Aphanomyces : une note de préservation du rendement pour trois variétés de pois de printemps
Depuis une vingtaine d’années des travaux sont menés en génétique et sélection (collaboration INRAE, GSP(1) et Terres Inovia) afin de créer des variétés de pois plus tolérantes à l’aphanomyces. Un progrès génétique significatif a été mis en évidence ces dernières années et le CTPS a attribué en 2020 une note de préservation du rendement à trois variétés de pois de printemps :
- Poseidon (Agriobtentions, inscription 2015)
- Kagnotte (KWS Momont, inscription 2019)
- Karacter (KWS Momont, inscription 2020)
Evaluation de la tolérance à aphanomyces : Karacter (à gauche) et Kayanne (à droite)
Ces trois variétés ont une note de 3 sur une échelle de préservation du rendement de 1 (nulle) à 9 (très bonne), toutes les autres variétés de pois de printemps actuellement cultivées ayant une note de 1. Le gain apporté par ces trois variétés reste insuffisant pour qu’elles soient cultivées dans des parcelles moyennement à fortement contaminées (PI(2) >1). En revanche, elles présentent un intérêt pour sécuriser les rendements dans les parcelles faiblement contaminées (PI<1). Dans ces parcelles, la répartition de l’inoculum est en effet hétérogène et il existe seulement quelques foyers de maladie. Il peut arriver, si les conditions climatiques sont particulièrement favorables, que la maladie s’exprime dans ces petits foyers.
Dans une telle situation, ces trois variétés présentent peu ou pas de symptômes sur parties aériennes et une moindre perte de rendement dans les foyers de maladie par rapport aux autres variétés. A titre d’exemple, la variété Karacter présente en moyenne sur deux années d’évaluation en parcelles fortement contaminées (PI>4) un rendement supérieur de 5 à 8 quintaux par rapport à celui des témoins CTPS (ce qui représente 116% à 164% des témoins CTPS). C’est ce gain de rendement par rapport aux autres variétés qui est attendu dans les foyers de maladie.
(1)Groupement des Sélectionneurs de Protéagineux
Le progrès génétique en pois de printemps
Depuis les années 2000, le progrès génétique en pois de printemps a principalement porté sur l’amélioration de la hauteur de tige à la récolte en plus du rendement.
Les variétés de pois cultivées dans les années 1990 et au début des années 2000 étaient toutes très sensibles à la verse (Athos, Baccara, Badminton, Solara…). Elles se plaquaient au sol lors des étés pluvieux, entraînant des pertes de rendement pouvant atteindre 10 q/ha. Aujourd’hui, ces variétés ne sont plus cultivées. Kayanne (inscrite en 2008) les remplace en grande partie, avec d’autres variétés comme Astronaute, Safran ou Bagoo. On note des progrès en rendement de l’ordre de 14 q/ha de plus pour les variétés récentes et en tenue de tige (gain de 30 à 40 cm) sur la période du CTPS 2008-2019. Ces résultats confirment ceux constatés dans un réseau de 13 essais implantés en 2013 par ARVALIS – Institut du végétal : Kayanne apportait en moyenne un gain de 11 q/ha et de 30 cm à la récolte par rapport à Solara (inscrite en 1987).
De nouveaux critères ont été développés en pois de printemps et mesurés dans le cadre du CTPS : la tolérance à Aphanomyces sur parcelles faiblement contaminées, un meilleur pouvoir couvrant, ou encore une moindre décoloration chez les variétés de pois à grains verts destinées à la casserie.
Note de préservation du rendement vis-à-vis d'Aphanomyces
- 1 : nulle à très faible : Astronaute, Safran, Kayanne (et les autres variétés de pois de printemps sauf 3)
- 2 : très faible
- 3 : faible : Poseidon, Kagnotte, 3007604 (Karacter)
- 4 : faible à moyenne
- 5 : moyenne
- 6 : moyenne à bonne
- 7 : bonne
- 8 : bonne à très bonne
- 9 : très bonne
Afin d’améliorer le choix variétal et de promouvoir le progrès génétique, Terres Inovia, en collaboration avec le GEVES, développe de nouveaux critères et outils. Depuis l’automne 2019, toutes les informations sur les variétés de pois d’hiver et de printemps sont disponibles grâce à l’outil MyVar. Il est désormais possible de comparer les résultats des variétés sur un département donné sur un grand nombre de critères et d’accéder aux rendements pluriannuels de pré et post-inscription.
Le progrès génétique en pois d'hiver
En pois d’hiver comme de printemps, malgré des surfaces fluctuantes, la sélection est restée dynamique et l’on assiste à une augmentation continue du nombre de variétés inscrites pour les deux types de pois.
Ces nouvelles variétés amènent un progrès notable sur le rendement mais aussi sur d’autres caractères comme la hauteur à la récolte, la taille des graines et la teneur en protéines. La culture bénéficie donc aujourd’hui de perspectives intéressantes grâce à ce progrès génétique.
Rendement
Le progrès génétique réalisé en pois d’hiver sur le rendement a pu être évalué à partir des données du CTPS à l’inscription des variétés, de 2004 à 2021, en comparant toutes les variétés récentes par rapport à une variété ancienne, Isard, inscrite depuis plus de 15 ans. L’analyse fait apparaître une amélioration de près de 20 à 25% de rendement/an sur cette période (soit +10 q/ha en 15 ans). Les quatre dernières variétés, inscrites en 2021, se sont distinguées avec un rendement particulièrement élevé, supérieur ou équivalent à celui de la variété Furious, actuellement la plus cultivée en France. Elles ont confirmé ces bonnes performances en 2022 dans le réseau de post-inscription géré par Terres Inovia.
Hauteur à la récolte
La hauteur à la récolte des variétés de pois d’hiver a également été nettement améliorée et tend à se rapprocher de celle des pois de printemps. Isard reste la variété la plus sensible à la verse : elle dépassait rarement 30 à 35 cm à la récolte. Un gain de plus de 30 cm en hauteur a été obtenu depuis plus de 15 ans avec les variétés récemment inscrites, qui dépassent 60 cm de hauteur pour certaines en fin de cycle. La verse et les maladies aérienne comme l’ascochytose ont ainsi été réduites grâce une meilleure tenue de tige des variétés. La récolte de la culture s’en trouve également facilitée.
Résistance au froid
La résistance au froid des variétés est variable. Celle-ci est élevée pour des inscriptions comme Myster, Balltrap et Fresnel, proche de celle d’Isard, qui peut résister jusqu’à -18 °C en condition d’endurcissement maximal (températures négatives qui descendent progressivement). Parmi les variétés récentes, Casini, Paddle et Furtif possèdent une résistance au froid équivalente voire supérieure. Ces variétés sont à recommander dans les secteurs les plus froids de l’Est de la France. En revanche, Enduro, Aviron et Curling ne semblent pouvoir résister qu’à ‑13°C en condition d’endurcissement maximal. Lapony, Furious et Flokon mais aussi Uppercut et Feroe ont un niveau de résistance intermédiaire, supérieur à celui de Faste, Frosen et Escrime. Toutes ces variétés sont plus adaptées à la région Centre et à l’Ouest de la France.
Bactériose
Concernant les maladies, des différences variétales de comportement en présence de bactériose ont été identifiées en 2021 dans le réseau d’évaluation de post inscription de Terres Inovia sur 10 variétés dans quelques sites où des notations ont pu être réalisées. La tolérance à la bactériose semble être liée à la résistance au gel mais il est encore trop tôt pour établir un classement des variétés. Il vaut mieux éviter celles qui sont notées très sensibles. Des notations effectuées en 2023 pourraient venir conforter les différences variétales déjà observées.
Teneur en protéines et PMG
La teneur en protéines et le PMG, même s’ils sont variables entre variétés, ont globalement progressé depuis 15 ans. Parmi les dernières inscriptions, la teneur en protéines a souvent égalé ou dépassé le seuil de 22 % en pois d’hiver, avec des pointes à 22.2 % avec Uppercut et à 22.6 % avec Faquir.
Enfin, la plupart des variétés récentes présentent un PMG plus élevé, proche ou supérieur à 200 g, que les variétés plus anciennes (170-180 g). Seules quelques exceptions (Uppercut ou Paddle) ont des graines de plus petite taille.
myVar® : l’outil incontournable pour réaliser son choix variétal en pois et féverole
Gestion agronomique des adventices en pois
Le pois est sensible à la concurrence des adventices. Par conséquent, il est conseillé de préférer les parcelles propres pour y cultiver du pois. Si une parcelle est laissée moyennement propre par le précédent, on privilégiera la mise en place d’une féverole sur cette parcelle.
Pensée et coquelicot dans une parcelle de pois.
Approche préventive
La maîtrise des adventices en pois passe avant tout par la prévention :
Varier les cultures dans les rotations (avec éventuellement des prairies, particulièrement pour l’AB) et utiliser des semences propres.
Le déchaumage précoce permet d’éviter la grenaison des adventices avant le pois : pour détruire des adventices à des stades bien avancés, privilégier les déchaumeurs à socs larges et plats ou les cultivateurs à dents rigides. Le déchaumage (avec rappuyage) peut permettre également de déstocker des graines d’adventices, en les faisant germer.
Le labour est envisageable avant le pois pour épuiser le stock semencier des graminées en particulier. Toutefois, un labour tous les 3 à 4 ans seulement permet d’éviter la répartition du stock de semences sur tous les horizons. Il est conseillé de labourer en terre ressuyée à 15-20 cm et avec des rasettes pour accroître l’efficacité du retournement de sol en projetant en fond de raie les plantules et les graines d’adventices.
Le faux-semis pour diminuer la pression des adventices : la technique du faux-semis permet de diminuer le stock des graines d’adventices dans le sol. Veiller à ne pas trop affiner un sol sensible à la battance. Effectuer les faux-semis sur sol ressuyé et en fonction de l’adventice visée.
Choix de la variété : une variété capable de couvrir rapidement le sol (hauteur, port, biomasse…) favorise l’étouffement des adventices.
Passages mécaniques à l’aveugle : La herse étrille ou la houe rotative passée en prélevée limite les risques d’infestation en début de cycle (pour en savoir plus, consulter l'article désherbage mécanique du pois)
Stratégies chimiques : Le désherbage se raisonne à la parcelle, en fonction de la flore connue. En pois de printemps, une application en prélevée offre un plus large spectre de produits ; une application en post levée uniquement est plus économique, à condition de bien connaitre sa flore. Un programme pré puis post levée permet de sécuriser la gestion des adventices et de levées échelonnées.
Les mesures préventives, mais également curatives (voir article désherbage mécanique du pois et voir article désherbage chimique du pois), sont importantes car le salissement de fin de cycle est fréquent dans le pois, lorsque sa biomasse végétale s’éclaircit. Or cette concurrence tardive impacte le rendement du pois.
Efficacité des leviers agronomiques sur pois
| Adventices | Rotation diversifiée | Labour occasionnel | Déchaumages/ déstockage d'été | Faux-semis (avant semis de culture suivante) |
| Pois P et H | Pois P et H | Pois P et H | Pois H | |
| Bromes | ||||
| Folle avoine de printemps | ||||
| Folle avoine d'automne | ||||
| Ray-grass | ||||
| Vulpin | ||||
| Chénopode blanc | ||||
| Coquelicot | ||||
| Matricaires et Anthémis | ||||
| Mercuriale annuelle | ||||
| Moutarde des champs | ||||
| Stellaire intermédiaire | ||||
| Renouée liseron | ||||
| Renouée des oiseaux | ||||
|
Renouée persicaire |
||||
| Gaillet gratteron | ||||
| Ammi majus | ||||
| Ravenelle | ||||
| Laiteron rude | ||||
| Pensée des champs | ||||
| Véronique de Perse | ||||
| Véronique à feuille de lierre | ||||
| Morelle noire | ||||
| Chardon des champs | ||||
| Rumex à feuilles obtuses et Rumex crépu | ||||
| Liseron des champs | ||||
| Liseron des haies |
| Bonne efficacité | |
| Efficacité moyenne ou irrégulière | |
| Efficacité insuffisante ou très aléatoire | |
| Efficacité nulle ou technique non pertinente |
Infloweb : une mine d’informations et de conseils sur plus de 40 adventices majeures des grandes cultures
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Lutter préventivement contre les maladies du pois d'hiver
Il existe un certain nombre de règles à respecter à l’échelle de la succession culturale et de l’itinéraire technique pour anticiper les risques maladies :
Respecter les fréquences de retour conseillées
Une fréquence de retour de 6 ans minimum est conseillée pour réduire les risques de maladies, en particulier les maladies racinaires.
Bien choisir ses couverts
Ne pas cultiver de pois ou d’espèces/variétés de légumineuses sensibles à l’aphanomyces dans les couverts ou en tenir compte dans la fréquence de retour du pois en cuture de rente.
Même si le pois d’hiver est peu impacté par cette maladie, il est important de préserver l’état sanitaire du sol.
Eviter les repousses
Les repousses de pois peuvent multiplier certains pathogènes responsables notamment de maladie racinaires.
Privilégier les variétés récentes
Pour limiter le développement de certaines maladies aériennes (ascochytose, botrytis, mildiou), il est important de privilégier les variétés récentes, plus hautes et présentant une bonne tenue de tige. Ces variétés permettent en effet d’avoir un couvert plus aéré, créant ainsi un microclimat moins favorable aux maladies.
Les variétés résistantes au froid sont également à privilégier. Les blessures occasionnées par le gel constituent des portes d’entrées pour les agents pathogènes, en particulier pour Pseudomonas syringae pv pisi, agent de la bactériose.
Respecter les dates et densités de semis préconisées
Il est essentiel de ne pas semer le pois d’hiver trop tôt pour éviter un développement précoce de l’ascochytose et limiter le risque bactériose. Il est également essentiel de ne pas semer trop dense. Un couvert dense maintient l’humidité et favorise donc le développement des maladies.
Semer dans de bonnes conditions
Semer dans de bonnes conditions, dans un sol ressuyé, permet de limiter les risques, en particulier pour les maladies racinaires.
Ascochytose sur pois
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