Les variétés du chanvre
Des semences obligatoirement certifiées
La culture du chanvre est régie par les réglementations françaises et européennes, harmonisées depuis 2004.
Seules les variétés ayant un taux de THC inférieur à 0,3 % (delta 9 TétraHydroCannabinol) sont autorisés à la culture au sein de l'union européenne. Les semences certifiées sont obligatoires.
L'utilisation de semences de ferme est rigoureusement interdite. En effet, cela risquerait d'entraîner une augmentation du taux de THC, et ainsi de dépasser les normes en vigueur, mais également d’augmenter le taux de fleurs mâles (faiblement productrices) de cette plante naturellement dioïque. Chaque année, des contrôles sont effectués en culture (30 % des surfaces cultivées).
Aujourd'hui, 9 variétés françaises (inscrites au Code de la Santé Publique) peuvent être multipliées en France. Il est possible de cultiver toutes les variétés françaises et certaines variétés étrangères inscrites au catalogue communautaire.
Pour une grande majorité, les mêmes variétés sont utilisées pour la production de paille et pour la production de chènevis. Mais avec l’inscription en 2016 de Fibror 79 et en 2019 d’Earlinéa on observe une nouvelle caractérisation des variétés, avec notamment des variétés qui ont une meilleure facilité de défibrage ou bien qui sont plus productives en chènevis.
Le choix variétal fonction du mode de culture
Le chanvre est cultivé selon 2 modes, le mode battu et le mode non battu.
- Dans le mode non battu, la plante entière est récoltée (fauchage, andainage, pressage). Choisir plutôt des variétés tardives, pour maximiser le rendement paille.
- Dans le mode battu, le chènevis (battage) puis la paille (fauchage, andainage, pressage) sont récoltés. Choisir plutôt des variétés précoces ou mi-précoces permettant à la fois d’obtenir un optimum de productivité pour la graine et la paille.
Les variétés de chanvre se distinguent essentiellement par leur précocité. Une large gamme de précocité est offerte dans les variétés françaises (de très précoce à tardive). La précocité est mesurée par rapport à la date du stade pleine floraison. Le stade pleine floraison est atteint lorsque 85 % des plantes ont leurs dernières fleurs femelles ouvertes. La floraison du chanvre est très dépendante de la photopériode. Cela signifie que la pleine floraison est toujours atteinte à date fixe pour une variété donnée, à une latitude donnée, indépendamment de la date de semis.
La sélection de variétés monoïques, plus productives
A l’état naturel, le chanvre est dioïque : fleurs mâles et fleurs femelles fleurissent sur des pieds distincts. Or, les pieds mâles sont moins productifs en fibre, ne produisent pas de graines et meurent dans la culture avant les pieds femelles. Par ailleurs, leurs pieds, secs avant récolte, posent des problèmes de fauche.
La sélection s'est donc attachée à obtenir des variétés monoïques, plus productives.
Sexualité et précocité (date de pleine floraison) des principales variétés cultivées en France
| Variétés | Sexualité | Précocité |
| Uso 31 | Monoïque | 20 juillet |
| Férimon | Monoïque | 31 juillet |
| Fédora 17 | Monoïque | 1er août |
| Félina 32 | Monoïque | 4 août |
| Santhica 27 | Monoïque | 6 août |
| Epsilon 68 | Monoïque | 9 août |
| Santhica 70 | Monoïque | 11 août |
| Futura 75 | Monoïque | 15 août |
| Fibror 79 | Monoïque | 20 août |
| Dioïca 88 | Dioïque | 5 septembre |
Un traitement de semences contre la fonte des semis
En culture conventionnelle, un traitement de semences à base de thirame, à 160 g de matière active par quintal, peut être appliqué pour lutter contre la fonte des semis. Mais à la suite du non-renouvellement de l’approbation du thirame, 2019 sera la dernière campagne proposant ce traitement de semences.
Il est possible de se procurer des semences non traitées, notamment en culture biologique.
Un outil opérationnelAvec myVar®, un outil d’aide à la décision accessible en ligne, toutes les données variétés sont disponibles en quelques clics. Vous pouvez consulter les fiches par variété et comparer plusieurs variétés entre elles. A découvrir sur www.myvar.fr |
Documents à télécharger
Le fauchage du chanvre en mode battu
En mode battu, les graines (chénevis) sont récoltées les premières.
La récolte du chènevis
Le chènevis est une graine très fragile, qui s’oxyde rapidement. De plus, les inflorescences du chanvre contiennent beaucoup de petites feuilles qui se détachent au battage. Les réglages des machines doivent tenir compte de ces deux paramètres.
Il est préconisé d’utiliser une faible vitesse de battage (400 à 500 tours par minute) et de procéder à un nettoyage des grilles énergique.
Ces caractéristiques imposent que le chènevis soit séché dans les 6 heures suivant la récolte. Le non-respect de cette exigence conduit à un échauffement de la graine qui entraîne des pertes de qualité. Le chènevis conventionnel doit se trouver à moins de 9 % d’humidité.
Selon les systèmes de récolte, le battage et la fauche se feront en un ou deux passages.
Battage et fauche en deux passages
Dans ce cas, la récolte peut s’effectuer avec des moissonneuses batteuses conventionnelles ou axiales. Le tablier de coupe doit être positionné juste au-dessous des inflorescences, le plus haut possible pour qu’un minimum de matière passe dans la machine. Comme pour la moisson des céréales, les volumes de paille importants réduisent la vitesse d’avancement et plus il y a de paille qui entre dans la machine plus les risques d’usure et de bourrage sont élevés.
Le réglage de la machine a une incidence sur la qualité du chènevis.
Il faut utiliser une faible vitesse de battage :
- Moissonneuse batteuse à secoueurs +/- 400 à 500 tours/min
- Moissonneuse batteuse Axial +/- 300 à 350 tours/min
Il est nécessaire de desserrer largement les contres batteurs (en se laissant une marge en cas de bourrage) et de procéder à un nettoyage (grilles et vents) énergique (maximum d’impuretés < 25 %). La vidange de la trémie se fera avec un débit modéré.
1. Fauche de la paille en brins longs à la busatis suite à une moisson du chénevis - 2. Fauche de la paille en brins courts à l’ensileuse
Une fois la moisson du chènevis réalisée, la paille peut être fauchée. Le matériel de fauche doit permette de couper le chanvre écrasé par les roues de la moissonneuse et répondre aux exigences des transformateurs sur la taille des brins (longs ou courts). Pour des raisons pratiques, la faucheuse circulera préférentiellement en sens inverse de celui de la moissonneuse. Pour limiter l’écrasement de la paille par les roues de la moissonneuse, des diviseurs peuvent y être adaptés. Deux systèmes sont actuellement utilisés :
- la faucheuse à sections (photo 1 ci-dessus), le système conventionnel qui nécessite le moins d’investissements et peut être géré individuellement par les agriculteurs
- l’ensileuse modifiée équipée d’un bec Kemper (photo 2 ci-dessus). Cette deuxième solution, contrairement à la première, permet une récolte en brins courts mais entraîne des coûts de récolte très élevés pour les agriculteurs.
Battage et fauche en un seul passage
Deux types de machines combinées ont été développés dans différentes zones de production. Elles permettent, en un seul passage, la récolte du chènevis, la coupe de la paille en brins de longueur égale (autour de 50 cm) et son andainage. Mais l’investissement est lourd et implique une gestion collective de la récolte.
La moissonneuse modifiée avec un bec Kemper
Mise au point par l’industriel de défibrage allemand BAFA, est souvent dédiée exclusivement à la récolte du chanvre car les modifications faites sont importantes. Son débit de chantier moyen est de 1,3 ha/h. Cependant, toute la matière transitant à l’intérieur de la machine, des problèmes peuvent survenir dans les parcelles dont le rendement avoisine ou dépasse les 10 tonnes de matière sèche par hectare (réduction des débits de chantier, bourrages de matière). Par ailleurs des difficultés de triage et de propreté du chènevis peuvent être observés.
Un prototype de récolte double voie
Il a été développé pour être adapté sur des moissonneuses-batteuses conventionnelles. Ce système permet des débits de chantiers de 4 ha/h. Seules les extrémités des tiges passent dans la machine permettant un meilleur tri du chènevis et une meilleure adaptation sur les parcelles à fort potentiel de rendement.
Un prototype de récolte de la graine grâce à un système d’aspiration
Il a été développé pour être adapté sur une ensileuse équipée d’un bec Kemper. Cette innovation mise au point par un producteur de chanvre est actuellement en phase de test.
Quand récolter le chanvre ?
Une influence sur le rendement en graines mais pas en paille
Pour une variété donnée, la date de récolte a peu d’influence sur le rendement paille, sauf, bien sûr, si elle intervient avant la fin de la floraison. Par contre, plus la date est tardive, plus le rendement graines est élevé.
Attention : la graine de chanvre est très déhiscente. Si la récolte est trop tardive, le rendement peut s'effondrer suite à un coup de vent ou une forte pluie.
Chanvre en période de récolte
En mode non battu, mais attention aux récoltes trop précoces
Récolte du chanvre avec ensileuse
La récolte peut s’effectuer dès la fin de la floraison, lorsque l’optimum de rendement en paille est atteint. Néanmoins, à ce stade, les tiges encore très vertes, et la masse foliaire importante peuvent entraîner les conséquences suivantes :
- augmentation du temps de séchage au sol,
- augmentation non contrôlée du rouissage (pourrissement possible car les tiges contiennent beaucoup d'eau),
- fibres et chènevotte de couleur verte, peu prisées par les industriels (défibrage difficile),
- qualité de fibre non optimisée. En effet, les fibres continuent à se rigidifier après la floraison des plantes parallèlement à la maturation des graines, au jaunissement de la tige et à sa défoliation.
En revanche, plus les tiges sont jaunes et défoliées, plus leur fauchage est difficile.
En mode battu au stade optimal de maturité du chènevis
La date de récolte est liée à la précocité de la variété. La récolte du chènevis s’effectue environ 4 à 6 semaines après la date de pleine floraison, communiquée par l’obtenteur variétal.
Cependant, pour une même plante, les graines n’arrivent pas à maturité en même temps. Ainsi, il est admis que le stade de récolte est atteint lorsque les enveloppes des graines les plus basses de l’inflorescence commencent à tomber, que les graines en haut de l’inflorescence sont au stade pâteux et que les tiges sont quasiment totalement défoliées (du 5 septembre pour les variétés les plus précoces au 15-20 septembre pour les plus tardives). Cette date reste un compromis entre la quantité de chènevis mature et les conditions météorologiques qui, si elles se dégradent, peuvent provoquer un égrenage ou la germination sur pied impactant fortement le rendement en chènevis et compromettant la qualité de la paille.
Le mode de récolte se prévoit dès le semis
Le choix du système de récolte est déterminé par le contrat signé entre le producteur et l’industriel de 1ère transformation. Il doit prendre en compte les objectifs de récolte (récolte du chènevis ou non), l’organisation collective ou individuelle de la récolte, les contraintes à l’usine et les débouchés visés. Les différences existantes entre les différents modes de récolte concernent principalement la fauche avec la récolte ou non du chènevis.
L’organisation collective de la récolte permet d'investir dans des machines très performantes mais la réactivité du chantier peut être pénalisée si le nombre de machines disponibles est faible.
A retenirLes dates de récolte dépendent :
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