Estimation du risque lié aux altises adultes
Cet outil vise à estimer le risque lié aux prélèvements foliaires par les altises des crucifères et altises d’hiver adultes, pour des levées avant le 1er octobre.
Il a été construit en intégrant des résultats d'essais et l'expertise des agents de Terres Inovia.
L'appréciation finale du risque est donnée ici à titre indicatif. Il est de la responsabilité de l’utilisateur (agriculteur, technicien) d’utiliser cette appréciation du risque pour le raisonnement de toute intervention phytosanitaire.
Ces règles de décisions peuvent évoluer au cours des années en fonction de l'acquisition de nouvelles références.
Les questions marquées d'un sont obligatoires.
En savoir plus sur la hernie des crucifères
Agent pathogène et Hôtes
La hernie des crucifères est une maladie racinaire, causée par un parasite obligatoire Plasmodiophora brassicae.
Cet agent pathogène peut infecter la majorité des 3700 espèces de la famille des Brassicacées dont des espèces cultivées telles que le colza, la navette, le chou…mais aussi des adventices crucifères dont la ravenelle, la capselle bourse à pasteur, la sanve, le sisymbre officinal…qui sont des sources de multiplication de P. brassicae.
Symptômes
Appareil végétatif : flétrissement des plantes
Les symptômes observés sur les parties aériennes sont multiples :
- Un flétrissement temporaire du feuillage, surtout au cours de chaudes journées
- Un feuillage sénescent
- Un défaut de croissance
- Un rougissement des plantes infectées, en sol hydromorphe et après gel hivernal
- La disparition de pieds de colza en cas d’infection précoce et sévère. Avant l’apparition des symptômes sur feuilles, la maladie peut déjà avoir progressé considérablement dans les racines
Galles de hernie sur colza
Hypertrophie importante du système racinaire de colza
Hypertrophie des racines sur deux pieds de colza
Hypertrophie importante du système racinaire de colza
Hypertrophies (ou galles) racinaires
L’arrachage de pieds permet d’observer une déformation et un renflement des racines. Ces hypertrophies de forme et de grosseur variables peuvent apparaître très tôt à l’automne. Ces galles sont d’abord fermes (intérieur plein) et blanches, puis brunissent et se craquellent, puis pourrissent. La dégradation du système racinaire entraîne la mort de la plante dans la majorité des cas.
Coupe de galle de hernie : l’intérieur est plein, blanchâtre avec des marbrures brun-noir.
| A ne pas confondre avec le charançon gallicole ! Voir les maladies du colza |
Importance
La hernie des crucifères est une maladie racinaire majeure du colza. En France moins d’1/5 des sols seraient exposés, avec des disparités régionales. Les sols calcaires sont en effet très peu réceptifs. Toutefois, la hernie semble progresser régulièrement dans les parcelles à pH acide, surtout quand elles sont conduites en rotations courtes.
La détection des premiers foyers de hernie sur colza en France date des années 80. La maladie s’est ensuite étendue vers des régions fortement productrices de colza (Berry, Bourgogne, Lorraine, Poitou-Charentes) et de crucifères légumières (Bretagne). La hernie continue son extension dans de nouvelles zones, notamment dans le Centre (Eure et Loir), en Ile de France (Yvelines) et en Normandie. Une fois installée, la maladie est très persistante dans le sol.
| Une enquête en ligne participative permet de suivre l’extension de la hernie. Répondre à l'enquête. |
Carte des parcelles recensées
Consulter les parcelles de colza, chou, moutarde et d'autres, touchées par la hernie des crucifères.
ConsulterCycle de vie
L’ensemble du cycle s’effectue au niveau du sol et des racines du colza. L’eau libre dans le sol est un facteur indispensable pour la contamination et la dissémination. Le cycle comporte deux phases :
- Une phase passive de conservation des spores de repos de hernie et leur dissémination. Ces spores sont libérées après formation des galles de hernie, et peuvent subsister dans le sol pendant plus de 15 ans sans hôte. Leur dissémination est multiple : matériels agricoles, animaux, eaux de ruissellements…
- Une phase active d’infection en une succession d’étapes :
- Germination des spores de repos sous forme de zoospores biflagellées très mobiles dans l’eau libre du sol.
- Infection primaire des poils absorbants : les zoospores se fixent aux poils absorbants de l’hôte, y pénètrent et s’y multiplient.
- Infection secondaire : une nouvelle colonisation des cellules racinaires de l’hôte peut avoir lieu.
- Formation des galles, renflements caractéristiques emplis du parasite (sous forme de plasmode) puis de spores de repos qui seront libérées dans le sol.
Cycle de développement de la hernie des crucifères sur le colza
NuisibilitéL’incidence de la hernie sur le rendement dépend de la date et du degré de contamination. Sa nuisibilité peut être forte localement, allant de la perte de quelques quintaux jusqu’au retournement de la parcelle, dans le cas d’une attaque précoce et intense. Elle dépend également de la variété utilisée. La hernie entraîne également une perte d'huile (perte allant jusqu'à 3 points entre une parcelle infectée et une parcelle saine pour la même variété). |
Facteurs favorables
Sol et climat
La hernie se développe préférentiellement dans les sols limoneux à pH acide, hydromorphe et battant.
Les conditions optimales d’infection et de développement sont des températures comprises entre 20-25°C et une humidité relative du sol supérieure à 80%. Les forts orages et l’irrigation sont des facteurs aggravants en cas de présence de hernie.
Pratiques culturales
Le retour fréquent du colza dans la rotation mais aussi l'implantation de crucifères comme CIPAN (culture intermédiaire piège à nitrate) favorisent l’augmentation de l’inoculum.
Un mauvais désherbage, notamment des crucifères, et le maintien des repousses de colza après la récolte favorisent la multiplication de l’agent pathogène
D’autres facteurs favorisent également le développement de la maladie : mauvais drainage de la parcelle ou l’absence de chaulage pour les sols acides.
L’absence de nettoyage des outils d’une parcelle contaminée à une parcelle saine favorisent la dissémination.
Contaminants potentielsAttention à la dissémination de la hernie ! Les outils de travail du sol souillés dans une parcelle infestée sont des vecteurs potentiels de la hernie, tout comme des végétaux contaminés, de l’eau d’irrigation ou des fumiers contaminés. |
Diversité de l’agent pathogène
Au sein de Plasmodiophora brassicae il existe plusieurs pathotypes, qui sont des groupes d’individus ayant une virulence différente. Ils sont caractérisés en utilisant une gamme d’hôtes différentiels de colza. Leur nombre va dépendre du nombre d’hôtes composant ce set. Selon le set de 3 hôtes différentiels de Somé et al. (1996) utilisé dans un projet collaboratif*, 6 pathotypes (P1 à P6) sont détectés à la suite d’un échantillonnage de sol/galles mené en France entre 2011 et 2012. Il ressort que :
- La proportion de ces 6 pathotypes (P1 à P6) est variable sur le territoire français
- P1 (le plus agressif), P2 puis P3 représentent plus de 90% des échantillons
- Les pathotypes P1, P2 et P3 sont susceptibles d’attaquer, de façon non systématique, la variété de colza résistante Mendel, et d’autres variétés ayant des sources de résistance similaire.
- L’ajout de la variété Mendel au set d’hôtes différentiels initial conduit à distinguer les pathotypes, selon leur capacité à contourner (P1*, P2*…) ou non (P1, P2…) la résistance de cette variété
- Il existe une hétérogénéité intra- et inter-parcellaire. L’hétérogénéité est davantage présente entre parcelles qu’entre secteurs géographiques, conduisant à des préconisations variétales à l’échelle de la parcelle.
Proportion des pathotypes de hernie en France 2011-2012 (d’après Orgeur et al. 2016)
Le GEVES propose actuellement une prestation pour caractériser le ou les pathotypes présent(s) sur la parcelle, y compris ceux qui contournent la résistance de la variété Mendel.
* Projet collaboratif mené de 2011 à 2013 entre le GEVES (coordinateur), Terres Inovia, l’INRA-IGEPP, NPZ, Syngenta, Serasem, Limagrain Europe, Ucata.
Leviers de lutte
Le contrôle de la hernie des crucifères chez le colza en France s’articule autour de 3 leviers : la prévention, le levier génétique et de bonnes pratiques agronomiques.
Les leviers de lutte chimique ou de biocontrôle ne sont pas aujourd’hui autorisés en France et/ou inefficaces pour assurer une protection du colza contre la hernie des crucifères.
Une combinaison de leviers pour lutter contre la hernie des crucifères.
Le levier génétique est la voie la plus efficace pour lutter contre cet agent pathogène. Plusieurs variétés résistantes à certains pathotypes existent sur le marché français – toutes les informations disponibles sont sur myvar.fr.
Le détail des leviers opérationnels de lutte contre cette maladie est disponible en cours de campagne
Le projet Optiplasm (GEVES, Terres Inovia, INRAE) visant à optimiser l'évaluation officielle des variétés de colza vis-à-vis de la hernie des crucifères s’est terminé en 2022. Les résultats n’ont pas encore abouti à un changement de méthodologie car cela nécessite de poursuivre les travaux dans la compréhension de la diversité génétique des différents pathotypes de P. brassicae. Des pistes à court terme sont aussi en œuvre pour moduler les conditions expérimentales pour se rapprocher des conditions terrain. En savoir plus sur les résultats du projet.
Documents à télécharger
Outil : régulateur automne colza
Cet outil estime le risque d'élongation automnale du colza et vous indique l'intérêt ou non d'appliquer un régulateur de croissance, en fonction de la précocité du stade six feuilles, de la sensibilité de la variété à l'élongation, de la densité, de l'azote disponible et de la taille du colza.
Enquête sur les punaises s'attaquant au colza
En quelques clics, vous pouvez nous aider à contribuer à mieux connaître les punaises s’attaquant certaines années au colza à la fin de l’été. Une meilleure connaissance de l’importance du phénomène et des espèces impliquées est un préalable indispensable pour trouver des stratégies de gestion si les attaques s’amplifient dans les années à venir.
La synthèse de la localisation globale des attaques et des premiers résultats est disponible en temps réel sur le site. Toutes les autres informations saisies restent confidentielles.
Régulateur d’automne : n’intervenir que si nécessaire
Le respect de quelques règles simples limite considérablement le risque d’élongation, y compris dans les situations à excédents azotés structurels (apports réguliers de matières organiques) ou de précédent avec forts reliquats :
- respecter les densités de semis ;
- semer dans le créneau des dates optimales ;
- choisir une variété peu sensible vis à vis de l'élongation automnale.
L’utilisation d’un régulateur de croissance ne doit donc être envisagée qu’en dernier recours. Sur des colzas déjà allongés, il ne peut, au mieux, que freiner le développement végétatif des plantes et endurcir légèrement le colza. L’efficacité maximale est obtenue en anticipant le phénomène d’élongation. Le stade d’application optimal est compris entre 6 et 8 feuilles.
Ce type d’application n’a aucun effet au printemps (pas de réduction de taille ni de verse).
(1) Adapter la dose au stade de la culture et au niveau de risque
(3) En situation de risque élevé, le tébuconazole peut s’avérer insuffisant.
La lutte contre les ravageurs du colza devient plus difficile
Les spécialités à base de chlorpyriphos-méthyl ont été retirées
Suite au non-renouvellement de l’approbation de la substance active chlorpyriphos-méthyl par le règlement d’exécution (UE) 2020/17, les spécialités RELDAN 2M, EXAQ 2M, ZERTELL 2M (AMM 2120086) DASKOR440, ROKSA 440 EC, SCRAMBLER, PATTON M, BALATON M (AMM 2110078) sont devenus depuis le 16 avril 2020 des Produits Phytomarmaceutiques Non Utilisables (PPNU) qu’il faudra éliminer dans des centres spécialisés.
Conséquences : la lutte contre les ravageurs du colza devient plus difficile. Levée précoce, croissance dynamique et continue à l’automne seront les déterminants de la réussite de la culture.
A l’automne, l’altise d'hiver et le charançon du bourgeon terminal ont développé plusieurs mécanismes de résistance aux pyréthrinoïdes et ces résistances progressent. BORAVI WG constitue la seule alternative insecticide. Le nombre d’applications de BORAVI WG étant limité à 2 par campagne, une levée précoce permettra d’atteindre le stade 4 feuilles avant l’arrivée des grosses altises adultes (souvent le 20-25 septembre) ; à ce stade le colza n’est plus sensible aux morsures d’altises et ne nécessite pas de traitement avec BORAVI WG.
La réussite de l’implantation et l’obtention d’un colza robuste est indispensable. La levée doit être précoce, la croissance dynamique et continue à l’automne, les pieds vigoureux et la reprise dynamique en sortie hiver.
L’agriculteur disposera également de moins de solutions au printemps sur méligèthes et charançon de la tige du colza. Lorsque les applications autorisées de BORAVI WG auront déjà été utilisées pour la protection de la culture à l’automne, seules les pyréthrinoïdes seront disponibles pour les ravageurs du printemps à l’exception de l’indoxacarbe. Comme à l’automne, un colza vigoureux supportera mieux les attaques de ravageurs : par exemple jusqu’à 9 méligèthes par plante selon le stade et la vigueur.
Documents à télécharger
Colza : consultez les BSV de votre région
Chaque semaine pendant la période culturale, Terres Inovia participe à l'analyse des risques phytosanitaires (insectes et maladies) dans la plupart des régions de productions de colza.
Les observations sont menées dans le cadre de la Surveillance Biologique du Territoire (SBT) par de nombreux partenaires : organismes stockeurs, organismes de développement, lycées, FREDON, agriculteurs...
Les données sont saisies dans l'outil Vigicultures® puis validées par les animateurs régionaux. Les synthèses et analyses de risques sont régionalisées et publiées gratuitement dans les Bulletins de Santé du Végétal (BSV).
Consultez les BSV de votre région
| Alsace | Bulletin du Végétal Alsace |
| Aquitaine | Bulletin du Végétal Aquitaine |
| Auvergne & Rhône-Alpes | Bulletin du Végétal Auvergne & Rhône-Alpes |
| Bourgogne-Franche-Comté | Bulletin du Végétal Bourgogne-Franche-Comté |
| Bretagne | Bulletin du Végétal Bretagne* |
| Centre-Val de Loire | Bulletin du Végétal Centre-Val de Loire |
| Champagne-Ardenne | Bulletin du Végétal Champagne-Ardenne |
| Hauts de France | Bulletin du Végétal Hauts de France |
| Ile-de-France | Bulletin du Végétal Ile-de-France |
| Lorraine | Bulletin du Végétal Lorraine |
| Limousin | Bulletin du Végétal Limousin |
| Normandie | Bulletin du Végétal Normandie |
| Occitanie Ouest | Bulletin du Végétal Occitanie Ouest |
| Pays-de-la-Loire | Bulletin du Végétal Pays-de-la-Loire* |
| Poitou-Charentes | Bulletin du Végétal Poitou-Charentes |
* saisi sous VégéObs au lieu de Vigicultures®
Des infestations de punaises possibles localement en phase d’installation des colzas
Lorsque la campagne démarre dans des conditions chaudes et sèches, les risques d’attaques de punaises sur les jeunes colzas sont plus élevés. Vigilance si les mois de juillet, août et septembre s’inscrivent dans ce schéma climatique.
Certaines années, comme ce fut le cas en 2016 et 2019, des parcelles de colza tout juste levées ont été envahies par de petits insectes de quelques millimètres appartenant au groupe des punaises. Les conditions précises de ce phénomène restent à étudier. Toutefois, ces pullulations s’observent particulièrement les années où les conditions climatiques en juillet, août et septembre sont chaudes et sèches.
Les punaises sont polyphages et cherchent alors des sources de nourriture et s’attaquent non seulement au colza (repousses ou colzas en cours de levée) mais également à d’autres espèces végétales comme des céréales, des légumineuses... En 2019, dans certains départements, les punaises affamées ont également envahi des habitations situées à proximité de parcelles agricoles.
Localisation des attaques de punaises sur colza en 2019 et 2020 (situations non exhaustives)
Dégâts sur colza
Les attaques sur colza commencent par les bords de champs et progressent vers l’intérieur des parcelles si les conditions favorables persistent. Le phénomène est impressionnant : les plantules de colza flétrissent sans aucun autre symptôme apparent. Ces dernières, vulnérables à cause de la sécheresse, ne peuvent résister face à ces milliers d’individus ponctionnant la sève jusqu’à leur dessèchement complet.
L’observation de cet insecte, peu fréquent habituellement, reste toutefois très localisé.
A gauche : plantule de colza desséchée suite aux piqûres des larves de Nysius, à droite : parcelle de colza colonisée par les larves au cours de l’automne. Le végétal est détruit (sol nu) sur les premiers mètres (4 à 5 mètres sur le cliché et 25 à 30 mètres entre le jalon et le chemin, situé derrière la photographe)
Espèces impliquées
Les punaises colonisent les parcelles au stade larvaire. A ce stade, elles sont incapables de voler (absence d’ailes). Il n’est pas possible d’identifier précisément les larves, c’est pourquoi l’étude des adultes est incontournable pour connaître l’identité du ravageur. En 2019 et 2020, plusieurs espèces ont été identifiées par le laboratoire d’Eco-Entomologie à partir d’échantillons fournis par Terres Inovia et ses partenaires (GDA45 et AGRIAL) :
Nysius cymoides communément appelé fausse punaise des céréales.
Cette espèce a également été identifiée en 2009, 2016 en France. Elle semble être impliquée dans la majorité des attaques. Elle est considérée comme nuisible au colza en Iran mais peut également s’attaquer à une très grande diversité d’espèces végétales cultivées (choux, chou-fleur, soja, tomate, olivier, luzerne, tournesol, vigne…) ou non (chénopode, trèfle, moutarde des champs, armoise…).
Illustration de différents stades de l’espèce Nysius cymoides - a) Larve stade III (1,0 mm) ; b) Larve stade IV (1,5 mm) ; c) Larve stade V (2,2 mm) ; d) Adulte mâle (2,5 mm). La taille correspond à la mesure entre l’extrémité de la tête et l’extrémité de l’abdomen (photos : laboratoire d’Eco-Entomologie – J.-D. Chapelin-Viscardi).
Emblethis sp.
Les espèces impliquées n’ont pas pu être identifiées (identification uniquement possible sur adultes). Cependant, les espèces appartenant à ce genre sont souvent des insectes granivores polyphages.
Il n’est pas exclu que d’autres espèces de punaises adoptent ce comportement. Par exemple, des pullulations de Nysius thymi ont été signalées en Italie.
Beosus maritimus
Cette espèce a été détectée en 2020 en Charente-Maritime. Elle est principalement granivore et s’attaque à de nombreuses espèces végétales.
Gestion des infestations
Aucune spécialité n'est homologuée contre cet insecte, qui n’est pas classé « officiellement » en France parmi les ravageurs du colza. Les traitements testés semblent peu efficaces quelle que soit la famille insecticide choisie. Seule l'irrigation ou le retour de pluies calment le phénomène en permettant la dispersion des larves.
Seule une meilleure connaissance de la biologie des espèces impliquées permettra de trouver des stratégies de gestion durable adaptée si le problème se développe dans les années à venir.
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Afin de suivre l’évolution du phénomène au fil des années et mieux connaître les espèces impliquées, si vous observez des attaques sur colza, il est important de la signaler dans l’enquête mise en ligne par Terres Inovia. |
Source :
Chapelin-Viscardi J.-D., Tourton E. & Matocq A., 2017. – Pullulations de Nysius cymoides (Spinola, 1837) dans des parcelles de Colza de l’Ouest de la France (Heteroptera Lygaeidae Orsillinae). L’Entomologiste, 73 (3) : 205-210.
Chapelin-Viscardi J.-D. – le point sur les pullulations de la punaise des céréales - RTR de Niort – 28/11/19
Quelles cultures pour remplacer le colza dans la région Nord & Est ?
Au vu des difficultés d’emblavement depuis quelques années, des colzas peuvent être remplacés par d’autres cultures. La liste des espèces possibles est potentiellement large. Mais des critères techniques et économiques sont à prendre en compte.
Tenir compte des herbicides appliqués sur colza
En premier lieu, le choix de la culture de remplacement doit se raisonner par rapport aux herbicides utilisés sur colza. Si plusieurs herbicides ont été utilisés, il faut suivre les recommandations du produit le plus limitant.
Adapter la culture au contexte pédoclimatique
Le soja, le pois, le lin oléagineux, le chanvre, la féverole voire le colza de printemps valorisent les sols profonds. Le tournesol, la lentille et le pois chiche sont des espèces mieux adaptées aux sols plus superficiels même si leur potentiel de rendement s’ajuste.
Les conditions climatiques au cours de la période de semis peuvent amener à changer d’option : le pois de printemps, la lentille, le pois chiche, le lin oléagineux, le colza de printemps et la féverole exigent un semis précoce sur un sol ressuyé en sortie d’hiver. Au-delà de fin mars, le risque de chute de potentiel de rendement devient élevé. Il est alors possible de basculer sur des cultures d’été (soja, tournesol, chanvre) à semer à partir d’avril.
S’assurer du débouché local et des possibilités de collecte
La plupart des cultures ne nécessitent pas de démarche commerciale spécifique. Le chanvre se fera préférentiellement sous contrat. Pour le lin, la lentille et le pois chiche, ils se font quasi-exclusivement sous contrat. Des cultures comme le soja ou le tournesol peuvent nécessiter une prise en charge particulière (logistique et/ou séchage) par l’organisme collecteur.
Evaluer les performances agronomiques des cultures de printemps dans la rotation
La gestion des adventices, notamment les graminées (ray-grass, vulpin), est problématique. L’introduction de cultures de printemps est un levier incontournable pour maîtriser l’efficience du poste désherbage. D’autres effets positifs sont également observés sur la gestion des maladies et des insectes. Les légumineuses (pois, lentille, …), présentent un intérêt sur l’alimentation de la culture suivante, voire sur le déplafonnement des rendements céréaliers. Les cultures de printemps à semis plus tardifs (tournesol, soja) présentent l’avantage de rompre le cycle des adventices et restent de bons précédents pour un blé semé en direct ou en TCS. Le chanvre présente l’intérêt d’être une culture étouffante pour les adventices.
Anticiper le recours éventuel à l’entreprise
Le tournesol nécessite un semis au monograine et une barre de coupe adaptée à la récolte. La récolte du chanvre est généralement sous-traitée par l’industriel. Pour les autres cultures, aucun équipement spécifique n’est à prévoir.
Des espèces à choisir au cas pas cas
Les critères à prendre en compte sont nombreux. Il est nécessaire d’en faire la synthèse pour définir au cas par cas l'intérêt par rapport à la situation de la parcelle. Le tableau ci-dessous est une première étape pour prendre une décision.
La cuvette jaune, le piège incontournable pour détecter l’arrivée des ravageurs du colza
La cuvette jaune a été développée au début des années 50 en Allemagne. Sur colza, parmi tous les pièges testés, la cuvette s’est révélée la plus pratique d’utilisation et la plus fiable. Cependant, elle doit être positionnée avec soin pour être efficace.
Mise en activité
A l’automne, positionner les pièges dès le semis. Une cuvette enterrée et une cuvette sur végétation sont nécessaires.
Au printemps, les pièges doivent être opérationnels dès la fin janvier pour capter les premiers vols d’insectes. Seules les cuvettes sur végétation sont nécessaires et efficaces.
Hauteur du piège
En fonction du ravageur ciblé, la cuvette peut être en position enterrée ou sur végétation :
- Enterrée : ce positionnement est le plus efficace pour l’altise d’hiver (ou grosse altise) qui se déplace par petits sauts au niveau du sol et qui n’est pas attirée par le jaune (contrairement aux altises des crucifères). Creuser un trou pour positionner la cuvette de telle sorte que le bord de la cuvette soit au niveau du sol.
- Sur végétation : les autres coléoptères ravageurs du colza sont attirés par la couleur jaune. La cuvette doit donc rester bien visible pour être efficace. Au semis, positionner la cuvette sur le sol puis la remonter au fil de la campagne afin que le fond du piège soit à la hauteur de la végétation.
Positionnement des pièges dans la parcelle
Positionner la cuvette à au moins 10 mètres de la bordure, si possible proche d’un ancien champ de colza. Lors de la mise au point du piège, les résultats ont montré que les captures étaient plus faibles lorsque le piège était trop proche de la bordure.
Entretien du piège et fréquence du relevé
- Remplir la cuvette d’un litre d’eau et de quelques gouttes de produit vaisselle sans odeur. Ce produit empêche les insectes de flotter.
- Relever les cuvettes au moins une fois par semaine. Filtrer les insectes (avec un chinois par exemple) et les laisser sécher pour les identifier plus facilement.
- Régulièrement, changer l’eau, nettoyer le fond de la cuvette pour qu’elle reste attractive et remonter le piège à hauteur de la végétation afin que le piège reste bien visible.
Astuce : pour faciliter l’entretien du piège, laisser un bidon d’eau additionnée de quelques gouttes de mouillant à proximité dans la parcelle.
Interprétation des piégeages
Attention, le nombre de captures n’est pas directement corrélé au nombre d’insectes réellement présent dans la parcelle et encore moins aux dégâts potentiels.
Les captures sont liées aux conditions climatiques (température, vent, ensoleillement) : les insectes se déplacent plus et sont donc davantage piégés lorsque les conditions sont favorables. Une cuvette mal positionnée pour des raisons parfois difficiles à identifier peut se révéler inefficace. La mise en place de réseaux de piégeages apporte une vraie plus-value et fiabilise les observations. Les réseaux de cuvettes servent notamment pour l’établissement des BSV (bulletin de santé du végétal).
L’interprétation des relevés de piégeage est qualitative :
- Cuvette enterrée : le nombre de captures dépend du nombre d’insectes présents mais également de leur activité, c’est-à-dire de leur capacité à se déplacer. Les piégeages des altises d’hiver doivent s’interpréter en tant que présence/absence des insectes dans la parcelle.
- Cuvette sur végétation : ces pièges sont surtout efficaces lorsque les insectes arrivent dans les parcelles. Une fois les insectes bien installés dans le couvert, ils ne sont généralement plus piégés. Ces pièges permettent donc de détecter les vols de ravageurs.
En complément des piégeages, l’observation sur plantes est nécessaire pour prendre la décision d’intervenir ou non.
Petit guide pratique
des ravageurs du colza
Conçus pour être glissés dans la poche, les petits guides pratiques proposent des fiches pour reconnaître insectes et maladies des cultures et leurs dégâts.
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