Identifier et lutter contre les maladies du lin de printemps
Septoriose
La septoriose (causée par Septoria linicola) se manifeste le plus souvent à partir de la floraison.
Ceux-ci résultent d’une contamination par les spores de la forme sexuée du champignon Mycosphaeralla linicola libérées à partir des résidus de récolte infectés. Des taches brunes plutôt allongées et aux contours diffus apparaissent sur les feuilles de la base puis progressent sur les étages foliaires supérieurs en s’accompagnant d’une défoliation marquée en bas de tige. Les symptômes gagnent aussi les tiges sur lesquelles des bandes alternées vertes et brunes leur donnent un aspect zébré.
Kabatiellose
Longtemps confondue avec la septoriose, la kabatiellose (causée par Kabatiella lini) est depuis des années peu observée. La maladie se manifeste sous forme d’un étranglement du collet qui finit par une cassure du pied. A partir de la floraison, les symptômes se manifestent sur feuilles par l’apparition de taches brunes à rougeâtres et sur tiges par des traînées longitudinales brunes à rougeâtres qui entrainent un brunissement généralisé de tous les organes, d’où le nom de brunissure donné à la maladie à ce stade.
Fusariose
La fusariose (causée par Fusarium oxysporum f.sp. lini) est une maladie vasculaire qui se manifeste par un jaunissement d’abord unilatéral et un flétrissement des feuilles, suivis par un brunissement et la mort de la plante. Les sommités des plantes flétries prennent souvent un aspect en crosse et les racines des plantes mortes sont de couleur gris cendré.
Choisir une variété à bon comportement car aucune lutte fongicide n’est possible. Allonger la rotation du lin pour réduire l’inoculum.
Oïdium
L’oïdium se manifeste sous forme de taches étoilées blanches qui peuvent rapidement évoluer en un feutrage blanc poudreux recouvrant tous les organes (feuilles, tiges et capsules), affectant la fécondation et l’assimilation chlorophyllienne du lin. La protection fongicide n’est recommandée qu’en cas d’apparition des symptômes avant la floraison, en conditions sèches et chaudes survenant après un épisode pluvieux.
Traiter contre l’oïdium et la septoriose
Analyse du risque : il n'y a pas à ce jour de seuil de risque pour la septoriose. Etant donné la nuisibilité potentielle de cette maladie, il est considéré que l'apparition des premiers symptômes constitue un risque. Le risque est d'autant plus important que les conditions climatiques sont humides et douces au moment de la floraison.
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Ravageurs du lin : vigilance vis-à-vis du thrips
En lin de printemps, la présence de thrips doit être surveillée de la levée à la fin de la floraison. Le risque principal se situe entre le stade 10 cm au début de la floraison.
Pour estimer le risque pendant la période de risque principal :
A un stade précoce du lin (avant 20 cm), les insectes sont difficiles à observer car bien cachés entre les feuilles. Afin de vérifier leur présence, mettre quelques têtes dans un sac et secouer. A ce stade, il n’existe pas de seuil d’intervention.
Après le stade 20 cm, réaliser dix balayages, à différents points de la parcelle, sur le sommet des plantes avec la main ouverte et humide. Si en moyenne au moins 5 thrips sont récupérés par balayage, une intervention est à prévoir.
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L’implantation du lin de printemps, l’étape clé de la bonne conduite de la culture !
Choisir sa parcelle
Enfin, le lin est une culture peu couvrante et sensible à la concurrence des adventices et disposant de peu de solutions chimiques pour le désherbage. Il est fortement conseillé de l’implanter sur une parcelle à très faible enherbement.
Dans les régions concernées, les parcelles infestées en orobanche rameuse peuvent être implantées en lin de printemps. Le lin de printemps est une espèce faux hôtes de l’orobanche rameuse : elle stimule la germination des graines d’orobanches par ses exsudats racinaires, mais celles-ci ne peuvent se fixer aux racines du lin et dépérissent rapidement, on parle de « germination suicide ».
Apporter un soin particulier à la préparation du lit de semences
L’objectif est d’obtenir une bonne structure de sol pour assurer un enracinement optimal. Le lin oléagineux de printemps est une plante assez exigeante en eau au cours de la floraison, il est important que la culture puisse exploiter au mieux la réserve hydrique du sol (ses racines peuvent explorer plus de 90 cm de profondeur).
Une levée rapide et homogène du lin sera facilitée par une structure superficielle, fine et aplanie, si possible rappuyée pour optimiser le contact sol-graine (Rester vigilant face aux phénomènes de battance qui peuvent pénaliser la levée). Il est également conseillé d’éviter au maximum les amas de débris végétaux (veiller à la bonne destruction des couverts végétaux et à la bonne répartition des résidus avant le semis du lin). Cette levée rapide permet également de limiter l’impact des altises du lin, qui consomment les cotylédons du lin.
Date de semis
Les dates de semis optimales pour le lin de printemps sont à adapter à la zone géographique.
Attention aux décalages de dates de semis trop importants par rapport aux dates optimales : les semis les plus tardifs seront potentiellement plus sensibles aux conditions de sec de l’été. Les stress hydriques et thermiques pendant la floraison peuvent directement impacter le potentiel de rendement.
En agriculture biologique, retarder le semis (fin-mars à mi-avril) pour que le sol soit suffisamment réchauffé. Une levée rapide de la culture permettra de limiter les dégâts d’altises.
Maitriser la densité, la profondeur et la vitesse de semis
En agriculture biologique, il est conseillé de semer entre 75 et 80 kg/ha pour une meilleure couverture du sol et anticiper les pertes liées au désherbage mécanique.
Calculer la densité de semis (en kg/ha) selon le PMG du lin de printemps
| PMG (g) | Nombre désiré de graines / m2 | |
| 650 | 800 | |
| 5 | 33 | 40 |
| 5.5 | 36 | 44 |
| 6 | 39 | 48 |
| 6.5 | 42 | 52 |
| 7 | 46 | 56 |
| 7.5 | 49 | 60 |
| 8 | 52 | 64 |
*Lecture du tableau : pour un PMG de 7 g, semer environ 46 kg/ha pour avoir 650 graines / m² en lin de printemps.
Semer à 1-2 cm de profondeur, au semoir à céréales. Une vitesse de semis réduite favorise la bonne répartition des graines sur la ligne de semis.
En cas de faible densité, le lin est capable de compenser en émettant des tiges supplémentaires. Cependant, le lin de printemps ramifie moins que le lin d’hiver (0 à 1 ramification en moyenne par plante). Avec 300 plantes/m², correctement réparties, le potentiel de la culture est affecté mais la parcelle peut généralement être conservée si les adventices sont maîtrisées.
Fertilisation azotée
Le lin n’est pas une culture exigeante en azote et supporte mal les surplus d’azote. L’excès d’azote augmente le risque de verse et peut altérer la qualité finale de la récolte en impactant les teneurs en oméga 3 de la graine. Il est donc fortement conseillé de réaliser une analyse de reliquats d’azote avant lin de printemps et de prendre en compte l’azote que pourra restituer le couvert intermédiaire pour calculer la dose d’azote prévisionnelle.
Il est recommandé d’apporter la dose d’azote au semis en incorporé. Si la dose à apporter est supérieure à 80 unités, fractionner en deux l'apport pour limiter le risque verse : 30 à 50 unités au semis et le complément, sous forme solide, à l'apparition des boutons floraux.
Si la parcelle reçoit régulièrement des apports de matière organique, réduire la dose d’azote à apporter d’environ 30 à 40U (selon types d’effluents et l’historique d’apports sur la parcelle).
► Se référer aux règles de calcul des doses d’azote à apporter dans vos régions.
Fertilisation en Zinc, en cas général, l’enrobage de la semence suffit
Le lin exporte beaucoup de zinc, de l’ordre de 300 g/ha d’élément pur. Le calcaire actif bloquant le zinc, éviter de réaliser un chaulage avant une culture de lin. Le lin de printemps est plus sensible aux carences en zinc que le lin d’hiver.
► Cas général : l’enrobage des semences avec du zinc est suffisant, mais en l’absence d’enrobage, procéder à l’application de sulfate ou du chélate de zinc (volume de bouillie conseillée = 400 l/ha) au stade cotylédons-premières feuilles apparentes (= 2 cm).
► Dans les situations à risque de carence (sols superficiels argilo-calcaires, sols sableux, pH supérieur à 7,5, apports de chaux et de résidus d’origine agro-industrielle) : opter pour des semences enrobées et prévoir l’application de sulfate de zinc ou du chélate de zinc (forme plus sélective en conditions gélives ou en présence de morsures d’altises) au stade cotylédons-premières feuilles apparentes (volume de bouillie conseillée = 400 l/ha).
► Ne pas faire d'applications en cas de risque de gelées nocturnes
Et le choix de ma variété ?
Consultez la synthèse variétale de lin de printemps 2023 sur le site
Zoé Le Bihan - z.lebihan@terresinovia.fr - Référente lin et lentilles zone Centre & Ouest
Terres Inovia participe à la 1ère Conférence européenne sur la diversification des cultures
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Un guide plus complet
Lin d’hiver et lin de printemps sont réunis dans un même guide. 13 chapitres permettent de tout savoir sur la conduite de la culture du lin oléagineux : atouts, variétés, implantation, fertilisation, désherbage, régulateurs, irrigation, récolte et gestion des résidus. Tout au long des chapitres, le guide distingue entre lin d’hiver et lin de printemps pour présenter toutes les spécificités de la culture. On trouve ainsi un chapitre dédié à la culture intermédiaire avant lin de printemps. Il permet aussi de faire le point sur les maladies et les ravageurs. Pour terminer, on retrouve les grands rendez-vous de la culture.
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Terres Inovia à la rencontre des agriculteurs aux Culturales
Gestion des adventices en lin : se baser sur des méthodes agronomiques
Le lin est une plante peu couvrante et sensible à la concurrence des adventices. Une parcelle propre est donc indispensable pour obtenir de bons rendements, faciliter la moisson et éviter des récoltes trop humides et sales dépassant les normes commerciales (9 % humidité, 2 % impuretés).
Anthémis élevée dans un jeune lin
Privilégier les rotations longues et diversifiées
Cela permet l’alternance de cultures d’hiver et de printemps qui crée une rupture efficace du cycle des adventices et une utilisation plus diversifiée des familles chimiques.
Réaliser un labour tous les 3 à 4 ans dans la rotation
En cas de difficultés liées aux graminées, le labour occasionnel permet de diminuer le stock semencier de certaines espèces (efficace sur bromes, vulpin, ray-grass). Dans les situations pour lesquelles les faux-semis sont impossibles ou difficilement mis en œuvre, le labour permet de lutter efficacement contre les repousses.
Déchaumages
Il est souhaitable de réaliser plusieurs déchaumages superficiels après récolte du précédent pour permettre un déstockage des graines d’adventices (faux-semis), favoriser la dégradation des résidus de récolte et réduire la présence de ravageurs. Attention à l’affinage excessif du lit de semences qui augmente les risques de battance en sols limoneux, ainsi qu’au tassement du sol auquel le lin est très sensible.
Réaliser un semis en bonnes conditions
Semer dans de bonnes conditions (bonne gestion des résidus de culture, terre réchauffée, vitesse de semis et profondeur maîtrisée) favorise une bonne levée et se traduit par une meilleure concurrence du lin vis-à-vis des adventices.
lin non infesté d’adventices
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Après avoir sélectionné l’adventice qui vous intéresse, vous accédez à des informations utiles sur sa description botanique (avec illustrations), sa biologie, son affinité vis-à-vis des milieux et des cultures, les facteurs favorables à son extension, et sa nuisibilité dans les grandes cultures, y compris les espèces porte-graines. Les différents moyens de lutte disponibles sont aussi passés en revue : méthodes préventives et agronomiques, choix des herbicides les plus adaptés et désherbage mécanique. Des recommandations de lutte spécifiques en agriculture biologique sont également fournies. |
Désherbage mécanique et mixte du lin oléagineux
Il est possible de désherber mécaniquement les lins d’hiver et de printemps. Le désherbage mécanique montre un intérêt sur des adventices jeunes, en conditions de passages optimales (sol ressuyé pendant l’intervention et 2 à 3 jours sans pluie suivant l’intervention), tout en respectant vitesse, réglages et stades de passage pour ne pas pénaliser la culture (réaliser des tests en bord de champ pour trouver le réglage et la vitesse adaptés entre bonne efficacité sur les adventices et bonne sélectivité sur la culture).
Passages de herse étrille à gauche et houe rotative à droite.
Les outils utilisables sur le lin sont surtout la herse étrille et la houe rotative en raison de l’écartement de la culture. Une bineuse à céréales autoguidée peut être utilisée sur un lin semé à écartement de 15-17 cm.
Quand intervenir avec les outils mécaniques sur le lin ?
La herse étrille et la houe rotative sont efficaces sur adventices jeunes (fil blanc, cotylédons), il ne faut donc pas trop attendre pour commencer à désherber mécaniquement le lin.
A quelques nuances près, la plage d’intervention des outils mécaniques en plein sur lin oléagineux se situe entre 2-5 cm du lin jusqu’à 10-12 cm (vérifier le bon enracinement du lin et la bonne vigueur de la culture avant d’intervenir). Sur lin, il est recommandé de ne pas trop augmenter la vitesse de passage et l’agressivité des outils.
La herse étrille peut se passer à 5-8 km/h, la houe rotative peut aller jusqu’à 13-15 km/h. Cette dernière peut légèrement recouvrir le lin de terre mais celui-ci reprend ensuite facilement le dessus dans les jours qui suivent le passage : finalement, le résultat visuel immédiatement après passage est plus impressionnant qu’inquiétant. Pour compenser des éventuelles pertes, il est possible de semer un peu plus dense (soit 5 à 10% de plus que la densité préconisée).
En cas de sols non limoneux, privilégier l’utilisation de la herse étrille, à tendance plus efficace que la houe rotative et moins exigeante en termes de stades des adventices. En revanche, en sol battant la herse étrille ne parviendra pas à rentrer dans le sol et la houe rotative est alors incontournable pour le désherbage mécanique en plein.
Par ailleurs, les passages de herse étrille ou de houe rotative en aveugle sont toujours intéressants pour faire gagner à la culture un temps d’avance sur les adventices. En effet, arrachées au stade fil blanc ou cotylédons pendant la levée de la culture, elles seront ensuite « en retard » par rapport au développement de la culture.
Enfin, plusieurs passages au cours du cycle sont nécessaires pour une meilleure efficacité.
Si le binage est envisagé avec une bineuse à céréales autoguidée, il faut privilégier les écartements de 15 ou 17 cm.
Le binage sera efficace sur des adventices plus développées (jusqu’à 3 feuilles).
Les stades du lin oléagineux pour lesquels un ou des binage(s) précis peuvent être réalisés sont à partir de 6-8 cm jusqu’à 25 cm. Il faut adapter la vitesse en fonction du stade du lin. Sur des stades précoces, il est indispensable d’utiliser des protections pour éviter le recouvrement des plantules par la terre et adapter la vitesse d’avancement. Il est possible de passer plus tôt (dès le stade 4 cm) à condition de passer très lentement pour ne pas ensevelir le lin.
De manière générale, si le désherbage mécanique est prévu sur le lin il est conseillé d’adapter sa densité de semis pour compenser des éventuelles pertes (+ 5 à 10 % de la densité préconisées).
Les bons réglages sont indispensables !
Les réglages d’outils sont essentiels pour préserver le lin et détruire un maximum de mauvaises herbes. Il est conseillé de tester préalablement les outils sur une distance courte mais suffisante pour que la vitesse de travail soit atteinte. Attention, ces réglages doivent être renouvelés à chaque stade de développement de la culture et des adventices, et à chaque nouvelle parcelle (surtout si les types de sol diffèrent).
Herse étrille : inclinaison des dents, profondeur de travail et vitesse d’avancement forment la combinaison gagnante, parfois délicate à obtenir. En modifiant l’un de ces paramètres, s'assurer de ne pas perturber les autres réglages. Il vaut mieux parfois diminuer l’agressivité et conserver ou augmenter la vitesse d’avancement.
Houe rotative : très simples sur ce type d’outil, les réglages consistent en une mise à niveau de l’appareil (attelage 3ème point) et un ajustement de la vitesse d’avancement en fonction du stade de la culture. Sur certains modèles, des roues de terrage et ressorts de pression supplémentaires permettent de régler la profondeur et la pression des roues au sol. Il est parfois nécessaire de placer des masses à l’avant du tracteur pour éviter un déséquilibre de charges.
Désherbage mixte
Intégrée à une stratégie de lutte plus globale, la lutte mixte, combinant à la fois désherbage chimique et désherbage mécanique est un bon moyen pour maîtriser les adventices. Apportant fiabilité et souplesse de réalisation pour la première et diminution significative de l’IFT pour la seconde, ces deux techniques sont complémentaires.
Il y a d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes. Pour cela, il faut se renseigner sur les leviers agronomiques disponibles pour le lin
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La lutte contre les vivaces
Les adventices vivaces sont concurrentielles des cultures car leurs capacités de compétition mais aussi de propagation sont très prononcées.
Ces espèces sont capables de se reproduire à la fois par les graines mais également par multiplication végétative, au moyen d’organes végétatifs (rhizomes, stolons, drageons ou racines tubérisées) capables de régénérer de nouvelles racines ou de nouvelles tiges.
Dans le colza, le chardon des champs, et dans une moindre mesure les espèces de rumex, peuvent être préoccupants.
En soja et tournesol, les espèces prédominantes sont le chardon, le liseron des haies, les chiendents (pied-de-poule et rampant) et le sorgho d’Alep.
Le pois peut être impacté par le chardon des champs, les rumex et le liseron des champs.
Pour les vivaces, la gestion à l’échelle de la rotation est primordiale, on cherchera une très bonne efficacité dans les cultures où des solutions existent, sans négliger les possibilités d’intervention en interculture. La lutte est à raisonner sur le long terme.
Mesures préventives : éviter la dissémination
Rotation
Pratiquer une rotation diversifiée pour disposer d’une plus grande gamme d’herbicides avec insertion de cultures compétitrices et leurs herbicides adaptés. La lutte en végétation sur céréales est la plus aisée (sulfonylurée, hormones). Mais c’est également possible sur pois (Tropotone – traitement par taches) et sur tournesol (Express Sx sur variété tolérante). Le contrôle par herbicide est assez léger sur soja (Pulsar 40) et beaucoup plus délicat sur féverole (léger frein avec Corum) et impossible sur pois-chiche et lentille. Enfin, l’interculture estivale permet de pratiquer des déchaumages répétés par temps sec ; ce travail du sol récurent a pour objectif de dessécher les plantes et leurs organes végétatifs, et à terme, de les épuiser.
En interculture
Eviter ou proscrire :
- les interventions en conditions humides propices aux tassements de sol ;
- les travaux exclusivement superficiels et le recours aux outils à disques ou à prise de force ;
- les interventions répétées de déchaumages en été.
En culture
- être vigilant sur la qualité du lot de semences utilisé
- surveiller les bords de champs (et les parcelles aux alentours) et faucher les nouvelles infestations si besoin
- lors de la récolte, bien nettoyer le batteur si des graines d’adventices ont été moissonnées
- éviter les montées à graines par fauches, broyages, arrachages, avant que les foyers d’infestations ne gagnent trop de terrain.
Mesures curatives : lutter tout au long de la rotation en épuisant les réserves souterraines
La lutte contre les vivaces doit s’envisager aussi bien dans les intercultures que dans les cultures de la rotation. La lutte consiste surtout à épuiser les organes souterrains : racines, drageons et autres rhizomes colonisateurs. Mais il ne faut pas négliger l’extension de certaines vivaces par voie de dissémination des graines.
1. Chardon - 2. Liseron
En interculture
Pour sectionner les racines, privilégier les décompactages et/ou déchaumages en profondeur (matériels munis de socs à ailettes) : 2 à 3 passages à intervalle de 10 jours en août puis en septembre. En conditions séchantes, le retournement par le labour remonte les organes souterrains en surface et provoque leur dessèchement. Ces destructions répétées vont épuiser peu à peu les réserves racinaires des adventices vivaces.
Associée à des travaux du sol adéquats en interculture, l’introduction d’une luzerne est également efficace dans la lutte contre certaines vivaces (chardons notamment) grâce à la concurrence exercée pour la lumière, l’eau ou les éléments nutritifs, et grâce aux fauches répétées possibles.
En culture
Des cultures étouffantes (biomasse élevée, précocité de développement, forte densité, enracinement profond) peuvent être mises en place pour concurrencer les adventices vivaces et limiter leur expansion.
Chardon des champs
1. Chardon dans le tournesol - 2. Multiplication végétative du chardon (drageons)
Le chardon s’est développé à la faveur des systèmes en réduction de travail du sol et/ou avec répétition de façons superficielles. Il peut être présent dans tous les types de sol et toutes les cultures. Sa propagation se fait par les rhizomes.
La nuisibilité du chardon et la difficulté de destruction de ses rhizomes doivent inciter à saisir toutes les opportunités de lutte au cours de la rotation : interventions de travail du sol régulières en été à partir de 4-6 feuilles du chardon, labour profond (même de printemps), implantation de cultures (voire de couverts) étouffantes, binage, éviter la montée à graine des chardons (écimage à floraison, broyage des jachères et des bords de champ), …
Par exemple, l’introduction d’une culture de printemps avec décalage de la date de semis permet de réaliser des interventions de travail du sol au moment où le chardon a peu de réserves racinaires et est prêt à repartir.
Pour les déchaumages répétés d’été, il est conseillé d’utiliser des outils (type cultivateur ou décompacteur à ailettes ou charrue déchaumeuse) avec un recoupement important des dents (chevauchement du sillon des socs). Ne pas hésiter à intervenir en profondeur et plusieurs fois en augmentant la profondeur lors des passages successifs) pour épuiser petit à petit les réserves du chardon et l’empêcher d’en constituer de nouvelles. Il faut impérativement travailler par temps sec et sur sol sec.
Gestion herbicide
- dans les céréales d’hiver avec des hormones et des sulfonylurées appliquées au printemps sur chardons développés (boutons floraux).
- dans les intercultures, sur chaumes de céréales, en intervenant avec des herbicides totaux de type glyphosate, appliqués par temps poussant sur chardons développés.
- avant le semis du tournesol si les chardons ou les liserons ont déjà levé. Dans ce cas intervenir avec un herbicide total de type glyphosate. Cette technique permet de limiter ponctuellement la concurrence avec le tournesol mais demeure insuffisante.
Sur tournesol :
En post-levée sur variétés tolérantes : Express SX 45 g/ha + Trend 90 0,1 % présente une meilleure efficacité sur jeunes chardons.
Sur soja :
L'imazamox représente, en postlevée, un léger frein à cette adventice.
Sur pois protéagineux :
L’application en post-levée de TROPOTONE (2,4 MCPB) permet de freiner (3 l/ha) voire de détruire (4 l/ha) les ronds de chardons avant le stade apparition des boutons floraux (stade du chardon le plus sensible). En raison d’une sélectivité moyenne du produit, l’application restera localisée aux ronds de chardons.
Sur lin oléagineux :
Utiliser un produit à base de clopyralid (par exemple LONTREL SG à 0.174 kg/ha + huile)
Liserons (des champs et des haies)
Liseron dans tournesol
Les outils à disques animés avec appareils rotatifs peuvent augmenter la multiplication des rhizomes. Le non labour favorise leur prolifération.
Le labour perturbe la structure racinaire mais il ne suffit pas à lui seul pour éradiquer cette espèce de la parcelle.
Alterner cultures d’hiver et cultures d’été dans la rotation.
Fiches liseron des champs et liseron des haies.
Gestion herbicide
Sur tournesol :
Il est nécessaire d'attendre jusqu'à la floraison des liserons avant l'intervention chimique. A ce stade, les réserves racinaires sont amoindries.
- En interculture : désherber avec un glyphosate associé ou non à un 2-4D. Adapter les doses à la situation.
- En prélevée : utiliser Challenge ou Racer ME.
- En post-levée : sur variétés tolérantes, Pulsar 40 1,25 l/ha ou Passat Plus 2 l/ha ou Express SX 45 g/ha + Trend 90 0,1 % sont efficaces sur liseron des haies mais inefficaces sur liseron des champs.
Sur pois protéagineux :
L’application de bentazone (1,4 kg/ha de produit commercial) provoque des brûlures qui freinent seulement le développement du liseron des champs. En forte pression celui-ci occasionne d’importantes gênes à la récolte, l’application d’un dessicant (spécialité à base de diquat tel que REGLONE) quelques jours avant la récolte grille les parties vertes, mais ne limite pas la repousse au printemps suivant.
Rumex
Rumex en interculture
La production des graines de rumex est élevée et sa racine tubérisée lui permet de repartir même après un sectionnement ou un arrachage.
La lutte contre le rumex est difficile ; des fauches répétées permettent de le gérer si elles sont fréquentes et sur plusieurs années. Un labour ou des faux-semis sont également envisageables. La stratégie d’extraction : arrachage ou déchaumage avec des outils de type chisel ou vibroculteur puis ramassage ou « tractage » des racines tubérisées à l’extérieur de la parcelle (ou bien les laisser sécher en surface si le temps est sec) est la technique recommandée.
Attention à ne pas fragmenter la racine du rumex (avec des outils à disques par exemple), ce qui favoriserait sa multiplication.
Gestion herbicide
Sur tournesol :
Seule la stratégie de postlevée sur variété tolérante au tribénuron-méthyl présente un bon contrôle.
Sur pois protéagineux :
Contre les rumex à l’état de plantules issues de graines, les meilleures efficacités ont été obtenues avec CORUM 1,25 l/ha + adjuvant ou TROPOTONE 3 l/ha (solution moins sélective).
Sur soja :
Préférer une solution avec imazamox.
Lin de printemps : régulateur de printemps
La régulation n’est pas systématique. En cas de risque de verse avéré (sensibilité de la variété, forte densité, forte minéralisation), appliquer un régulateur au stade 20 cm. Le lin de printemps est moins sujet à la verse que le lin d’hiver, car la plante est plus courte. De la même façon qu’en lin d’hiver, moduler la dose selon le risque de verse. Une dose trop élevée par rapport au risque de verse entraîne une réduction du potentiel de rendement.
Selon les conditions climatiques lors de l'application du régulateur, la dose de celui-ci peut être modulée. En très bonnes conditions d'application (12<T°<25 et hygrométrie > 60%), une dose faible pourra être efficace.
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