Itinéraires de désherbage mixte avec herse étrille
Les résultats de six essais à 3 répétitions menés en 2013 et 2014 près de Nancy, Dijon et Toulouse montrent que le tournesol peut prétendre aux interventions de herse étrille couplées à des traitements herbicides de pré ou postlevée à dose modulée.
Dans les conditions testées, deux passages de herse étrille réalisés précocement à 15 jours d’intervalle entre la prélevée et le stade B1-B2 ont amélioré de 20 points en moyenne l’efficacité du désherbage chimique associé.
Sans passage de herse étrille
Atic-Aqua et Challenge 600 ne sont pas homologués en postlevée ; cette modalité a été testée à titre exploratoire.
En l’absence d’intervention mécanique, les traitements Pulsar 40 1.25 et Express Sx 45 procurent les meilleurs résultats et les plus réguliers d’un site à l’autre. Légèrement en dessous figure la prélevée Challenge 1.5 + Atic Aqua 1.3 (résultats plus variables) et Pulsar 40 0.8 + Actirob. La double application à dose très réduite de Challenge + Atic Aqua en post levée du tournesol montre des efficacités très variables. L’efficacité de Express Sx décroche fortement dès lors que l’on diminue la dose.
Avec passage de herse étrille (2 interventions)
Atic-Aqua et Challenge 600 ne sont pas homologués en postlevée ; cette modalité a été testée à titre exploratoire.
Réalisés précocement (stades A2 à B1-B2), les passages de herse étrille ont procuré un gain de 20 points d’efficacité en moyenne, ce qui est considérable. Les résultats de désherbage démontrent que des économies d’herbicides sont tout à fait envisageables en tournesol dès lors que le bon usage de la herse étrille est respecté (conditions pédoclimatiques).
Sans le renfort par un herbicide, la herse étrille génère une qualité globale de désherbage moyenne et plutôt aléatoire.
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Tournesol (moy sur 6 essais) Efficacité (%) sur toute flore |
Sans HE | Avec HE | |
| Prélevée | Atic Aqua 1.3 + Challenge 1.5 | 63 | 84 |
| Postlevée précoce | 2 x (Atic Aqua 0.2 + Challenge 0.2) | 58 | 82 |
| Postlevée | Pulsar 40 1.25 | 69 | 90 |
| Pulsar 40 0.8 + Actirob 1.0 | 64 | 88 | |
| Express Sx 45g + Trend 90 0.1% | 69 | 86 | |
| Express Sx 30g + Trend 90 0.1% | 46 | 69 | |
| Aucun herbicide | 0 | 66 | |
Herse passée 2 à 3 fois entre prélevée et B1-2. Atic-Aqua et Challenge 600 ne sont pas homologués en postlevée ; cette modalité a été testée à titre exploratoire.
Les efficacités des herbicides seuls et de la herse étrille seule ne sont pas très satisfaisantes. C’est la combinaison chimique + mécanique qui est gagnante, à condition de pouvoir profiter d’au moins 2 créneaux de passage de herse entre les stades A2 et B1-B2.
Quel impact peut avoir le passage d’une herse étrille précoce (avant la levée) sur l’efficacité des herbicides de pré-levée ? Le comportement de ces produits racinaires est-il différent face à cette incorporation précoce ?
Cette interrogation trouve particulièrement sa place dans un contexte de printemps sec où les herbicides sont régulièrement mis en difficulté par des conditions printanières sèches .
En 2017 et 2018, Terres Inovia et la CA11, en collaboration avec l’ACTA et le Lycée Agricole d’Auzeville, mettent alors en place des démonstrations chez des agriculteurs d’un groupe DEPHY audois.
Plusieurs matières actives différentes sont comparées, associées ou non à un passage de herse étrille à l’aveugle quelques jours après le semis. Le contexte de flore est dit « classique » (panic faux millet, sétaire verte, morelle noire, ray-grass…).
D’après les résultats de ces démonstrations nous amènent à formuler l’hypothèse que la solubilité du produit serait un critère discriminant pour justifier ou non de son incorporation à la herse étrille. En effet, il ne faut pas casser le film formé sur le sol par les herbicides comme le Challenge, afin d’avoir une rémanence permettant de lutter contre des levées d’adventices étalées dans le temps. En revanche, avec des herbicides de type pendiméthaline par exemple, la herse étrille, outre son effet direct sur les jeunes adventices, permet de renforcer l’efficacité du désherbage chimique. Dans ces situations, les stratégies avec incorporation précoce du produit, pour peu que celui-ci soit compatible, montrent une certaine robustesse.
Dans ce dernier cas, l’association d’un herbicide (adapté à la flore) de prélevée en dose réduite (dose programme) à un passage de herse étrille à l’aveugle, puis complété par un binage montre un intérêt économique. En effet, cette stratégie engendre un coût d’environ 68€/ha contre 80 à 100€/ha pour un programme de désherbage chimique complet en pré-levée (exemple : MERCANTOR puis RACER).
Démarche à retenir pour associer désherbage mécanique et chimique en pré-levée du tournesolEtape 1 : Bien connaître la flore adventice de la parcelle Etape 2 : Choisir le produit adapté à cette flore pour sécuriser son désherbage (raisonner à la parcelle ou à l’îlot) Etape 3 : Prendre en compte le comportement de cet herbicide à l’incorporation pour définir un programme mixte adéquat |
Pour en savoir plus sur la lutte mécanique en tournesol et avec herse étrille ou houe rotative.
Documents à télécharger
Désherbage du tournesol: privilégier les méthodes de lutte agronomique
Gérer les mauvaises herbes avant le semis
- Une des clés de la réussite réside dans la mise en oeuvre de méthodes préventives qui faciliteront la maîtrise des adventices en culture.
- Si possible, la combinaison de plusieurs techniques de lutte pour limiter la pression des adventices doit être privilégiée.
| Espèces | Rotation diversifiée | Déchaumages/ déstockage d'été | Faux-semis (avant semis de culture suivante) | Décalage de la date de semis (sauf colza) | Labour occasionnel |
| Panic pied de coq | |||||
| Sétaires | |||||
| Digitaire sanguine | |||||
| Amarante réfléchie et A. hybride | |||||
| Ambroisie à feuille d'armoise | |||||
| Chénopode | |||||
| Datura stramoine | |||||
| Mercuriale annuelle | |||||
| Stellaire intermédiaire | |||||
| Tournesol sauvage | |||||
| Vergerette | |||||
| Xanthium (lampourde à gros fruits) |
| Bonne efficacité | |
| Efficacité moyenne ou irrégulière | |
| Efficacité insuffisante ou très aléatoire | |
| Efficacité nulle ou technique non pertinente |
Diversifier les rotations
La rotation de cultures diversifiées sur une même parcelle constitue un des leviers agronomiques les plus efficaces dans le cadre d’une gestion à long terme des adventices. En effet, chaque créneau de date de semis est favorable à des adventices dont les levées préférentielles coïncident avec celles des cultures (exemple : vulpin et blé d’hiver, géraniums et colza, sanve et pois de printemps, morelle et tournesol, etc).
Morelle noire
Varier les successions culturales dans les rotations permet d'empêcher ou de perturber la germination et la croissance des adventices.
Les différentes pratiques associées à chaque culture (labour/non labour, préparation du lit de semences, dates et techniques de semis) concourent à la diversité des pratiques culturales qui agissent sur le stock semencier.
Eviter les rotations courtes (tournesol-blé, colza-blé, colza-blé-orge, par exemple) qui aboutissent à la prédominance d’espèces spécialisées, calées sur les cycles culturaux. Par exemple, en rotation tournesol-blé, les ray-grass, ammi majus, datura, xanthium, ambroisie ou encore les chardons et les liserons seront favorisés par un retour fréquent du tournesol dans la même parcelle.
Ammi majus
Profiter des différentes familles chimiques disponibles : par exemple contrôler le chardon dans les céréales ou durant l’interculture limite le problème dans le tournesol ou le soja. Inversement, pour combattre les graminées difficiles à détruire dans les céréales (ex : ray-grass), on pourra s’appuyer sur la gamme anti-graminées qu’offrent les oléagineux et le tournesol en particulier.
Travailler le sol en interculture
En interagissant avec les conditions pédoclimatiques, les travaux du sol ont des effets importants sur l’évolution de la flore adventice dans les systèmes de culture.
- effets directs en interculture par l'élimination des plantes annuelles présentes après la récolte ou par le sectionnement des rhizomes de vivaces,
- effets indirects sur le stock semencier présent dans les premiers horizons du sol : en enfouissant ou en remontant des graines, en levant des dormances ou en mettant en dormance des graines, etc.
Le labour permet de « tamponner » les évolutions de flore : s’il n’est pas trop dressé, il enfouit une grande majorité du stock semencier superficiel, et remonte les graines jusqu’alors incapables de germer car trop profondes. Il élimine, par la même occasion les adventices levées. Les graines en profondeur perdent leur viabilité au cours du temps (les graminées beaucoup plus rapidement que les dicotylédones).
Attention, sur l’intégralité de la rotation, ne labourer que tous les 3-4 ans, afin d’éviter le mélange des horizons et l’homogénéisation de la répartition du stock de semences. Labourer en terre ressuyée à 15-20 cm de profondeur et utiliser des rasettes pour un meilleur retournement du sol.
Le déchaumage doit être réalisé avant la grenaison des adventices, le plus souvent dans la foulée de la récolte. Il peut stimuler la levée groupée de certaines espèces à la faveur d’un temps humide et doux. On obtient alors le résultat recherché par la technique du faux-semis (réaliser alors un travail superficiel rappuyé). Pour détruire des adventices à des stades avancés, privilégier les déchaumeurs à socs larges et plats (type Horsch Terrano) ou les cultivateurs à dents rigides (type Lemken Smaragd).
Le faux-semis consiste à préparer un lit de semences fin et rappuyé très tôt avant le « vrai » semis du tournesol. Il s'avère efficace pour limiter en amont l'enherbement du tournesol s'il est réalisé assez tôt avant le semis (ex mi-mars). Le sol ne doit pas être travaillé par la suite (ou superficiellement) pour ne pas remettre des graines en germination. Pour détruire les adventices levées, il est préférable d’utiliser un herbicide total en présemis ou postsemis - prélevée du tournesol. Une façon superficielle risquerait d’assécher le sol en surface. Le faux semis couplé à un report de date de semis (fin avril) apporte un intérêt tout particulier dans la lutte contre des espèces annuelles capables de germer tôt dans le tournesol : renouée liseron, ammi élevé, ambroisie, tournesol sauvage et xanthium par exemple.
Principe du faux-semis avant tournesol :
Pour réussir les faux-semis : après la reprise du labour, dès les premiers signes de réchauffement, faites une première préparation superficielle du sol avec un outil à dents (vibroculteur, herse plate, herse de déchaumage ou herse étrille), à une profondeur ne dépassant pas 5 cm, sur sol ressuyé et avant une petite pluie. Compléter par un rappuyage. Dès que le sol reverdit, renouveler l’opération si possible, et ce à des profondeurs décroissantes pour ne pas remonter de graines en surface (on peut terminer les préparations du sol à la herse étrille par exemple).
En sol argileux, une préparation précoce est nécessaire. En sol limoneux, les façons printanières suffisent.
Et qu’en est-il des couverts ?
L’implantation de couverts en interculture longue est fréquente et dans certaines conditions elle peut s’avérer intéressante sur les adventices. En effet, des résultats d’essai ont montré qu’un couvert bien développé qui produit une forte biomasse a un effet directement visible sur le niveau d’infestation des adventices en comparaison avec un sol nu. La gestion des adventices avant semis du tournesol s’en retrouve donc facilitée, car le niveau d’infestation est plus faible dans le couvert volumineux.
Des outils pour vous faciliter la reconnaissance et la gestion
Pour gérer la résistance aux herbicides |
Désherbage du colza : attention à la phytotoxicité et au manque de sélectivité
Le colza peut présenter des symptômes suite à l'application de certains produits ou à un mauvais rinçage de cuve après un traitement sur céréales :
- Produits à base de clomazone
- Produits à base de dimétachlore, métazachlore et dmta-P à pleine dose
- Mauvais rinçage de la cuve
Produits à base de clomazone
1. Symptômes sur cotylédons - 2. Symptômes sur feuille
La clomazone, matière active intéressante sur colza, peut, dans certaines conditions, conduire à l'apparition de symptômes de phytotoxicité se traduisant à l'automne par un blanchiment de feuilles, plus rarement de plantes entières. Dans la très grande majorité des situations, les symptômes ne sont que passagers et sans incidence sur le devenir de la culture.
Parmi les facteurs susceptibles d'accroître le risque de phytotoxicité, on peut citer :
- des précipitations marquées dans les 2-3 semaines suivant le semis, surtout si elles s'accompagnent d'un temps frais peu poussant,
- des sols filtrants ou "froids",
- des semis tardifs : dans ce cas, limiter la dose de clomazone, voire éviter d'utiliser cette molécule,
- une certaine sensibilité variétale,
- des phytotoxicités résultant de l'application tardive de certaines sulfonylurées sur le précédent céréale.
Produits à base de dimétachlore, métazachlore et dmta-P à pleine dose
1. Manque de sélectivité de chloroacétamide à dose pleine suite à un abat d'eau - 2. Déformation de feuilles
Des produits tels que ButisanS (Sultan , etc..), Novall, Springbok, ou l'association Springbok + Novall peuvent manquer de sélectivité à dose pleine. Les symptômes (du stade cotylédons à 1-2 feuilles), peu fréquents, se manifestent à l’occasion de pluies importantes sur des sols filtrants. Les plantules perdent toute leur vigueur, elles sont vert foncé et anthocyanées. Des nécroses de radicelles voire de l’hypocotyle sont visibles (symptômes type « fonte de semis). A l’exception de très rares cas de disparition de plantes, les symptômes disparaissent rapidement. Quelques déformations de feuilles (stade 2-4 feuilles) ont été observées avec Springbok, sans incidence.
Parmi les facteurs susceptibles d'accroître le risque de phytotoxicité, on peut citer :
- des précipitations marquées dans les 2-3 semaines suivant le semis ;
- des sols filtrants ou "froids" ;
- des semis tardifs.
En situation de sol filtrant (sables, limons), limiter la dose (Sultan 1,5 l/ha, etc…) ou fractionner l’application (ex : Novall 1,5 en prélevée, 1 l/ha en postlevée précoce).
Nettoyer sa cuve est indispensable entre les traitements céréales et colza
Avant une intervention sur colza suivant un désherbage sur céréales, le pulvérisateur doit être soigneusement nettoyé.
L'usage de l'eau seule pour nettoyer la cuve après traitement est très insuffisant pour les sulfonylurées à l'exception des produits à formulation SX (DuPont Solutions) employés seuls, sans mélange. Les produits ont en effet la capacité de se fixer sur les parois et les tuyauteries. Ils seront remis en solution lors de l'usage du pulvérisateur pour les interventions sur colza avec des produits de type antigraminées foliaires ou insecticides (formulation avec solvant). Utiliser un nettoyant pour pulvérisateur est donc indispensable pour un nettoyage efficace. Pour choisir le produit, se conformer aux conseils des firmes sur l'étiquette du produit. Par exemple, Végénet et All Clear® Extra sont conseillés par les firmes DuPont et Bayer CropScience.
Symptômes constatés sur colza
Un mauvais rinçage après l'application de sulfonylurées sur céréales peut provoquer :
- un tassement et une réduction importante de la biomasse
- des avortements des siliques ou des altérations
- un allongement de la floraison ou une refloraison
- une récupération limitée
- une tige très raide et cassante
L'incidence sur le rendement de tels phénomènes est importante, allant dans les cas les plus graves jusqu'à la destruction de la culture.
Il existe d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes et il est important de se renseigner sur ces leviers agronomiques de gestion des dicotylédones en colza.
Colza : lutter contre les géraniums
Reconnaître les géraniums
Identifier les différentes espèces de géraniums par l'observation de leur tige et de leurs feuilles.
Une compétition importante et durable
De nombreuses parcelles de colza sont affectées par les géraniums.
Ils sont favorisés par des rotations courtes (colza/céréales), le non-labour et les rotations à base uniquement de cultures d'hiver. Leur nuisibilité peut être précoce en cas de fortes infestations, puis plus tardive par leur capacité à se développer dans le colza au printemps. Ils sont d’autant plus problématiques que les levées du colza sont lentes et leur population importante (sols de rendzines ou argilo-calcaires superficiels).
Dans les situations de conduites sans labour, les colzas ont souvent des croissances plus lentes et peuvent avoir du mal à jouer leur rôle d’étouffement qui contribue à limiter la compétition par les mauvaises herbes.
Des adventices de plus en plus problématiques
Les géraniums se retrouvent dans les situations critiques de rotations courtes du Centre, de l’Est, de Poitou-Charentes et de quelques secteurs du Sud-Ouest. Ils sont présents lorsque le colza est la tête de rotation quasi unique, surtout en technique sans labour.
Le géranium disséqué est abondant dans toutes les régions et est assez indifférent au pH du sol. Il se rencontre dans la plupart des cultures.
Le géranium mou, moins abondant, est assez commun sur toutes les cultures.
Les autres géraniums (tiges grêles et feuilles rondes) montrent une prédilection pour les rendzines mais se rencontrent également sur tous les sols avec des pH neutres.
Effets des techniques agronomiques sur les infestations de géraniums
La rotation
Les géraniums sont capables de lever toute l'année mais ils ont des préférences nettes entre septembre et février. C’est pourquoi, l'introduction de cultures de printemps dans la rotation limite les levées, épuise les graines en profondeur et laisse plus de souplesse pour désherber chimiquement.
Les faux-semis d’interculture
Dans une rotation colza-blé-orge sans labour (situation fréquente dans les grands bassins céréaliers), les faux-semis peuvent doper significativement les levées de géraniums en interculture et sont très fructueux dans l’interculture colza-blé. Les passages d’outils positionnés fin août - début septembre sont les plus efficaces pour déstocker car ils coïncident avec l’époque de levée privilégiée de ces adventices.
Dans une expérimentation pluriannuelle menée dans le Berry, les résultats d’efficacité du faux-semis contre les géraniums ont dénoté un fort effet précédent colza. Les chances de stimuler la germination des graines non-dormantes de géraniums derrière un colza sont plus élevées que derrière des céréales. La réduction du stock grainier est donc davantage à privilégier entre le colza et le blé qui suit. Avant céréales, l'interculture présente des opportunités pour lutter contre les géraniums.
Nombre de géraniums (moyennes de plantes/m²) observés juste avant implantation des 3 cultures de la rotation colza-blé-orge, consécutivement ou non à un faux-semis
Levées de géraniums (stade cotylédons) dans des repousses de colza en interculture colza-blé
Un autre essai dans l’Indre en 2015 dans l’interculture colza-blé avec différentes dates de faux-semis (fin août, mi-septembre et fin septembre) après un déchaumage de post-récolte ou non montre qu’en présence de repousses de colza et de géranium, l’absence de tout travail du sol à cette période permet de maximiser les levées mais qu’un faux-semis fait tout de même lever beaucoup de géraniums alors qu’il réduit fortement les levées de repousses de colza.
Enfin, il ne faut pas oublier que la réussite des faux-semis est fortement conditionnée à la météo estivale, la date des interventions de travail du sol, leur profondeur ainsi que l’outil utilisé pour les réaliser.
Le semis direct du colza
La profondeur de déchaumage et le type de semis impactent les levées ultérieures de géraniums en colza. Le travail profond en août est susceptible de remonter des graines en surface. L’absence de travail du sol ou le travail superficiel en août limiteront le potentiel d’infestation dans le colza.
Comptage des géraniums dans le colza (notation en entrée hiver) en fonction de l'itinéraire d'implantation
Semer le colza sans travail du sol préalable et avec un semoir de semis direct diminue les levées de géranium de 85 à 95% ensuite dans la culture.
Pour réussir le semis direct du colza, aucun travail du sol ne doit être fait avant et un semoir à disques doit être utilisé avec une vitesse inférieure à 7km/h pour limiter le flux de terre (et donc réduire les risques de stimuler de nouvelles germinations d’adventices). Les chasse-débris sont indispensables pour « nettoyer » la ligne de semis et ainsi éviter le pincement des pailles dans le sillon qui gêne la germination des graines. Les disques limitent le flux de terre, évitant ainsi de provoquer de nouvelles levées d’adventices.
Semis direct de colza
Un sol bien structuré sur l’horizon 0-20 cm est nécessaire pour bien réussir son semis direct et pour permettre un bon enracinement du colza. Le semis direct en colza nécessite donc de l’anticipation et une attention particulière pour éviter les tassements.
Désherbage mécanique
Les passages aux bons moments de herse étrille, houe rotative et bineuse seront d'une grande utilité pour le désherbage, y compris en cas d'infestations massives.
Désherbage chimique
Efficacité des programmes
Les produits de prélevée peuvent se montrer insuffisants sur cette flore difficile. Les efficacités des produits et des programmes classiques sont données dans ce tableau :
ALABAMA et SPRINGBOK sont les meilleurs produits de prélevée contre les géraniums, à condition de rester à 2.5 l/ha. Mais en forte pression, un programme à base de napropamide (COLZAMID) à 1.5 l/ha en présemis incorporé (incorporation légère sur 2-3 cm) reste la solution la plus régulière en efficacité.
Exemple : COLZAMID 1.5 l/ha + AXTER 1.5 l/ha ou mieux encore, COLZAMID 1.5 l/ha puis SPRINGBOK 2 l/ha.
Les programmes avec prélevée suivi de post-levée avec IELO
IELO présente une action contre les géraniums que l’on valorise dans un programme avec prélevée. Le résultat final est plutôt innovant et nettement supérieur aux références de type ALABAMA ou même COLZAMID puis AXTER. Les efficacités contre géranium disséqué, géranium à feuille ronde et géranium mou sont supérieures à celle obtenue sur géranium à tige grêle.
Des programmes de type AXTER 1,5 l/ha puis IELO 1,5 l/ha sont plus efficaces qu’une application de prélevée seule type ALABAMA. Le meilleur programme, en particulier sur géranium à tige grêle, combine ALABAMA 2 l/ha puis IELO 1.5 l/ha. Attention, IELO n’est pas efficace sur le gaillet. Prendre en compte cette flore dans le choix du produit de prélevée.
Tout en post-levée
Selon la pression, un MOZZAR à 0,25 l/ha ou MOZZAR 0,25 puis IELO 1,5 l/ha ou MOZZAR 0,25 puis MOZZAR 0,25 seront efficaces.
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Méthodes de désherbage durable des oléoprotéagineux
Dans un contexte de réduction de l’utilisation des herbicides et de progression des phénomènes de résistance, la gestion des adventices doit se réfléchir à l’échelle de la rotation en intégrant les leviers agronomiques, en raisonnant les interventions chimiques et en introduisant des techniques complémentaires comme le désherbage mixte et mécanique.
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Les clés de la conduite du tournesol en double culture (dérobé)
L'introduction d'une culture "dérobée" après une culture d'hiver est une pratique qui reste peu fréquente mais pratiquée de façon régulière et avec succès par des agriculteurs du Sud de la France disposant de l’irrigation.
Selon l'état du marché et l’opportunité laissée par le climat de l’année, elle offre un revenu complémentaire tout en assurant une couverture en interculture. Informez-vous du règlement de la Directive Nitrates en vigueur dans un département.
La réalisation d'un cycle normal de culture exige une somme de températures de 1570°C (base 6°C). En double culture, pour les mêmes variétés, les sommes requises sont plus faibles (de 1300°C à 1400°C). De ce fait, les Charentes et le sud des Deux-Sèvres, mais surtout le Sud-Ouest, la bordure méditerranéenne et la vallée du Rhône sont des aires potentielles pour essayer le tournesol en double culture. En revanche, cette pratique du dérobé n'est envisageable que si la parcelle est irriguée.
Choisir des variétés adaptées au dérobé et anticiper les commandes
La récolte du tournesol et l’implantation de la culture suivante seront sécurisées si le semis est réalisé dès la récolte du précédent et avant début juillet. Les frais de séchage seront également réduits.
Pour le dérobé, le premier critère de choix de la variété est la précocité : semer des variétés classées très précoces (TP) ou précoces (P), à charnière "précoces-très précoces" par les semenciers.
Au vu de la période de récolte, éviter les variétés sensibles au sclérotinia du capitule.
Concernant les autres maladies, choisir des variétés résistantes, très peu sensibles ou peu sensibles au phomopsis pour assurer une sécurité sanitaire minimale. Par ailleurs, raisonner le profil mildiou, la tolérance au verticillium et à l’orobanche cumana, en fonction de la parcelle et du secteur géographique.
Quelques recommandations :
|
Semer au plus vite ! Avancer d’un jour le semis, c’est gagner 4 jours à la récolte
La préparation de semis doit être soignée mais limitée à 2 passages (semis compris) : préparer le sol sitôt la récolte du précédent, dans un minimum de temps. Une semaine gagnée au semis, c'est 4 semaines gagnées sur la date de récolte, qui devra également se faire tôt (voir ci-dessous). La levée sera sécurisée par l’irrigation si besoin.
Dans le Sud-Ouest et le sud de Rhône-Alpes, seuls les précédents récoltés tôt (ail, orge, pois et colza) permettent de réussir un tournesol en double culture.
En Poitou-Charentes, on visera des implantations derrière l'orge d'hiver, le pois ou le ray grass.
Cas de l’orge : l’implantation est plus aisée si les pailles sont exportées. Si elles sont restituées, le broyage avec éparpillage des pailles sur la moissonneuse-batteuse est incontournable.
Semer tôt, avec une densité de 65 à 70 000 graines/ha
| Charentes et Sud Deux-Sèvres |
Sud-Ouest et Sud Rhône-Alpes |
Bordure méditerranéenne | |
| Semis conseillés jusqu'au | |||
| Variété précoce | 20 juin | 25 juin | |
| Variété très précoce | 25 juin | 1er juillet | |
| Semis possibles jusqu'au | |||
| Variété précoce | 25 juin | 1er juillet | 5 juillet |
| Variété très précoce | 1er juillet | 5 juillet | 10 juillet |
Raisonner le désherbage selon le précédent : contrôler les repousses à risque
- Précédent orge (particulièrement bien adapté à la double culture du tournesol) : le désherbage des repousses est incontournable en rattrapage ou en prélevée.
- Précédent pois : le binage reste la meilleure solution pour contrôler les repousses.
Irriguer, un gage essentiel de réussite
La levée doit pouvoir être sécurisée par un tour d’eau dès qu’il ne pleut pas significativement (15 mm) dans les trois jours suivant le semis.
Par la suite, raisonner l’irrigation comme pour un tournesol en culture principale, cultivé sur sol superficiel et avec une faible croissance avant floraison.
Un tour d’eau est le plus souvent nécessaire juste avant début floraison.
Une conduite "type" en double culture nécessite, en général, 2 à 3 tours d’eau de 30 à 40 mm chacun dans le Sud-ouest et 2 à 4 tours d’eau en bordure méditerranéenne (hors irrigation pour la levée).
Fertilisation : vigilance sur le risque de carence en bore
- Bore : en sol argilo-calcaire le risque de carence est accru en dérobé, surtout en cas de coup de chaud avant floraison. Un apport de bore en végétation est conseillé dans la majorité des situations.
- Azote : l’apport d’azote est inutile derrière pois ou ail. Derrière une orge d'hiver à fort rendement (plus de 75 q/ha), un apport de 30 à 40 unités avant un tour d’eau prévu ou une pluie annoncée sera valorisé.
Récolter au plus tôt
A partir de la mi-octobre, n’attendez plus : récoltez à partir de 18 % d’humidité dans de bonnes conditions (sol bien ressuyé). En effet, les derniers points d’humidité sont alors très longs, voire impossibles à gagner, et il existe un risque de développement de maladies secondaires sur capitules (botrytis). Attendre des teneurs inférieures à 12 % risque de compromettre la qualité d’implantation de la culture suivante (tassement des sols, implantation retardée).
Il n'existe aucune homologation pour un usage de défanant.
Quelques éléments économiques
Marges brutes indicatives d'un tournesol en double culture selon différents contextes de prix de la graine
La comparaison complète des marges doit être réalisée sur la rotation complète (exemple : orge/tournesol en double culture/pois comparé à orge/pois). Les marges brutes indicatives ci-dessous concernent uniquement le tournesol en double culture, donc le supplément de marge dans la rotation qui est compris entre +300 et +500 €/ha, le plus souvent proche de + 400 €/ha.
| Poste | €/ha |
| Variété | 100 |
| Désherbage | 90 |
| Irrigation | 105* (*base 70 mm à 0,15€/m³) |
| Fertilisation boratée | 10 |
| Séchage | 35 |
| Charges opérationnelles | 340 |
| Rendement indicatif (q/ha) | 21 |
| Prix de la graine (€/t) | Marge brute indicative (€/ha) |
| 300 | 290 |
| 350 | 395 |
| 400 | 500 |
| 450 | 605 |
| 500 | 710 |
Le prix moyen de vente de la graine de tournesol de 2006 à 2016 est de 340 €/t (Terres Inovia, données CN CER France)
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