Stratégies de désherbage en pois protéagineux de printemps
Raisonner la lutte chimique en pois de printemps
L'application de prélevée pour un large spectre
Le traitement de prélevée offre le plus large choix de produits permettant de faire face à différents types d’adventices. Il constitue une solution sécurisante car la croissance de la culture est assez rapide. C’est une base nécessaire dans les parcelles sales en dicotylédones, ou avec des dicotylédones fortement concurrentielles (gaillet, renouées, matricaire, éthuse), ou difficiles à maîtriser uniquement en post-levée (éthuse, arroche, renouée des oiseaux). Dans le cas de relevées d’adventices ou d’efficacité insuffisante (sol sec), un rattrapage en post-levée est possible.
Renouée liseron dans du pois.
L'application de post-levée seule
L'application de post-levée seule. Cette stratégie de “tir à vue” est souvent plus économique, à condition de bien connaître la flore attendue.
Bien adaptée aux faibles pressions des mauvaises herbes, elle reste délicate : adventices jeunes (stade cotylédons à 2-3 feuilles), conditions poussantes et en dehors de fortes amplitudes thermiques (sélectivité). Parfois, le stade de l’adventice prime sur les meilleures conditions climatiques. En effet, il devient très difficile d’aboutir à un bon contrôle des adventices trop développées telles que renouée liseron ou chénopode.
Veiller au respect du délai avant récolte.
Programme de prélevée suivi d'une post-levée
Ce type de programme permet de contrôler les levées échelonnées en essayant de rester dans une stratégie avec un bon rapport qualité-prix. Appliquer un produit de prélevée à une dose inférieure à la dose homologuée (en général ¾ de celle-ci), puis appliquer en post-levée sur des adventices jeunes des produits à faible dose.
Ce programme est décidé à l’avance. Les adventices les plus difficiles à contrôler orientent le choix du ou des produits appliqués en prélevée. La post-levée est systématiquement réalisée sur des adventices à un stade jeune (cotylédons à 2-3 feuilles maximum).
Point règlementaire - Utilisation du Challenge 600 en post-levée
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Conditions d’efficacité et de sélectivité
Produits racinaires de prélevée
- La dose doit être adaptée au type de sol : moduler cette dose en sols filtrants (sables, limons sableux). Nirvana S est déconseillé dans ces types de sols.
- Traiter au plus tôt après le semis afin de limiter les risques de manque de sélectivité. Challenge 600 est le seul produit qui peut s’appliquer au plus près de la levée (stade crosse sous terre). Pas de roulage après application de l’herbicide.
- Un sol frais au moment du traitement et une petite pluviométrie dans les jours suivants sont les conditions idéales pour une bonne efficacité.
Post-levée
- Eviter le mélange d’un herbicide antidicotylédone de post-levée (Challenge 600, Basagran SG, etc.) avec les antigraminées foliaires. Respecter un délai de 8 jours entre les deux applications en commençant par l’antidicotylédone. Les antigraminées foliaires peuvent exacerber le manque de sélectivité d’une application de prélevée.
- Traiter sur des adventices jeunes (2-3 feuilles) et avant que le pois ne recouvre le sol.
- Le pois doit être en bon état végétatif. Eviter les fortes amplitudes thermiques (l’écart doit être inférieur à 15°C) et les périodes de nuit trop froides (températures inférieures à 5°C).
- Respecter les conditions de nettoyage des herbicides de type sulfonylurées, qui ont été appliqués sur céréales.
- Le mélange Challenge 600 + Basagran SG/Adagio SG est déconseillé en sol très superficiel, sable et cranette, ainsi qu’après une application de prélevée qui manque de sélectivité. Dans ce type de mélange, l’ajout de pendiméthaline (Prowl 400...) améliore l’efficacité sur renouées mais augmente le risque de phytotoxicité.
- Dans les programmes Nirvana S en prélevée puis Corum en post-levée, BASF Agro recommande de ne pas dépasser la dose totale pour la culture (dose annuelle) de 75 g/ha d’imazamox (soit Nirvana S 3 l/ha maximum puis Corum 1 l/ha + adjuvant).
- Pour les spécialités à base de bentazone (Basagran SG/Adagio SG, Corum) : afin de protéger les ressources en eau au-delà du respect des bonnes pratiques agricoles, BASF Agro et Phyteurop recommandent des préconisations spécifiques à l’utilisation de la bentazone :
- ne pas dépasser la dose de 1000 g/ha/an lors de programmes ou de successions de cultures avec des solutions à base de bentazone,
- ne pas l’appliquer avant le 15/03 quel que soit le stade de la culture,
- sur les zones de captages, ne pas utiliser de bentazone sur les sols dont le taux de matière organique est < 1,7 %. Eviter l’application sur les sols sensibles aux transferts d’eau (sols superficiels ou sols avec nappes peu profondes).
Adventices difficiles à contrôler
Gérer les adventices difficiles en pois
Bien choisir son herbicide sur pois
Télécharger les documents sur l'efficacité des stratégies de désherbage et les caractéristiques des produits en fin d'article
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Désherbage : stratégies en pois protéagineux d'hiver
Raisonner la lutte chimique en pois d'hiver
La maîtrise de l’ensemble de la flore après une application unique de prélevée est souvent insuffisante (relevées d’adventices en sortie hiver).
Opter pour une stratégie de programme prélevée à dose modulée puis post-levée dans les situations les plus complexes, ou pour une stratégie tout en post-levée dans le cas général avec des flores connues ou reconnues.
Exemples de stratégies à télécharger en fin d'article.
Renouée liseron dans du pois.
Point règlementaire - Utilisation du Challenge 600 en post-levée
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Conditions d’efficacité et de sélectivité
Produits racinaires de prélevée
- La dose doit être adaptée au type de sol : moduler cette dose en sols filtrants (sables, limons sableux). Nirvana S est déconseillé dans ces types de sols.
- Traiter au plus tôt après le semis afin de limiter les risques de manque de sélectivité. Challenge 600 est le seul produit qui peut s’appliquer au plus près de la levée (stade crosse sous terre). Pas de roulage après application de l’herbicide.
- Un sol frais au moment du traitement et une petite pluviométrie dans les jours suivants sont les conditions idéales pour une bonne efficacité.
Post-levée
AttentionBASAGRAN SG : usage retiré sur pois protéagineux d’hiver.
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- Eviter le mélange d’un herbicide antidicotylédone de post-levée (Challenge 600, Basagran SG, etc.) avec les antigraminées foliaires. Respecter un délai de 8 jours entre les deux applications en commençant par l’antidicotylédone. Les antigraminées foliaires peuvent exacerber le manque de sélectivité d’une application de prélevée.
- Traiter sur des adventices jeunes (2-3 feuilles) et avant que le pois ne recouvre le sol.
- Le pois doit être en bon état végétatif. Eviter les fortes amplitudes thermiques (l’écart doit être inférieur à 15°C) et les périodes de nuit trop froides (températures inférieures à 5°C).
- Respecter les conditions de nettoyage des herbicides de type sulfonylurées, qui ont été appliqués sur céréales.
- Le mélange Challenge 600 + Basagran SG/Adagio SG est déconseillé en sol très superficiel, sable et cranette, ainsi qu’après une application de prélevée qui manque de sélectivité. Dans ce type de mélange, l’ajout de pendiméthaline (Prowl 400...) améliore l’efficacité sur renouées mais augmente le risque de phytotoxicité.
- Dans les programmes Nirvana S en prélevée puis Corum en post-levée, BASF Agro recommande de ne pas dépasser la dose totale pour la culture (dose annuelle) de 75 g/ha d’imazamox (soit Nirvana S 3 l/ha maximum puis Corum 1 l/ha + adjuvant).
- Pour les spécialités à base de bentazone (Basagran SG/Adagio SG, Corum) : afin de protéger les ressources en eau au-delà du respect des bonnes pratiques agricoles, BASF Agro et Phyteurop recommandent des préconisations spécifiques à l’utilisation de la bentazone :
- ne pas dépasser la dose de 1000 g/ha/an lors de programmes ou de successions de cultures avec des solutions à base de bentazone,
- ne pas l’appliquer avant le 15/03 quel que soit le stade de la culture,
- sur les zones de captages, ne pas utiliser de bentazone sur les sols dont le taux de matière organique est < 1,7 %. Eviter l’application sur les sols sensibles aux transferts d’eau (sols superficiels ou sols avec nappes peu profondes).
Adventices difficiles à contrôler
Comment gérer les adventices difficiles sur pois
Bien choisir son herbicide sur pois
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Adventices difficiles à détruire
1. Graminées dans une parcelle de pois / 2. Renouée liseron et vulpin dans une parcelle de pois
Les adventices sont difficiles à contrôler uniquement en post-levée. Traiter une première fois en prélevée puis une seconde en post-levée.
AttentionBASAGRAN SG : usage retiré sur pois protéagineux d’hiver.
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Ammi majus
L'ammi majus présente un développement végétatif exubérant qui peut le rendre très concurrentiel en fin de cycle. Il est capable de germer toute l'année avec un pic en sortie d'hiver, début de printemps. Les germinations s'estompent à l'approche des fortes températures estivales pour reprendre à l'automne. La fructification a lieu pendant l'été. En raison de ces caractéristiques biologiques et de son mode de levée plutôt échelonné, la rotation des cultures n’est pas un levier très efficace. Des faux-semis dans l’interculture de fin d’été peuvent contribuer à réduire le stock semencier superficiel. Le labour n’a pas d’effet.
En prélevée : CENTIUM 36 CS à 0,25 l/ha présente une efficacité moyenne.
En post-levée (sur adventices jeunes, stade cotylédons à 2-3 feuilles) : BASAGRAN SG à 1,1 kg/ha ou le mélange BASAGRAN SG 0.6 kg/ha + PROWL 400 1l/ha sont efficaces (attention : BASAGRAN SG interdit sur pois d’hiver). CORUM 1 à 1,25 l/ha + adjuvant est également envisageable.
Ambroisie
Les levées étant échelonnées, il est préférable d’adopter une stratégie reposant sur un programme de traitement. La prélevée ne présente pas d’efficacité satisfaisante. BASAGRAN SG 1,1 kg/ha (interdit sur pois d’hiver) ou CORUM 1 à 1.25 l/ha + Dash. En forte infestation, privilégiez un programme à 2 applications : BASAGRAN SG à 1 kg/ha à 2-3 feuilles de l’ambroisie, puis CORUM 0,6 L/ha + DASH HC 10 jours plus tard.
Arroche (Atriplex)
Réaliser obligatoirement une prélevée avec NIRVANA S au minimum 3 l/ha ; si l’efficacité est moyenne réaliser un rattrapage en post-levée (2 possibilités : BASAGRAN SG 0,6 kg/ha ou CORUM 1 à 1,25 l/ha + adjuvant).
Repousses de tournesol
Elles sont contrôlées en prélevée avec NIRVANA S (sauf repousses de tournesol Clearfield et ExpressSun). En postlevée, elles sont contrôlées avec CORUM + DASH sauf pour les repousses de tournesol Clearfield et ExpressSun. Dans ce dernier cas, on utilisera BASAGRAN SG. Elles sont insensibles au stade cotylédons. Traiter entre les stades 1 et 2 feuilles à 1,1 kg/ha (interdit sur pois d’hiver).
Graminées (ray-grass, vulpin)
Le labour a fait ses preuves depuis longtemps sur graminées. Les faux-semis de fin d’été - automne sur ray-grass ou vulpin peuvent être également efficaces pour baisser le stock grainier à condition d’intervenir dans de bonnes conditions (travail du sol superficiel et rappuyé, avant une pluie significative et destruction appropriée). Dans les situations à risque de résistances (utilisation fréquente d’antigraminées foliaires de la famille des FOP, DIME, DEN ou inhibiteur de l’ALS type sulfonylurées) ou en cas de résistance déclarée, l’utilisation d’un herbicide à base propyzamide à 1,875 l/ha (KERB FLO, etc.) est fortement conseillée. Le délai avant récolte (DAR) limite la propyzamide au pois d’hiver. L'implantation d'un pois de printemps constitue un excellent levier de lutte contre les graminées dans la rotation. Néanmoins, en cas de risque de forte infestation en ray-grass au printemps, optez pour une solution de présemis : BONALAN 6 l/ha. Cette stratégie pourra ensuite intégrer un herbicide à base de cléthodime (CENTURION 240 EC, etc.).
Chardon
L’application en post-levée de TROPOTONE (2,4 MCPB) permet de freiner (3 l/ha) voire de détruire (4 l/ha) les ronds de chardons avant le stade apparition des boutons floraux (stade du chardon le plus sensible). En raison d’une sélectivité moyenne du produit, l’application restera localisée aux ronds de chardons.
Des pertes de rendement jusqu’à 50 %
Dans les systèmes n’ayant pas recours aux herbicides, les infestations d’adventices affectent le rendement en pois. Les pertes sont évaluées entre 20 et 50 %. Moins de graines sont produites par tige de pois en raison de la diminution de la nutrition azotée.
Les adventices sont plus compétitives que le pois pour prélever l’azote minéral du sol. Le pois doit se contenter de la fixation symbiotique de l’azote atmosphérique par les nodosités racinaires. Cette fonction devient insuffisante pour couvrir les besoins du pois en raison d’une limitation du potentiel de fixation : développement racinaire du pois lent et installation lente de sa couverture foliaire.
Infloweb : une mine d’informations et de conseils sur plus de 40 adventices majeures des grandes cultures
Terres Inovia, l’ACTA, AgroSup Dijon, ARVALIS-Institut du végétal, la FNAMS, l’INRA, l’ITAB et l’ITB proposent Infloweb, un site web qui rassemble et synthétise, de façon pédagogique, des connaissances scientifiques et techniques sur plus de 40 adventices majeures des grandes cultures. Les contenus, rédigés par des experts du domaine, sont destinés à un large public d’agriculteurs, conseillers, enseignants et étudiants, pour aider au raisonnement des stratégies de désherbage. Après avoir sélectionné l’adventice qui vous intéresse, vous accédez à des informations utiles sur sa description botanique (avec illustrations), sa biologie, son affinité vis-à-vis des milieux et des cultures, les facteurs favorables à son extension, et sa nuisibilité dans les grandes cultures, y compris les espèces porte-graines. Les différents moyens de lutte disponibles sont aussi passés en revue : méthodes préventives et agronomiques, choix des herbicides les plus adaptés et désherbage mécanique. Des recommandations de lutte spécifiques en agriculture biologique sont également fournies. |
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Gestion agronomique des adventices en pois
Le pois est sensible à la concurrence des adventices. Par conséquent, il est conseillé de préférer les parcelles propres pour y cultiver du pois. Si une parcelle est laissée moyennement propre par le précédent, on privilégiera la mise en place d’une féverole sur cette parcelle.
Pensée et coquelicot dans une parcelle de pois.
Approche préventive
La maîtrise des adventices en pois passe avant tout par la prévention :
Varier les cultures dans les rotations (avec éventuellement des prairies, particulièrement pour l’AB) et utiliser des semences propres.
Le déchaumage précoce permet d’éviter la grenaison des adventices avant le pois : pour détruire des adventices à des stades bien avancés, privilégier les déchaumeurs à socs larges et plats ou les cultivateurs à dents rigides. Le déchaumage (avec rappuyage) peut permettre également de déstocker des graines d’adventices, en les faisant germer.
Le labour est envisageable avant le pois pour épuiser le stock semencier des graminées en particulier. Toutefois, un labour tous les 3 à 4 ans seulement permet d’éviter la répartition du stock de semences sur tous les horizons. Il est conseillé de labourer en terre ressuyée à 15-20 cm et avec des rasettes pour accroître l’efficacité du retournement de sol en projetant en fond de raie les plantules et les graines d’adventices.
Le faux-semis pour diminuer la pression des adventices : la technique du faux-semis permet de diminuer le stock des graines d’adventices dans le sol. Veiller à ne pas trop affiner un sol sensible à la battance. Effectuer les faux-semis sur sol ressuyé et en fonction de l’adventice visée.
Choix de la variété : une variété capable de couvrir rapidement le sol (hauteur, port, biomasse…) favorise l’étouffement des adventices.
Passages mécaniques à l’aveugle : La herse étrille ou la houe rotative passée en prélevée limite les risques d’infestation en début de cycle (pour en savoir plus, consulter l'article désherbage mécanique du pois)
Stratégies chimiques : Le désherbage se raisonne à la parcelle, en fonction de la flore connue. En pois de printemps, une application en prélevée offre un plus large spectre de produits ; une application en post levée uniquement est plus économique, à condition de bien connaitre sa flore. Un programme pré puis post levée permet de sécuriser la gestion des adventices et de levées échelonnées.
Les mesures préventives, mais également curatives (voir article désherbage mécanique du pois et voir article désherbage chimique du pois), sont importantes car le salissement de fin de cycle est fréquent dans le pois, lorsque sa biomasse végétale s’éclaircit. Or cette concurrence tardive impacte le rendement du pois.
Efficacité des leviers agronomiques sur pois
| Adventices | Rotation diversifiée | Labour occasionnel | Déchaumages/ déstockage d'été | Faux-semis (avant semis de culture suivante) |
| Pois P et H | Pois P et H | Pois P et H | Pois H | |
| Bromes | ||||
| Folle avoine de printemps | ||||
| Folle avoine d'automne | ||||
| Ray-grass | ||||
| Vulpin | ||||
| Chénopode blanc | ||||
| Coquelicot | ||||
| Matricaires et Anthémis | ||||
| Mercuriale annuelle | ||||
| Moutarde des champs | ||||
| Stellaire intermédiaire | ||||
| Renouée liseron | ||||
| Renouée des oiseaux | ||||
|
Renouée persicaire |
||||
| Gaillet gratteron | ||||
| Ammi majus | ||||
| Ravenelle | ||||
| Laiteron rude | ||||
| Pensée des champs | ||||
| Véronique de Perse | ||||
| Véronique à feuille de lierre | ||||
| Morelle noire | ||||
| Chardon des champs | ||||
| Rumex à feuilles obtuses et Rumex crépu | ||||
| Liseron des champs | ||||
| Liseron des haies |
| Bonne efficacité | |
| Efficacité moyenne ou irrégulière | |
| Efficacité insuffisante ou très aléatoire | |
| Efficacité nulle ou technique non pertinente |
Infloweb : une mine d’informations et de conseils sur plus de 40 adventices majeures des grandes cultures
Après avoir sélectionné l’adventice qui vous intéresse, vous accédez à des informations utiles sur sa description botanique (avec illustrations), sa biologie, son affinité vis-à-vis des milieux et des cultures, les facteurs favorables à son extension, et sa nuisibilité dans les grandes cultures, y compris les espèces porte-graines. Les différents moyens de lutte disponibles sont aussi passés en revue : méthodes préventives et agronomiques, choix des herbicides les plus adaptés et désherbage mécanique. Des recommandations de lutte spécifiques en agriculture biologique sont également fournies. |
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Désherbage mécanique ou mixte du pois
Intervenir avant et après la levée
Le désherbage mécanique est surtout pratiqué en bio ; il peut cependant être utilisé en conventionnel en complément du désherbage chimique.
Pour cela, il sera nécessaire de réaliser 2 à 3 passages avec la herse étrille ou la houe rotative :
Herse étrille sur pois de printemps (à gauche) et houe rotative (à droite).
De manière générale, intervenir sur sol ressuyé et par temps séchant sur adventices jeunes ; privilégier la herse étrille qui est sensiblement plus efficace que la houe rotative qui n’arrache que les adventices très jeunes (surtout stade fil blanc). En revanche, si le sol est plutôt battant préférer la houe rotative qui pénètrera mieux dans le sol que la herse étrille et jouera son rôle d’« écroûteuse ».
Avant la levée : un passage de herse étrille ou de houe rotative à l’aveugle, dès que la portance du sol est suffisante, est intéressant car les adventices sont très jeunes et donc faciles à détruire. Cependant, le stade germination étant très sensible à l’écrasement des roues, intervenir en prélevée que si nécessaire (levée d’adventices) et préférer des outils larges pour diminuer la surface des passages de roues.
Après la levée : un ou des passage(s) avec la herse étrille (ou la houe rotative) entre les stades 2 et 5 feuilles sont envisageables (et même nécessaires car souvent le passage à l’aveugle ne suffit pas). Il est conseillé de cibler l’intervention après et avant 2-3 jours de beau temps pour une meilleure efficacité. Il ne faut plus intervenir dès que le pois a des vrilles bien développées. Sinon, les risques d’arracher des pieds sont élevés. De plus, en créant un espace nu ces pertes de plantes peuvent favoriser le développement des adventices à cet endroit.
Stades de passage des outils de désherbage mécanique sur pois de printemps
Les pertes de pieds de pois sont plus faibles avec la houe rotative (qui est plus sélective de la culture) qu’avec la herse étrille. Cependant, ces pertes avec herse étrille sont raisonnables si on intervient sur un pois levé et pas trop développé, et aucun impact sur le rendement n’a été décelé dans nos essais. Pour plus de prudence, il est possible de semer le pois légèrement plus densément (pas plus de 10%). Pour trouver le bon compromis entre une bonne sélectivité pour la culture et une bonne efficacité sur les adventices, régler l’agressivité de la herse (inclinaison des dents et 3ème point) en faisant des tests sur un bout de champ.
Dans le passage de roues, les pertes de pieds dues à l’écrasement du tracteur sont estimées à 22% quelque soit l’outil et quel que soit le stade. A titre d’exemple, une herse de 3m entrainera donc 4,5 % de pertes sur toute la surface par écrasement des roues tandis qu’une herse de 12m engendrera 1% de pertes de pieds sur toute la surface à cause du passage de roues. C’est le 1er passage d’outils qui est le plus néfaste au pois dans le passage de roues ; le stade germination est particulièrement sensible.
Passage de roues marqué dans un pois de printemps désherbé mécaniquement en expérimentation
Raisonner par stratégies
Il est bien entendu possible d’associer (voire d’alléger) les programmes herbicides aux interventions mécaniques. Les deux types de techniques sont complémentaires et facilitent la réduction de l’IFT. Par exemple, une application de Challenge + Basagran en post-levée peut être combinée à des passages mécaniques à l’aveugle ou de début de cycle (lorsque les adventices sont encore jeunes pour être sensibles à la herse étrille et à la houe rotative et que le pois n’a pas encore de vrilles bien développées risquant de s’accrocher aux outils). L’efficacité de ces itinéraires mixtes s’est révélée intéressante dans nos essais (meilleure qu’un désherbage mécanique seul et qu’un désherbage chimique seul), en particulier ceux avec la herse étrille réalisée entre 2 et 5 feuilles du pois suivie du traitement Challenge + Basagran.
Les années sèches, cette modalité mixte donne des efficacités intéressantes (de plus de à 90% sur renouée liseron 6 pl/m² dans le dernier essai réalisé dans le Berry et financé par cap protéines) et supérieures à la référence tout chimique.
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Accidents climatiques de la féverole : excès d'eau
Situations à risque
Si le sol est saturé en eau et qu’elle ne s’évacue pas rapidement, la féverole s’asphyxie. Elle est toutefois moins sensible que le pois à l’excès d’eau.
Les zones à risques sont : les parties basses des parcelles, les mouillères, les sols hydromorphes et sensibles à la battance.
Symptômes observés
Pourrissement des semences et absence de levée
Lorsque les semences se retrouvent dans un sol gorgé d’eau, elles s’asphyxient et pourrissent. La levée est impossible.
Levée hétérogène
Plus la phase semis-levée est longue, plus la féverole est exposée aux risques de battance dans les sols à risque. Dans les jours qui suivent le semis, des conditions humides sont à l’origine d’accidents de levée.
Stratégie de lutte contre les adventices pour le lin d’hiver – campagne 2023-2024
Lin d’hiver : le programme de désherbage antidicotylédones
La lutte contre les dicotylédones pour le lin d’hiver se base désormais sur des produits à base de metsulfuron-methyl (ALLIE SX) et de bifénox (FOX). Le stade des adventices lors de l’intervention est primordial, il est conseillé de viser le stade jeune de l’adventice (stade cotylédons, à 4 feuilles).
FOX est utilisable sur lin oléagineux à l’entrée de l’hiver. A la dose de 1 l/ha, il est efficace sur véroniques sp., pensée des champs, fumeterre, ou encore coquelicot (dont résistant aux inhibiteurs de l’ALS, comme les sulfonylurées). La dose peut même être réduite à 0,5 l/ha sur véroniques et pensées lorsqu’il est associé à ALLIE SX. Il est important de respecter les conditions d’emploi.
| FOX : Appliquer à partir du stade 5 cm du lin ET 50 jours après semis. Efficacité conditionnée par le stade des adventices. Doit être appliqué sans adjuvant et sur feuillage sec. Ne pas mélanger avec un anti-graminées foliaire. Eviter les périodes où un gel peut suivre l'application de quelques jours (4-6 jours). Eviter des amplitudes thermiques supérieures à 15°C dans les 3 jours qui suivent. Ne pas utiliser en sortie d'hiver. |
ALLIE SX 15g/ha, offre un spectre assez complet avec des bonnes efficacités sur crucifères, coquelicot, géraniums et matricaire. On note encore une efficacité moyenne à bonne sur laiteron et seneçon (LONTREL pourra compléter l’efficacité au printemps. Une telle application sera insuffisante sur gaillet, fumeterre et véroniques.
Terres Inovia a aussi expérimenté l’association ALLIE SX 15 g/ha + FOX 0,5 à 1 l/ha. Lorsque les conditions d’application de FOX sont respectées, l’addition d’ALLIE SX ne vient pas modifier la sélectivité de FOX. Cette association n’est pas couverte par les firmes mais peut se faire sous la responsabilité du producteur. Elle permet un spectre très complet à l’entrée de l’hiver. FOX renforce la faible dose d’ALLIE SX (à seulement 15 g/ha) sur crucifères, coquelicot (surtout en cas de résistance), fumeterre, géranium et jonc des crapauds. Cette association est également très efficace sur véronique et pensée (défaut d’ALLIE). L’association avec 1 l/ha de FOX apporte une légère efficacité sur gaillet (comparativement à ALLIE SX seul qui ne permet pas de limiter l’adventice). En forte infestation, le recours à GRATIL est nécessaire en sortie d’hiver, en complément de l’association ALLIE SX + FOX.
Il est possible, réglementairement, de monter la dose d’ALLIE SX à 25 g/ha pour des usages en sortie d’hiver, jusqu’à 20 cm du lin maximum. Mais en cas de fortes infestations de véroniques, préférez l’application d’entrée hiver avec l’association FOX + ALLIE SX.
L’association de FOX avec GRATIL, à 5 cm du lin, est possible (et cautionnée par la firme ADAMA), sur la base des doses maximales /ha suivantes : Fox 1 l/ha + Gratil 20 g/ha. Ce mélange permet de renforcer l’action de FOX sur gaillet et crucifères (capselle, repousses de colza, ravenelle, sanve). Sans être totalement efficace, GRATIL à 20 g/ha présente aussi un intérêt sur rumex dont les biomasses sont réduites. Si l’application de GRATIL peut être reportée en sortie hiver, ce n’est pas le cas de FOX.
Reste enfin l’option LONTREL (100 ou SG) en sortie d’hiver, pour gérer des chardons des champs, le chardon marie, des laiterons, des matricaires, des séneçons, en plein ou en tir à vue. C’est un complément intéressant sur bleuet. Enfin, c’est le seul herbicide capable de maîtriser des levées de printemps d’ambroisie.
| Post-levée précoce Stade adventices juvéniles Stade 5 cm du lin et 50 jours après le semis |
Cout en €/ha |
Rattrapage sortie hiver |
Cout en €/ha | |
| ALLIE SX 15 g/ha + FOX 0.5 à 1 l/ha | 35 à 41 € | Gaillet | GRATIL 0.04 kg/ha | 18€ |
| Chardons, laiterons, matricaires, séneçons | LONTREL SG ou 100 pleine dose + huile (possible localisé sur ronds) | 39€ | ||
| Rattrapage antigraminées si nécessaire | ||||
En lin d’hiver : attention à la sensibilité au gel des antigraminées foliaires
En situation de forte infestation de graminées et/ou présence de graminées résistantes, réalisez un désherbage de pré-semis incorporé avec Avadex 480, dont l’efficacité avoisine 60-80 % lorsque l’application est réalisée sur sol frais. Cette base peut être complétée en végétation par un antigraminées foliaire, dans le cas où les ray-grass et/ou vulpins sont encore sensibles.
Noter que les efficacités fortement affectées par la résistance aux inhibiteurs de l’ACCase (“fop”, “dime” et “den”) sont parfois meilleures pour la cléthodime. Mais la fréquence de la résistance progresse, d’où l’intérêt de l’application en pré-semis, parfois la seule façon de contrôler les graminées.
Une autre donnée doit aussi être prise en compte, celle de l’augmentation de la sensibilité des lins au gel après passage d’un anti-graminée foliaire (AGF) à l’automne :
- Dans les zones à hivers froids (Centre, Nord et Est), éviter autant que possible l’usage d’un AGF avant la sortie hiver.
- Dans les zones à hivers plus doux (Sud-Ouest, Ouest), l’application d’un AGF à l’automne est envisageable, seulement en cas de concurrence précoce.
- D’une manière générale : mieux vaut positionner l’AGF en sortie d’hiver.
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Présemis |
Antigraminées foliaires de post-levée | Commentaires | Coût(€/ha) | |
| Très forte infestation de graminées et/ou graminées résistantes | Lin oléagineux d'hiver déconseillé | |||
| Moyenne à forte infestation de graminées |
AVADEX 480 |
AGF si nécessaire |
En non-labour : faux semis. Ne pas travailler le sol au dernier moment, et glyphosate juste avant semis. |
70-80 €/ha |
| Faible infestation de graminées | - | AGF si nécessaire | 30 €/ha | |
Les autres leviers de gestion de l’enherbement
Tous les leviers agronomiques doivent être mobilisés, autant que possible, pour mieux contrôler le salissement des lins : rotations longues et diversifiées, labour tous les 3 à 4 ans dans la rotation, déchaumages, semis en bonnes conditions.
Le désherbage mécanique est aussi une possibilité. En tendance, contrairement à ce que nous observons sur d’autres cultures, la herse étrille est moins agressive que la houe rotative sur lin oléagineux. Son efficacité reste limitée sur graminées.
La principale difficulté dans la mise en œuvre du désherbage mécanique sur lin oléagineux réside dans le nombre de fenêtres climatiques disponibles, parfois très réduit à partir de la mi-octobre. Des travaux sont prévus pour les prochains semis afin d’évaluer l’intérêt de la herse étrille en aveugle, c’est-à-dire en prélevée de la culture, donc sur fin septembre-début octobre.
La mise en pratique de ces leviers est détaillée dans le guide lin édition 2022
Zoé Le Bihan - z.lebihan@terresinovia.fr - Référente lin et lentilles zone Centre & Ouest
Franck Duroueix - f.duroueix@terresinovia.fr - Responsable évaluation des intrants
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Gestion des adventices en lin : se baser sur des méthodes agronomiques
Le lin est une plante peu couvrante et sensible à la concurrence des adventices. Une parcelle propre est donc indispensable pour obtenir de bons rendements, faciliter la moisson et éviter des récoltes trop humides et sales dépassant les normes commerciales (9 % humidité, 2 % impuretés).
Anthémis élevée dans un jeune lin
Privilégier les rotations longues et diversifiées
Cela permet l’alternance de cultures d’hiver et de printemps qui crée une rupture efficace du cycle des adventices et une utilisation plus diversifiée des familles chimiques.
Réaliser un labour tous les 3 à 4 ans dans la rotation
En cas de difficultés liées aux graminées, le labour occasionnel permet de diminuer le stock semencier de certaines espèces (efficace sur bromes, vulpin, ray-grass). Dans les situations pour lesquelles les faux-semis sont impossibles ou difficilement mis en œuvre, le labour permet de lutter efficacement contre les repousses.
Déchaumages
Il est souhaitable de réaliser plusieurs déchaumages superficiels après récolte du précédent pour permettre un déstockage des graines d’adventices (faux-semis), favoriser la dégradation des résidus de récolte et réduire la présence de ravageurs. Attention à l’affinage excessif du lit de semences qui augmente les risques de battance en sols limoneux, ainsi qu’au tassement du sol auquel le lin est très sensible.
Réaliser un semis en bonnes conditions
Semer dans de bonnes conditions (bonne gestion des résidus de culture, terre réchauffée, vitesse de semis et profondeur maîtrisée) favorise une bonne levée et se traduit par une meilleure concurrence du lin vis-à-vis des adventices.
lin non infesté d’adventices
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Après avoir sélectionné l’adventice qui vous intéresse, vous accédez à des informations utiles sur sa description botanique (avec illustrations), sa biologie, son affinité vis-à-vis des milieux et des cultures, les facteurs favorables à son extension, et sa nuisibilité dans les grandes cultures, y compris les espèces porte-graines. Les différents moyens de lutte disponibles sont aussi passés en revue : méthodes préventives et agronomiques, choix des herbicides les plus adaptés et désherbage mécanique. Des recommandations de lutte spécifiques en agriculture biologique sont également fournies. |
Désherbage mécanique et mixte du lin oléagineux
Il est possible de désherber mécaniquement les lins d’hiver et de printemps. Le désherbage mécanique montre un intérêt sur des adventices jeunes, en conditions de passages optimales (sol ressuyé pendant l’intervention et 2 à 3 jours sans pluie suivant l’intervention), tout en respectant vitesse, réglages et stades de passage pour ne pas pénaliser la culture (réaliser des tests en bord de champ pour trouver le réglage et la vitesse adaptés entre bonne efficacité sur les adventices et bonne sélectivité sur la culture).
Passages de herse étrille à gauche et houe rotative à droite.
Les outils utilisables sur le lin sont surtout la herse étrille et la houe rotative en raison de l’écartement de la culture. Une bineuse à céréales autoguidée peut être utilisée sur un lin semé à écartement de 15-17 cm.
Quand intervenir avec les outils mécaniques sur le lin ?
La herse étrille et la houe rotative sont efficaces sur adventices jeunes (fil blanc, cotylédons), il ne faut donc pas trop attendre pour commencer à désherber mécaniquement le lin.
A quelques nuances près, la plage d’intervention des outils mécaniques en plein sur lin oléagineux se situe entre 2-5 cm du lin jusqu’à 10-12 cm (vérifier le bon enracinement du lin et la bonne vigueur de la culture avant d’intervenir). Sur lin, il est recommandé de ne pas trop augmenter la vitesse de passage et l’agressivité des outils.
La herse étrille peut se passer à 5-8 km/h, la houe rotative peut aller jusqu’à 13-15 km/h. Cette dernière peut légèrement recouvrir le lin de terre mais celui-ci reprend ensuite facilement le dessus dans les jours qui suivent le passage : finalement, le résultat visuel immédiatement après passage est plus impressionnant qu’inquiétant. Pour compenser des éventuelles pertes, il est possible de semer un peu plus dense (soit 5 à 10% de plus que la densité préconisée).
En cas de sols non limoneux, privilégier l’utilisation de la herse étrille, à tendance plus efficace que la houe rotative et moins exigeante en termes de stades des adventices. En revanche, en sol battant la herse étrille ne parviendra pas à rentrer dans le sol et la houe rotative est alors incontournable pour le désherbage mécanique en plein.
Par ailleurs, les passages de herse étrille ou de houe rotative en aveugle sont toujours intéressants pour faire gagner à la culture un temps d’avance sur les adventices. En effet, arrachées au stade fil blanc ou cotylédons pendant la levée de la culture, elles seront ensuite « en retard » par rapport au développement de la culture.
Enfin, plusieurs passages au cours du cycle sont nécessaires pour une meilleure efficacité.
Si le binage est envisagé avec une bineuse à céréales autoguidée, il faut privilégier les écartements de 15 ou 17 cm.
Le binage sera efficace sur des adventices plus développées (jusqu’à 3 feuilles).
Les stades du lin oléagineux pour lesquels un ou des binage(s) précis peuvent être réalisés sont à partir de 6-8 cm jusqu’à 25 cm. Il faut adapter la vitesse en fonction du stade du lin. Sur des stades précoces, il est indispensable d’utiliser des protections pour éviter le recouvrement des plantules par la terre et adapter la vitesse d’avancement. Il est possible de passer plus tôt (dès le stade 4 cm) à condition de passer très lentement pour ne pas ensevelir le lin.
De manière générale, si le désherbage mécanique est prévu sur le lin il est conseillé d’adapter sa densité de semis pour compenser des éventuelles pertes (+ 5 à 10 % de la densité préconisées).
Les bons réglages sont indispensables !
Les réglages d’outils sont essentiels pour préserver le lin et détruire un maximum de mauvaises herbes. Il est conseillé de tester préalablement les outils sur une distance courte mais suffisante pour que la vitesse de travail soit atteinte. Attention, ces réglages doivent être renouvelés à chaque stade de développement de la culture et des adventices, et à chaque nouvelle parcelle (surtout si les types de sol diffèrent).
Herse étrille : inclinaison des dents, profondeur de travail et vitesse d’avancement forment la combinaison gagnante, parfois délicate à obtenir. En modifiant l’un de ces paramètres, s'assurer de ne pas perturber les autres réglages. Il vaut mieux parfois diminuer l’agressivité et conserver ou augmenter la vitesse d’avancement.
Houe rotative : très simples sur ce type d’outil, les réglages consistent en une mise à niveau de l’appareil (attelage 3ème point) et un ajustement de la vitesse d’avancement en fonction du stade de la culture. Sur certains modèles, des roues de terrage et ressorts de pression supplémentaires permettent de régler la profondeur et la pression des roues au sol. Il est parfois nécessaire de placer des masses à l’avant du tracteur pour éviter un déséquilibre de charges.
Désherbage mixte
Intégrée à une stratégie de lutte plus globale, la lutte mixte, combinant à la fois désherbage chimique et désherbage mécanique est un bon moyen pour maîtriser les adventices. Apportant fiabilité et souplesse de réalisation pour la première et diminution significative de l’IFT pour la seconde, ces deux techniques sont complémentaires.
Il y a d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes. Pour cela, il faut se renseigner sur les leviers agronomiques disponibles pour le lin
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Gestion des adventices en soja
Combiner lutte préventive et curative
Prises séparément, les solutions agronomiques ou mécaniques ne peuvent garantir un désherbage suffisant. Une règle d’or consiste donc à combiner, autant que faire se peut, un maximum de ces méthodes pour parvenir à une gestion durable du salissement.
Des pratiques curatives visent à limiter toute compétition entre la culture et les mauvaises herbes. Le bon usage des outils mécaniques (période d’intervention et réglages en adéquation avec les types de sol et les conditions météo) est alors de rigueur.
Efficacités comparées des différentes méthodes sur une sélection d'adventices
Ce tableau indique le niveau d'efficacité des méthodes préventives et curatives disponibles en agriculture biologique sur les principales adventices du soja, graminées et dicotylédones.
| Méthodes préventives | Méthodes curatives | |||||||
| Rotation longue et diversifiée | Déchaumage (été) | Labour occasionnel | Faux-semis (printemps, avant semis) (1) | Report de la date de semis (2) | Houe rotative, écroûteuse sur limons (3) | Herse étrille (3) | Bineuse (3) | |
| Panic pied de coq | ||||||||
| Sétaires | ||||||||
| Digitaire sanguine | ||||||||
| Amarante réfléchie et A. hybride | ||||||||
| Ambroisie à feuille d'armoise | ||||||||
| Chénopode blanc | ||||||||
| Folle avoine | ||||||||
| Datura stramoine | ||||||||
| Helminthie fausse-vipérine | ||||||||
| Matricaires et Anthémis | ||||||||
| Mercuriale annuelle | ||||||||
| Morelle noire | ||||||||
| Renouée liseron | ||||||||
| Renouée des oiseaux | ||||||||
| Renouée persicaire et f. de patience | ||||||||
| Tournesol sauvage | ||||||||
| Xanthium (Lampourde à gros fruits) | ||||||||
| Bonne efficacité | |
| Efficacité moyenne ou irrégulière | |
| Efficacité insuffisante ou très aléatoire | |
| Efficacité nulle ou technique non pertinente |
(1) si les conditions pédoclimatiques sont favorables
(2) semis jusqu'au 1er juin (AB)
(3) si les conditions d'intervention sont favorables et avec des passages réalisés sur des adventices jeunes
Rotation et choix de la parcelle
Eviter les parcelles à risques
Le désherbage du soja peut être problématique dans certaines situations, particulièrement en bio. Le choix des parcelles en fonction de l'historique du salissement est primordial.
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Diversifier les rotations
A l’échelle de la rotation, l’anticipation se traduit par le choix de cultures diversifiées, destinées à gêner au maximum la croissance et le développement des mauvaises herbes.
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Déchaumage, labour, faux-semis
Déchaumer dès la moisson du précédent
Réalisé, au plus tôt juste après la moisson et, dans tous les cas, avant la grenaison des mauvaises herbes présentes durant l’été, le déchaumage vise à détruire des mauvaises herbes développées et à éviter toute augmentation du stock semencier. Il peut également stimuler la levée groupée de certaines espèces annuelles non dormantes ou à faible dormance et capables de lever jusqu’en fin d’été (bromes, ray-grass, amarantes, voire chénopodes), à la faveur d’un temps assez humide et doux.
Le déchaumage est impératif en présence d'ambroisie, en raison du risque allergisant du pollen.
- Si les mauvaises herbes risquent de grainer après la récolte du précédent, déchaumer précocement en été.
- Pour détruire les adventices à des stades avancés, privilégier les cultivateurs à dents rigides (type Smaragd) ou à socs larges et plats (type Horsch terrano).
- Les déchaumeurs à disques indépendants (type Carrier) ou cover-crops sont moins efficaces et nécessitent des passages croisés.
Labourer pour ensevelir et épuiser les semences
Le labour élimine les adventices et les repousses de cultures installées et assure un enfouissement de près de 90 % des graines de l’année localisées en surface. En profondeur, les graines perdent leur viabilité au cours du temps, les graminées beaucoup plus rapidement que les dicotylédones. En revanche, le labour fait généralement remonter à la surface 35 % de graines anciennes encore viables (mais dormantes), enfouies au cours des années antérieures.
- Il est conseillé de labourer lentement, en terre bien ressuyée, à 20-25 cm de profondeur.
- Pour lutter contre les espèces annuelles dont les graines dépérissent rapidement dans le sol (bromes, vulpins, ray-grass, panics, sétaires, digitaires), un intervalle de 3 à 4 ans entre chaque labour est optimal.
- Le labour n’est pas approprié dans le cas de dicotylédones aux levées printanières (ambroisie, amarantes, chénopodes, morelles, renouées, datura…).
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Pratiquer le faux-semis pour réduire le stock
Positionné(s) dans les 2 mois qui précèdent le semis du soja, le ou les faux-semis, à intervalle de 15 à 20 jours minimum, vise(nt) à obtenir un lit de semences aussi propre que possible et un salissement minimal de la culture. Un faux-semis se réalise en deux étapes : stimulation de la levée des mauvaises herbes par un travail du sol superficiel rappuyé, puis destruction. A long terme, la répétition annuelle de faux-semis participe à la réduction du stock semencier pour les cultures suivantes.
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Après la reprise du labour, faire une première préparation superficielle avec un outil à dents (vibroculteur, herse plate, herse de déchaumage ou herse étrille), complétée par un rappuyage, dès les premiers signes de réchauffements.
Pour une bonne réussite des faux-semis, réaliser le travail du sol superficiel sur un sol ressuyé, de préférence avant une petite pluie, en visant une profondeur de travail régulière et voisine de 5 cm.
Laisser passer 15 à 20 jours puis renouveler l’opération en veillant toujours à maintenir une action superficielle pour ne pas remonter d’autres graines jusque là dormantes.
Détruire les dernières levées avant le vrai semis qui n’aura généralement pas lieu avant début mai.
Adaptation au type de sol
En sol argileux, mieux vaut démarrer tôt les préparations superficielles pour rendre le faux-semis efficace.
Dans certains sols (limons surtout), l’exercice du faux-semis est parfois délicat : l’affinement et l’absence de mottes peuvent en effet favoriser la battance. Il est donc important d’intervenir à bon escient et, dans tous les cas, en conditions parfaitement ressuyées.
Décaler la date de semis : en soja bio ou en présence d’adventices printanières difficiles
En effet, attendre suffisamment (mais pas trop pour ne pas compromettre le potentiel de rendement) permet de bénéficier de températures plus poussantes, favorisant une levée rapide et homogène du soja qui sera plus concurrentiel vis-à-vis des adventices.
D’autre part, retarder le semis du soja permet d’avoir préalablement le temps de réaliser le(s) faux-semis.
Enfin, le seul report de la date de semis permet de limiter une partie des levées des espèces capables de germer tôt en saison (renouées liseron par exemple).
Effet de la date de semis sur le salissement du soja
- Semer à partir de début mai. Dans les régions du Sud-Ouest et en Rhône-Alpes, le meilleur compromis entre la maîtrise du salissement et le maintien du potentiel de rendement semble se situer autour du 10-15 mai, à condition de disposer d’une précocité variétale adaptée au contexte.
- En soja non irrigué, mieux vaut ne pas repousser au-delà du 15 mai.
- En soja irrigué, le semis peut s’envisager jusqu’au 25 mai.
- Semer le plus uniformément possible (vitesse lente, profondeur de semis constante), pour maximiser la pousse précoce du soja.
Pour en savoir plus :
Gestion des adventices difficiles en tournesol et en soja
Gestion de l'ambroisie à feuille d'armoise en tournesol et soja