Récolter le soja à maturité
La récolte doit être réalisée quand les graines sont libres et « sonnent » dans les gousses : elles sont alors sphériques et peu rayables à l’ongle et leur humidité se situe entre 14 et 16 % d’humidité.
Champ de soja arrivé à maturité
Généralement, la plupart des feuilles sont tombées cela va dépendre des variétés et des conditions météo de l’année).
A surmaturité, les gousses s’ouvrent en se vrillant et laissent tomber les graines à terre
Récolter sans attendre dès que la maturité est atteinte sous peine de perdre des graines et de dégrader fortement la qualité de celles-ci en cas de réhumectation.
Après le stade optimum, des pertes de rendement peuvent être provoquées par des alternances de périodes sèches et humides (égrenage, pourriture).
Après la mi-octobre, l’humidité de l’air et la fréquence des pluies permettent difficilement de descendre en dessous de 18-20 % d’humidité. La qualité des graines risque d’être rapidement altérée par le développement des moisissures.
Si la récolte s’annonce tardive, le soja peut se récolter de manière décalée. La culture se « tient » assez bien tant que la maturité n’est pas atteinte. La récolte sera à réaliser dès que la culture aura atteint un stade assez avancée avec des conditions de récolte propices (temps sec, même si les températures sont froides). La récolte n’est pas possible au-dessus de 20 % d’humidité. Il est nécessaire de livrer la récolte le plus rapidement possible car les graines ne se conservent pas à plus de 14 % d’humidité.
Pour des récoltes tardives, la possibilité d’avancer la date de récolte en faisant un défanage est désormais impossible (aucun produit n’est autorisé pour cet usage).
Pois chiche : récolte et stockage
Généralement, lorsque le stade maturité est atteint, les gousses ne s’ouvrent pas et les graines sont libres dans celles-ci. La hauteur de la première gousse, à 15-20 cm du sol, n’est pas limitante pour la moisson.
Le déclenchement de la récolte est possible dès 16 % d’humidité, afin de limiter la casse des grains. Un bon réglage de la machine limitera également la présence d’impuretés qui peuvent engendrer des tâches sur les grains.
Champ de pois chiche à maturité
La croissance des plantes est généralement interrompue par les conditions sèches en fin de cycle. En situation fraîche et plus humide, l'utilisation d'une faucheuse andaineuse sécurisera la récolte.
Objectifs et atouts du fauchage andainageLe fauchage andainage permet d’homogénéiser la récolte (en se rapprochant des normes de commercialisation) tout en minimisant les graines tachées et les pertes. Il est tout à fait adapté aux cultures indéterminées comme le pois chiche. La récolte se réalise en deux passages, un pour le fauchage et la création de l’andain et un second pour la récolte, à l’aide d’un pick-up. On observe généralement 8 jours entre ces deux opérations culturales. Il est nécessaire d’attendre que les grains aient atteint leur couleur définitive pour débuter le fauchage. Attention, si ce passage est trop tardif, il y aura un risque d’égrainage. Privilégier un andain homogène, sans vague, au risque de générer une mauvaise alimentation de la machine lors de la récolte. Dans des situations bien identifiées, le fauchage andainage a de nombreux intérêts. La multiplicité des passages entraine cependant un surcoût par rapport à une moisson classique. |
La récolte du pois chiche s’échelonne de début juillet à fin août selon les secteurs : 1ère quinzaine de juillet dans le Sud-Est ; fin juillet et 1ère quinzaine d’août dans le Sud-Ouest ; 2ème quinzaine d’août dans la partie Nord.
Les graines de pois chiche ne sont pas concernées par les insectes au stockage, à conditions de respecter de bonnes pratiques durant cette période. Pour assurer une bonne conservation au stockage, ramener les graines à une température inférieure à 20°C rapidement après récolte (et à 5°C pendant l’hiver) et à une humidité comprise entre 12 et 14 %. En cas de mélange de grains mûrs et immatures, faire un passage en séchoir.
La gestion des impuretés est également essentielle pour le stockage (risque moisissures) et le débouché visé (critère pouvant être plus ou moins contraignant) :
- La présence de morelle noire peut dégrader la qualité visuelle du pois chiche (tâches) et rendre impropre à la consommation les graines. S’assurer de son absence avant récolte est indispensable. Au stade maturité, l’arrachage manuel est le seul levier possible.
- Certain client exigeant demande aucune trace de résidus d’insecticide du stockage. Eviter les contaminations croisées en privilégiant des circuits dédiés ou des silos sans traitement.
- De même, veiller à l’absence de céréales dans les stocks de pois chiche par rapport au risque de présence de gluten (circuit dédié, nettoyage des locaux, calibrage des grains).
- Limiter la casse des grains, qui est l’un des principaux critères de qualité pénalisant, en adaptant les circuits de manutention (éviter les coudes, matériaux amortissants).
Gestion des adventices à la récolte du tournesol
En cas de parcelle infestée d’adventices au moment de la récolte du tournesol, les risques de bourrage dans la moissonneuse-batteuse sont élevés, en particulier si la flore de la parcelle est composée d’adventices volumineuses, ligneuses et encore vertes comme l’ambroisie, le liseron, l’ammi élevé…
Ambroisie dans un champ de tournesol à maturité
Pour éviter cela, il est conseillé de :
- Couper le tournesol le plus haut possible pour éviter au maximum de faire entrer dans la machine les graines d’adventices et leur biomasse
- Récolter à vitesse plus faible
- Régler les rabatteurs en position agressive pour que le flux de matière apporté au batteur soit continu et régulier (en effet, c’est lorsque la biomasse arrive par vagues en grande quantité que le risque de bourrage est le plus important). NB : sur un tournesol propre la vitesse suffit quasiment pour que la récolte entre dans la coupe.
- Augmenter la vitesse du batteur pour que son inertie diminue les risques de bourrage. (Surtout pour les cultures pour lesquelles la vitesse du batteur est faible)
- Eviter d’ouvrir au maximum le contre batteur, c’est-à-dire garder le contre batteur fermé à 1 ou 2 cran(s). En effet, il est prudent de se laisser la possibilité d’ouvrir complètement le contre batteur en cas de bourrage. Cette précaution donne de la souplesse pour évacuer les résidus bloquants.
- Surveiller les secoueurs : en cas de plusieurs hectares sales à récolter, consulter régulièrement les capteurs de bourrage ou s’arrêter régulièrement pour faire un contrôle visuel de l’état de la machine.
- Equiper le broyeur de couteaux affûtés pour hacher au maximum la biomasse à éliminer.
De plus, les mauvaises herbes risquent aussi de nuire à la qualité de la récolte : les graines étrangères polluent la récolte et la matière verte des adventices humidifie le grain récolté.
Pour éviter cela, il est conseillé de vérifier le réglage des grilles pour éviter le plus possible de salir la récolte de graines d’adventices (et de devoir la trier). En cas de présence de tournesol sauvage dans la parcelle, il faut trouver le bon compromis pour à la fois évacuer les grains de tournesol sauvage et ne pas perdre trop de grains de tournesol à récolter. Il faut donc être précis sur le réglage des grilles et exigeant sur celui des vents.
Enfin, les chantiers de récolte de parcelles infestées présentent un risque fort de disséminer cette infestation. Pour éviter au maximum la dissémination des adventices, il est conseillé de :
- Raisonner l’ordre de récolte des parcelles sales (voir exemples ci-dessous)
- Nettoyer consciencieusement la moissonneuse-batteuse
- L’idéal est d’avoir un compresseur à côté pour nettoyer la moissonneuse-batteuse après moisson d’une zone infestée
Exemples :
S’il y a qu’une parcelle sale, essayer de la récolter en dernier (toutes les parcelles propres à moissonner avant) pour ne pas disperser les graines de mauvaises herbes et pouvoir rentrer nettoyer la machine à poste fixe.
Si le chantier de récolte est mené par un entrepreneur ou qu’une zone fortement infestée se trouve dans une parcelle au milieu du chantier de récolte, il vaut mieux récolter la partie infestée d’adventices en premier pour que, en continuant la moisson, les graines soient évacuées dans la parcelle et la machine soit ensuite prête pour la récolte des autres parcelles sans risque de contamination. En d’autres termes, il vaut mieux disséminer au sein d’une même parcelle que de contaminer des nouvelles parcelles. Continuer à récolter le reste de la parcelle exempte d’adventices apporte de la matière pour vider la machine et permet de « faire le tampon » avant les parcelles suivantes. En revanche, par la suite il faudra être très vigilant sur la gestion des adventices de cette parcelle en question.
A la récolte, en cas de présence d’orobanche cumana, limiter au maximum la dissémination !
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Il y a d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes, pour cela il faut se renseigner sur les leviers et méthodes de lutte agronomiques disponibles.
Récolte du tournesol : réglages de la moissonneuse-batteuse
Réglage de la moissonneuse-batteuse
Il est nécessaire de coupe le broyeur de la moissonneuse-batteuse pour régler convenablement les organes de battages et de séparation.
Une fois le broyeur arrêté, les capitules doivent ressortir entiers ou au maximum en 2 ou 3 morceaux.
Pour un batteur conventionnel
1. Batteur trop serré ou trop rapide : les capitules sont trop fragmentés, ce qui augmente les impuretés, l'humidité et la casse des graines.
2. Batteur bien réglé : l'égrenage est complet et les capitules sont entiers
Recommandations pour régler la moissonneuse-batteuse de type conventionnelle :
| Vitesse de rotation du batteur |
Pour un batteur de 600 mm, la vitesse de rotation doit être comprise entre 300 et 500 tours/minute. Cela correspond à 9 à 12 m/s de vitesse de défilement (c’est-à-dire du batteur par rapport au contre-batteur). Si les conditions sont humides, il faut augmenter la vitesse de rotation à 600 tours/minute. En cas de conditions sèches, il faut diminuer la vitesse pour éviter la casse des graines. |
| Ecartement du batteur et contre-batteur | L’écartement doit être l’épaisseur des capitules entre 25 et 35 mm. L’ouverture doit être égale et homogène sur l’avant et l’arrière du batteur/contre-batteur. |
| Vitesse de vents (ventilation) | Les vents doivent être orientés vers l’avant du caisson, là où la végétation est la plus lourde. En tournesol, le régime pour les vents doit être compris entre 900 et 1100 tours/minute, soit une réduction d’environ 10% par rapport au blé. |
| Ouverture des grilles supérieures |
Pour la grille supérieure, son ouverture ne doit pas être trop importante pour éviter de récupérer trop d’impuretés :
Pour la grille inférieure :
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| Ouverture des grilles inférieures | |
| Vitesse d’avancement | Plus la vitesse d’avancement de la moissonneuse-batteuse est rapide, plus le flux de matière à gérer est important. Cela peut réduire son efficacité. Il faudra donc adapter la vitesse aux conditions de récolte et à la capacité de la machine à faire du bon travail (choix de la barre de coupe). |
En cas de verse importante, pour récupérer le maximum de capitules au sol, privilégier les becs cueilleurs à tournesol.
En cas de fortes infestations des parcelles de tournesol par du datura, couper le plus haut possible, effectuer un nettoyage mécanique de la récolte en privilégiant des grilles à trous ronds de 3,5 mm de diamètre (ne pas utiliser les grilles à trous ronds de 2,2 mm ou les grilles a fentes rectangulaires de 1,5 x 20 mm). Cette précaution évitera de dépasser la limite maximale réglementaire de 0,1 % de graines de datura dans les aliments pour animaux.
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Choisir un système de coupe adapté au tournesol et au contexte de culture
Différents systèmes de coupe sont proposés par les constructeurs. Petit tour d'horizon de ces propositions, de leurs atouts à leurs limites.
Les coupes standards aménagées avec des plateaux pour récolter le tournesol
C'est une adaptation d'une coupe à céréales à paille, et le premier équipement qui s'est développé pour récolter le tournesol.
| Principaux atouts | Principales limites |
| Investissement relativement limité : de l'ordre de 2,5 à 6,5 k€ HT3 selon la largeur comprise entre 4,4 m et 12 m. | Débit de chantier limité : plafond conseillé de surface récoltée estimé à 50 ha/an selon les constructeurs. |
| Ne nécessite pas l'achat d'une coupe spécifique. | Ne permet pas de récolter des tournesols versés |
| Permet de récolter des tournesols avec différents écartements entre rangs. | Coupe des plantes au niveau du tiers inférieurs : surplus de matière possiblement verte dans le batteur (consommation accrue; difficulté de récolte de tournesol avec défaut de maturité) |
Dans ce groupe existent également des coupes mixtes colza et tournesol adaptées sur une coupe standard pour céréales à paille.
Les coupes intégrales spécifiques au tournesol
Elles sont spécifiques à la récolte du tournesol et peuvent être équipées d'un broyeur de cannes. Ce type d'équipement est en progression en France.
| Principaux atouts | Principales limites |
| Débit de chantier élevé grâce à la vitesse d'avancement (8 à 15 km/h) | Investissement important (entre 22 k€ et 55 k€ HT) avec un prix indicatif HT de 3 à 7 k€ HT par mètre linéraire (tarifs 2024). Surcoût significatif du broyeur ou d'une coupe pliable. |
| Proposé sur des grandes largeurs de coupe (≥6 m) | Nécessite un investissement spécifique au tournesol |
| Permet de récolter des tournesols avec différents écartements en rangs | Ne permet pas de récolter des tournesols versés. |
| Permet de récolter et broyer en un seul passage | Attention aux impacts des cannes courtes sur les pneumatiques avant de la moissonneuse-batteuse (il existe des systèmes pour les coucher à l'avant d'un pneu de la moissonneuse-batteuse). |
| Hauteur de coupe réglable, le plus souvent au niveau du tiers supérieur de la plante : réduction de la quantité de matière rentrant dans le batteur (réduction de consommation; moindre difficulté à récolter du tournesol avec défaut de maturité). | / |
Les coupes intégrales tournesol de type "stripper" (avec rouleau tracteur)
Faisant partie des coupes intégrales, les coupes de type "stripper" se caractérisent par le prélèvement du capitule uniquement grâce à un rouleau tirant la tige et qui permet de la couper juste en-dessous du capitule. Ces coupes sont avant tout destinées à la récolte de grandes surfaces grâce à leur débit de chantier très élevé. Avec des largeurs de coupes plus réduites, elles sont par ailleurs utilisées en tournesol de semences. En limitant la quantité de matière à battre, elles facilitent la récolte de culture encore humide, situation relativement fréquente en production de semences.
| Principaux atouts | Principales limites |
| Débit de chantier très élevé grâce à la vitesse d'avancement (≈10 à 15 km/h) | Investissement important (proche de celui des autres coupes intégrales tournesol) et spécifique au tournesol. |
| Proposé sur des grandes largeurs de coupe (≥6 m) | Ne permet pas de récolter des tournesols versés |
| Permet de récolter des tournesols avec différents écartements en rangs | Nécessite un passage de broyeur spécifique car les parties non récoltées de tiges sont très hautes. |
| Pertes de capitule quasi nulles, selon les suivis de Terres Inovia | / |
| Récolte de la partie supérieure de la plante (coupe juste en-dessous du capitule) avec nette réduction de la quantité de matière qui entre dans le batteur, d'où une consommation réduite de carburant et une moindre difficulté à récolter du tournesol avec défaut de maturité. | / |
Les becs cueilleurs
Les becs cueilleurs sont de deux types :
• Les becs cueilleurs de type maïs grain avec un kit d’adaptation pour récolter le tournesol,
• Les becs cueilleurs spécifiques pour récolter le tournesol.
| Principaux atouts | Principales limites |
| Investissement limité dans le kit d'adaptation (de l'ordre de 0,5 k€ par rang)3 | L'écartement entre rangs du cueilleur doit être adapté à celui du semoir : limite majeure notamment dans les ETA4 |
| Permet de récolter un tournesol versé (atout majeur) | Rend particulièrement peu pratique les va-et-vient entre les récoltes du tournesol et du maïs (limite majeure pour les ETA), car le démontage/remontage du kit est plus long qu'un changement de coupe. |
| Un seul cueilleur pour récolter le maïs grain et le tournesol | / |
| Adapté à des tournesols hauts et végétatifs et induisant de faibles pertes de capitules. | / |
3 les prix indiqués dans ce tableau sont indicatifs (1k€ = 1 000 €).
4 ETA : Entreprise de travaux agricoles.
| Principaux atouts | Principales limites |
| Permet de récolter un tournesol versé (atout majeur dans certains contextes ou certaines années) | Investissement important avec un prix indicatif HT de 3,5 à 5 k€ HT3 par rang et spécifique à la culture. |
| Débit de chantier élevé (selon le nombre de rangs) | L'écartement entre rangs du cueilleur doit correspondre à celui du semoir : limite majeure notamment dans les ETA4 |
| Particulièrement adapté à des tournesols hauts et végétatifs | / |
3 les prix indiqués dans ce tableau sont indicatifs (1k€ = 1 000 €).
4 ETA : Entreprise de travaux agricoles.
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Reconnaître le stade optimal de la récolte du tournesol
Le choix variétal et la date de semis doivent être adaptés pour viser une récolte fin septembre. Ne pas attendre que la partie la plus tardive de la parcelle soit au bon stade si, par ailleurs, la grande majorité est à surmaturité.
Degré d'humidité : Il faut avoir l’œil !
La mesure de l’humidité par prélèvement manuel a tendance à la sous-estimer par rapport à celle obtenue lors d’une récolte mécanique. Le mieux est de baser cette décision sur l’observation en s'aidant des photos ci-dessous.
La maturité affichée ici est indicative. Vérifier avec une mesure à l'humidimètre.
Stade optimal de récolte
Le dos du capitule vire du jaune au brun. Les feuilles de la base et du milieu de la tige sont sèches. Quelques feuilles hautes sont encore un peu vertes. Les fleurons tombent d’eux-mêmes. La tige devient beige clair.
Trop tôt
Les feuilles médianes, supérieures et la tige sont encore vertes. Le dos du capitule est jaune. La teneur en eau des graines est supérieure à 15 %.
Récolter à ce stade augmente le taux d’impuretés et les frais de séchage. Le battage est difficile et la vitesse de récolte plus lente.
Trop tard
Les feuilles sont complètement desséchées, le capitule est brun noir et les tiges brunes. Les pertes seront importantes à cause de la verse (perte de capitules) et de l’égrenage par le vent, les oiseaux ou les maladies (botrytis).
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Récolter le tournesol au bon stade pour maximiser la marge économique
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Récolter lorsque la majorité de la parcelle a atteint le stade optimal, c’est-à-dire lorsque :
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Points d’attention
Le séchage du tournesol n’est justifié qu’en cas d’atteinte trop tardive de la maturité récolte (au-delà du 10-15 octobre). Il doit rester exceptionnel. Son recours entraîne une forte baisse de la marge économique.
Il est inutile d’attendre la sur-maturité (plantes entièrement desséchées, noires) pour récolter car le risque de pertes de graines est important (dégâts d’oiseaux, botrytis sur capitule) et l’ajustement du tonnage aux normes n’est le plus souvent pas pratiqué par le collecteur. Ainsi une récolte trop tardive peut entraîner des pertes économiques elles aussi élevées.
Avant d’entamer le chantier de récolte, il est conseillé de réaliser une mesure d’humidité sur un échantillon récolté mécaniquement. Les prélèvements manuels de graines tendent à sous-estimer l’humidité.
En pratique à l’échelle de la parcelle, il faut souvent composer avec l’hétérogénéité due à des levées échelonnées, des irrégularités de peuplement importantes ou des différences de sol, plus ou moins séchant. Si l’hétérogénéité se prête bien au découpage de la parcelle (exemple de la zone de côteaux plus en avance que celle de fond de vallée), il est conseillé, dans la mesure du possible, d’échelonner les chantiers de récolte. Si ce n’est pas le cas, ou en raison de contraintes organisationnelles, il faut viser un compromis sans attendre que les pieds les plus tardifs aient atteint la maturité optimale. Le mieux est, dans la mesure du possible, de réaliser des essais avec la moissonneuse-batteuse.
Anticiper pour récolter au bon moment
- Agir dès le choix variétal et l’implantation pour sécuriser la récolte
La période optimale de récolte du tournesol est comprise entre mi-août et fin septembre. Au-delà du 10 octobre, la culture ne mûrit plus. Pour limiter le risque d’une récolte trop tardive pouvant induire des frais de séchage potentiellement élevés, il importe de choisir la date de semis adaptée au territoire avec la variété de précocité adaptée.
Terres Inovia propose un outil pour vous aider avant le semis du tournesol.
- Semer dès que les conditions de température du sol (≥ 8°C à 4 cm) et de ressuyage sont réunies en visant une levée régulière
Alors qu’un peuplement insuffisant est associé le plus souvent à de gros capitules épais et lents à sécher, une levée régulière et suffisante en densité (optimum de 5 à 6 pieds levés/m²) facilitera une maturation homogène de la culture.
Les pertes économiques importantes associées à la récolte à sous- ou sur-maturité
Dans la simulation présentée ci-dessous, le taux d’impuretés est considéré constant à 2% quelle que soit l’humidité de récolte, hypothèse minimisant les pertes économiques de récolte lorsque le stade n’est pas optimal.
Malgré cela, une récolte à sur-maturité à 5% d’humidité des graines fait baisser la marge de 55 €/ha (en l’absence de pertes de graines et de remise aux normes d’humidité) à 139 €/ha (avec une perte de graines de 2q/ha et toujours en l’absence de remise aux normes d’humidité), par rapport à une récolte au stade optimal de 9% d’humidité.
De même, une récolte avec une teneur en eau élevée s’accompagne d’une forte dégradation de la marge. Ainsi, par rapport à une récolte au stade optimal, la marge est réduite de 105 €/ha pour une récolte à 13% d’humidité, de 192 €/ha à 15% d’humidité (avec 1 q/ha de pertes aux normes) et de 312 €/ha à 18% d’humidité (avec 2 q/ha de pertes aux normes), taux d’humidité plafond pour un tournesol récoltable à la moissonneuse-batteuse.
Hypothèses de la simulation :
Tarifs indicatifs de séchage pratiqués à la récolte 2023
Prix des graines de tournesol aux normes (H+I = 11%) = 420 €/t
Charges opérationnelles (hors frais de séchage) = 420 €/ha
Rendements aux normes sans perte de graines = 30 q/ha
Aide PAC découplée = 200€/ha
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Qualité des graines de tournesol - Récolte 2024
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Eviter les mélanges tournesols oléiques et classiques !
Il ne faut jamais mélanger tournesols oléiques et classiques : les deux productions risquent d'être pénalisées, et la récolte peut être refusée au silo !
Regrouper les interventions sur les parcelles oléiques - ou ne faire que du tournesol oléique - et nettoyer soigneusement tous les matériels, y compris le matériel d’entreprise. Il existe en effet des risques de mélange dans les trémies de la moissonneuse-batteuse, dans les bennes de transport ainsi que dans toute la chaîne de manutention avant la commercialisation, des trémies de réception jusqu'aux cellules.
Détermination de la teneur en acide oléique :
Seule la méthode chromatographique est aujourd’hui normalisée et permet d’apprécier, à 1 ou 2 % près, la teneur en acide oléique de l’huile contenue dans une graine de tournesol oléique.
Des méthodes indirectes existent : la réfractométrie ou l’analyse par infra- rouge. La précision de la première ne permet que de distinguer le type oléique du type non oléique. Bien mise en œuvre (température constante, séchage des graines), elle peut constituer un contrôle pour éviter de mauvais classements de lots. La seconde nécessite un équipement coûteux, le broyage des graines et surtout un étalonnage rigoureux. Elle est mise en oeuvreœuvre par les sélectionneurs.
La mise en place d’une traçabilité des parcelles oléiques, de la semence à la récolte et au stockage (pour éviter les mélanges de graines), alliée à quelques pratiques agronomiques sont des moyens complémentaires pour assurer la teneur oléique contractuelle de la récolte.
Qualité de la récolte de tournesol
Acidité de l’huile
L'huile est formée de triglycérides : lorsque les conditions de récolte et de conservation sont mauvaises, on assiste à une déstructuration des triglycérides et à la libération d'acides gras "libres". Le dosage de l'acidité de l'huile permet de quantifier ces acides gras libres.
Attention : Ce critère d’acidité de l’huile n'a rien à voir avec la composition en acides gras de l'huile (teneur en acide oléique par exemple).
Lorsque l’acidité de l’huile dépasse 2 %, des réfactions peuvent intervenir dans les échanges commerciaux entre organismes stockeurs et industries de l’huilerie. La récolte peut même être refusée si l’acidité dépasse 5 % (sauf accord de gré à gré).
Cette acidification de l’huile peut être due :
- à une récolte tardive,
- à une humidité des graines trop élevée (séchage tardif, mauvaise conservation),
- à des graines altérées par le botrytis,
- à des impuretés riches en eau dans les lots,
- à des graines cassées à la récolte,
- à une mauvaise conservation des graines à la ferme.
Le pourcentage de graines propres et sèches (% GPS) a l’avantage de combiner à la fois le taux d’impuretés et la teneur en eau des graines récoltées. On observe sur la figure ci-dessous que plus le GPS est faible (résultant de forts taux d’impuretés et de fortes teneurs en eau) et plus forte est l’acidité de l’huile des graines.
Ce critère n'a donc rien à voir avec la composition en acide gras de l'huile (teneur en acide oléique par exemple).
Relation entre le % de graines propres et sèches et l’acidité de l’huile
Analyses sur récolte
Les normes de commercialisation sont 9 % d’humidité, 2 % d’impuretés et 44 % d’huile.
A réception, l’organisme stockeur mesure l’humidité avec un humidimètre agréé (1) ou par étuvage de 15 heures à 103°C (sur 10 g de graines entières).
Le taux d’impuretés est déterminé par tamisage et passage sur colonne densimétrique. Si nécessaire, un triage à la pince permet le retrait d'impuretés plus lourdes.
Le taux d’huile est estimé en laboratoire par extraction à l’hexane et, plus fréquemment, par résonance magnétique nucléaire (2).
(1) Si l’humidité des graines des variétés oléiques est mesurée à l’aide d’un humidimètre, il peut être nécessaire, pour certains modèles d’appareils, d’utiliser un étalonnage spécifique. Consulter le constructeur pour plus de précisions.
(2) Un étalonnage spécifique est nécessaire dans le cas des variétés oléiques.