Lutter préventivement contre les maladies du pois d'hiver
Il existe un certain nombre de règles à respecter à l’échelle de la succession culturale et de l’itinéraire technique pour anticiper les risques maladies :
Respecter les fréquences de retour conseillées
Une fréquence de retour de 6 ans minimum est conseillée pour réduire les risques de maladies, en particulier les maladies racinaires.
Bien choisir ses couverts
Ne pas cultiver de pois ou d’espèces/variétés de légumineuses sensibles à l’aphanomyces dans les couverts ou en tenir compte dans la fréquence de retour du pois en cuture de rente.
Même si le pois d’hiver est peu impacté par cette maladie, il est important de préserver l’état sanitaire du sol.
Eviter les repousses
Les repousses de pois peuvent multiplier certains pathogènes responsables notamment de maladie racinaires.
Privilégier les variétés récentes
Pour limiter le développement de certaines maladies aériennes (ascochytose, botrytis, mildiou), il est important de privilégier les variétés récentes, plus hautes et présentant une bonne tenue de tige. Ces variétés permettent en effet d’avoir un couvert plus aéré, créant ainsi un microclimat moins favorable aux maladies.
Les variétés résistantes au froid sont également à privilégier. Les blessures occasionnées par le gel constituent des portes d’entrées pour les agents pathogènes, en particulier pour Pseudomonas syringae pv pisi, agent de la bactériose.
Respecter les dates et densités de semis préconisées
Il est essentiel de ne pas semer le pois d’hiver trop tôt pour éviter un développement précoce de l’ascochytose et limiter le risque bactériose. Il est également essentiel de ne pas semer trop dense. Un couvert dense maintient l’humidité et favorise donc le développement des maladies.
Semer dans de bonnes conditions
Semer dans de bonnes conditions, dans un sol ressuyé, permet de limiter les risques, en particulier pour les maladies racinaires.
Ascochytose sur pois
Choisir sa variété pour le pois d’hiver
Les nouvelles variétés de pois d’hiver, inscrites depuis 5-6 ans, apportent un net progrès en rendement et en tenue de tige, mais aussi pour la teneur en protéines. Elles présentent par ailleurs des PMG plus élevés. En revanche, leur résistance au gel est variable.
Récolte de pois d’hiver
Le rendement
La campagne 2019-2020 s’est caractérisée par un climat extrême et capricieux, peu favorable aux protéagineux. Les semis d’hiver se sont étalés de novembre 2019 à janvier 2020, au gré des pluies, et souvent dans des conditions de ressuyage limites. Les pois d’hiver ont par la suite fleuri courant avril, dans des conditions devenues sèches, avec des amplitudes thermiques importantes. Les conditions séchantes ont perduré pendant une bonne partie du printemps, ce qui a pu être pénalisant en sols superficiels. Malgré les conditions très humides de l’hiver, et les gelées de fin avril, les maladies ont été finalement peu présentes. En revanche, les fortes pressions sitones et pucerons, vecteurs de viroses, subies de mars à mai ont pu avoir un impact. Ainsi, ravageurs et facteurs climatiques ont affecté fortement les composantes de rendement, expliquant en grande partie les résultats moindres de cette campagne 2019-2020.
Dans ce contexte difficile, FURIOUS et FROSEN ont présenté les performances de rendement les plus élevées, confirmant ainsi les résultats observés depuis 4-5 ans. Ce sont donc des valeurs sûres. Leur PMG moyen reste plus élevé que la moyenne et leur teneur moyenne en protéines est plus faible que celle des autres variétés.
FLOKON et AVIRON conservent également des rendements régulièrement au dessus de la moyenne depuis 5-6 ans et sont donc aussi sécurisantes. FLOKON a des graines jaunes à PMG élevé alors qu’AVIRON possède des petites graines vertes. Leur richesse en protéines est moyenne.
FASTE et BALLTRAP ont des indices de rendements proches de la moyenne et donc de meilleurs résultats que les deux années précédentes. Leur PMG est en dessous de la moyenne. Leur teneur en protéines est moyenne.
FRESNEL est en retrait au niveau du rendement pour la deuxième année consécutive. Son PMG reste au-dessus de la moyenne et sa teneur en protéines proche de la moyenne. Comme l’an dernier, JAGGER a aussi des performances en rendement en retrait (soit 2 années sur 3). Toutefois, JAGGER possède la teneur en protéines la plus élevée (1% de plus que la moyenne) et également le PMG le plus élevé.
Les rendements des nouveautés 2019 ESCRIME et LAPONY sont respectivement plus faibles et plus élevés que l’an dernier. Leurs performances en rendement sur 2 ans sont proches de la moyenne. Leur teneur en protéines est proche de la moyenne avec un léger plus pour LAPONY cette année. Le PMG est moyen pour ESCRIME et plus élevé pour LAPONY. ESCRIME possède la moins bonne tolérance à la verse cette année.
Enfin, la nouveauté 2020 FRIZZ obtient des rendements très décevants pour sa première année dans le réseau de post-inscription. Ses performances sont bien en dessous des rendements des années de pré-inscription (CTPS). Ses autres caractéristiques sont dans la moyenne sauf le PMG qui est plus élevé. Une deuxième année d’évaluation est donc nécessaire.
Semences de pois d’hiver
La tenue de tige
Des progrès ont été réalisés sur la tenue de tige. Frizz, Lapony et Jagger ont présenté un bon comportement par rapport à la verse. A l’inverse, Flokon était moins bien notée, de même qu’Escrime. Les autres variétés se sont assez bien comportées dans les conditions de l’année 2020.
La teneur en protéines
Jagger conforte sa place avec la meilleure teneur en protéines de l’ensemble des variétés, suivie de Lapony et, devant Aviron, , Balltrap, Faste, Frizz et Escrime. A l’inverse, Furious, Frosen, Flokon et Fresnel présentent les valeurs les plus faibles.
Pois d’hiver au stade 6 feuilles
Les PMG
Les PMG en 2020 sont supérieurs à ceux mesurés les années précédentes. Aviron, Balltrap et Faste obtiennent les plus petits PMG (180-190 g). Jagger, Furious, Frizz, Fresnel,Frosen, et Lapony présentent un PMG supérieur à 210 g Les PMG d’Escrime et Flokon sont intermédiaires, proches de 200 g.
La résistance au gel
La résistance maximale d’une variété correspond au niveau de gel qu’elle peut supporter lorsque l’endurcissement (acclimatation au froid acquise après 35 à 42 jours à des températures ≤ 0 °C) est maximal. Cette résistance maximale est évaluée par l’Inra à Chaux-des-Prés dans le Jura, où les températures minimales descendent chaque hiver progressivement en dessous de 0 °C. La résistance maximale évaluée dans ces conditions est pour Enduro de -13 °C et pour Isard, proche de -20 °C (données moyennes sur sept années de test). Parmi les variétés récentes, Lapony est du niveau de Fresnel et Balltrap, qui sont parmi les plus tolérantes et proches du niveau d’Isard. Viennent ensuite la nouvelle variété Frizz et Flokon, qui sont assez résistantes puis Faste, Frosen, FuriousEscrime et Jagger et enfin Aviron, qui sont un peu moins tolérantes.
Pois d’hiver au stade 8 feuilles
Pour en savoir plus :
voir rubrique Progrès génétique en pois d'hiver
Documents à télécharger
Accidents climatiques du pois : gel et basses températures
Les situations à risque
La résistance du pois – notamment d’hiver – au froid dépend de plusieurs critères :
- agronomiques : la variété, le niveau d’endurcissement, les stades de développement et la profondeur de semis ;
- environnementaux : la rigueur des températures, la date d’arrivée du froid et les conditions du milieu (en particulier le taux d’humidité du sol) au moment du gel.
Variété et résistance au froid
Selon la région de culture, la variété de pois choisie doit être résistante au froid et avoir une bonne aptitude à ramifier.
La baisse progressive des températures permet au pois de mieux supporter le froid, c’est l’endurcissement. La résistance maximale au gel est atteinte au bout de 35 à 42 jours d'endurcissement selon les variétés. En comparaison, le blé n’a besoin que de 28 jours.
Date de semis et stades de développement
Le semis doit être réalisé durant la plage optimale, notamment en pois d’hiver pour lequel les risques de gel sont à craindre. Les variétés de pois d’hiver semées trop tôt atteignent un stade avancé à l’arrivée du froid. Les risques de dégâts de gel sont alors importants.
En cas d’hiver doux, le pois d’hiver risque également d’être très développé et peu endurci au froid. Si les températures chutent brutalement en janvier/février, les dégâts seront importants (pertes de pieds voire retournement de la parcelle dans les situations extrêmes).
Avant la levée, les semences de pois en phase d’imbibition (pénétration de l’eau dans les graines) sont sensibles au gel : les départs de germes sont faibles ou, pire, la levée est inexistante. Ce risque est surtout à redouter en pois de printemps. Eviter de semer si des gelées sont annoncées dans les jours qui suivent. Attendre le retour de conditions plus favorables pour semer.
Après le stade initiation florale, la résistance au froid du pois décroît. Des gels d’apex peuvent être observés principalement sur pois de printemps (gelées tardives) : la tige principale détruite est relayée par les ramifications ; l’incidence sur le rendement est faible. En revanche, pour le pois d’hiver, des températures fortement négatives après l’initiation florale peuvent conduire à des pertes de plantes importantes.
Températures et humidité
Entre le semis et la levée, le pois d’hiver est apte à résister à des températures négatives (proches de -10°C). Sa capacité de résistance au froid est d’autant plus faible que le sol est humide.
Date d’arrivée du froid
Les dégâts sur pois sont importants lorsqu’une gelée arrive brutalement après une période de températures douces. La plante n’a pas eu le temps de s’acclimater (de s'endurcir).
Les symptômes observés
Brunissement des plantules
Le gel provoque la formation de glace à l’intérieur et à l’extérieur des cellules du pois. La plante présente des lésions et l’entrée des agents pathogènes (comme Pseudomonas syringae pisi responsable de la bactériose) est facilitée. Feuilles et tiges brunissent, entraînant parfois la mort de la plantule (entièrement noire).
Plantes déchaussées
Le gel engendre le déchaussement des plantes de pois dans les sols de craies ou argilo-calcaires. Dans les situations extrêmes, les collets sont cisaillés, empêchant la reprise de la végétation.
Émission de ramifications
Lorsque l’apex des tiges principales du pois est brûlé par le gel, des ramifications prennent le relais et compensent (en partie ou totalement) ce phénomène.
S'inscrire avec Facebook
S'inscrire avec Google