08,10,51,52,54,55,57,88,67,68,77

Graminées dans le colza : adopter la bonne stratégie

La pression des graminées augmente dans le colza, le ray-grass et le vulpin deviennent des cibles prioritaires. Leur gestion durable passe par l’activation et la combinaison de leviers agronomiques à l’échelle de la rotation. Un labour opportuniste, la réalisation de faux semis et l’alternance des dates de semis avec des cultures de printemps et d’hiver permettent de réduire la pression des graminées hivernales.

Vulpin dans colza - Crédit photo : L. Jung

En cas de fortes pressions, une application d’herbicide en prélevée devient incontournable. Elle permet de :

  • Maîtriser les populations d’adventices ;
  • Limiter la concurrence précoce des graminées et préserver le potentiel d’un colza robuste ;
  • Patienter pour réaliser l’application de propyzamide dans des conditions météorologiques adéquates ;

L’application de napropamide à 900 g/ha en présemis incorporé (COLZAMID) ou l’application de métazachlore à 750 g/ha restent les références. Dans les situations où le métazachlore est soumis à une restriction d’application une année sur trois, la dose maximale autorisée diminue à 500 g/ha. Dans ces cas, le renforcement de la dose réduite en associant du dmta-P, du dimétachlore ou encore de la napropamide assure un niveau d’efficacité comparable à la pleine dose de métazachlore. Pour ces applications, l’effet des conditions d’application, en particulier la pluviométrie, domine largement sur l’effet dose. En présence de fortes pressions de ray-grass, dans la mesure du possible, l’application doit être positionnée juste après une pluie avant la levée du colza et des ray-grass. L’application en postlevée précoce présente des failles et est à proscrire. A contrario, en cas de fortes pressions vulpin, un repositionnement de l’application en postlevée précoce est possible et présente des gains d’efficacité de 20 à 30%.

 

Graphique 1 : Gradient d’efficacité et de régularité des solutions herbicides contre le ray-grass et le vulpin.

 

 

Maintenir des bonnes conditions d’efficacité de la propyzamide

L’application en postlevée de propyzamide (KERB FLO, IELO, etc.) reste un élément majeur dans la gestion des graminées et assure, dans la plupart des cas, une efficacité finale supérieure à 90%. Pour optimiser l’efficacité de la substance active, l’application doit être réalisée sur un sol humide et frais (température du sol inférieure à 10-12°C) de novembre à décembre au plus tard. Enfin, il est préférable d’éviter les applications avant des précipitations importantes pour limiter l’impact sur la qualité de l’eau. 

 

Gestion des dicotylédones : adapter les programmes à la flore observée

L’application d’un herbicide de prélevée, selon les molécules choisies et la flore présente, assure un contrôle partiel à quasi-total. La majorité des dicotylédones peuvent toutefois être contrôlées en postlevée. L’action foliaire des herbicides est plus régulière et l’observation de la flore adventice permet de mieux adapter son programme et son coût à la flore adventice réellement présente. L’application pivot de MOZZAR à 0.25 l/ha, à 4 feuilles, dès le 1er octobre, assure une efficacité régulière sur un large spectre de dicotylédones. Si besoin, le programme peut être complété par une deuxième application de MOZZAR à 0.25 l/ha ou de IELO, FOX, CALLISTO ou ATIC-AQUA en fonction des espèces visées.

L’intégralité des programmes herbicides détaillés est disponible sur le site de Terres Inovia : Les stratégies herbicides pour le colza

 

Stratégies herbicides en fonction de la flore problématique
Flore problématiquePrésemis/prélevéePostlevéeCoût (€ HT/ha)
Forte pression graminées (ray-grass/ vulpin)Napropamide incorporé 900 gKERB FLO 1,875 l/ha90-95
Métazachlore 750 gKERB FLO 1,875 l/ha100
Faible pression dicotylédones MOZZAR 0.25 l/ha37-38

Forte pression dicotylédones
Métazachlore, COLZOR TRIO, ALABAMA, SPRINGBOK, …MOZZAR 0.25 l/ha 82-126
MOZZAR 0.25 l/ha + (MOZZAR 0.25 l/ha ou IELO 1.5 l/ha ou FOX 1 l/ha ou CALLISTO 0.15 l/ha ou ATIC-AQUA 1-2 l/ha)
125-192

Les coûts sont indicatifs et exprimés en euros hors taxes par hectare.

Préparation de campagne Implantation Maturité/récolte Bourgogne-Franche-Comté Grand Est Hauts-de-France Lorraine, Alsace et Haute-Marne Désherbage Colza Victor Fleury (v.fleury@terresinovia.fr)

Préparer la campagne colza : réussir son implantation pour obtenir un colza robuste

L’implantation du colza conditionne la robustesse de ce dernier vis-à-vis des agresseurs et des aléas climatiques. Pour cela, des pratiques clés sont à privilégier afin d’obtenir une levée précoce, une croissance continue au cours de l’automne et une reprise dynamique en sortie d’hiver.

Crédit photo : L. Jung

Plusieurs leviers peuvent être actionnés pour obtenir un colza robuste et atteindre ses états clés : atteindre le stade 4 feuilles avant l’arrivée des altises adultes, une biomasse de 1,5 kg/m² et de 45 g/plante en entrée hiver ainsi qu’un pivot d’au moins 15 cm à cette même période le tout en maximisant l’alimentation de la culture au cours de l’automne pour éviter les faims d’azote.

 

Limiter l’assèchement du sol et permettre un bon enracinement du pivot

La réussite de l’implantation du colza repose sur des observations simples et des pratiques optimisées, en particulier avec les conditions humides rencontrées lors des semis des précédents culturaux en 2024. En effet, il est nécessaire d’identifier les problématiques de structure de sol dès le printemps pour optimiser le travail du sol à réaliser au cours de l’interculture. Le choix d’un précédent avec peu de résidus, libérant les sols précocement et pouvant restituer de l’azote pour le colza sera un plus pour la culture.  

Lire aussi : L’implantation du colza commence dès maintenant !

 

Être prêt à semer tôt

La précocité du semis est à adapter en fonction de sa zone géographique, de la disponibilité d’azote des sols mais également de la disponibilité du matériel, des semences et de la main d’œuvre. Une fois les plages de semis identifiées (voir carte), le déclenchement du semis se fera avant un épisode de pluie. Il est préférable de semer dans un sol sec et d’attendre une pluie d’idéalement 7 à 10mm que d’assécher le sol lors d’un semis après une pluie. La réactivité est donc indispensable pour positionner son semis au plus proche des précipitations. 

Pour aider dans la prise de décision, un outil de prévision probabiliste du cumul des précipitations est à retrouver ici.

 

Un semis homogène sans surdensité

Pour éviter l’apparition de pieds chétifs, il est essentiel de limiter les surdensités en visant un peuplement levé compris entre 20 et 35 plantes/m². 

Afin de minimiser les pertes à la levée et d’obtenir une densité de colza proche de celle semée, deux éléments sont à prendre en compte : le type de semoir utilisé avec un avantage au semoir monograine, grâce à une levée plus homogène, rapide et une meilleure répartition des plants que les semoirs à céréales ou directs ; la nature du sol ainsi que son niveau de risque lié aux limaces. 

Lire aussi : Densité de semis : éviter les surdensités

 

Une croissance continue au cours de l’automne

Pour soutenir la nutrition et la croissance du colza, plusieurs leviers peuvent être mis en place : l’association avec des plantes compagnes, le précédent légumineuse à graine ou encore l’apport d’engrais organiques ou minéraux. 

Lire aussi : Plantes compagnes colza : une association de bienfaiteurs !

Idéalement, l’utilisation de produits résiduels organiques (PRO) permet un apport progressif et continu en éléments nutritifs, soutenant ainsi la croissance du colza tout au long de l’automne. Cependant, en l’absence de PRO disponibles, un apport d’azote minéral au moment du semis reste possible, à condition de respecter la réglementation en vigueur (pas d’apport d’engrais azoté minéral après le 31 août).

 

Ne pas oublier la fertilisation phosphatée

Le colza est l’une des espèces de grandes cultures les plus exigeantes en phosphore. Cela signifie que son rendement est très affecté en cas de carence. Le phosphore est en particulier impliqué dans la mise en place du système racinaire. Il est donc indispensable dès la mise en place de la culture même si la phase de plus forte absorption se situe au printemps. La fertilisation phosphatée doit donc de préférence être réalisée au semis, en particulier dans les situations les plus carencées.

 

Préparation de campagne Implantation Maturité/récolte Hauts-de-France Grand Est Implantation Préparation du sol Colza Nicolas Latraye (n.latraye@terresinovia.fr)

Vérifier la nodulation des sojas au début de la floraison

En bonnes conditions d’inoculation et de semis, les nodosités apparaissent environ un mois après la levée. Un nombre de nodosités de l’ordre de 10 au début floraison est un bon indicateur de réussite.

Floraison Grand Est Inoculation Soja Mathieu DULOT (m.dulot@terresinovia.fr)

EGES - Bilan énergie et gaz à effet de serre

ARVALIS-Institut du végétal, Terres Inovia et l'ITB vous proposent l'outil EGES® pour évaluer les performances énergie et effet de serre de vos rotations.

A partir de la saisie de votre itinéraire technique, l'outil calcule les bilans suivants :

  • Émissions de gaz à effet de serre par poste et par opération culturale
  • Solde énergétique : énergie produite et consommée sur la rotation

EGES® vous apporte aussi des éléments de comparaison :

  • Comparaison possible avec des références ou entre différentes rotations
  • Plusieurs unités pour changer de points de vue

 

Une méthodologie validée par les instituts techniques

  • EGES® se base sur la méthode d’Analyse de Cycle de Vie (ACV) intègrant :
  • les impacts directs de la conduite des cultures,
  • les impacts liés à la production des intrants et des énergies finales (gazole, électricité, gaz, etc.) mobilisés.

Pour se faire, EGES® s’appuie sur des références récentes et adaptées au contexte de production agricole français.

Suite au Grenelle de l’environnement, la France veut concilier développement économique, réduction des émissions de gaz à effet de serre et économie d’énergie.

Bien qu’elle consomme à peine plus de 4 % de l’énergie nationale (source : ADEME), l’agriculture a un rôle important à jouer !

Oui Effet de serre de la rotation Gérer son système de culture Utiliser l'outil Gratuit

N-Pilot (Boréalis LAT)

L’utilisation du N-Pilot® sur la culture du colza vous permet d’estimer la biomasse sortie hiver par une simple mesure dans la parcelle.

Grâce au N-Pilot® proposé par Borealis L.A.T, il n’est plus nécessaire de faire une pesée manuelle de la biomasse. Développé en collaboration avec Terres Inovia pour la culture du colza, l’outil intègre la Réglette azote colza® permettant un conseil direct de dose totale en sortie hiver.

En mesurant la réflectance du couvert végétal ajusté par la hauteur de végétation, le N-Pilot® détermine avec précision la biomasse réelle de vos colzas.

Une mesure du N-Pilot® se réalise en 20 secondes tout en se déplaçant dans la parcelle. L’utilisation possède l’autonomie d’effectuer autant de mesures que nécessaires dans la parcelle.  

L'outil a été validé sur 94 essais du réseau Terres Inovia, avec un très bon niveau de précision et de fiabilité.

Oui Estimation de biomasse Fertilisation Colza Utiliser l'outil Gratuit

R-sim - Risque de résistance

Un simulateur pour évaluer le risque d'apparition de résistances selon ses pratiques herbicides.

Terres Inovia, ARVALIS-Institut du végétal, l’ITB et l'ACTA proposent l'outil en ligne R-sim, qui permet d'évaluer le risque d'apparition d'adventices résistantes selon les pratiques herbicides envisagées sur la parcelle.

 

Mode d'emploi

Après avoir choisi une rotation parmi les 9 proposées, et  une à trois adventices présentes dans la parcelle, l'utilisateur saisit les pratiques herbicides pour chaque culture et quelques données de pratiques agronomiques.

En résultat R-sim fournit un niveau de risque pour chaque culture, et globalement pour la rotation. Il indique également si les pratiques agronomiques augmentent ce risque ou au contraire le diminuent.

Enfin, R-sim propose des stratégies herbicides pour chaque rotation, permettant de limiter le risque d'apparition d'adventices résistantesR-sim est aussi l’OAD (outil d’aide à la décision) du plan d’accompagnement des variétés tolérantes aux herbicides (VTH, variétés colza ou tournesol Clearfield® et tournesol ExpressSun) qui réunit les signataires de la charte : Instituts techniques, Coop de France, Fédération nationale du négoce, UFS (semenciers) et UIPP (industriels de la protection des plantes). Il répond à deux objectifs : appuyer le conseil à la vente de ses variétés afin d’évaluer le risque et alimenter un suivi des pratiques (enregistrement pour enquête sur un compte utilisateur) afin d’évaluer si l’utilisation de ces variétés est un facteur d’augmentation du risque.

Oui Résistances aux herbicides Désherbage Colza Tournesol Pois d'hiver Pois de printemps Soja Féverole d'hiver Féverole de printemps Utiliser l'outil Gratuit

Infloweb

Un site web qui rassemble et synthétise, de façon pédagogique, des connaissances scientifiques et techniques sur plus de 40 adventices majeures des grandes cultures.

Terres Inovia, l’ACTA, AgroSup Dijon, ARVALIS-Institut du végétal, la FNAMS, l’INRA, l’ITAB et l’ITB proposent Infloweb, un site web qui rassemble et synthétise, de façon pédagogique, des connaissances scientifiques et techniques sur plus de 40 adventices majeures des grandes cultures. Les contenus, rédigés par des experts du domaine, sont destinés à un large public d’agriculteurs, conseillers, enseignants et étudiants, pour aider au raisonnement des stratégies de désherbage.

Après avoir sélectionné l’adventice qui vous intéresse, vous accédez à des informations utiles sur sa description botanique (avec illustrations), sa biologie, son affinité vis-à-vis des milieux et des cultures, les facteurs favorables à son extension, et sa nuisibilité dans les grandes cultures, y compris les espèces porte-graines. Les différents moyens de lutte disponibles sont aussi passés en revue : méthodes préventives et agronomiques, choix des herbicides les plus adaptés et désherbage mécanique. Des recommandations de lutte spécifiques en agriculture biologique sont également fournies.

Oui Connaissance des adventices Désherbage Utiliser l'outil Gratuit

Enquêtes de surveillance

Terres Inovia propose des questionnaires pour saisir les parcelles touchées par l'orobanche, la hernie ou le tournesol sauvage.

Terres Inovia propose des questionnaires pour saisir les parcelles touchées par l'orobanche, la hernie ou le tournesol sauvage. Les informations saisies sont centralisées par Terres Inovia dans des bases de données de surveillance de ces pathogènes afin de surveiller leur évolution.

 

Saisir une parcelle touchée

Orobanche
rameuse
Orobanche
cumana
HernieTournesol
sauvage
Ambroisie trifide
Sud Ouest
Punaises des céréalesXenostrongylus

 

1) Je saisis en ligne les parcelles dans lesquelles j'ai identifié de l'orobanche, de la hernie, du tournesol sauvage ou de l'ambroisie trifide.

Un questionnaire simple et rapide pour ajouter vos parcelles touchées à notre base de surveillance.

2) Je consulte le récapitulatif des saisies
- carte pour visualiser la répartition des communes touchées en France.
- liste des régions touchées

Oui Enquête Désherbage Maladies Orobanche Colza Tournesol Pois d'hiver Pois de printemps Pois chiche Lentille Soja Chanvre Féverole d'hiver Féverole de printemps Lin d'hiver Lin de printemps Lupin d'hiver Lupin de printemps Cameline Gratuit

Optimisation de la récolte du colza : de la maturité à la coupe

Après plus de dix mois de culture, le colza arrive à une étape cruciale : la récolte. Avant de l’entamer, il est essentiel de vérifier la maturité des parcelles pour limiter les pertes de rendement. Une fois ce stade atteint, un bon réglage de la moissonneuse-batteuse permettra de clôturer efficacement la campagne 2025.

 

S'assurer de la maturité du colza avant de récolter 

La récolte du colza s’effectue idéalement lorsque les graines affichent un taux d’humidité d’environ 9 %. À cela s’ajoute, la nécessité d’avoir des siliques à enveloppes matures, de couleur brun clair, contenant environ 10 % d’humidité. Attention : la présence de siliques dont les enveloppes ne sont pas totalement sèches peut entraîner d’importantes pertes de rendement. Non battues, ces graines restent dans les pailles hachées par le broyeur, échappant ainsi à la récolte. Des précieux quintaux peuvent ainsi être perdus (tableau 1).

 

Exemple de pertes en fonction du nombre de siliques non battues/plante
Nombre de siliques vertes par plante non battue Perte en % Perte en q/ha
5 3,3 1,4
10 6,4 2,6
15 9,6 4,2
20 12,8 5,7

Parcelle composée de plantes avec 170 siliques/plante en moyenne ; rendement de l'ordre de 45 q/ha.

 

Les tiges, quant à elles, doivent être bien sèches, avec un taux d’humidité inférieur à 20 %. Si les machines modernes peuvent intervenir même avec des teneurs en eau très élevées (jusqu’à 60 %), l’efficacité du battage et du triage s’en trouve réduite.
À l’inverse, une végétation trop sèche (moins de 8 %) peut provoquer des pertes à l’avant de la machine. Mieux vaut alors récolter tôt le matin avec une moissonneuse équipée d’une extension de coupe pour le colza.

 

Optimiser la coupe et les réglages pour limiter les pertes

Une coupe haute facilite le battage en permettant une meilleure séparation des pailles sèches. Visez au moins 50 % de la hauteur du colza comme repère. Plus la coupe est haute, plus les tiges récoltées sont sèches et les pertes réduites. Idéalement, coupez le plus haut possible tout en conservant les ramifications. Outre la hauteur de coupe, un réglage précis de la moissonneuse est indispensable pour limiter les pertes, notamment la vitesse du batteur et la ventilation. De plus, ces réglages doivent être adaptés en fonction de l’heure de la journée, car les conditions évoluent entre le matin et l’après-midi.

 

Andainage : une alternative nécessaire dans certaines situations

L’andainage implique un passage supplémentaire et engendre un coût additionnel. Il peut toutefois se justifier dans certaines situations, notamment en cas d’enherbement mal maîtrisé ou lorsque la parcelle présente une forte hétérogénéité, avec des différences marquées de maturité. 
Le principe consiste à couper le colza dès que les graines dans les siliques passent du vert au brun-rouge, soit à environ 35 % d’humidité. L’intervention reste possible tant que les siliques ne présentent pas de risque d’égrenage, généralement jusqu’à un taux d’humidité de 25 %.
L’andain est ensuite repris par une moissonneuse-batteuse équipée d’une coupe suffisamment profonde pour assurer une bonne récupération du produit.

 

Maturité/récolte Bourgogne-Franche-Comté Grand Est Hauts-de-France Lorraine, Alsace et Haute-Marne Récolte Colza Benjamin Delhaye (b.delhaye@terresinovia.fr)

Récolte des protéagineux : anticiper pour éviter les difficultés

Les protéagineux approchent de la récolte, notamment celle des pois et féveroles d’hiver, accélérée par des contextes de manque d’eau. La phase de récolte est toujours un chantier délicat pour les légumineuses, nécessitant de prendre son temps. Il est important d’intervenir au bon moment et avec les bons réglages afin de minimiser les pertes à la récolte et la casse de graines, risques non négligeables sur ces cultures. Voici quelques conseils techniques.

Moins de risques à récolter trop tôt que trop tard 

Les protéagineux nécessitent de bonnes conditions de récolte et de bien anticiper ses réglages pour éviter des difficultés (bourrage, pertes de gousses, casse de grains, etc.). 

Pour rappel, le grain se récolte entre 15 % et 20 % d’humidité, mais l’optimum est situé entre 16% et 18% d’humidité.  

Dans l’hypothèse d’une récolte en conditions très sèches, en dessous de 15 % de teneur en eau, le manque d’humidité peut entrainer de la casse de graines. Ce facteur est non négligeable dans la capacité germinative des graines pour les contrats de semences et les utilisateurs de graines de fermes. C’est également rédhibitoire pour l’alimentation humaine si plus de 10 % de graines cassées sont présentes.  

A l’inverse, en cas de fin de cycle humide, il est possible de récolter les pois et féveroles jusqu’à 20 % d’humidité, sous conditions de ventiler la récolte par la suite. Privilégier les récoltes en début ou fin de journée pour éviter les fortes chaleurs pouvant favoriser l’ouverture des gousses. 

Pois d'hiver à l'approche de la maturité - Crédit photo : B. Remurier

La couleur des tiges et gousses permet d’approximer la teneur en eau des plantes.  

 

Attention à ne pas attendre que les dernières traces de vert disparaissent. La maturité de l’ensemble des organes est rarement homogène sur une parcelle, souvent en lien avec l’hétérogénéité de la parcelle et avec le prolongement du cycle occasionné par des pluies autour de la maturité. N’hésitez pas à débuter la récolte même si quelques traces de vert persistent. En cas de planning serré, n’hésitez pas à débuter la récolte 1-2 jours plus tôt que prévu si nécessaire, une récolte plus humide est moins dommageable qu’une récolte trop sèche. 

Astuce visuelle : lorsque le grain se raye légèrement sous l’ongle, la graine approche des 20 % d’humidité, la récolte peut se déclencher dans les jours qui suivent. 

 

Quelques conseils pour récolter son pois 

La récolte du pois s’opèrera avec un contre-batteur à céréales. Selon la tenue de tige, lié à la maitrise du peuplement et aux intempéries, la récolte s’envisagera de différentes manières 

Récolte en situation favorable (majorité des pois) : dans les parcelles bien portantes, favoriser une coupe à profondeur variable ou à tapis qui faciliteront la récolte. L’équipement de scies latérales permettra d’éviter les bourrages. Les diviseurs peuvent être enlevés si on arrache la culture. 

Récolte en situation versée (quelque parcelles) : Pour des pois un peu versés, la barre de coupe classique équipée de releveurs tous les 3 doigts et d’une barre anti-cailloux suffit. Dans les situations où la verse est plus marquée, n’hésitez pas à récolter uniquement face à la verse. 

Récolte en situation plaquée et/ou avec forte pression adventice (cas rares) : Si les conditions devaient être extrêmes, avec des pois plaqués au sol après une longue période pluvieuse, le pick-up spécial pois (type Sund), équipé de peignes à doigts souples qui soulèvent la végétation et cassent les tiges au ras du sol, peut sauver des récoltes. Également, en situation impactée en plus par le salissement, il est possible de faucher précocement le pois à 5-10 cm et de l’andainer par la suite. La reprise de l’andain sera à réaliser une fois les graines plus dures à l’aide d’un pick-up ou d’une moissonneuse équipée de doigts releveurs sur la largeur de l’andain. 

  

Quelques conseils pour récolter sa féverole 

La récolte de la féverole s’opérera de préférence avec une coupe avancée ou à profondeur variable. Des releveurs sont recommandés tous les 3-4 doigts et ceux même en situation non versé. Positionner 1 rabatteur sur 2. La seule particularité de la féverole est l’utilisation d’un contre-batteur mixte ou à maïs, le contre-batteur à céréales étant insuffisant. 

 

Dans toutes les situations (pois comme féverole), veillez à récolter lentement, les graines sont sensibles à la casse et la perte de grains en conditions difficiles est élevée. L’équipement d’un réducteur de régime est fortement conseillé. 

 

Les réglages de sa moissonneuse à privilégier selon la culture et la situation : 

Source FNAMS-SEMAE-GNIS PoisFéverole 
Batteur et contre-batteurLe battage doit être lent d’autant plus si la végétation est sèche. Les protéagineux se battent facilement mais la graine est fragile et sensible à la casse ou la fissuration. Il est généralement conseillé de s'équiper d'un réducteur de régime du batteur pour atteindre les vitesses requises 
Diamètre du batteur (cm) Vitesse de rotation (tours/min) Vitesse de rotation (tours/min) 
45380-640380-470
60280-480390-350
76230-380230-280
 
Le serrage batteur/contre-batteur doit être convergent : plus étroit à l'arrière qu'à l'avant
Batteur type conventionnel 20 mm avant et 10 mm arrière 25 mm avant et 12 mm arrière 
Batteur type axial 10-15 mm 20-32 mm 
 
Le contre batteur type céréales convient en pois mais est insuffisant pour la féverole nécessitant un contre-batteur mixte ou à maïs 
Espace entre-fils >10mm >14 mm 
 
Barre de coupeVeillez à ne pas manquer les gousses du bas en cas de faible hauteur ou de verse. N'hésitez pas à récolter face à la verse. 
Culture non verséeBarre de coupe à profondeur variable ou à tapis 
Scies latérales pour éviter le bourrage 
Barre de coupe avancée ou à profondeur variable 
releveurs tous les 3-4 doigts 
Positionner 1 rabatteur sur 2 
Culture versée Barre de coupe avec releveurs tous les 3 doigts + barre anti-cailloux 
 
Caisson de nettoyage Le bon réglage du caisson permet de limiter les pertes à l'arrière et le renvoie des graines à l'avant. Veiller à régler la grille inférieure juste au-dessus du diamètre des plus grosses graines. 
La ventilation est recommandée. 
Grille supérieure 12-18 mm 15-18 mm 
Grille inférieure 8-12 mm 8-12 mm 

 

Période hivernale Maturité/récolte Centre-Val de Loire Hauts-de-France Grand Est Bourgogne-Franche-Comté Lorraine, Alsace et Haute-Marne Bretagne, Pays de la Loire Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Normandie et Ouest Ile-de-France Récolte Pois d'hiver Pois de printemps Féverole d'hiver Féverole de printemps Lupin d'hiver Lupin de printemps Bastien REMURIER (b.remurier@terresinovia.fr)