Identifier et lutter contre les maladies
Septoriose
La septoriose est provoquée par l'agent fongique Septoria linicola. Les conditions favorables pour le développement de cette maladie sont des conditions douces et humides, averses fréquentes et températures supérieures à 15°C.
Les spores du champignon sont développées par sa forme sexuée, Mycospheralla linicola, sur les résidus de cultures infectés. La septoriose progressant du bas vers le haut de la plante par effet splashing, la maladie est propagée via l’eau par les éclaboussures. Les premiers symptômes, des tâches nécrotiques brunes allongées entourées d’un halo chlorotique, seront observables sur les étages foliaires inférieurs. Les lésions peuvent également toucher les tiges et être confondues avec des symptômes de kabatiellose. En effet, les symptômes de septoriose peuvent se développer précocement et être observés dès l’automne sur lin d’hiver.
Il faut ainsi distinguer les différentes périodes d’infection :
- Développement précoce de la maladie : crevasses se développant au niveau du collet sur une ou plusieurs tiges de la plante (voir photos ci-dessus). Ce stade est communément confondu à des symptômes de kabatiellose, qui présentent des symptômes proches. Les analyses conduites par Terres Inovia ont permis d’identifier cette maladie uniquement en 2016.
- Développement plus tardif de la maladie : symptômes de nécrose entourée d’un halo chlorotique se développant sur feuilles, tiges et capsules. Les symptômes sur feuilles et tiges sont les plus faciles à observer.
| Développement précoce de septoriose causant des crevasses du collet Source : Blandine Bammé – Terres Inovia |
Développement plus tardif de la septoriose avec chlorose et nécrose sur les feuilles et les tiges Source : Christophe Jestin – Terres Inovia |
Symptômes de septoriose apparaissant sur les feuilles les plus basses, tâches nécrotiques
Source : Zoé Le Bihan – Terres Inovia
En cas de doutes, un test en chambre humide peut être réaliser pour valider les symptômes observés sur les plantes.
Chambre humide "maison"Déposer les feuilles avec suspicion de septoriose dans une boîte ou bouteille plastique, dont les parois sont encore humides. |
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Pycnides noires observées sur capsules |
Pycnides noires observées sur feuilles |
Une intervention fongique peut être réalisée à l’automne si des symptômes sont visibles et que les conditions sont favorables aux maladies.
| Stratégie sur lin oléagineux d'hiver au stade 3-4 cm pour septoriose / régulation (coût : 19 à 23€/ha) | Stade 3-4 cm | Stade 9 cm |
| MAGNELLO 0,5 l/ha (1) | SCORE 0,30 l/ha |
(1) Cette application de MAGNELLO est permise par l'usage *crucifères oléagineuses *traitement des parties aériennes *limitation de la croissance *des organes aériens (nouveau catalogue des usages). Préconisation non couverte par la firme
Kabatiellose
La kabatiellose (provoquée par Kabatiella lini) est depuis des années très peu observée. La maladie se manifeste sous forme d’un étranglement du collet qui finit par une cassure du pied. Elle se transmet à partir de résidus de culture. A partir de la floraison, les symptômes se manifestent sur feuilles par l’apparition de taches brunes à rougeâtres et sur tiges par des traînées longitudinales brunes à rougeâtres qui entrainent un brunissement généralisé de tous les organes, d’où le nom de brunissure donné à la maladie à ce stade. Sa fréquence de développement ces dernières années est quasi nulle.
Fusariose
La fusariose, provoquée par Fusarium oxysporum f.sp. lini, est une maladie vasculaire qui pénètre par des blessures des racines et se propage dans les tiges le long des vaisseaux conducteurs de sève. L’infection se fera par les chlamydospores produites dans le sol et sur les débris végétaux. Les symptômes se manifestent sur la plante par un jaunissement d’abord unilatéral et un flétrissement des feuilles, suivis par un brunissement et la mort de la plante. Les sommités des plantes flétries prennent souvent un aspect en crosse et les racines des plantes mortes sont de couleur gris cendré.
Le développement de la fusariose est favorisé dans des conditions humides et sur sols acides (pH <6,5).
Choisir une variété à bon comportement car aucune lutte fongicide n’est possible. Allonger la rotation du lin pour réduire l’inoculum.
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Fractionner l'apport d'azote en lin d’hiver si besoin
Les besoins du lin sont de 4,5 kg d’azote absorbé dans les plantes entières par quintal de graines produit. Pour calculer la dose d’azote à apporter, se référer à la réglementation en vigueur dans votre région.
En lin oléagineux d'hiver : si la dose à apporter est supérieure à 80 unités, il est conseillé de fractionner en deux apports.
| Dose conseillée | |
| De 0 à 80 u | >80 u |
| 1 apport à reprise de végétation | Fractionnement en 2 apports conseillé ; 30 à 50 unités à la reprise de la végétation et le complément 4-5 semaines plus tard |
Les apports d’effluents à l’automne sont déconseillés car l’objectif est d’éviter une croissance excessive du lin qui le sensibiliserait au froid. La hauteur des plantes ne doit pas dépasser les 10 cm à l’arrivée des premières gelées.
Privilégier les formes solides aux solutions azotées qui peuvent brûler les tiges à leurs extrémités.
| Exemples de doses à apporter* | ||
| Objectif de rendement | Sol superficiel | Sol profond |
| 20 q/ha | 70 u | - |
| 25 q/ha | 90 u | 80 u |
| >30 q/ha | - | 100-110 u |
Valeurs retenues pour la minéralisation et les reliquats en sortie d’hiver : 20 u en sols superficiels et 30 u en sols profonds.
* En cas d’apports organiques réguliers, baisser la dose d’apport de 40 unités au moins (consulter un conseiller).
Verse d'une parcelle de lin due à un excès d'azote
Vigilance vis-à-vis de l’altise
Le risque est à prendre en compte dès la levée des plantules. Le risque est moins soutenu en lin d’hiver qu’en lin de printemps.
Les dégâts d'altises sont d’autant plus préjudiciables que la densité des plantes est faible et leur croissance lente.
Traiter contre l’altise
Il n’existe pas de seuil d’intervention. Les risques sont à apprécier en fonction de l’état des lins (peuplement, vigueur, stade), du nombre d’insectes et de morsures et des prévisions météorologiques. Intervenir, si nécessaire, de la levée jusqu’au stade 5 cm.
D'autres ravageurs (noctuelle, taupin, mineuse), peu fréquents, peuvent être ponctuellement nuisibles.
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Gestion des graminées hivernales
La pression des graminées hivernales comme le ray-grass, le vulpin, les bromes, la folle-avoine, la vulpie… est de plus en plus forte dans les cultures hivernales (céréales, colza…). Cela peut s’expliquer par le travail simplifié du sol, les rotations courtes hivernales (colza-blé-orge), le développement de la résistance aux herbicides…
Pour maîtriser les graminées, il faut donc :
- raisonner le désherbage tout au long de la rotation
- renforcer la lutte contre ces espèces dans les céréales,
- pratiquer les faux-semis pour favoriser la levée avant le semis du colza ou du blé,
- ne pas exclure le labour occasionnel ou le binage,
- réaliser un programme de désherbage bien adapté à la flore.
La rotation
L’introduction de cultures de printemps ou d’été dans la rotation limite les fortes infestations de graminées hivernales, car la période d’implantation de ces cultures n’est pas en phase avec les périodes préférentielles de levée de ces adventices, ce qui les défavorise (rupture du cycle). Par ailleurs la diversification des cultures offre une gamme d’herbicides efficaces plus large.
La stratégie antigraminées se raisonne à la rotation, en privilégiant un programme d'automne sur céréales et en s’appuyant sur la gamme d’anti-graminées foliaires (brome) et racinaires qu’offre le colza.
En colza, les antigraminées racinaires de postlevée sont à privilégier. En cas de forte pression, les programmes "prélevée" ou "présemis puis prélevée" sont conseillés. Des stratégies sont possibles en postlevée selon la résistance des graminées.
La stratégie chimique n’est pas efficace à elle seule, pour une gestion efficace, les mesures agronomiques doivent occuper une place de premier choix dans une stratégie globale et continue à l'échelle de la rotation.
Le labour
Le labour permet de « tamponner » les évolutions de flore : s’il n’est pas trop dressé, il enfouit une grande majorité du stock semencier superficiel, et remonte les graines jusqu’alors incapables de germer car trop profondes. Il élimine, par la même occasion, les adventices levées. Les graines de graminées perdent leur viabilité en profondeur beaucoup plus rapidement que les graines dicotylédones (leur Taux Annuel de Décroissance est bien plus élevé), si bien que le labour occasionnel (tous les 3-4 ans, avant une céréale de préférence) peut s’avérer intéressant comme stratégie d’épuisement progressif de certaines espèces : bromes, vulpins, ray-grass... Il réduit donc significativement leur stock semencier viable.
Attention cependant, le labour peut aussi favoriser la remontée de graines viables de géranium et de crucifères, non négligeables en colza.
source ACTA
Labour pour colza
Les systèmes en « non-labour continu » accentuent généralement les salissements de parcelles car ils concentrent les graines en surface, zone plus favorable aux germinations et levées. De plus, la présence de résidus couvrant le sol dégrade l’efficacité des herbicides racinaires. Dans ces systèmes, la maîtrise des adventices et en particulier des graminées reste possible mais nécessite une vigilance sans faille, et les échecs sont plus lourds de conséquences.
Le déchaumage et les faux-semis
Le déchaumage doit être réalisé avant la grenaison des adventices, par exemple dans la foulée de la récolte.
Il peut stimuler la levée groupée de certaines espèces (bromes, ray-grass fin août-septembre, vulpins en septembre-octobre), à la faveur d’un temps humide et doux dans les jours qui suivent l'opération. On obtient alors le résultat recherché par la technique du faux-semis.
En faisant lever les graminées en dehors des périodes de culture, les faux-semis permettent aussi de réduire leur stock semencier, en prenant soin bien sûr de détruire ces levées avant le semis de la culture suivante.
source : ACTA & RMT Florad
Pour réussir les faux-semis, le travail du sol doit être superficiel (pas supérieur à 5 cm de profondeur), affiné (très émietté) et bien rappuyé.
Cependant, la réussite du faux-semis est très dépendante de la météo ! Si une pluie est nécessaire pour favoriser la levée des adventices, ce sont cependant des conditions séchantes qui sont requises après la destruction mécanique des levées pour éviter que les graminées continuent de lever ensuite dans la culture.
Avant colza, il est plutôt conseillé de travailler le sol le moins possible avant le semis pour éviter d’assécher trop le sol. Un déchaumage juste après la récolte (pour profiter de la fraicheur du sol), plutôt superficiel et rappuyé, puis une destruction des graminées ou des repousses de céréales 15 jours après ou avant le semis du colza, peuvent suffire.
Après colza et avant une céréale, il y a davantage de temps pour réaliser les déchaumages et faux semis. Attention, les passages répétés d’outils légers superficiels (herse étrille) peuvent favoriser la formation d’une croûte de battance par un affinage excessif. Dans les sols fragiles (sols limoneux) préférer un déchaumeur à faible profondeur et finir avec un seul passage de herse étrille s’il y a lieu.
Mais aussi…
En céréales, le décalage de la date de semis a montré des résultats intéressants sur graminées (plus d'informations sur le site d'Arvalis ).
Et puis pour éviter de disséminer les graines de graminées et d’infester d’autres parcelles, récolter les parcelles les plus chargées d’adventices en dernier et prenez soin de bien nettoyer votre moissonneuse-batteuse.
Récolte du colza
Lutte chimique
En forte pression, l’action de la propyzamide (Kerb Flo, etc.) ne suffit pas. Un contrôle préalable en présemis ou en prélevée est nécessaire. Miser sur la napropamide (type Colzamid 2 l/ha) en présemis, dont l’efficacité est régulière, ou sur des produits de prélevée de type Colzor Trio, Alabama ou Springbok, Novall et autres herbicides à base de métazachlore. L’efficacité est d’un bon niveau mais irrégulière en conditions sèches. Le programme le plus efficace intègre présemis et prélevée.
L’utilisation de ces herbicides limite le développement de résistance.
Les groupes HRAC (Herbicide Resistance Action Comittee) ont été créés pour faciliter cette gestion d’alternance : A, B, K3, etc. correspondant chacun à un mode d’action spécifique.
Gérer le rattrapage en prenant en compte le risque de développement des résistances
| Repousses de céréales | ||
| pas ou peu nombreuses (environ 5 plantes/m2) | nombreuses (plus de 5-10 plantes/m2) | |
| Ray-grass, résistant ou vulpin résistant, pratiques culturales à risque (1) | propyzamide | Antigraminées foliaire précoce (à dose repousses) puis antigraminées racinaire (2) |
| Ray-grass, vulpin et pratiques culturales à faible risque. Brome | Antigraminées tout type (foliaire ou propyzamide) | Antigraminées tout type |
(1) cas type : forte pression graminées, rotation courte ou à forte dominance de cultures d'hiver, absence de labour et faux-semis peu fréquents. Pour en savoir plus : R-sim ou Arvalis.
(2) type propyzamide
L’action des antigraminées foliaires doit être durable (famille des “fop” type Pilot, famille de “dime” type Centurion 240EC ou Stratos). Ils peuvent permettre de sauver des situations délicates en colza (échec de la prélevée limitant le développement du colza en octobre) et certaines cultures ne peuvent être désherbées qu’avec ces produits (ex : lin). Dans les situations à risque de résistance et sur les cibles ray-grass ou vulpin, il est préférable de ne les utiliser qu’occasionnellement, en préalable d’une application de propyzamide. Dans le cas contraire, le risque de résistance est important, quelle que soit la molécule.
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Fiches : Brome stérile, Folle avoine, Pâturin annuel, Vulpie queue-de-rat, Vulpin des champs, Ray-grass |
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Colza : lutter contre les géraniums
Reconnaître les géraniums
Identifier les différentes espèces de géraniums par l'observation de leur tige et de leurs feuilles.
Une compétition importante et durable
De nombreuses parcelles de colza sont affectées par les géraniums.
Ils sont favorisés par des rotations courtes (colza/céréales), le non-labour et les rotations à base uniquement de cultures d'hiver. Leur nuisibilité peut être précoce en cas de fortes infestations, puis plus tardive par leur capacité à se développer dans le colza au printemps. Ils sont d’autant plus problématiques que les levées du colza sont lentes et leur population importante (sols de rendzines ou argilo-calcaires superficiels).
Dans les situations de conduites sans labour, les colzas ont souvent des croissances plus lentes et peuvent avoir du mal à jouer leur rôle d’étouffement qui contribue à limiter la compétition par les mauvaises herbes.
Des adventices de plus en plus problématiques
Les géraniums se retrouvent dans les situations critiques de rotations courtes du Centre, de l’Est, de Poitou-Charentes et de quelques secteurs du Sud-Ouest. Ils sont présents lorsque le colza est la tête de rotation quasi unique, surtout en technique sans labour.
Le géranium disséqué est abondant dans toutes les régions et est assez indifférent au pH du sol. Il se rencontre dans la plupart des cultures.
Le géranium mou, moins abondant, est assez commun sur toutes les cultures.
Les autres géraniums (tiges grêles et feuilles rondes) montrent une prédilection pour les rendzines mais se rencontrent également sur tous les sols avec des pH neutres.
Effets des techniques agronomiques sur les infestations de géraniums
La rotation
Les géraniums sont capables de lever toute l'année mais ils ont des préférences nettes entre septembre et février. C’est pourquoi, l'introduction de cultures de printemps dans la rotation limite les levées, épuise les graines en profondeur et laisse plus de souplesse pour désherber chimiquement.
Les faux-semis d’interculture
Dans une rotation colza-blé-orge sans labour (situation fréquente dans les grands bassins céréaliers), les faux-semis peuvent doper significativement les levées de géraniums en interculture et sont très fructueux dans l’interculture colza-blé. Les passages d’outils positionnés fin août - début septembre sont les plus efficaces pour déstocker car ils coïncident avec l’époque de levée privilégiée de ces adventices.
Dans une expérimentation pluriannuelle menée dans le Berry, les résultats d’efficacité du faux-semis contre les géraniums ont dénoté un fort effet précédent colza. Les chances de stimuler la germination des graines non-dormantes de géraniums derrière un colza sont plus élevées que derrière des céréales. La réduction du stock grainier est donc davantage à privilégier entre le colza et le blé qui suit. Avant céréales, l'interculture présente des opportunités pour lutter contre les géraniums.
Nombre de géraniums (moyennes de plantes/m²) observés juste avant implantation des 3 cultures de la rotation colza-blé-orge, consécutivement ou non à un faux-semis
Levées de géraniums (stade cotylédons) dans des repousses de colza en interculture colza-blé
Un autre essai dans l’Indre en 2015 dans l’interculture colza-blé avec différentes dates de faux-semis (fin août, mi-septembre et fin septembre) après un déchaumage de post-récolte ou non montre qu’en présence de repousses de colza et de géranium, l’absence de tout travail du sol à cette période permet de maximiser les levées mais qu’un faux-semis fait tout de même lever beaucoup de géraniums alors qu’il réduit fortement les levées de repousses de colza.
Enfin, il ne faut pas oublier que la réussite des faux-semis est fortement conditionnée à la météo estivale, la date des interventions de travail du sol, leur profondeur ainsi que l’outil utilisé pour les réaliser.
Le semis direct du colza
La profondeur de déchaumage et le type de semis impactent les levées ultérieures de géraniums en colza. Le travail profond en août est susceptible de remonter des graines en surface. L’absence de travail du sol ou le travail superficiel en août limiteront le potentiel d’infestation dans le colza.
Comptage des géraniums dans le colza (notation en entrée hiver) en fonction de l'itinéraire d'implantation
Semer le colza sans travail du sol préalable et avec un semoir de semis direct diminue les levées de géranium de 85 à 95% ensuite dans la culture.
Pour réussir le semis direct du colza, aucun travail du sol ne doit être fait avant et un semoir à disques doit être utilisé avec une vitesse inférieure à 7km/h pour limiter le flux de terre (et donc réduire les risques de stimuler de nouvelles germinations d’adventices). Les chasse-débris sont indispensables pour « nettoyer » la ligne de semis et ainsi éviter le pincement des pailles dans le sillon qui gêne la germination des graines. Les disques limitent le flux de terre, évitant ainsi de provoquer de nouvelles levées d’adventices.
Semis direct de colza
Un sol bien structuré sur l’horizon 0-20 cm est nécessaire pour bien réussir son semis direct et pour permettre un bon enracinement du colza. Le semis direct en colza nécessite donc de l’anticipation et une attention particulière pour éviter les tassements.
Désherbage mécanique
Les passages aux bons moments de herse étrille, houe rotative et bineuse seront d'une grande utilité pour le désherbage, y compris en cas d'infestations massives.
Désherbage chimique
Efficacité des programmes
Les produits de prélevée peuvent se montrer insuffisants sur cette flore difficile. Les efficacités des produits et des programmes classiques sont données dans ce tableau :
ALABAMA et SPRINGBOK sont les meilleurs produits de prélevée contre les géraniums, à condition de rester à 2.5 l/ha. Mais en forte pression, un programme à base de napropamide (COLZAMID) à 1.5 l/ha en présemis incorporé (incorporation légère sur 2-3 cm) reste la solution la plus régulière en efficacité.
Exemple : COLZAMID 1.5 l/ha + AXTER 1.5 l/ha ou mieux encore, COLZAMID 1.5 l/ha puis SPRINGBOK 2 l/ha.
Les programmes avec prélevée suivi de post-levée avec IELO
IELO présente une action contre les géraniums que l’on valorise dans un programme avec prélevée. Le résultat final est plutôt innovant et nettement supérieur aux références de type ALABAMA ou même COLZAMID puis AXTER. Les efficacités contre géranium disséqué, géranium à feuille ronde et géranium mou sont supérieures à celle obtenue sur géranium à tige grêle.
Des programmes de type AXTER 1,5 l/ha puis IELO 1,5 l/ha sont plus efficaces qu’une application de prélevée seule type ALABAMA. Le meilleur programme, en particulier sur géranium à tige grêle, combine ALABAMA 2 l/ha puis IELO 1.5 l/ha. Attention, IELO n’est pas efficace sur le gaillet. Prendre en compte cette flore dans le choix du produit de prélevée.
Tout en post-levée
Selon la pression, un MOZZAR à 0,25 l/ha ou MOZZAR 0,25 puis IELO 1,5 l/ha ou MOZZAR 0,25 puis MOZZAR 0,25 seront efficaces.
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Méthodes de désherbage durable des oléoprotéagineux
Dans un contexte de réduction de l’utilisation des herbicides et de progression des phénomènes de résistance, la gestion des adventices doit se réfléchir à l’échelle de la rotation en intégrant les leviers agronomiques, en raisonnant les interventions chimiques et en introduisant des techniques complémentaires comme le désherbage mixte et mécanique.
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La fertilisation du lin à l’automne
Pas d’apport d’azote à l’automne
Un apport d’engrais azoté est inutile à l’automne. Il est déconseillé d'apporter des effluents d'élevage sur le lin.
Les apports d’effluents à l’automne sont déconseillés car l’objectif est de d’éviter une croissance excessive du lin qui le sensibiliserait au froid. La végétation ne doit pas dépasser les 10 cm à l’arrivée des premières gelées.
De faibles besoins en potasse et en phosphate
Le lin a des besoins faibles en P et K. Raisonner les apports de P et K en fonction de la teneur du sol, de l’historique des apports (minéral et organique) et des résidus du précédent.
Gestion de la fertilisation phosphatée et potassique pour un rendement de 25 q/ha
| Sol à faible teneur | Sol à teneur moyenne | Sol à teneur élevée | |
| P2O5 | 40-50 u* | 30-40 u | 0 |
| K2O | 30 u** | 30 u | 0 |
* En cas d’exportation des pailles du précédent, ajouter à ces chiffres 10 à 20 u de P2O5
** En cas d’exportation des pailles du précédent, ajouter à ces chiffres 30 à 40 u de K2O.
Besoins, exportations et restitutions du lin en N, P, K
Eviter les carences en zinc en l’absence d’enrobage
En absence d’enrobage procéder à l’application de sulfate ou du chélate de zinc (volume de bouillie conseillée = 400 l/ha) au stade cotylédons-premières feuilles apparentes (= 2 cm) de manière à combler les exportations.
En cas de situation à risque de carence (terre superficielle argilo-calcaire, sols sableux, pH supérieur à 7,5, apport de chaux et de résidus d’origine agroindustrielle), même si des semences enrobées ont été utilisées, prévoir l’application de sulfate de zinc ou du chélate de zinc (forme plus sélective en conditions gélives ou en présence de morsures d’altises) au stade cotylédons-premières feuilles apparentes (volume de bouillie conseillée = 400 l/ha).
Pas d’application en cas de risque de gelées nocturnes.
En cas de carence, la plante prend un aspect grisâtre. A partir du stade 5-10 cm, des tâches blanchâtres peuvent apparaître sur le bouquet terminal (photo ci-dessous).
Ravageurs du pois : le sitone
Biologie
Le sitone est un charançon de 3,5 à 5 mm de long, de couleur gris brun, avec des yeux proéminents. Il arrive par vols échelonnés sur les parcelles de pois, depuis ses zones refuges (haies, bois, jachères, légumineuses). Sa larve, 6 mm de long, est bicolore : le corps est blanc et la tête, brun-jaune.
Sitone (Sitona lineatus) Fréquence : forte ; nuisibilité : faible
Le sitone est un charançon de 3,5 à 5 mm de long, de couleur gris brun, avec des yeux proéminents. Il arrive par vols échelonnés sur les parcelles de pois, depuis ses zones refuges (haies, bois, jachères, légumineuses). Sa larve, 6 mm de long, est bicolore : le corps est blanc et la tête, brun-jaune. Le sitone vit sur tout le territoire français.
En pois de printemps, les sitones entraînent des dégâts aériens et racinaires. Les adultes attaquent les bords des feuilles sous forme d’encoches semi-circulaires. Ces morsures n’ont pas d’impact sur le rendement. C’est la destruction des nodosités, puis des radicelles et des racines par les larves qui, en perturbant l’alimentation azotée des cultures, engendre une nuisibilité. Les pertes de rendement peuvent atteindre 10-12 q/ha dans les cas extrêmes et une baisse du taux de protéine jusqu’à 30%. L’impact du potentiel sera plus ou moins atténué selon le nombre de nodosités saines début floraison et du reliquat d’azote disponible dans le sol.
Règle de décision
| Stade sensible | Comment les détecter | Conditions favorables | Seuil |
| De la levée au stade 6 feuilles* | Observations sur plante : encoches sur les feuilles | Temps ensoleillé sans vent | Intervenir à partir de 5 à 10 encoches par plante sur les 1ères feuilles émises. Maintenir ensuite la surveillance et réintervenir si le seuil est à nouveau dépassé sur les jeunes feuilles émises avant *6 feuilles en pois de printemps. |
(*) 8-10 feuilles en pois hiver
Au-delà du stade 6 feuilles en pois de printemps et 8-10 feuilles en pois hiver, les traitements deviennent inutiles, car les adultes ont déjà pondu. Les pyréthrinoïdes homologués protègent uniquement les feuilles présentes lors du traitement. Le sitone apparaît souvent après le thrips. Il est rare de pouvoir maîtriser ces deux ravageurs par une seule application en végétation.
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Ravageurs du pois : oiseaux
Les pigeons (ramier, biset) sont à l’origine de dégâts importants sur pois à la maturité. Ils se nourrissent de graines dans les gousses, ceci d’autant plus que le couvert de pois est versé.
Ravageurs du pois : la bruche
Bruche (Bruchus pisorum) Fréquence : forte dans le Sud, moyenne dans l’ouest et plus faible dans le Nord ; nuisibilité : faible mais perte de qualité
La bruche est un petit coléoptère de 4 mm de long ; le fémur des pattes antérieures est noir, une tâche blanche sur le prothorax, une ligne oblique blanche sur les élytres et des taches noires sur l’abdomen. Sa larve, apode, au corps blanc et à la tête brune, mesure 5-6 mm. La bruche présente une seule génération par an. L’adulte pond sur les gousses. Après éclosion, la larve pénètre directement, sans se « balader » contrairement à la tordeuse, dans la gousse puis dans la graine. Elle s’y développe pour donner un adulte qui sort de la graine en faisant un trou bien rond. Ce dernier gagne une zone d’hivernage (zone boisée) sans se reproduire dans les graines stockées. Ainsi, aucune nouvelle graine n’est attaquée pendant le stockage. Surveiller de début floraison à fin floraison. Sur les gousses, observer les œufs de forme allongée (0,6 x 1,5 mm) et de couleur blanc crème afin d’identifier la présence de l’insecte dans la parcelle. Les bruches provoquent une faible perte de rendement mais affectent la qualité des graines. Les orifices formés dans les graines sont préjudiciables en alimentation humaine (seuil de 1 à 3%) et pour la production de semences (pouvoir germinatif faible). En alimentation animale, les seuils de dégâts tolérés sont élevés (10 %).
Ne pas confondre la bruche du pois avec la bruche de la féverole.
Règle de décision
Aucun insecticide actuel n’est efficace contre les larves qui pénètrent directement dans les gousses après éclosion.
La protection insecticide, qui vise les adultes, n’est que rarement efficace et peu valorisée en raison de la longueur de la phase de risque, du stade jeunes gousses 2 cm sur le premier étage fructifère jusqu’à fin floraison + 10 jours (une seule application de lambda-cyhalothrine réglementairement possible en floraison. Pour une efficacité maximale, la positionner à partir du stade jeunes gousses 2 cm et lorsque les températures maximales journalières sont supérieures ou égales à 20°C pendant au moins 2 jours consécutifs (les bruches sont alors actives). Cette application nécessite un fort volume d’eau (au moins 200 L/ha) pour pénétrer le couvert. Cette application permet de limiter le risque mais ne garantit pas toujours d’atteindre certains seuils qualité exigés en alimentation humaine par exemple.
Une lutte collective est souhaitable au sein d’un bassin de production, car les bruches se déplacent beaucoup.
| Stade sensible | Comment les détecter | Conditions favorables | Seuil |
| Stade JG2 cm à fin floraison + 10 jours (commencer la surveillance à partir de début floraison) | Observation visuelle sur la végétation | Bruches actives lorsque Tmax>= 20°C pendant au moins 2 jours consécutifs |
Absence de seuil. |
Pollinisateurs
SPe8. Pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ne pas appliquer les insecticides durant la floraison ou en période de production d'exsudat, à l'exception des usages bénéficiant de la mention abeille (F, PE, FPE) ou emploi possible. L'arrêté du 20 novembre 2021 encadre les horaires d’application : dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les 3 heures qui suivent le coucher du soleil.
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Ravageurs du pois : la tordeuse
Tordeuse (Cydia nigricana) Fréquence : fréquent ; nuisibilité : moyenne
A l’âge adulte, la tordeuse est un petit papillon brun de 15 mm d’envergure. Il vole lorsque la température maximale dépasse 18°C. 2-3 jours après son arrivée dans la parcelle, il pond pendant 3 semaines environ, de préférence sur les feuilles de pois de printemps et d’hiver. Les chenilles, de 13 à 18 mm de long, sont bicolores : le corps est blanc-jaune et la tête brun clair. Elles apparaissent après une incubation de 1 à 2 semaines selon la température. Elles ont un court stade « baladeur ». Pendant ce temps, elles se déplacent pour pénétrer dans une gousse de pois, où elles grignotent les graines.
Règle de décision
Les traitements visent les chenilles avant qu’elles ne pénètrent dans la gousse du pois. Mais comme elles sont difficiles à repérer, le seuil de déclenchement de l’insecticide dépend du nombre de papillons mâles piégés dans des pièges spécifiques (piège Delta émettant des phéromones). Le pois est sensible à partir du stade jeunes gousses plates (gousses de 4-5 cm de long) sur le premier étage fructifère. Arrêter les traitements à fin floraison + 8-10 jours. Penser à utiliser un produit avec la mention abeilles s’il est nécessaire de traiter durant la floraison. Remarque : un traitement insecticide réalisé à début floraison contre les pucerons est trop précoce pour être efficace contre les chenilles de tordeuses, car les gousses ne sont pas encore formées.
Débouché en alimentation animale
Les dégâts occasionnés par la chenille de la tordeuse ont peu d’incidence sur le rendement en pois. S’il est utilisé en alimentation animale, on peut tolérer des seuils de présence élevés. Traiter à partir de 400 captures cumulées depuis le début de la floraison. Renouveler le traitement si, dans la semaine qui suit, le piège recense à nouveau 400 papillons.
Débouché en alimentation humaine ou en semences
Les attaques de tordeuse affectent la qualité (visuelle et germinative) des graines de pois, si elles sont vouées à l’alimentation humaine ou à la production de semences. Plusieurs traitements sont parfois nécessaires. Intervenir à partir de 100 captures cumulées depuis le début de la floraison ET en présence des premières gousses plates sur les pois (gousses de 4-5 cm de long sur les étages du bas). Si les tordeuses poursuivent leurs vols, renouveler le traitement tous les 8-10 jours, jusqu’à environ 8-10 jours après fin floraison ( soit 4 étages de gousses au stade limite d’avortement).
| Période d'observation | Stade sensible | Comment les détecter ? | Conditions favorables | Seuil |
| Début floraison à fin floraison + 8-10 jours |
Stade jeunes gousses plates à fin floraison + 8-10 jours |
Piège sexuel BSV |
Vol si Tmax>18°C |
Déclenchement selon le débouché : Alimentation humaine et production de semences : 100 captures cumulées à partir de début floraison ET apparition des premières gousses plates sur les pois. Alimentation animale : 400 captures cumulées depuis début floraison. Réintervenir si le seuil est à nouveau atteint |
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