Evaluer la pertinence du retournement du colza
Quels sont les critères à prendre en compte
Il est important d’évaluer l’incidence du retournement par rapport au maintien de la culture : l'investissement déjà engagé, les aspects réglementaires en cas de contrat, la faisabilité de la culture de remplacement selon les herbicides utilisés.
Il faut estimer d'une part les capacités de compensation du colza, la biomasse fraîche (poids vert exprimé par m²) et la densité du peuplement et d'autre part les facteurs aggravants, l’hydromorphie, l’enherbement, un défaut d’enracinement, des dégâts de ravageurs, un peuplement hétérogène... et tenir compte également des conditions intra-parcellaires. Il est inutile de laisser des surfaces en mauvais état à l’intérieur de parcelles qui risquent de se salir rapidement au printemps et ont un potentiel de rendement très limité.
Sol superficiel, contexte défavorable à la compensation
Sol profond, contexte favorable à la compensation
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retournement à envisager |
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| potentiel altéré, tenir compte des facteurs aggravants pour décider du retournement | |
| potentiel peu altéré, culture à conserver | |
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potentiel intact, culture à conserver |
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Destruction et remplacement : Le colza récupère !
Les accidents climatiques ou parasitaires peuvent donner des inquiétudes sur la viabilité et le potentiel de la culture.
Pourtant, dans la plupart des cas, malgré la dégradation du feuillage et la perte de plantes, le colza présente des capacités de récupération étonnantes dans la mesure où le système racinaire n'a pas été affecté et si le peuplement restant est suffisant et réparti de façon homogène sur une parcelle propre.
Le remplacement du colza doit rester exceptionnel
Dans la plupart des cas, il est préférable d’attendre la sortie d’hiver avant de prendre la décision de retourner ou non.
- A l’automne, le retournement ne se justifie qu’en cas de très mauvaise levée ou de destruction de la culture (par des limaces par exemple). Une reprise profonde du sol peut alors élargir le choix des cultures de remplacement possibles, en limitant les risques de phytotoxicité des herbicides déjà appliqués.
- En sortie d’hiver, le maintien de la culture est possible si le contrôle des adventices est correct et si la densité est voisine de 5 à 10 plantes par m2, réparties de façon homogène.
- Adapter la conduite de la culture (fertilisation azotée, protection) à son potentiel estimé.
Dans tous les cas, poursuivre son suivi technique sans l’intensifier en voulant compenser.
- Ne pas « rapiécer » avec du colza de printemps une parcelle de colza d’hiver. Ce serait s’exposer à une pression importante des insectes, notamment des méligèthes et des pucerons, et à une difficulté de récolte liée au décalage des stades de maturité (récolte en 2 temps).
- Le pouvoir de récupération du colza est étroitement lié à la climatologie future et au potentiel naturel de la parcelle. Plus ce dernier est élevé plus les chances de déboucher sur un niveau de rendement satisfaisant sera important pour un même état initial.
Accidents climatiques sur colza : le manque ou l'excès d'eau
Le manque d'eau
A l'automne, des conditions climatiques sèches et un sol desséché sont synonymes de levées très irrégulières et/ou tardives. Elles peuvent limiter le potentiel de la culture du fait d'un peuplement trop faible et/ou de plantes insuffisamment développées avant l'hiver.
Sécheresse à l'automne et à la floraison
De tels peuplements sont plus exposés aux risques climatiques (gel) ou aux facteurs biotiques (ravageurs, maladies dont phoma). Une irrigation de 20 à 30 mm peut s'avérer très bénéfique.
Au printemps, le manque d'eau limite le développement des plantes et handicape l’absorption des éléments fertilisants. Dans les cas extrêmes les boutons floraux et les plantes dépérissent.
La sensibilité est forte entre le début de la floraison et G4 + 10 jours. En fin de cycle la sécheresse limite le PMG sans possibilité de compensation.
Dans ces situations :
- Préserver au maximum l'eau de la parcelle de colza après la récolte du précédent, en limitant autant que possible l'évaporation pendant la phase de travail du sol.
- Un resemis peut être envisagé en cas de mauvaise levée si la date envisagée n’est pas en dehors des périodes de semis conseillées, et en tenant compte des désherbants déjà appliqués.
En bref
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L’excès d’eau
A la levée, les croûtes de battance dues à des abats d’eau handicapent la culture. Mais c’est surtout par la suite, en fin d’automne, en hiver ou au printemps, que l’excès d’eau pénalise les plantes en diminuant la croissance et la production de matières sèches aérienne et surtout racinaires.
1. Parcelle de colza ennoyée et 2. Pourrissement des racines
Si l’ennoiement des parcelles dure, le système racinaire pourrit, accompagné d'odeurs nauséabondes caractéristiques, et les pieds disparaissent. Les plantes qui survivent sont sensibilisées au stress hydrique en fin de cycle et à la verse.
Dans ces situations :
- Resemer en cas de croûte de battance si le peuplement est trop faible et si la date de resemis est compatible avec les dates conseillées.
- Favoriser l’évacuation de l’eau dans les parcelles (drainage, rigoles).
- Eviter de faire du colza dans les parcelles trop humides ou régulièrement submergées.
Destruction et remplacement d'une parcelle de colzaLa parcelle peut avoir besoin d'être retournée, suite à un accident climatique ou parasitaire. Pour cela il est nécessaire d'évaluer la pertinence avant d'effectuer le retournement. |
Accidents climatiques sur colza : dégâts de grêle
La grêle a surtout un impact en fin de cycle, quand elle s'abat sur des siliques vertes ou à maturité.
Du semis à la floraison, des compensations sont toujours possibles sauf cas extrême. Les récupérations ne sont plus possibles avec des siliques arrachées, endommagées ou égrenées.
1. Grêle à floraison 2. Dégâts sur siliques
Dans ces situations :
- En amont du problème, s’assurer contre les risques de grêle,
- En cas d’égrenage, gérer l’interculture pour faire lever un maximum de repousses de colza.
Destruction et remplacement d'une parcelle de colzaLa parcelle peut avoir besoin d'être retournée, suite à un accident climatique ou parasitaire. Pour cela il est nécessaire d'évaluer la pertinence avant d'effectuer le retournement. |
Accidents climatiques sur colza : gelées printanières
Au printemps, des températures légèrement négatives ou des gelées blanches provoquent des recourbements de tige qui prennent parfois une coloration violacée, sans conséquence grave pour les plantes.
Lorsque les températures descendent sous -5°C, sur une végétation très turgescente, des symptômes plus marqués peuvent survenir avec des destructions de feuilles (blanchiment) voire de hampes. Les boutons et les fleurs avortent avec des températures négatives mais des compensations sont possibles tardivement. Durant la formation des siliques, le gel provoque une diminution du nombre de graines par silique.
Dans ces situations :
- Ne pas confondre les colorations violacées avec des carences en azote ou en soufre,
- Conduire la culture normalement (ni abandon ni surprotection).
Accidents climatiques sur colza : gelées hivernales
Durant la phase hivernale, on considère que la résistance des plantes est faible avant 2 feuilles et qu’elle est maximale au stade 8 feuilles.
Le colza (hors accident de type élongation avant hiver) peut résister à des températures de l’ordre de - 15 °C, le seuil létal étant de - 18 °C environ. Sous une couverture neigeuse, la culture peut supporter sans problème des températures inférieures à - 20°C, toutefois, les petits colzas sont susceptibles de subir un déchaussement préjudiciable durant les hivers où alternent périodes de gel et de dégel.
Dans ces situations :
- Compter les plantes restantes après hiver pour connaitre le nombre de plantes viables en sortie d’hiver.
- Prendre en compte dans le calcul de la fertilisation azotée une partie de l’azote des feuilles gelées (environ 50%).
Destruction et remplacement d'une parcelle de colzaLa parcelle peut avoir besoin d'être retournée, suite à un accident climatique ou parasitaire. Pour cela il est nécessaire d'évaluer la pertinence avant d'effectuer le retournement. |
Accidents climatiques sur colza : dégâts de neige
La neige provoque très rarement des dégâts sur le colza sauf quand elle intervient tardivement au cours de la montaison ou de la floraison : son poids peut alors casser des tiges.
Plus généralement, la couverture neigeuse joue un rôle protecteur en hiver et permet aux cultures de supporter sans dégât des températures inférieures à - 20°C.
1. Parcelle de colza et 2. tiges endommagées
Destruction et remplacement d'une parcelle de colzaLa parcelle peut avoir besoin d'être retournée, suite à un accident climatique ou parasitaire. Pour cela il est nécessaire d'évaluer la pertinence avant d'effectuer le retournement. |
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