La gestion des autres adventices difficiles en colza
Hormis les graminées hivernales, les géraniums et les crucifères, d’autres adventices posent problème dans les colzas et sont à gérer spécifiquement. On peut citer l’ammi élevé, le gaillet gratteron, le chardon-marie, le bleuet et l’érodium.
Ammi majus
L'ammi majus présente un développement végétatif exubérant qui peut le rendre très concurrentiel en fin de cycle.
Ammi majus : 1. Plantule - 2. à la floraison
L'ammi élevé est capable de germer toute l'année avec un pic en sortie d'hiver, début de printemps. Les germinations s'estompent à l'approche des fortes températures estivales pour reprendre à l'automne dans les colzas notamment, dès le début du mois de septembre. La fructification a lieu pendant l'été. En raison de ces caractéristiques biologiques et de son mode de levée plutôt échelonné, la rotation des cultures n’est pas un levier très efficace. Des faux-semis dans l’interculture colza-céréales peuvent contribuer à réduire le stock semencier superficiel. Le labour n’a pas d’effet.
Nos références actuelles montrent que l’ammi majus est bien contrôlé en prélevée avec des herbicides à base de clomazone (COLZOR TRIO, AXTER, CENTIUM 36 CS…) ou des herbicides à base de quinmérac (NOVALL, ALABAMA, etc…). En postlevée, le MOZZAR à 0,25 l/ha (ou MOZZAR 0,25 puis IELO 1,5 l/ha ou MOZZAR 0,25 puis MOZZAR 0,25) est efficace.
Gaillet
Le gaillet est très préjudiciable en colza. Bien que sa nuisibilité soit tardive, des pertes significatives sur le rendement, en fonction du milieu et des conditions, sont enregistrées dès 2 pieds/m². De plus, il provoque des problèmes de verse et une gêne considérable à la récolte (enroulements autours des rabatteurs, bourrages). Enfin, des études ont signalé que les gaillets peuvent constituer des plantes hôtes, relais de l'orobanche rameuse.
Gaillet gratteron : 1. Plantule - 2. à la floraison
Le gaillet lève préférentiellement de septembre à mars. La floraison a lieu de mai à octobre. Seule l'introduction de cultures d'été (semées dès la mi-avril) permettra de casser le cycle de l'adventice et diminuer progressivement la pression des gaillets en cultures d'hiver. Compte tenu de la persistance modérée des graines de gaillet une fois enfouies dans le sol, le labour peut être envisagé en cas d’échec de gestion. Les premières germinations débutant en fin d'été, des faux semis dans l’interculture colza-céréales réguliers et bien menés seront efficaces à partir de septembre et plus tardivement. Le binage à partir de 3-4 feuilles du colza est aussi une possibilité.
Les herbicides de prélevée comme COLZOR TRIO 4l/ha (avec clomazone) ou ALABAMA 2.5 l/ha (avec quinmérac) présentent les meilleures efficacités. Un programme avec de la napropamide 1.5 l/ha en présemis suivie d’un produit à base de quinmérac ou de clomazone en prélevée à dose modulée (2/3 à 3/4) est également envisageable (renforcement via la napropamide). On note fréquemment un petit complément d’efficacité à la prélevée avec IELO. Le produit de postlevée FOX est efficace sur très jeunes gaillets poussants. Mais c’est le produit MOZZAR qui sera le plus efficace, sur gaillet levé, quel que soit le stade.
Fiche Gaillet gratteron sur Infloweb
Chardon-Marie
Le chardon-Marie est une espèce annuelle qui se rencontre de plus en plus souvent en régions Centre, Poitou-Charentes et Sud-Ouest. Concurrentiel et volumineux, sa gestion est importante en colza.
Chardon-Marie
Les germinations ont lieu à l’automne et à l’entrée de l’hiver. Avant la sortie des pétales, le broyage et l’écimage peuvent être envisageables comme technique de lutte mécanique.
CALLISTO est une solution efficace et économique. Sur jeune adventice, les efficacités sont supérieures à 90%. Appliquer CALLISTO à 0,15 l/ha à partir de 6 feuilles du colza, sur une culture endurcie par les premiers froids (températures inférieures à 7/8°C). Renouveler l'application 3 semaines plus tard si nécessaire. IELO est un produit également efficace sur cette adventice, mais son niveau d’action diminue sur chardon-marie développé.
Les solutions suivantes sont les plus adaptées :
- CALLISTO 0,15 l/ha dès 6 feuilles du colza puis IELO 1,5 l/ha (début novembre);
- IELO 1,5 l/ha + CALLISTO 0,15 l/ha (début novembre). Ce mélange, éprouvé, se fera sous la responsabilité de l’utilisateur (déconseillé par les firmes).
- Le produit MOZZAR est très efficace sur cette adventice, une fois levée, dès la dose de 0,25 l/ha
Enfin, en l’absence de rattrapage à l’automne, il ne faut pas exclure la possibilité d’un rattrapage de printemps avec LONTREL SG à 174 g/ha + huile. L’efficacité, sans être supérieure à 85% reste tout de même très significative (efficacité finale observable au mois de mai) et empêche la multiplication de graines.
Bleuet
De plus en plus fréquent dans les parcelles du Centre, de Bourgogne ou de Lorraine, le bleuet est très difficile à contrôler en prélevée.
Bleuet
Le bleuet levant principalement entre octobre et novembre et de manière plutôt groupée, l’introduction de cultures de printemps ou d’été dans la rotation -ainsi que l'augmentation de l'intervalle de temps entre deux colzas dans la parcelle- limiteront la progression de l'adventice. Comme les graines du bleuet perdent leur viabilité rapidement lorsqu'elles sont enfouies (Taux Annuel de Décroissance proche de 70%), le labour occasionnel est un moyen de gestion efficace après un échec de désherbage.
L'herbicide COLZOR TRIO à 4 l/ha reste la meilleure référence de prélevée (effet napropamide) avec une efficacité insuffisante. Le bleuet se contrôle surtout en postlevée.
En rattrapage, trois solutions sont à retenir :
- début octobre à décembre : MOZZAR 0,25 l/ha
- début novembre : IELO 1,5 l/ha
- printemps : LONTREL SG à 174 g/ha + huile. Efficacité moyenne.
Erodium cicutarium
Erodium cicutarium à floraison
- Cotylédons de grande taille, divisés en 3 lobes profonds irréguliers permettant l’identification rapide de l’espèce
- Plantule en rosette étalée sur le sol
- Pétiole long et nettement poilu
- Feuilles lancéolées, qui comprennent jusqu’à 15 segments profondément lobés, voire divisés
- Plante adulte de moins de 20 cm de hauteur
- Fleurs rouges à roses, de 1 cm de diamètre
- Le fruit se termine par un bec et la graine possède une arête torsadée à sa base
Le contrôle en prélevée est difficile. Les meilleurs programmes combinent de la napropamide 1,5 l/ha (COLZAMID, etc.) en présemis incorporé avec un produit de prélevée type AXTER, COLZOR TRIO ou ALABAMA.
En post-levée, le rattrapage peut se faire avec FUSILADE MAX 1,5 l/ha, qui bizarrement, est relativement efficace (l’érodium n’est pas une graminée).
En postlevée l’utilisation de CLERAVIS/CLERANDA présente de bonne efficacité, à condition de choisir une variété CLEARFIELD®.
Pour les fortes infestations et en postlevée, on peut privilégier un programme de type MOZZAR 0,25 l/ha pus IELO 1,5 l/ha + FOX 1 l/ha.
Anthrisque
L’anthrisque n’est pas aussi nuisible qu’un gaillet mais elle n’est pas négligeable. Elle est du même ordre qu’une moutarde. Assez fréquente en observation, elle pose toutefois rarement de problèmes.
C’est de loin, avec l’ammi majus, l’ombellifère la plus difficile à contrôler. Privilégier les programmes ou solutions de prélevée à base de quinmérac (ALABAMA, NOVALL ou RAPSAN TDI).
En postlevée, les seules solutions efficaces sont :
- MOZZAR 0,25 l/ha (4-6 f du colza, à partir du 1er octobre) à renouveler 1 mois plus tard.
- LONTREL SG, à pleine dose, efficace uniquement du stade cotylédon à 2 feuilles.
Brochure "Lutte contre les adventices en systèmes céréaliers et oléagineux"
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Etat des résistances selon la région et le ravageur
Terres Inovia organise le suivi de l’évolution des résistances au sein des populations de coléoptères ravageurs du colza, avec le soutien financier du Ministère de l’Agriculture*. Ce monitoring a révélé l’existence de plusieurs mécanismes de résistance au sein des principales espèces de ravageurs du colza.
*projet France Agrimer RESIST financé par le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire ; la responsabilité du Ministère ne saurait être engagée.
Grosse altise : les mécanismes de résistance pouvant conférer des niveaux de résistances élevés continuent d’être détectées dans de nouveaux départements (figure 1).
Sur altise d’hiver, plusieurs mécanismes de résistances existent et peuvent cohabiter dans une même population. L’ensemble du territoire est concerné.
Deux types de résistance ont été détectés pouvant expliquer le manque d’efficacité des pyréthrinoïdes sur grosses altises (mutation de cible et détoxification).
La résistance par mutation « kdr » qui confère un faible niveau de résistance est la plus répandue. Ce mécanisme est surtout présent dans le Nord, l’Ouest, le Centre et le Sud-Ouest. Les pyréthrinoïdes (lambdacyhalothrine, deltaméthrine, cypermethrine et l’étofenprox) restent efficaces contre les adultes. Sur larves privilégier la lambdacyhalothrine.
Dans certains départements de l’Est (l’Yonne, l’Aube, la Haute-Marne, la Côte d’Or, la Nièvre, le Jura, la Haute-Saône, la Marne, la Meurthe-et-Moselle, les Vosges et l’ouest de la Moselle), une autre mutation, dite « super kdr », est généralisée ou dominante. Les mécanismes impliqués confèrent une forte résistance des populations d’altises aux pyréthrinoïdes. Les pyréthrinoïdes sont alors inefficaces.
Dans les départements où les premiers cas de « super kdr » ont été identifiés, Il reste possible de protéger son colza avec un pyréthrinoïde (départements hachurés figure 1).
Aujourd’hui, la mutation « skdr » est identifiée sur grosse altise dans 46 départements répartis sur l’ensemble du territoire et elle est considérée généralisée ou quasi généralisée dans 11 départements, tous situés dans le quart Nord-Est de la France.
Figure 1 : Niveau de résistance des populations de grosses altises en 2024 (mise à jour juillet 2024)
Charançon du bourgeon terminal : des mutations KDR bien installées sur le Centre et une partie du Nord Est (figure 2).
Sur charançon du bourgeon terminal, l’efficacité des insecticides est très variable selon les populations. Les populations avec les plus faibles taux de mortalité dans nos tests laboratoires présentent 2 mécanismes de résistance : mutation de cible KDR et détoxification. Il n’est donc pas possible de distinguer la résistance induite par la mutation KDR de la résistance par détoxification. Nous ne pouvons pas non plus faire faire un lien direct entre présence de mutation KDR et efficacités au champ.
Dans nos essais au champ, en présence de mutation KDR, l’efficacité des pyréthrinoïdes (lambdacyhalothrine, deltamethrine et cyperméthrine) est de l’ordre de 40-50%.
Contrairement à la grosse altise, aucune mutation super KDR n’a été mise en évidence.
Quelques cas de mutation KDR, ont été détectées dans le Sud-Ouest.
Figure 2 : Niveau de résistance des populations de charançon du bourgeon terminal en 2024 (mise à jour en juillet 2024).
Autres ravageurs du colza
Des mutations « kdr » et « super kdr » ont été détectées dans quelques populations de charançons des siliques. Des mutations « kdr » ont également été détectés dans quelques populations de charançons de la tige du colza et du chou. Aujourd’hui, aucune perte d’efficacité des pyréthrinoïdes n’a été observé au champ.
La résistance du puceron vert aux pyréthrinoïdes par mutation de cible (par ex KDR) est considérée comme généralisée depuis de nombreuses années. La résistance au pirimicarbe (mutation de cible MACE) a été confirmée dans le Nord-Est de la France et semble très répandue depuis la fin des années 2000. Un autre mécanisme de résistance dit métabolique est également connu pour ce puceron et il peut induire une résistance à un large spectre . Quant aux méligèthes, ils sont résistants à la plupart des pyréthrinoïdes actuels en « ine », hormis l’etofenprox (ex TREBON 30 EC) et le tau-fluvalinate (ex. MAVRIK SMART) qui échappent à la rapide métabolisation par les insectes et conservent leur potentiel d’efficacité.
S'adapter aux résistances !
Les suivis de résistance sur les coléoptères ravageurs du colza par Terres Inovia et ses partenaires se poursuivent. Plusieurs mécanismes de résistance aux pyréthrinoïdes sont impliqués, certains conférant des niveaux de résistance très importants en particulier sur altise d’hiver. Dès à présent, il faut limiter au maximum les interventions sur charançon du bourgeon terminal et grosse altise par un respect des seuils d’intervention basé sur une observation précise des infestations et le choix de l’insecticide adapté aux résistances présentes ou suspectées. Consultez www.terresinovia.fr pour les dernières mises à jour. Evaluez en quelques clics le risque altise adulte, larves d'altises et charançon du bourgeon terminal grâce à des observations simples en parcelles. Les outils disponibles gratuitement en ligne sur www.terresinovia.fr vous indiqueront le niveau de risque et la stratégie de traitement la plus adaptée à votre contexte de résistance
Insectes ravageurs : caractérisation de la sensibilité aux pyréthrinoïdes
Détermination de la sensibilité à la lambda-cyhalothrine de populations de grosses altises, de petites altises, de méligèthes, de différentes espèces de charançons du colza, et de différentes espèces de bruches (de la féverole, du pois ou de la lentille).
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Colza, de nouvelles stratégies pour limiter l’usage des insecticides
Face à la résistance des ravageurs aux pyréthrinoïdes, et au retrait de molécules, il est nécessaire de mettre en œuvre des pratiques visant la robustesse de la culture, mais également de favoriser la régulation naturelle des ravageurs par les auxiliaires des cultures.
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Insectes ravageurs : caractérisation de la résistance aux pyréthrinoïdes par mutation kdr
Recherche par analyse moléculaire de mutations sur le gène du canal sodium responsables de baisse d’efficacité des pyréthrinoïdes chez des populations de grosses altises, de méligèthes, de différentes espèces de charançons du colza ou de bruches de la féverole.
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Pigeons : des attaques au stade végétation localement très nuisibles pour le colza
Déclarez vos dégâts d’oiseauxDéclarez vos dégâts est important pour une reconnaissance de l’enjeu au niveau national, et pour informer les commissions départementales de la chasse et de la faune sauvage qui proposent le classement « susceptible d’occasionner des dégâts » de certaines espèces. Cela permet aussi de réaliser des études pour mieux comprendre les variations des attaques et ainsi mettre au point des méthodes de prévention plus performantes. |
Les pigeons peuvent attaquer les limbes des feuilles et touchent parfois le bourgeon terminal ce qui entraine la perte du plant.
Dans le meilleur des cas, seules les ramifications secondaires seront capables de se développer à la sortie de l’hiver, entraînant un retard de maturation. Les dégâts restent habituellement localisés sur des parcelles à risque (situation isolée en plaine près de bosquets) mais peuvent être sévères.
Dégâts d'oiseaux sur colza
Des moyens de lutte limités
Les pigeons ramiers sont chassables pendant la période hivernale, selon les modalités propres à chaque département. L’utilisation d’effaroucheurs est envisageable mais ces dispositifs ne présentent pas une garantie d’efficacité absolue. Le principal problème est l’accoutumance des oiseaux qui peut être contrebalancée par les mesures suivantes :
- Eviter une utilisation préventive et systématique sur une trop longue période
- Ne pas hésiter à déplacer les effaroucheurs sur la parcelle tous les 2/3 jours.
- Pour les effaroucheurs sonores faire varier les signaux et les intervalles de diffusion.
- Observer le paysage avoisinant les cultures attaquées pour orienter les effaroucheurs en direction d’une alimentation alternative (comme des feuilles vertes, des baies, des glands, etc.).
- Envisager une combinaison d’effaroucheurs peut réduire l’accoutumance telle que l’utilisation de canons à gaz associés aux ballons/cerfs-volants ou associés aux moyens pyrotechniques par exemple.
Epouvantail posé lors du semis
De nombreux modèles d’effaroucheurs sont disponibles utilisant des signaux visuels ou sonores.
L’usage des effaroucheurs sonores est soumis à des règles de bon voisinage qui peuvent être rappelées par des arrêtés municipaux.
Evaluer la pertinence du retournement du colza
Quels sont les critères à prendre en compte
Il est important d’évaluer l’incidence du retournement par rapport au maintien de la culture : l'investissement déjà engagé, les aspects réglementaires en cas de contrat, la faisabilité de la culture de remplacement selon les herbicides utilisés.
Il faut estimer d'une part les capacités de compensation du colza, la biomasse fraîche (poids vert exprimé par m²) et la densité du peuplement et d'autre part les facteurs aggravants, l’hydromorphie, l’enherbement, un défaut d’enracinement, des dégâts de ravageurs, un peuplement hétérogène... et tenir compte également des conditions intra-parcellaires. Il est inutile de laisser des surfaces en mauvais état à l’intérieur de parcelles qui risquent de se salir rapidement au printemps et ont un potentiel de rendement très limité.
Sol superficiel, contexte défavorable à la compensation
Sol profond, contexte favorable à la compensation
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retournement à envisager |
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| potentiel altéré, tenir compte des facteurs aggravants pour décider du retournement | |
| potentiel peu altéré, culture à conserver | |
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potentiel intact, culture à conserver |
Documents à télécharger
Destruction et remplacement : Le colza récupère !
Les accidents climatiques ou parasitaires peuvent donner des inquiétudes sur la viabilité et le potentiel de la culture.
Pourtant, dans la plupart des cas, malgré la dégradation du feuillage et la perte de plantes, le colza présente des capacités de récupération étonnantes dans la mesure où le système racinaire n'a pas été affecté et si le peuplement restant est suffisant et réparti de façon homogène sur une parcelle propre.
Le remplacement du colza doit rester exceptionnel
Dans la plupart des cas, il est préférable d’attendre la sortie d’hiver avant de prendre la décision de retourner ou non.
- A l’automne, le retournement ne se justifie qu’en cas de très mauvaise levée ou de destruction de la culture (par des limaces par exemple). Une reprise profonde du sol peut alors élargir le choix des cultures de remplacement possibles, en limitant les risques de phytotoxicité des herbicides déjà appliqués.
- En sortie d’hiver, le maintien de la culture est possible si le contrôle des adventices est correct et si la densité est voisine de 5 à 10 plantes par m2, réparties de façon homogène.
- Adapter la conduite de la culture (fertilisation azotée, protection) à son potentiel estimé.
Dans tous les cas, poursuivre son suivi technique sans l’intensifier en voulant compenser.
- Ne pas « rapiécer » avec du colza de printemps une parcelle de colza d’hiver. Ce serait s’exposer à une pression importante des insectes, notamment des méligèthes et des pucerons, et à une difficulté de récolte liée au décalage des stades de maturité (récolte en 2 temps).
- Le pouvoir de récupération du colza est étroitement lié à la climatologie future et au potentiel naturel de la parcelle. Plus ce dernier est élevé plus les chances de déboucher sur un niveau de rendement satisfaisant sera important pour un même état initial.
Accidents climatiques sur colza : gelées hivernales
Durant la phase hivernale, on considère que la résistance des plantes est faible avant 2 feuilles et qu’elle est maximale au stade 8 feuilles.
Le colza (hors accident de type élongation avant hiver) peut résister à des températures de l’ordre de - 15 °C, le seuil létal étant de - 18 °C environ. Sous une couverture neigeuse, la culture peut supporter sans problème des températures inférieures à - 20°C, toutefois, les petits colzas sont susceptibles de subir un déchaussement préjudiciable durant les hivers où alternent périodes de gel et de dégel.
Dans ces situations :
- Compter les plantes restantes après hiver pour connaitre le nombre de plantes viables en sortie d’hiver.
- Prendre en compte dans le calcul de la fertilisation azotée une partie de l’azote des feuilles gelées (environ 50%).
Destruction et remplacement d'une parcelle de colzaLa parcelle peut avoir besoin d'être retournée, suite à un accident climatique ou parasitaire. Pour cela il est nécessaire d'évaluer la pertinence avant d'effectuer le retournement. |
Accidents climatiques sur colza : dégâts de neige
La neige provoque très rarement des dégâts sur le colza sauf quand elle intervient tardivement au cours de la montaison ou de la floraison : son poids peut alors casser des tiges.
Plus généralement, la couverture neigeuse joue un rôle protecteur en hiver et permet aux cultures de supporter sans dégât des températures inférieures à - 20°C.
1. Parcelle de colza et 2. tiges endommagées
Destruction et remplacement d'une parcelle de colzaLa parcelle peut avoir besoin d'être retournée, suite à un accident climatique ou parasitaire. Pour cela il est nécessaire d'évaluer la pertinence avant d'effectuer le retournement. |
Calcul de la dose totale d’azote et fractionnement des apports d’engrais minéral
A la reprise de végétation, la Réglette azote colza® permettra de déterminer la dose totale à apporter à partir de plusieurs informations : la biomasse du colza, l’objectif de rendement de la parcelle, le type de sol, l’apport de produits organiques, la nature du précédent et éventuellement l’association de légumineuses gélives.
Estimer l'objectif de rendement de façon réaliste
Faire la moyenne des rendements des 5 derniers colzas sur la parcelle ou des parcelles comparables, en enlevant la valeur la plus faible et la valeur la plus élevée (dans tous les cas, en zones vulnérables, se conformer à la règlementation en vigueur).
Une surestimation du potentiel de rendement conduit à apporter de l’azote qui ne sera pas valorisé. Une sous-estimation du potentiel se répercutera directement sur le rendement et se traduira, au final, par un manque à gagner.
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Cas particulier des colzas à faible croissance : les 3 principaux indicateurs à prendre en compte pour ajuster l’objectif de rendement en fonction de l’état de la culture (hors contraintes réglementaires) sont :
Ce rendement maximum devra être revu à la baisse en tenant compte d’autres facteurs défavorables qui pourront être pris en compte au cas par cas en fonction de la situation : hydromorphie, enherbement, défaut d’enracinement, dégâts de ravageurs, hétérogénéité de peuplement. |
Colzas à faible croissance et estimation de l’objectif de rendement
| Biomasse = poids matière verte (MV) en g/m² |
Densité minimum (nbre de plantes/m²) |
Objectif de rendement maximum | |
| Sols superficiels |
MV |
20 | |
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200 g/m² < MV > 400 g/m² |
15 |
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| MV |
10 | Pas de limitation liée à la biomasse | |
| Sols profonds | MV |
15 | |
| 200 g/m² < MV > 400 g/m² | 15 | ||
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MV |
5 | Pas de limitation liée à la biomasse |
Fractionner la dose totale
Le fractionnement permet d’ajuster au mieux les apports aux besoins des plantes.
Pour les colzas à faible croissance, un premier apport précoce dès la reprise de végétation est recommandé ; il est en effet nécessaire d’accompagner la reprise car les petites plantes ont peu de réserves et elles n'accèdent pas facilement à l’azote du sol car, leur système racinaire est faible.
Au contraire pour les colzas à forte croissance, il est conseillé d’attendre la montaison pour l’apport éventuel d’azote ; la remobilisation des réserves accumulées dans les organes suffira à assurer une bonne reprise de végétation.
Dans tous les cas, ne pas apporter plus de 100 kg/ha d’azote en une fois.
| Dose à apporter (kg/ha) | Reprise de végétation (stades C1-C2) | Début montaison (stades C2-D1) | Boutons accolés (D1-D2) | Boutons séparés (stade E) |
| <100 | <100 | |||
| 100 à 170 | 60 à 80 | 40 à 90 | ||
| >170 | 40 à 60 | 50 et + | 40 à 60 | |
Adapter la dose selon la forme d’engrais et les conditions d’épandage
Aucune adaptation de la dose n’est nécessaire lorsque l’azote est apporté sous forme d’ammonitrate. En revanche, lorsque l’azote est apporté sous forme de solution ou d’urée, il faut veiller à maximiser l’efficacité de l’engrais. Il est conseillé pour cela de l’apporter juste avant une pluie, d’éviter les conditions ventées et les fortes températures afin de limiter les pertes par voie gazeuse. Lorsque les conditions idéales d’épandage ne sont pas réunies, et ce d’autant plus que le pH du sol est supérieur à 7, il est possible de majorer la quantité d’azote à apporter de 5 à 15%. Cette augmentation doit être raisonnée au cas par cas et pour chaque apport. La majoration ne s’applique en aucun cas à la dose totale prévisionnelle.
Grille COMIFER pour évaluer le risque de volatilisation et la majoration de doses en rapport
Evaluer la biomasse du colza pour optimiser les apports d’azote au printemps
La biomasse est un indicateur de la quantité d’azote absorbé par la culture, indispensable pour ajuster la fertilisation au printemps. En effet, le colza a la capacité de mettre en réserve l’azote dans ses organes pendant l’été et l’automne puis de le remobiliser dès la reprise de végétation au printemps.
Ainsi un gros colza aura absorbé plus d’azote qu’un petit colza et la dose à lui apporter au printemps sera réduite comparée à celle nécessaire au petit colza pour un même objectif de rendement.
La mesure de la biomasse permettra d’utiliser la Réglette Azote Colza® ou tout autres outils de calcul de dose prévisionnelle pour calculer la dose totale d’azote à apporter à la culture au printemps.
Une ou deux mesures selon la situation
Dans toutes les régions, une double estimation de la biomasse à l’entrée et à la sortie de l’hiver est conseillée. Ces deux mesures sont indispensables dans les régions où le gel hivernal est fréquent. Elles permettent de tenir compte des pertes de feuilles vertes durant l’hiver. La moitié de la quantité d’azote contenu dans ces feuilles tombées au sol sera remobilisée au printemps. C’est autant de fertilisant azoté à apporter en moins. Ailleurs, une mesure réalisée à la sortie de l’hiver peut être suffisante.
Les méthodes d'estimation de la biomasse du colza
La méthode par pesée
Cette méthode consiste à couper des pieds de colza au ras du sol (bien secouer les plantes pour les débarrasser des gouttes d’eau sur les feuilles en cas de forte rosée ou de pluie et enlever les éventuelles petites mottes de terre à la base de la tige), sur 2 à 4 placettes de 1 m2 chacune, représentatives de la parcelle en évitant les bordures de la parcelle. La biomasse prélevée est pesée en frais et le poids exprimé en kg/m2.
Lorsque la parcelle est hétérogène, il est recommandé de réaliser 4 prélèvements, en s’efforçant de positionner les placettes sur des zones représentatives. La valeur moyenne sera reportée dans l’outil Réglette azote colza®.
En pratique
Les prélèvements sont à réaliser en plaçant un cadre de 1m de coté en travers des rangs (en diagonale de préférence). Les « cadres circulaires » ne sont pas recommandés, car ils augmentent les risques d’erreur. Pour les écartements entre rang supérieurs à 30 cm Un prélèvement de plantes sur une portion de rang correspondant à 1m² est recommandé. Afin de limiter un éventuel effet rang, il est recommandé de faire le prélèvement sur 2 rangs contigus. Le mètre linéaire, par rapport au cadre, permet de s’affranchir de l’écartement entre-rang et d’obtenir une surface de prélèvement juste.
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| Ecartements entre rangs (cm) | 40 | 50 | 60 | 70 | 80 |
| Portion totale de rang à prélever | 2,5 | 2 | 1,67 | 1,43 | 1,25 |
Les méthodes par capteurs sur satellites ou drones
Plusieurs opérateurs proposent des services de conseils azoté spatialisés sur colza à partir d’un traitement d’image. Tous les outils avec capteur embarqué sur drone ou satellite calculent une dose optimale d'azote adaptée à la parcelle grâce à une représentation de la variabilité des états de croissance au sein de la parcelle. Ils permettent en outre aux agriculteurs qui le souhaitent de moduler les apports au sein de la parcelle, soit avec un système piloté sur l'épandeur d'engrais, soit en modulant manuellement par grandes zones dans les parcelles présentant des états de croissance différents. L'expérience montre que la dose optimale peut varier de 60 à 80 unités au sein d'une grande parcelle !
Quatre produits font l’objet d’un accord de partenariat avec Terres Inovia : "Farmstar"(Airbus, Arvalis), "Agro-rendement" (Wanaka/Agroptimize - Geosys),"PRECIFert Azote" (Precifield) et "Bilan Colza by Abelio" (Abelio).
Farmstar, le plus répandu, utilise des images satellitaires. Terres Inovia, partenaire historique, apporte chaque année une garantie de la qualité du conseil délivré pour l’ensemble des parcelles de colza engagées avec Farmstar.
« Agro-Rendement », « PRECIFERT Azote » et « Bilan Colza by Abelio » utilisent également des images satellitaires. Ils reprennent en tout ou partie les équations et paramètres de calcul de dose à partir de la biomasse de la Réglette azote colza. De plus, Terres Inovia évalue chaque année la qualité du paramétrage du modèle utilisé pour l’estimation de la biomasse en entrée hiver et sortie hiver à partir des images satellitaires, sans validation individuelle de chacun des conseils spatialisés délivrés à la parcelle.
Les estimations de biomasse colza faites par satellite avec Spotifarm ont été validée par les experts de Terres Inovia.
Les méthodes par capteurs sur appareil piéton
A ce jour, deux applications smartphone, ImageIT (Yara France) et Crop-Analyser (Visio-Crop) ainsi que l’appareil N-Pilot (LAT Nitrogen), font l’objet d’un partenariat avec Terres Inovia.
Avec les applications smartphone la biomasse est estimée à partir de photographies classiques. L’appareil N-Pilot est doté de deux capteurs et mesure la réflectance du couvert végétal. Dans les deux cas, l'exploitation fait intervenir la prise en compte de la hauteur de végétation.
Avec le smartphone (application ImageIT) ou encore grâce à un appareil portatif (N-Pilot), la biomasse est estimée à partir de photographies dont l'exploitation (données numériques / réflectance du couvert végétal) est ajustée par la hauteur de végétation.
ImageIT : L’application smartphone ImageIT | Yara France analyse une photographie du couvert. La prise en compte de la hauteur du couvert végétal a permis d’élargir son champ d'application aux colzas bien développés allant jusqu'à 2 kg/m².
Crop-Analyser : L’application smartphone Crop-Analyser | Visio-Crop permet de réaliser des mesures à partir de quelques photos ou d’une vidéo « en avançant », ce qui permet de bien intégrer les hétérogénéités du couvert végétal.
Documents à télécharger
Fertilisation du colza : la carence en bore
Besoins de la culture pour un rendement de 35 q/ha
| Besoins totaux (g bore/ha) | Exportations (g bore/ha) | Restitutions (g bore/ha) |
| 370 | 70 | 300 |
L'association de plusieurs symptômes est nécessaire pour conclure à une carence en bore
- épaississement du pivot et du collet, et éventuellement moelle nécrosée dans la partie supérieure,
- régression et disparition des bourgeons terminaux ; départ très bas des ramifications ; port buissonnant,
- fentes longitudinales sur la tige en croissance active (stade D2) en "coups de rasoirs",
- pincement de la tige sous les boutons floraux de la hampe principale et des ramifications,
- siliques peu nombreuses, plus ou moins vides, souvent en crochet
1. Pivot épaissi et creux 2. Bloquage de la croissance des siliques
Risque de confusion
- Dégâts de gel entraînant la pourriture du bourgeon terminal
- Dégât de charançon du bourgeon terminal
- Eclatement de l'épiderme des tiges, lié à une croissance trop rapide au printemps
- Attaque de charançon de la tige entraînant une nécrose de la tige
- Carence en soufre et siliques vides
Des risques de carence surtout en sols sableux
La carence en bore reste rare. Cependant, il est important d'évaluer la disponibilité en bore à l’aide d’analyses de sols régulières dans quelques situations à risque : sol sableux, sol riche en calcaire actif (y compris chaulage l’année de la culture) et situation de sécheresse.
Normes de teneur des sols
Pour mesurer la teneur en bore, certains laboratoires appliquent la norme NF X31-122. Les valeurs qu'ils obtiennent par une extraction au CaCl2 chaud sont généralement plus faibles que celles mesurées avec la méthode d’extraction à l’eau chaude que Terres Inovia utilise pour établir ses références.
Ainsi, pour Terres Inovia, un sol qui contient 0,3 à 0,8 ppm de bore est en général bien pourvu hormis dans les situations argilo-calcaires où une valeur supérieure à 1,2 ppm serait souhaitable.
L'interprétation des analyses de sol faite par les laboratoires tient compte, par ailleurs, des interactions pH, pourcentage de sable, profondeur et conditions séchantes.
Normes de teneur des feuilles
Les teneurs optimales dans les limbes "adultes" de colza se situent entre 20 et 25 ppm au stade D1 de la culture.
Méthodes de correction
L’apport foliaire est à privilégier au printemps à la reprise de végétation. Il existe diverses formulations de bore présentant de bonnes efficacités.
Les applications au sol sont possibles dans les situations les plus à risques : sols sableux et automne froid et humide. Dans ce cas l’application d’automne devra être complétée par une seconde application au printemps.
Le bore convenant plutôt aux sols calcaires et le molybdène plutôt aux sols acides, il n'est pas pertinent d'avoir recours à un produit multi actions contenant à la fois du bore et du molybdène, dont le coût à l'hectare est plus élevé.
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