Lupin d’hiver : les 7 points-clés de réussite de l’implantation du protéagineux
Terres Inovia a listé les sept facteurs à ne pas négliger pour réussir l’installation de la culture et lui donner toutes ses chances.
Bien que rustique, le lupin d’hiver nécessite une certaine vigilance au moment de l’implantation, étape clé de la réussite de la culture. Celle-ci se prépare dès la récolte du précédent. Tour d’horizon des éléments incontournables pour donner toutes ses chances à la culture.
1) Bien choisir la parcelle
Le lupin d’hiver est une plante rustique, qui nécessite peu d’interventions en cours de campagne si tant est que son implantation soit réussie. Le premier facteur de succès de la culture réside donc dans le choix de la parcelle. En effet, le lupin est une culture exigeante en termes de sol.
Ainsi, doivent être évitées :
- les parcelles hydromorphes. Le lupin est très sensible aux excès d’eau, beaucoup plus que le pois ou la féverole ;
- les parcelles qui présentent un taux de calcaires actifs supérieur à 2,5%. Le calcaire actif bloque le développement du lupin, qui jaunit, reste nain et finit par disparaître ;
- les parcelles qui présentent un fort risque de salissement. Peu de solutions sont homologuées sur lupin, la gestion de l’enherbement est un point sensible de l’itinéraire technique de la culture.
2) Anticiper le risque mouche des semis
La mouche des semis est un des principaux ravageurs du lupin. Attirée par les composés organiques volatils émis par les pailles fraîches en décomposition, la femelle y pond plusieurs centaines d’œufs. Durant les trois semaines qui suivent, la larve alléchée par les graines en germination, peut s’attaquer aux jeunes plantules de lupin. Elle creuse alors des galeries dans les cotylédons, les tigelles et les jeunes pousses, détruisant le germe et provoquant le pourrissement des tissus. La période de risque pour le lupin se situe avant le stade 4 feuilles ; au-delà, les tissus sont assez durs pour résister.
Afin de prévenir le risque mouche, trois leviers doivent être actionnés :
- la gestion des pailles : sitôt la récolte terminée, il est important d’en exporter au maximum afin de limiter la présence de résidus végétaux frais sur la parcelle ;
- la préparation du sol un mois avant le semis afin d’enfouir au maximum les pailles restantes, puis ne plus toucher au sol ;
- semer en travaillant au minimum le sol, dans des conditions ressuyées, à 3 cm maximum de profondeur, afin de favoriser une levée dynamique et atteindre rapidement le stade 4 feuilles.
- Ces leviers permettront également une gestion des limaces, second ravageur problématique pour le lupin.
3) Raisonner le choix variétal
Quatre variétés de lupin d’hiver sont inscrites au catalogue (Orus, Magnus, Ulysse et Angus). Orus et Magnus sont principalement multipliées aujourd’hui. Le choix doit se faire en fonction du débouché envisagé (couleur des graines, teneur en protéines...) ainsi que de la localisation de la parcelle, en considérant les aspects liés à la résistance au froid et la précocité à floraison. Attention à utiliser des graines saines : la principale maladie du lupin, l’anthracnose (Colletotrichum lupini) est transmissible par la semence.
4) Penser à l’inoculum
Contrairement au pois ou à la féverole, le rhizobium spécifique du lupin (Bradyrhizobium lupini) n’est pas naturellement présent dans tous les sols français. Il est donc fortement conseillé d’inoculer une parcelle portant pour la première fois du lupin, afin d’assurer son autonomie azotée. Pour cela, un unique inoculum est accessible en France, Inoculum Lupin NPPL Tourbe, à appliquer sur les semences juste avant le semis.
5) Ne pas tarder à semer
Il est recommandé de semer le lupin sur les deux dernières décades de septembre, l’optimum se situant entre le 10 et le 20 septembre. Dans le Sud-Ouest, les semis peuvent être retardés jusqu’à la mi-octobre. Après ces dates, les jours moins longs et les températures fraîches ralentissent la levée du lupin, qui est ainsi davantage soumis aux ravageurs de début de cycle (mouches, limaces).
L’idéal est de semer dans de bonnes conditions de ressuyage afin de favoriser la mise en place d’un système racinaire solide, et une bonne nodulation.
Ne semer ni trop dense pour limiter le risque de maladie, ni trop profond : 25 à 30 graines/m², à 2-3 cm de profondeur pour un objectif de 20 à 25 plantes par m² en sortie d’hiver.
L’important est de favoriser une levée rapide et homogène, et de dépasser au plus vite le stade de sensibilité à la mouche des semis (avant le stade 4 feuilles).
6) Attention aux ravageurs de début de cycle
Si le lupin est peu soumis aux attaques de ravageurs en cours de culture, il demeure sensible en tout début de cycle, notamment à la mouche, mais également aux limaces, taupins et thrips, qui peuvent causer des dégâts importants. L’application d’un molluscicide à l’implantation peut s’avérer nécessaire.
7) Pas d’impasse sur le désherbage de prélevée
Enfin, un désherbage de prélevée est indispensable. Une unique solution antidicotylédones étant homologuée sur lupin d’hiver en post-levée, le désherbage de prélevée est obligatoire. Il est recommandé d'intervenir au plus près du semis en associant Cent 7 (isoxaben) avec du Centium CS (clomazone) ou du Bismark CS (clomazone et pendiméthaline)
Le désherbage mécanique peut également permettre une bonne gestion des adventices, et offre une solution complémentaire au désherbage chimique. Si le semis est réalisé au semoir à céréales, un passage de herse-étrille peut être envisagé 3 à 5 jours après le semis. Plus efficace, l’utilisation de la bineuse quand le semis le permet, entre les stade 4 feuilles et début floraison, permet une bonne gestion des adventices en post-levée du lupin.
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Pour aller plus loin Terres Inovia propose un guide de culture complet du lupin |
Contact : B. Remurier, b.remurier@terresinovia.fr
Et pour relire l'article dans Arvalis & Terres Inovia infos, c'est ici.
Colza associé à des légumineuses : une stratégie validée par les agriculteurs du Sud-Ouest
Cette technique complémentaire aux fondamentaux, dont fait partie l’implantation, limite le recours aux insecticides et augmente la quantité d’azote disponible pour la culture oléagineuse.
Échange entre techniciens et agriculteurs dans une parcelle de colza associé :
l’occasion de partager des retours d’expérience et d’ajuster les pratiques en collectif.
Crédit : Terres Inovia
Parce qu’elle confère au colza des bénéfices agronomiques incontestables, l’association colza-légumineuses séduit de plus en plus d’agriculteurs. Selon Terres Inovia, en 2023, un hectare de colza sur six était conduit de cette façon au niveau national. La motivation principale des producteurs est de réduire les attaques d’insectes et limiter le recours aux insecticides, ainsi qu’améliorer la quantité d’azote disponible pour le colza, limiter les risques d’asphyxie racinaire.
Dans le Sud-Ouest, des agriculteurs pionniers associent le colza à des légumineuses depuis plusieurs campagnes. Dans le cadre du projet Caso’Pure animé par Terres Inovia, ils ont été suivis par leur technicien au sein d’un groupe technique autour de cette thématique et composé de onze structures. Les résultats obtenus par ce collectif sont riches d’enseignements : l’association de légumineuses permet d’envisager la culture du colza différemment, en actionnant des leviers agronomiques efficaces (voir encadré).
Priorité à une implantation réussie
Toutefois, cette pratique, prise isolément, ne produit pas de miracle si les fondamentaux ne sont pas au rendez-vous. L’implantation reste un des clés de la réussite du colza.
Aussi, que le colza soit seul ou associé, l’interculture doit être raisonné avec soin. Il faut tenir compte de l’état structural du sol, de la gestion de la paille et du risque de salissement précoce pour adapter sa préparation. Une implantation précoce et soignée permet de sécuriser le démarrage du colza et des plantes compagnes en favorisant un développement optimal des légumineuses.
De plus, il est préconisé d’éviter les interventions trop profondes si elles ne sont pas nécessaires tout comme les passages multipliés qui vont assécher l’horizon de surface. Par conséquent, le semis en un seul passage est plus sécurisant, car il préserve la structure du sol et limite l’assèchement. Dans le cas de petites graines (trèfles, lentilles, fenugrec), il est possible d’utiliser le microgranulateur du semoir monograine pour les implanter en même temps que le colza. Sinon, il est possible de semer en 2 passages. Cette méthode est souvent utilisée en association avec la fèverole. Les interventions doivent alors être rapprochées, idéalement le même jour. Il faut rester vigilant à la profondeur de semis des petites graines. Des agriculteurs témoignent de leur pratique d’implantation du colza associé dans la vidéo suivante.
Espèces et densités à associer au colza
La densité de semis du colza reste inchangée : 30 à 60 graines/m² selon les pertes estimées, avec un objectif de 20 à 45 plantes/m². Du côté des légumineuses, l’intérêt est de combiner 2 ou 3 espèces pour cumuler les effets et sécuriser la réussite de la pratique. Les critères de choix peuvent être : le port, la précocité des espèces associées… Fenugrec et trèfle d’Alexandrie mono-coupe sont des espèces précoces qui ne nécessitent que rarement une destruction chimique, contrairement aux féveroles qui demandent d’adapter son programme de désherbage (dans le Sud-Ouest le gel n’est pas suffisant).
Quelques repères de densité de semi : lentille, vesce et fenugrec autour de 10-13 kg/ha, féverole 50-80 kg/ha. Pour les espèces pures, augmenter légèrement les doses. Dans le Sud-Ouest, attention aux vesces : sans gel marqué, elles peuvent concurrencer le colza au printemps.
Semis des légumineuses en cours :
une étape clé pour assurer une implantation réussie et homogène du mélange.
Crédit : Terres Inovia.
Adapter le désherbage est incontournable
Les programmes de désherbage classiques sont généralement phytotoxiques pour les légumineuses. Les traitements de pré-semis sont déconseillés et les applications de prélevées sont à éviter au maximum, car elles sont moins sélectives que les applications de post-levée. Cela rend cette pratique peu adaptée aux parcelles très infestées en adventices.
Pour les graminées, même stratégie que pour le colza seul, avec un rattrapage en hiver. En revanche, pour les dicotylédones, les doses et stades d’application des produits diffèrent d’un colza seul. Privilégier des applications au stade rayonnant, voire 2 à 4 feuilles du colza avec des produits types Alabama, Novall. Fractionnez en deux passages si besoin.
Les retours des agriculteurs montrent qu’il n’y a pas une seule bonne méthode, mais plusieurs sont possibles, selon les objectifs et le matériel disponible. Toutefois, une chose est sure, le colza associé, bien conduit, permet d’obtenir une culture robuste, plus résiliente face aux insectes et aux aléas climatiques et répondant aux attentes des agriculteurs.
Colza associé. Crédit : Terres Inovia.
Article paru dans Arvalis & Terres Inovia infos de juin 2025. A consulter ici.
Pour aller plus loin : Colza associé : une pratique aux nombreux avantages (Jeudi de TI, 15 mai 2025)
Contact : C. de Saintignon, c.desaintignon@terresinovia.fr
Consultez le dernier numéro d'Arvalis & Terres Inovia infos
Le numéro régionalisé de juin d'Arvalis & Terres Inovia infos est disponible et consultable en ligne (PDF téléchargeables ci-dessous).
A découvrir dans ce numéro :
OLÉOPROTÉAGINEUX
- Colza d’hiver : les variétés évaluées par Terres Inovia
- Colza associé à des légumineuses : une stratégie validée par les agriculteurs du Sud-Ouest
- Ravageurs du soja : Terres Inovia intensifie ses recherches en 2024
- Récolte du tournesol : choisir un matériel adapté et maximiser la marge
- Lupin d’hiver : les clés de réussite de l’implantation du protéagineux
Bonne lecture !
Documents à télécharger
L’implantation du colza commence dès maintenant !
Les conditions climatiques humides rencontrées l’automne dernier lors de l’implantation des céréales ont pu provoquer des problèmes de structure (lissage, tassements, etc.). Pour garantir une levée réussie et un colza robuste, le choix du travail du sol à réaliser en interculture est déterminant. En plus du risque bioagresseur (limaces, rongeurs, adventices), il est nécessaire de prendre en compte la gestion de la paille, la structure du sol et le risque d’assèchement du sol lors de la prise de décision.
Observer son sol au printemps pour repérer d’éventuelles zones de compaction
La période idéale pour réaliser un test bêche est avant la récolte du précédent lorsque le sol est encore frais (mars à mai), le diagnostic sur sol sec rendant difficile l’observation. Les conditions pluvieuses du printemps permettent, encore aujourd’hui, de le réaliser dans des conditions satisfaisantes. Son objectif est de repérer d’éventuels accidents structuraux et leur profondeur dans des zones représentatives de la parcelle. En cas de moisson compliquée telle qu’en 2021, il pourra être opportun de revérifier l’état structural après la récolte du précédent.
Pour réaliser le test bêche, la première étape est de prélever un bloc de terre puis d’observer l’état général de ce dernier et de noter la profondeur à laquelle des différences sont observées :
- S’il se tient en un seul bloc continu sans présence de terre fine c’est souvent synonyme d’un compactage sévère avec porosité réduite, à confirmer lors de la deuxième étape
- Si le bloc se désagrège en grosses mottes, c’est un signe possible de compactage déjà fragmenté par un travail du sol,
- Si le bloc ne se tient pas sur la bêche et se désagrège en petites mottes avec beaucoup de terre fine, c’est que le sol n’est pas compacté.
La deuxième étape permet de préciser le diagnostic. Elle consiste à observer la structure interne des mottes prélevées. Ces mottes peuvent être de trois types : tassées, tassées et fissurées ou poreuses.
Méthode de prélèvement en vidéo : Observer l'état structural du sol avant l'implantation du colza : le test bêche
Suite à ces observations et en fonction d’éventuels tassements observés et de leur profondeur, il existe plusieurs recommandations : la possibilité de ne pas travailler le sol, un conseil de le travailler entre 0 et 10 cm ou bien entre 0 et 20 cm.
Adapter le travail du sol est gage de réussite de l’implantation
La prise de décision (choix des outils, nombre de passages, etc.) doit ensuite tenir compte du type de sol et des autres problématiques à gérer par le travail du sol (résidus du précédent, bioagresseurs).
En fonction de ces critères, plusieurs choix peuvent être pris en suivant les arbres de décisions ci-dessous (à gauche pour les sols à comportement argileux, à droite pour les autres types de sols).
Exemple de prise de décision en situation : Implantation colza : à anticiper avant le semis !
Ne pas oublier de mobiliser les autres leviers pour obtenir un colza robuste
Bien évidemment, l’observation de son sol est une étape clé pour optimiser le travail du sol et obtenir un colza robuste, mais il ne faut pas négliger les autres critères pour atteindre cet état. Il faut être prêt à semer tôt et au plus proche d’une pluie efficace et annoncée de 7 à 10 mm en maitrisant la densité de semis et en assurant une nutrition optimale du colza en azote et phosphore (précédent avec un fort reliquat, fertilisation minérale ou organique au semis et/ou association à une légumineuse gélive).
Plus de détail : Point technique « réussir son implantation pour obtenir un colza robuste »
Implantation du soja : une étape clé pour réussir la culture
Contrairement aux dernières campagnes, la faible pluviométrie sur le mois d'avril permet la préparation des parcelles pour les semis de soja dans des conditions favorables sans risque de tassement dû à une humidité excessive des terres. Le retour de la pluie ces derniers jours va apporter de la fraicheur favorable à la germination des graines et les chaleurs de la semaine prochaine permettront une levée rapide du soja.
Travailler le sol pour favoriser la levée et la qualité d’enracinement
La préparation du sol doit permettre d’obtenir un sol bien structuré en profondeur, propice à un enracinement de qualité favorisant l’absorption des éléments du sol (minéraux et eau). Un lit de semences aéré et suffisamment affiné en surface favorisera également une levée rapide et homogène. Le bon nivellement de la parcelle facilitera, à la moisson, la récolte des gousses les plus basses. En présence de cailloux, un passage de rouleau sur le sol peut être envisagé après le semis.
Semer sur un sol réchauffé pour une levée rapide
Quelle que soit la variété choisie, il convient de la semer dans un sol suffisamment réchauffé (10°C à 5 cm) pour permettre une levée précoce et favoriser la nodulation. Le semis devra être fait dès que les conditions le permettent, pour ne pas s’exposer à des retards de maturité à la récolte.
Dans les régions du Nord-Est, les variétés des groupes 00 et 000 sont les plus adaptées, avec une période optimale de semis se situant entre le 20 avril et le 31 mai.
Semer au semoir monograine ou au semoir à céréales ?
L’utilisation d’un semoir monograine assurera une meilleure régularité à la levée et permettra ultérieurement un passage de bineuse sur la parcelle. En cas de semis réalisé avec un semoir à céréales, privilégiez les semis à faibles écartements (15 cm) pour une meilleure couverture du sol.
Quel que soit le type de semoir utilisé, la graine doit être semée à 2 cm en semis précoce sur terre froide et battante. Pour les semis plus tardifs, sur terre chaude, ou sèche et motteuse, visez un semis plus profond à 3-4 cm.
Adapter la densité de semis
La densité de semis est à moduler en fonction du groupe de précocité et de la conduite hydrique de la parcelle. En cas de risque hydrique, la perte de potentiel peut être compensée par une augmentation du peuplement. Il conviendra d’ajuster le peuplement en fonction des pertes potentielles pour atteindre un objectif de 400 000 plantes par ha pour les variétés du groupe 00 à 500 000 pour les variétés du groupe 000.
Assurer le développement des nodosités
Lors d’une première culture de soja sur la parcelle, il est indispensable de réaliser une inoculation de bactéries fixatrices d’azote qui assureront 70 à 80 % de la fourniture d’azote à la plante. En effet, les rhizobiums sont naturellement absents des sols européens et doivent être ajoutés, soit directement sur les semences, soit via des micro-granulés incorporés sur la ligne de semis. Si la dernière culture de soja date de plus de 5 ans sur la parcelle ou si le sol est calcaire, la ré-inoculation sera également indispensable. Selon l’inoculum utilisé, il faut veiller à respecter les prescriptions pour maximiser la nodulation.
Semis de soja - Crédit photo : L. Jung
Implantation du tournesol : patience et observation avant de démarrer les préparations de sol
Après la période pluvieuse que nous venons de vivre à nouveau ces derniers mois, de nombreuses situations demeurent aujourd’hui dans la plaine : des parcelles en cultures de printemps non récoltées, aux parcelles non semées en cultures d’automne ou qui vont être retournées, en passant par celles dont les couverts végétaux ne sont pas encore détruits complètement... Afin de vous aider dans vos prochaines prises de décision de vos travaux de sol, Terres Inovia fait le point sur les éléments à prendre en compte, entre les généralités et le contexte de cette année, qui ressemble fortement à celui de la campagne précédente.
Bien comprendre les enjeux et les impacts autour de l’implantation du tournesol
Lorsque l’on évoque le semis du tournesol et notamment son ou ses meilleurs créneaux pour le réaliser, il est difficile de ne pas aborder l’ensemble de la phase d’implantation et uniquement se focaliser à sa mise en terre. Le climat de ces deux dernières campagnes est à l’origine de perturbations des opérations de travaux du sol qui ont directement impacté la période et la qualité du semis. Description des éléments fondamentaux à prioriser pour maximiser les chances de saisies des créneaux idéaux de semis :
1. Favoriser la porosité dans le sol :
Si l’on parle habituellement de l’importance d’une bonne structure de sol et d’un sol poreux, c’est souvent en lien avec l’enracinement d’une culture. Le système racinaire du tournesol est un de ses atouts majeurs : il est pivotant, capable d’extraire nutriments et eau en profondeur, mais il est sensible aux accidents structuraux. Cependant, la bonne gestion de l’infiltration de l’eau du sol ainsi que sa capacité de ressuyage ont pris une importance capitale face à l’hétérogénéité du régime de la pluviométrie. Plus que jamais, tassements, compactions, lissages ou semelles ne doivent plus entraver la préparation des sols, que cela soit en profondeur comme en surface. La phase d’implantation du tournesol est un moment déterminant dans la réussite de la culture et la mise en place de son potentiel. L’objectif du travail du sol avant le semis du tournesol est d’éviter les obstacles à la levée mais également à l’enracinement.
2. La structure du sol joue un rôle primordial dans la réussite du tournesol, à deux niveaux :
- Le lit de semences de l’horizon 0-8cm doit permettre la bonne levée de la culture : la qualité du lit de semences conditionne le positionnement de la graine et les conditions physiques au voisinage de la graine. L’objectif est d’obtenir un horizon avec une majorité de terre fine rappuyée, et pas trop de résidus, pour favoriser le contact terre-graine. Selon les types de sol, l’enjeu est différent :
- dans les sols argileux, l’enjeu est d’éviter de créer trop de mottes du fait d’un travail effectué dans des conditions trop humides ;
- dans les sols sensibles à la battance, afin d’éviter les obstacles à la levée, l’enjeu est de trouver un équilibre entre terre fine et mottes, d’éviter un excès de terre fine, et de positionner les mottes en surface et la terre fine en dessous. Attention à la gestion des résidus de couverts qui doivent être suffisamment bien répartis pour éviter la gêne à la levée et contribuer à limiter les risques de battance et d’érosion.
- L’horizon 8-20cm doit favoriser le bon enracinement et donc la nutrition de la culture par un bon état structural. Le système racinaire du tournesol est pivotant, potentiellement profond, d’où l’importance de ne pas limiter sa croissance en profondeur, afin de valoriser ce potentiel pour maximiser sa capacité à prélever l’eau et les nutriments du sol.
Adapter les différentes situations au contexte humide de l’année : trouver le compromis entre le ressuyage des parcelles et les profondeurs de travail du sol
Les travaux de préparations de sol qui vont être effectués devront être réalisés dans des conditions permettant d’atteindre les objectifs cités ci-dessus. Selon le type de sol, la gestion de l’interculture et les conditions de température, la durée de ressuyage des sols permettant de rentrer dans les parcelles sans risque de tassement par le passage des outils et du tracteur pourra être plus ou moins rapide. L’observation devra se faire par la réalisation d’un diagnostic structural, a minima avec la méthode du test bêche pour avoir une vision de l’état initial de l’horizon 0-20 cm. Le profil 3D permettra d’observer la structure du sol au-delà de 20 cm. Plusieurs objectifs à ce diagnostic :
1. Déterminer la profondeur nécessaire de travail du sol, et adapter le type de d’outil
L’évaluation de l’état structural va permettre d’identifier l’absence ou la présence d’obstacles ou de contraintes à l’enracinement à l’écoulement de l’eau. Selon les éléments de ce diagnostic, le choix de l’enchainement des outils et leurs profondeurs de passages pourra être déterminée et plus ou moins anticipée selon le type de sol et la gestion des couverts végétaux (sols légers ou sol argileux).
2. Intervenir dans des conditions optimales d’humidité de sol
Des observations directes permettent d’évaluer l’état d’humidité d’un sol dans lequel on s’apprête à utiliser un outil. Plus que la technique utilisée, les conditions dans lesquelles cette dernière se réalise ont bien plus d’impact sur la structure du sol que le choix de l’outil en lui-même. Une intervention de travail du sol pratiquée dans des conditions d’humidité inadaptées sera pénalisante pour la structure du sol et la porosité, risquant de compromettre tous les éléments de gestion d’infiltration et du ressuyage. La grille de décision ci-dessous peut vous aider dans l’évaluation de cette consistance. Le travail en conditions plastique est à proscrire. Il est possible de travailler en conditions semi-plastiques si les mottes s’émiettent en majorité et si la formation de boulettes reste minime, notamment pour les travaux d’ouverture en sol argileux. Attention également à contrôler l’état structural sous les roues du tracteur après le passage de l’outil, qui peuvent malheureusement créer de nouvelles zones de tassement, notamment en sols argileux non ressuyé comme le montre la photo ci-contre.
Source : Arvalis
Eviter un assèchement des mottes en sol argileux : en cas de passage en conditions de sol à tendance semi plastique, certaines mottes un peu plus humides peuvent se former en fonction du type d’outil utilisé. Afin d’éviter ce phénomène, privilégier les outils à dents fines et légères sans rouleau. En cas de conditions climatiques séchantes après l’intervention de travail du sol (température élevée ou risque de vent d’est), l’opération d’affinement de l’horizon travaillé devra être réalisée assez rapidement pour palier au risque d’obtenir des mottes qui ne pourront plus s’émietter, et qui pourraient nécessiter un passage pluvieux afin de favoriser leur affinement.
3. Adapter la gestion de la couverture des sols
Dans de nombreuses parcelles, les couverts végétaux n’ont pas pu être détruits ni mécaniquement, ni chimiquement. En fonction du développement du couvert encore en place, Il faudra adapter le 1er passage d’ouverture des sols en y ajoutant l’objectif de destruction et de mulchage des couverts végétaux. Dans les situations avec forte présence de graminées non détruites et développées (ray-grass et vulpins), une destruction chimique pourra être nécessaire avant le travail du sol si le risque de repiquage après le semis s’avère trop important malgré les conditions pouvant être favorable à l’assèchement de surface.
Mettre en place toutes les pratiques de préparation de sol pour favoriser la réussite du semis du tournesol
Quelle que soit la situation, sol travaillé ou sol avec résidus, la finalité recherchée est la même : faire en sorte que la préparation du sol contribue à la réussite du semis. Cette réussite peut être évaluée au regard de plusieurs "indicateurs", liée la qualité des opérations réalisées durant la phase de préparation :
- ne pas avoir dégradé la qualité structurale du sol : tassement par les passages des outils en conditions trop humides
- obtenir un lit de semences favorable : au moins autant de terre fine que de mottes en surface
- éviter la présence de résidus végétaux dans le sillon et sur le rang selon la gestion des couverts végétaux
- obtenir une parfaite fermeture du sillon
- semer sur un sol propre, en particulier indemne de graminées
- semer à une profondeur homogène et conforme à l’objectif.
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Matthieu Loos - m.loos@terres.inovia.fr - Chargé de développement Centre & Ouest
Réussir l’implantation du tournesol débute par un travail du sol raisonné
Le tournesol est une plante à pivot et à cycle court, ce qui rend cette culture très exigeante vis-à-vis de la qualité d’implantation, notamment pour assurer l’installation du peuplement et mieux supporter les périodes de stress hydrique par un bon enracinement. Tout défaut d’enracinement entraine une perte de rendement (jusqu’à 10 q/ha) et de qualité (% d’huile).
Le travail du sol se raisonne en fonction :
- De l’état structural,
- De la présence de résidus végétaux en surface,
- De la qualité du lit de semence
ATTENTION : avant de réaliser un travail du sol, vérifier son état d’humidité en profondeur pour éviter tout tassement et lissage liés au passage des outils. Cette observation se fait à l’aide d’une bêche. La présence de mottes encore humides entre 15 et 20 cm de profondeur vous incitera à décaler l’intervention de quelques jours pour permettre le ressuyage et limiter la création d’une zone non favorable à la croissance de la racine. Cette année, cette observation est d’autant plus importante, compte tenu des précipitations hivernales.
Assurer un bon état structural
L’objectif du travail du sol est de corriger les défauts de structure pour ameublir le sol et permettre un bon enracinement. L’idéal est de viser 15 cm de structure poreuse (cf. illustration ci-dessous).
Un bon enracinement aidera la plante à s’adapter aux périodes de stress hydrique, notamment durant la floraison.
Dans les sols fragiles (<15% d’argile ou à faible teneur en matière organique) ou tassés (récolte du précédent en conditions humides), une restructuration du sol en profondeur est nécessaire (15 à 20 cm). Dans ces situations, un labour ou un passage de décompacteur / fissurateur est réalisé (en automne – hiver en sol argileux et en sortie hiver en sol limoneux). Le labour aura également pour effet d’enfouir les graines, ce qui est un plus dans la lutte contre les adventices (graminées notamment).
Dans les autres types de sol, un travail plus superficiel (5 à 15 cm) avec des outils à dents peut suffire mais peut tout de même limiter la qualité d'enracinement. Les techniques d’implantation plus superficielles (< 5 cm) sont trop aléatoires pour être conseillées.
L’adaptation du tournesol aux différents modes d’implantation est récapitulée dans le tableau ci-dessous.
Gérer la destruction du couvert d’interculture
L’objectif est de gérer les résidus du couvert végétal et du précédent pour :
- Limiter les risques d’encombrement au moment du semis,
- Favoriser le contact sol/graine,
- Limiter les risques de limaces.
Le couvert végétal doit être détruit au minimum 2 mois avant l’implantation du tournesol.
En étant opportuniste avec les précipitations, un travail du sol ou un broyage a été réalisé durant l’hiver. Dans les autres situations, un roulage du couvert au moment des périodes de gel a été effectué.
Le travail du sol aujourd’hui a pour objectif de mulcher les résidus encore en surface et/ou de détruire les couverts non encore suffisamment détruits.
Assurer un lit de semence optimal
Un passage d’outils quelques jours avant le semis aura pour objectif :
- De détruire les nouvelles levées d’adventices,
- De participer au ressuyage du sol,
- De réchauffer le sol,
- De niveler et affiner le lit de semence.
Ce travail est réalisé avec des outils à dents ou des outils animés type herse rotative.
EXEMPLE DE TRAVAIL DU SOL EN SOL ARGILO-CALCAIRE
Expérimentation implantation tournesol 2024
Retour sur la plateforme multi partenariale Tournesol 360 (Syngenta, Adama, RAGT, Chambre d’Agriculture de la Nièvre, Soufflet Agriculture, Terres Inovia), où différentes méthodes d’implantation ont été testées.
Les rendements sont récapitulés dans le graphique ci-dessous :
Même si dans les conditions de l’année, nous n’avons pu récolter qu’un seul bloc sur les 3 (problèmes de limaces), il en ressort plusieurs enseignements qui vont dans le sens de nos expérimentations précédentes.
Il est important d’assurer un travail du sol homogène sous la racine. En effet, le labour présente ici le rendement le plus important car toute la profondeur de sol est travaillée par l’outil. Dans les situations de travail simplifié, nous voyons un différentiel entre 1 passage de décompacteur et 2 passages. L’objectif n’est pas de dire que le labour est plus efficace que 1 passage de décompacteur. L’idée est de parler en termes de résultat attendu, à savoir un sol poreux de façon homogène sur la ligne de semis ! En travail simplifié, il faut attendre le ressuyage de la parcelle et vérifier après le passage de l’outil que nous ayons bien une structure poreuse homogène dans le profil, pour ne pas pénaliser l’implantation du tournesol.
Sur la photo ci-dessus, nous voyons qu’après un passage de décompacteur en condition non suffisamment ressuyée (ou un travail pas assez profond en fonction de l’écartement des dents), le passage unique de décompacteur n’a pas suffi pour assurer une porosité homogène sous tous les pieds de tournesol, mais a plutôt déstructuré en créant des mottes mélangées à de la terre humide. Dans cette situation, un deuxième passage est recommandé en croisé pour assurer une homogénéité, permettant ainsi un gain de rendement de 4 q/ha !
Le passage de StripTill en permettant ce travail homogène sur la ligne de semis présente également un bon niveau de rendement.
La structure du sol était déjà bonne en sortie hiver, ce qui explique que le rendement en travail superficiel tire également son épingle du jeu. Cette préparation superficielle a permis un ressuyage et a moins déstructuré le sol par rapport au passage plus profond, notamment le passage unique réalisé trop précocement par rapport au ressuyage de la parcelle.
Tournesol : les clés pour un semis réussi
La bonne implantation de la culture est essentielle pour obtenir un tournesol robuste, capable de mieux supporter les stress biotiques (ravageurs, maladies) et abiotiques (facteurs climatiques) tout au long de son cycle. Si une préparation minutieuse du sol est essentielle pour garantir un lit de semences de qualité, la réussite de l’implantation dépend également d’un semis soigné, réalisé dans des conditions optimales. Retour sur les étapes clés pour réussir cette phase cruciale.
• Semez sur un sol suffisamment réchauffé et ressuyé
La température minimale du sol pour déclencher le semis est de 8°C à 5 cm de profondeur. L’objectif est d’assurer une croissance rapide et dynamique du tournesol pour sécuriser l’installation du peuplement et limiter l’impact des ravageurs (limaces, taupins, oiseaux).
• Adaptez la date de semis pour une levée au plus tard au 1er mai
Selon la région et la précocité de la variété, la date de semis optimale se situe entre le 20 mars si le sol est suffisamment réchauffé et fin avril. Pour les semis retardés en mai, les variétés très précoces seront à privilégier afin d’éviter les récoltes trop tardives.
• Visez un seuil de 50 000 plantes/ha levées.
50 000 plantes levées à l’hectare est l’objectif à atteindre pour sécuriser la production et la teneur en huile ! Pour tenir cet objectif, adaptez votre densité de semis à votre contexte pédoclimatique (type de sol, contrainte hydrique, irrigation).
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• Semez dans le frais
Visez un semis à 2-3 cm de profondeur en sol frais. Si les conditions sont plus sèches, un semis à 4-5 cm est conseillé pour aller chercher de la fraicheur.
• Semez lentement pour un peuplement homogène
Semez à 5 km/h maximum. Une vitesse de semis réduite améliore la régularité de peuplement et la profondeur de semis pour éviter les pertes à la levée. Si vous êtes équipés d’un semoir de précision rapide, vous pouvez augmenter la vitesse de chantier.
• Préférez un écartement à 40-60 cm, qui permet de gagner entre 1 et 4 q/ha par rapport à un écartement large de type maïs (75-80 cm). Cette largeur favorise l’interception du rayonnement et l’exploitation des ressources du sol.
Levée de tournesol - Crédit photo : Laurent Jung
Semis - Rechercher les conditions optimales
Le semis joue un rôle capital dans l’obtention d’un tournesol robuste. La réussite de cette opération clé doit se traduire par un démarrage rapide de la culture et une moindre exposition des jeunes plantules aux ravageurs de début de cycle (limaces, oiseaux, taupins), par l’obtention d’un peuplement régulier, et par la limitation du risque mildiou.
Réaliser les dernières préparations sur sols ressuyés
En sortie d’hiver, les conditions d’humidité dans lesquelles sont réalisées les opérations de destruction des couverts végétaux et de préparation au semis sont déterminantes. Un passage d’outil dans des conditions d’humidité du sol inadaptées aura des conséquences rédibitoires sur l’enracinement du tournesol, le pivot du tournesol étant très sensible aux accidents structuraux tel que tassements ou lissages. Il convient par conséquent i- de saisir les créneaux favorables (sol à consistance friable, sous les doigts, les mottes s’émiettent sans coller et donnent de la terre fine), sinon ii- d’attendre, avant de réaliser toute intervention, un ressuyage correct. Cela implique une surveillance régulière de l’état d’humidité du sol. En présence d’un couvert en phase de croissance rapide (cas d’une féverole en préfloraison), de surcroit avec des températures douces, une surveillance quotidienne s’impose.
Viser une levée avant le 1er mai
Les semis précoces, s’ils sont réalisés dans de bonnes conditions, montrent un avantage sur les résultats techniques du tournesol. Cette tendance a été majoritairement observée sur les dernières campagnes de production. Elle est corroborée par une analyse multivariée des enquêtes sur les pratiques culturales du tournesol réalisées par Terres Inovia entre 1996 et 2019 (sur treize campagnes). Celle-ci met en évidence un intérêt significatif des semis précoces (avant le 15 avril) par rapport au rendement.
Si les conditions météo sont favorables, sans pluies abondantes au cours des jours suivant le semis, tenir l’objectif d’un semis avant la mi-avril sera possible dans un grand nombre de situations. Il s’agit d’être opportuniste pour ne pas manquer les bons créneaux, et ainsi positionner au mieux le cycle de la culture par rapport à l’offre climatique (températures, et surtout esquive de la contrainte hydrique estivale). Le tournesol doit lever avant le 1er mai pour viser une entrée en floraison début juillet. Précisons enfin que les dates de semis doivent être adaptées à la précocité de la variété choisie.
Ne décaler la date de semis que pour des raisons sanitaires
- En situation de risque mildiou (symptômes observés par le passé), il est recommandé de retarder le semis, si de fortes pluies sont annoncées dans les 5 jours. La contamination des plantules ayant lieu au moment de leur émergence, la présence d’eau libre durant cette phase favorise la germination des spores de mildiou qui vont alors infecter le tournesol.
- En situation fortement infestée par des adventices estivales difficiles (ambroisie, datura, xanthium), la réalisation de faux-semis printaniers peut s’avérer un levier efficace. Cette pratique nécessite de décaler la date de semis pour laisser le temps aux adventices de lever, puis d’avoir une fenêtre climatique favorable pour les détruire. Ce décalage de la date de semis est à réserver pour les situations où la priorité est placée sur la gestion des flores problématiques. En effet, en l’absence de ces adventices il n’est pas spécialement conseillé de décaler le semis du tournesol, pour ne pas risquer d’entamer le potentiel de rendement.
Attendre que le sol soit suffisamment réchauffé
Il est impératif de semer sur un sol ressuyé et suffisamment réchauffé à 5 cm de profondeur, avec une température supérieure à 8°C durant plusieurs matinées consécutives.
- Une mesure de la température, avec un simple thermomètre de sol, au niveau du lit de semence est par conséquent un indicateur utile pour décider de la date de semis.
- Consulter les prévisions météorologiques est également nécessaire. L’annonce d’une baisse notable des températures doit inciter à la prudence, surtout si le sol est humide.
- A l’inverse, si le sol est bien ressuyé, un semis en conditions fraiches peut être envisagé si un réchauffement des températures est annoncé pour les prochains jours.
- Le lit de semence doit être assez fin pour permettre un bon contact sol/graine et une parfaite fermeture du sillon, en évitant toutefois l’excès de terre fine, en particulier en sol battant. En argilo-calcaire l’idéal est de rechercher une proportion équivalente de mottes et de terre fine.
Prendre le temps de semer
Parce que la régularité de peuplement compte autant que la densité, le semis doit être réalisé à vitesse modérée, 4km/h, avec un maximum de 6km/ha. Les semoirs monograines de nouvelle génération, dit « rapides » à distribution électrique, permettent néanmoins d’augmenter le débit de chantier.
Des essais menés en 2021 et 2022 ont montré que des semis réalisés à 10-12 km/h avec ce type de semoir « rapide » donnaient lieu à une levée, un peuplement et un rendement similaires à ceux obtenus avec un semoir classique à vitesse modérée. Pour des vitesses de semis au-delà de 12 km/h, une perte de rendement est observée.
Prendre le temps de semer permet une meilleure maitrise de la profondeur de semis.Viser 2 à 3 cm de profondeur dans un sol frais, et 4 à 5 cm grand maximum si le sol est sec en surface. Cette profondeur est évaluée par rapport « à l’épaisseur de terre que le tournesol a au-dessus de la tête », on ne tient pas compte de la hauteur des billons formés par les chasse-mottes. Attention sur les sols légers car les billons peuvent s’affaisser; la graine peut alors se retrouver à une profondeur trop importante.
Décider d’une densité de semis adaptée à chaque situation
Outre les conditions de semis, le peuplement dépend particulièrement de la densité semée.
L’optimum de densité est dépendant de la contrainte hydrique de la parcelle (type de sol et profondeur), de l’écartement entre rangs et du secteur géographique, en particulier si la parcelle est située dans une région qualifiée de « fraîche » ou à fin de cycle humide qui va impacter la capacité des capitules à sécher rapidement.
- En moyenne la densité de semis optimale se situe entre 65 et 70 000 graines/ha pour atteindre les objectifs de rendement et de richesse en huile visés.
- Dans les situations à large écartement (supérieur à 60 cm), attention aux surdensités sur la ligne qui peuvent induire une concurrence entre les pieds.
- Préférer un écartement de 40 à 60 cm : selon les régions et le potentiel de la parcelle, 1 à 4 q/ha sont à gagner par rapport à un écartement large de type maïs (75 à 80 cm) à densité équivalente de semis.
Maitriser les dégâts des ravageurs de début de cycle
Les dégâts seront d’autant plus faibles que la levée sera rapide ; au-delà de la première paire de feuilles, les jeunes plantes seront hors risque oiseau, il faudra attendre le stade 2 paires de feuilles pour être hors risque limaces !
Limaces
Les plantules de tournesol sont vulnérables de la levée jusqu’au stade 2 feuilles
- Si les conditions au semis sont humides et si une attaque est attendue (risque à évaluer avant le semis en fonction de l’historique et des pratiques), appliquer une protection anti-limaces à la surface du sol juste après le semis (une ou des applications relais peuvent être nécessaires en fonction de l’activité du ravageur et de la vitesse de délitement des granulés).
- Pour les parcelles jouxtant un cours d’eau, utilisez un appareil qui contrôle l’épandage en bordure (type SPANDO TDS), ou utilisez un anti-limace à base de phosphate ferrique (autorisé en culture BIO).
Taupins et noctuelles terricoles
Ils occasionnent dans certaines situations des pertes de pieds importantes. Outre une levée rapide, une légère augmentation de la densité de semis permettra d’anticiper et compenser les pertes éventuelles. Pour les situations à risque taupin – antécédents d’attaques ou précédents favorables (prairie, friches, culture fourragère ou légumineuse) – un insecticide pourra être appliqué au semis.
Plusieurs produits en micro-granulé sont autorisés en application au semis. Veillez à respecter les prescriptions réglementaires sur l’utilisation des diffuseurs: en particulier, les microgranulés à base de lambda-cyhalothrine et de téfluthrine doivent être incorporés respectivement à 4 et 3 cm de profondeur minimum et donc sans diffuseur.
- Belem 0.8MG/Daxol (cyperméthrine) à 12kg/ha,
- Karate 0.4GR (lambda-cyhalothrine) de 12 à 15 kg/ha,
- Trika Expert+ (lambda-cyhalothrine) à 15 kg/ha
- Force 1.5G (téfluthrine) à 10 kg/ha
Votre contact régional
• Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
• Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr)- Occitanie
• Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr) – Auvergne Rhône alpes et Provence Alpes Cote d’Azur
Bien implanter le chanvre : les étapes essentielles pour une culture réussie
L’implantation du chanvre est une étape cruciale qui conditionne environ 70 % de la réussite de la culture. Espèce à cycle court, le chanvre ne tolère aucune rupture de croissance après le semis.
Implantation homogène réussie (Crédit photo : Louis-Marie Allard)
Viser une levée rapide grâce à une bonne structure du sol
Bien que doté d’un système racinaire pivotant et d’une grande capacité d’adaptation, le chanvre reste très sensible aux défauts de structure du sol. Il est donc essentiel que la préparation du sol permette :
• En profondeur : un enracinement de qualité favorisant ainsi l’absorption de l’eau et des nutriments.
• En surface : un lit de semences fin, bien aéré et suffisamment réchauffé pour garantir une levée rapide et homogène.
Pour éviter les tassements du sol nuisibles au système racinaire, il est conseillé de réduire le nombre de passages sur la parcelle grâce à des trains d’outils ou d’utiliser des équipements adaptés, comme des roues jumelées ou des pneus à basse pression.
Si la levée est retardée (au-delà de 15 à 20 jours après le semis) en raison de problèmes de structures ou de conditions défavorables à la croissance, les adventices peuvent rapidement se développer et concurrencer la culture. Par ailleurs, en début de cycle, le chanvre est particulièrement sensible à l’hydromorphie : les semelles de labour ou les zones compactées, entravant l’écoulement de l’eau et provoquant des stagnations, risquent d’asphyxier les racines et de compromettre l’implantation.
Optimiser le lit de semences grâce à un faux semis
Après le labour, qu’il soit hivernal ou printanier, l’utilisation d’un outil à dents permet d’ameublir le sol, de faciliter la pénétration des racines, d’améliorer le réchauffement du lit de semences et de limiter le dessèchement. Cette technique favorise également la germination des adventices, qui pourront être éliminées mécaniquement (technique du faux semis).
Semer dans des conditions optimales
La levée du chanvre, idéalement entre 4 et 10 jours après semis, est une phase critique. Elle nécessite :
• Un semis régulier, à une profondeur de 2 à 3 cm, dans un sol bien structuré, réchauffé (10-12°C) et parfaitement drainé.
• Un semis en ligne, avec un semoir classique à socs, à un écartement de 9 à 17 cm. Les écartements réduits sont recommandés pour limiter la concurrence entre les plantes sur une même ligne, ce qui réduit le risque de pieds morts en fin de cycle.
Les semis s’effectuent généralement entre fin mars et début mai, selon les régions. En cas de conditions difficiles, il est possible de décaler le semis jusqu’à début juin, mais cela peut entrainer une diminution du rendement en paille.
Assurer une couverture rapide pour limiter les adventices
Lorsque l’implantation du chanvre est réussie, il couvre rapidement le sol et limite la prolifération des adventices. Quatre semaines après semis, les feuilles de chanvre forment un écran qui empêche l’activité photosynthétique des mauvaises herbes, même si celles-ci ont pu germer.
Les photos ci-dessous illustrent la cinétique idéale de croissance pour le chanvre.
Photos : source Terres Inovia
Adapter la densité de semis aux débouchés et aux modes de récolte
Pour une récolte en mode non battu (récolte de la plante entière sans récolte de la graine), la dose de semis sera comprise entre 50 et 55 kg/ha.
Pour une récolte en mode battu (récolte de la graine et de la paille), on visera une dose de semis de 45 à 50 kg/ha.
Avec une variété exclusivement destinée à la graine telle que EARLINA8 FC, il n’est pas nécessaire de la semer à une densité très élevée. Celle-ci se situera entre 25 et 30 kg/ha.
Pour le débouché textile, on recherche des tiges fines et pas trop hautes. Pour cela la densité de semis sera comprise entre 75 à 85 kg/ha.
Une fois le semis effectué, un roulage peut être nécessaire pour favoriser la germination des graines en permettant la remontée capillaire de l’humidité au sol, limiter la présence de cailloux et niveler le sol et ainsi garantir de bonnes conditions de récolte.
Garantir un bon démarrage de la culture avec une disponibilité en azote
La fertilisation minérale vise à compléter les fournitures d’azote du sol (méthode des bilans). Les besoins totaux s’élèvent à environ 13 à 15 unités par tonne de matière sèche. Il est recommandé de se référer aux valeurs définies dans les GREN et de respecter les doses maximales fixées par les arrêtés de la Directive Nitrates de votre région.
Le chanvre connaît une phase de croissance initiale très rapide, durant laquelle il absorbe près de la moitié de ses besoins en azote entre l’émergence et le stade 5-6 paires de feuilles. Durant cette période, un apport suffisant en azote est essentiel pour assurer une couverture rapide du sol et limiter le développement des adventices.
Pour des raisons pratiques, les apports sont généralement réalisés en totalité au moment du semis. Toutefois, un fractionnement reste possible. Dans ce cas, il est recommandé d’apporter au moins deux tiers de la dose d’azote minéral avant le semis ou avant la levée, puis le solde au stade limite passage du tracteur (soit 50 à 60 cm de hauteur). En cours de végétation, l’utilisation de formulations liquides est interdite pour éviter tout risque de brulure. Un apport excessif à ce stade peut retarder la maturité du chanvre et, en cas de conditions climatiques défavorables, affecter le rendement.
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