Fertilité du sol : le GIEE Magellan fête ses dix ans

Le 18 novembre, à Bona (58), ce groupement d’intérêt économique et environnemental a organisé une journée terrain qui a rassemblé plus de 500 personnes pour souffler ses dix bougies. L’institut technique a noué, depuis de nombreuses années, un partenariat important avec ce réseau d’agriculteurs nivernais. Gilles Robillard, président de Terres Inovia, était présent à l’événement. 

Malgré le froid glacial qui s’est abattu sur les plateaux du Nivernais ce 18 novembre, les agriculteurs, conseillers techniques et élèves de lycées agricoles étaient nombreux à avoir investi les parcelles d’une exploitation de Bona, où le GIEE Magellan avait choisi d’organiser l’événement anniversaire de ses dix ans. 

A Bona (58), plus de 500 personnes s’étaient donné rendez-vous autour du GIEE Magellan.

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Un groupement d’agriculteurs pour améliorer la fertilité des sols

Ce groupement économique et environnemental spécialisé dans la fertilité des sols, né en 2015 de l’initiative d’une poignée d’agriculteurs nivernais, a permis aux visiteurs de mieux connaître les solutions innovantes défendues par le GIEE Magellan, témoignages d’agriculteurs à l’appui.

Objectif : améliorer la fertilité des sols, des biofertilisants aux matières organiques, en passant par l’allongement des rotations et les couverts végétaux pour rendre les cultures plus résilientes face aux aléas climatiques et aux attaques de ravageurs par la mise en place des pratiques innovantes avec des systèmes moins gourmands en produits phytosanitaires. 

En savoir plus sur le GIEE Magellan

Commander le guide du GIEE Magellan sur le semis direct édité par Terres Inovia

Tout au long de la journée, des ateliers tournants ont pu diffuser outils, méthodes et leviers d’actions testés depuis dix ans par ce groupement économique et environnemental, comme la culture de céréales sous couvert permanent de légumineuses, la compaction des sols, les effets des techniques de la destruction des couverts, l’utilisation de préparations naturelles ou encore les leviers pour créer des colzas robustes.  

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​​​​​​​​​​​​​Huit ateliers ont animé la journée anniversaire du GIEE Magellan.

 

Ils y étaient 

Julien M., conseiller technique
« Je travaille pour un groupement d’agriculteurs qui mène des pratiques agroécologiques dans le Poitou et cette journée est vraiment enrichissante, elle donne plein d’idées. Cela permet de comparer, d’être conforté dans ses choix ou d’ajuster ses pratiques ».

Raphaël T., agriculteur (Seine-et-Marne)
« J’ai connu le GIEE Magellan par le guide qu’ils ont édité sur leurs pratiques et je les suis via leur page Facebook. Je suis aussi dans cette démarche d’améliorer la fertilité, c’est rassurant d’entendre qu’il existe plusieurs techniques possibles, et pas seulement le semis direct ».

Thibault S., agriculteur (Cher) 
« Comme exploitant, je suis toujours à la recherche de leviers pour améliorer les systèmes. Les pratiques innovantes testées par le GIEE Magellan sont intéressantes pour la résilience des cultures, mais aussi pour baisser le coût de la main d’œuvre et du temps de travail. L’existence d’un groupement comme lui, avec un recul de dix ans, permet de comparer les pratiques ». 

 

Entre Terres Inovia et le GIEE Magellan, un lien tissé depuis longtemps

Terres Inovia a été un partenaire de poids du groupement. L’institut technique met, en effet, à disposition du groupement l’expertise de ses collaborateurs. Ainsi, c’est Michaël Geloen qui réalise l’animation du groupement, avec un rôle d’appui technique et d’organisation de tours de plaine et de formations. Des expérimentations du GIEE sont également réalisées avec le soutien de l’une des stations d’expérimentation de l’institut à Bretenière. Et c’est également Terres Inovia qui a édité, en 2021, un guide pour diffuser largement les méthodes et outils du GIEE. Du côté de l’institut technique, l’intérêt de collaborer aussi étroitement avec le groupement permet d’identifier plus rapidement de nouveaux leviers pour rendre les cultures plus compétitives.

 

Gilles Robillard, président de Terres Inovia


 
« Terres Inovia est associé de longue date avec le GIEE Magellan dans l’élaboration de solutions innovantes pour améliorer la fertilité des sols et la résilience des systèmes. Ce partenariat permet de mettre en place des essais à taille réelle d’exploitation pour tester ces innovations. 
Nos cultures oléo-protéagineuses sont un levier majeur pour la fertilité des sols et les observations menées par le GIEE Magellan permettent de valider l'insertion des légumineuses dans les systèmes de culture et leur rentabilité, mais aussi d'en quantifier les gains sur la fertilité des sols.
»

 

Deux ateliers animés par des experts de l’institut technique

Michaël Geloen lors de l'animation d'un atelier.

La journée a été orchestrée par Michael Geloen, animateur du groupement et ingénieur de développement de l’institut. L’expert de Terres Inovia a également animé un atelier sur la conduite de céréales sous couvert permanent de légumineuses. « Pour maximiser les cultures de printemps, il est important de renforcer la fertilité du sol et la résilience des systèmes », a-t-il expliqué, en préambule avant de détailler les méthodes pour faire coexister une culture avec un couvert permanent. 

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Matthieu Loos a expliqué aux visiteurs les méthodes pour construire des colzas robustes.

​​​​​​​Matthieu Loos, autre ingénieur de développement de Terres Inovia, a animé, de son côté, un atelier sur la robustesse des colzas. « L’objectif est de montrer comment nos pratiques peuvent influer sur l’état des colzas pour créer une robustesse permettant aux plantes de mieux résister aux ravageurs », a-t-il expliqué, présentant les tableaux de bord développés par Terres Inovia « pour savoir, à toutes les étapes de l’itinéraire technique, si les pratiques mises en place ont été vertueuses pour avoir des colzas robustes ». 

Romain Maillault, agriculteur à Montigny-sur-Canne et membre du GIEE Magellan

Ce producteur dans la Nièvre est l’un des membres fondateurs du GIEE Magellan. Il gère une exploitation de 500 ha et a mis en place un système de cultures très diversifié, jusqu’à parfois une douzaine de cultures, en semis direct et en couvert. 

Pourquoi avez-vous rejoint le GIEE Magellan ? 
Avec la nature de mes sols, je voulais maximiser le potentiel des cultures de l’exploitation. Le GIEE s’est constitué dès 2015 pour créer un dynamisme local, d’abord en testant des systèmes avec des couverts de légumineuses en interculture. Nous avons démarré avec un réseau de huit agriculteurs. 

Comment a fonctionné ce groupement depuis sa création ?
De 2015 à 2018, nous avons testé différents leviers et, dès 2020, le groupement était déjà en phase de routine, avec des expérimentations en micro-parcelles où on a vu la résilience des systèmes s’améliorer nettement. Le groupe fonctionne très bien, avec un partage des solutions mises en place lors de réunions régulières et d’ateliers de co-conception pour réfléchir sur une thématique ou construire un nouvel itinéraire technique. 

Quelle la plus-value pour votre exploitation ?
Derrière les légumineuses, je peux semer du blé directement. Mes charges opérationnelles sont très faibles, avec par exemple une dépense en fioul divisée par deux, une diminution du temps de travail et, surtout, je constate le retour de la matière organique dans le sol. 

 

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Le fonctionnement biologique du sol passé en revue

Les partenaires du RMT Bouclage, dont Terres Inovia fait partie, viennent de publier un ouvrage qui balaie les forces et faiblesses de 22 indicateurs de fonctionnement biologique du sol pertinents pour le conseil agricole.

 

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Bien qu’il soit désormais possible d’élargir l’analyse de terre d’une parcelle à sa composante biologique, il n’est pas toujours facile de sélectionner et mobiliser des indicateurs pertinents pour le conseil agricole. Pour s’y retrouver, les partenaires du RMT Bouclage proposent de balayer les forces et faiblesses de 22 d’entre eux dans un recueil dédié.

L’objectif de ce recueil est de recenser les principaux indicateurs de fonctionnement biologique, mobilisables pour le diagnostic, le suivi et le conseil en situation agricole. Grâce à une méthodologie rigoureuse alliant collecte structurée des informations, rédaction collaborative et validation croisée par des experts, ce recueil offre une synthèse claire, fondée sur des données objectives, disponibles et partagées acquises avec des méthodes actuellement disponibles pour les gestionnaires des sols.Il est un support indispensable en prise avec l’actualité et présente les derniers savoir-faire pour gérer durablement son sol et piloter sa fertilité.

Renseigner les fonctions attendues d'un sol

Les indicateurs proposés visent en priorité à renseigner certaines des fonctions attendues d’un sol : recyclage des nutriments, transformation du carbone et maintien de la biodiversité. Ces fonctions ne sont pas les seules à être évaluées dans une approche de multifonctionnalité des sols, mais sont considérées aujourd’hui comme les plus informatives pour les gestionnaires des sols en contexte de diagnostic en milieu agricole. Certains indicateurs permettent également d’évaluer la capacité à entretenir la structure du sol, en complément des méthodes d’observation au champ.

Ce panorama est destiné aux acteurs du conseil et du diagnostic de qualité des sols, afin de les aider à sélectionner les indicateurs les plus pertinents à déployer selon leurs problématiques spécifiques.

 

Bouclage : recyclage, fertilisation et impacts environnementaux

Le RMT Bouclage s’inscrit dans le cadre de l’économie circulaire, à l’interface entre l’agroécologie et la bioéconomie. Son programme de travail vise à soutenir la mise en oeuvre du volet agricole de la feuille de route pour l’économie agricole (Frec), rendu public par le ministère de l’Agriculture, de l'Agro-alimentaire et de la Souveraineté alimentaire début 2019.

Il a pour objectif de produire des références, méthodes et outils pour mieux accompagner les différentes acteurs concernés (agriculteurs, conseillers agricoles, formateurs, gestionnaires des ressources et territoires, pouvoirs public), dans les changements de pratiques et de choix stratégiques opérés, en vue d’un meilleur bouclage des cycles biogéochimiques, d’une gestion durable des ressources en agriculture et d’une meilleure maîtrise des risques d’impacts environnementaux et sanitaires.

Animé par l’Acta et Inrae, ce RMT réunit 44 partenaires parmi lesquels les instituts techniques agricoles dont Terres Inovia, des acteurs de la recherche et de l’enseignement, des chambres d’Agriculture.

 

Pour aller plus loin

Projet Transi'Sols : des tableaux de bord qui évaluent les services attendus de la fertilité des sols - Une démarche en co-construction pour piloter la transition agroécologique (2023)  Poster & Résumé

Fertilité des sols : des tableaux de bord pour adapter ses pratiques pas à pas, Perspectives Agricoles 516 (2023).

Pour en savoir plus sur la fertilité des sols : Pilotez la fertilité des sols avec des tableaux de bord

Présentation colloque 2024 International Soil Tillage Research Organisation Conference (Istro).

Webinaire RTTI - Les indicateurs opérationnels de fonctionnement des sols : retours d’expériences - 29 octobre 2024

A noter dans vos agenda : la journée technique pour les 10 ans du GIEE Magellan se tiendra le 18 novembre 2025 dans la Nièvre.

 

Contacts : Anne-Sophie Perrin, as.perrin@terresinovia.fr​​ ​​​​​​​

 

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Protéi’Sol : « Cap Agronomie® apporte une très belle plus-value au projet »

Terres Inovia est partenaire du projet Protéi’Sol, piloté par Earthworm Foundation, pour encourager à des pratiques agricoles régénératrices et durables. L’institut technique y anime des formations sur le terrain auprès de techniciens et d’agriculteurs des Hauts-de-France dans le cadre du programme Cap Agronomie®. Focus sur ce partenariat avec Marie-Pierre Albouy-Duclercq, responsable des partenariats d’Earthworm Foundation. 

 

Marie-Pierre Albouy-Duclercq, responsable des partenariats d’Earthworm Foundation

Quelles sont les missions d’Earthworm Foundation ? 

Cette organisation internationale à but non lucratif travaille dans de nombreux pays, dont la France, pour fédérer les acteurs de l’amont et de l’aval dans un seul but : accompagner les acteurs des filières pour un changement de pratiques visant à régénérer et améliorer la santé des sols. En tant qu’organisme neutre, il joue donc un rôle de catalyseur pour faire travailler ensemble tous les maillons de la chaîne, des agriculteurs et coopératives aux distributeurs. 

D’où est né le partenariat avec Terres Inovia ? 

L’objectif de Protéi’Sol est de structurer la filière des légumineuses locales, tout en renforçant la résilience agricole et en promouvant des pratiques durables dans les Hauts-de-France. Ce projet, qui bénéficie du soutien financier de l'Union européenne et de la Région Hauts-de-France, avait besoin d’un appui fort sur le terrain, au cœur des bassins de production. C’est justement le rôle de Terres Inovia comme partenaire technique sur le projet. 

En quoi consiste ce rôle ?

L’institut forme 30 agriculteurs et 6 techniciens de la coopérative Noriap aux pratiques agroécologiques dans le cadre du programme Cap Agronomie®. Depuis juin 2024, l’institut technique les accompagne pour une durée de deux ans, avec une session tous les deux-trois mois, sur le terrain.

Sur quoi l'institut les accompagne ?

Essentiellement l’implantation et le suivi des légumineuses (tels que le pois et la féverole) durant tout le cycle de culture, toujours avec une vision systémique de l’exploitation et un élargissement à la fertilité des sols. Il s’agit aussi de redonner goût à la culture des légumineuses. Ce sont des espèces qui peuvent être complexes à produire, tout l’enjeu est de leur donner confiance dans ces cultures. 

Qu’est-ce que Cap Agronomie® apporte au projet Protéi’Sol ? 

Ces formations très concrètes permettent de diffuser toutes les connaissances techniques sur les légumineuses. Le savoir-faire technique ayant été perdu, il y a un réel besoin d’accompagnement pour rassurer les agriculteurs sur ces cultures et sur leur rentabilité à l’échelle du système. Cet accompagnement est particulièrement abouti, fait sur-mesure car il y a un suivi tout au long de la campagne et il permet aussi une montée en compétence des techniciens de Noriap. C’est une belle plus-value apportée au projet. 

L’une des forces de Protéi’Sol, c’est aussi le lien important avec l’aval de la production ?

Oui, c’est un projet co-construit et financé en partenariat, avec à ce jour 4 entreprises : Auchan, Lidl, Purina et les Mousquetaires. Ce lien entre l’amont et l’aval permettra de rassurer les agriculteurs sur la valorisation des débouchés de leurs productions pour l’alimentation animale. Les enseignes cherchent en effet à expérimenter des alternatives locales au tourteau de soja importé. 

Ce projet est coordonné par Earthworm et bénéficie du soutien financier de la Région Hauts de France et de l’Union Européenne.

Chiffres clés


•    29 agriculteurs
•    306 ha de légumineuses à graines cultivées en 2024
•    5 techniciens de Noriap 
•    5 sessions de formation organisées en 2024/2025
•    Un taux de satisfaction de 76 % 
•    4 exploitations mèneront des essais 

 

 

Plus d'informations sur le projet Protéi'Sol

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Pilotez la fertilité des sols avec des tableaux de bord

Dans le cadre du projet Transi’Sols, Terres Inovia et ses partenaires proposent des outils de pilotage de la fertilité des sols.

Terres Inovia développe depuis plusieurs années différentes méthodologies d’accompagnement des agriculteurs basées sur les tableaux de bord. Ces outils de pilotage stratégique ont d’abord été utilisés pour accompagner la mise en place des démarches Colza robuste puis Tournesol robuste. Aujourd’hui, dans le cadre du projet Transi’Sols, l’institut et ses partenaires ont mis au point puis expérimenté sur le terrain des tableaux de bord sur la fertilité des sols.

Pourquoi des tableaux de bord sur la fertilité des sols ?

Les pratiques agroécologiques visent à augmenter la fertilité des sols. Chaque exploitation doit cependant adapter les pratiques à son contexte pédoclimatique et à ses moyens de production (disponibilité du matériel, etc.).

Les agriculteurs doivent donc être les concepteurs de leurs propres systèmes. Pour y parvenir, les agriculteurs et les conseillers ont besoin de connaissances accessibles sur le fonctionnement des sols et d’outils opérationnels pour évaluer l’impact des changements de pratiques. Mais ces ressources restent souvent difficiles d’accès.

La méthodologie issue du projet Transi’Sols permet aux agriculteurs de concevoir, tester et ajuster leurs stratégies en continu, en suivant l’évolution de leurs sols, avec l’accompagnement de leur conseiller. L’objectif est qu’ils progressent pas à pas dans l’amélioration de la fertilité sur leur exploitation. Elle permet également une montée en compétences car les outils développés incluent des ressources sur le fonctionnement des sols adaptés au conseil agricole et aux agriculteurs.

Un outil coconstruit avec des agriculteurs

Il n’existe pas un tableau de bord mais des tableaux de bord. Chaque tableau de bord est différent en fonction:

  • du résultat final attendu,
  • du contexte pour lequel il a été produit.

Dans le cadre du projet Transi’Sols, les tableaux de bord produits ont été construits avec des agriculteurs. Ces agriculteurs appartenaient à différents réseaux, animés par Terres Inovia ou ses partenaires.

Carte des sols dominants de France et localisation des réseaux d’agriculteurs impliqués
dans le projet. 1) Réseau Haut-de-France 2) GIEE Magellan 3) Réseau Syppre Berry
4) Réseau d’Agrod’Oc 5) Réseau Syppre Lauragais et 6) GIEE Agro réseau 64.

Chaque réseau s’est focalisé sur une problématique, qui est le point de départ de la démarche :

  • un sol avec une structure optimale : réseau Syppre Lauragais (animé par Terres Inovia), (animé par la CA 64), réseau Hauts-de-France (animé par AgroTransfert et Terres Inovia) ;
  • un sol qui permet une bonne alimentation azotée des cultures : réseau Syppre Berry (animé par Terres Inovia), GIEE Magellan (animé par Terres Inovia) et réseau Agrod’Oc (animé par Agrod’Oc) ;
  • un sol qui permet une bonne alimentation hydrique : GIEE Agro réseau 64 (animé par la CA 64).

La première étape ne concerne pas les pratiques à tester, mais le résultat final attendu par les agriculteurs. Plusieurs sessions de réflexion collective ont été nécessaires pour approcher quel(s) service(s) étaient réellement attendus de la part des sols.

La deuxième étape a été de définir les états clés permettant d’atteindre ce résultat attendu et leurs relations de cause à effet. Ces états clés représentent les états du milieu ou de la plante qui sont identifiés comme les plus importants pour le contexte regardé. Pour chaque état clé a été défini un ou plusieurs indicateurs d’évaluation. A la fin seulement arrivent les pratiques. Si de mauvais résultats sont obtenus pour certains indicateurs, les pratiques visant à améliorer le ou les états concernés seront modifiées.

Exemple du tableau de bord sur le résultat attendu :
un sol qui permet une bonne alimentation azotée des cultures.

Le projet Transi’Sols se termine fin 2026. Les différents tableaux de bord produits seront alors mis à disposition ainsi qu’un ensemble d’outils pour accompagner et faciliter la construction de nouveaux tableaux de bord (voir encadré ci-dessous).

Projet Transi’Sols, où en est-on ?

Le projet Trans’Sols a débuté en 2022 et se terminera fin 2026. En collaboration avec des réseaux d’agriculteurs, les partenaires de Transi’Sols mettent en œuvre et développent une méthodologie d’accompagnement innovante dans six bassins de production en France, basée sur des tableaux de bord. 

Outre les tableaux de bord produits, un guide est en cours d’élaboration pour faciliter l’utilisation de l’approche des tableaux de bord ciblant des services attendus de la fertilité.

Ce guide rassemblera :

  • des conseils méthodologiques pour faire émerger un objectif avec un groupe d’agriculteurs ;
  • les tableaux de bords coconstruits avec les réseaux Transi’Sols et des retours d’expériences ;
  • des arborescences génériques pour les principaux états clés des sols, remobilisables pour la construction de tableaux de bord à contextualiser ; 
  • des synthèses des connaissances sur les principaux états clé des sols et les liens de cause à effet.

Seront également disponibles à la fin du projet :

  • des supports pédagogiques, utilisables dans le cadre d’animations de réseaux d’agriculteurs, qui facilitent l’appropriation des connaissances sur le fonctionnement des sols ;
  • des fiches méthodologiques sur les indicateurs adaptés à un usage d’accompagnement des agriculteurs avec les tableaux de bord.

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Pour aller plus loin

Projet Transi'Sols : des tableaux de bord qui évaluent les services attendus de la fertilité des sols - Une démarche en co-construction pour piloter la transition agroécologique (2023)  Poster & Résumé

Fertilité des sols : des tableaux de bord pour adapter ses pratiques pas à pas, Perspectives Agricoles 516 (2023).

Présentation colloque 2024 International Soil Tillage Research Organisation Conference (Istro).

 

Webinaire RTTI - Les indicateurs opérationnels de fonctionnement des sols : retours d’expériences - 29 octobre 2024

 

Contacts : Anne-Sophie Perrin, as.perrin@terresinovia.fr​​ et Cécile Le Gall, c.legall@terresinovia.fr

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Farmstar : 25 ans d’agriculture de précision au service des agriculteurs

Le 30 septembre, Farmstar a soufflé ses 25 ans, à Colomiers, en périphérie de Toulouse. Ce service d’agriculture de précision transforme les images satellitaires en conseils agronomiques concrets pour optimiser la fertilisation azotée du colza. Il est surtout le fruit d’un partenariat réussi de longue date entre Airbus, Terres Inovia et Arvalis. 

Gilles Robillard, à Colomiers, lors de la journée anniversaire des 25 ans de Farmstar (crédit Terres Inovia)

Suivi de l’état des cultures et du développement des parcelles en temps réel, optimisation des intrants… la télédétection est un outil clé pour les agriculteurs. 

Conscient de cet enjeu, Farmstar a été créé en 2000 : un Outil d’Aide à la Décision (OAD), proposé aux producteurs via les coopératives, permet de suivre la croissance des cultures et d’optimiser la fertilisation grâce à l’imagerie satellite et des modèles de culture. 

Chiffres clés

•    14 000 agriculteurs utilisent Farmstar chaque année
•    600 000 ha dont la fertilisation est optimisée chaque année
•    30 distributeurs
•    Une progression de +15% de rendement en moyenne
•    Jusqu’à 15% de réduction d’intrants

 

Accompagner les exploitations vers une agriculture de précision

 

Farmstar est le fruit d’une belle collaboration entre deux instituts techniques, Terres Inovia et Arvalis, et le géant de l’aéronautique Airbus.

Objectif ? Accompagner les producteurs vers une agriculture de précision en leur donnant des conseils adaptés à chaque parcelle pour ajuster les apports d’engrais azotés. En optimisant la fertilisation azotée, Farmstar contribue aussi à réduire les impacts environnementaux en limitant les pertes d’azote.  

Terres Inovia : un rôle clé d’expert agronomique

La mobilisation de l’institut est centrale. « Nous fournissons toute l’expertise agronomique sur le colza en mettant d’abord à disposition la Réglette azote colza, conçue par l’institut, et les données terrain du réseau RCA qui permet un contrôle qualité de l’estimation de la biomasse en entrée et en sortie d’hiver sur les parcelles de référence », explique Frédéric Fine, directeur de la valorisation de l’institut. 


Une journée anniversaire autour d’un serious game

Des ateliers autour d'un serious game sur les fonctionnalités de l'OAD de Farmstar (crédit : Terres Inovia)


Lors de la journée anniversaire, les présidents des deux instituts techniques et d’Airbus se sont félicités de cette collaboration réussie autour de Farmstar. Des représentants des coopératives partenaires ont été aussi mis à l’honneur.

Enfin, des ateliers ont été organisés pour prendre en main le serious game développé par Farmstar pour expliquer aux techniciens des organismes stockeurs l’intérêt d’utiliser l’OAD à tous les stades de l’itinéraire technique. 

 

Gilles Robillard, président de Terres Inovia

"Farmstar a permis de démultiplier les surfaces avec un conseil azoté"

Gilles Robillard, le 30 septembre 2025, à Colomiers, lors des 25 ans de Farmstar (crédit : Terres Inovia)

" Cet outil pionnier d’aide à la décision, que nous avons conçu et fait grandir avec Airbus sur son volet colza est devenu au fil des années un symbole de l’innovation au service de l’agriculture. 

Lorsque notre collaboration avec Airbus a démarré, au début des années 2000, peu de gens auraient imaginé à quel point l’alliance entre des instituts techniques agricoles et un acteur majeur de l’aéronautique et du spatial allait transformer la façon d’accompagner les agriculteurs dans leurs choix.

Farmstar a permis de démultiplier les surfaces de colza faisant l’objet d’un conseil de dose d’azote avec la Réglette azote colza. Celle-ci avait été diffusée en 1998 : elle repose sur une règle de décision simple, avec des variables d’entrée visibles par l’agriculteur lui-même dans ses champs.

Mais ce succès repose aussi, et surtout, sur un formidable travail de terrain. Chaque année, grâce au réseau de parcelles d’agriculteurs, ce sont entre 150 parcelles qui sont suivies avec rigueur par les techniciens des stations d’expérimentation de Terres Inovia. C’est un engagement collectif considérable des techniciens, des ingénieurs régionaux de développement et des charges d’études de Terres Inovia et des équipes Farmstar d’Airbus qui garantit la robustesse des résultats et leur pertinence sur le terrain."

 

En savoir plus

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Plateforme Syppre Picardie : stratégie innovante pour un colza multiperformant

Le colza joue un rôle central dans le système innovant de la plateforme picarde, en particulier pour l’amélioration de la fertilité des sols : de cycle long, il permet une bonne couverture du sol, et il contribue fortement au stockage de carbone dans le sol. Cet essai a permis de développer une stratégie globale, combinant différents leviers à l’échelle système, pour maximiser la robustesse du colza et viser ainsi le déplafonnement du rendement tout en réduisant la dépendance aux intrants.

L'intégralité des résultats est présentée sur le site de Syppre.

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Agriculteurs, rejoignez le projet LegumES pour découvrir les avantages des légumineuses !

Ce projet européen, qui vise à mieux valoriser les services rendus par les légumineuses, lance un appel à candidatures auprès de tout agriculteur volontaire pour mettre en place des essais sur les espèces, avec, à la clé, des méthodes de suivi. 

Depuis 2024, Terres Inovia participe à LegumES, un ambitieux projet européen qui réunit un consortium de 22 partenaires et est doté d’un budget de 6 millions d’euros pour 4 ans. Objectif : aller vers une agriculture plus durable et résiliente à l’échelle européenne valorisant les services écosystémiques offerts par les légumineuses dans les systèmes agricoles et alimentaires.

En savoir plus sur le projet

Des essais accompagnés et rémunérés pour montrer les avantages des légumineuses 

Pour montrer sur le terrain les intérêts autres que la récolte que peuvent livrer ces espèces, Terres Inovia est à la recherche d’agriculteurs qui souhaiteraient participer aux essais dans le cadre de LegumES. Une étape d’appropriation pour comprendre comment mieux bénéficier des services écosystémiques rendus par les légumineuses, un soutien financier ainsi que des conseils pour la conception des essais et leur suivi seront mis à la disposition des agriculteurs participants.

Les légumineuses, un des leviers pour réduire les engrais azotés

Le projet LegumES vise à relever les principaux défis de l'agriculture moderne en mettant l'accent sur les avantages environnementaux, économiques et sociaux des cultures de légumineuses. Il promeut la culture des légumineuses comme un des leviers pour réduire la dépendance aux engrais azotés synthétiques, diminuer les émissions de gaz à effet de serre, améliorer la santé des sols et créer des systèmes de culture plus diversifiés et plus résilients. 

Vous êtes agriculteurs et êtes prêts à participer à ces essais ?

Envoyez un e-mail à a.schneider@terresinovia.fr pour déposer votre candidature avant le 15 octobre 2025 et découvrez, en pièce jointe, le dossier d'appel à candidatures.

 

 

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Pourriture racinaire du pois : choisir les légumineuses pour préserver l’état sanitaire des sols

Terres Inovia propose une mise à jour des données sur la sensibilité à Aphanomyces des variétés de vesce et de trèfle et rappelle le conseil sur la gestion des rotations.

Symptômes d’Aphanomyces sur racines de vesce. De gauche à droite : variétés sensible, partiellement résistante et totalement résistante. Crédit photo : Anne Moussart, Terres Inovia.

La pourriture racinaire due à Aphanomyces euteiches est la maladie tellurique la plus préjudiciable sur pois. Il n’existe actuellement aucune méthode de lutte efficace, mais des solutions existent pour gérer durablement le risque Aphanomyces. Parmi celles-ci, la préservation de l’état sanitaire des sols est déterminante et dépend notamment d’une bonne gestion des rotations. Le pathogène peut infecter plusieurs espèces de légumineuses, mais il existe des différences de sensibilité inter et intraspécifiques.

Plusieurs tests menés en conditions contrôlées ont mis en évidence que certaines espèces sont très sensibles (lentille, luzerne, gesse), alors que d’autres sont très résistantes voire dans certains cas non-hôtes (féverole, lupin, pois chiche, fenugrec, lotier), et ce quelle que soit la variété évaluée. Dans le cas de la vesce et du trèfle, il existe en revanche des différences au sein même de l’espèce, avec des variétés totalement résistantes, partiellement résistantes et sensibles.

Ces différences permettent de raisonner la place des espèces et variétés de légumineuses dans la rotation en tenant compte de leur sensibilité à la maladie et du Potentiel infectieux (PI) de la parcelle. Le renouvellement variétal implique, en revanche, si l’on veut pérenniser le conseil, une mise à jour régulière des données sur la sensibilité variétale, en particulier pour la vesce et le trèfle. Dans ce contexte, Terres Inovia a mené une nouvelle étude sur une large gamme de variétés de vesce et de trèfle inscrites ces dernières années.

Une variabilité importante

Le niveau de résistance à Aphanomyces de 50 variétés de trèfle et 31 variétés de vesce, de différentes espèces a été évalué en conditions contrôlées. Une variété présentant une note de maladie (Indice de nécrose racinaire) inférieure à 1 est considérée comme résistante. 
Le niveau de résistance par variété au sein de chaque espèce est présenté dans le tableau 1, en distinguant les variétés résistantes des variétés partiellement résistantes à sensibles.

Tenir compte du PI de la parcelle

L’importante variabilité inter et intraspécifique de sensibilité à la maladie permet d’insérer sans risque une ou plusieurs légumineuses dans la rotation, en tenant compte du PI de la parcelle.

  • Légumineuses en culture principale : des légumineuses très résistantes à la maladie comme la féverole peuvent remplacer le pois en culture principale dans les parcelles fortement contaminées, ou être cultivées en alternance avec cette espèce sensible dans les parcelles faiblement contaminées ou saines, afin d’allonger les rotations et donc de limiter le risque aphanomyces.
  • Légumineuses en couverts d’interculture, dérobé, associé ou plantes compagnes : le cycle du pathogène est très rapide (quelques semaines suffisent pour multiplier l’inoculum en conditions optimales) et les conditions climatiques peuvent être favorables au développement de la maladie (températures douces et précipitations) entre mars et fin octobre. Les légumineuses semées à partir de fin juillet-début août et détruites avant la fin de leur cycle végétatif durant l’hiver ou semées au printemps peuvent multiplier le pathogène même si leur cycle cultural est court. Le choix de l’espèce ou de la variété est donc important. Lorsque le PI est inférieur à 1 et qu’il n’existe pas d’espèce sensible, comme le pois ou la lentille, en culture principale dans la rotation, il n’y a pas de restriction. A l’inverse, si le PI est supérieur à 1 ou si des légumineuses sensibles sont présentes dans la rotation, il est recommandé de choisir des espèces/variétés très résistantes. Le risque de multiplier le pathogène est très faible pour les légumineuses semées à partir d’octobre et détruites avant la fin de l’hiver.

Quel que soit le type de couvert, le respect des fréquences de retour conseillées est indispensable, même pour des variétés très résistantes. 

Pour aller plus loin : www.terresinovia.fr/pois-hiver/maladies

Contact : A. Moussart, a.moussart@terresinovia.fr​​​​​​​

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Campagne 2024-25 : un bilan très satisfaisant pour le colza

La dernière campagne a été marquée par de bons, voire d’excellents, résultats dans toutes les régions de l’hexagone. Semis, croissance de la plante, ravageurs, floraison, PMG... retour sur les faits marquants dans les différentes régions.

En 2024-25, les surfaces de colza ont atteint 1 263 000 ha, soit une baisse de 4,7% par rapport à 2023-24 (Source Agreste, août 2025).

Le rendement aurait néanmoins progressé d’après les experts de Terres Inovia et les informations de terrain obtenues dans différentes régions, se situant autour de 35 à 36 q/ha au plan national, soit + 10 % par rapport à la moyenne quinquennale (+ 5 à 10 q/ha en règle générale).

Comme toujours, de grandes variabilités s’observent entre parcelles et bassins de production. Le gradient croissant des niveaux de rendement du Sud vers le Nord du pays se vérifie en 2025 (voir carte ci-contre).

Rendements estimés au 08/08/2025 (Source : Terres Inovia et acteurs locaux)

 

Pas de difficulté insurmontable pour l’installation de la culture

Les semis majoritairement réalisés entre le 15 et le 25 août ont bénéficié de pluies orageuses bénéfiques. Les semis de septembre, régulièrement plus fréquents dans les régions du Nord et du littoral de la Manche, se distinguent par une plus faible vigueur au démarrage. Des températures fraiches et des cumuls pluviométriques importants en septembre ont accentué cet effet. Ces conditions ont par ailleurs favorisé la prolifération des limaces, obligeant un investissement conséquent en produits molluscicides et parfois des re-semis.

D’après le Bulletin de Santé du Végétal (BSV), le stade « 4 feuilles » s’est observé en moyenne autour du 15-20 septembre dans les zones les plus continentales, et vers le 25-30 septembre dans les régions de bordure maritime. 

Les altises d’hiver, toujours présentes et un peu plus résistantes aux pyréthrinoïdes, ont épargné les jeunes colzas cette année. Les producteurs ont davantage dû gérer l’arrivée des limaces et tenthrèdes (Bourgogne-Franche Comté, Sud-Ouest, Bretagne), voire les ravageurs souterrains (vers gris en Poitou-Charentes par exemple). Les colonisations par les pucerons verts jusqu’au stade 6 feuilles ont été faibles à modérées, y compris dans les régions historiques du tiers nord du territoire.

Les graminées adventices et les repousses de céréales constituent toujours les enjeux principaux en matière de désherbage. Les molécules à action acinaires ont été dans l’ensemble bien valorisées.

Colza robuste à la fin de l’automne et larves de coléoptères moins nombreuses

Les biomasses avant hiver ont souvent dépassé 1,5 à 2 kg/m² dans le quart nord-est et les régions de Bretagne, Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes. En Poitou-Charentes, Centre Val-de-Loire, Ile-de-France et Normandie, ces valeurs ont été légèrement inférieures (1 à 1.2 kg/m²). 

Les larves d’altises n’ont pas -ou peu- inquiété les régions Centre, Grand-Est, Normandie, Ile-de-France et Hauts-de-France. Bien que plus abondantes en Bourgogne, Poitou-Charentes et Auvergne Rhône-Alpes, les larves n’ont finalement pas provoqué de dégâts de grande ampleur. Il en est de même pour les charançons du bourgeon terminal dans les secteurs historiques du Centre, de l’Ile-de-France, de la Bourgogne-Franche Comté et du Grand-Est. Globalement, pour ces deux ravageurs principaux, les dommages ont été limités et sans commune mesure avec ceux des années précédentes, de 2015 à 2021.

Durant l’hiver, des phénomènes d’hydromorphie se sont manifesté dans plusieurs régions (Lorraine, Poitou-Charentes, Sud-Ouest) mais globalement la culture garde bien le cap. Après une reprise de végétation assez calme, le temps a été relativement doux jusque fin mars, ensoleillé et, à l’exception de la région Centre, déficitaire en pluies.

Avec peu de pluies, mais quasiment toujours au bon moment, la culture a donc bien valorisé les nutriments disponibles et les apports de la fertilisation. Par rapport aux cinq années précédentes, les doses d’azote conseillées en 2025 ont été régulièrement inférieures de 10 à 20 U (source AIRBUS-Farmstar).

Au moment d’entrer en floraison, la culture a mis en place une biomasse satisfaisante, sans excès, dans la plupart des bassins de production. Avant cela, les stades D1, D2, E se sont enchainés sur un rythme « normal », 2-3 jours plus tôt que ce qu’indiquent les statistiques pluriannuelles. 

Ravageurs discrets et floraison éclatante

Les pics de vols de charançons de la tige ont été plus tardifs que d’habitude, les dégâts directs restant insignifiants. La culture a également dominé face aux méligèthes, y compris dans les régions les plus exposées au risque en 2025 (Sud-Ouest, Nouvelle-Aquitaine). Les variétés « pièges à méligèthes » ont bien joué leur rôle de leurre, comme en 2024.

Avec 3 à 5 jours d’avance par rapport à l’habitude, la floraison du colza a débuté en moyenne du 25 mars au 5 avril selon les régions. De très bonnes conditions étaient réunies en avril, en particulier avec le rayonnement et la température obtenus sur la partie Nord et pour la pluviométrie pour les régions plus au Sud. Des comptages de siliques réalisés par Terres Inovia ou par des partenaires locaux indiquent des valeurs moyennes parmi les plus élevées de ces 10 à 15 dernières années (7 000 siliques/m²) en région Centre-Val de Loire, Hauts-de-France, Bourgogne, Franche-Comté et Grand Est. Les valeurs hautes sont plus fréquentes que d’ordinaire. 

PMG moyen et nombre de graines élevé

Après une hausse considérable des températures fin avril, le colza a défleuri rapidement. En mai et juin, le remplissage a globalement bénéficié de bonnes conditions. La pluie a été déficitaire en mai sur les deux-tiers Nord du pays. La fin de cycle du colza a surtout été marquée par une vague de chaleur remarquablement précoce et durable de mi-juin à début juillet. Fin de cycle écourtée, échaudage et perte probable de PMG s’en sont suivis. 

Le déficit hydrique déjà installé en mai dans les sols superficiels a pu gagner des sols plus profonds, mais dans l’ensemble, les rendements restent en adéquation avec l’offre climatique et le potentiel des terroirs. Les pluies survenues quelques jours avant la mi-juin ont pu limiter la casse, même si des orages vers le 15 et 25 juin ont causé des dégâts spectaculaires (Normandie, Hauts-de-France, Centre …).

 

Des PMG variables et moyens entre 3,8 à 4,3 g (- 0,2 à 0,3 g p/r rapport au pluriannuel)

Composantes de rendement établies à partir des regroupements d’essais variétaux, 1 point correspondant à une variété pour un lieu donné. 

 

Les valeurs de PMG résultent des contraintes durant le remplissage ou de l’effet des compensations entre composantes de rendement (en l’absence de facteur limitant, toute augmentation du nombre de graines/m² se traduit par une diminution du PMG).

Dans le jeu de données, le nombre de graines/m² affiche des valeurs moyennes en 2025 parmi les plus élevées depuis plus de 10 ans. Des exceptions sont constatées dans le grand quart Sud-Ouest. Des rendements de près de 60 q/ha sont même enregistrés dans les sols profonds de Hauts-de-France, Normandie mais aussi à d’autres endroits. 

Sur le plan sanitaire, on redoutait une résurgence de mycosphaerella mais le temps sec couplé à des vents d’Est en avril et mai a limité les contaminations. De même, la cylindrosporiose et le sclerotinia ont été maîtrisés. 

Dans les territoires du Centre et de l’Ouest de la France, le charançon des siliques a pris ses quartiers une dizaine de jours avant le stade sensible (stade G2). Des taux de siliques éclatées ont parfois été jugés élevés mais l’impact réel reste difficile à jauger. Des pucerons cendrés ont été signalés fin mai dans le Centre et Centre-Est du pays mais il a été difficile de réagir dans des circonstances aussi tardives. L’orobanche rameuse, quant à elle, a continué sa propagation en Vienne et Vendée et reste un problème local important en Poitou-Charentes. La hernie des crucifères suscite toujours des préoccupations dans les secteurs historiques. De nouveaux cas sont signalés chaque année. 

Partout, les récoltes ont commencé tôt. Les humidités des graines ont chuté rapidement début juillet (5-6 %). Les récoltes se sont ainsi exécutées dans de bonnes conditions et rapidement jusqu’au 14 juillet dans la plupart des régions. Dans la ferveur d’une moisson précoce, certaines parcelles ont sans doute été récoltées trop tôt dans les secteurs septentrionaux. Les pluies survenues en juillet ont d’ailleurs interrompu les moissons et les ont décalées jusque début août dans plusieurs terroirs de Normandie et des Hauts-de-France. Cela a permis de récolter les derniers quintaux.

Enfin, les analyses de graines attestent de teneurs en huile très élevées, voire excellentes, avec plus de 45 % aux normes dans la grande majorité des échantillons. Les chiffres doivent être consolidés mais on s’oriente vers un rendement en huile très satisfaisant, parmi les meilleurs de ces dernières années.

Niveaux de présence des bioagresseurs estimés en 2025 

Source : expertise Terres Inovia (BSV, acteurs locaux, suivis…). Ces indicateurs ne reflètent pas un niveau de dégât.
Légende : 0 = absent ou rare ; 1 = faiblement observé ou localisé ; 2 = régulièrement observé ; 3 = fréquemment observé ; 4 = très fréquemment observé

 

Contact 

Jean Lieven- j.lieven@terresinovia.fr

 

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Syppre Picardie : simplifier les pratiques sans revenir au labour

Sur la plateforme Syppre Picardie, l’implantation des cultures est au cœur des préoccupations depuis son lancement. En ce qui concerne le système innovant, afin de préserver la fertilité des sols, différents leviers sont mobilisés, notamment la réduction du travail du sol avec l’arrêt du labour.

Pour maximiser les chances de réussite de l’implantation de la betterave dans ce contexte, le strip-till a été essayé : ce mode de semis, avec un travail uniquement sur le rang, permet un bon enracinement de la culture tout en limitant la perturbation du sol. Cependant, après plusieurs années de tests du strip-till sur la betterave, il a été décidé d’abandonner cette dernière pour des raisons économiques et environnementales.

Lire la suite sur le site de Syppre : ici.

Contacts : D. Jamet, d.jamet@terresinovia.fr et N. Latraye, n.latraye@terresinovia.fr​​​​​​​

 

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