Chanvre : pratiques culturales
Depuis 2011, Terres Inovia réalise une enquête annuelle sur les conduites du chanvre, culture contractualisée. Le dispositif tient compte de l'évolution des zones de production et couvre les bassins majeurs de production de chanvre en France.
La synthèse de ces enquêtes fournit un état des lieux sur l'ensemble des étapes de la conduite du chanvre :
- Surfaces en chanvre dans les exploitations agricoles
- Types de sols
- Variétés
- Dates et densité de semis
- Techniques culturales
- Fertilisation azotée
- Enherbement des parcelles
- Rendements paille et chènevis
Ces enquêtes réalisées régulièrement permettent de suivre l’évolution des pratiques au niveau national mais également pour chaque bassins concernés.
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Les variétés du chanvre
Des semences obligatoirement certifiées
La culture du chanvre est régie par les réglementations françaises et européennes, harmonisées depuis 2004.
Seules les variétés ayant un taux de THC inférieur à 0,3 % (delta 9 TétraHydroCannabinol) sont autorisés à la culture au sein de l'union européenne. Les semences certifiées sont obligatoires.
L'utilisation de semences de ferme est rigoureusement interdite. En effet, cela risquerait d'entraîner une augmentation du taux de THC, et ainsi de dépasser les normes en vigueur, mais également d’augmenter le taux de fleurs mâles (faiblement productrices) de cette plante naturellement dioïque. Chaque année, des contrôles sont effectués en culture (30 % des surfaces cultivées).
Aujourd'hui, 9 variétés françaises (inscrites au Code de la Santé Publique) peuvent être multipliées en France. Il est possible de cultiver toutes les variétés françaises et certaines variétés étrangères inscrites au catalogue communautaire.
Pour une grande majorité, les mêmes variétés sont utilisées pour la production de paille et pour la production de chènevis. Mais avec l’inscription en 2016 de Fibror 79 et en 2019 d’Earlinéa on observe une nouvelle caractérisation des variétés, avec notamment des variétés qui ont une meilleure facilité de défibrage ou bien qui sont plus productives en chènevis.
Le choix variétal fonction du mode de culture
Le chanvre est cultivé selon 2 modes, le mode battu et le mode non battu.
- Dans le mode non battu, la plante entière est récoltée (fauchage, andainage, pressage). Choisir plutôt des variétés tardives, pour maximiser le rendement paille.
- Dans le mode battu, le chènevis (battage) puis la paille (fauchage, andainage, pressage) sont récoltés. Choisir plutôt des variétés précoces ou mi-précoces permettant à la fois d’obtenir un optimum de productivité pour la graine et la paille.
Les variétés de chanvre se distinguent essentiellement par leur précocité. Une large gamme de précocité est offerte dans les variétés françaises (de très précoce à tardive). La précocité est mesurée par rapport à la date du stade pleine floraison. Le stade pleine floraison est atteint lorsque 85 % des plantes ont leurs dernières fleurs femelles ouvertes. La floraison du chanvre est très dépendante de la photopériode. Cela signifie que la pleine floraison est toujours atteinte à date fixe pour une variété donnée, à une latitude donnée, indépendamment de la date de semis.
La sélection de variétés monoïques, plus productives
A l’état naturel, le chanvre est dioïque : fleurs mâles et fleurs femelles fleurissent sur des pieds distincts. Or, les pieds mâles sont moins productifs en fibre, ne produisent pas de graines et meurent dans la culture avant les pieds femelles. Par ailleurs, leurs pieds, secs avant récolte, posent des problèmes de fauche.
La sélection s'est donc attachée à obtenir des variétés monoïques, plus productives.
Sexualité et précocité (date de pleine floraison) des principales variétés cultivées en France
| Variétés | Sexualité | Précocité |
| Uso 31 | Monoïque | 20 juillet |
| Férimon | Monoïque | 31 juillet |
| Fédora 17 | Monoïque | 1er août |
| Félina 32 | Monoïque | 4 août |
| Santhica 27 | Monoïque | 6 août |
| Epsilon 68 | Monoïque | 9 août |
| Santhica 70 | Monoïque | 11 août |
| Futura 75 | Monoïque | 15 août |
| Fibror 79 | Monoïque | 20 août |
| Dioïca 88 | Dioïque | 5 septembre |
Un traitement de semences contre la fonte des semis
En culture conventionnelle, un traitement de semences à base de thirame, à 160 g de matière active par quintal, peut être appliqué pour lutter contre la fonte des semis. Mais à la suite du non-renouvellement de l’approbation du thirame, 2019 sera la dernière campagne proposant ce traitement de semences.
Il est possible de se procurer des semences non traitées, notamment en culture biologique.
Un outil opérationnelAvec myVar®, un outil d’aide à la décision accessible en ligne, toutes les données variétés sont disponibles en quelques clics. Vous pouvez consulter les fiches par variété et comparer plusieurs variétés entre elles. A découvrir sur www.myvar.fr |
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Les débouchés du chanvre
Le chanvre, plante ligneuse et oléagineuse, est une culture qui trouve ses débouchés à la fois dans l’industrie non alimentaire et alimentaire. Toutes les parties aériennes de la plante (fibre, chènevotte, chènevis et poudre) sont utilisées et valorisées dans une large palette de débouchés.
Les matériaux issus du chanvre possèdent une image extrêmement positive dans l’opinion publique de par le caractère végétal, naturel et renouvelable de la culture (par comparaison aux produits issus du pétrole). Ses qualités environnementales sont un atout majeur dans la conquête de débouchés.
La papeterie
Le papier fabriqué à partir de chanvre est un papier haut de gamme léger et résistant (type papier bible) dont les usages sont très variés (papier à cigarettes, papier pour l’édition, papier à usage graphique…). Les fibres servent également à renforcer les papiers recyclés.
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Pour en savoir plus :
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L'éco-construction
Bien que fortement concurrentiel, ce marché est en forte expansion. Les fibres sont utilisées dans l’isolation thermique des habitations (laines de chanvre) en substitution des laines minérales (laines de verre ou laines de roche).
Sous forme de bétons de chanvre en mélange avec de la chaux, la chènevotte entre, par exemple, dans la construction de bâtiments à ossature de bois.
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En savoir plus Construire en chanvre est une association dont le but est le développement de l'utilisation de matériaux de construction à base de chanvre. Cet organisme indépendant, créé par des professionnels du bâtiment diffuse les règles professionnelles de l'utilisation des matériaux à base de chanvre. |
Les produits issus de la plasturgie
Les matières plastiques renforcées de fibres de chanvre ou les fibres de chanvre mélangées à d'autres fibres synthétiques et naturelles (lin, sisal, kénaf) trouvent de nombreuses applications dans les marchés de la plasturgie : automobile (intérieurs de porte, tableau de bord, feutres non tissés…), habitat (profilés pour fenêtre, abords de piscine, jardinerie…), emballage/conditionnement (palettes…).
Le bien-être animal
La chènevotte et la poudre ont la particularité de posséder un pouvoir absorbant important des liquides. De ce fait, la chènevotte est essentiellement utilisée en litière pour chevaux, petits animaux de compagnie, tandis que la poudre est utilisée en litière pour bovins et chats (après granulation).
L'alimentation humaine
En alimentation humaine, les graines de chanvre peuvent être consommées sous de multiples formes, dans des biscuits et barres de céréales, des farines, ou encore des boissons. Elles servent également à la production d’huile d’assaisonnement de grande qualité. En effet, les caractéristiques particulières de cette huile triturée à froid en font la plus équilibrée du marché grâce à sa richesse en oméga 3 et plus particulièrement grâce à son excellent rapport oméga3/oméga6 (1 oméga 3 pour 4 oméga 6). Sa composition correspond précisément aux besoins du corps humain.
Autres utilisations
Les utilisations potentielles du chanvre sont très nombreuses et intéressantes pour d’autres marchés : paillage horticole et viticole (chènevotte), géotextile (fibre), amendement organique (poudre), cosmétique (huile)…
Le désherbage de prélevée de la lentille
Le désherbage chimique
La lentille est sensible à la concurrence des adventices – le désherbage est donc une étape clé de l’itinéraire technique.
Peu de solutions herbicides sont homologuées sur lentille, une intervention en post-semis prélevée reste indispensable pour limiter le salissement de la culture.
Le désherbage mécanique, une solution complémentaire
Seul ou en complément du désherbage chimique, la herse étrille peut être utilisée en post semis - pré levée en un passage dit « à l’aveugle », qui permettra la destruction précoce d’adventices. Ces passages pourront être complétés par des interventions au stade 3-4 feuilles de la culture.
Et l’association ?
Hors agriculture biologique, des essais d’association de la lentille avec du lin, des céréales (blé, orge) ou de la cameline sont en cours.
Les premiers résultats semblent décevants : si l’aide à la gestion de l’enherbement via une meilleure couverture du sol est assurée, la concurrence sur la disponibilité en eau en fin de cycle s’exerce fortement, et impacte significativement le rendement de la lentille.
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Le test aphanomyces sur lentille
Tout comme le pois, la lentille est une culture sensible à Aphanomyces euteiches. Avant d’envisager d’implanter une lentille, il est donc recommandé de réaliser un test de potentiel infectieux (PI), afin d’écarter tout risque de perte de la culture.
Ce test consiste en un prélèvement de terre à réaliser sur la parcelle ; cet échantillon doit ensuite être adressé à un laboratoire pour analyse. Le prélèvement peut être effectué à tout moment de l’année, afin d’anticiper et de prévenir le risque. Le résultat du test est donné selon une échelle de 0 (pathogène non détecté) à 5 (risque très élevé) : si la note de PI est inférieure à 1, la lentille peut être cultivée. En cas de printemps très humide, des ronds jaunes pourraient apparaitre, mais l’impact sur le rendement sera faible. Si la note de PI est supérieure à 1, il est déconseillé de cultiver une lentille, l’impact du pathogène sur le rendement pouvant être important.
Pour plus d’informations sur la maladie et les cultures sensibles, se reporter à la page pois.
Pour plus de renseignement sur le prélèvement, se reporter à la fiche « Aphanomyces – test prédictif de potentiel infectieux ».
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Fertilisation et inoculation de la lentille
Comme les autres légumineuses, la lentille a la capacité de fixer l’azote atmosphérique grâce à une symbiose avec une bactérie du genre Rhizobium (Rhizobium leguminosarum), présente naturellement dans les sols français. Il n’est donc pas nécessaire d’inoculer la lentille.
La lentille est peu exigeante : elle exporte 1,6 u/q de phosphore et 6 u/q de potassium.
Ainsi, pour un rendement de 15 à 25 q/ha, apporter 30 à 50 unités de P2O5, 60 à 80 unités de K2O et 20 à 25 unités de Mg.
Ces apports sont à raisonner et à adapter en fonction de l’analyse de sol.
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Choisir sa parcelle pour cultiver la lentille
La lentille valorisera des types de sols variés (argilo-calcaires superficiels, sols volcaniques…).
Attention cependant aux sols hydromorphes ou des sols très séchants en raison de la sensibilité de la culture aux excès d’eau et au stress hydrique en fin de cycle.
De même, des sols à grosse réserve utile favoriseront un développement végétatif exubérant au détriment du rendement.
Les sols trop caillouteux seront aussi à éviter pour faciliter la récolte, car la lentille a une tendance à la verse en fin de cycle.
Privilégier des parcelles sans flore adventice difficile, notamment si on note la présence de datura, morelle, ambroisie, bleuet ou ortie royale (risque de déclassement de la récolte vers un débouché alimentation animale).
Un point d’attention particulier doit être porté sur le retour de la lentille dans les parcelles. Cette culture est sensible à Aphanomycès euteiches, et autres pathogènes telluriques (fusarium, pythium) qui conduisent à la mort des plantes par destruction du système racinaire (nécroses des racines). Un délai de retour d’au moins 5 ans doit être observé entre deux lentilles. En cas de présence d’autres cultures sensibles à ces pathogènes dans votre rotation (pois, vesce, gesse…), un délai de 5 ans entre ces cultures est préconisé. Il est possible de réaliser un test pour déterminer la présence d’aphanomycès dans les parcelles.
Pour plus d’information sur la maladie et les cultures sensibles, se reporter à la page pois.
Enfin, éviter les pH inférieurs à 6 qui freineraient le fonctionnement des nodosités.
Privilégier les parcelles peu à moyennement profondes, drainantes et relativement propres.
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Lentille : comment préparer sa campagne ?
La lentille est une culture peu concurrentielle des adventices ; en agriculture biologique comme en conventionnelle, plusieurs pistes de lutte alternative peuvent être envisagées avant le semis :
- Le labour, qui permet d’enfouir graines d’adventices, favorisant la diminution dans le temps de leur pouvoir germinatif ;
- Les déchaumages et faux-semis en interculture, qui permettent de faire lever précocement les adventices, qui seront par la suite détruites mécaniquement avant le semis ;
- Les couverts végétaux en interculture, qui par leur effet structurant du sol et étouffant des adventices viennent compléter cette palette de solutions de gestion de l’enherbement à l’échelle de la rotation ;
- Un semis plus tardif (autour du 15 avril), qui permet la destruction des adventices déjà levées lors du passage du semoir.
Afin de limiter le risque de maladies racinaires, il est recommandé de respecter un délai de retour d’au moins 5 ans entre deux cultures de lentille.
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Le cycle de la culture de la lentille
La lentille est une culture de printemps à cycle court (130 à 150 jours). Semée de mars à avril, la récolte a généralement lieu courant juillet.
Voici quelques repères du cycle de développement :
| Base 0°C | Base 6°C | |
| Semis – Mi-Floraison | 940°C | 490°C |
| Mi-Floraison - Récolte | 560°C | 440°C |
| Cycle total | 1500°C | 930°C |
Fréquence moyenne sur 20 ans (2000 – 2019) de date d’atteinte des stades en fonction de la date de semis.
Semis
| Station météo | Le Puy Loudes Sanssac (43) | Bourges (18) | Auxerre (89) | La Roche-sur-Yon (85) | Mauvezin (32) | |||||||||||
| Semis | 01/03 | 15/03 | 01/04 | 01/03 | 15/03 | 01/04 | 01/03 | 15/03 | 01/04 | 15/02 | 01/03 | 15/03 | 01/04 | 15/02 | 01/03 | 15/03 |
| Pleine Floraison | 22/06 | 23/06 | 26/06 | 28/05 | 31/05 | 06/06 | 29/05 | 01/06 | 07/06 | 20/05 | 25/05 | 28/05 | 04/06 | 13/05 | 15/05 | 22/05 |
| Récolte | 31/07 | 31/07 | 03/08 | 01/07 | 03/07 | 07/07 | 02/07 | 04/07 | 08/07 | 26/06 | 29/06 | 02/07 | 07/07 | 18/06 | 20/06 | 25/06 |
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La place de la lentille en France
Différents types de lentille sont cultivés et consommés à travers le monde :
La lentille verte : plusieurs types de lentilles vertes existent à travers le monde, avec une large gamme de couleurs (du vert clair uniforme à un vert soutenu avec ou sans marbrures). En France, les lentilles vertes connues au travers de la lentille verte du Puy notamment ont de petites graines bombées de couleur verte avec des marbrures brunes et bleutées, et à peau fine. C’est la principale lentille cultivée en France.
Les lentilles corail (ou lentilles rouges) : la plus consommée au monde, notamment en Inde, au Bangladesh, au Moyen-Orient ou encore dans les pays du pourtour méditerranéen. Les graines sont petites, bombées, de couleur foncée. Une étape de décorticage est nécessaire pour dévoiler la couleur « orangée »/corail des cotylédons.
Les lentilles blondes : des graines larges, de couleur claire et plus plates que les précédentes avec une peau généralement épaisse et de couleur de cotylédons pâle.
La lentille noire : Petites graines très bombées de couleur noir brillant.
En France, la production de lentille est en forte croissance : les surfaces sont ainsi passées de 4 400 ha en 1997 à 37 500 ha en 2019. Les principales zones de production sont l’Auvergne, avec la lentille verte du Puy (AOC, AOP) et la lentille blonde de Saint-Flour (IGP, Label Rouge), le Berry, avec la lentille verte du Berry (Label Rouge, IGP), la Champagne avec la lentille rosée de Champagne, qui présente la particularité d’être semée en hiver. Hors zones historiques, la lentille est également largement cultivée dans l’Yonne et l’Aube, ainsi que dans l’Ouest et le Sud-Ouest.
La graine de lentille est riche en protéines : sa teneur est intermédiaire entre celle du pois et de la féverole ; sa teneur en fibre est également plus faible du fait de son tégument fin, ce qui la rend plus digeste en graine entière.
Sans gluten, la lentille répond à de nombreuses tendances actuelles du marché alimentaire : végétarisme, flexitarisme, sans gluten, enrichissement en protéines végétales ….
Ces marchés à valeur ajoutée assurent aux producteurs un meilleur revenu.
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