Les atouts de la lentille
La lentille est une légumineuse qui s’intègre facilement dans les rotations céréalières. Culture de printemps à cycle court (150 jours), elle permet de diversifier les rotations et de rompre le cycle des bio agresseurs des autres cultures, qu’il s’agisse d’adventices difficiles à maitriser, de ravageurs ou de maladies des céréales, garantissant un système plus sain et un moindre apport de fongicides et d’herbicides sur le suivant.
La rentabilité d’une culture de lentille doit ainsi se calculer à l’échelle de la rotation, et non uniquement annuellement.
Peu exigeante, la lentille est une culture valorisant bien les terres moyennes à superficielles. A l’inverse les sols profonds la rendent plus vulnérable à la verse et aux maladies. Par ailleurs, sa capacité à noduler lui permet de fixer l’azote atmosphérique, la rendant autonome pour sa nutrition azotée. La lentille est également faiblement exigeante en phosphore et potasse. Cette quasi-autosuffisance permet de réduire l’impact environnemental (consommation moindre d’énergies fossiles imputables au tracteur, moins d’émission de gaz à effet de serre et de gaz acidifiants). La qualité de l’eau souterraine est ainsi préservée. De plus, l’introduction d’une lentille permet une restitution d’azote à la culture suivante, jusqu’à 30 unités dans les meilleurs cas.
Attention : la lentille est une culture intéressante à condition de contractualiser sa commercialisation (prendre contact avec un organisme avant d’engager des surfaces).
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Destruction et remplacement : Le colza récupère !
Les accidents climatiques ou parasitaires peuvent donner des inquiétudes sur la viabilité et le potentiel de la culture.
Pourtant, dans la plupart des cas, malgré la dégradation du feuillage et la perte de plantes, le colza présente des capacités de récupération étonnantes dans la mesure où le système racinaire n'a pas été affecté et si le peuplement restant est suffisant et réparti de façon homogène sur une parcelle propre.
Le remplacement du colza doit rester exceptionnel
Dans la plupart des cas, il est préférable d’attendre la sortie d’hiver avant de prendre la décision de retourner ou non.
- A l’automne, le retournement ne se justifie qu’en cas de très mauvaise levée ou de destruction de la culture (par des limaces par exemple). Une reprise profonde du sol peut alors élargir le choix des cultures de remplacement possibles, en limitant les risques de phytotoxicité des herbicides déjà appliqués.
- En sortie d’hiver, le maintien de la culture est possible si le contrôle des adventices est correct et si la densité est voisine de 5 à 10 plantes par m2, réparties de façon homogène.
- Adapter la conduite de la culture (fertilisation azotée, protection) à son potentiel estimé.
Dans tous les cas, poursuivre son suivi technique sans l’intensifier en voulant compenser.
- Ne pas « rapiécer » avec du colza de printemps une parcelle de colza d’hiver. Ce serait s’exposer à une pression importante des insectes, notamment des méligèthes et des pucerons, et à une difficulté de récolte liée au décalage des stades de maturité (récolte en 2 temps).
- Le pouvoir de récupération du colza est étroitement lié à la climatologie future et au potentiel naturel de la parcelle. Plus ce dernier est élevé plus les chances de déboucher sur un niveau de rendement satisfaisant sera important pour un même état initial.
Les stades repères de la lentille
Plusieurs stades phénologiques de la lentille sont présentés sur cette page, il s’agit des stades repères importants pour le suivi et la bonne conduite de la culture. A part pour le stade levée (09), l’ensemble des stades est décrit comme atteint lorsque 50% du peuplement est dans l’état décrit.
Les notations entre parenthèses correspondent au stade BBCH de la lentille.
Germination et levée (Stade 0)
Ce stade décrit l’évolution des premiers stades de croissance de la culture de la semence sèche (00) au stade levée (09).
Ce stade levée est souvent utilisé comme stade repère (voir schéma ci-dessus). Il est considéré comme atteint lorsque 80% des plants ont levé. La tige est alors visible, selon les plantes une ou deux écailles peuvent être observées sur la tige. Les premières feuilles ne sont pas déployées.
Développement des feuilles (stade 1)
Le stade 1 définit le développement des premières feuilles sur la tige principale, allant de la première feuille bifolié (11) à la nième feuille mutlifoliée développée (1n).
A partir du développement de la troisième feuille (stade 13, schéma ci-dessus), les nouvelles feuilles sont multifoliées. La foliole terminale de la feuille attachée au troisième nœud est complètement développée et la première feuille du nœud supérieur commence à se dérouler. Les feuilles mutlifoliées se terminent par des vrilles peu prehensiles, ne s'accorchant pas aux structures végétales à sa proximité.
Elongation de la tige principale (stade 3)
L’élongation de la tige principale est décrite par le nombre d’entre-nœud visible sur celle-ci. Le premier entre-nœud sera noté stade 31. Quand plus de 9 entre-nœuds ont été comptés, le stade correspondant est alors 39.
Le schéma représente ici la formation des ramifications secondaires, qui ont lieu entre le 3ème et le 5ème nœud, c’est nouvelles tiges sont localisée à la base de la tige principale.
Apparition de l’inflorescence (stade 5)
Le développement reproductif de la lentille commence avec le stade 5, c’est-à-dire le développement des bourgeons floraux.
Le stade 51, aussi nommé stade torche, est présenté sur le schéma. Ce sont les premiers bourgeons floraux observables à partir du 9ème nœud. Ils sont visibles à l’aisselle d’une feuille et mesure 1 à 3 mm. Le stade 59 clôt le développement des bourgeons floraux complètement développés et les premiers pétales visibles.
Floraison (stade 6)
Le stade 6 décrit la floraison des premières fleurs visibles (stade 60) au dessèchement de ces fleurs (stade 69).
Le stade 65 est souvent utilisé comme stade repère. Il se caractérise comme la pleine floraison, avec plusieurs fleurs épanouies par plante. Ce stade est atteint sur une parcelle quand 50% des plants sont en floraison.
Développement du fruit (gousses) (stade 7)
Le stade 7 correspond au développement de la biomasse des gousses, on distingue les stades intermédiaires par le pourcentage de gousses ayant atteint leur longueur finale, par exemple 10% des gousses pour le stade 71 (comme présenté sur le schéma).
Le stade 75 peut être utilisé comme repère. Il est noté comme 50% des gousses d’un plant sont à leur longueur finale. Les gousses contiennent au moins une graine verte qui remplit complètement la cavité de la gousse sur l'un des nœuds les plus bas de la tige principale.
Maturation des gousses et des graines de lentille (stade 8)
La maturation des gousses et des graines de lentille est le dernier stade avant la récolte, il correspond au séchage des plants de lentille à la fin de son cycle de développement
Le stade 81 sera donné lorsqu’au moins une gousse de la tige principale a atteint sa couleur de maturité (dorée/marron), le stade de déhiscence du fruit est observé, avec l'ouverture des valves de la gousse. Les graines de lentille commencent à changer de couleur (vert --> couleur de maturité allant du blond, corail, vert foncé avec marbrures marrons). Les graines de lentille deviennent dures, impossible à couper avec l'ongle. La partie végétative des plants de lentille reste verte lors du début de la maturation des gousses et des graines. Le stade 89 est le stade de récolte. Facilement identifiable, il correspond à 90% de gousses mûres. Les deux valves des gousses se séparent facilement, prêtes à la libération des graines. Les graines sont dures et ont pris leur couleur finale (variable selon les variétés). La partie végétative des plants de lentille est désséchée, prenant une couleur doré marron.
Les stades repères du pois chiche
Associer le lupin de printemps
Dans le même objectif de lutte contre les adventices, le lupin de printemps peut être associé avec différentes céréales (orge, triticale, avoine).
Le choix de l’une ou l’autre pourra se faire selon leur débouchés et valeur économique/alimentaire. En effet, d’un point de vue concurrence adventices, leur efficacité en printemps se révèle similaire dans le cadre des premiers essais réalisés en conduite conventionnelle. Les tests ont été conduits avec une variété précoce de lupin blanc (FEODORA) ou avec du lupin bleu. Les cycles céréales et lupin coïncident pour réaliser une double récolte.
Exemple d’un itinéraire technique en association lupin de printemps
Choisir une variété de lupin précoce (lien article variétés). Semer le lupin à densité normale, 40/50 graines/m², et l’avoine à 10 à 20% de la densité normale (30 à 60gr/m²), l’orge et le triticale à 30% de la densité normale (90 gr/m²).
En conduite conventionnelle, en cas de double récolte, l'usage de produits phytosanitaires doit être couvert sur les deux cultures en place : lupin et triticale. Un désherbage antidicotylédones de prélevée (lien article désherbage de prélevée) avec du Prowl 400 (homologué sur les différentes cultures) peut être réalisé juste après l'implantation du lupin.
En agriculture biologique, il est conseillé de ne pas faire l’impasse sur le désherbage mécanique combiné à l’association. Il est donc conseillé, en cas d’usage de la bineuse, de semer en mélange dans la même trémie, pour que lupin et céréales associées soient sur le même rang. Adapter le mode de semis et l’écartement si un désherbage mécanique veut être réalisé.
Attention là aussi à l’impact de la présence d’une plante compagne sur le rendement du lupin. En effet l’avoine a un effet concurrentiel sur le lupin, et dans une moindre mesure l’orge et le triticale.
| Avant de se lancer dans des associations, il faut s’assurer d’avoir un débouché, soit en autoconsommation, soit triage à la ferme ou triage par votre organisme stockeur. |
Le lupin en agriculture biologique
Avec son port dressé et sa bonne tenue de tige, le lupin est une plante qui se prête bien à l’agriculture biologique.
Généralités
En tant que légumineuse, il trouve facilement sa place dans les rotations, apportant de l’azote au système. Culture adaptée aux sols acides, il permet de valoriser certaines parcelles où d’autres légumineuses seront moins adaptées.
Privilégier un lupin de printemps, dont le cycle plus court permet une meilleure gestion des adventices et le rend moins sensible aux maladies.
Bien que pouvant être mené en agriculture biologique, la culture du lupin d’hiver bio reste délicate : plus sensible à l’enherbement et aux maladies, mener cette culture à terme peut s’avérer difficile.
Semé à grand écartement, le lupin se prête bien au désherbage mécanique et la conduite en association (avec une céréale) peut aussi être un autre levier pour limiter la pression des adventices. Par ailleurs, c’est une culture peu sensible aux ravageurs.
Tableau comparatif du lupin d’hiver et de printemps
| Agriculture biologique | Lupin d’hiver | Lupin de printemps |
| Avantages |
Légumineuses = apport d’azote au système Désherbage mécanique bien adapté Faible risque ravageurs |
Légumineuses = apport d’azote au système Désherbage mécanique bien adapté Faible risque ravageurs Lupin bleu : risque maladies faible |
| Inconvénients |
Risque maladies fort Risque enherbement fort |
Lupin blanc : risque maladies moyen Risque enherbement moyen |
Travailler son sol afin de limiter le risque de la mouche des semis
- Limiter au maximum la présence de matières organiques fraiches et récemment enfouies. Des faux semis afin de diminuer le stock semencier.
- Même si le lupin de printemps est moins soumis à ce ravageur, il reste néanmoins conseillé de labourer un mois avant le semis afin d’enfouir au maximum la matière organique. Ce travail du sol attirera les mouches qui pondront, mais si le délai d’un mois est respecté, il n’y aura plus de risque pour la future culture de lupin.
- Refermer le labour et ne plus toucher le sol jusqu’au semis.
Fertilisation : le lupin de printemps assure sa nutrition azotée
Nodosités sur des racines de lupin.
Un lupin de printemps bien nodulé est capable d’assurer lui-même sa nutrition azotée, via la fixation symbiotique de l'azote de l'air, qui prend le relais de l’assimilation de l'azote minéral du sol par les racines, mécanisme activé en tout début de cycle du lupin. Un apport d’engrais azoté sur la culture bloquerait la fixation symbiotique, et pourrait être néfaste au bon développement de la plante. Le tassement de sol et les sitones (lien) sont deux autres facteurs pouvant influer sur la nutrition azotée du lupin.
Pour le lupin de printemps, raisonner les apports de phosphore et de potasse à la rotation en fonction de l'analyse de sol.A titre indicatif, pour un rendement de 30 q/ha, le lupin exporte 20 unités de P2O5 et 30 unités de K2O. |
Fertilisation du colza : le molybdène
Une disponibilité particulière
C'est le seul oligo-élément dont l'assimilation augmente avec le pH (x 100 quand le pH est relevé de 1). Des apports excessifs de sulfates peuvent nuire à l'assimilation du molybdène. Il existe aussi un antagonisme entre le cuivre et le molybdène et entre le manganèse et le molybdène (un excès de manganèse peut entraîner une carence en molybdène).
Principaux symptômes
- feuilles incurvées, bifides, unilobées,
- fragments de limbe apparaissant à partir de la nervure centrale dans un plan perpendiculaire au reste de la feuille (phénomène de prolifération tissulaire),
- destruction du bougeon teminal, départ de nouvelles ramifications, impression de tallage.
Feuilles incurvées, unilobées
Risque de confusion
Phytotoxicité d'herbicides entraînés sur la culture de colza (embruns de phytohormones par exemple).
Besoins de la culture (pour un rendement de 35 q/ha)
| Besoins totaux (g Mo/ha) | Exportations (g Mo/ha) | Restitutions (g Mo/ha) |
| 18 | 4 | 14 |
Des carences en molybdène sur sols légers et acides
En France, des symptômes de carence en molybdène ont été observés sur sols légers et acides, mais également sur sols argilo-calcaires avec des cultures très exigeantes. Ces symptômes sont accentués par temps froid et humide (automne).
Normes de teneur des sols
Les teneurs en molybdène au niveau du sol sont faibles, de 0,1 à 2 ppm (Mo échangeable, extraction à l’acétate d'ammonium). Les analyses et les interprétations sont délicates.
Normes de teneur des feuilles
Teneur optimale des feuilles de colza au stade D1 de la culture : 0,5 à 0,7 ppm (teneurs proches de celles du sol).
Méthodes de correction
- Au sol : des doses de 50 à 100 g de Mo/ha sont nécessaires pour être efficaces.
- Sur feuilles : 50 g de Mo/ha sont suffisants.
Des applications d'automne ont permis de limiter les déformations foliaires.
Produits
| Source | % de molybdène | Observation |
| Molybdate d'ammonium | 54 |
Action rapide Peu soluble dans l'eau |
| Molybdate de sodium | 40 |
Action rapide Soluble dans l'eau |
Fertilisation du colza : la carence en bore
Besoins de la culture pour un rendement de 35 q/ha
| Besoins totaux (g bore/ha) | Exportations (g bore/ha) | Restitutions (g bore/ha) |
| 370 | 70 | 300 |
L'association de plusieurs symptômes est nécessaire pour conclure à une carence en bore
- épaississement du pivot et du collet, et éventuellement moelle nécrosée dans la partie supérieure,
- régression et disparition des bourgeons terminaux ; départ très bas des ramifications ; port buissonnant,
- fentes longitudinales sur la tige en croissance active (stade D2) en "coups de rasoirs",
- pincement de la tige sous les boutons floraux de la hampe principale et des ramifications,
- siliques peu nombreuses, plus ou moins vides, souvent en crochet
1. Pivot épaissi et creux 2. Bloquage de la croissance des siliques
Risque de confusion
- Dégâts de gel entraînant la pourriture du bourgeon terminal
- Dégât de charançon du bourgeon terminal
- Eclatement de l'épiderme des tiges, lié à une croissance trop rapide au printemps
- Attaque de charançon de la tige entraînant une nécrose de la tige
- Carence en soufre et siliques vides
Des risques de carence surtout en sols sableux
La carence en bore reste rare. Cependant, il est important d'évaluer la disponibilité en bore à l’aide d’analyses de sols régulières dans quelques situations à risque : sol sableux, sol riche en calcaire actif (y compris chaulage l’année de la culture) et situation de sécheresse.
Normes de teneur des sols
Pour mesurer la teneur en bore, certains laboratoires appliquent la norme NF X31-122. Les valeurs qu'ils obtiennent par une extraction au CaCl2 chaud sont généralement plus faibles que celles mesurées avec la méthode d’extraction à l’eau chaude que Terres Inovia utilise pour établir ses références.
Ainsi, pour Terres Inovia, un sol qui contient 0,3 à 0,8 ppm de bore est en général bien pourvu hormis dans les situations argilo-calcaires où une valeur supérieure à 1,2 ppm serait souhaitable.
L'interprétation des analyses de sol faite par les laboratoires tient compte, par ailleurs, des interactions pH, pourcentage de sable, profondeur et conditions séchantes.
Normes de teneur des feuilles
Les teneurs optimales dans les limbes "adultes" de colza se situent entre 20 et 25 ppm au stade D1 de la culture.
Méthodes de correction
L’apport foliaire est à privilégier au printemps à la reprise de végétation. Il existe diverses formulations de bore présentant de bonnes efficacités.
Les applications au sol sont possibles dans les situations les plus à risques : sols sableux et automne froid et humide. Dans ce cas l’application d’automne devra être complétée par une seconde application au printemps.
Le bore convenant plutôt aux sols calcaires et le molybdène plutôt aux sols acides, il n'est pas pertinent d'avoir recours à un produit multi actions contenant à la fois du bore et du molybdène, dont le coût à l'hectare est plus élevé.