Fertilisation du colza : la carence en bore
Besoins de la culture pour un rendement de 35 q/ha
| Besoins totaux (g bore/ha) | Exportations (g bore/ha) | Restitutions (g bore/ha) |
| 370 | 70 | 300 |
L'association de plusieurs symptômes est nécessaire pour conclure à une carence en bore
- épaississement du pivot et du collet, et éventuellement moelle nécrosée dans la partie supérieure,
- régression et disparition des bourgeons terminaux ; départ très bas des ramifications ; port buissonnant,
- fentes longitudinales sur la tige en croissance active (stade D2) en "coups de rasoirs",
- pincement de la tige sous les boutons floraux de la hampe principale et des ramifications,
- siliques peu nombreuses, plus ou moins vides, souvent en crochet
1. Pivot épaissi et creux 2. Bloquage de la croissance des siliques
Risque de confusion
- Dégâts de gel entraînant la pourriture du bourgeon terminal
- Dégât de charançon du bourgeon terminal
- Eclatement de l'épiderme des tiges, lié à une croissance trop rapide au printemps
- Attaque de charançon de la tige entraînant une nécrose de la tige
- Carence en soufre et siliques vides
Des risques de carence surtout en sols sableux
La carence en bore reste rare. Cependant, il est important d'évaluer la disponibilité en bore à l’aide d’analyses de sols régulières dans quelques situations à risque : sol sableux, sol riche en calcaire actif (y compris chaulage l’année de la culture) et situation de sécheresse.
Normes de teneur des sols
Pour mesurer la teneur en bore, certains laboratoires appliquent la norme NF X31-122. Les valeurs qu'ils obtiennent par une extraction au CaCl2 chaud sont généralement plus faibles que celles mesurées avec la méthode d’extraction à l’eau chaude que Terres Inovia utilise pour établir ses références.
Ainsi, pour Terres Inovia, un sol qui contient 0,3 à 0,8 ppm de bore est en général bien pourvu hormis dans les situations argilo-calcaires où une valeur supérieure à 1,2 ppm serait souhaitable.
L'interprétation des analyses de sol faite par les laboratoires tient compte, par ailleurs, des interactions pH, pourcentage de sable, profondeur et conditions séchantes.
Normes de teneur des feuilles
Les teneurs optimales dans les limbes "adultes" de colza se situent entre 20 et 25 ppm au stade D1 de la culture.
Méthodes de correction
L’apport foliaire est à privilégier au printemps à la reprise de végétation. Il existe diverses formulations de bore présentant de bonnes efficacités.
Les applications au sol sont possibles dans les situations les plus à risques : sols sableux et automne froid et humide. Dans ce cas l’application d’automne devra être complétée par une seconde application au printemps.
Le bore convenant plutôt aux sols calcaires et le molybdène plutôt aux sols acides, il n'est pas pertinent d'avoir recours à un produit multi actions contenant à la fois du bore et du molybdène, dont le coût à l'hectare est plus élevé.
Fertilisation phosphatée et potassique
Le colza est très exigeant en phospore
Plante carencée en phosphore
Le colza a besoin d’absorber 90 kg de P2O5 pour un objectif de rendement de 35 q/ha.
Etablir la fumure de fond à partir des analyses de sol et du passé de fertilisation, selon les principes de la méthode COMIFER.
Apporter annuellement du phosphore à chaque culture de la rotation en fonction de ses besoins (se référer au site du COMIFER).
Si cela n’est pas possible, concentrer l'apport de phosphore sur les cultures très exigeantes comme le colza. Ne pas faire d'impasse en sol pauvre ou moyennement pourvu et en sol argilo-calcaire où le phosphore peut être bloqué ou moins disponible.
Dans les parcelles à faible biodisponibilité du phosphore, préférer les apports en fin d’été avant l’implantation de la culture pour limiter le risque de carence précoce à l’automne. Le stade de sensibilité maximale du colza à la carence en phosphore se situe pendant la phase juvénile, au stade 5-6 feuilles.
Cinq essais, conduits en 2009 et 2010 par Terres Inovia, ont montré l’intérêt d’un apport d’engrais de redressement sur le rendement du colza, lorsque le phosphore est le premier facteur limitant. Le gain de productivité est variable selon la gravité de la carence, allant de 3,5 à 15,7 q/ha dans les situations étudiées.
Effet d'un apport de P2O5 sur le rendement du colza
Essais Terres Inovia réalisés dans le cadre d'un projet CASDAR financé par le Ministère de l'Agriculture.
Fertilisation phosphatée localisée sur colza d’hiver
Par rapport à une application en plein incorporé, la localisation d’un engrais phosphaté à côté de la ligne ne présente un intérêt que dans les situations de semis à grands écartements (entre rangs supérieurs à 40 cm). L’apport localisé à côté de la ligne ne permet pas de déplafonner le rendement. Il permet d’atteindre le rendement maximal avec une dose plus faible (graphique).
En situations de sol à faible teneur en phosphore (teneur en P2O5 Olsen inférieure à 50 ppm), la dose indiquée dans la table Terres Inovia pour les apports en plein peut être réduite de 30 kg P2O5/ha.
- Dans les situations de sol où le conseil d’apport en plein est compris entre 50 et 70 kg de P2O5/ha en cas d’apports réguliers, il est aussi possible de réduire la dose de 30 kg/ha en la localisant sans toutefois descendre sous la barre des 30 unités apportées.
- Dans les sols à teneur élevée en phosphore, il n’est la plupart du temps pas nécessaire d’apporter du phosphore.
En situations à faible écartement entre rangs (moins de 40 cm), il n’y a pas d’intérêt (ni d’inconvénient) particulier à localiser le P2O5 à côté de la ligne de semis. En cas de localisation, la dose à appliquer est la même que la dose en plein incorporé.
Type de courbe de réponse observée dans les essais à grand écartement et à faible teneur en phosphore (3 essais dans le Sud-Ouest 2013-2014-2015)
Le colza est moyennement exigeant en potasse
Les absorptions peuvent être conséquentes : 10 à 15 kg/ha/jour en cours de montaison au printemps pour une mobilisation totale pouvant dépasser 300 kg/ha, voire 350 kg/ha pour des niveaux de rendement élevés (≥ 45 q/ha).
Néanmoins, 90 % de la potasse est restituée à la récolte.
Conseils de fumure de fond
| P205 | K20 | |||||
| Sol à faible teneur | Sol à teneur moyenne | Sol à teneur élevé | Sol à faible teneur* | Sol à teneur moyenne | Sol à teneur élevé | |
| Objectif de rendement : 30 q/ha | ||||||
|
Si apport au cours des 2 dernières années |
90 | 50 | 0 | 50 | 30 | 0 |
|
Si apport plus ancien |
120 | 70 | 30 | 60 | 40 | 20 |
|
Objectif de rendement : 35 q/ha |
||||||
| Si apport au cours des 2 dernières années | 100 | 60 | 0 | 50 | 30 | 0 |
| Si apport plus ancien | 150 | 80 | 30 | 60 | 40 | 20 |
| Objectif de rendement : 40 q/ha | ||||||
| Si apport au cours des 2 dernières années | 110 | 70 | 0 | 50 | 40 | 0 |
| Si apport plus ancien | 160 | 100 | 40 | 70 | 50 | 20 |
Données calculées selon la méthode COMIFER
* en cas d'exportation des pailles de céréales avant la culture, ajouter à ces chiffres 30 à 40 u de K2O, uniquement en sols pauvres.
Trop d'impasses sur la fertilisation soufrée
Importance de chaque étape du cycle
| Amendement organique | La teneur en soufre varie selon le type de matière organique, l'effet est faible l'année de l'apport et dépend de la minéralisation |
| Dépositions atmosphériques | La teneur en soufre de l'air et celle des dépôts dans le sol subit une baisse importante depuis plus de 20 ans |
| Absorption | Un mauvais enracinement ou de mauvaises conditions climatiques peuvent causer des difficultés d'absorption |
| SO2 - SO4 | La forme sulfate est la seule assimilable par le colza et la quantité présente dans le sol est faible et aléatoire |
| Minéralisation | La minéralisation est aléatoire et fortement dépendante des conditions climatiques et du type de sol (teneur en matière organique, structure...) |
| Soufre organique | Cette forme est majoritaire dans le sol mais non directement assimilable par le colza |
Les facteurs de risques de carence en soufre sont nombreux
- absence d'apport de soufre dans la rotation avec l'utilisation systématique d'engrais ne comportant que de l'azote.
- apport de soufre trop précoce, réorganisation de l'apport en soufre organique (non assimilable).
- sols froids du fait d'un hiver marqué qui se prolonge tardivement et/ou d'un début de printemps frais, entraînant un retard de la minéralisation.
- lessivage des formes SO4, aggravé lorsque la pluviométrie cumulée des mois de novembre à février est supérieure à 350 mm.
Colza : des besoins en azote élevés
Le colza a un besoin unitaire azoté élevé, soit 7 kg d'azote absorbé par quintal de grain produit. Au-delà de 330 unités absorbées, l'azote n'est plus limitant pour le rendement.
La fertilisation azotée vise à compléter les fournitures du sol au printemps afin de satisfaire les besoins de la plante. Sur les gros colzas qui ont déjà absorbé beaucoup d’azote à l’automne, la fertilisation azotée au printemps sera faible. A l’inverse, sur des petits colzas, il faudra davantage d’engrais azoté.
Cependant, un autre poste influence beaucoup la dose : l'objectif de rendement. Un petit colza avec un faible objectif de rendement peut nécessiter une dose équivalente à un gros colza avec un objectif de rendement très élevé.
L’outil Terres Inovia pour le calcul de la fertilisation azotée : la Réglette Azote colza®
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Autres cultures : FERTIWeb®
FERTIWeb® a été mis au point par ARVALIS-Institut du végétal en collaboration avec Terres Inovia. |
Les stades repères de la féverole
Les stades repères du pois
Correspondances entre les stades repères du pois et les codes BBCH
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Stade repère |
Code BBCH |
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Non levée |
00 |
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Levée |
10 |
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1 feuille |
11 |
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2 feuilles |
12 |
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3 feuilles |
13 |
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4 feuilles |
14 |
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5 feuilles |
15 |
|
6 feuilles |
16 |
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7 feuilles |
17 |
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8 feuilles |
18 |
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9 feuilles |
19 |
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10 feuilles |
19 |
|
11 feuilles |
19 |
|
12 feuilles |
19 |
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Début Floraison |
61 |
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Fin Floraison |
69 |
|
Stade Limite Avortement |
71 |
|
Fin Stade Limite Avortement |
79 |
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Maturité Physiologique |
85 |
Précautions en cas de présence de maladies dans le colza
Précautions en cas de présence de hernie
La hernie se développe dans les sols limoneux à pH faible ou acide, et peu ou pas dans les sols calcaires. Si le sol est acide, réaliser un chaulage après la récolte du colza permet dans certains cas de réduire la gravité du problème en corrigeant ou améliorant le pH du sol. Le chaulage a également des effets bénéfiques sur le fonctionnement d'autres cultures de la rotation en améliorant la structure des sols.
Il est très important de limiter l'extension du problème aux autres parcelles de l'exploitation (terre contaminée) par nettoyage des outils et du tracteur, au jet d'eau ou au jet d'eau sous pression (type Karcher).
Précautions en cas de présence de phoma
Dans le cas d’utilisation d’une variété avec un gène de résistance spécifique, si la présence de macules de phoma était bien visible à l’automne sur feuilles, vérifier impérativement en fin de culture s'il y a présence de nécrose au collet.
Celle-ci est le signe qu’un gène de résistance est potentiellement contourné et que la variété utilisée ne présente pas un niveau de résistance quantitative suffisant dans ce contexte. Dans ce cas, choisir pour les prochaines campagnes un autre profil de résistance pour cette parcelle et les parcelles alentours. Gérer le phoma grâce au choix variétal.
Pour éviter un transfert d’inoculum de phoma vers les nouveaux semis, broyer et enfouir les pailles des colzas dès leur récolte. En zone vulnérable, respecter les durées minimales de maintien des repousses et les dates de destruction prévues dans le cadre de la directive Nitrates.
Précautions en cas de présence de mycosphaerella
Il est impératif d’enfouir les résidus de cultures afin de réduire la pression d'inoculum sur le secteur.
Précautions en cas de présence de cylindrosporiose
Ne pas négliger les mesures prophylactiques de broyage et d’enfouissement des résidus de récolte contaminés afin de réduire l’inoculum à l’origine des attaques nouvelles.
Précautions en cas de présence de sclérotinia
Un traitement curatif par pulvérisation sur les résidus de cultures infectés LALSTOP CONTANS® WG permet de réduire le stock de sclérotes du sol et, en conséquence, à prévenir une pression parasitaire ultérieure de sclérotinia. La durée de vie de LALSTOP CONTANS® WG étant d’environ 12 mois, il convient de renouveler le traitement chaque année pour parvenir à moyen terme à réduire le potentiel infectieux du sol.
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Colza : diagnostiquer les maladies sur siliques
Mycosphaerella
Sur siliques, la maladie s’exprime sous forme de taches grises ponctuées de points noirs en cercles.
Alternaria
Phoma
Pseudocercosporella
Petit guide pratique colza
Les maladies du colza
Conçus pour être glissés dans la poche, les petits guides pratiques proposent des fiches pour reconnaître insectes et maladies des cultures et leurs dégâts.
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Adapter l'itinéraire technique du colza pour optimiser l'usage des fongicides
Cette formation s’adresse aux techniciens et agriculteurs qui souhaitent diminuer l'usage des fongicides colza, sans pour autant pénaliser les performances de la culture.
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Diagnostic pathologique sur matériel végétal
Réalisation d’un diagnostic par observations macroscopique et microscopique, complété si nécessaire d’une recherche par analyse moléculaire et/ou par un isolement du micro-organisme pathogène sur milieu de culture.
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Diagnostiquer les maladies présentes au moment de la floraison du colza
Sclérotinia
Sur les feuilles, une pourriture se développe à partir d’un pétale collé sur le limbe.
Sur la tige, des taches blanchâtres et encerclantes se développent à l’aisselle des feuilles ; des sclérotes apparaissent par la suite dans et sur les tiges.
Mycosphaerella
En conditions favorables, il est nécessaire de bien surveiller les parcelles dès la floraison pour éviter, en cas de présence de la maladie, la montée sur siliques. Dans les cas les plus extrêmes, les pertes de rendement peuvent atteindre 15 %.
Levier fongicide : Il n'existe aucune solution homologuée à ce jour sur ce pathogène. Toutefois, les traitements (famille triazoles) ciblés sur oïdium permettent d'en limiter l'impact.
Attention aux semences de ferme (le champignon peut aussi se conserver sur les semences). En présence de maladie, la rotation ne doit pas comprendre d’autres crucifères sensibles à la maladie et il est préférable que le colza ne revienne que tous les 3-4 ans.
Oïdium : est-il nécessaire de réaliser un traitement fongicide ?
Plus les attaques sont tardives, moins la nuisibilité est importante, la lutte contre l’oïdium n’est donc pas systématique (sauf dans le sud méditerranéen).
- Traiter au stade G1 (chute des premiers pétales) si les premiers symptômes ont été observés début floraison (F1).
- Traiter dès l'apparition des symptômes si ceux-ci apparaissent après le stade G1. Le prothioconazole (JOAO, PROSARO) est la substance active la plus efficace.
- Utiliser un traitement adapté au sclérotinia si nécessaire.
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