Fertilisation du colza à l'implantation : les carences en molybdène
Des carences en molybdène sur sols légers et acides
En France, des symptômes de carence en molybdène ont été observés sur sols légers et acides, mais également sur sols argilo-calcaires avec des cultures très exigeantes. Ces symptômes sont accentués par temps froid et humide (automne).
Normes de teneur des sols
Les teneurs en molybdène au niveau du sol sont faibles, de 0,1 à 2 ppm (Mo échangeable, extraction à l’acétate d'ammonium). Les analyses et les interprétations sont délicates.
Normes de teneur des feuilles
Teneur optimale des feuilles de colza au stade D1 de la culture : 0,5 à 0,7 ppm (teneurs proches de celles du sol).
Méthodes de correction
- Au sol : des doses de 50 à 100 g de Mo/ha sont nécessaires pour être efficaces.
- Sur feuilles : 50 g de Mo/ha sont suffisants.
Des applications d'automne ont permis de limiter les déformations foliaires.
Produits
| Source | % de molybdène | Observation |
| Molybdate d'ammonium | 54 |
Action rapide Peu soluble dans l'eau |
| Molybdate de sodium | 40 |
Action rapide Soluble dans l'eau |
Fertilisation du colza à l'implantation : le bore
Des risques de carence surtout en sols sableux
La carence en bore reste rare. Cependant, il est important d'évaluer la disponibilité en bore à l’aide d’analyses de sols régulières dans quelques situations à risque : sol sableux, sol riche en calcaire actif (y compris chaulage l’année de la culture) et situation de sécheresse.
Méthodes de correction
L’apport foliaire est à privilégier au printemps à la reprise de végétation. Il existe diverses formulations de bore présentant de bonnes efficacités.
Les applications au sol sont possibles dans les situations les plus à risques : sols sableux et automne froid et humide. Dans ce cas, l’application d’automne devra être complétée par une seconde application au printemps.
Le bore convenant plutôt aux sols calcaires et le molybdène plutôt aux sols acides, il n'est pas pertinent d'avoir recours à un produit multi actions contenant à la fois du bore et du molybdène, dont le coût à l'hectare est plus élevé.
Pas d’azote minéral à l’automne sauf exception
A l’automne, un apport d’azote minéral se justifie très rarement
Même en situation de faible disponibilité ou de levée tardive. Les besoins du colza sont faibles (40 à 60 unités N) et les fournitures du sol suffisent. Une absorption d’azote limitée à l’automne ne pénalise pas le potentiel de production de la culture dans la mesure où la fertilisation au printemps est ajustée. Un apport d’azote en plein est le plus souvent interdit après le 31 août en zone vulnérable. En revanche, un apport d’engrais composé NP ou NPK jusqu’à 10 kg N/ha est toléré, à condition d’être localisé dans la ligne au semis. Consultez les arrêtés régionaux.
Raisonner la fertilisation pour limiter la nuisibilité des ravageurs
Dans les situations où la pression des ravageurs d’automne est forte et la disponibilité en azote du sol à l’automne est faible, des applications d’engrais composé NP ou NPK peuvent être réalisées en localisé (maximum 10 u d’azote) ou en plein (maximum 30 u d’azote) pour favoriser une croissance plus rapide du colza et lui permettre d’être plus robuste face aux bio-agresseurs. Les effets bénéfiques de ces apports d’azote apparaissent à partir du stade 3-4 feuilles. Ils sont inutiles lorsque le colza est mal implanté : levée tardive et mauvaise structure de peuplement. Ils ne permettent pas dans ce cas d’améliorer une situation compromise.
Ne pas favoriser les attaques de phoma
Dans les régions avec un risque phoma, attention aux fortes absorptions d’azote à l’automne. En effet, au-delà d’une centaine d’unités d’azote absorbé, la croissance automnale du colza est très forte, la tige commence à s’allonger, la zone d’élongation est sensible au gel et constitue une porte d’entrée pour le phoma.
En zones vulnérables, se référer aux arrêtés préfectoraux
Dans tous les cas, respecter strictement les réglementations en vigueur, notamment les arrêtés préfectoraux en zones vulnérables*. Les arrêtés préfectoraux diffèrent d'une région à une autre, dans les méthodes de calcul et les grilles de références.
* Liste des communes en zone vulnérable : voir le site de votre Chambre d'agriculture, DREAL ou DRAAF.
Fertilisation du colza : le molybdène
Une disponibilité particulière
C'est le seul oligo-élément dont l'assimilation augmente avec le pH (x 100 quand le pH est relevé de 1). Des apports excessifs de sulfates peuvent nuire à l'assimilation du molybdène. Il existe aussi un antagonisme entre le cuivre et le molybdène et entre le manganèse et le molybdène (un excès de manganèse peut entraîner une carence en molybdène).
Principaux symptômes
- feuilles incurvées, bifides, unilobées,
- fragments de limbe apparaissant à partir de la nervure centrale dans un plan perpendiculaire au reste de la feuille (phénomène de prolifération tissulaire),
- destruction du bougeon teminal, départ de nouvelles ramifications, impression de tallage.
Feuilles incurvées, unilobées
Risque de confusion
Phytotoxicité d'herbicides entraînés sur la culture de colza (embruns de phytohormones par exemple).
Besoins de la culture (pour un rendement de 35 q/ha)
| Besoins totaux (g Mo/ha) | Exportations (g Mo/ha) | Restitutions (g Mo/ha) |
| 18 | 4 | 14 |
Des carences en molybdène sur sols légers et acides
En France, des symptômes de carence en molybdène ont été observés sur sols légers et acides, mais également sur sols argilo-calcaires avec des cultures très exigeantes. Ces symptômes sont accentués par temps froid et humide (automne).
Normes de teneur des sols
Les teneurs en molybdène au niveau du sol sont faibles, de 0,1 à 2 ppm (Mo échangeable, extraction à l’acétate d'ammonium). Les analyses et les interprétations sont délicates.
Normes de teneur des feuilles
Teneur optimale des feuilles de colza au stade D1 de la culture : 0,5 à 0,7 ppm (teneurs proches de celles du sol).
Méthodes de correction
- Au sol : des doses de 50 à 100 g de Mo/ha sont nécessaires pour être efficaces.
- Sur feuilles : 50 g de Mo/ha sont suffisants.
Des applications d'automne ont permis de limiter les déformations foliaires.
Produits
| Source | % de molybdène | Observation |
| Molybdate d'ammonium | 54 |
Action rapide Peu soluble dans l'eau |
| Molybdate de sodium | 40 |
Action rapide Soluble dans l'eau |
Fertilisation du colza : la carence en bore
Besoins de la culture pour un rendement de 35 q/ha
| Besoins totaux (g bore/ha) | Exportations (g bore/ha) | Restitutions (g bore/ha) |
| 370 | 70 | 300 |
L'association de plusieurs symptômes est nécessaire pour conclure à une carence en bore
- épaississement du pivot et du collet, et éventuellement moelle nécrosée dans la partie supérieure,
- régression et disparition des bourgeons terminaux ; départ très bas des ramifications ; port buissonnant,
- fentes longitudinales sur la tige en croissance active (stade D2) en "coups de rasoirs",
- pincement de la tige sous les boutons floraux de la hampe principale et des ramifications,
- siliques peu nombreuses, plus ou moins vides, souvent en crochet
1. Pivot épaissi et creux 2. Bloquage de la croissance des siliques
Risque de confusion
- Dégâts de gel entraînant la pourriture du bourgeon terminal
- Dégât de charançon du bourgeon terminal
- Eclatement de l'épiderme des tiges, lié à une croissance trop rapide au printemps
- Attaque de charançon de la tige entraînant une nécrose de la tige
- Carence en soufre et siliques vides
Des risques de carence surtout en sols sableux
La carence en bore reste rare. Cependant, il est important d'évaluer la disponibilité en bore à l’aide d’analyses de sols régulières dans quelques situations à risque : sol sableux, sol riche en calcaire actif (y compris chaulage l’année de la culture) et situation de sécheresse.
Normes de teneur des sols
Pour mesurer la teneur en bore, certains laboratoires appliquent la norme NF X31-122. Les valeurs qu'ils obtiennent par une extraction au CaCl2 chaud sont généralement plus faibles que celles mesurées avec la méthode d’extraction à l’eau chaude que Terres Inovia utilise pour établir ses références.
Ainsi, pour Terres Inovia, un sol qui contient 0,3 à 0,8 ppm de bore est en général bien pourvu hormis dans les situations argilo-calcaires où une valeur supérieure à 1,2 ppm serait souhaitable.
L'interprétation des analyses de sol faite par les laboratoires tient compte, par ailleurs, des interactions pH, pourcentage de sable, profondeur et conditions séchantes.
Normes de teneur des feuilles
Les teneurs optimales dans les limbes "adultes" de colza se situent entre 20 et 25 ppm au stade D1 de la culture.
Méthodes de correction
L’apport foliaire est à privilégier au printemps à la reprise de végétation. Il existe diverses formulations de bore présentant de bonnes efficacités.
Les applications au sol sont possibles dans les situations les plus à risques : sols sableux et automne froid et humide. Dans ce cas l’application d’automne devra être complétée par une seconde application au printemps.
Le bore convenant plutôt aux sols calcaires et le molybdène plutôt aux sols acides, il n'est pas pertinent d'avoir recours à un produit multi actions contenant à la fois du bore et du molybdène, dont le coût à l'hectare est plus élevé.
Fertilisation phosphatée et potassique
Le colza est très exigeant en phospore
Plante carencée en phosphore
Le colza a besoin d’absorber 90 kg de P2O5 pour un objectif de rendement de 35 q/ha.
Etablir la fumure de fond à partir des analyses de sol et du passé de fertilisation, selon les principes de la méthode COMIFER.
Apporter annuellement du phosphore à chaque culture de la rotation en fonction de ses besoins (se référer au site du COMIFER).
Si cela n’est pas possible, concentrer l'apport de phosphore sur les cultures très exigeantes comme le colza. Ne pas faire d'impasse en sol pauvre ou moyennement pourvu et en sol argilo-calcaire où le phosphore peut être bloqué ou moins disponible.
Dans les parcelles à faible biodisponibilité du phosphore, préférer les apports en fin d’été avant l’implantation de la culture pour limiter le risque de carence précoce à l’automne. Le stade de sensibilité maximale du colza à la carence en phosphore se situe pendant la phase juvénile, au stade 5-6 feuilles.
Cinq essais, conduits en 2009 et 2010 par Terres Inovia, ont montré l’intérêt d’un apport d’engrais de redressement sur le rendement du colza, lorsque le phosphore est le premier facteur limitant. Le gain de productivité est variable selon la gravité de la carence, allant de 3,5 à 15,7 q/ha dans les situations étudiées.
Effet d'un apport de P2O5 sur le rendement du colza
Essais Terres Inovia réalisés dans le cadre d'un projet CASDAR financé par le Ministère de l'Agriculture.
Fertilisation phosphatée localisée sur colza d’hiver
Par rapport à une application en plein incorporé, la localisation d’un engrais phosphaté à côté de la ligne ne présente un intérêt que dans les situations de semis à grands écartements (entre rangs supérieurs à 40 cm). L’apport localisé à côté de la ligne ne permet pas de déplafonner le rendement. Il permet d’atteindre le rendement maximal avec une dose plus faible (graphique).
En situations de sol à faible teneur en phosphore (teneur en P2O5 Olsen inférieure à 50 ppm), la dose indiquée dans la table Terres Inovia pour les apports en plein peut être réduite de 30 kg P2O5/ha.
- Dans les situations de sol où le conseil d’apport en plein est compris entre 50 et 70 kg de P2O5/ha en cas d’apports réguliers, il est aussi possible de réduire la dose de 30 kg/ha en la localisant sans toutefois descendre sous la barre des 30 unités apportées.
- Dans les sols à teneur élevée en phosphore, il n’est la plupart du temps pas nécessaire d’apporter du phosphore.
En situations à faible écartement entre rangs (moins de 40 cm), il n’y a pas d’intérêt (ni d’inconvénient) particulier à localiser le P2O5 à côté de la ligne de semis. En cas de localisation, la dose à appliquer est la même que la dose en plein incorporé.
Type de courbe de réponse observée dans les essais à grand écartement et à faible teneur en phosphore (3 essais dans le Sud-Ouest 2013-2014-2015)
Le colza est moyennement exigeant en potasse
Les absorptions peuvent être conséquentes : 10 à 15 kg/ha/jour en cours de montaison au printemps pour une mobilisation totale pouvant dépasser 300 kg/ha, voire 350 kg/ha pour des niveaux de rendement élevés (≥ 45 q/ha).
Néanmoins, 90 % de la potasse est restituée à la récolte.
Conseils de fumure de fond
| P205 | K20 | |||||
| Sol à faible teneur | Sol à teneur moyenne | Sol à teneur élevé | Sol à faible teneur* | Sol à teneur moyenne | Sol à teneur élevé | |
| Objectif de rendement : 30 q/ha | ||||||
|
Si apport au cours des 2 dernières années |
90 | 50 | 0 | 50 | 30 | 0 |
|
Si apport plus ancien |
120 | 70 | 30 | 60 | 40 | 20 |
|
Objectif de rendement : 35 q/ha |
||||||
| Si apport au cours des 2 dernières années | 100 | 60 | 0 | 50 | 30 | 0 |
| Si apport plus ancien | 150 | 80 | 30 | 60 | 40 | 20 |
| Objectif de rendement : 40 q/ha | ||||||
| Si apport au cours des 2 dernières années | 110 | 70 | 0 | 50 | 40 | 0 |
| Si apport plus ancien | 160 | 100 | 40 | 70 | 50 | 20 |
Données calculées selon la méthode COMIFER
* en cas d'exportation des pailles de céréales avant la culture, ajouter à ces chiffres 30 à 40 u de K2O, uniquement en sols pauvres.
Trop d'impasses sur la fertilisation soufrée
Importance de chaque étape du cycle
| Amendement organique | La teneur en soufre varie selon le type de matière organique, l'effet est faible l'année de l'apport et dépend de la minéralisation |
| Dépositions atmosphériques | La teneur en soufre de l'air et celle des dépôts dans le sol subit une baisse importante depuis plus de 20 ans |
| Absorption | Un mauvais enracinement ou de mauvaises conditions climatiques peuvent causer des difficultés d'absorption |
| SO2 - SO4 | La forme sulfate est la seule assimilable par le colza et la quantité présente dans le sol est faible et aléatoire |
| Minéralisation | La minéralisation est aléatoire et fortement dépendante des conditions climatiques et du type de sol (teneur en matière organique, structure...) |
| Soufre organique | Cette forme est majoritaire dans le sol mais non directement assimilable par le colza |
Les facteurs de risques de carence en soufre sont nombreux
- absence d'apport de soufre dans la rotation avec l'utilisation systématique d'engrais ne comportant que de l'azote.
- apport de soufre trop précoce, réorganisation de l'apport en soufre organique (non assimilable).
- sols froids du fait d'un hiver marqué qui se prolonge tardivement et/ou d'un début de printemps frais, entraînant un retard de la minéralisation.
- lessivage des formes SO4, aggravé lorsque la pluviométrie cumulée des mois de novembre à février est supérieure à 350 mm.
Colza : des besoins en azote élevés
Le colza a un besoin unitaire azoté élevé, soit 7 kg d'azote absorbé par quintal de grain produit. Au-delà de 330 unités absorbées, l'azote n'est plus limitant pour le rendement.
La fertilisation azotée vise à compléter les fournitures du sol au printemps afin de satisfaire les besoins de la plante. Sur les gros colzas qui ont déjà absorbé beaucoup d’azote à l’automne, la fertilisation azotée au printemps sera faible. A l’inverse, sur des petits colzas, il faudra davantage d’engrais azoté.
Cependant, un autre poste influence beaucoup la dose : l'objectif de rendement. Un petit colza avec un faible objectif de rendement peut nécessiter une dose équivalente à un gros colza avec un objectif de rendement très élevé.
L’outil Terres Inovia pour le calcul de la fertilisation azotée : la Réglette Azote colza®
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Autres cultures : FERTIWeb®
FERTIWeb® a été mis au point par ARVALIS-Institut du végétal en collaboration avec Terres Inovia. |
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