Comment connaître le seuil de retournement du lupin ?
Des essais menés par Arvalis – Institut du Végétal, Jouffray-Drillaud et la Chambre d’Agriculture du Morbihan en 2002 dans le Morbihan ont montré que des variétés comme LUXE, ayant une bonne capacité de ramification, dans les conditions de l’année et sur des parcelles conservées propres, ont pu avec un peuplement de 19 plantes/m² en sortie d’hiver donner 53 q/ha (essai en petites parcelles).
En conditions agriculteur, des peuplements très clairs (10 plantes/m² voir moins) dans des parcelles conservées propres ont pu atteindre des rendements de 20-25 q/ha.
Source : essais menés en 2002 par Arvalis Institut du Végétal – Jouffray Drillaud – Chambre d’Agriculture du Morbihan
Parcelle de lupin aux levées irrégulières
Période hivernale : gel sur lupin
Les variétés de lupin d’hiver sont sélectionnées entre autres pour leur résistance au froid.
Leur capacité à résister à des températures négatives dépend de différents facteurs liés à la variété, la date de semis ainsi que les conditions hivernales.
Le lupin atteint l’initiation florale vers le stade 7-8 feuilles. Avant ce stade, le lupin peut résister à des températures de l’ordre de -10°C en sol sain. Au-delà de ce stade, la culture peut présenter des dégâts de gel à partir de températures minimales de l’ordre de -5°C. Le lupin est très sensible à tout excès d’eau et résiste mieux au froid dans les sols très filtrants (sols sableux) que dans les sols argileux ou limoneux.
Afin de prévenir les dégâts de gel sur lupin, il est important de bien choisir sa parcelle, choisir une variété résistante et semer aux dates conseillées afin de favoriser un bon endurcissement à l’arrivée des gelées.
Mais l’endurcissement c’est quoi ?
Les protéagineux d’hiver ont la capacité de s’endurcir, c’est-à-dire de s’acclimater au froid pour mieux y résister. Pour que l’endurcissement se fasse dans de bonnes conditions, les températures doivent descendre progressivement et non brutalement.
Dégâts liés au gel
Ils apparaissent en quelques semaines, souvent suivant un retour de températures douces.
Les dégâts de gel apparaissent tout d’abord sous forme de brûlures sur le bord des feuilles, brûlures qui progressent sous forme de nécroses noires du haut vers le bas de la plante.
Il est également important de vérifier l’état du collet et de la racine même si les parties aériennes semblent saines : si ces derniers sont bruns et mous, la plante va dépérir plus tardivement et ne repartira pas. En revanche, s’ils sont bien blancs et sains, il n’y aura pas de dégâts. Un diagnostic précoce peut être effectué en prélevant des plantes et en les ramenant progressivement à une température de 15 à 20°C : au bout de quelques jours, si les plantes reprennent leur vigueur et restent vertes, c’est qu’elles n’ont pas gelé.
Décider du travail du sol à privilégier en intégrant toutes les problématiques
Trois critères à prendre en compte pour décider du travail du sol
La structure du sol (voir article ‘évaluer la structure pour identifier le travail du sol adapté), la gestion des résidus du précédent et du risque bioagresseur (adventice et ravageurs du sol) principal sont les 3 principaux critères à prendre en compte pour adapter le travail du sol :
Point technique "Réussir son implantation pour obtenir un colza robuste"
Acheter ou télécharger le point technique "Réussir son implantation pour obtenir un colza robuste"
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Evaluer la structure pour identifier le travail du sol adapté
L’évaluation de la structure du sol dans la culture précédente ou pendant l’interculture permet de déterminer si un travail du sol est nécessaire ou non; et le cas échéant, de définir la profondeur de travail du sol.
Prélèvement d’un bloc de sol à observer
Diagnostic de la structure par la méthode bêche
Quand : Avant lé récolte du précédent quand le sol est encore humide (mars à mai). Le diagnostic peut se faire plus tard mais le diagnostic est plus compliqué en sol sec.
Combien de prélèvements : idéalement 3 bêchées par parcelle
Comment prélever : voir le point technique ‘réussir son implantation pour obtenir un colza robuste
Comment observer :
- Observer d’abord le comportement du bloc de sol prélevé : se désagrège-t-il en terre fine majoritairement ? ou en gros blocs ? ou reste-t-il massif ?
- Observer ensuite l’état interne majoritaire des mottes en les cassant en 2 : sont-elles poreuses avec des faces angulaires ? ou non poreuses et avec des fasses de cassure lisses ? Sont-elle fissurées ?
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| Motte poreuse, non tassée (Gamma) | Motte tassée et fissurée (Phy) | Motte tassée sans porosité (Delta) |
Le diagnostic de la structure du sol donne une première indication indispensable pour identifier le type travail adapté. La prise de décision (choix des outils, nombre de passages, etc.) doit ensuite tenir compte du type de sol et des autres problématiques à gérer par le travail du sol (résidus du précédent, adventices, ravageurs du sol). ‘Décider du travail du sol en intégrant toutes les problématiques’
Plus d’informations sur la méthode bêche de diagnostic de la structure du sol et l’implantation du colza : le point technique ‘Réussir son implantation pour obtenir un colza robuste’.
Point technique
Réussir son implantation pour obtenir un colza robuste
Ce guide détaille les connaissances, stratégies et règles de décision qui permettent d’adapter les techniques culturales à chaque situation, afin de réussir l’implantation, et d’obtenir un colza robuste.
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Comprendre et observer la structure du sol : application à la prise de décision pour l’implantation du colza
Cette formation vous permettra de comprendre les facteurs qui influent sur les tassements et leur régénération ainsi que de savoir mettre en œuvre le test bêche pour évaluer la structure du sol et de l’interpréter pour optimiser l’implantation du colza.
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Colza
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Ce premier ouvrage de référence synthétise les connaissances sur la plante, sa culture, sa transformation
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Implantation : les clés pour un colza robuste
L’implantation est l’étape clé qui conditionne la robustesse du colza, c’est-à-dire sa capacité à supporter les attaques de bioagresseurs, en particulier les insectes d’automne, les aléas climatiques, et donc à exprimer son potentiel de rendement dans un contexte contraint.
La robustesse du colza passe par l’obtention d’états-clés
Une levée précoce
avant le 1er septembre pour atteindre le stade 4 feuilles avant le 20 septembre pour avoir un colza suffisamment développé avant l’arrivée des altises adultes et la baisse des températures automnales
Une croissance dynamique et continue à l’automne, et des pieds vigoureux
- biomasse supérieure à 1.5 kg/m² en entrée hiver
- pieds d'au moins 25g/plante mi-octobre et 45g/plante en entrée hiver pour limiter le risque de dégâts de larves d’insectes
Une reprise dynamique en sortie d’hiver
pour limiter globalement le risque de dégâts de coléoptères ou de leurs larves
Pourcentage de plantes saines à floraison (non impactées par les dégâts de larves d’insectes d’automne) en fonction de la biomasse par pied de colza en entrée hiver, dans des essais sans traitement insecticide et en parcelles agriculteurs
Etats-clés pour un colza robuste
La réussite de l’implantation a une influence majeure sur l’obtention de ces états-clés et doit s’appuyer sur
- Un précédent favorable : récolte précoce, reliquat d’azote disponible pour le colza, résidus pas trop abondants
- Un travail du sol optimisé qui limite l’assèchement du sol et permet un bon enracinement du pivot. Le diagnostic de la structure du sol dans le précédent est un prérequis pour s’adapter à chaque situation. Différents contenus sont dédiés à ce sujet :
- Une vidéo sur l’importance d’une bonne structure du sol pour la réussite de l’implantation du colza
- Un article « évaluer la structure pour identifier le travail du sol adapté »
- Une vidéo sur la mise en œuvre du test bêche
- Une vidéo sur le choix du travail du sol en fonction des résultats du test bêche
- Une vidéo sur les critères à considérer pour optimiser le travail du sol
- Un article « décider du travail du sol à privilégier en intégrant toutes les problématiques »
- Un article « adapter le travail du sol au type de sol »
- Une nutrition optimale en azote et phosphore qui peut s’appuyer sur différents leviers : sol fertile, précédent favorable, fertilisation (minérale ou organique) au semis, association de légumineuses gélives au colza
- Un choix variétal adapté : variétés à forte vigueur de départ et automnale et à reprise précoce en sortie d’hiver dans les situations à forte pression insectes et sols à faible disponibilité en azote
- Un semis précoce, avant les pluies et sans surdensité pour éviter d’obtenir des pieds chétifs peu robustes
- Si possible un semis au semoir monograine qui favorise la levée et la répartition du peuplement
Pratiques-clés pour un colza robuste
Toutes les informations détaillées sur la réussite de l’implantation sont à retrouver dans le point technique « Réussir son implantation pour obtenir un colza robuste »

PUBLICATION
Colza - Point technique Réussir son implantation pour obtenir un colza robuste
L’implantation, une étape décisive pour la réussite du colza
Une bonne implantation permet d’obtenir un colza robuste, peu sensible aux ravageurs et aux adventices et nécessitant peu d’intrants...
Comment raisonner le travail du sol en interculture ?
Favoriser la levée, la croissance végétative et l’enracinement des colzas est une priorité pour mettre en place un colza robuste, capable d’exprimer son potentiel et de faire face aux aléas climatiques et aux pressions des ravageurs.
Réussir l’implantation repose sur :
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Dates, densités et profondeur de semis
Semer le lupin d’hiver dans un sol encore chaud, bien ressuyé. Le semis doit avoir lieu entre le 10 septembre et 15 octobre, selon la variété et la localisation de la parcelle. Semer le lupin à 25/30 graines/m² et 2–3 cm de profondeur. L’écartement préconisé est de 35 à 40 cm. Si un désherbage mécanique est envisagé, l’écartement peut être augmenté.
Avec un semoir pneumatique, cela permet d'optimiser la répartition et la profondeur des graines. Bien rappuyer le sol pour favoriser un bon contact sol/graine. L’objectif est de favoriser une levée rapide de la culture, afin de passer la plus vite possible le stade de sensibilité à la mouche (apparition des premières feuilles), et d’atteindre une bonne résistance au froid avant l’hiver.
| Clovis, Magnus, Ulysse | Orus | |
| Nord-Ouest | 10-15/09 | 10-30/09 |
| Centre Ouest | 10-20/09 | 10-30/09 |
| Sud-Ouest | 10-15/10 | 20/09 – 15/10 |
| Centre Limousin | 10-15/09 | 5-20/09 |
Associer le lupin d'hiver
Une réduction de la pression d’adventices
Le principal atout de la conduite en association du lupin est la réduction de la pression d'adventices de l'entrée d'hiver à la récolte.
On mesure dans nos essais, conduits en conventionnel, des réductions de biomasse adventices de l'ordre de -65 à -90 % à floraison par rapport à une modalité conduite en pur. Ces effets restent visibles jusqu'à la récolte (si les plantes compagnes sont conduites jusque-là).
La meilleure plante associée pour remplir cet objectif est le triticale (semé à 30% de sa densité classique), que l'on peut mener à une récolte simultanée avec le lupin. Selon le développement de la plante compagne, on peut espérer de quelques quintaux à 20 q/ha de triticale en cas de récolte, et ce quel que soit le mode de conduite (biologique ou conventionnel).
Attention tout de même, la conduite en association peut amener à une réduction significative du rendement du lupin.
Par ailleurs, en conduite conventionnelle, l'association complique le désherbage chimique de rattrapage notamment sur graminées. En effet, Kerb Flo, antigraminées racinaires, n'est pas sélectif de la céréale. En cas de forte pression de graminées, le choix de conserver la plante compagne pourra se poser.
Exemple d’un itinéraire technique en association lupin d’hiver/triticale en agriculture conventionnelle
Le lupin est semé à sa densité normale – 25/30 graines/m², 2 à 3 cm de profondeur, à la date de semis optimale. Le triticale est semé à 30 % de sa densité normale, soit 75 grains/m², en même temps que le lupin (en mélange dans la même trémie) ou en semis décalé environ 1 mois après le semis du lupin, semis au RTK en rang intercalé ou à la volée avec un passage de herse pour un léger enfouissement des graines de triticale. En cas de semis simultané, préférer une variété à reprise tardive en triticale. Le semis décalé diminue la compétition exercée par le triticale sur le lupin en début de cycle, tout en garantissant un développement suffisant du triticale pour jouer son rôle concurrentiel sur les adventices et notamment au printemps et en fin de cycle.
En cas de double récolte, l'usage de produits phytosanitaires doit être couvert sur les deux cultures en place : lupin et triticale. Un désherbage de prélevée avec du Prowl 400 (homologué sur les deux cultures) peut être réalisé juste après l'implantation du lupin.
La récolte est ensuite facilement triable, les graines étant de tailles bien différentes.
| Avant de se lancer dans des associations, il faut s’assurer d’avoir un débouché, soit en autoconsommation, soit triage à la ferme ou triage par votre organisme stockeur. |
Exemple d’un itinéraire technique en association lupin d’hiver/triticale en agriculture biologique
Semer le lupin à densité normale, 30-35 graines/m², et le triticale à 30% de la densité normale (90 gr/m²).
Plusieurs stratégies de désherbage mécanique sont possibles pour la conduite de l’association :
- Un semis en plein au semoir à céréales des deux espèces
- Semis au semoir à céréales des deux espèces mais en fermant un ou plusieurs éléments semeur pour élargir l’inter-rang.
La deuxième stratégie permet l’usage de la bineuse, qui reste un levier très efficace pour lutter contre les adventices sur l’inter-rang. Il est donc conseillé, en cas d’usage de la bineuse, de semer en mélange dans la même trémie, pour que lupin et céréales associées soient sur le même rang.
Attention à l’impact de la présence d’une plante compagne sur le rendement du lupin, qui peut être concurrentielle de ce dernier.
La récolte est ensuite facilement triable, les graines étant de tailles bien différentes.
| Avant de se lancer dans des associations, il faut s’assurer d’avoir un débouché, soit en autoconsommation, soit triage à la ferme ou triage par votre organisme stockeur. |
Documents à télécharger
Comment choisir sa parcelle
Prendre en compte toutes les caractéristiques du lupin avant de choisir une parcelle
Le lupin est une plante sensible au calcaire actif et aux excès d’eau. Peu couvrante en début de cycle, et passant 10 à 11 mois dans la parcelle, le lupin est une culture qui peut se salir pendant l’hiver ou en fin de cycle. Il est donc important de choisir une parcelle propre, exempte de vivace, drainante et dont le taux de de CaCO3 total est inférieur à 2,5%.
Eviter les parcelles hydromorphes et à fort risque d'enherbement automnal et estival, ainsi que les sols limoneux, froids et battants qui ralentissent la levée et donc pénalisent l’implantation
Le lupin est une culture peu concurrentielle des adventices : en agriculture biologique comme en conventionnelle, ne pas négliger l'intérêt du faux semis avant l'implantation, qui permet de diminuer le stock des graines d’adventices dans le sol.
Veiller à ne pas trop affiner un sol sensible à la battance. Effectuer un passage en fonction de l’adventice visée.
Cette préparation sera ensuite complétée par des interventions impératives en prélevée, qu’elles soient chimiques et/ou mécaniques.
Connaitre les adventices
Après avoir sélectionné l’adventice qui vous intéresse, vous accédez à des informations utiles sur sa description botanique (avec illustrations), sa biologie, son affinité vis-à-vis des milieux et des cultures, les facteurs favorables à son extension, et sa nuisibilité dans les grandes cultures, y compris les espèces porte-graines. Les différents moyens de lutte disponibles sont aussi passés en revue : méthodes préventives et agronomiques, choix des herbicides les plus adaptés et désherbage mécanique. Des recommandations de lutte spécifiques en agriculture biologique sont également fournies. |
Comment préparer sa campagne de lupin ?
Le lupin d'hiver est moins résistant au froid que le pois ou la féverole d’hiver : si les conditions d’endurcissement sont bonnes, il peut résister à -10°C sur sol sain.
Attention donc aux secteurs où des gelées plus fortes sont fréquentes.
La nature du précédent est indifférente. Néanmoins, dans un souci d’optimisation de l’utilisation de l’azote, privilégier les précédents à faibles reliquats tels que céréales (une ou deux pailles), tournesol, maïs….
Afin de limiter le risque maladies et ravageurs, le retour du lupin sur une même parcelle doit être espacé d'au moins 5 ans.