inter-rang, le binage seul, même répété deux fois, était, dans les conditions testées, insuffisant pour aboutir à un désherbage acceptable. Or, sur le rang, la compétition des mauvaises herbes pour l’eau et les éléments nutritifs est forte. Il convient donc de sécuriser au mieux la ligne de semis par un traitement adapté à la flore dominante.
Ainsi l’efficacité du traitement localisé de prélevée couplé au semis (herbisemis) succédé par le binage est clairement supérieure à celle du traitement localisé de postlevée couplé au binage (désherbinage sur variété tolérante) sur les flores classiques du tournesol. L’herbisemis présente l’avantage de sécuriser précocement la ligne de semis, à condition de choisir le(s) produit(s) adapté(s) à la flore. Le binage de l’inter-rang du tournesol élimine en tendance plus de 80 % des adventices présentes. L’association des deux, herbisemis puis binage, procure des résultats globalement supérieurs au traitement de référence en prélevée en plein et à peine inférieurs au traitement de postlevée en plein (imazamox ou tribénuron-méthyl).
Comparaison des coûts estimés de différents itinéraires de désherbage en €/ha
Les graphiques ci-dessous comparent différentes modalités de désherbage mixte du tournesol avec binage sur le plan technique d’une part (efficacité) et sur la plan économique d’autre part (coût et temps de travail).
Les modalités avec prélevée en plein que ce soit à dose pleine ou à dose réduite avec binage sont efficaces mais ce sont celles qui coûtent le plus cher. La modalité binage(s) seul(s) est la plus compétitive en termes de coût mais son efficacité n’est pas toujours satisfaisante. La modalité qui combine le meilleur rapport efficacité/coût est la prélevée localisée puis binage.
Références du barème APCA 2017 :
pulvérisateur porté 24 m à 600 ha/an avec tracteur 120 cv
bineuse 8 rangs avec guidage optique à 100 ha/an avec tracteur 120 cv à 700 h/an
Kit Herbisemis à 6 000 € HT amorti sur 7 ans à 100 ha/an soit 7.1 €/ha
Kit de désherbage localisé sur bineuse à 6 000 € HT amorti sur 7 ans à 100 ha/an soit 7.1 €/ha
Désherbinage 8 rangs, cuve 1200 l/ha : 27.3 (passage) + 5 (remplissage) = 32.3 min/ha
Main d’œuvre salariée
Mécanisation = amortissement + entretien + carburant
Le temps de travail inclut le temps de remplissage du pulvérisateur
La technique « pulvérisation localisée d’herbicide sur le rang puis binage » est pertinente
L’inconvénient majeur du désherbinage est que les conditions favorables à fois au traitement et au binage sont rarement réunies (sol ressuyé et temps séchant pour le binage et hygrométrie suffisante pour le traitement). Par conséquent, il est préférable de séparer les deux opérations.
La pulvérisation localisée sur le rang au moyen d’une rampe grande largeur adaptée (de type Maréchal) puis binage dans l’inter-rang a été évaluée par le projet Ecophyto II du nom de PLEVOP (Pulvérisation Localisée En Végétation sur Oléagineux et Protéagineux), financé par l’OFB. La rampe de pulvérisation MARECHAL permet de ne traiter que 44% de la surface (soit 20cm sur le rang, pour un écartement de 45 cm).
Des essais sur tournesol réalisés en Lorraine par Terres Inovia entre 2017 et 2020, en collaboration avec la Coopérative Agricole Lorraine, ont montré que la technique de désherbage mixte (herbicide localisé sur le rang puis binage) en post-levée du tournesol (sur variété tolérante) était tout à fait pertinente et semblable à un traitement en plein, à condition de pouvoir biner au moins 1 fois. En effet, l’efficacité moyenne à mauvaise de la modalité « traitement localisé non biné » montre l’importance du binage pour atteindre un désherbage satisfaisant sur toute la surface.
Quel guidage en pratique ?
Différents modes de guidage de la rampe (GPS, trace, caméra…) ont été testés. Il s’avère que sur des terres à colza ou tournesol qui peuvent être parfois irrégulières, le guidage trace n’est pas toujours adapté. Les guidages par caméra et par GPS sont bien adaptés et satisfaisants. Cependant, le guidage caméra étant plus coûteux que le guidage GPS, ce dernier semble suffisant.
Calculer les doses d’eau et de produit pour un traitement localisé sur le rang, un casse-tête ?
Terres Inovia, en partenariat avec AgroSupDijon et la société SUDUINNOV, a conçu une application smartphone android qui permet de calculer les réglages optimums d’une pulvérisation localisée efficace (choix de la buse, angle, volume, quantité de produit, vitesse, etc…) en fonction de la culture et de son stade (hauteur, largeur de la biomasse de la culture, etc…). Les paramètres de sortie sont, selon le choix de l’utilisateur : le volume ou la vitesse ou le débit (choix de la buse). L’Outil d’Aide à la Décision calcule aussi le gain de produit phytosanitaire non pulvérisé en %.
Accessible sur Google Play Store, son nom est PréciLoc
Télécharger l'application sur Google Play Store
Les agriculteurs/expérimentateurs peuvent l’utiliser facilement au champ. Selon leur souhait, plusieurs options de traitement sont possibles : traitement localisé sur l’ensemble du champ, traitement en plein sur les bords de champ et localisé pour tout le reste de la parcelle et enfin traitement en plein sur toute la surface. L’OAD calculera les doses de produit et les volumes d’eau correspondants. L’historique des pulvérisations est enregistré dans l’application et peut être réutilisé pour des traitements ultérieurs.
Finalement quels intérêts ?
Terres Inovia a également fait un bilan technico-économique de cette technique.
Sur la base du barème APCA 2017, la pulvérisation localisée avec une rampe Maréchal de 36 rangs qui fait 150 ha/an en moyenne (avec un tracteur de 120 CV qui fait 700h/an) coûte 23,8 €/ha, en prenant en compte les frais d’amortissement, d’entretien, de carburant et de main d’œuvre, tant pour la rampe que pour le tracteur.
Avec une hypothèse de coût moyen herbicide de 100 €/ha, la pulvérisation localisée, grâce au gain de produit non appliqué dans l’inter-rang, a un coût herbicide de 44€/ha puisque pour un écartement de 45 cm et une largeur de bande traitée de 20 cm, on ne traite que 44% de la surface.
On obtient donc les comparaison de coûts suivantes :
Si on prend également en compte le temps de travail et le gain environnemental (IFT), la technique « pulvérisation localisée Maréchal puis binage » est intermédiaire et plutôt un bon compromis.
Vidéo d’un traitement localisé avec la rampe Maréchal sur tournesol :
Pour plus de renseignements sur les résultats de ce projet
A voir aussi :
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Binage du tournesol
Pourquoi biner ?
Par rapport à la herse étrille et la houe rotative, la bineuse est efficace contre des mauvaises herbes plus développées donc son utilisation se fera à des stades de développement plus tardifs.
Le binage complète efficacement l’action des herbicides. Sa mise en œuvre est particulièrement judicieuse :
- dans des parcelles à adventices difficiles : chardon, datura, xanthium, bidens, tournesol sauvage,
- dans des situations où les programmes herbicides ont été mis à défaut (conditions sèches après l’application, spectre d’efficacité pas assez large),
- dans des cas où la pression en mauvaises herbes est faible à moyenne et où la réduction d’usage d’herbicides est envisagée.
Binage d'une parcelle de tournesol
Comment biner ?
Le binage est réalisable à partir de une paire de feuilles du tournesol avec des protèges plants et une vitesse faible (environ 3 km/h), ou à partir de deux paires de feuilles jusqu’au stade limite passage bineuse sans protèges-plants. En avançant dans le cycle on peut se permettre d’augmenter la vitesse de passage (jusqu’à 10 km/h).
Pour une bonne réussite du binage du tournesol, il faut en amont soigner la préparation du sol, bien entendu prévoir un grand écartement (au moins 40 cm) et exclure les parcelles à gros cailloux. Le sol doit être sec lors du passage de la bineuse, et par le stade des adventices, qui doivent être jeunes. Il faut également miser sur une météo séchante les jours qui suivent l’intervention, afin d’éviter tout phénomène de repiquage des plantules.
Plusieurs binages peuvent s’envisager pour garantir un résultat satisfaisant. Adapter alors la profondeur de travail, le choix des dents et socs au comportement du sol.
La bineuse est équipée de socs (plats ou en forme de pattes d’oie) qui sectionnent les racines des mauvaises herbes présentes dans l’inter-rang. Par projection de terre au pied des plantes, les adventices présentes sur le rang peuvent être étouffées (fonction buttage), lorsque les disques protège-plantes sont relevés. Les lames « Lelièvre » et les moulinets (doigts kress par exemple) permettent de se rapprocher le plus possible du rang.
En absence d’équipements spécifiques (doigts rotatifs) ou de systèmes de guidage très perfectionné, la bineuse n’agit pas à proximité du rang de la culture. Mieux vaut donc combiner son utilisation avec d’autres techniques pour garantir un désherbage satisfaisant.
Il existe différents systèmes de guidage pour faciliter la tâche du chauffeur (débit de chantier notamment) tout en améliorant la précision de travail :
- Guidage visuel avant : la bineuse, attelée à un relevage avant, est poussée par un portique. La visibilité et donc la précision sont améliorées. Système peu onéreux.
- Guidage manuel (le plus ancien) : assise sur la machine à l’arrière, une personne guide manuellement les éléments bineurs.
- Guidage mécanique : à la suite d’un marquage préalable du sol au moment du semis, la bineuse se repositionne en suivant la trace.
- Guidage électronique : une interface placée entre le tracteur et la bineuse guide cette dernière grâce à des cellules photo-électriques qui détectent le rang. L’information est transmise à un boîtier électronique qui commande hydrauliquement le déplacement latéral de la bineuse en cas de déviation de la trajectoire par rapport à la culture.
- Guidage par caméra : les rangs sont reconnus grâce à un système vidéo qui transmet l’information à un boîtier électronique. Ce dernier commande hydrauliquement le déplacement latéral de la bineuse lorsque la trajectoire de cette dernière dévie sa course par rapport à la culture. Le guidage par caméra est souvent complété par un système de détection des pieds par palpeurs.
- Guidage par GPS : installé sur le système de guidage du tracteur, le GPS dirige le tracteur et la bineuse avec une grande précision (plus ou moins 5 cm).
Quels résultats ?
L’efficacité du binage est conditionnée par :
- l’état du sol, qui doit être sec lors du passage de la bineuse,
- le stade des adventices, qui doivent être jeunes,
- la météo qui doit être clémente les 3-4 jours suivant l'intervention pour que les adventices sèchent rapidement après le passage de l'outil.
L’efficacité dans l’inter-rang est très bonne sur des mauvaises herbes jeunes (jusqu’à 3-4 feuilles pour les dicotylédones et avant tallage pour les graminées) ; si les adventices sont plus développées l’efficacité du binage sera moyenne. Sur le rang, l’efficacité est nulle mais si la vitesse du passage est élevée il peut y avoir une certaine efficacité par buttage de terre ou grâce aux éléments comme les moulinets ou les lames Lelièvre.
Données Terres Inovia 1993 à 2014
Les performances du binage varient de 50 à 100 % sur dicotylédones. L’efficacité est comparable sur graminées mais les résultats sont plus aléatoires. Passé le stade 4 feuilles de la mauvaise herbe, le contrôle est beaucoup plus difficile. Si l’efficacité du binage en pourcentage de destruction est parfois jugée moyenne, il ne faut pas oublier que les adventices restantes sont affaiblies, ce qui handicape leur croissance ultérieure.
Désherbage mixte du tournesol : itinéraires techniques mixtes combinant bineuse et herbicides
Il y a d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes, pour cela il faut se renseigner sur les leviers et méthodes de lutte agronomiques disponibles.
Pour en savoir plus sur la lutte mécanique en tournesol et sur la lutte mécanique avec la herse étrille ou houe rotative
Documents à télécharger
Désherbage mécanique en tournesol
Tout ce qui peut contribuer à limiter l’usage des pesticides répond à des attentes environnementales et sociétales. Le désherbage mécanique présente une alternative ou un complément crédible aux herbicides et aux mesures agronomiques préventives.
Passage de herse étrille
La lutte mécanique se prépare dès le semis du tournesol (préparation du sol, compatibilité d'écartement entre semoir et bineuse, légère augmentation de la densité pour la herse, etc.)
Réaliser un désherbage mécanique
Périodes d'intervention
En amont :
Soigner la préparation du sol et augmenter la profondeur et la densité de semis.
Au moment du passage :
Choisir d’intervenir tôt afin de viser des adventices jeunes. La houe et la herse sont efficaces qu’à des stades très précoces (fil blanc – cotylédon – 2 feuilles). La bineuse peut être efficace sur des adventices jusqu’à 3-4 feuilles.
Intervenir par temps séchant (la météo ne doit pas annoncer de pluie dans les jours suivants) et toujours sur un sol ressuyé. Contrôler les relevées d’adventices 8-10 jours après le passage.
Tester préalablement les outils sur une distance courte mais suffisante pour que la vitesse de travail soit atteinte. Ajuster les réglages des outils pour détruire le maximum d’adventices sans endommager le tournesol : adapter la profondeur de travail, l’inclinaison des dents de la herse et le choix des socs de la bineuse au comportement du sol (dureté et présence de cailloux notamment).
Ne pas hésiter à renouveler les passages pour détruire petit à petit la majorité des mauvaises herbes, mais également gérer les nouvelles levées.
Efficacité des outils en fonction du stade des adventices
| Stade adv | Herse étrille | Houe rotative | Bineuse* |
| Fil blanc (germination) | ++ | ++ | ++ |
| Cotylédons | ++ | ++ | ++ |
| 1F | ++ | ++ | ++ |
| 2F | + | - | |
| 3F | - | - | |
| 4F à 6F | 0 | 0 | + |
| >6F | 0 | 0 | 0 |
*efficacité de l'inter-rang pour la bineuse
| ++ | Bonne efficacité |
| + | Efficacité moyenne ou irrégulière |
| - | Efficacité insuffisante ou très aléatoire |
| 0 | Efficacité nulle |
Efficacité des outils en fonction des espèces d'adventices
| Herse étrille | Houe rotative | Bineuse | |
| Dicotylédones | ++ | ++ | ++ |
| Graminées | - | - | + |
| Quelques adventices difficiles : | |||
| Amarante réfléchie | ++ | ++ | ++ |
| Ambroisie | + | + | ++ |
| Coquelicot | ++ | ++ | ++ |
| Datura stramoine | + | + | + |
| Xanthium (Lampourde) | + | + | + |
| Ray grass | - | - | + |
| Vulpin | - | - | + |
| Folle avoine | 0 | 0 | + |
| Panic pied de coq | + | + | + |
| Sétaires | + | + | + |
| 0 | Inefficace |
| - | Efficacité insuffisante ou très aléatoire |
| + | Efficacité moyenne à faible |
| ++ | Efficacité bonne à moyenne |
Comparaison des outils de désherbage mécanique
Efficacités comparées des outils mécaniques (toutes situations pédoclimatiques confondues) :
La bineuse est légèrement plus efficace (rang et interrang confondus) que la herse étrille. La houe rotative a une efficacité décevante. Elle est cependant bien adaptée aux sols limoneux.
Comparaison des coûts
Comparaisons de coûts économiques, temps de travaux et IFT de différents outils de désherbage mécanique
Il y a d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes, pour cela il faut se renseigner sur les leviers et méthodes de lutte agronomiques disponibles.
Pour en savoir plus sur la lutte mécanique en tournesol avec le binage et sur la lutte mécanique avec herse étrille ou houe rotative
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Gestion en cours de campagne de noctuelles défoliatrices et vanesses
Les chenilles de noctuelles défoliatrices peuvent occasionner une dégradation poussée du feuillage. Leur nuisibilité est généralement faible sur tournesol, sauf ponctuellement en cas de pullulation.
Chenille de noctuelle de la tomate Chenille de vanesse
Biologie
Description
| Adulte | Larve (chenille) | |
| Noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera) | Papillon nocturne |
3 à 3.5 cm de long en fin de développement corps jaunâtre ou verdâtre, ligne blanche tout le long du flanc soulignée en dessous par une zone plus foncée |
| Vanesse du chardon (Vanessa cardui) |
envergure de 40 à 70 mm ailes fauve orangé ponctuées de taches noires et blanches |
longues épines beiges à extrémité noire corps gris clair avec bandes noires dorsales et bande jaune ininterrompue sur les flancs |
Cycle de vie
Les noctuelles et les vanesses pondent sur les feuilles. Les chenilles qui éclosent s’en nourrissent. Après plusieurs jours, les chenilles de noctuelles tombent au sol pour se nymphoser tandis que celles de vanesse restent sur les feuilles. Plusieurs générations se succèdent au cours de l’année.
Dégâts
Les adultes sont inoffensifs contrairement aux chenilles qui dévorent les limbes des feuilles les plus jeunes. Nervures, tiges, et apex sont attaqués exceptionnellement et en dernier.
Nuisibilité
La nuisibilité est généralement faible, sauf ponctuellement en cas de pullulation.
Des solutions à base de bactéries ou virus contre Helicoverpa armigera
- Les solutions à base de bactéries Bacillus thuringiensis (usage traitements généraux ou usage tournesol et traitement des parties aériennes de chenilles phytophages), utilisables en agriculture biologique, sont efficaces sur les jeunes chenilles d’ Helicoverpa armigera (stades larvaires 1 et 2) comme :
- Dipel DF, Costar WG 1,0 kg/ha - 30 €/ha (Bacillus thuringiensis var. kurstaki) ;
- XenTari 1,0 kg/ha - 33 €/ha (Bacillus thuringiensis var. aizawai).
- Helicovex : cet insecticide à base de virus (baculovirus) est spécifique d’Helicoverpa armigera. Utilisable en agriculture biologique, il doit être positionné sur les œufs et jeunes larves (stade larvaire 1). Il s’utilise à 0,2 l/ha - 55 €/ha (usage tournesol traitement des parties aériennes chenilles phytophages).
Et contre les vanesses ?
Les solutions à base de Bacillus thuringiensis auront également une efficacité sur vanesses. Helicovex par contre à base de virus ne sera pas efficace.
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