Gestion agronomique des adventices en féverole d’hiver ou de printemps
Féverole semée à grands écartements.
La féverole est un moyen d’introduire, dans la rotation, des leviers supplémentaires pour une gestion des mauvaises herbes et des graminées en particulier : faux semis, désherbage mécanique et modes d’action herbicides alternatifs aux inhibiteurs de l’ALS (acétolactate synthase). De plus, la couverture du sol avant une féverole de printemps, le type de préparation du sol pour le semis et le choix de la variété sont autant de paramètres permettant de limiter de manière préventive l’infestation des adventices.
Si une parcelle est laissée moyennement propre par le précédent, on privilégiera la mise en place d’une féverole (par rapport à la mise en place d’un pois) sur cette parcelle.
Approche préventive
Même si la féverole se laisse moins concurrencer par les adventices que le pois et si elle a des atouts pour contenir les adventices, leur bonne maîtrise commence par la prévention :
- Rotation : des rotations longues et variées, avec alternance des cultures d’hiver et de printemps (deux cultures d’hiver et deux cultures de printemps), des cultures à grand et faible écartement ainsi que des plantes sarclées et des céréales, favorisent une flore adventice diversifiée et peu abondante.
- Le déchaumage précoce permet d’éviter la grenaison des adventices avant la féverole : Pour détruire des adventices à des stades bien avancés, privilégier les déchaumeurs à socs larges et plats ou les cultivateurs à dents rigides ; dans les parcelles où le développement de vivaces est important (type rumex ou chardon notamment), éviter le passage d’outils à disques, au risque de couper les rhizomes et de favoriser leur multiplication. Le déchaumage (avec rappuyage) peut permettre également de déstocker des graines d’adventices, en les faisant germer.
- Le labour est envisageable avant féverole pour épuiser le stock semencier des graminées en particulier. Toutefois, un labour tous les 3 à 4 ans seulement permet d’éviter la répartition du stock de semences sur tous les horizons. Il est conseillé de labourer en terre ressuyée à 15-20 cm et avec des rasettes pour accroître l’efficacité du retournement de sol en projetant en fond de raie les plantules et les graines d’adventices.
- Le faux-semis pour diminuer la pression des adventices : la technique du faux-semis permet de diminuer le stock des graines d’adventices dans le sol. Veiller à ne pas trop affiner un sol sensible à la battance. Effectuer les faux-semis sur sol ressuyé et en fonction de l’adventice visée. Ex : contre le vulpin, intervenir fin septembre/début octobre. Dès les premiers signes de réchauffement, faire une première préparation superficielle avec un outil à dents (vibroculteur, herse plate, herse de déchaumage ou herse étrille) complétée par un rappuyage. Dès que le sol reverdit, renouveler si possible l’opération, en veillant toujours à maintenir une action superficielle pour ne pas remonter des graines en surface. Faire des passages d’outils à profondeurs décroissantes.
- Choix de la variété : une variété capable de couvrir rapidement le sol (hauteur, port, biomasse…) favorise l’étouffement des adventices.
- Passages mécaniques à l’aveugle : La herse étrille ou la houe rotative passées en prélevée limitent les risques d’infestation en début de cycle (pour en savoir plus, se rendre sur l'article désherbage mécanique de la féverole)
- Application d’un herbicide de prélevée : peu de matières actives sont homologuées en post levée. Par conséquent, un traitement herbicide de prélevée est plutôt conseillé, en intervenant au plus près du semis et sur une graine bien enterrée car la féverole est sensible à la phytotoxicité (pour en savoir plus, se rendre sur l'article désherbage chimique de la féverole).
Ces mesures préventives (et curatives, voir article désherbage mécanique de la féverole et voir article désherbage chimique de la féverole) sont importantes car le salissement de fin de cycle est fréquent dans la féverole, lorsque sa biomasse végétale s’éclaircit. Or la féverole est sensible à cette concurrence tardive, ce qui peut impacter son rendement.
| Adventices | Rotation diversifiée | Labour occasionnel | Déchaumages/ déstockage d'été | Faux-semis (avant semis de culture suivante) |
| Féverole P et H | Féverole P et H | Féverole P et H | Féverole H | |
| Bromes | ||||
| Folle avoine de printemps | ||||
| Folle avoine d'automne | ||||
| Ray-grass | ||||
| Vulpin | ||||
| Chénopode blanc | ||||
| Coquelicot | ||||
| Matricaires et Anthémis | ||||
| Mercuriale annuelle | ||||
| Moutarde des champs | ||||
| Stellaire intermédiaire | ||||
| Renouée liseron | ||||
| Renouée des oiseaux | ||||
|
Renouée persicaire |
||||
| Gaillet gratteron | ||||
| Ammi majus | ||||
| Ravenelle | ||||
| Laiteron rude | ||||
| Pensée des champs | ||||
| Véronique de Perse | ||||
| Véronique à feuille de lierre | ||||
| Morelle noire | ||||
| Chardon des champs | ||||
| Rumex à feuilles obtuses et Rumex crépu | ||||
| Liseron des champs | ||||
| Liseron des haies |
| Bonne efficacité | |
| Efficacité moyenne ou irrégulière | |
| Efficacité insuffisante ou très aléatoire | |
| Efficacité nulle ou technique non pertinente |
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Désherbage mécanique ou mixte de la féverole
La féverole peut être désherbée mécaniquement (en complément du désherbage chimique en conventionnel), d’autant que cette culture supporte bien le désherbage mécanique. Celui-ci complète bien entendu les mesures préventives prises en amont. Ce désherbage permet de limiter la croissance des adventices jusqu’à la couverture du sol par la féverole. Il permet aussi de limiter le salissement de fin de cycle auquel la féverole est sensible.
Féverole binée.
Les différents matériels de désherbage mécanique (herse étrille, houe rotative, bineuse), peuvent être utilisés seuls ou en combinaison sur la féverole, selon les stades préférentiels d’utilisation de ces outils.
Quand intervenir sur la féverole ?
On peut passer en prélevée ou bien entre les stades 2 feuilles et 7-8 feuilles de la féverole. En effet, le risque de casse de tiges est plus important à partir du stade 7-8 feuilles sur féverole d’hiver (nombreuses ramifications) et au-delà de ce stade l’intérêt est limité sur les adventices qui sont plus développées (valable aussi en féverole de printemps).
La bineuse est à privilégier, sous réserve que l’écartement entre rangs l’autorise (35-40 cm minimum). Le binage permet de lutter contre des adventices un peu plus développées que ce que peuvent faire la herse étrille ou la houe rotative, il est un peu plus performant sur des adventices à pivot (exemple de la moutarde) que les autres outils.
Pour les différentes interventions mécaniques, il est important d’intervenir sur sol bien ressuyé et par temps séchant, c’est-à-dire de privilégier les créneaux ensoleillés plusieurs jours d’affilée (idéalement 2 jours avant l’intervention et 2 après l’intervention). Ces conditions permettent d’améliorer l’efficacité du désherbage mécanique.
Pour des raisons pédoclimatiques, le désherbage mécanique est plus facilement envisageable sur féverole de printemps que sur féverole d’hiver.
Il est conseillé d’intervenir tôt quand les adventices (principalement dicotylédones) sont jeunes avec un faible système racinaire (stade "fil blanc"). Le désherbage mécanique est efficace sur dicotylédones, mais est mal adapté à la gestion des vivaces.
Les différents outils et leur utilisation
| Outil | Quand ? | Comment ? | Remarques |
| Herse étrille | En prélevée, à l'aveugle. En post-levée, après le stade 3 feuilles. |
A 2 à 3 cm de profondeur (il faut avoir semé de façon régulière pour obtenir une levée homogène), dents souples. Vitesse : pas de limite en prélevée ; 2 km/h après le stade 3 feuilles. |
Le bon enracinement de la féverole lui permet de repartir même si elle est couchée et un peu recouverte de terre. Si la plante est un peu abîmée, la ramification à la base du pied lui permet de repartir. |
| Houe rotative | En prélevée et à partir du stade 2 feuilles, jusqu'au stade 6 feuilles. | Régler l'agressivité en fonction du stade. Vitesse : 10-12 km/h. |
Utiliser sur sol battant, où la herse étrille n'est pas assez efficace. Possibilité de passage précoce en cas de salissement prématuré. |
| Bineuse | A partir du stade 2-3 feuilles | Avec éventuellement des protège-plants ou des lames Lelièvre. | Période d'intervention plus importante et efficacité moins dépendante des stades de développement des adventices. Le binage sera privilégié en cas de salissement important. |
| Au stade 4-8 feuilles | Avec des socs butteurs ou des doigts souples pour limiter l'enherbement sur le rang. Ecartement entre rangs : à partir de 30 cm. |
Source : CasDAR Désherbage mécanique
La réussite des interventions de désherbage mécanique dépend :
- du sol (type, humidité…),
- du climat (nombre de jours sans pluie avant et après l’intervention),
- des adventices (espèces, stades et densité),
- du matériel (réglage, type, vitesse, profondeur).
Le désherbage mixte de la féverole : combiner herse étrille et herbicides pour maximiser l’efficacité
Le désherbage mixte de la féverole (Challenge 600 + Nirvana S en prélevée à doses modulées (resp. 1,5 l/ha et 2 l/ha) complété par un ou deux passages de herse étrille (HE) ou de houe rotative (HR) entre 2 et 7 feuilles) présente une très bonne efficacité (qui approche les 100%). En année climatique normale, cette efficacité est comparable à celle du désherbage chimique de prélevée seul à pleine dose. En année sèche, les outils mécaniques déchaussent assez bien les mauvaises herbes, sans repiquage par la suite, et dessèchent encore plus le sol, limitant la pousse des adventices. Ainsi, en année sèche, le désherbage mécanique compense bien l’efficacité moyenne du désherbage chimique de prélevée, puisque le manque d’humidité n'est pas favorable à l’action des herbicides. D’autre part, l’efficacité du mécanique seul est convenable mais insuffisante. Ainsi, cette complémentarité chimique - mécanique est bénéfique et permet d’être moins dépendant des conditions climatiques.
Efficacités et coûts d'itinéraires de désherbage chimique, mécanique et mixte
Les efficacités des 3 années d’essais sont représentées dans le graphique ci-dessus. Les années 2017 et 2018 ont connu un printemps plutôt sec, par rapport à l’année 2016, plutôt normale en ce qui concerne la météo lors du début du cycle de la féverole de printemps. Cette distinction explique en partie les résultats obtenus.
En outre, la herse étrille présente des efficacités globalement meilleures que celles de la houe rotative, toujours sur adventices très jeunes.
A un stade avancé de la culture (7 feuilles par exemple), l’efficacité des deux outils est faible à nulle ; il faut donc privilégier un passage d’outil aux stades jeunes.
Les stratégies mixtes, en particulier pour les années sèches, sont celles qui présentent l’efficacité la plus intéressante. En effet, les outils mécaniques viennent compléter les efficacités du désherbage chimique de prélevée qui n’est pas toujours à 100%, particulièrement lorsque la pluviométrie est faible. Cela permet donc un rattrapage, tout en limitant l’IFT et en étant intéressant économiquement. Des résultats intéressants sont obtenus même en présence de vulpin.
Coûts et temps de travail d'itinéraires de désherbage chimique, mécanique et mixte
La comparaison des coûts des différentes stratégies montre que le désherbage mixte a un ratio efficacité / coût accru mais que le temps de travail a augmenté de 15 à 20 min/ha.
Pour ces calculs, les hypothèses de matériel, de coût et de temps de travail sont les suivantes :
- Challenge 600 à 21 €/l
- Nirvana S à 19,5 €/l
- Pulvérisateur trainé 24m, 2500 l, rampe tout équipée, utilisé à 800 ha/an : coût 9€/ha et temps de travail à 7,5 min/ha
- Herse étrille portée de 12 m repliable hydraulique utilisée 200 ha/an avec un tracteur de 120 CV utilisé 700 h/an : coût de 9,3 €/ha et temps de travail à 7,5 min/ha
- Houe rotative 6 m avec 2 rangs d'étoiles, roues pleines, portée, repliage hydraulique, utilisée 225 ha/an avec un tracteur de 120 CV utilisé 700 h/an : coût de 9,7 €/ha et temps de travail à 10 min/ha
La source utilisée est le barème APCA 2017. Ces coûts totaux intègrent le coût de la main d'œuvre horaire, le coût du carburant et l'amortissement du matériel (tracteur et outil). Le temps de remplissage du pulvérisateur est inclus.
Si les modalités de désherbage uniquement mécanique présentent le coût le plus faible malgré les 3 passages, ce sont celles qui nécessitent le plus de temps de travail, en particulier pour la houe rotative dont le débit de chantier est plus faible à cause de sa faible largeur. A l’inverse, si les modalités tout chimique sont les moins chronophages, leur coût est assez élevé et il est le plus fort pour la modalité chimique 2 qui est à la dose pleine, en raison des prix des produits. Les modalités mixtes (chimique allégé + mécanique) ont un coût élevé (le coût du chimique 1 plus le coût de 2 passages mécaniques) mais une efficacité et un gain environnemental (IFT) intéressants. Le temps de travail n’est pas plus élevé que celui des modalités mécaniques respectivement par type d’outil (herse étrille et houe rotative).
Le désherbage mixte de la féverole : le binage est un complément très efficace
Le désherbage mixte est également envisageable avec du binage, pour une féverole semée au semoir monograine à grand écartement (45 cm). Il est alors intéressant de localiser sur le rang la pulvérisation d’herbicides, soit en herbisemis (kit à installer sur le semoir) avec des herbicides de prélevée, soit en post-levée avec une rampe spécifique de pulvérisation localisée, de type Maréchal par exemple. Cela permet non pas de réduire la dose employée (risques de sélection de populations résistantes) mais de réduire les surfaces traitées, et de ce fait l’IFT et les coûts herbicides.
Un essai Terres Inovia mené dans le cadre de Cap protéines en 2022 montre que sur renouée liseron (environ 10 pl/m² dans cet essai) la stratégie mixte avec Prowl 400 à 2.5 l/ha en prélevée puis binage a une efficacité satisfaisante (89%) et équivalente à celle de la stratégie chimique de référence avec traitement unique de prélevée renforcé (Nirvana S à 3l/ha + Centium 36 CS à 0.15 l/ha), qui est de 91%. Cette stratégie mixte montre bien l’intérêt de la complémentarité chimique - mécanique puisque le même traitement de prélevée seul (Prowl 400 à 2,5 l/ha) ne présente que 71% d’efficacité et le binage seul que 55% d’efficacité. Enfin, le mécanique avec herse étrille à l’aveugle puis binage présente une efficacité moyenne, soit 74%, ce qui peut être intéressant pour la production en agriculture biologique.
Le binage est donc un bon complément à un traitement « plus léger » de prélevée, dans le but de réduire les coûts herbicides et les IFT tout en donnant un résultat satisfaisant.
La stratégie mixte 1, par rapport à la référence chimique 1 classiquement pratiquée, fait gagner 46€ de coût herbicide et 0.35 points d’IFT, et ce pour une efficacité équivalente et satisfaisante.
| Prélevée | 4-6 feuilles | IFT | Prix herbicide | |
| Ref chimique | Nirvana S 3 l/ha + Centium 36 CS 0,15 l/ha | 0,75 + 0,6 | 75€ | |
| Mixte 1 | Prowl 400 2,5 l/ha | binage | 1 | 29€ |
| Ref chimique 2 | Prowl 400 2,5 l/ha | 1 | 29€ | |
| Méca 1 | binage | 0 | 0€ | |
| Méca 2 | Herse étrille | binage | 0 | 0€ |
Cet essai est reconduit en 2023 pour renforcer les références.
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Désherbage : stratégies en pois protéagineux d'hiver
Raisonner la lutte chimique en pois d'hiver
La maîtrise de l’ensemble de la flore après une application unique de prélevée est souvent insuffisante (relevées d’adventices en sortie hiver).
Opter pour une stratégie de programme prélevée à dose modulée puis post-levée dans les situations les plus complexes, ou pour une stratégie tout en post-levée dans le cas général avec des flores connues ou reconnues.
Exemples de stratégies à télécharger en fin d'article.
Renouée liseron dans du pois.
Point règlementaire - Utilisation du Challenge 600 en post-levée
Télécharger le document en fin d'article
Conditions d’efficacité et de sélectivité
Produits racinaires de prélevée
- La dose doit être adaptée au type de sol : moduler cette dose en sols filtrants (sables, limons sableux). Nirvana S est déconseillé dans ces types de sols.
- Traiter au plus tôt après le semis afin de limiter les risques de manque de sélectivité. Challenge 600 est le seul produit qui peut s’appliquer au plus près de la levée (stade crosse sous terre). Pas de roulage après application de l’herbicide.
- Un sol frais au moment du traitement et une petite pluviométrie dans les jours suivants sont les conditions idéales pour une bonne efficacité.
Post-levée
AttentionBASAGRAN SG : usage retiré sur pois protéagineux d’hiver.
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- Eviter le mélange d’un herbicide antidicotylédone de post-levée (Challenge 600, Basagran SG, etc.) avec les antigraminées foliaires. Respecter un délai de 8 jours entre les deux applications en commençant par l’antidicotylédone. Les antigraminées foliaires peuvent exacerber le manque de sélectivité d’une application de prélevée.
- Traiter sur des adventices jeunes (2-3 feuilles) et avant que le pois ne recouvre le sol.
- Le pois doit être en bon état végétatif. Eviter les fortes amplitudes thermiques (l’écart doit être inférieur à 15°C) et les périodes de nuit trop froides (températures inférieures à 5°C).
- Respecter les conditions de nettoyage des herbicides de type sulfonylurées, qui ont été appliqués sur céréales.
- Le mélange Challenge 600 + Basagran SG/Adagio SG est déconseillé en sol très superficiel, sable et cranette, ainsi qu’après une application de prélevée qui manque de sélectivité. Dans ce type de mélange, l’ajout de pendiméthaline (Prowl 400...) améliore l’efficacité sur renouées mais augmente le risque de phytotoxicité.
- Dans les programmes Nirvana S en prélevée puis Corum en post-levée, BASF Agro recommande de ne pas dépasser la dose totale pour la culture (dose annuelle) de 75 g/ha d’imazamox (soit Nirvana S 3 l/ha maximum puis Corum 1 l/ha + adjuvant).
- Pour les spécialités à base de bentazone (Basagran SG/Adagio SG, Corum) : afin de protéger les ressources en eau au-delà du respect des bonnes pratiques agricoles, BASF Agro et Phyteurop recommandent des préconisations spécifiques à l’utilisation de la bentazone :
- ne pas dépasser la dose de 1000 g/ha/an lors de programmes ou de successions de cultures avec des solutions à base de bentazone,
- ne pas l’appliquer avant le 15/03 quel que soit le stade de la culture,
- sur les zones de captages, ne pas utiliser de bentazone sur les sols dont le taux de matière organique est < 1,7 %. Eviter l’application sur les sols sensibles aux transferts d’eau (sols superficiels ou sols avec nappes peu profondes).
Adventices difficiles à contrôler
Comment gérer les adventices difficiles sur pois
Bien choisir son herbicide sur pois
Télécharger les documents sur l'efficacité des stratégies de désherbage et les caractéristiques des produits en fin d'article
Documents à télécharger
Adventices difficiles à détruire
1. Graminées dans une parcelle de pois / 2. Renouée liseron et vulpin dans une parcelle de pois
Les adventices sont difficiles à contrôler uniquement en post-levée. Traiter une première fois en prélevée puis une seconde en post-levée.
AttentionBASAGRAN SG : usage retiré sur pois protéagineux d’hiver.
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Ammi majus
L'ammi majus présente un développement végétatif exubérant qui peut le rendre très concurrentiel en fin de cycle. Il est capable de germer toute l'année avec un pic en sortie d'hiver, début de printemps. Les germinations s'estompent à l'approche des fortes températures estivales pour reprendre à l'automne. La fructification a lieu pendant l'été. En raison de ces caractéristiques biologiques et de son mode de levée plutôt échelonné, la rotation des cultures n’est pas un levier très efficace. Des faux-semis dans l’interculture de fin d’été peuvent contribuer à réduire le stock semencier superficiel. Le labour n’a pas d’effet.
En prélevée : CENTIUM 36 CS à 0,25 l/ha présente une efficacité moyenne.
En post-levée (sur adventices jeunes, stade cotylédons à 2-3 feuilles) : BASAGRAN SG à 1,1 kg/ha ou le mélange BASAGRAN SG 0.6 kg/ha + PROWL 400 1l/ha sont efficaces (attention : BASAGRAN SG interdit sur pois d’hiver). CORUM 1 à 1,25 l/ha + adjuvant est également envisageable.
Ambroisie
Les levées étant échelonnées, il est préférable d’adopter une stratégie reposant sur un programme de traitement. La prélevée ne présente pas d’efficacité satisfaisante. BASAGRAN SG 1,1 kg/ha (interdit sur pois d’hiver) ou CORUM 1 à 1.25 l/ha + Dash. En forte infestation, privilégiez un programme à 2 applications : BASAGRAN SG à 1 kg/ha à 2-3 feuilles de l’ambroisie, puis CORUM 0,6 L/ha + DASH HC 10 jours plus tard.
Arroche (Atriplex)
Réaliser obligatoirement une prélevée avec NIRVANA S au minimum 3 l/ha ; si l’efficacité est moyenne réaliser un rattrapage en post-levée (2 possibilités : BASAGRAN SG 0,6 kg/ha ou CORUM 1 à 1,25 l/ha + adjuvant).
Repousses de tournesol
Elles sont contrôlées en prélevée avec NIRVANA S (sauf repousses de tournesol Clearfield et ExpressSun). En postlevée, elles sont contrôlées avec CORUM + DASH sauf pour les repousses de tournesol Clearfield et ExpressSun. Dans ce dernier cas, on utilisera BASAGRAN SG. Elles sont insensibles au stade cotylédons. Traiter entre les stades 1 et 2 feuilles à 1,1 kg/ha (interdit sur pois d’hiver).
Graminées (ray-grass, vulpin)
Le labour a fait ses preuves depuis longtemps sur graminées. Les faux-semis de fin d’été - automne sur ray-grass ou vulpin peuvent être également efficaces pour baisser le stock grainier à condition d’intervenir dans de bonnes conditions (travail du sol superficiel et rappuyé, avant une pluie significative et destruction appropriée). Dans les situations à risque de résistances (utilisation fréquente d’antigraminées foliaires de la famille des FOP, DIME, DEN ou inhibiteur de l’ALS type sulfonylurées) ou en cas de résistance déclarée, l’utilisation d’un herbicide à base propyzamide à 1,875 l/ha (KERB FLO, etc.) est fortement conseillée. Le délai avant récolte (DAR) limite la propyzamide au pois d’hiver. L'implantation d'un pois de printemps constitue un excellent levier de lutte contre les graminées dans la rotation. Néanmoins, en cas de risque de forte infestation en ray-grass au printemps, optez pour une solution de présemis : BONALAN 6 l/ha. Cette stratégie pourra ensuite intégrer un herbicide à base de cléthodime (CENTURION 240 EC, etc.).
Chardon
L’application en post-levée de TROPOTONE (2,4 MCPB) permet de freiner (3 l/ha) voire de détruire (4 l/ha) les ronds de chardons avant le stade apparition des boutons floraux (stade du chardon le plus sensible). En raison d’une sélectivité moyenne du produit, l’application restera localisée aux ronds de chardons.
Des pertes de rendement jusqu’à 50 %
Dans les systèmes n’ayant pas recours aux herbicides, les infestations d’adventices affectent le rendement en pois. Les pertes sont évaluées entre 20 et 50 %. Moins de graines sont produites par tige de pois en raison de la diminution de la nutrition azotée.
Les adventices sont plus compétitives que le pois pour prélever l’azote minéral du sol. Le pois doit se contenter de la fixation symbiotique de l’azote atmosphérique par les nodosités racinaires. Cette fonction devient insuffisante pour couvrir les besoins du pois en raison d’une limitation du potentiel de fixation : développement racinaire du pois lent et installation lente de sa couverture foliaire.
Infloweb : une mine d’informations et de conseils sur plus de 40 adventices majeures des grandes cultures
Terres Inovia, l’ACTA, AgroSup Dijon, ARVALIS-Institut du végétal, la FNAMS, l’INRA, l’ITAB et l’ITB proposent Infloweb, un site web qui rassemble et synthétise, de façon pédagogique, des connaissances scientifiques et techniques sur plus de 40 adventices majeures des grandes cultures. Les contenus, rédigés par des experts du domaine, sont destinés à un large public d’agriculteurs, conseillers, enseignants et étudiants, pour aider au raisonnement des stratégies de désherbage. Après avoir sélectionné l’adventice qui vous intéresse, vous accédez à des informations utiles sur sa description botanique (avec illustrations), sa biologie, son affinité vis-à-vis des milieux et des cultures, les facteurs favorables à son extension, et sa nuisibilité dans les grandes cultures, y compris les espèces porte-graines. Les différents moyens de lutte disponibles sont aussi passés en revue : méthodes préventives et agronomiques, choix des herbicides les plus adaptés et désherbage mécanique. Des recommandations de lutte spécifiques en agriculture biologique sont également fournies. |
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Gestion agronomique des adventices en pois
Le pois est sensible à la concurrence des adventices. Par conséquent, il est conseillé de préférer les parcelles propres pour y cultiver du pois. Si une parcelle est laissée moyennement propre par le précédent, on privilégiera la mise en place d’une féverole sur cette parcelle.
Pensée et coquelicot dans une parcelle de pois.
Approche préventive
La maîtrise des adventices en pois passe avant tout par la prévention :
Varier les cultures dans les rotations (avec éventuellement des prairies, particulièrement pour l’AB) et utiliser des semences propres.
Le déchaumage précoce permet d’éviter la grenaison des adventices avant le pois : pour détruire des adventices à des stades bien avancés, privilégier les déchaumeurs à socs larges et plats ou les cultivateurs à dents rigides. Le déchaumage (avec rappuyage) peut permettre également de déstocker des graines d’adventices, en les faisant germer.
Le labour est envisageable avant le pois pour épuiser le stock semencier des graminées en particulier. Toutefois, un labour tous les 3 à 4 ans seulement permet d’éviter la répartition du stock de semences sur tous les horizons. Il est conseillé de labourer en terre ressuyée à 15-20 cm et avec des rasettes pour accroître l’efficacité du retournement de sol en projetant en fond de raie les plantules et les graines d’adventices.
Le faux-semis pour diminuer la pression des adventices : la technique du faux-semis permet de diminuer le stock des graines d’adventices dans le sol. Veiller à ne pas trop affiner un sol sensible à la battance. Effectuer les faux-semis sur sol ressuyé et en fonction de l’adventice visée.
Choix de la variété : une variété capable de couvrir rapidement le sol (hauteur, port, biomasse…) favorise l’étouffement des adventices.
Passages mécaniques à l’aveugle : La herse étrille ou la houe rotative passée en prélevée limite les risques d’infestation en début de cycle (pour en savoir plus, consulter l'article désherbage mécanique du pois)
Stratégies chimiques : Le désherbage se raisonne à la parcelle, en fonction de la flore connue. En pois de printemps, une application en prélevée offre un plus large spectre de produits ; une application en post levée uniquement est plus économique, à condition de bien connaitre sa flore. Un programme pré puis post levée permet de sécuriser la gestion des adventices et de levées échelonnées.
Les mesures préventives, mais également curatives (voir article désherbage mécanique du pois et voir article désherbage chimique du pois), sont importantes car le salissement de fin de cycle est fréquent dans le pois, lorsque sa biomasse végétale s’éclaircit. Or cette concurrence tardive impacte le rendement du pois.
Efficacité des leviers agronomiques sur pois
| Adventices | Rotation diversifiée | Labour occasionnel | Déchaumages/ déstockage d'été | Faux-semis (avant semis de culture suivante) |
| Pois P et H | Pois P et H | Pois P et H | Pois H | |
| Bromes | ||||
| Folle avoine de printemps | ||||
| Folle avoine d'automne | ||||
| Ray-grass | ||||
| Vulpin | ||||
| Chénopode blanc | ||||
| Coquelicot | ||||
| Matricaires et Anthémis | ||||
| Mercuriale annuelle | ||||
| Moutarde des champs | ||||
| Stellaire intermédiaire | ||||
| Renouée liseron | ||||
| Renouée des oiseaux | ||||
|
Renouée persicaire |
||||
| Gaillet gratteron | ||||
| Ammi majus | ||||
| Ravenelle | ||||
| Laiteron rude | ||||
| Pensée des champs | ||||
| Véronique de Perse | ||||
| Véronique à feuille de lierre | ||||
| Morelle noire | ||||
| Chardon des champs | ||||
| Rumex à feuilles obtuses et Rumex crépu | ||||
| Liseron des champs | ||||
| Liseron des haies |
| Bonne efficacité | |
| Efficacité moyenne ou irrégulière | |
| Efficacité insuffisante ou très aléatoire | |
| Efficacité nulle ou technique non pertinente |
Infloweb : une mine d’informations et de conseils sur plus de 40 adventices majeures des grandes cultures
Après avoir sélectionné l’adventice qui vous intéresse, vous accédez à des informations utiles sur sa description botanique (avec illustrations), sa biologie, son affinité vis-à-vis des milieux et des cultures, les facteurs favorables à son extension, et sa nuisibilité dans les grandes cultures, y compris les espèces porte-graines. Les différents moyens de lutte disponibles sont aussi passés en revue : méthodes préventives et agronomiques, choix des herbicides les plus adaptés et désherbage mécanique. Des recommandations de lutte spécifiques en agriculture biologique sont également fournies. |
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Désherbage mécanique ou mixte du pois
Intervenir avant et après la levée
Le désherbage mécanique est surtout pratiqué en bio ; il peut cependant être utilisé en conventionnel en complément du désherbage chimique.
Pour cela, il sera nécessaire de réaliser 2 à 3 passages avec la herse étrille ou la houe rotative :
Herse étrille sur pois de printemps (à gauche) et houe rotative (à droite).
De manière générale, intervenir sur sol ressuyé et par temps séchant sur adventices jeunes ; privilégier la herse étrille qui est sensiblement plus efficace que la houe rotative qui n’arrache que les adventices très jeunes (surtout stade fil blanc). En revanche, si le sol est plutôt battant préférer la houe rotative qui pénètrera mieux dans le sol que la herse étrille et jouera son rôle d’« écroûteuse ».
Avant la levée : un passage de herse étrille ou de houe rotative à l’aveugle, dès que la portance du sol est suffisante, est intéressant car les adventices sont très jeunes et donc faciles à détruire. Cependant, le stade germination étant très sensible à l’écrasement des roues, intervenir en prélevée que si nécessaire (levée d’adventices) et préférer des outils larges pour diminuer la surface des passages de roues.
Après la levée : un ou des passage(s) avec la herse étrille (ou la houe rotative) entre les stades 2 et 5 feuilles sont envisageables (et même nécessaires car souvent le passage à l’aveugle ne suffit pas). Il est conseillé de cibler l’intervention après et avant 2-3 jours de beau temps pour une meilleure efficacité. Il ne faut plus intervenir dès que le pois a des vrilles bien développées. Sinon, les risques d’arracher des pieds sont élevés. De plus, en créant un espace nu ces pertes de plantes peuvent favoriser le développement des adventices à cet endroit.
Stades de passage des outils de désherbage mécanique sur pois de printemps
Les pertes de pieds de pois sont plus faibles avec la houe rotative (qui est plus sélective de la culture) qu’avec la herse étrille. Cependant, ces pertes avec herse étrille sont raisonnables si on intervient sur un pois levé et pas trop développé, et aucun impact sur le rendement n’a été décelé dans nos essais. Pour plus de prudence, il est possible de semer le pois légèrement plus densément (pas plus de 10%). Pour trouver le bon compromis entre une bonne sélectivité pour la culture et une bonne efficacité sur les adventices, régler l’agressivité de la herse (inclinaison des dents et 3ème point) en faisant des tests sur un bout de champ.
Dans le passage de roues, les pertes de pieds dues à l’écrasement du tracteur sont estimées à 22% quelque soit l’outil et quel que soit le stade. A titre d’exemple, une herse de 3m entrainera donc 4,5 % de pertes sur toute la surface par écrasement des roues tandis qu’une herse de 12m engendrera 1% de pertes de pieds sur toute la surface à cause du passage de roues. C’est le 1er passage d’outils qui est le plus néfaste au pois dans le passage de roues ; le stade germination est particulièrement sensible.
Passage de roues marqué dans un pois de printemps désherbé mécaniquement en expérimentation
Raisonner par stratégies
Il est bien entendu possible d’associer (voire d’alléger) les programmes herbicides aux interventions mécaniques. Les deux types de techniques sont complémentaires et facilitent la réduction de l’IFT. Par exemple, une application de Challenge + Basagran en post-levée peut être combinée à des passages mécaniques à l’aveugle ou de début de cycle (lorsque les adventices sont encore jeunes pour être sensibles à la herse étrille et à la houe rotative et que le pois n’a pas encore de vrilles bien développées risquant de s’accrocher aux outils). L’efficacité de ces itinéraires mixtes s’est révélée intéressante dans nos essais (meilleure qu’un désherbage mécanique seul et qu’un désherbage chimique seul), en particulier ceux avec la herse étrille réalisée entre 2 et 5 feuilles du pois suivie du traitement Challenge + Basagran.
Les années sèches, cette modalité mixte donne des efficacités intéressantes (de plus de à 90% sur renouée liseron 6 pl/m² dans le dernier essai réalisé dans le Berry et financé par cap protéines) et supérieures à la référence tout chimique.
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Stratégie de lutte contre les adventices pour le lin d’hiver – campagne 2023-2024
Lin d’hiver : le programme de désherbage antidicotylédones
La lutte contre les dicotylédones pour le lin d’hiver se base désormais sur des produits à base de metsulfuron-methyl (ALLIE SX) et de bifénox (FOX). Le stade des adventices lors de l’intervention est primordial, il est conseillé de viser le stade jeune de l’adventice (stade cotylédons, à 4 feuilles).
FOX est utilisable sur lin oléagineux à l’entrée de l’hiver. A la dose de 1 l/ha, il est efficace sur véroniques sp., pensée des champs, fumeterre, ou encore coquelicot (dont résistant aux inhibiteurs de l’ALS, comme les sulfonylurées). La dose peut même être réduite à 0,5 l/ha sur véroniques et pensées lorsqu’il est associé à ALLIE SX. Il est important de respecter les conditions d’emploi.
| FOX : Appliquer à partir du stade 5 cm du lin ET 50 jours après semis. Efficacité conditionnée par le stade des adventices. Doit être appliqué sans adjuvant et sur feuillage sec. Ne pas mélanger avec un anti-graminées foliaire. Eviter les périodes où un gel peut suivre l'application de quelques jours (4-6 jours). Eviter des amplitudes thermiques supérieures à 15°C dans les 3 jours qui suivent. Ne pas utiliser en sortie d'hiver. |
ALLIE SX 15g/ha, offre un spectre assez complet avec des bonnes efficacités sur crucifères, coquelicot, géraniums et matricaire. On note encore une efficacité moyenne à bonne sur laiteron et seneçon (LONTREL pourra compléter l’efficacité au printemps. Une telle application sera insuffisante sur gaillet, fumeterre et véroniques.
Terres Inovia a aussi expérimenté l’association ALLIE SX 15 g/ha + FOX 0,5 à 1 l/ha. Lorsque les conditions d’application de FOX sont respectées, l’addition d’ALLIE SX ne vient pas modifier la sélectivité de FOX. Cette association n’est pas couverte par les firmes mais peut se faire sous la responsabilité du producteur. Elle permet un spectre très complet à l’entrée de l’hiver. FOX renforce la faible dose d’ALLIE SX (à seulement 15 g/ha) sur crucifères, coquelicot (surtout en cas de résistance), fumeterre, géranium et jonc des crapauds. Cette association est également très efficace sur véronique et pensée (défaut d’ALLIE). L’association avec 1 l/ha de FOX apporte une légère efficacité sur gaillet (comparativement à ALLIE SX seul qui ne permet pas de limiter l’adventice). En forte infestation, le recours à GRATIL est nécessaire en sortie d’hiver, en complément de l’association ALLIE SX + FOX.
Il est possible, réglementairement, de monter la dose d’ALLIE SX à 25 g/ha pour des usages en sortie d’hiver, jusqu’à 20 cm du lin maximum. Mais en cas de fortes infestations de véroniques, préférez l’application d’entrée hiver avec l’association FOX + ALLIE SX.
L’association de FOX avec GRATIL, à 5 cm du lin, est possible (et cautionnée par la firme ADAMA), sur la base des doses maximales /ha suivantes : Fox 1 l/ha + Gratil 20 g/ha. Ce mélange permet de renforcer l’action de FOX sur gaillet et crucifères (capselle, repousses de colza, ravenelle, sanve). Sans être totalement efficace, GRATIL à 20 g/ha présente aussi un intérêt sur rumex dont les biomasses sont réduites. Si l’application de GRATIL peut être reportée en sortie hiver, ce n’est pas le cas de FOX.
Reste enfin l’option LONTREL (100 ou SG) en sortie d’hiver, pour gérer des chardons des champs, le chardon marie, des laiterons, des matricaires, des séneçons, en plein ou en tir à vue. C’est un complément intéressant sur bleuet. Enfin, c’est le seul herbicide capable de maîtriser des levées de printemps d’ambroisie.
| Post-levée précoce Stade adventices juvéniles Stade 5 cm du lin et 50 jours après le semis |
Cout en €/ha |
Rattrapage sortie hiver |
Cout en €/ha | |
| ALLIE SX 15 g/ha + FOX 0.5 à 1 l/ha | 35 à 41 € | Gaillet | GRATIL 0.04 kg/ha | 18€ |
| Chardons, laiterons, matricaires, séneçons | LONTREL SG ou 100 pleine dose + huile (possible localisé sur ronds) | 39€ | ||
| Rattrapage antigraminées si nécessaire | ||||
En lin d’hiver : attention à la sensibilité au gel des antigraminées foliaires
En situation de forte infestation de graminées et/ou présence de graminées résistantes, réalisez un désherbage de pré-semis incorporé avec Avadex 480, dont l’efficacité avoisine 60-80 % lorsque l’application est réalisée sur sol frais. Cette base peut être complétée en végétation par un antigraminées foliaire, dans le cas où les ray-grass et/ou vulpins sont encore sensibles.
Noter que les efficacités fortement affectées par la résistance aux inhibiteurs de l’ACCase (“fop”, “dime” et “den”) sont parfois meilleures pour la cléthodime. Mais la fréquence de la résistance progresse, d’où l’intérêt de l’application en pré-semis, parfois la seule façon de contrôler les graminées.
Une autre donnée doit aussi être prise en compte, celle de l’augmentation de la sensibilité des lins au gel après passage d’un anti-graminée foliaire (AGF) à l’automne :
- Dans les zones à hivers froids (Centre, Nord et Est), éviter autant que possible l’usage d’un AGF avant la sortie hiver.
- Dans les zones à hivers plus doux (Sud-Ouest, Ouest), l’application d’un AGF à l’automne est envisageable, seulement en cas de concurrence précoce.
- D’une manière générale : mieux vaut positionner l’AGF en sortie d’hiver.
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Présemis |
Antigraminées foliaires de post-levée | Commentaires | Coût(€/ha) | |
| Très forte infestation de graminées et/ou graminées résistantes | Lin oléagineux d'hiver déconseillé | |||
| Moyenne à forte infestation de graminées |
AVADEX 480 |
AGF si nécessaire |
En non-labour : faux semis. Ne pas travailler le sol au dernier moment, et glyphosate juste avant semis. |
70-80 €/ha |
| Faible infestation de graminées | - | AGF si nécessaire | 30 €/ha | |
Les autres leviers de gestion de l’enherbement
Tous les leviers agronomiques doivent être mobilisés, autant que possible, pour mieux contrôler le salissement des lins : rotations longues et diversifiées, labour tous les 3 à 4 ans dans la rotation, déchaumages, semis en bonnes conditions.
Le désherbage mécanique est aussi une possibilité. En tendance, contrairement à ce que nous observons sur d’autres cultures, la herse étrille est moins agressive que la houe rotative sur lin oléagineux. Son efficacité reste limitée sur graminées.
La principale difficulté dans la mise en œuvre du désherbage mécanique sur lin oléagineux réside dans le nombre de fenêtres climatiques disponibles, parfois très réduit à partir de la mi-octobre. Des travaux sont prévus pour les prochains semis afin d’évaluer l’intérêt de la herse étrille en aveugle, c’est-à-dire en prélevée de la culture, donc sur fin septembre-début octobre.
La mise en pratique de ces leviers est détaillée dans le guide lin édition 2022
Zoé Le Bihan - z.lebihan@terresinovia.fr - Référente lin et lentilles zone Centre & Ouest
Franck Duroueix - f.duroueix@terresinovia.fr - Responsable évaluation des intrants
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Désherbage mécanique et mixte du lin oléagineux
Il est possible de désherber mécaniquement les lins d’hiver et de printemps. Le désherbage mécanique montre un intérêt sur des adventices jeunes, en conditions de passages optimales (sol ressuyé pendant l’intervention et 2 à 3 jours sans pluie suivant l’intervention), tout en respectant vitesse, réglages et stades de passage pour ne pas pénaliser la culture (réaliser des tests en bord de champ pour trouver le réglage et la vitesse adaptés entre bonne efficacité sur les adventices et bonne sélectivité sur la culture).
Passages de herse étrille à gauche et houe rotative à droite.
Les outils utilisables sur le lin sont surtout la herse étrille et la houe rotative en raison de l’écartement de la culture. Une bineuse à céréales autoguidée peut être utilisée sur un lin semé à écartement de 15-17 cm.
Quand intervenir avec les outils mécaniques sur le lin ?
La herse étrille et la houe rotative sont efficaces sur adventices jeunes (fil blanc, cotylédons), il ne faut donc pas trop attendre pour commencer à désherber mécaniquement le lin.
A quelques nuances près, la plage d’intervention des outils mécaniques en plein sur lin oléagineux se situe entre 2-5 cm du lin jusqu’à 10-12 cm (vérifier le bon enracinement du lin et la bonne vigueur de la culture avant d’intervenir). Sur lin, il est recommandé de ne pas trop augmenter la vitesse de passage et l’agressivité des outils.
La herse étrille peut se passer à 5-8 km/h, la houe rotative peut aller jusqu’à 13-15 km/h. Cette dernière peut légèrement recouvrir le lin de terre mais celui-ci reprend ensuite facilement le dessus dans les jours qui suivent le passage : finalement, le résultat visuel immédiatement après passage est plus impressionnant qu’inquiétant. Pour compenser des éventuelles pertes, il est possible de semer un peu plus dense (soit 5 à 10% de plus que la densité préconisée).
En cas de sols non limoneux, privilégier l’utilisation de la herse étrille, à tendance plus efficace que la houe rotative et moins exigeante en termes de stades des adventices. En revanche, en sol battant la herse étrille ne parviendra pas à rentrer dans le sol et la houe rotative est alors incontournable pour le désherbage mécanique en plein.
Par ailleurs, les passages de herse étrille ou de houe rotative en aveugle sont toujours intéressants pour faire gagner à la culture un temps d’avance sur les adventices. En effet, arrachées au stade fil blanc ou cotylédons pendant la levée de la culture, elles seront ensuite « en retard » par rapport au développement de la culture.
Enfin, plusieurs passages au cours du cycle sont nécessaires pour une meilleure efficacité.
Si le binage est envisagé avec une bineuse à céréales autoguidée, il faut privilégier les écartements de 15 ou 17 cm.
Le binage sera efficace sur des adventices plus développées (jusqu’à 3 feuilles).
Les stades du lin oléagineux pour lesquels un ou des binage(s) précis peuvent être réalisés sont à partir de 6-8 cm jusqu’à 25 cm. Il faut adapter la vitesse en fonction du stade du lin. Sur des stades précoces, il est indispensable d’utiliser des protections pour éviter le recouvrement des plantules par la terre et adapter la vitesse d’avancement. Il est possible de passer plus tôt (dès le stade 4 cm) à condition de passer très lentement pour ne pas ensevelir le lin.
De manière générale, si le désherbage mécanique est prévu sur le lin il est conseillé d’adapter sa densité de semis pour compenser des éventuelles pertes (+ 5 à 10 % de la densité préconisées).
Les bons réglages sont indispensables !
Les réglages d’outils sont essentiels pour préserver le lin et détruire un maximum de mauvaises herbes. Il est conseillé de tester préalablement les outils sur une distance courte mais suffisante pour que la vitesse de travail soit atteinte. Attention, ces réglages doivent être renouvelés à chaque stade de développement de la culture et des adventices, et à chaque nouvelle parcelle (surtout si les types de sol diffèrent).
Herse étrille : inclinaison des dents, profondeur de travail et vitesse d’avancement forment la combinaison gagnante, parfois délicate à obtenir. En modifiant l’un de ces paramètres, s'assurer de ne pas perturber les autres réglages. Il vaut mieux parfois diminuer l’agressivité et conserver ou augmenter la vitesse d’avancement.
Houe rotative : très simples sur ce type d’outil, les réglages consistent en une mise à niveau de l’appareil (attelage 3ème point) et un ajustement de la vitesse d’avancement en fonction du stade de la culture. Sur certains modèles, des roues de terrage et ressorts de pression supplémentaires permettent de régler la profondeur et la pression des roues au sol. Il est parfois nécessaire de placer des masses à l’avant du tracteur pour éviter un déséquilibre de charges.
Désherbage mixte
Intégrée à une stratégie de lutte plus globale, la lutte mixte, combinant à la fois désherbage chimique et désherbage mécanique est un bon moyen pour maîtriser les adventices. Apportant fiabilité et souplesse de réalisation pour la première et diminution significative de l’IFT pour la seconde, ces deux techniques sont complémentaires.
Il y a d'autres moyens de gérer les mauvaises herbes. Pour cela, il faut se renseigner sur les leviers agronomiques disponibles pour le lin
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Le sitone, très friand de féverole
Le sitone est un charançon de 3,5 à 5 mm de long, de couleur gris-verdâtre à brun-rouge. La larve, de forme arquée, mesure de 0.5 à 5-6 mm selon le stade. Elle est de couleur blanche, présente une tête brune et aucune patte.
Sitona lineatus - Fréquence : forte ; nuisibilité : faible
Un seul cycle par an
L’adulte hiverne dans les jachères ou les cultures de légumineuses, comme la luzerne ou le pois. Les hivers doux et secs lui sont favorables. Au printemps, il quitte ses zones refuges et envahit les parcelles de féverole par vols échelonnés. Le ravageur est actif par temps ensoleillé et lorsque la température est supérieure à 12°C.
Au moment de la récolte, les champs sont infestés par les nouveaux adultes qui viennent d’émerger. Les adultes issus des pontes de printemps, émergent du sol des parcelles de juin à septembre. quittent la culture pour hiverner dans différents abris naturels : feuilles mortes, mousses…
Le sitone du pois ne présente qu’une génération par an.
Feuilles dentelées, système racinaire attaqué
Dégâts de sitones sur feuilles de féverole.
Les adultes de sitones mordent les bords des feuilles, occasionnant des encoches semi-circulaires reconnaissables. Le préjudice est présumé sans grande conséquence sur le rendement, en comparaison avec les dégâts qu’engendrent les larves sur le système racinaire de la féverole.
Les larves de sitones se développent dans les nodosités de la féverole puis dévorent les racines. Elles perturbent ainsi l’alimentation azotée de la culture. La nuisibilité sur le rendement est faible sauf en cas d'attaques précoces et nombreuses. Le phénomène est accentué dans les terres peu profondes, qui s’assèchent en avril-mai (diminution du nombre de nodosités).
Observer dès la levée
Jusqu'au stade 6 feuilles, observer si des encoches sont présentes sur le feuillage.
Lutter contre les adultes avant la ponte
Il n’y a pas de solution pour atteindre les larves dans les nodosités. La lutte vise donc les adultes avant la ponte. Cependant, leur arrivée très échelonnée rend difficile les traitements en végétation.
Seuil d’intervention
Lorsque toutes les plantes ont de nombreuses encoches sur toutes les feuilles. Ne pas intervenir après le stade 6 feuilles car les sitones ont déjà pondu. La nuisibilité induite par les encoches sur le feuillage réalisées par des adultes au cours de la floraison est a priori négligeable.
| Stade sensible | Comment les détecter | Conditions favorables | Seuil |
| De la levée au stade 6 feuilles inclus | Observations encoches sur plante |
Favorable : hiver sec et froid, zones refuges : bois, haies, légumineuses Actif par temps ensoleillé et T°> 12°C |
Nombreuses encoches sur les feuilles |
Lutte alternative
Les semis précoces au printemps attirent les premiers adultes sortis. Retarder le semis réduit le risque sitones mais expose davantage la féverole au stress hydrique.
Le thripsCe petit insecte noirâtre (taille 1 mm) de forme allongée est peu présent sur féverole de printemps contrairement au pois de printemps, culture sur laquelle il peut occasionner des dégâts importants. Aucune nuisibilité n’a pu être mise en évidence sur féverole. |
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Identifier la présence de mildiou sur féverole
En l’absence de traitement des semences, il est possible d’observer des attaques très précoces de mildiou (Peronospora viciae). Il s’agit de contaminations primaires provenant des oospores (formes de conservation) présentes dans le sol ou sur la semence. Des foyers de maladie apparaissent alors dans la parcelle, au centre desquels les plantes présentent un nanisme et prennent une teinte jaunâtre tirant sur le gris. Ces attaques sont fréquentes en agriculture biologique, en particulier dans le nord de la France.
Présence de mildiou sur feuille de féverole.
Les symptômes les plus fréquemment observés sont liés à des attaques secondaires. Sur la face supérieure des feuilles, on observe des zones décolorées qui prennent ensuite une teinte gris-rougeâtre à noire. Un feutrage gris est visible sur la face inférieure des feuilles. Les tissus touchés finissent par noircir et dessécher. Un enroulement des feuilles est parfois observé.
Le mildiou se développe essentiellement lorsque les températures sont fraîches (5-18°C) et le temps humide et couvert. Les traitements en végétation manquent d’efficacité et de fait, ne bénéficient pas d’une autorisation (AMM).